L'Aisne avec DSK

31 juillet 2010

PSU la suite.





Bonsoir à toutes et à tous.


En cette année du cinquantenaire de la création du PSU, je vous avais invités il y a quelques mois à participer à un colloque. Un second est en préparation, prévu les 8 et 9 novembre prochains à Sciences-Po. Il promet d'être aussi passionnant et instructif que le premier. Je vous en livre le programme provisoire (vignette 2 et 3).

Je vous annonce également, dès maintenant, qu'un troisième colloque est annoncé pour 2 011, du 14 au 16 mai, à Cerisy-la-Salle dans la Manche, portant sur la postérité des idées du PSU. Mais j'aurai grandement l'occasion de vous en reparler.

Ne croyez pas que mon intérêt pour ce genre de manifestations soit historique ou théorique. C'est bien de politique dont il s'agit. Le PSU a représenté un courant socialiste original, opposé à la SFIO des notables, des sectaires et des opportunistes. Encore aujourd'hui, ce clivage n'a rien perdu de son sens : regardez les comportements, écoutez les discours, la SFIO n'a pas disparu et le PSU est toujours là, dans les têtes et les réactions. Le Parti socialiste a connu et connaît toujours ces deux cultures. Vous avez compris que la mienne est celle du PSU et pas de la SFIO !

Pour en savoir plus :


Bonne soirée.



30 juillet 2010

Le discours de Grenoble.

Bonsoir à toutes et à tous.


A propos du discours de Nicolas Sarkozy à Grenoble, j'entends certains commentaires parler de mesures "spectaculaires". Non, certainement pas. Le président de la République ne fait que reprendre le discours qui lui a permis il y a trois ans de devenir président de la République, en montant d'un cran. Mais il n'y a rien de "spectaculaire" dans une reprise attendue, une répétition sans surprise, sinon que la situation n'a pas fondamentalement changé depuis trois ans puisque le même discours nous est resservi.

Ce qui serait réellement "spectaculaire", ce serait d'investir massivement dans les quartiers pauvres afin d'éradiquer les causes profondes qui provoquent violence et délinquance. Faire venir des entreprises, créer des emplois, rétablir les commerces, améliorer l'urbanisme, conforter les services publics, proposer des systèmes efficaces d'intégration, de promotion et de réussite sociales. Je ne sais pas si c'est économiquement et financièrement possible, mais il est évident que c'est politiquement souhaitable. Voilà ce qui serait "spectaculaire".

L'essentiel de ce discours vise à sanctionner gravement les auteurs de violences criminelles envers les gendarmes et policiers. Comme si ces sanctions n'existaient pas déjà. Mais on a tiré à balles réelles sur les forces de l'ordre il y a quelques jours, Nicolas Sarkozy, président réactif plutôt qu'actif, répond donc à cette actualité dramatique. Si un vieillard avait été torturé, des propositions auraient été faites dans cette direction et le discours aurait tourné autour de ça. Comme si la politique consistait à réagir aux faits divers, à s'aligner sur les événements de la délinquance et du crime, comme si on ne pouvait rien construire, rien prévoir dans le long terme et le calme de la réflexion.

Cette méthode Sarkozy, qui consiste à décider dans l'instant, qui plaît tant aux Français parce que l'immédiateté donne une trompeuse impression d'efficacité, je ne l'aime pas, je ne l'ai jamais aimée. Quand on accuse la gauche de faiblesse en matière de sécurité, je vois au contraire une grande faiblesse dans ce comportement de la droite. Et puis elle fait la part belle aux sentiments, à l'indignation, alors que c'est de réflexion dont nous aurions besoin. Tirer contre un policier est évidemment inacceptable et lourdement condamnable, mais en quoi l'acte serait-il plus répréhensible que s'en prendre à un simple citoyen ? Le policier connaît les risques du métier (ce qui n'excuse absolument pas les violences envers sa personne) alors que l'innocente victime n'y est pour rien, ne l'a pas cherché.

Je veux conclure par la plus "spectaculaire" de ces mesures qui ne le sont pourtant pas : retirer la nationalité française à ceux qui auraient tiré sur les représentants de l'autorité. Je ne crois pas à l'effet dissuasif. Mais admettons. Que va-t-on faire alors d'un voyou, français "de souche" comme on dit fâcheusement, qui tire sur des policiers ? Pourquoi celui-ci échapperait à la déchéance nationale alors que le même, dont les parents sont d'origine étrangère, y succomberait ? Non, cette "logique", si on peut parler ainsi, n'est pas acceptable. Le retrait de la nationalité française s'applique à des cas très particuliers, en quelque sorte politique (espionnage, intelligence avec l'ennemi), qu'on ne saurait étendre sans abus à des actes de simple délinquance, aussi criminels soient-ils. Mais ce billet ne vous aura pas surpris : je ne suis pas sarkozyste, même en matière de sécurité !


Bonne soirée.

29 juillet 2010

Délit de belle bagnole.

Bonsoir à toutes et à tous.


Il y avait le délit de sale gueule. En écoutant ce matin sur RTL le ministre de l'Intérieur, j'ai appris l'existence d'un nouveau délit : celui de belle bagnole. La possession d'une "grosse cylindrée" (sic) provoquerait un soupçon de délinquance. Mais pas sur tous leurs propriétaires, sinon Neuilly, le XVIème arrondissement de Paris et quelques beaux quartiers deviendraient des repaires de délinquants. Non, le délit ne concernerait qu'une catégorie de la population, roms ou gens du voyage.

Que les choses soient bien claires entre nous : je suis pour l'application rigoureuse de la loi, applicable à tout citoyen en situation délictueuse ou criminelle. Mais le fait d'avoir un beau et imposant véhicule ne vous fait pas entrer, que je sache, dans cette catégorie-là, même quand votre mode de vie n'est pas sédentaire. J'ai envie d'ajouter : surtout quand votre mode de vie n'est pas sédentaire puisqu'il est logique, à défaut d'avoir une belle maison, de posséder une belle voiture et caravane !

Le ministre de l'Intérieur, en légitimant un vieux préjugé, lui donne du crédit. Ce cliché péjoratif, combien de fois ne l'entendons-nous pas autour de nous ? Il est du même tabac que la légende du SDF richissime. Un homme politique doit être aussi un pédagogue de l'opinion, en l'occurrence expliquer qu'il n'y a pas de lien entre le luxe (d'ailleurs tout relatif) et la délinquance. Pourquoi alors ce préjugé a-t-il la vie dure ? Parce que l'image qu'on se fait du gitan, manouche, romanichel, c'est la roulotte tractée par des chevaux. Tout ce qui ne correspond pas à ce schéma engendre la méfiance.

Et puis, il y a la simple jalousie sociale. En France, la bagnole garde une forte dimension symbolique, elle est une marque visible de réussite et même de virilité. L'ouvrier qui a une bagnole aussi belle que celle de son patron (c'est possible avec le crédit, la volonté et de gros sacrifices) fait causer, et en mal. On l'accuse de s'y croire, de frimer. Ce n'est peut-être pas une vertu, ce n'est pas non plus un mal ou un crime. Les gens du voyage, avec leurs belles bagnoles, ne respectent pas la hiérarchie sociale, ils bousculent un ordre implicite. Je ne parle même pas de la banale xénophobie qui les frappe.

Mais, me direz-vous, des gens qui ne travaillent pas et qui peuvent s'acheter de tels véhicules, n'est-il pas légitime de les soupçonner ? Non, absolument pas, du moins tant que nous sommes en République, dans un Etat de droit. D'abord, qui peut savoir qui travaille ou pas, qui perçoit ou pas des revenus lorsqu'il passe à côté d'un camp de nomades ? Alors un peu moins d'arrogance s'il vous plaît, car c'est en portant des jugements à tort et à travers qu'on finit par commettre des injustices et dire des conneries.

Surtout, ce travail d'observation et les questions qui en résultent relèvent de la police et de la justice, pas du citoyen devenu délateur ou du politique transformé en démagogue. De ce point de vue, il y a toute une tradition française qui n'est pas à notre honneur. Oui les policiers doivent discrètement et efficacement enquêter lorsque des modes de vie ne semblent pas correspondre aux moyens financiers de leurs protagonistes. Mais cette activité professionnelle n'a pas à être utilisée et manipulée en direction de l'opinion, dans l'objectif détestable d'exciter et satisfaire ce que celle-ci a de plus bas et de plus stupide.


Bonne soirée.

28 juillet 2010

Les "autres".

Bonsoir à toutes et à tous.


Pour commenter la réunion à l'Elysée sur les gens du voyage, je veux vous soumettre un souvenir personnel. C'était il y a 30 ou 40 ans, ce n'est donc pas vieux. Dans mon Berry natal et sa ville de Saint-Amand-Montrond, 11 000 habitants, nous étions tous à peu près semblables, pour le meilleur ou pour le pire. Dans les rues, on ne voyait ni jaunes, ni noirs. Pourtant, les "autres", ceux pas comme nous, étaient là.

Il y avait les berdins (en patois berrichon les fous) qui venaient des campagnes, travaillaient chez les paysans et qui faisaient rire. Il y avait aussi quelques Algériens qui vendaient des tapis au porte à porte. On ne leur ouvrait pas, ils inquiétaient un peu mais pas trop. Au bout d'un champ, à peine visible, c'était les roulottes des manouches. Leurs femmes vendaient des paniers en osier, elles passaient surtout pendant le repas et on prenait soin de fermer à clé. Il se disait que les manouches étaient des voleurs.

Je comprenais déjà, de courte expérience, que les gens disent parfois n'importe quoi. A l'école, des enfants de forains restaient quelques semaines, le temps de la foire. Ils n'avaient pas de bons résultats, on se méfiait d'eux. Parmi les "autres", il y avait enfin les Témoins de Jéhova, des chrétiens pas catholiques, ce qui suffisait pour les disqualifier malgré leurs têtes d'enfants de choeur ou de Marie.

Tous ces "autres", on ne les aimait pas, on les critiquait, mais ces propos restaient entre soi, tout bas, la xénophobie n'avait aucune expression publique, officielle ou électorale. Aucun homme politique ne pensait et n'affirmait que la présence des gens du voyage posait problème à la société. Ils s'installaient où ils voulaient, où ils pouvaient, personne ne se demandait s'ils avaient l'autorisation ou pas. C'était un autre temps, une autre société.

Aujourd'hui, les berdins font peur, on voudrait qu'ils soient enfermés. Les manouches font parler d'eux, ouvertement cette fois ; on souhaiterait finalement qu'ils partent, pour la tranquillité. Les Témoins de Jéhova, en revanche, se sont construits une belle salle et monsieur le maire était présent à l'inauguration.

Et puis, il y a cette révolution, la mondialisation, qui a même touché Saint-Amand-Montrond. Le monde a franchi les portes de la cité. Un kebab s'est installé, avec de vrais Turcs, un restaurant chinois aussi, tenu bien sûr par des Asiatiques et, incroyable, un Mac Donald, le Berry envahi par l'Amérique, au grand bonheur des Berrichons. Il y a 30 ou 40 ans, le seul établissement "étranger", c'était une pizzeria, gérée par un p'tit gars bien de chez nous.

Aujourd'hui, la société s'est ouverte, ma ville natale aussi, et c'est très bien comme ça. Parce que rester entre Berrichons, c'était pas non plus la joie. Les "autres" sont là, plus visibles, parfois un peu plus nombreux qu'autrefois. Et alors ? J'en reste à ce qu'on m'a appris quand j'étais petit, dans le Berry : on est tous fait pareil. Autant donc essayer de vivre ensemble. Il y a de la place pour tout le monde. Ce n'est pas si compliqué que ça.


Bonne soirée.

27 juillet 2010

Pas de club DSK.

Bonsoir à toutes et à tous.


Ces dernières heures, la presse et le net annoncent la création d'un "Club DSK", lors de la prochaine université d'été du PS à La Rochelle, fin août. L'objectif serait de rassembler ses partisans en vue des primaires. L'initiateur vient paraît-il d'un ancien du MoDem. Je ne sais pas de quoi il en retourne vraiment, mais ce projet n'est pas conforme au strauss-kahnisme (si on peut utiliser ce terme !) tel que je le connais depuis une petite dizaine d'années.

Dans les prochains mois, nous allons être confrontés à ce phénomène : sachant que DSK a le vent en poupe, que les sondages le mettent en tête, les conversions tardives au strauss-kahnisme vont se multiplier, dans les rangs du PS et à l'extérieur. C'est une tendance humaine bien connue. Les néophytes se reconnaîtront à leur zèle. Les ouvriers de la dernière heure voudront passer avant tous les autres et leur donner des leçons. Il faudra apprendre à en sourire. J'ai eu vent que du côté de Château-Thierry un comité de soutien à DSK (extérieur au PS) était dans l'air. Oui, puisque c'est du vent !

DSK n'est pas un homme de clan ou de courant. Il ne demande pas à ses partisans de se regrouper entre eux sur son nom, mais d'enclencher une dynamique générale, parmi tous les socialistes, de social-démocratisation de notre parti et de son projet. Le mouvement est déjà lancé, depuis pas mal de temps, il dépasse très largement les clivages traditionnels.

DSK n'est pas quelqu'un qui se détermine par rapport aux autres mais par rapport à lui, à ses jugements, à ses convictions. Il n'est pas de ce type d'hommes politiques que nous connaissons bien : ils attendent que les autres les sollicitent, viennent les chercher pour s'engager. Cette indifférence feinte qui cache de grandes ambitions est détestable parce que trompeuse. Il faut en politique mettre cartes sur table, savoir qui veut quoi et pourquoi.

Chacun est libre de faire ce qu'il veut, mais il n'y a pas de club DSK. Strauss n'a qu'un seul le club : le PS, qui voudra de lui ou qui n'en voudra pas. Réponse dans un an. En attendant, calmos. La politique, c'est comme l'amour : on ne choisit pas, c'est l'autre qui décide. Les plus belles déclarations d'amour ne débouchent pas nécessairement sur une idylle.


Bonne soirée.

26 juillet 2010

Nos derniers ennemis.


Bonsoir à toutes et à tous.


L'assassinat de Michel Germaneau nous rappelle que notre démocratie parlementaire et libérale n'a plus qu'un seul ennemi mortel, que nous désignons sous le terme de "terrorisme islamique". Dans la première moitié du siècle dernier, c'est le fascisme qui menaçait la République, puis dans sa seconde partie, et pour des raisons opposées, c'est le communisme bolchévique qui représentait un danger de dislocation et de perdition (du moins était-il perçu comme tel).

Ces idéologies, aussi périlleuses qu'elles soient, étaient précisément identifiées, à la différence de l'islamisme radical. J'entends parler de "criminels", "monstres", "primates", "barbares" et l'horreur de leur acte justifie ces réactions. Mais elles ne permettent pas de comprendre la nature du mouvement Al-Qaïda et du phénomène musulman intégriste, qui est profond et mondial. Que les armées occidentales et leurs services de renseignement, les plus puissants au monde, ne parviennent pas à juguler des groupuscules fanatiques a de quoi faire réfléchir.

La radicalité est une contestation de toutes les époques, un désir violent de renverser l'ordre des choses. Nous avons connu cela en Europe dans les années 70, avec l'ultra-gauche qualifiée elle aussi de "terroriste". Mais le mot ne suffit pas à saisir ce qui se passe. L'extrême gauche, le courant révolutionnaire se sont institutionnalisés, ses représentants, ses valeurs se sont largement intégrés à la société, ont perdu leur dimension subversive. Ce faisant, la fonction de radicalité est désormais investie par d'autres forces.

Ce qui gêne aussi notre compréhension et nous prépare très mal à l'affrontement, c'est que la radicalité d'aujourd'hui n'est plus politique mais religieuse. Or notre société est profondément sécularisée, étrangère à la religion et à ses mécanismes mentaux. La foi est souvent ramenée à une tradition un peu gnangnan autour du doux Jésus. On ne sait plus, dans notre société individualiste et matérialiste, ce que sont le désir de transcendance, le besoin d'éternité, la haine du monde, la force de la communauté, l'esprit de sacrifice, la violence de la foi.

La religion prospère pourtant sur ce terreau-là. Si nous ne renouons pas avec la connaissance de la croyance sous ses formes les plus extrêmes, nous resterons devant la stupéfaction douloureuse des événements et dans l'incapacité de lutter contre nos derniers ennemis planétaires.


Bonne soirée.

25 juillet 2010

Qui dit mieux ?

Bonsoir à toutes et à tous.


Je ne connais pas plus que ça mon camarade André Vallini, député socialiste et président du Conseil Général de l'Isère. Je ne crois pas qu'il soit strauss-kahnien, je ne l'ai jamais croisé dans nos réunions de courant. Mais à chaque fois que je lis ses interventions dans la presse nationale, je suis en total accord avec lui.

C'était le cas il y a un an, lorsqu'il s'était exprimé sur la réforme territoriale, en demandant aux socialistes de ne pas en rester à une position de résistance et de conservation, mais qu'il fallait nous aussi envisager une nouvelle forme d'organisation des collectivités. C'est encore le cas ce matin, à la lecture de son entretien dans le Journal du Dimanche, à propos des problèmes de sécurité relancés par les violences de Grenoble et Saint-Aignan. J'y retrouve avec satisfaction ce que j'exposais dans mon billet du 21 juillet. Je vous livre deux extraits significatifs :

"Il faut cesser de faire de la sécurité un enjeu électoral, car personne n'a de solution miracle".

"La gauche et la droite doivent déposer les armes. Chacun devrait faire un pas vers l'autre : la gauche doit accepter sous condition la vidéosurveillance et la droite doit relancer la police de proximité".

On ne saurait mieux dire. Tous les socialistes ne sont évidemment pas sur cette ligne. Dans ma section, ce sont des propos d'extra-terrestre (et je retiens le qualificatif le plus gentil ...). Pourtant, nous avons été battus en 2 002 sur la sécurité et Sarkozy a gagné là-dessus en 2 007. Ce ne doit pas être pour le PS une obsession mais une préoccupation légitime. Une ville comme Saint-Quentin n'est pas livrée à une très grosse délinquance mais les problèmes d'insécurité existent, et dans les milieux les plus populaires, c'est-à-dire notre électorat. Nous aurions tort de ne pas les aborder. André Vallini donne au niveau national la direction que nous pourrions prendre au niveau local.


Bonne soirée.

Panique tragique.

Bonjour à toutes et à tous.


Le drame de Duisbourg n'est pas politique mais m'inspire une réflexion politique. Les morts et blessés de la Love Parade ne sont pas les victimes d'une catastrophe naturelle ou technologique mais d'un comportement humain, la réaction paniquée d'une foule trop nombreuse à l'intérieur d'un tunnel. C'est d'autant plus tragique qu'on se dit que si chacun avait gardé son calme et avait tranquillement traversé, il ne se serait rien passé de grave, malgré la densité de population dans un endroit étroit et partiellement clos.

L'attitude d'un groupe humain est souvent terrible et inattendue. J'ai un souvenir personnel : en 1979-1980, étudiant à la fac parisienne de Vincennes, je participais à des manifs, à une époque où les autonomes constituaient la part la plus agressive d'une extrême gauche en déclin. Lors de ces rassemblements qui souvent dégénéraient en violence, il suffisait que quelques personnes seulement se mettent à courir pour que l'inquiétude se répande et que des centaines d'autres fassent de même, sans véritable raison ni objectif.

Voilà où je veux politiquement en venir : il me semble que le phénomène de la panique est constitutif de n'importe quelle agrégation d'individus, même si les conséquences en sont rarement aussi tragiques qu'à Duisbourg, même s'il n'y a pas nécessairement mort d'homme. La panique est déclenchée par trois ressorts :

1- La peur : la masse humaine a peur et fait peur, la foule est oppressante. Les rassemblements sereins et joyeux existent mais sont plutôt minoritaires. Dans tout agglutination d'individus, c'est l'inquiétude et la crainte qui prévalent.

2- L'irrationalité : les comportements d'une foule relèvent souvent de l'absurdité, sinon de la folie. Les capacités de réflexion et d'anticipation qui sont abondamment présentes en chaque individu se dissolvent au contact du groupe.

3- Le mimétisme : dans la collectivité humaine, les personnes perdent leur autonomie de volonté, de jugement et d'action, elles s'alignent les unes sur les autres, se copient aveuglément. Dans un registre plaisant, regardez le phénomène des applaudissements : deux ou trois frappent des mains, tous les autres très vite vont reprendre quasi mécaniquement.

C'est la terrible loi des êtres humains : à quelques notables exceptions nous suivons, nous nous laissons entraîner, pour le meilleur mais aussi hélas pour le pire comme ce samedi à Duisbourg.


Bon dimanche.

24 juillet 2010

La manie des listes.

Bonsoir à toutes et à tous.


La polémique la plus stupide de la semaine a concerné les sanctions contre l'absentéisme des députés, à partir de leur classement au sein d'une liste. Ah cette manie actuelle de faire des listes à propos de tout et n'importe quoi, les lycées, les hôpitaux, les plus grosses fortunes, etc. Alors pourquoi pas le temps de présence des parlementaires ? Cette façon de quantifier, classer, lister, c'est évidemment le degré zéro de la pensée. On ne cherche pas à comprendre, à expliquer, on ne s'intéresse pas au pourquoi et au comment, on constate, comme la vache constate que les trains passent au bout du pré.

Aucun classement, de quelque type que ce soit, n'est pertinent. La plupart sont des manipulations. L'antiparlementarisme en France s'est toujours très bien porté, et ce sont des arguments recuits qu'on nous sert. Que les députés ne siègent pas assez, que certains dorment pendant les séances, combien de fois l'avons-nous entendu ? La stupidité, c'est ça aussi : l'hébétude devant la répétition d'une fausse évidence. Je ne vais pas m'abaisser à rappeler que la présence dans l'hémicycle n'est pas l'essentiel, que le travail du député se fait dans les commissions et sa circonscription. Voilà, c'est quand même dit !

Je suis enseignant, j'aime l'école, mais je ne souhaite pas que la France se transforme en une vaste salle de classe où les magazines seraient chargés de mettre des notes et de dresser des classements, avec punition et récompense à la clé. Nous sommes en République, les seuls juges sont les électeurs. Si leurs représentants ne font pas leur boulot, c'est le vote qui réglera leur sort. Et puis, entre nous soit dit, quelle hypocrisie ! Sous la Vème République, le Parlement est largement une chambre d'enregistrement, sauf surprise. Alors arrêtons cette comédie des listes d'absents et de présents.


Bonne soirée.

23 juillet 2010

Outrage au drapeau.

Bonsoir à toutes et à tous.


Un décret paru aujourd'hui au Journal Officiel me laisse perplexe : il punit de 1 500 euros d'amende le fait de "détruire, détériorer ou utiliser de manière dégradante le drapeau" (français). Ma première réaction est plutôt d'indifférence : je me dis que oui pourquoi pas, mais je ne suis pas plus convaincu et enthousiaste que ça. Et puis, à y réfléchir un peu, je vois cinq remarques qui s'imposent :

1- Il est étrange que la défense du drapeau national soit mise en avant alors que nous vivons dans une société où, à tort ou à raison, le patriotisme n'est pas très bien porté et le nationalisme plutôt mal vu. Ce revival cocardier est donc paradoxal.

2- Le drapeau est un symbole mais pas un objet sacré. Sa valeur est dans ce qu'il représente, pas dans ce qu'il est. De ce point de vue, il n'y a pas "outrage" au drapeau, pas plus qu'un chasseur n'outrage la paix quand il tire sur une colombe. Le drapeau n'est pas le Saint-Sacrement ! Il appelle le respect, pas la vénération. La République est une institution, pas une religion. Qu'un con pisse sur le drapeau, ça ne mérite que l'indifférence, peut-être le mépris, éventuellement une réprimande verbale, mais pas une amende.

3- La liberté d'expression politique doit être en démocratie absolue, hormis les opinions criminelles ou discriminantes condamnées par la loi. Les monarchistes légitimistes abhorrent le drapeau tricolore et lui préfèrent le drapeau blanc. Les anarchistes libertaires combattent le patriotisme, une grande partie de l'extrême gauche (et à l'origine les communistes) sont internationalistes. Les uns et les autres, pour des raisons complètement différentes, ne se reconnaissent pas dans les trois couleurs. Ces sensibilités ont le droit d'exister dans la République. On les imagine facilement "outrager" le drapeau, soit parce qu'il n'est pour eux qu'un chiffon, soit parce qu'il incarne une idée qu'ils rejettent. Allons-nous pour autant le leur interdire ? La démocratie américaine a-t-elle condamné les manifestants contre la guerre du Vietnam qui brûlaient sur la place publique la bannière étoilée ?

4- La liberté de l'artiste doit elle aussi être absolue. Si le drapeau bleu-blanc-rouge est aujourd'hui détourné de sa signification, s'il est l'objet de provocation, c'est moins dans le domaine politique qu'artistique. A la différence du politique, le créateur est pacifique et ses oeuvres ne sont imposées à personne. Il doit donc rester entièrement libre dans son travail.

5- Le plus grand et le plus grave outrage au drapeau national, c'est quand Le Pen et l'extrême droite le brandissent. Que les adversaires de la Révolution Français utilisent les couleurs de la République, que les défenseurs du régime de Vichy se rangent derrière le symbole du patriotisme, c'est inacceptable et ça mérite bien 1 500 euros d'amende. Car "utiliser de manière dégradante le drapeau", c'est exactement ce qu'ils font. Mais je ne crois pas que le décret dont je vous ai parlé l'entende comme ça. C'est dommage.


Bonne soirée.

22 juillet 2010

La société compliquée.

Bonsoir à toutes et à tous.


Avez-vous remarqué ? Tout aujourd'hui est compliqué et le devient de plus en plus. Notre société n'a pas toujours été ainsi. Autrefois, quand on prenait un billet de train, c'était rapide et facile. Désormais, la multitude des offres complique tout et prend du temps. Prenez les conseils de parcours routiers pris sur internet : l'accumulation des détails fait regretter la bonne vieille carte Michelin. Et je ne parle même pas du meuble à monter soi-même acheté chez Ikea : le mode d'emploi est une redoutable épreuve qu'on surmonte difficilement. Je pourrais multiplier les exemples et les comparaisons, le constat est flagrant : nous vivons dans un monde compliqué.

Il y a même une date qu'on peut symboliquement retenir : 1976 et la création du Loto. Jusqu'à cette année-là, le billet de la Loterie Nationale était d'une extrême simplicité. On a aujourd'hui oublié, habitués que nous sommes à la complication, qu'il a fallu un certain temps pour que les Français s'habituent à un jeu de hasard au départ incompréhensible et générant de nombreuses erreurs.

Attention : ne confondons pas complication et complexité. Celle-ci a toujours existé : un dossier fiscal, une théorie scientifique, un traité juridique sont des objets complexes car spécialisés. La complication, elle, concerne la vie quotidienne, quand ce qui est simple devient compliqué. Ne croyons pas non plus que la complication soit désagréable ou mal perçue. Au contraire, elle est l'occasion d'un vrai plaisir, celui d'évoquer ou de se confronter à des choses compliquées. Avez-vous remarqué qu'autour de nous les propos de nos concitoyens sont à l'envie embrouillés ? Ce n'est certes pas systématique mais fréquent. Les qualités de clarté, simplicité, concision et synthèse sont devenues rares dans le débat public ou la conversation privée.

Quel plaisir singulier peut-on trouver à être compliqué ? D'abord, contrairement à ce qu'on croit, il est très facile d'être compliqué, obscur, embrouillé ; à l'inverse, la simplicité d'expression, la limpidité du propos sont des objectifs compliqués. Ensuite, la complication satisfait la vanité ; elle permet de paraître savant, expert, intelligent à peu de frais et d'exercer un certain pouvoir sur autrui. Enfin, la complication est une sorte de superstition : on admire le discours compliqué, on se dit que celui qui le tient ne peut qu'avoir raison, on se dispense d'aller chercher plus loin et de réfléchir par soi-même. Comme souvent, il y a une connivence entre le dominant et le dominé.

La société compliquée est aussi le produit de facteurs très contemporains :

1- La liberté. L'individu est beaucoup plus autonome qu'autrefois. A l'époque où l'on votait comme ses parents ou grands-parents, où l'on suivait les recommandations morales de monsieur le curé, les choix étaient relativement simples. On savait ce qu'étaient la gauche et la droite, le bien et le mal, un ouvrier et un bourgeois. Impossible aujourd'hui, beaucoup plus compliqué.

2- L'abondance. Dans une société de rareté, où les produits étaient en nombre limités, tout était simple, l'hésitation, le regret, la versatilité n'avaient pas trop leur place. Entrez dans n'importe quel rayon d'hypermarché : il y a de quoi s'y perdre ...

3- La technologie. Je crois que c'est un facteur majeur d'explication. Pendant des millénaires, les techniques humaines demeuraient rudimentaires malgré leur perfectionnement. Conduire une carriole, utiliser un outil, manier une arme, ces techniques n'étaient pas sophistiquées. A partir de la deuxième moitié du XXème siècle, la vie ordinaire s'est peuplée d'objets et de pratiques extrêmement perfectionnés qui valorisent les individus en même temps qu'ils les aliènent joyeusement : automobile, téléviseur, mobile, ordinateur, toute la gamme offerte dans l'audiovisuel et l'électroménager.

C'est pourquoi la politique ne peut plus être comme autrefois. Par mon expérience personnelle, j'ai souvent remarqué que les discours les plus clairs, les plus directs désormais incommodent, laissent sceptiques, passent presque pour indécents de simplicité. En revanche, les logorrhées pâteuses, pleines de sigles et de termes techniques, séduisent, suscitent l'approbation et soulèvent les applaudissements, moins on les comprend plus on est confiant. Il faudra s'y faire : c'est ça aussi la société compliquée.


Bonne soirée,
pas trop compliquée j'espère.

21 juillet 2010

Ce n'est pas la guerre.

Bonsoir à toutes et à tous.


Nicolas Sarkozy, pour illustrer la nécessaire riposte qu'il entend mener après les graves incidents de Grenoble, a utilisé le terme de "guerre". Ce n'est pas la première fois qu'il parle ainsi, c'est même sa marque de fabrique, c'est ce qui explique la séduction qu'il exerce auprès d'un certain nombre de Français, y compris de gauche : un homme en guerre contre une partie de la population. Quant à moi, je trouve ce mot malheureux, inconvenant, déplacé.

Un président de la République, par la fonction qu'il exerce, doit être un homme de paix, pas de guerre. Il est à la place qu'il occupe pour calmer les passions, faire cesser la violence, et non pas alimenter les peurs et renforcer les divisions. Lutter contre la délinquance, c'est nécessaire et indispensable, c'est le devoir républicain d'ordre public et de sécurité des citoyens. Mais ce n'est pas faire la guerre.

D'autant que dans l'esprit de bon nombre de citoyens, ce n'est pas exclusivement aux voyous qu'on fait la guerre, mais à une partie de la population, les quartiers pauvres et immigrés. Quand des bataillons de CRS patrouillent pendant des heures, quand on procède à des fouilles et à des arrestations, quand des hélicoptères survolent la nuit les immeubles et les balaient de leurs puissants projecteurs, c'est en effet un triste spectacle de guerre qu'on offre aux téléspectateurs excités et vengeurs du journal télévisé. Et c'est déplorable, parce que ce n'est pas ainsi qu'on règle les problèmes de fond. C'est en revanche de cette façon qu'on stigmatise, même sans le vouloir vraiment, une population.

Il est étrange de parler de "guerre" au moment où ce terme a progressivement disparu de la scène internationale. Comme s'il était désormais réservé aux événements intérieurs ! Je me souviens de Rocard en 1991 qualifiant l'intervention militaire en Irak non pas de "guerre" mais d' "opération de police". Paradoxalement, c'est maintenant l'inverse : le vocabulaire militaire est fâcheusement appliqué à des actes civils.

Vous me direz peut-être que je pinaille, que Sarkozy a utilisé une image que chacun comprend fort bien et qu'il n'est pas nécessaire de suivre au pied de la lettre. C'est bien ce que je reproche à notre président (outre le fait qu'il soit de droite) ! Il a choisi, depuis le début de son mandat, de parler comme monsieur tout le monde pour s'attirer la sympathie de l'homme de la rue. C'est ce que je déplore.

Un chef d'Etat doit maîtriser ses propos, faire attention à ce qu'il dit, utiliser les mots justes, rechercher le vocabulaire de la vérité plutôt que celui de la séduction. Les délinquants doivent être arrêtés par la Police et sanctionnés par la Justice. Mais aucune guerre ne doit être déclenchée contre quiconque. Sinon c'est s'étourdir de termes virils et d'expressions martiales qui dissimulent une impuissance plutôt qu'ils expriment une volonté et une capacité.


Bonne soirée.

20 juillet 2010

Dancing in Auschwitz ?

Bonsoir à toutes et à tous.


Quand j'ai appris hier matin qu'un clip musical tourné à Auschwitz circulait sur le net, j'ai été horrifié. De la danse sur fond de four crématoire, quelles qu'en soient les intentions, ça me semblait hideux. J'y sentais une nouvelle transgression comme en est hélas capable notre société contemporaine.

Mais je suis quand même allé voir, sur le site d'informations rue89, à quoi ça ressemblait. J'ai été moins scandalisé que je m'y attendais. Un grand-père, ancien déporté, pousse maladroitement, en compagnie de ses petits-enfants, quelques pas de danse sur la chanson "I will survive". C'est au premier abord choquant, mais ce n'est pas non plus complètement indécent. J'ai surmonté en partie ma réticence initiale, très négative. Sans doute parce qu'il y a dans tout ça un message d'espoir et que je n'y ai pas perçu de provocation gratuite.

Ceci dit, je désapprouve tout de même, y compris après cette nuance de jugement, l'initiative, qui n'est pas condamnable en soi mais qui ouvre la porte, désormais, à d'autres utilisations de moins bon aloi. Un camp de concentration est un lieu tragique qui devrait être exclusivement laissé au devoir de mémoire, à la visite respectueuse, à la méditation silencieuse. Le transformer, même avec d'excellentes intentions, en décor pour des manifestations d'ordre privé est inacceptable, qu'il s'agisse de spectacle artistique, de meeting politique ou de cérémonie religieuse.


Bonne soirée.

19 juillet 2010

La violence et la sécurité.

Bonjour à toutes et à tous.


Dans les incidents de Grenoble, ce qui est nouveau et inquiétant, ce sont les tirs à balles réelles sur les policiers. A Saint-Aignan, l'assaut de la gendarmerie et la mise à sac du centre-ville ont été particulièrement spectaculaires. Dans les deux cas, c'est parce qu'il y a eu mort d'homme que la violence s'est déchaînée. Dans les deux cas, les événements sont liés à des faits de délinquance.

Politiquement, que faut-il en conclure ? D'abord qu'en matière de sécurité, la droite n'a pas de leçons à donner à la gauche, contrairement à ce qu'elle a pu faire ces dix dernières années. Ensuite que le problème de l'ordre public n'est pas à ignorer par la gauche et délaisser à la droite : il y a manifestement des évolutions dramatiques qui appellent traitements et solutions.

De ce point de vue, la gauche doit se libérer de l'influence de l'extrême gauche, qui réduit l'insécurité à un sentiment subjectif, qui dénonce la politique sécuritaire, quand ce n'est pas l'Etat policier et parfois même le régime autoritaire, le fascisme larvé. Non, nos concitoyens, et d'abord les plus démunis, ne le vivent pas et ne le voient pas ainsi.

C'est pourquoi il me semble que ce sujet devrait faire l'objet d'un consensus entre la gauche et la droite. Nos différences et nos oppositions, accentuons-les dans le domaine économique et social. Mais la sécurité des citoyens, le respect des lois et l'ordre dans la société devraient échapper à toute politisation ou idéologie. La droite porte en la matière une grande et grave responsabilité, ayant exploité contre la gauche le malaise et les peurs des Français.

C'est pourquoi aussi il m'a paru utile et raisonnable de soutenir l'installation de la vidéo-surveillance à Saint-Quentin, quitte à discuter du nombre de caméras, de leur emplacement et de leur usage. Mais réduire l'insécurité à un fantasme et la petite délinquance à une forme de révolte sociale, non, pas question.


Bonne journée.

18 juillet 2010

Des absences déplorables.

Bonsoir à toutes et à tous.


C'était ce matin la cérémonie de commémoration de la rafle du Vel d'Hiv, devant le monument du ghetto de Varsovie, à Saint-Quentin près de la gare. Le sous-préfet, le député, plusieurs maires-adjoints et conseillers municipaux de la majorité étaient présents. C'est, chaque année, un rendez-vous important, émouvant, politiquement significatif. Comme pour toutes les manifestations de ce type, les élus d'extrême gauche étaient absents. C'est à mes yeux déplorable.

Je ne discute pas des choix idéologiques de leurs trois organisations, NPA, LO et POI. Ce ne sont pas les miens, ce ne peuvent pas être ceux d'un socialiste fidèle à ses convictions réformistes. Mais je respecte nos camarades d'extrême gauche, qu'il m'arrive d'inviter dans les débats publics que j'organise. J'ai une estime toute particulière pour Anne Zandinetas, au militantisme courageux et exemplaire.

Où est alors le problème et d'où vient ma déploration ? En tant qu'électeur, en votant pour la liste de gauche, j'ai forcément aussi voté pour eux, puisqu'ils étaient nos alliés imposés. J'ai donc quelque droit et même le devoir de manifester mon mécontentement à l'égard de ceux que j'ai, par mon bulletin, mandatés, qui sont nos représentants. Être élu, c'est précisément, entre autre activité, assurer ce travail de représentation lors des grands événements et cérémonies. Je constate et je déplore que ce n'est pas fait.

Je ne fais pas que le déplorer sur la forme, mais surtout sur le fond : la dénonciation du génocide (anniversaire de la rafle du Vel d'Hiv), le souvenir de la Révolution française (14 juillet), la défaite sur le nazisme (8 mai), l'appel à la Résistance (18 juin) sont parties intégrantes de l'héritage de la gauche et méritent à ce titre d'être officiellement et solennellement honorés. Je suis furax de voir à Saint-Quentin ces pans de notre Histoire laissés à la droite. Ne font-ils donc pas sens, n'ont-ils donc pas de portée politique, d'impact idéologique pour que les élus d'extrême gauche s'en désintéressent et s'abstiennent de participer ? Qu'ils me répondent, je publierai leurs explications, mais personnellement je ne comprends pas.

En tant que militant socialiste qui souhaite voir cette municipalité basculer un jour à gauche et le plus vite possible, je ne peux aussi que déplorer ces absences, qui ne préparent pas à la reconquête du pouvoir. Comment la population saint-quentinoise peut-elle nous apprécier si nous n'affichons pas notre présence, si nous ne marquons pas une lisibilité ? Certes ça ne suffit pas, mais cette représentation dans ces cérémonies est un minimum, un point de départ incontournable. Ceci dit, l'extrême gauche a-t-elle pour souci principal de battre la droite locale et de diriger la ville ? Je m'interroge ...


Bonne soirée.

17 juillet 2010

Génération chamallow.

Bonsoir à toutes et à tous.


J'ai écouté cette semaine, dans la matinale de France-Inter, le nouveau patron du PCF, Pierre Laurent. Déception ! Le débit est monotone, le contenu est répétitif, le vocabulaire est très formaté, on ne voit pas les arêtes, on ne sent pas les lignes de fuite. Quand c'est fini, c'est comme si ça n'avait jamais commencé car on ne se souvient de rien. Comment le parti de Maurice Thorez et de Jacques Duclos, des leaders hauts en couleur, des personnages charismatiques, de fins lettrés maniant excellemment le français, a-t-il pu en arriver là, se donner un tel "chef" ?

J'en viendrais presque à regretter Georges Marchais. Avec lui au moins, la direction avait de la gueule, à tous les sens du terme. A l'époque, le parti de la classe ouvrière formait des dirigeants à coup de serpe et de voyage en URSS. Le bagage idéologique était aussi lourd qu'un sac de permissionnaire, mais on ne s'ennuyait pas. Qu'est-ce que je m'emmerde en écoutant Pierre Laurent ... presque autant qu'en écoutant Xavier Bertrand, c'est vous dire !

Le problème de notre temps, c'est qu'il engendre des hommes politiques rabotés, lissés, transparents, une génération chamallow, rose pâle ou blanc terne, molle et sucrée. A tous les niveaux de la politique, du local au national, nous pouvons le constater, nous avons affaire de plus en plus à des bonshommes en pâte à modeler ou des femmes guimauve. C'est la société qui veut ça, l'influence des médias et l'effondrement de l'idéologie. Aujourd'hui, qui pose les problèmes politiques en termes idéologiques ? Très peu. Mélenchon fait partie des exceptions. Pas étonnant que son parti mange la laine sur le dos du PCF, et ça ne pourra que s'aggraver avec l'affable et grisonnant Laurent.

Qui ose appeler un chat un chat ? A Saint-Quentin, je suis sûrement un des rares, peut-être le seul, à mettre en perspective historique et idéologique la vie interne de la gauche locale, en éclairant tel choix politique par l'héritage poperéniste persistant, en rappelant qu'un lambertiste est un lambertiste et que ça mérite au moins réflexion avant de s'allier avec lui. A mes dépens d'ailleurs puisque tout le monde s'en fout, le questionnement idéologique est mal vu, l'important est de bien s'entendre personnellement et pour le reste basta ! Je suis sans doute à côté de la plaque, mais moi aussi je m'en fous, parce que cette plaque-là je l'aime bien, de grandes choses s'y sont inscrites, et croyez-moi ce n'était pas du chamallow.


Bonne soirée.

16 juillet 2010

Droits de l'homo.

Bonsoir à toutes et à tous.


L'Argentine, pays où la tradition machiste est forte, vient de légaliser le mariage homosexuel. L'Espagne, patrie soeur, l'avait précédée. Et la France ? Nous restons à la traîne. Comme bien d'autres pays, me direz-vous. Oui mais les autres pays ne se piquent pas d'être LE pays des droits de l'homme, ne se vantent pas de leur tradition progressiste, ne prétendent pas éclairer le monde.

Il faut que la France s'interroge sur elle-même, sur ses prétentions trop souvent prétentieuses ... et suivies de peu d'effets. Son opinion publique est largement dépressive, un sondage nous apprenant il y a quelques jours que les Français estimaient majoritairement que notre pays était "en déclin". Nous avons un problème de confiance envers nous-mêmes, nous n'arrivons plus à susciter des leaders qui permettraient de redresser la barre.

Le mariage homosexuel, même une partie de la gauche et du PS hésitent à l'adopter. Bien sûr qu'il y a d'autres priorités ! Mais n'opposons pas les questions sociales et sociétales. Il faut tenir les deux bouts. Et expliquer que ce mariage n'encourage pas à l'homosexualité, pas plus que le droit de grève encourage à faire grève. Mais c'est un nouveau droit qui est proposé, dans une société où changent les mentalités. Pour le reste, chacun doit rester libre de son corps et de sa sexualité.


Bonne soirée.

15 juillet 2010

Persiste et signe.

Bonsoir à toutes et à tous.


La politique est un éternel combat, à Saint-Quentin plus qu'ailleurs, surtout quand on est de gauche. Je suis condamné à me répéter, en ayant le sentiment que ça ne sert pas à grand chose. Mais peu importe : l'essentiel est de dire des vérités, et de les redire autant de fois qu'il faudra. Quand on a des convictions, quand on est persuadé d'avoir raison, on ne s'en lasse pas.

Toutes ces précautions me conduisent à vous prévenir : ce billet, vous l'avez déjà lu. Mais comme rien n'a changé, je continue. De quoi s'agit-il ? De la tribune libre de L'Aisne Nouvelle, qui n'est libre que pour un seul parti politique, l'UMP. Ce n'est évidemment pas normal, c'est même incompréhensible puisque, lorsque j'étais secrétaire de la section socialiste (ce n'est pas si vieux), je rédigeais environ une fois toutes les trois semaines une tribune que j'allais porter à la rédaction du journal. Pourquoi cela n'a-t-il pas été maintenu ?

Si j'y reviens aujourd'hui, c'est que la tribune de ce matin, UMP bien sûr, m'a fait réagir. Elle est signée Gontan Lefebvre, délégué de circonscription, qui se livre à une attaque en règle contre Ségolène Royal et, secondairement, François Mitterrand. C'est violent et très personnel. Je ne m'en plains pas, je n'attends rien d'autre d'un homme de droite, qui a le droit de s'exprimer. Mais j'aimerais que la gauche ait au moins un droit de réponse, et qu'elle retrouve la tribune qu'elle occupait régulièrement il y a quelques années.

Je suis peut-être le seul dans cette ville à m'étonner et à m'offusquer, mais tant que cette anomalie, cette injustice persistera, je persisterai.


Bonne soirée.

14 juillet 2010

Tolérance républicaine.

Bonsoir à toutes et à tous.


L'Assemblée Nationale a adopté hier en première lecture le texte interdisant le port du voile intégral sur la voie publique. Depuis le début, je suis hostile à ce projet de loi, qui est faussement laïque et réellement discriminatoire, liberticide. La gauche s'est massivement abstenue, elle a bien fait. Il ne fallait pas donner l'impression d'avaliser une pratique qui est condamnable quand elle est exercée sous la contrainte, ce qui peut être le cas, notamment dans certains régimes théocratiques.

Pour le reste, lorsqu'on vit en République, et c'est heureux à rappeler en ce jour de 14 juillet, chacun doit être libre de se vêtir comme il l'entend, y compris en dérangeant et en provoquant le sens commun (à la condition que l'ordre public ne soit pas gravement troublé). En République, les convictions, y compris religieuses, doivent pouvoir s'exprimer à travers l'espace public, dans les limites autorisées par la loi.

La Ligue de l'enseignement, qui est une référence en matière de laïcité, s'est opposée elle aussi à cette loi. Charles Conte, un bon camarade laïque, rappelle, dans Les idées en mouvement de ce mois (c'est le magazine de la Ligue), que les moniteurs des centres de vacances des FOL accompagnaient les enfants catholiques pratiquants à la messe du dimanche matin et que le poisson était devenu un plat traditionnel au menu du vendredi. L'identité laïque était préservée mais la tolérance et le bon sens avaient aussi cours.

Je ne suis pas certain qu'aujourd'hui la tolérance et le bons sens soient de mise, jusque dans certains milieux laïques oublieux de leur propre histoire, amnésiques d'un passé pourtant glorieux et instructif. Et quand je vois que cette infidélité peut conduire à un flirt poussé avec le Front National (je vise bien sûr l'infect groupuscule Riposte Laïque), je suis effrayé. Le phénomène est certes ultra-minoritaire, mais soyons vigilants à ce qui se dit autour de nous, dans des cercles parfois soi-disant progressistes, où l'intolérance gagne hélas du terrain. Nous n'avons pas fait la révolution en 1789 pour en arriver là.


Bonne soirée de 14 juillet.

13 juillet 2010

Cheveux blancs.

Bonsoir à toutes et à tous.


Je n'ai pas regardé hier soir Sarkozy à la télé. Pourquoi aurais-je perdu mon temps ? Je savais, et tout le monde pouvait deviner ce qu'il allait dire. Alors à quoi bon ... Les commentaires de ce matin m'ont fait marrer : le président paraît-il a été très habile. Ça, je sais aussi. Pourquoi croyez-vous que cet homme est devenu président de la République ? Le décor était austère, c'est la fin du bling-bling. Pour moi non : un décor ce n'est qu'un décor, ça ne touche pas au fond. Et le pompon : ses cheveux ont blanchi ! Les tracas ou la sagesse ? Qu'est-ce que les gens sont cons parfois ! Je n'en dis pas plus ...

Mais le contenu ? Sarkozy a défendu sa politique, n'a rien cédé du tout, notamment sur la retraite à 62 ans. Bref c'est un homme de droite fidèle à lui-même. Et quand j'entends des gens me dire qu'il n'a pas tenu ses promesses, je les rembarre immédiatement : "Travailler plus pour gagner plus", c'est aussi la logique de la retraite à 62 ans. Sarkozy a quand même été élu là-dessus, par 53 % des Français, y compris des prolos, ce qui n'est pas rien. Donc qu'on ne vienne pas se plaindre.

Maintenant, c'est très simple pour la gauche : il faut défendre l'acquis socialiste de la retraite à 60 ans, assorti de la proposition de réforme, financement, pénibilité, individualisation. Projet contre projet : 60 contre 62, contribution ou pas du capital et des revenus financiers. Luttons et nous verrons bien. Déjà, sur Woerth et le scandale du ministre du Budget trésorier de l'UMP, Sarkozy a reculé. Mais c'est le battre qu'il faut : 2 012, c'est pour bientôt.


Bonne soirée.

12 juillet 2010

Mieux qu'un sondage.

Bonjour à toutes et à tous.


J'ai ce matin la confirmation d'une discussion avec un député de l'Aisne vendredi soir : la droite va mal, l'opinion se retourne, la gauche retrouve des couleurs. Il prétendait même qu'un nouveau "Mai 1981" n'était pas impossible. Je ne vais pas jusque-là, je ne suis pas aussi optimiste. Mais il est vrai qu'il y a un peu de ça dans l'air : Giscard était plombé par les affaires, une forte demande de gauche montait dans le pays.

Ma confirmation, c'est bien sûr les résultats de la législative partielle dans la circonscription de Rambouillet, fief historique de la droite remporté hier par la gauche. C'est l'un de ces signes qui ne trompent pas, qui sont annonciateurs. Évidemment, il faut noter et déplorer que la participation n'a été que de 30 %. C'est triste à admettre mais cette situation est favorable à la gauche quoique insatisfaisante pour la démocratie : l'électorat de droite en a marre, il n'est pas allé voter.

Aux prochaines élections, les cantonales de 2 011, nous serons certainement dans la même configuration : une droite démotivée, une gauche requinquée, un scrutin intermédiaire, sans conséquences nationales directes, incitant les électeurs de la majorité à exprimer leur mécontentement. Attention, la défaite des uns et la victoire des autres ne seront pas automatiques. Mon camarade député me faisait remarquer que ça ne pourrait passer qu'avec de bons candidats. Et j'ai ajouté : des socialistes unis. Deux caractéristiques qui elles non plus ne sont pas hélas automatiques !

A Saint-Quentin, pour l'an prochain, les cantons nord et centre sont prenables, si nous savons tirer les leçons de l'expérience et ne pas commettre les mêmes erreurs qu'aux municipales.


Bonne journée.

11 juillet 2010

Insondables sondages.

Bonsoir à toutes et à tous.


Un sondage, il y a deux jours, donnait Aubry gagnante contre Sarkozy au second tour de la présidentielle. Je ne serais pas surpris de voir ce genre de sondage se multiplier dans les prochaines semaines et mois. Mais quelle en est la fiabilité ? Prudence, méfiance. Rappelons-nous ce qui s'est passé avec Ségolène, proclamée par les sondages "meilleure candidate pour battre Sarkozy".

Comme l'opinion est essentiellement formatée par les sondages, je ne serais pas non plus surpris qu'on commence à dire que Martine est la meilleure parmi les socialistes. Je pense quant à moi que les qualités d'un candidat se mesure à ses compétences, son expérience et sa volonté, pas à ce qu'en pense l'opinion, dont on ne sait jamais très bien ce qu'elle est, sinon la créature très contestable des médias. Je suis inquiet parce que l'hypothèse Strauss-Kahn, à force de sondages, va finir par être éclipsée, à la grande satisfaction de la droite.

Un autre sondage, paru ce matin dans Sud-Ouest, a de quoi nous laisser perplexe. Besancenot y fait son retour avec 7 % d'intentions de vote, enfonçant ainsi Mélenchon qu'on avait au contraire cru voir émerger avec son Front de Gauche, aux dernières élections. Idem pour les Verts, grosses vedettes des européennes et régionales, débauchant même des militants socialistes, et qui plafonnent à un pauvre 4 %, Duflot et son bagout nonobstant. La fille Le Pen se hisse jusqu'à 11 %. Il paraît que ce n'est pas un progrès, mais c'est déjà trop pour moi. Celui qui cartonne mystérieusement, c'est Villepin à ... 11 %, dépassant de deux points Bayrou.

Allez y comprendre quelque chose ! Les sondages sont insondables. C'est notre moderne superstition. Je n'ai qu'une seule croyance politique : le suffrage universel, le verdict des urnes. Avant, c'est du flan.


Bonne soirée.

09 juillet 2010

Feu contre feu.

Bonjour à toutes et à tous.


J'ai fait cette nuit un drôle de rêve. A cause de la chaleur peut-être ... J'ai rêvé de Woerth et Sarkozy ! Peut-être parce qu'ils font beaucoup parler d'eux ces temps-ci ... Mais de là à ce que je les retrouve dans mes nuits ... Bref, le ministre du Travail et le président de la République se réunissaient au soir du 24 juin (oui, mon rêve est assez précis, ce qui est inhabituel). Le 24 juin, ça ne vous rappelle rien ? Des manifs énormes dans toute la France pour défendre la retraite à 60 ans que le gouvernement veut supprimer.

Dans mon rêve, Sarkozy dit à peu près ceci, autant que je m'en souvienne, à Woerth : la mobilisation syndicale a été bonne, les Français n'accepteront jamais qu'on revienne sur ce qu'ils considèrent comme un acquis social, la gauche va se refaire là-dessus une santé politique et le gouvernement va morfler, il faut faire quelque chose. J'ai une idée : détourner l'attention, mettre le feu à la maison pour que l'opinion et les médias regardent ailleurs. Pour cela, il faut que quelqu'un se sacrifie : tu as une bonne tête d'honnête homme, de martyr, désolé Eric, ce sera toi, fais-le pour moi et pour nous tous.

Et Sarkozy, toujours dans mon rêve (qui tournait au cauchemar pour Woerth), détaillait son plan : lancer une polémique sur le ministre, sa double casquette de trésorier de l'UMP, en rajouter avec l'emploi de sa femme auprès de la première fortune de France, glisser des informations invérifiables sur le financement de la dernière campagne présidentielle, bref créer le scandale en agitant des thèmes croustillants qui plaisent à l'opinion et aux journalistes, et puis attendre que la mayonnaise monte en serrant les dents.

Le premier résultat, le plus flagrant et le plus efficace, c'est qu'on ne parlera plus du tout de la suppression de la retraite à 60 ans, qu'il ne sera plus question que de Woerh, Bettencourt et l'argent de l'UMP. Il faut savoir mettre le feu pour stopper le feu, c'est une vieille technique paradoxale de pompier. Quand l'incendie sera à son comble, il suffira de sacrifier un bouc émissaire, en l'occurrence le ministre du Travail, pour laisser croire que l'opinion, les médias et l'opposition ont gagné.

Mais l'objectif aura été atteint : la fin des 60 ans. C'est le prix à payer pour y arriver, selon une vieille technique paradoxale de politique : donner au vaincu l'impression et la satisfaction qu'il est le vainqueur. Souvenez-vous de la formule du Guépard, le roman de Tomasi, que je cite de mémoire : Pour que tout reste, il faut que tout change. Mon drôle de rêve, c'était ça. Mais ce n'était qu'un rêve ...


Bonne journée.

08 juillet 2010

Un choix de civilisation.

Bonsoir à toutes et à tous.


L'affaire Woerth-Bettencourt a occulté un échec majeur du gouvernement : sa réforme des collectivités territoriales a été vidée par le Sénat de sa substance, le mode d'élection des conseillers territoriaux et le partage des responsabilités entre les différents échelons ont été rejetés. Le texte de loi va maintenant passer devant les députés, mais dans un tel état de décomposition qu'on ne voit plus très bien ce qu'on pourrait en tirer de cohérent et de stable.

Je regrette qu'on ne parle pas plus de ce projet : sous ses aspects de technique gestionnaire et institutionnelle, derrière les enjeux de pouvoir locaux et les intérêts d'élus, il y a un sujet de politique, et même de philosophie politique, brassant les idées qu'on se fait de la représentation, de l'élection, de la souveraineté, de la fiscalité, etc. C'est vraiment dommage que tout cela soit oublié par l'actualité polémique.

J'ai développé dans plusieurs billets mon avis critique, très critique sur ce texte. Je voudrais ce soir compléter ma réflexion en m'inspirant d'une remarquable tribune du Monde daté du 1 er juillet, intitulée "Le big bang des collectivités territoriales : une politique très violente d'aménagement du territoire", signée Michel Peraldi, ancien sous-préfet, dont je ne sais pas s'il est de gauche, qui trouve "habile et équilibré" le rapport Balladur sur le sujet et qui se montre très critique envers les propositions de Nicolas Sarkozy.

D'abord l'analyse explique à quel point la réforme territoriale remet radicalement en cause la décentralisation voulue par la gauche il y a plus d'un quart de siècle. Les gagnantes, ce sont les grosses métropoles, au détriment du monde rural. Depuis un siècle et demi d'économie capitaliste, la tendance est à la désertification des campagnes et au renforcement des grandes villes. Le mouvement continue.

Or, la France des petites villes, bourgs et villages existe, elle représente 80 % du territoire (mais 20 % de la population). Est-elle condamnée à disparaître ? Il serait étrange qu'un espace si vaste puisse être oublié, d'autant que sa qualité de vie, ses ressources naturelles, ses capacités de développement durable en font aussi un choix de civilisation, autant que la concentration urbaine (qui par bien des côtés est une anti-civilisation).

Je le dis très librement, étant fondamentalement un urbain : j'aime vivre et habiter à sept minutes de mon travail, à deux minutes d'un point de vente de la presse, à trois minutes du siège du principal journal local, à huit minutes de l'Hôtel de Ville. Mais je suis bien obligé de reconnaître que les territoires ruraux et leurs petits regroupements humains exercent un attrait, une possibilité de vie en expansion, pas négligeable.

Et puis, la politique ne consiste pas à subir mais à choisir : la folle densification des zones urbaines génère de considérables et insolubles problèmes, l'aménagement du territoire invite à une meilleure répartition de l'occupation des sols. Ce n'est pas une affaire de cadastre ou de loisir rurbain, mais un projet de société, un modèle de civilisation à penser et à construire.

Ce qui est paradoxal dans ce débat, c'est que les forces politiques traditionnelles y sont à contre-emploi : la droite, qui a longtemps défendu le monde paysan contre la grande ville jugée trop moderniste, s'en prend aujourd'hui à l'économie rurale et à ses structures politico-sociales (avec en ligne de mire l'existence même du département). La gauche, qui s'est longtemps méfiée de la campagne réactionnaire pour mieux soutenir l'urbanité progressiste, se fait désormais le défenseur naturel des zones rurales et des Conseils Généraux. L'Histoire politique nous a habitués à ce genre de retournement ironique.


Bonne soirée.

07 juillet 2010

L'affaire et ses réactions.

Bonsoir à toutes et à tous.


Hier soir sur TF1, Eric Woerth a contre-attaqué avec deux arguments qui trahissent une faiblesse :

1- Se poser en victime, faire état de sa souffrance personnelle, plaider de sa bonne foi : ce registre sentimental ou psychologique vise manifestement à toucher l'opinion. Mais je doute qu'il parvienne à la retourner. Placer le problème sur le plan des affects, c'est mal jouer. Que Woerth soit un brave type ou un honnête homme, je suis prêt à en convenir. Mais nous discutons politique, pas état d'âme ou vertu personnelle. En la matière, la sincérité ne pèse pas grand-chose : un salaud peut être d'une grande franchise, ça n'en reste pas moins un salaud. Woerth n'est heureusement pas de cette catégorie, mais sa situation de trésorier de l'UMP et de ministre, aggravée par sa proximité avec l'une des premières fortunes de France accusée d'avoir financé illégalement la campagne présidentielle, posent inévitablement un problème politique.

2- Désigner un complot médiatico-politique rassemblant le PS et certains organes de presse, c'est également une riposte maladroite qui révèle plutôt une faiblesse : l'air de la machination est bien connu, c'est celui qu'on interprète quand les arguments font défaut. Et puis l'accusation est fausse : mediapart n'est pas un site proche du PS, son fondateur Edwy Plenel n'a jamais été très tendre avec Mitterrand et les socialistes. La vérité n'est pas du côté d'une conspiration mais de révélations qui font boule de neige et produisent un emballement médiatique. Le PS n'est pas à l'origine ni à l'initiative de tout ça.

Quand François Baroin, devant l'Assemblée Nationale, accuse les socialistes de faire "le jeu de l'extrême droite", nous retrouvons une rhétorique bien connue et fort usée qui discrédite ses utilisateurs. Le PS, dans cette affaire, ne fait que son devoir et son travail d'opposant : il s'interroge, pose des questions, demande des explications, rappelle certains principes et réclame certaines décisions. Voudrait-on qu'il se taise, qu'il approuve ce qui est en train de se passer sans broncher ? Non, nous ne serions plus en République si la gauche se conduisait ainsi. Notre ligne de critique doit être intransigeante mais respectueuse des personnes et du droit, en l'occurrence de la présomption d'innocence.

Quand Xavier Bertrand dénonce les "méthodes fascistes" de Mediapart, il ne rend pas service à son propre camp, qu'il est pourtant sensé diriger. Comment un tel excès de langage peut-il passer pour sérieux ? Celui qui s'en rend coupable se décrédibilise aux yeux de l'opinion, qui sait parfaitement que les "méthodes fascistes", ce n'est pas exactement ça. Médiapart fait son travail de journalisme indépendant et iconoclaste. Ça ne signifie pas que ce site d'informations ait nécessairement raison ni qu'on doive s'abstenir de le contester. Mais lui reprocher des "méthodes fascistes" non, ce n'est pas tenable.


Bonne soirée.

06 juillet 2010

Les occasions manquées.

Bonsoir à toutes et à tous.


Il y a des nouvelles qui ne sont pas des événements et qui pourtant vous remuent. Je vais régulièrement sur le blog de mon camarade Thierry, "Saines Colères", que je trouve très bon. Le dernier billet datait du 15 juin, mais je ne m'inquiétais pas plus que ça, sachant Thierry très pris. Et puis badaboum ! Dans un billet posté dimanche, intitulé "Coup de barre", il annonce qu'il démissionne de toutes ses responsabilités politiques, locale et fédérale, à cause de "difficultés personnelles".

Les bras m'en sont tombés. Je l'avais rencontré il n'y a pas si longtemps, tout semblait bien aller. Nous avions même un projet de formation en commun, pour lequel je comptais beaucoup sur ses talents. Ce "coup de barre", c'est moi aussi qui le reçoit sur la tête ! Si ses problèmes sont d'ordre privé, je n'ai rien à en dire, c'est intime. Mais les conséquences sont aussi politiques. Thierry était à mes yeux l'un des éléments les plus prometteurs au niveau fédéral. Son départ est infiniment regrettable.

Pourtant, lors de notre première rencontre (c'était à un meeting en Thiérache en faveur de Ségolène Royal), je n'ai pas vraiment accroché. Il portait si je me souviens bien un tee-shirt en faveur de Ségo, faisait très fan, ça ne me plaisait pas beaucoup. Et puis, en apprenant à le connaître, j'ai compris qu'il valait beaucoup mieux que cette image : c'est un esprit libre, volontiers critique, très militant, ouvert, attentif, intelligent, bossant pour le Parti (c'est grâce à lui que le blog de la Fédé a retrouvé des couleurs et du contenu). Lisez "Saines Colères", vous comprendrez.

Cette mauvaise nouvelle me laisse songeur : ces dernières années, j'ai l'impression d'avoir vu se succéder les occasions manquées. D'abord il y a eu l'exclusion du PS de René Dosière, autour duquel aurait pu se structurer un véritable courant social-démocrate dans l'Aisne. Sa notoriété nationale ne profite plus directement à notre Parti, quelle misère ! Je souhaite vraiment qu'un jour ou l'autre il soit réintégré.

Ensuite, il y a eu l'occasion manquée de Claire Le Flécher, qui aurait pu et dû devenir la "patronne" de la Fédération, qui l'aurait incontestablement rénové et dynamisé. Chez elle comme chez Thierry, nulle trace de l'esprit de sectarisme. Tout a finalement capoté, pour des raisons obscures et peut-être honteuses.

Mais je ne désespère pas, car la relève est là, les talents existent, pourvu qu'on ose leur donner des responsabilités. Je pense notamment à Arnaud Battefort et Coralie Deshaies, qui ne sont pas touchés par la détestable "culture d'appareil", qui sont l'un et l'autre des valeurs d'avenir. Remarquez bien que dans mes attentes et souhaits n'intervient aucune préférence de courant. Les courants ne sont plus aujourd'hui que des courants d'air, des flatulences de pétomane, je m'en fous totalement. Ne m'intéressent que les volontés, les activités et les compétences. Thierry n'en manquait pas. Dommage qu'il parte.


Bonne soirée.

05 juillet 2010

L'oeil du cyclone.

Bonsoir à toutes et à tous.


Chaque été, il y a l'affaire de l'été. En cette période de vide médiatique, de pénurie d'actualités, quelque chose retient l'attention, fait du bruit. En ce début de vacances, c'est incontestablement la tempête qui secoue le gouvernement, avec l'affaire Woerth qui est dans l'oeil du cyclone. Les deux démissions d'hier vont-elles étouffer l'incendie ? Pas certain. Un contre-feu n'est pas une extinction. Au contraire, il rend encore plus visible et manifeste le problème central, le maintien d'Eric Woerth au sein du gouvernement.

Dans ce genre de situation, que tout gouvernement, de droite comme de gauche, a connu, la porte de sortie est difficile. En règle générale, une affaire en appelle une autre, et la polémique se transforme en feuilleton à multiples épisodes et rebondissements, qui n'en finit pas et se transforme, pour les intéressés, en supplice chinois. Nous allons un peu vers ça, avec une révélation nouvelle presque chaque jour, et l'opposition qui joue pleinement son rôle de dénonciation.

Pour mettre un terme à l'affaire, la solution est simple : démettre Eric Woerth de ses fonctions. La polémique cessera avec ses principaux protagonistes, le combat s'arrêtant faute de combattants. Rien n'est plus facile pour Nicolas Sarkozy que de trouver quelqu'un d'autre, tout aussi compétent, pour occuper le poste de ministre du Travail. Après tout, nul n'est indispensable en politique. Mais voilà : il y a les fidélités. Et se séparer de quelqu'un qu'on soutient et qu'on croit être dans son bon droit, ce n'est pas évident. Nul homme, même politique, ne prend plaisir à se déjuger.

Il y a bien une autre solution : attendre le gong des vacances d'été, se dire que sur la plage ou à la montagne les Français penseront à autre chose qu'aux démêlés d'Eric Woerth, qu'à la rentrée tout aura été largement oublié, qu'on passera à une nouvelle polémique qui éclipsera la précédente. Peut-être, pourquoi pas, mais je n'y crois pas. Woerth est chargé de piloter la réforme des retraites, l'affaire (les affaires) qui lui colle(ent) aux basques lui seront rappelées. Si j'étais Sarkozy, je le laisserais tomber.


Bonne soirée.

04 juillet 2010

Affolant.

Bonsoir à toutes et à tous.


Deux secrétaires d'Etat démissionnent ce dimanche du gouvernement ! Est-ce le signe d'une reprise en main ou au contraire la poursuite de la crise ? C'est l'avenir qui le dira. Manifestement, les mesures d'économies n'ont pas suffi à enrayer l'affaire Bettencourt-Woerth. Quant au remaniement salvateur d'octobre, c'est encore loin, l'actualité passe si vite que beaucoup auront oublié. Avec l'opinion contemporaine et son besoin d'urgence, d'immédiateté, c'est dans l'instant qu'il faut réagir.

Dans le cas d'Alain Joyandet, embêté par une histoire de permis de construire et de location d'avion privé, le plus étonnant est d'avoir annoncé sa démission sur son blog. C'est sans doute une première ! Et très révélatrice de l'importance de l'internet. Le bon vieux communiqué de presse, c'est dépassé. Le ton de la confidence passe mieux que le style de la déclaration solennelle.

Dans le cas de Christian Blanc, retenons le motif, quelque peu rocambolesque : des cigares achetés sur les deniers publics, et le secrétaire d'Etat qui se défend en accusant son directeur de cabinet de les avoir volés ! Résultat des courses : dans un sondage à paraître demain dans Libé, 64 % des Français jugent les hommes politiques "plutôt corrompus". Affolant !


Bonne soirée.

03 juillet 2010

Le chemin qu'il faut suivre.

Bonsoir à toutes et à tous.


Michel Rocard et Simone Veil co-signent dans Le Monde de ce week-end une tribune qui me semble importante et judicieuse. Revenant sur l'affaire Woerth-Bettencourt, ils demandent à ce qu'on ne jette pas de l'huile sur le feu : que la libre expression politique s'exerce, mais que la présomption d'innocence soit respectée.

Pourquoi cet appel à la prudence qui ressemble aussi à une mise en garde ? C'est très simple : qu'est-ce que les Français risquent de retenir de cette affaire ? Que le système politique tout entier est corrompu (ce qui est faux). Et qu'est-ce qui va tirer les marrons du feu ? L'extrême droite, d'autant que la fille Le Pen, qui s'apprête à succéder à papa, va relooker la famille (qui restera tout aussi dangereuse, sinon plus).

Que la gauche fasse son travail d'opposition, c'est normal, c'est son rôle et son devoir. Alain Juppé lui-même a déploré la confusion des genres entre ministre et trésorier de l'UMP. Mais il ne faut pas en rajouter inutilement, car les conséquences ne seront pas nécessairement celles que l'on croit ou espère.

Le Parti socialiste doit se concentrer sur son projet. C'est lui, et lui seul, qui fera que les électeurs retrouveront confiance. Ce samedi, nous avons fait un énorme pas, lors de la Convention Nationale entérinant plusieurs réformes internes fondamentales, dont le non cumul des mandats et le système des primaires. Voilà le chemin qu'il faut suivre.


Bonne soirée.

02 juillet 2010

Porte et Guillon.

Bonsoir à toutes et à tous.


Hier, 2 000 personnes ont manifesté devant la Maison de la Radio, en soutien à Didier Porte et Stéphane Guillon, humoristes récemment licenciés. La même mobilisation s'est produite dans d'autres grandes villes. A Paris, les "victimes", héros du jour, se sont présentés à la foule et ont fait une intervention, à la façon de leaders syndicaux ou politiques. Ce n'est pas banal, l'événement mérite qu'on en parle.

D'abord, écartons le point de vue strictement personnel : on peut aimer ou ne pas aimer l'humour de Porte et Guillon (les façons de rire sont multiples et variées), l'important n'est pas là mais dans cette question : pourquoi un tel mouvement, tout à fait inhabituel, en leur faveur ? Car la dimension politique de cette affaire est évidente. Mais est-elle nécessairement ce qu'on croit ? C'est là où la réflexion devient intéressante.

Le premier réflexe est de crier à la censure. Mais qui se demande pourquoi Porte et Guillon ont été licenciés ? Il y a des règles, on ne met pas dehors deux salariés sans raison. Sarkozy est-il le responsable ? Si oui, je ne vois pas pourquoi il s'en serait pris à deux comiques qui, à ce titre, ne sont guère dangereux. Il y a, contre le président, des journalistes et des émissions autrement plus critiques et embarrassants.

Les auteurs, on les connaît, les manifestants ont hué leurs noms : Jean-Luc Hees et Philippe Val, "patrons" des humoristes. Ont-ils agi par pur arbitraire ? Évidemment non, et comment d'ailleurs le pourraient-ils ? Ils ont leurs arguments, et autant vous dire que je les comprends et les partage, refusant de participer au conformisme ambiant, de hurler avec les loups même quand ils sont déguisés en brebis. Et je me moque de décevoir ou déplaire, je ne fais pas de la politique pour caresser ou séduire.

Le fond de l'affaire, dont très peu parlent, c'est que les chroniques des humoristes dépassaient les limites de ce qu'on peut attendre d'un service public de qualité : ironiser sur le physique des personnalités, se vautrer dans une vulgarité pseudo-chic, se complaire dans le poujadisme de gauche, non France-Inter n'avait pas besoin de ça. Prenez le fameux papier de Guillon sur DSK, qui a immortalisé son piètre génie : une histoire de cul tout juste bonne à faire pouffer les jeunes boutonneux et les vieux impuissants, mais indigne de figurer dans le journal du matin, à une heure de très forte audience.

Le tort de France-Inter, c'était de mêler, dans une même émission, informations et billets d'humeur. Porte et Guillon auraient sévi ailleurs, dans un autre créneau, pourquoi pas, la médiocrité rigolarde a largement sa place dans notre société, télévisions et radios. Mais le mélange des genres est regrettable. Je suis surpris de constater à quel point les humoristes aujourd'hui se prennent et sont pris au sérieux, au même moment où les gens sérieux sont très mal vus et décriés (les politiques par exemple). Coluche m'a fait rire jusqu'à ce qu'il entre en politique et cherche à se présenter à la présidentielle, jouant lui aussi sur la démagogie, le poujadisme, l'antiparlementarisme.

Le licenciement de Porte et Guillon met en émoi une certaine gauche anarchisante, une petite bourgeoisie libertaire généralement anti-socialiste, qu'il faut laisser à ses pauvres excitations. Elle déteste par dessus tout Philippe Val (c'était déjà elle qui gueulait dans l'affaire Siné), parce que c'est un social-démocrate, un homme intelligent et responsable, bref tout ce qui l'horripile. Nous la retrouverons sur notre route, c'est la face obscure et un peu idiote du camp progressiste.


Bonne soirée.

01 juillet 2010

Ségo oui, Mosco non.

Bonsoir à toutes et à tous.


Je me sens politiquement plus proche de Moscovici, strauss-kahnien rebelle et social-démocrate irréprochable, que de Ségolène Royal. Mais pas sur les primaires. Ségo a raison de rappeler qu'elle ne serait pas candidate contre DSK ou Aubry. Voilà comment je comprends l'unité. Faire de la politique, ce n'est pas se porter systématiquement candidat, même quand on est bon (d'autant que les mauvais, eux, n'hésitent pas une seconde à se présenter). Et Mosco a tort de parler de "ratification soviétique" : parvenir à s'entendre entre socialistes, ne pas multiplier inutilement les candidatures, ça ne peut pas être une mauvaise nouvelle, et ça n'a rien à voir avec l'URSS.

Les primaires ne doivent pas être un concours de beauté : si chaque socialiste qui a quelque chose à dire veut se présenter, ce sont des dizaines de candidats que nous aurons, et un sacré bin's. Un rapport de force entre camarades laisse toujours des traces, qui prennent ensuite beaucoup de temps à cicatriser. Si on peut l'éviter, faisons-le.

A quoi servent alors les primaires, me direz-vous, et pourquoi les organiser ? Pour une raison rarement évoquée et pourtant évidente : donner une assise populaire à notre candidat, en faire l'émanation de plusieurs millions de sympathisants et non plus de quelques dizaines de milliers de militants souvent en service commandé. Bref, les primaires consacrent la victoire de la démocratie sur la culture d'appareil. C'est leur seule et énorme vertu, pas de permettre la multiplication de candidatures individuelles dont les Français n'ont strictement rien à faire, rien ne ressemblant plus à leurs yeux à un socialiste qu'un autre socialiste. Donc bravo Ségo, et tant pis pour Mosco.


Bonne soirée.