L'Aisne avec DSK

31 août 2010

Le 04, on se mobilise !



Bonsoir à toutes et à tous.


Le samedi 04 septembre sera l'occasion dans toute la France de manifester contre la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy. La Ligue des Droits de l'Homme est à l'origine d'un appel (voir vignette) que je vous invite à signer sur le site internet.

Mais y aura-t-il des manifestations publiques dans l'Aisne comme il y en aura ailleurs ? Dans L'Union du 24 août, le président d'honneur de la LDH de l'Aisne, Olivier Lazo (que je connais depuis une quinzaine d'année) explique ses critiques envers les mesures gouvernementales mais ne dit rien d'une quelconque manif dans le département. Inquiétude de ma part : serait-il concevable que rien ne se passe dans l'Aisne ni à Saint-Quentin ? Pour moi non.

Je contacte ce dimanche Olivier, qui confirme ce que je craignais : rien n'est prévu, il faut aller à Amiens si on veut manifester. Merde ! Je lui propose au moins quelque chose à Saint-Quentin : une présence devant la Maison de la Presse, à partir de 10h30, moi en tant que président de la Ligue de l'enseignement, puisque celle-ci fait partie des organisations signataires.

Et puis, miracle : je reçois hier un courriel de Gérard Martin, de SUD, qui m'annonce une manif samedi à 15h00 à Fargniers, devant le Musée de la Résistance et de la Déportation. La LDH est partie prenante, ainsi que le Collectif antifasciste qui avait déjà organisé un rassemblement très réussi il y a quelques mois. Ok, Gérard et ses copains gauchos ne sont pas sur la même ligne politique que moi, mais ils se bougent les fesses : sans eux, on aurait eu quoi ? Rien.

Voilà, tout est bien qui commence bien. Je résume : samedi prochain, à 10h30 à Saint-Quentin et à 15h00 à Fargniers. Faites passer le message. Si la gauche ne réagit pas, qui le fera ?


Bonne soirée.

30 août 2010

Le juste et les justiciers.

Bonsoir à toutes et à tous.


Je suis effaré par la façon dont bon nombre de nos concitoyens ne comprennent rien au fonctionnement de la justice, ignorent non seulement la loi mais les valeurs qui la justifient. C'est inquiétant dans une République où l'institution judiciaire devrait être connue et respectée. Les réactions à l'accord entre les avocats de Chirac et Delanoë à propos des emplois fictifs de la mairie de Paris en ont encore donné un fâcheux exemple.

A quoi sert la justice ? A régler les conflits entre les individus quand ceux-ci se sentent lésés, afin de pacifier la société. La justice n'est pas la morale ou la religion, elle n'a pas à dire le bien et le mal mais ce qui est légal ou pas, elle se charge de sanctionner les coupables et d'apporter réparation aux victimes. Les juges ne sont pas des justiciers, la justice n'est pas la vengeance. Zorro et Superman n'existent qu'au cinéma, Charles Bronson aussi.

La mairie de Paris a été victime d'un détournement d'argent public, à travers la création d'emplois fictifs par la municipalité précédente dirigée par Jacques Chirac. Celui-ci aura des comptes à rendre à la justice, comme il se doit. En attendant, la partie lésée a trouvé un arrangement possible afin de se voir dédommagée : l'UMP et Jacques Chirac rembourseront et la mairie de Paris ne se portera plus partie civile, puisque le tort aura été réparé.

C'est clair, juste, c'est un règlement à l'amiable comme il en existe beaucoup, c'est même la solution idéale quand les parties en conflit parviennent à s'entendre sur une issue. L'affaire ne devrait normalement susciter aucun commentaire, nulle polémique, et rester ce qu'elle est : une procédure tout à fait régulière, qui relève de la pratique judiciaire et pas du débat politique.

Sauf que le débat politique, depuis quelques années, est aussi détourné par des Zorro qui sont plutôt des zozos, présentement Eva Joly et Arnaud Montebourg. De la première, rien d'étonnant, c'est son fond de commerce. Arnaud, c'est plus embêtant, il est socialiste et ne devrait pas s'en prendre à un camarade au comportement irréprochable. Martine Aubry l'aurait-elle compris ainsi ? Après son discours de La Rochelle, les principaux leaders du PS sont venus la rejoindre à la tribune, dont Delanoë, sauf Arnaud, pourtant grand artisan des primaires. Je ne suis pas sûr que ce soit involontaire.


Bonne soirée.

29 août 2010

Classique et socialiste.



Bonjour à toutes et à tous.


Je viens à l'instant de terminer d'écouter le discours de clôture de Martine Aubry à La Rochelle. Je ne sais pas trop ce que les médias et commentateurs en retiendront, je vous livre mon sentiment immédiat. Je pourrais le résumer en deux mots : classique et socialiste.

Mais d'abord, il vaut revenir sur ce type d'exercice, dans lequel François Hollande excellait, en un mélange d'humour et de lyrisme qu'on ne retrouve pas chez Martine. Le discours-fleuve (une heure trente), exhaustif (toutes les rubriques de la politique sont passées en revue) et lu est un genre passé de mode. La télévision a imposé ses canons : une intervention doit être courte, précise et spontanée. C'est donc une redoutable épreuve, quasi impossible, que s'impose tout premier secrétaire en clôturant l'université d'été.

L'objectif est double et ces deux aspects sont difficilement compatibles : d'une part s'adresser aux socialistes présents sur le ton du meeting, d'autre part parler pour les caméras de télévision et les radios qui reprendront dans la journée et demain matin quelques secondes seulement du discours. C'est pourquoi il y a le décor de la tribune en direction des militants et le panneau bleu ciel parsemé d'autocollants PS juste derrière Martine, en fond "télé". C'est un discours qui vise à être repris, cité, commenté, à assurer le buzz, à occuper l'espace médiatique durant les prochaines heures. Pour ma part, ayant suivi la totalité de l'intervention, je ne retiendrais que l'impact qu'elle a pu avoir sur la salle et mes camarades.

C'était un discours très classique, sans effet oratoire, sans élévation de voix, sans formule choc, sans surprise, sans métaphore riche, sans ironie dévastatrice : un discours d'élu de terrain plus que de leader charismatique, qui essaie de justifier plus que de séduire. En ce sens, la salle, composée pour beaucoup d'élus, a pu s'y reconnaître et certainement apprécier. On aime que ce en quoi ou en qui on s'identifie. Et puis, le temps des tribuns est fini, l'éloquence n'est plus de mise, la rhétorique inquiète plus qu'elle n'emballe.

Il ne reste plus à gauche que trois discoureurs à l'ancienne, Fabius, Mélenchon et Cohn-Bendit (je mettrais aussi dans cette catégorie surannée Delanoë). C'est significatif qu'ils n'aient plus des rôles de premier rang. Je le déplore mais c'est ainsi : on ne réussit plus en politique en parlant bien et en soulevant l'enthousiasme d'une foule (les applaudissements, agitations de drapeaux et standing ovation sont souvent sur commande). C'est l'époque et la télévision qui veulent ça, qui ont tué le lyrisme politique d'autrefois. C'est aussi toute une société qui a changé : on ne cherche plus à admirer un responsable politique mais à s'identifier à lui, c'est ce qui fait son succès, c'est ce qui assure désormais les promotions.

Il y a trente ans, ce qui m'épatait chez Mitterrand, ce qui faisait que je l'admirais mais ne m'identifiais surtout pas à lui, c'était son personnage hors du commun, presque surgi de l'Histoire (avec son chapeau, il rappelait Léon Blum), ses airs distants, supérieurs (il ne tutoyait pas ses camarades, ce serait impensable aujourd'hui !), son langage très littéraire, ses références culturelles. Avec Ségolène Royal et Martine Aubry, qu'on prendrait volontiers pour de bonnes copines, nous avons basculé dans un autre monde, les mécanismes psychologiques de la représentation ont complètement changé.

On retrouve le même phénomène ailleurs à gauche : comparez les chefs communistes d'autrefois, Thorez et Duclos, avec Buffet et Laurent ; il n'y a pas photo, comme on dit. Idem à l'extrême gauche : Krivine était un beau ténébreux, maigre, crispé, au discours violent, le poing brandi avec conviction, la réincarnation de Trotsky, et qui avait fait de la tôle ! Regardez et écoutez aujourd'hui Besancenot : c'est Tintin chez les gauchos, reçu aux Grosses Têtes de Philippe Bouvard !

Revenons-en à Martine, puisque désormais nos chefs se font appeler par leur prénom : son discours a été classique dans la forme et classiquement socialiste dans le contenu. Rien n'y a manqué : critique de Sarkozy et rappel de nos principales propositions. Martine a veillé à ne pas trop paraître perso, à gommer tout ce qui pourrait faire penser à un ego, à jouer collectif, en citant tout au long de son intervention, régulièrement, les noms des principaux responsables socialistes, sans en oublier. Les élus ont été particulièrement mis en avant.

Ce discours est à l'image des deux ans de mandat de Martine Aubry à la tête du Parti socialiste : elle a réussi le tour de force d'unir une formation très divisée et de rénover un appareil largement vieilli dans ses pratiques. Ce n'est bien sûr qu'un début, mais je crois que c'est bien parti. Imposer les primaires, le non cumul des mandats, rassembler des sociaux-démocrates jusqu'à l'aile gauche, il fallait quand même le faire ! Comment a-t-elle réussi jusqu'à présent ? En étant classique et classiquement socialiste, en collant scrupuleusement à l'air du temps afin d'être suivie.


Bonne journée,
classique et socialiste !

28 août 2010

Quartier Latin et St Germain.

J'ai passé quelques jours de ces vacances qui se terminent à Paris. Comme souvent quand je suis dans la capitale, je vais faire un tour du côté du Quartier Latin et de Saint-Germain-des-Prés : c'est agréable, Gibert me permet de reconstituer mon stock de bouquins et je jette un coup d'oeil aux cours de philo de mon ancienne université, la Sorbonne. Mais cette année, ma visite dans ces lieux mythiques de Paris a été un peu particulière, puisque sous les auspices de Xavier Bertrand et Brice Hortefeux. Mais oui !

Je vous explique : l'un s'est attaqué aux "bien-pensants du Quartier Latin" et l'autre à "Saint-Germain", en visant ainsi ceux qui dénoncent la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy. A première vue, on se demande ce que ces deux quartiers parisiens ont à voir avec le débat politique autour des Roms. Il y a fort à parier que ceux qui contestent sur ce point le gouvernement n'habitent pas, dans leur écrasante majorité, n'ont même rien à voir avec le Quartier Latin et Saint-Germain.

Et puis, les "bien-pensants", c'est qui exactement ? On peut supposer que le chef de l'UMP fait de l'ironie, que pour lui ces fameux "bien-pensants" pensent en réalité très mal puisqu'ils ne s'accordent pas avec la pensée du chef de l'Etat. A son niveau, il est regrettable de faire de l'ironie et de jouer sur les mots. Mais cela ne suffit pas encore à expliquer ce désamour pour ces deux endroits de Paris que le monde entier nous envie et qui font la joie des touristes.

Alors quoi ? Le Quartier Latin et Saint-Germain sont les symboles de la classe intellectuelle, comme Neuilly et le XVIème arrondissement sont les symboles de la grande bourgeoisie. Ils réunissent des écoles, des universités, des lycées, des librairies parmi les plus prestigieux de France (d'où leur renommée mondiale). Certains cafés et brasseries ont accueilli les plus grands philosophes, écrivains et artistes de notre temps. Voilà, manifestement, ce qui soulève l'ire de Xavier Bertrand et de Brice Hortefeux. Mais pourquoi ?

On n'imagine pas un seul instant de Gaulle, Pompidou, Giscard, même Chirac s'en prendre au Quartier Latin et à Saint-Germain (sauf quand les étudiants essaient d'y faire la révolution, mais c'est une autre histoire). Il faut bien comprendre qu'avec Sarkozy et ces bébés Sarko que sont Bertrand et Hortefeux, nous avons une nouvelle droite au pouvoir, qui n'a aucune considération pour la culture en générale et la culture française en particulier. D'où cette insolence mal placée envers le Quartier Latin et Saint-Germain.

Mais il y a encore plus profond, sans doute plus grave : c'est le mépris envers la figure de l'intellectuel, c'est le rabaissement de la pensée. Pour Sarkozy et les siens, l'essentiel est d'agir, et la réflexion passe plus ou moins, à leurs yeux, pour une faiblesse, une indécision, un luxe inutile. Rester dans un bureau à étudier un dossier est mal vu : ils ont le culte du "terrain". Qu'un président de la République ironise sur un monument de la littérature nationale ("La princesse de Clèves"), qu'il plaisante sur les enseignants-chercheurs, non cela ne s'était jamais vu à ce niveau de l'Etat.

Faisons très attention : dans un monde qui ne jure que par le "concret", où la technologie devient notre unique objet de fierté, dont les "élites" sont constamment discréditées au bénéfice de la "base" et des "simples citoyens", avec dans la jeunesse l'idée qu'il ne faut pas trop se prendre la tête, l'image de l'intellectuel a tendance à perdre de son prestige, de son rang, de son influence.

Soyons honnêtes : ce mal n'est hélas pas le privilège de la droite. Il arrive parfois que la gauche aussi soit gagnée par cette démagogie anti-intello. Il y a trente ans, au PS, un "intellectuel" (au sens large du terme) suscitait l'admiration, on était fier de l'avoir à ses côtés, on l'écoutait, il était promis à une belle carrière. Je ne suis pas certain que ce soit aussi vrai aujourd'hui.

A mon modeste niveau, moi qui ne me définis pas comme "intellectuel", il m'est arrivé de me voir reprocher mon ton "professoral". Il y a de quoi être inquiet quand le mal se manifeste là où l'on ne l'attendait pas. Je ne voudrais pas que Xavier Bertrand et Brice Hortefeux, qui sont des malins, aient de beaux jours devant eux.


Bon après-midi "bien-pensant".

Des cantonales très politiques.

Bonjour à toutes et à tous.


Il n'est pas impossible que la lettre envoyée par le président du Conseil général de l'Aisne aux contribuables axonais, expliquant sa ligne budgétaire et fiscale, soit le tout début de la campagne des élections cantonales, qui auront lieu au printemps. D'autant que les socialistes choisiront leurs candidats le mois prochain. Habituellement, ce scrutin est très local. On pourrait presque dire que c'est une élection de notables. En 2 011, ce seront au contraire des cantonales très politiques, pour quatre raisons :

1- Nous serons à un an de la présidentielle. Ces cantonales seront donc une forme de prélude et très influencées par le scrutin suivant.

2- La droite va fortement attaquer les choix d'Yves Daudigny et de la majorité de gauche, tels que défendus dans son courrier.

3- La réforme des collectivités locales va conduire à la disparition du conseiller général en 2 014. Ce sera donc au coeur du débat.

4- Les cantons saint-quentinois du nord et du centre sont fragilisés par leurs candidats sortants, qui ne font pas l'unanimité au sein de la droite.

Une élection très politique, des cantons gagnables, que demander de mieux ? Ah si : l'unité des socialistes et la désignation de bons candidats.


Bonne matinée.

27 août 2010

L'unité tout simplement.

Bonsoir à toutes et à tous.


A l'université socialiste de La Rochelle, il y a deux moments importants qui font économiser tous les autres : le discours d'ouverture et le discours de fin, avec une priorité pour ce dernier. Entre les deux, on peut se balader sur le port, manger des moules et faire du shopping, profiter du soleil avant la rentrée. La politique, ce n'est pas que de la politique !

Cette ouverture s'est faite sous le signe de l'unité, Aubry et Royal bras dessus bras dessous. On pourrait en sourire, trouver ça banal et pourtant c'est fondamental, et je suis heureux que nos dirigeants aient ainsi manifesté leur désir d'unité. Car l'unité en politique est à la fois ce qu'il y a de plus évident et de plus difficile. Chacun a son point de vue et ses ambitions, rien de plus normal. En même temps, on n'a jamais vu un parti, à quelque niveau que ce soit, l'emporter en étant divisé. Ce qui ne signifie pas qu'unis on gagne nécessairement. Cette condition n'est pas suffisante mais nécessaire, indispensable même.

C'est d'ailleurs ainsi qu'on mesure la maturité politique : dans la capacité d'unité. C'est aussi de cette façon qu'on déplore son immaturité : la division incessante, endémique, presque jouissive, quasiment génétique. Que Martine et Ségolène aient d'abord pensé à surmonter les divisions est une excellente chose. C'est un bon exemple pour l'ensemble du Parti, car le mimétisme humain fait que les militants reproduisent les vices et les vertus de leurs dirigeants. Les petits chefs se disputeront moins si les grands chefs s'unissent.

La presse et les médias sont sceptiques et parlent d'unité de façade. C'est idiot ! En politique comme dans la vie, c'est souvent la façade qui compte parce qu'on ne voit qu'elle. Qui peut prétendre sonder les coeurs et les reins ? Contre les moralistes, il faut rappeler que la politique n'est pas un exercice de bonne foi, pure intention ou sincérité mais d'action, d'engagement, de démonstration. Je ne sais pas ce que pensent au fond d'elles-mêmes Martine et Ségolène. Peut-être se détestent-elles, mais ça n'a strictement aucune importance, car l'essentiel n'est pas ce qu'elles sont mais ce qu'elles font. Et puis, il n'y a pas opposition absolue entre la façade et le reste, entre l'extérieur et l'intérieur, entre l'apparence et la réalité : une façade bourgeoise cache généralement des appartements bourgeois.

Dans cette cérémonie d'ouverture, il y a eu tout de même une fausse note, qu'évidemment je regrette (mais rien n'est parfait, surtout en politique) : ce sont les exclamations des fans, des supporters de Martine et Ségo, les uns et les autres criant et applaudissant pour leur championne respective. Je n'ai jamais aimé les suiveurs, les porteurs d'eau, les militants hystériques, les soutiens silencieux, les bénis-oui-oui. La plaie des partis, c'est cette engeance qui attise les divisions parce qu'elle ne jure que par son dieu ou son idole. Les dirigeants, eux, ne sont pas si bêtes : ils savent que pour gagner ils doivent s'unir, rassembler. Un responsable politique n'a pas pire ennemi que ceux qui le soutiennent.


Bonne soirée,
bonne unité.

Les absents ont raison.

Bonjour à toutes et à tous.


Pendant dix ans, je suis allé à l'université d'été du PS à La Rochelle. C'était mon incontournable rendez-vous de fin de vacances. Je me serais fait tuer plutôt que de le rater. J'y retrouvais les strauss-kahniens, le centre-ville livré à des hordes de socialistes donnait une ambiance étrange et sympa, j'en revenais avec une belle photo que publiait la presse locale et qui bien sûr énervait quelques camarades. Mais tout amusement a une fin. Depuis trois ou quatre ans, je reste chez moi. Je laisse La Rochelle à la bleusaille avide de causer avec Jack Lang ou faire la bise à Guigou (j'ai connu ça, je compatis) et aux bobos soucieux de montrer leur récent bronzage.

En vérité, il ne se passe strictement rien à La Rochelle. On y va pour se faire voir et en rencontrer d'autres, se donner de l'importance surtout quand on en a pas. Aucune décision ne s'y prend, aucun événement n'a jamais marqué l'université d'été. En même temps, c'est une opération médiatique indispensable. Faites l'expérience : n'y allez pas, vous en saurez autant et vous aurez économisé votre argent ! Mais si vous voulez entreprendre un exercice de sociologie et de psychologie politiques, alors oui, vous aurez le plus beau terrain d'investigation qui soit.

La politique a ceci de très particulier que ses lois sont inverses à celles du monde normal : les meilleurs sont les perdants (voir billet du 24 août), les meurtres ne tuent jamais personne, les personnalités les plus ternes deviennent charismatiques, etc. Je veux retenir pour aujourd'hui cette loi qui contredit l'adage populaire : en politique, les absents ont toujours raison. Les hommes politiques qui ne sont plus en exercice sont les plus populaires (regardez Chirac). Dans une réunion politique ordinaire, si vous êtes présent on ne parle pas de vous puisque vous êtes présent. Mais absent, les langues se délient (en bien ou en mal) et vous devenez la vedette invisible.

Vous voyez où je veux en venir : l'ombre de DSK va planer sur l'université d'été, comme l'écrit ce matin toute la presse. Strauss fait rêver de ce dont rêve tout politique : la victoire, le pouvoir ! Il sera donc présent dans toutes les têtes et toutes les conversations. Ceux qui ne savent rien parleront plus longtemps et plus forts que les autres et reviendront de La Rochelle en croyant tout savoir. Ceux qui savent ne diront rien et certains ne seront pas là, ayant mieux à faire. Les absents ont raison, mais de quoi ? D'être absents c'est tout, et de laisser les autres parler pour eux.

Vous me direz peut-être que je suis dur envers la politique. Qui aime bien châtie bien. Mais j'ai tout de même quelques preuves. Vous savez qu'en ce moment et dans les mois qui viennent, les strauss-kahniens vont se multiplier comme Jésus le faisait avec les pains. Ainsi, un "club DSK", fondé par un ancien du MoDem (!), va se réunir demain à La Rochelle, très exactement à 10h30, au Café de l'Aquarium, Quai Louis Prunier, face au Bassin des Grands Yachts (ça ne s'invente pas, la précision est sur le site www.clubdsk.fr ).

N'oubliez pas votre porte-monnaie (c'est un brunch, 8 euros, café, croissant et jus d'orange). Il faut s'inscrire préalablement par mail. Mais le plus drôle est dans la phrase que je reproduis fidèlement : "Pour des raisons de confidentialité, le lieu de la réunion sera modifié et envoyé aux participants par texto 1 heure avant le brunch". Quand je vous dis que la politique peut rendre con !!!


Bonne journée.


PS : ce billet d'humeur est évidemment excessif et injuste, c'est la loi du genre. Je salue Emmanuel Maurel et tous les camarades qui assurent la bonne tenue de notre traditionnelle université d'été, mais ils n'ont pas besoin de moi pour être félicités.

26 août 2010

Daudigny avec DSK.

C'est un pur hasard qui me conduit à vous parler deux fois aujourd'hui d'Yves Daudigny. En lisant un appel à DSK signé par quinze sénateurs et un député, je découvre son nom. A part Moscovici, ces élus ne sont pas des strauss-kahniens historiques. Yves a fait partie du NPS animé en son temps par Peillon, Montebourg et Hamon, puis il a rejoint les rangs des ségolénistes.

Le texte disponible sur le site internet du Monde, et que vous pouvez lire ci-dessous, est prudemment rédigé mais l'intention est claire : "réformisme radical", "social-démocratie rénovée", c'est du Strauss-Kahn tout craché. A Yves j'ai envie de dire : bienvenue au club ! Même si cette initiative n'a pas été lancée par Strauss ni ses lieutenants attitrés (Cambadélis, Borgel, Urvoas, Le Guen entre autres). Quand ceux-là s'y mettront, c'est que la grande bagarre aura commencé. Mais pour l'instant, chut, discrétion : observer, se préparer, laisser Strauss décider d'y aller ou pas le moment venu. La patience, il n'y a que ça de vrai en politique. En attendant, bonne lecture !





Vérité et réformisme : pour que l'engagement des socialistes soit celui de l'espoir en 2012

Après seulement trois années de pouvoir de Nicolas Sarkozy, nos concitoyens vivent un malaise profond aggravé par la perte de confiance envers la direction politique de la France. Et ce malaise devient une crise de l'espoir.


C'est sur sa capacité à faire face aux défis économiques et aux transformations sociales qu'est jugé tout gouvernement. En la matière, les Français savent bien les difficultés à venir, ils connaissent l'état des finances du pays. Ils sont conscients que des mesures urgentes et radicales sont nécessaires, tant pour des raisons conjoncturelles – la crise économique – que pour des raisons structurelles liées à l'affaissement de l'Etat-providence. Ils constatent que celui-ci ne parvient plus à corriger a posteriori les inégalités générées par le marché tandis que de nouveaux besoins sont apparus avec l'évolution de nos modes de vie.

Mais en retour, ils ne reçoivent aucun signe politique d'un gouvernement empêtré dans ses contradictions qui s'entête, par idéologie, par facilité et par méconnaissance des atouts de la France, à favoriser les situations de la rente plutôt qu'à s'efforcer de donner une réponse à l'inégale répartition des chances et des opportunités. Il y a là une véritable crise de l'égalité, à laquelle il tente vainement de faire diversion par ses outrances sécuritaires. Il nous faudra y répondre afin de redonner un avenir à notre destin collectif, en intégrant, notamment, l'impact des politiques publiques sur les territoires.

Pour mériter leur confiance, notre responsabilité sera de leur dire la vérité, sur les marges de manœuvres de l'Etat, sur les objectifs et pour quels publics nous consacrerons en priorité ces moyens. La politique de rigueur actuelle, qui va toucher d'abord les classes populaires et les classes moyennes, est l'angle mort de la gestion libérale des gouvernements conservateurs dans toute l'Europe qui ne proposent à leurs concitoyens que l'épreuve et aucune nouvelle perspective, aucun progrès.

Au contraire, les socialistes savent gérer et conduire les affaires de la France avec le double souci de l'efficacité et de l'égalité, comme a pu le faire, par exemple, dans le gouvernement de Lionel Jospin, Dominique Strauss-Kahn qui a réduit l'endettement par rapport à la richesse nationale.

Les Français le vivent au quotidien : dans les collectivités territoriales qu'ils dirigent, les élus socialistes investissent dans l'avenir, en créant des services publics performants, en soutenant l'activité économique, l'industrie et l'emploi. Ce sont leurs actions qui ont permis d'amortir les effets de la crise pour les plus fragiles d'entre-eux alors que, dans le même temps, le gouvernement de François Fillon tire des traites sur l'avenir de nos enfants en creusant le déficit et en désarmant l'Etat, laissant chacun, seul face à son destin, subir les conséquences des transformations économiques et sociales.


En matière de déficit, ce qui est très important pour gagner la confiance, c'est de montrer qu'on a un plan et qu'à l'arrivée les choses seront rétablies. Les réduire à marche forcée, ce serait casser la croissance et casser les ressorts de la création d'emploi. Notre priorité sera ainsi de répondre au défi de la croissance économique, pour faire baisser le chômage et redistribuer la richesse produite, afin d'engager la lutte contre les nouvelles inégalités.

Depuis un an, la famille socialiste a retrouvé le chemin des suffrages des Français en même temps qu'elle a consolidé le corpus de ses idées. Avec le nouveau modèle de développement, rédigé par Pierre Moscovici et porté par Martine Aubry, nous avons le cadre de notre projet, celui d'un réformisme radical. Dès lors, comme l'a dit Jacques Delors, "après le temps des pompiers, vient celui des architectes", dont l'action doit conduire à proposer une politique de l'émancipation avec de nouvelles conquêtes améliorant les conditions de vie de nos concitoyens.

Pour cela, nous pensons que la condition de la crédibilité de notre projet est qu'il soit inscrit dans la ligne, que devra assumer notre candidat, d'une social-démocratie rénovée qui fera "plus de place à la prévention des inégalités et à la concentration des services publics sur ceux qui en ont le plus besoin", telle que l'a définie Dominique Strauss-Kahn.


Vérité et réformisme : voilà les deux principes que nous devons respecter pour que la perspective de 2012 soit un nouvel espoir pour les Français.

François Patriat, sénateur de Côte-d'Or, Michelle André, Serge Andréoni, Jean Besson, Yves Daudigny, Christiane Demontes, Serge Lagauche, Raymonde Le Texier, Claudine Lepage, Jean-Jacques Lozach, Gérard Miquel, Patricia Schillinger, Daniel Raoul, Simon Sutour, Richard Yung, sénateurs et Pierre Moscovici, député du Doubs.

Une lettre d'Yves Daudigny.




J'ai reçu au courrier d'hier une "lettre personnelle d'Yves Daudigny, Président du Conseil général de l'Aisne" (voir vignettes). Vous aussi je présume. Mon camarade défend ses choix budgétaires, simples à résumer :

1- Les dépenses en vue de la solidarité sociale sont de plus en plus lourdes, les recettes se réduisent à cause de la crise économique, l'aide de l'Etat est insuffisante.

2- En conséquence, la taxe foncière sera augmentée mais cette hausse sera compensée par la baisse de la taxe d'habitation. C'est le monde économique qui va donc aider à renflouer les caisses. Les classes populaires ne seront pas touchées, les classes moyennes feront un effort qui sera limité et compensé.

3- Le Conseil général de l'Aisne pourra ainsi poursuivre sa politique en matière culturelle, sportive, associative, scolaire, sociale, économique, qui profite essentiellement aux classes populaires.

Ces choix d'Yves et de mes camarades sont difficiles, habiles, justes et efficaces. L'essentiel pour moi est que les catégories populaires soient protégées et que le monde économique, privilégié par la suppression de la taxe professionnelle, mette la main à la poche. Cette politique porte un nom : le socialisme.



Bon après-midi.

DSK au paradis.

Bonjour à toutes et à tous.


Avez-vous lu le Nouvel Obs d'aujourd'hui ? DSK écrase Sarkozy à 59% contre 41% ! Du jamais vu. Même Ségolène, en 2 006, avec des sondages flatteurs, ne faisait pas aussi bien. Quelle drôle de chose que la politique : quand on pense qu'il y a quatre ans, Strauss ne remportait que 20% des suffrages parmi les militants socialistes ... A ce train-là, y a-t-il encore besoin des primaires ? Mais oui, plus que jamais, car je ne suis pas certain qu'un vote d'appareil adouberait DSK. En s'ouvrant à nos sympathisants, c'est dans la poche.

Tout est-il plié ? Pas du tout ! L'opinion est ce qu'elle est, changeante, versatile, influençable. On y verra sérieusement clair que six mois avant le scrutin, pas avant, pas maintenant. C'est pourquoi le PS a toujours choisi à cette date son candidat. Avec les primaires, il faudra s'y prendre un peu plus tôt, mais un bon système ne peut pas avoir tous les avantages. L'embêtant, c'est qu'on rapporte que Martine se déciderait à la fin de cette année (DSK, sûrement juste avant l'été). Bref le timing n'est pas formidable. Heureusement, l'un et l'autre ont le sens des responsabilités et ne se boufferont pas le nez.

Et puis, je n'oublie pas deux autres candidatures possibles et légitimes : Ségolène, qui ce matin chez Apathie a bien fait sentir qu'elle ne renonçait à rien. Si DSK n'y va pas, elle a ses chances. Il y a aussi celui dont personne ne parle, à tort : Laurent Fabius. Il se fait discret, reste très digne, mais il a l'envergure d'un homme d'Etat. Je le mets parmi les quatre meilleurs (les autres camarades candidats étant très bons bien sûr, précision inévitable si l'on ne veut pas froisser les susceptibilités). La grande erreur politique de Laurent, c'est son opposition à la Constitution européenne et son bad trip gaucho qui a suivi, si peu conforme à son parcours et à sa personnalité. Mais on oublie vite et il peut donc s'en relever.


Bonne et paradisiaque journée.

25 août 2010

La veste de Fillon.

Bonsoir à toutes et à tous.


L'avez-vous remarquée ? Moi oui, comme beaucoup de monde : la nouvelle veste de François Fillon ! Elle fait parler d'elle, à juste titre : depuis que la politique existe, l'image y tient une place importante, qu'on le déplore ou s'en réjouisse. En 1 981, Jack Lang en col mao faisait sensation en incarnant ainsi le changement culturel. En 2 003, Jean-François Mattéi a choqué en se montrant en polo noir à la télé, alors que la France subissait la canicule. La politique tient à peu de choses, finalement.

François Fillon, en veste inhabituelle, chic, décontractée, détonne sur un Sarkozy engoncé dans son archi-classique costume-cravate. Le Premier ministre rayonne, le président semble embarrassé. Le dynamisme est du côté de l'un, tandis que l'autre paraît avoir perdu son peps. C'est une inversion des rôles et des images. Fillon a-t-il fait exprès ? Allez savoir ... Le tailleur de la fameuse veste a expliqué qu'elle s'inspirait d'un modèle de garde forestier solognot (sic). Amusant non ? Peut-être faut-il y lire un message ...

Mais qu'est-ce que François Fillon a voulu nous dire en se fringuant de cette façon ? Je retiens trois hypothèses :

1- Fillon le rebelle : le "collaborateur" veut se distinguer de son patron, montrer qu'il est un homme libre, créer un contraste vestimentaire avec le président, montrer qu'il existe, qu'il est ce qu'il est, Premier ministre. C'est réussi. Nos vêtements ne sont-ils pas un moyen d'affirmer notre identité ?

2- Fillon le fantaisiste : prisonnier d'une image sérieuse, terne, effacée, il a voulu lui aussi "fendre l'armure" en endossant une veste qui fait causer. Au fond, Fillon est un insouciant, indifférent à son destin politique, peu préoccupé qu'on le démette de sa fonction lors du prochain remaniement.

3- Fillon le victorieux : il est plus fort que Sarkozy, en tête dans les sondages, le meilleur candidat pour la droite en 2 012. Hier, en affirmant qu'il ne fallait pas instrumentaliser les Roms mais appliquer tout de même la loi, il a adopté une posture quasi présidentielle d'arbitre, de modérateur. Il sait que Sarkozy ne peut plus désormais se débarrasser de lui. Cela méritait bien une nouvelle veste.

Voilà donc une veste qui inspire. Mais la politique est habituée : prendre une veste est fréquent, retourner sa veste est tentant, se faire tailler un costard est inévitable et aller se rhabiller fait partie du jeu. Bref tout ça n'est pas qu'une histoire de chiffons.


Bonne soirée.

24 août 2010

Que le meilleur perde ?

Bonsoir à toutes et à tous.


C'était il y a 20 ou 25 ans, je ne sais plus. Un ouvrage m'avait vivement intéressé et intrigué. Son titre : Que le meilleur perde. Son sous-titre : Eloge de la défaite en politique. Ses auteurs : Bernier et Bon. Sa thèse, surprenante : les politiques ne cherchent pas, comme on le croit généralement, à gagner mais ... à perdre. Comment ? En écartant systématiquement les meilleurs, seuls susceptibles de l'emporter. Je trouvais cette théorie originale mais un peu fantaisiste. Si j'avais su ! Depuis, en règle générale, je n'ai jamais cessé de la voir se confirmer.

En 1995, Delors était le meilleur socialiste pour gagner la présidentielle. A défaut de majorité, il n'a pas pu se présenter. Je pourrais multiplier les exemples, à gauche et à droite, quel que soit le type d'élections. Pour 2 012, le trio gagnant à gauche est évident : DSK pour les socialistes, Cohn-Bendit pour les écologistes, Mélenchon pour la gauche radicale. Ces trois-là sont, chacun dans son style et pour sa sensibilité, les meilleurs : ils ont de la personnalité, expriment clairement des lignes mobilisatrices, disposent de la culture politique qui permet d'affronter une présidentielle. Je crains qu'aucun ne soit candidat et que la gauche en pâtisse.

Pour Cohn-Bendit c'est plié, dans la plus pure tradition de la médiocrité politique, de la culture d'appareil et ses très classiques phases :

1- Cohn-Bendit pousse Eva Joly, qui ensuite se détache de lui et ne lui doit plus rien (retournement fréquent en politique, d'où je déduis qu'il faut faire le boulot soi-même et ne jamais prendre le risque de mettre en avant quelqu'un qui inévitablement vous trahira).

2- Eva Joly, après s'être émancipée de Dany, s'empresse de faire copain-copain avec tous ceux qui chez les Verts ont un bout de pouvoir (lisez son interview dans le Journal du Dimanche, c'est édifiant). Ne jamais froisser plus puissant que soi, prudence élémentaire en politique.

3- Le rapprochement des contraires en vue du partage du pouvoir : à Joly la présidentielle, à Duflot l'appareil. L'une satisfait une ambition personnelle immédiate, l'autre ménage son avenir. Sur quelle ligne politique, en vue de quel projet ? Personne ne le sait et ça n'a aucune importance.

La gauche radicale, de son côté, ne se donnera pas Mélenchon comme candidat. Je vois mal le PCF s'effacer devant un socialiste, même anti-libéral. Le terne et classique Pierre Laurent est mieux placé : quelqu'un qui ne fâche personne est inévitablement soutenu par tout le monde ... sauf par l'électorat. Mais la logique d'appareil est purement interne, elle ne vise que sa propre survie, pas la victoire sur la droite.

Et chez nous, les socialistes ? Pas besoin de faire un dessin ni de réfléchir très longtemps : seul DSK peut battre Sarkozy, et je crains qu'il ne soit pas notre candidat, pour un tas de raisons que j'ai déjà évoqué, la principale étant qu'une organisation désigne toujours celui ou celle en qui elle se reconnaît le plus, en l'occurrence, aujourd'hui au PS, Martine Aubry. Sociaux-démocrates ou socialistes traditionnels, tous peu ou prou l'acceptent et sont prêts à la soutenir, moi y compris.

Avec Strauss, c'est plus compliqué, parce qu'avec les meilleurs c'est toujours plus compliqué (rappelez-vous Mitterrand). Martine est une formidable première secrétaire, que j'ai immédiatement soutenu, qui a remis le parti au travail et l'a rassemblé, avec beaucoup de volonté, d'intuition et d'intelligence politiques. Mais je ne la vois pas battre Sarkozy.

Martine Aubry, Eva Joly, Pierre Laurent, aucune de ces personnalités n'ont démérité. Arrivées où elles sont arrivées, ce sont nécessairement de bons candidats. Mais les meilleurs, non je ne crois pas. Pour battre Sarkozy, je le répète, il nous faudrait DSK, Dany et Mélenchon, pour mettre fin à cette malédiction qui veut qu'en politique, selon Burnier et Bon, les meilleurs sont les perdants.


Bonne soirée.

En vrille.

La politique de stigmatisation des Roms décidée par Nicolas Sarkozy est en train de partir en vrille, à l'image du débat sur l'identité nationale lancé il y a six mois par Eric Besson, mais en plus dramatique. Une partie de la droite, le Pape, l'ONU, la presse internationale s'indignent, ce qui est tout à fait inhabituel. L'électorat lui-même n'est pas convaincu, bien persuadé qu'entre l'affaire Woerth-Bettencourt et la réforme des retraites, l'offensive contre les Roms n'est qu'un maladroit et pitoyable contre-feu.

François Fillon, silencieux jusqu'à présent, s'est senti obligé d'organiser aujourd'hui une réunion à Matignon sur le sujet. La fille adoptive de Jacques Chirac, dans France-Soir, compare les Roms à des rats. Jusqu'où va-t-on ainsi aller dans la montée aux extrêmes ? Heureusement, Jean-Pierre Raffarin a tenu des propos sensés en dénonçant la "dérive droitière" de l'UMP (c'est Xavier Bertrand, visiblement débordé par les événements, qui va être content !).

Qu'est-ce qui n'a pas marché dans la stratégie de Sarkozy ? D'abord cette naïveté qui consiste à croire que ce qui a fonctionné une fois, deux fois, trois fois va constamment fonctionner ; non, la politique est plus compliquée, plus incertaine que ça. Les Français ne sont pas dupes : Sarkozy s'est payé de mots, depuis plusieurs années, en matière de sécurité, et les résultats ne sont pas à la hauteur des promesses et des attentes.

Et puis, viser les Roms n'a pas le même impact que dénoncer l'immigration maghrébine. Celle-ci est l'objet d'une xénophobie hélas ancienne et répandue ; ceux-là, malgré une tradition d'hostilité envers les "voleurs de poules", ne suscitent pas une récrimination massive et profonde. Les gitans, romanichels, bohémiens et manouches font aussi partie d'un folklore positif dont tout le monde comprend, hormis des incidents qui ne sont pas l'exclusivité de cette communauté, qu'il ne pose pas de problème majeur en France, d'autant qu'ils sont très minoritaires. Enfin, la mémoire nationale, qui n'est pas aussi oublieuse qu'on le prétend, se souvient que les victimes du génocide nazi ont aussi été les tziganes.

Nicolas Sarkozy, dans cette triste affaire qui ne profitera qu'au Front National, a commis une bien mauvaise action, qui se retourne finalement contre lui. Comme quoi, même en politique, il existe une forme de justice.


Bonne fin d'après-midi.

Envie, désir et besoin.

Bonjour à toutes et à tous.


Cinq jours coupé du monde, ça fait du bien. Je vous le conseille vivement. Je ne vous cache pas que la première journée a été pénible. Mais c'est comme tout, on s'y fait, et plus vite qu'on ne le croit. Donc me revoilà, au coeur de l'actualité et avec une petite pile de lectures sur ma table. La une de Libération d'hier pourrait me faire plaisir : "Une envie de gauche", assortie d'un sondage prometteur pour le PS. Et bien non, je ne suis pas satisfait, je suis même inquiet. Ne croyez pas que c'est ma retraite de cinq jours qui m'ait rendu grognon.

D'abord, une "envie" est un sentiment passager et superficiel, qu'on ne réalise pas nécessairement. Nous avons tous envie d'un tas de choses qui nous passent par la tête, qu'on ne cherche pas vraiment à avoir et qu'on oublie très vite. En 1981, ce n'est pas une "envie de gauche" qui a porté Mitterrand au pouvoir mais un désir de gauche, profond et ancien, après 25 ans de gouvernement de droite. En 1988, le même Mitterrand n'a pas été réélu par "envie" mais par un besoin de gauche, pour mettre un terme à la politique thatchérienne de Chirac, Balladur et Pasqua.

Ensuite, quand je lis que 55% des Français souhaitent voir la gauche gagner la prochaine présidentielle mais que 57% pensent qu'elle ne ferait pas mieux que la droite, je suis partagé entre le haussement d'épaules ou la franche rigolade. Changer pour changer sans être convaincu du bien fondé de ce changement, c'est idiot et inquiétant. Après ce que l'on sait de la politique Sarkozy, qu'une majorité de Français ne soit pas persuadée des mérites et de la supériorité de la gauche a de quoi préoccuper le socialiste que je suis.

Où est donc le problème ? Dans le projet et le candidat. Notre ligne politique est en cours d'élaboration mais n'est pas encore complètement claire aux yeux des Français. Sur la sécurité, nous avons cet été considérablement évolué, et dans le bon sens, mais il reste beaucoup à faire. C'est ce que souligne ce matin avec raison Julien Dray dans Le Parisien. Le candidat à la présidentielle, nous ne l'avons pas pour l'instant. Le sondage de Libé confirme que DSK est de loin le meilleur pour l'emporter. Mais si la politique consistait à sélectionner les meilleurs, cela se saurait depuis longtemps. Hélas, ce sont les circonstances qui commandent, y compris pour précipiter dans la défaite. Là aussi, wait and see. Finalement, je me demande si je ne vais pas recommencer une retraite de cinq jours en dehors du monde ...


Bonne journée.

19 août 2010

Derrière le miroir.

Bonjour à toutes et à tous.


A mon grand regret, je vais vous quitter pour quelques jours. Je suis en un lieu qui ramène à l'essentiel, où même internet n'a pas accès. L'autre côté du miroir, si vous préférez.

A mardi prochain.

18 août 2010

Vas-y Dany !

Bonjour à toutes et à tous.


Dans Le Monde d'hier, j'ai mesuré une fois de plus combien j'appréciais et me sentais proche de Cohn-Bendit : il est clair, n'a pas sa langue dans sa poche, analyse excellemment le sarkozysme, fait des propositions avec lesquelles je suis presque toujours d'accord. Il y a quinze ans, si Dany avait été à la tête des Verts, j'aurais peut-être rejoint ce mouvement, qui par certains côtés correspond plus à ma personnalité que le PS. Mais à l'époque, le patron des Verts c'était Waechter : pas de quoi m'exciter !

Je rêverais d'un Cohn-Bendit candidat des Verts à la présidentielle : ça aurait quand même de la gueule, on ne s'ennuierait pas, la politique serait revitalisée et la démocratie aurait tout à y gagner. Mais voilà, Dany ne sera jamais candidat : il est de ces meilleurs qu'on ne choisit pas parce qu'ils sont trop atypiques, libres, qu'ils ne jouent pas le jeu des appareils. C'est vraiment dommage, parce que la gauche aurait à y profiter.

Heureusement, il semble que nous échappions à Dufflot, avec qui les Verts auraient pu redescendre à 2%. Je n'aime guère cette apparatchik new-look et ses airs d'arriviste. Et puis, elle parle comme un robinet coule : le débit est rapide, monotone, on ne retient rien et on a envie de couper.

Eva Joly, c'est un peu mieux mais c'est très loin encore de Dany : elle parle bas, est peu charismatique. Je crains qu'on ne retienne d'elle que la femme de justice, ce qui ne serait pas une bonne chose dans un pays déjà pas mal bouffé par le juridisme. Je ne suis pas certain de son très fort enracinement à gauche et son radicalisme est déplacé (elle a qualifié la politique de Sarkozy de "racisme d'Etat" !).

Les Verts ont parmi eux non seulement un champion qui leur a offert récemment une victoire historique mais un mythe de la France contemporaine et ils n'en font quasiment rien. Qu'est-ce qu'on peut être con parfois en politique !


Bonne journée.

17 août 2010

Une offensive idéologique.

Bonjour à toutes et à tous.


La charge d'Estrosi contre les maires a fait réagir jusque dans les rangs de l'UMP. Normal : le maire de Nice, probablement cornaqué par l'ancien maire de Neuilly, venant donner des leçons en matière de sécurité, ça ne peut pas passer auprès d'élus qui n'administrent pas des communes riches et sans problème d'ordre public. Cette nouvelle polémique rappelle ce qu'est le sarkozysme et sa redoutable efficacité idéologique, qui repose sur quatre éléments :

1- L'homme providentiel : les Français aiment bien voir arriver un type qui prétend pouvoir régler leurs difficultés et les sortir de la merde, Napoléon, Boulanger, Pétain, de Gaulle, c'est une détestable tradition nationale, l'idée absolument fausse du recours, du sauveur, du génie solitaire, du grand homme. Du coup, les corps intermédiaires, la société civile sont négligés et même dénoncés.

2- La faute aux élites : Sarkozy, imbu de sa propre performance, conteste tout ce qui n'est pas lui. Magistrature, enseignants-chercheurs, intellectuels, hauts fonctionnaires, collectivités territoriales, aujourd'hui les maires, tous incapables ! Y compris le Premier ministre, réduit au rôle de "collaborateur". Ce rejet des élites de toute sorte produit un effet catastrophique dans l'opinion publique, qui finit par ne plus faire confiance à personne.

3- La stigmatisation de la "racaille" : après la mise en cause de la France d'en haut (les élites), Sarkozy s'en prend à la France d'en bas (les exclus, voir mon billet d'hier). La culpabilisation des minorités privilégiées par l'intelligence et les responsabilités fait chorus avec celle des minorités socialement défavorisées.

4- L'appel au peuple : France qui se lève tôt, simples citoyens, honnêtes gens, braves travailleurs, voilà la fiction que Sarkozy a mis en place pour s'en faire l'avantageux défenseur. On appelle ça plus communément du populisme, qui repose sur ce postulat : le peuple (du moins tel qu'on l'imagine) ne saurait avoir tort et Sarkozy se charge de lui donner raison en lui prêtant les opinions qui sont les siennes. Et le tour est joué.

Ce dispositif idéologique, ne nous y trompons pas, a des effets sur l'électorat : flatter le peuple, dénoncer sa lie, attaquer les élites (sauf celles de l'argent), se présenter comme la seule solution, qui ne s'y laisserait pas prendre, quand on connaît l'histoire de France ? Il faut que la gauche à son tour, loin d'en rester à des ripostes ponctuelles, invente son propre dispositif idéologique. Car la politique sans idéologie, c'est de la bulle de savon.


Bonne journée.

16 août 2010

L'artillerie lourde.

Bonjour à toutes et à tous.


La différence entre la politique et la guerre, c'est que la politique est une guerre qui ne cesse jamais. Sur la sécurité, la droite continue donc à canarder. En vraie stratège, elle a choisi de décharger l'Etat de toute responsabilité et de s'en prendre aux maires. Ainsi plus personne ne pourra reprocher à Sarkozy son mauvais bilan : ce n'est plus de sa faute à lui mais aux autres. Au mépris bien sûr d'un principe de notre République : l'ordre et la sécurité ne sont pas du ressort des collectivités locales mais de l'Etat.

Et pour faire bonne mesure, il fallait s'en prendre aussi à une nouvelle catégorie de la population : après les gens du voyage, les immigrés et les drogués, c'est au tour des pauvres, ces salauds de pauvres qui utilisent l'allocation de rentrée scolaire pour se payer des écrans plasma ! La droite sait ce qu'elle caresse : la partie la plus basse de la nature humaine, toujours prompte à s'attaquer à plus faible que soi et à s'écraser devant les puissants. Eux, en revanche, personne ne viendra leur demander des comptes sur l'argent qu'ils perçoivent.

Sarkozy, en chef de guerre, renoue avec ce qui l'a porté jusqu'à l'Elysée : dénoncer la "racaille" pour rassurer les braves gens, le bon peuple, et s'attirer ses suffrages. C'est une méthode vieille comme la droite, qui jadis s'appuyait sur la paysannerie pour contrer le prolétariat. Aujourd'hui, elle joue les classes populaires et moyennes contre les déclassés, marginaux et exclus, ce que Marx appelait le lumpenproletariat. Rappelons-nous que les premières mesures du président Sarkozy ont porté contre les vagabonds et les prostituées.

L'artillerie lourde vise nommément, pour la première fois depuis le discours de Grenoble, Martine Aubry, accusée de renoncer à la lutte contre l'insécurité en n'installant pas de caméras de vidéo-surveillance dans sa ville de Lille. Son adjoint à la sécurité a rapidement rectifié : Lille dispose de 4 000 caméras, et ce n'est pas à la droite qu'elle les doit puisque que la gauche est à la tête de la municipalité depuis plusieurs décennies. La vérité, c'est que le Parti socialiste n'a jamais été hostile par principe à la vidéo-surveillance, que de nombreuses municipalités socialistes y ont recours, que ce choix est dicté par les situations locales et ne saurait se suffire à lui-même.

Finalement, il n'y a plus dans notre pays que deux hommes qui croient en la lutte des classes : Badiou et Sarkozy, le premier en tant que théoricien, le second comme activiste. Il est temps que le Parti socialiste s'y mette aussi, en regroupant les démunis, les classes populaires et la petite bourgeoisie, contre ceux dont la droite ne nous parle jamais et dont elle est pourtant, et pour cause, le fondé de pouvoir.




Bonne journée.

14 août 2010

Le temps des animaux.

Bonjour à toutes et à tous.


Avant mon départ hier, je suis allé dans un magasin spécialisé acheter un distributeur de croquettes pour mon chat (en mon absence, il faut bien qu'il mange, tout de même !). J'ai été stupéfait de voir ce qui pouvait se faire pour nos amis les bêtes. Je suis même tombé, tenez-vous bien, sur un appareil de massage ! Une société qui prend soin de ses animaux, c'est un progrès. Mais nous avons atteint un degré d'attention envers eux jamais égalé dans l'histoire de l'humanité, ça en devient troublant, presque inquiétant.

Jeudi, dans L'Aisne Nouvelle, j'apprends en gros titre, horrifié, qu'une Saint-Quentinoise a voulu mettre le feu à son chien. Cette cruauté est évidemment terrible, d'une barbarie sans nom. Sauf qu'en lisant le corps de l'article, je me rends compte qu'il ne s'agit pas d'un jeu pervers mais d'une dame qui a voulu incinérer le cadavre de son chien mort, s'en débarrasser de cette façon peu recommandable. Cependant, ce fait divers tel qu'il était relaté et perçu laissait penser à un acte de torture.

Avant de prendre le train, j'ai jeté un coup d'oeil sur la presse locale. Le Courrier Picard évoquait à sa une une marche silencieuse, en septembre, en la mémoire du chien qui a été martyrisé il y a trois mois à Origny-Sainte-Benoîte. Les faits sont en effet atroces et leur condamnation doit valoir d'exemple. Mais organiser une marche en la mémoire d'une bête, j'avoue que ça me fait drôle, je trouve que c'est trop. Je me demandais hier si notre société n'était pas entrée dans le temps des rigolos ; je dois aujourd'hui ajouter : aussi celui des animaux.


Bonne journée.

13 août 2010

Le temps des rigolos.

Bonsoir à toutes et à tous.


En route pour ma villégiature berrichonne, mes billets seront sans doute intermittents dans les dix prochains jours. Mais comme les étés précédents, je ferai mon possible pour que les interruptions soient minimes. Dans le train, j'ai lu le dernier JDD et son top 50 des "personnalités préférées" des Français. J'ai failli déclenché de stupeur le signal d'alarme. Aucun politique en exercice ne figurait ! Mieux, ou plutôt pire : parmi les premiers, une bonne dizaine d'humoristes ...

Que des amuseurs publics, aussi talentueux soient-ils, deviennent des "personnalités"détrônant les hommes politiques est déjà en soi discutable. Mais que les Français les désignent comme leurs "préférés" en dit long sur l'état moral de notre société. Autrefois, les Bedos, Le Luron, Coluche étaient quelques grandes vedettes qui critiquaient et concurrençaient les politiques mais ne les éclipsaient pas. En les prenant violemment pour cible, ils leur rendaient même une forme d'hommage.

Rien de tel aujourd'hui : les humoristes sont souvent des marrants de second plan (ce n'est pas péjoratif), on ne peut plus citer aucun grand nom du rire qui soit à la hauteur des trois précédemment cités. Il faut s'inquiéter d'une telle évolution, et les politiques devraient normalement être les premiers à en tirer toutes les conséquences.


Bonne nuit.

12 août 2010

Les deux droites.

Bonsoir à toutes et à tous.


Décidément, tout devient sujet à polémique politique durant cet été pas comme les autres ! Les salles de consommation de drogues sont des dispositifs sanitaires et sociaux fonctionnant plutôt bien dans de nombreux pays européens. Leur objectif est de contrôler ce fléau contemporain qu'est la dépendance aux drogues dures, de mettre fin à ces scènes pathétiques des grandes villes où la drogue est administrée à la vue de tous, de tenter de sortir les malades de leur enfer. Ce n'est nullement un encouragement à se droguer mais une approche réaliste d'un problème dramatique.

La plupart des experts approuvent, les associations soutiennent, la ministre de la Santé juge utile qu'on y réfléchisse, le président du Sénat propose un débat, le maire de Marseille, qui est confronté dans sa ville à cette douloureuse question, est d'accord. Mais l'UMP s'oppose et Matignon dit non. C'est déplorable. Nous découvrons à l'occasion qu'il existe deux droites, l'une pragmatique, l'autre idéologique.

La première est composée essentiellement d'élus au contact des réalités, ayant pour souci d'apporter des solutions concrètes. La seconde est menée par des idéologues, principalement le chef de l'Etat, le chef de l'UMP et le ministre de l'Intérieur, qui n'ont en tête que la présidentielle de 2 012, qui mobilisent l'électorat de droite autour de ses fondamentaux, qui radicalisent systématiquement les débats de société.

A Saint-Quentin, il est manifeste que le sénateur-maire Pierre André appartient à la droite pragmatique et que Xavier Bertrand, localement comme nationalement, est l'un des leaders de la droite idéologique. Avec l'une, des compromis sont possibles, comme sur les salles de consommation de drogue. Avec l'autre, aucun compromis n'est possible puisqu'elle a choisi de radicaliser tous les dossiers politiques, d'en faire des enjeux idéologiques. C'est pourquoi, une fois de plus, je pense qu'il est nécessaire de combattre Xavier Bertrand et l'empêcher de devenir maire de Saint-Quentin.


Bonne soirée.

11 août 2010

Mai 2 012 en août 2 010.

Bonsoir à toutes et à tous.


Je me demande si l'élection présidentielle de 2 012 n'est pas en train de se jouer et de se décider en ce moment, en plein coeur du mois d'août. Habituellement, c'est une période de basses eaux en matière d'actualité politique. Sauf cette année ! C'est la première fois que je vois ça depuis que je tiens ce blog. Il y a eu l'affaire Woerth-Bettencourt, les rapports entre le pouvoir et l'argent en juillet. Ce mois-ci, c'est le thème de la sécurité qui fait parler, à tel point que la classe politique ne semble pas partie en vacances !

Au risque de surprendre, je dirais que la tonalité du débat me conduit à penser que c'est à une victoire de la gauche que l'on se prépare. D'abord parce que la droite est prise dans une spirale de la surenchère qui est un signe d'affolement, une fuite en avant dans un thème qui lui est cher mais dont les électeurs sont conscients qu'elle a échoué. Quand Xavier Bertrand propose aujourd'hui dans Nice-Matin de remettre des gardes aux frontières européennes, on constate jusqu'où la panique à bord peut aller.

De son côté, le Parti socialiste a été intraitable sur les principes : contre la déchéance de nationalité, refus de stigmatiser une partie de la population (Roms), aucun lien entre immigration et délinquance, pas de condamnation des parents à cause des actes des enfants. En même temps, le PS a adopté une nouvelle ligne (voir mon billet du 9 août) qui ne pourra que lui valoir l'approbation des Français, après les désaveux de 2 002 et de 2 007. Arnaud Montebourg l'a confirmé ce matin dans Libération : l'attitude de la gauche sur la sécurité sera désormais "pragmatique", avec le souci de renforcer la présence policière sur le terrain.

Autre évolution de notre part : ne pas faire de surenchère dans le discours, les images et les références historiques. De ce point de vue, Rocard que j'aime bien m'a déçu en rapprochant les propositions de Sarkozy du nazisme et du régime de Vichy. Mon copain Borgel, secrétaire national du PS, a bien fait de préciser que la langue française contenait des mots suffisamment durs pour condamner la politique gouvernementale, qu'il n'était pas besoin de faire des anachronismes inévitablement déplacés. Moscovici est allé dans le même sens.

La politique est une pédagogie. Il faut faire attention à ce qu'on dit. Marleix, secrétaire d'Etat aux Collectivités locales, se lâche en accusant certains dirigeants socialistes de comportements "munichois". Xavier Bertrand avait donné le mauvais exemple en parlant de méthodes "fascistes" pour qualifier le site Médiapart. Quand l'hebdomadaire Marianne titre sur Sarkozy "voyou de la République", c'est du même tonneau. Le magazine du centriste Jean-François Kahn est coutumier du fait : il soutenait en 2 007, dans un numéro spécial, que Sarkozy était fou. On a vu le résultat auprès des Français !

Vous me direz peut-être que le président de la République n'est pas en reste, qu'il ne prend pas de gants quand il accable ses adversaires ? Mais justement, ne faisons pas comme lui si on est contre lui ! Reprendre le style et les termes de ceux qu'on combat, c'est admettre qu'ils ont raison, qu'ils ont gagné, qu'ils ont réussi à imposer leur vocabulaire et leur façon d'être. A mon petit niveau, quand certains commentaires sur ce blog reprennent mes mots, mes phrases, mon style pour les retourner contre moi, outre la médiocrité de mes contradicteurs incapables de s'inventer des arguments et une écriture, je sais qu'ils se font narcissiquement plaisir mais que j'ai politiquement gagné, et j'en souris.

La gauche ne doit pas se laisser entraîner dans cette inflation historique et idéologique. Restons-en à ce que nous demandent les Français : assurer leur sécurité, combattre efficacement la délinquance et surtout ne pas se payer de mots. Si nous tenons bon sur cette ligne, 2 012 nous sera favorable, j'en suis sûr.


Bonne soirée.

10 août 2010

Les ambitions d'Anne Ferreira.

Bonjour à toutes et à tous.


L'Aisne Nouvelle parue ce matin s'est entretenue avec Anne Ferreira, sous ce titre : "Anne Ferreira affiche ses ambitions". Il s'agit de sa candidature pour les législatives de 2 012 et les municipales de 2 014. Mais il n'y a rien de nouveau puisque l'annonce avait déjà été faite dans ce même journal, à peu près à la même époque, le 25 juillet 2 009. Je vous renvoie donc à l'analyse que j'avais alors proposée et qui bien sûr reste inchangée : http://laisneavecdsk.blogspot.com/2009_07_01_archive.html (billet du 25 juillet 2 009)

Un an plus tard, je veux simplement préciser et souligner ma pensée. J'ai un doute, une question et un regret :

1- Un doute : 2 014, c'est encore loin, de l'eau aura coulé sous les ponts. L'anticipation en politique peut se faire sur un ou deux ans (et les surprises ne sont pas exclues !). Quatre ans, c'est beaucoup. Il est en tout cas positif de connaître les ambitions des candidats potentiels, cela permet de mettre les choses au clair.

2- Une question : Anne va-t-elle reconduire la ligne politique actuelle d'alliance avec l'extrême gauche ? C'est la question de fond, qui dépasse très largement le problème des personnes. Il y va selon moi de notre identité et de notre avenir. Mais nous avons quatre ans pour en débattre calmement.

3- Un regret : Anne a été conseillère générale du canton centre de 1 998 à 2 004, battue de quelques voix seulement par Colette Blériot. L'an prochain, nous revoterons dans ce canton et la gauche peut l'emporter : le contexte politique est favorable, les élections intermédiaires sanctionnent souvent les représentants du pouvoir en place, l'abstention probablement importante est un facteur qui nous profitera, Colette Blériot est contestée par une partie de son camp.

Dans ces conditions, ce canton, comme celui du nord, est gagnable. Anne Ferreira, deux fois candidate, serait naturellement réinvestie. Sa notoriété et sa légitimité en feraient une candidate efficace, dont la victoire préparerait l'avenir. Je crois que la continuité est fondamentale en politique, que c'est ainsi qu'on l'emporte, non pas en changeant à chaque fois de candidats ou en poussant des inconnus. Car dans une élection très locale comme les cantonales, le visage a autant de sens que l'étiquette politique, du moins pour faire basculer l'électorat et arracher la victoire.

Mais il faut respecter les choix personnels de chacun. La politique est une activité difficile, aucune élection n'est gagnée d'avance, la volonté individuelle doit donc être très forte et motivée. Il n'empêche que je regrette qu'Anne ne soit pas cette fois notre candidate.


Bonne journée.

09 août 2010

La sécurité en 2 012.

Bonjour à toutes et à tous.


A la suite des récentes déclarations de Martine Aubry et autres dirigeants socialistes, notre porte-parole Benoît Hamon a fait aujourd'hui une déclaration au Figaro qui fera date dans l'histoire du Parti. A propos de la sécurité, il a affirmé que "nous n'aurons pas peur d'affronter la droite sur ce terrain" qui sera "un des thèmes de la présidentielle". Et d'ajouter : "Nous proposerons une stratégie complète de lutte contre l'insécurité et de rétablissement de l'autorité de l'Etat à l'automne".

Certes, des personnalités de gauche, ces dix dernières années, avaient anticipé une telle ligne politique. Je pense à Jean-Pierre Chevènement, Lionel Jospin, Ségolène Royal. Mais ces contributions étaient individuelles et ont suscité en leur temps des polémiques, n'ont pas toujours été suivies. Pour la première fois, le Parti socialiste accepte de faire de la sécurité un thème à part entière, à traiter en tant que tel. Non pas qu'auparavant nous y étions indifférents, mais le sujet était inclus dans la problématique économique et sociale (non sans raisons, soit dit en passant).

De plus, toutes les sensibilités à l'intérieur du Parti parlent d'une seule voix là-dessus. Avec Martine Aubry, nous assistons, et c'est heureux, à une homogénéisation de notre pensée. Nous avons trop souffert des luttes artificielles entre faux courants, des postures idéologiques qui ne visaient qu'à s'assurer des situations de pouvoir internes. Nous avons aussi rompu avec une pensée gauchisante qui réduisait le délinquant à une victime du système social, relativisant ainsi la notion de responsabilité individuelle qui est pourtant au coeur de notre droit. Non pas que ces analyses soient fausses mais elles sont aujourd'hui insuffisantes.

Je me réjouis de cette évolution (voir mon billet du 6 août). Il fallait solder ce reproche que nous faisaient bon nombre de nos concitoyens de ne pas nous préoccuper de leur sécurité. Le moment vient à point : la droite a dans ce domaine échoué, c'est à la gauche de reprendre la main et de faire des propositions alternatives, pendant que le gouvernement s'enferre dans la surenchère. Encore ce matin, sur Europe 1, le ministre de l'Industrie Christian Estrosi a joué avec les formules retentissantes, en déclarant : "Français ou voyou, il faut choisir". Sauf que ce n'est pas ça qui fait avancer le schmilblick.


Bonne journée.

08 août 2010

C'est l'UMP qui le dit.

Bonsoir à toutes et à tous.


En politique, il n'est pas toujours nécessaire de parler, il suffit d'écouter les autres, les adversaires politiques, qui se retrouvent parfois être des alliés. Ce n'est pas du cynisme, c'est constater que certaines vérités transcendent les clivages. J'en veux pour preuve les déclarations de trois parlementaires UMP dans le Journal du Dimanche, à propos des dernières mesures de Nicolas Sarkozy sur la sécurité. Extraits :

"Je suis inquiet que l'UMP se focalise uniquement sur la sécurité. Il y a un vrai problème dans les quartiers en matière de délinquance, mais aussi de logement, d'éducation, de santé. " Philippe Dallier, sénateur UMP de Seine Saint-Denis.

"Ces propositions me mettent mal à l'aise car elles heurtent ma sensibilité humaniste et centriste (...) Je suis également choqué que l'on stigmatise une catégorie de la population : dans les gens du voyage, il y a des Français, il ne faut pas l'oublier !" Yannick Favennec, député UMP de Mayenne.

"Ces propositions me paraissent inapplicables et choquantes (...) Il y a une formidable attente de la part des jeunes issus de l'immigration. Ils n'ont pas besoin qu'on les culpabilise, qu'on les montre du doigt. Ils ont besoin qu'on les soutienne ... Tout ça c'est pour courir après les électeurs du FN ... On a compris que c'était un coup médiatique. Ce n'est pas le rôle du président de la République d'opposer des catégories de la population les unes aux autres. " Marc Bernier, député UMP de Mayenne.

Est-il besoin d'en rajouter ? Si, il faut préciser que Dallier est proche de Raffarin, Favennec de Copé et Bernier villepiniste. Plus que des individus, ce sont aussi des sensibilités dissidentes qui s'expriment. Il faudra suivre de près ces évolutions dans le camp majoritaire.


Bonne soirée.

07 août 2010

Réponse à l'Ane Vert.

Bonsoir à toutes et à tous.


Je réagis rarement à ce qui s'écrit sur les autres blogs, y compris quand il est question de moi. Je n'aime pas "rebondir" (je laisse cette fonction aux ballons), je laisse chacun penser ce qu'il veut, je ne me détermine pas par rapport aux autres mais par rapport à moi. Ceci dit, l'Ane Vert, reprenant ma petite plaisanterie du 4 août, m'a tiré longuement le portrait ( http://anevert.blogspot.com/ ), il est normal et courtois que j'apporte une réponse.

En le lisant, j'ai une fois de plus la confirmation que les autres ne nous connaissent pas mais que ce qu'ils en savent est assez juste. Ainsi la peinture qui est faite de moi est relativement exacte mais inévitablement incomplète. C'est d'ailleurs une joie pour nous tous de constater qu'autrui ne peut jamais nous cerner totalement, que quelque chose toujours lui échappe. Je ne dirais donc rien de certaines passions secrètes qui m'animent, qui expliquent en partie ce que je suis mais qui ne figurent pas au tableau, et qui surprendraient peut-être.

J'en viens au premier point (j'en vois trois principaux) qui a retenu mon attention, et que je qualifierais de psychologique, faute de mieux. L'Ane Vert estime que "le genre facétieux (m') effleure rarement", que je suis plutôt dans l' "intranquilité" et la "crispation". Oui il a raison si l'on en reste aux apparences (et je crois que les apparences apprennent quelque chose). Mais je ne suis pas certain que ce soit ma nature profonde. De ce point de vue, le commentaire de Thierry, à la suite du même billet, a tout compris.

Le deuxième point est associatif. "Petit travailleur infatigable de l'éducation populaire", c'est bien vu, sauf que la fatigue, par moments, se fait quand même sentir. Il y a surtout cette nuance terrible (et quelque part terriblement juste) sur l'éd. pop. : "un genre (...) tombé presque en déshérence". Si c'est vrai, ma fatigue devrait être plus grande, mon action désespérée et ma lucidité prise en défaut. Mais est-il besoin d'espérer pour entreprendre ?

Le troisième et dernier point, le plus long, concerne la politique. Là encore, je suis à peu près d'accord. "L'ambition de fédérer une gauche élargie et renouvelée à Saint-Quentin", oui c'est ça. Mais j'apporterais une forte nuance à propos de ce jugement : "Il se verrait bien en premier magistrat de la ville". Par galéjade sans doute, mais sérieusement non. Pour plusieurs raisons qu'il me semble intéressant de développer, parce que la politique exige, à mes yeux, d'avoir une idée très claire de ce qu'on est, de ses possibilités et de ses limites.

D'abord, je n'ai pas particulièrement le goût du pouvoir, des honneurs et des places. J'ai d'autres passions, d'autres modes de valorisation et de reconnaissance que la politique. J'aurais pu être élu en 2 001, j'aurai pu être candidat en 2 007. Dans les deux cas, j'ai refusé parce que les conditions politiques, selon moi, ne s'y prêtaient pas. Mais n'importe qui à ma place, voulant un siège ou espérant négocier une place, aurait dit oui, se serait engagé les yeux fermés. En politique, quand on veut personnellement réussir, il est déconseillé de trop réfléchir, on fonce, on s'adapte, on voit venir. Ça n'a pas été mon cas et ça ne le sera pas plus à l'avenir.

Ensuite, il serait prétentieux, déplacé, irréaliste de me voir "premier magistrat de la ville". On peut certes toujours rêver, mais on ne fait pas de la politique avec des rêves, je l'ai souvent dit. A l'heure qu'il est, je ne vois personne à gauche qui ait la carrure pour combattre Xavier Bertrand, puisque ce sera lui, c'est décidé, le prochain maire de Saint-Quentin. Il faut mettre de côté toute vanité, narcissisme ou bouffonnerie. Nous avons face à nous une véritable bête politique, un professionnel du genre auquel il est difficile de se mesurer tellement sa catégorie est supérieure. Ce n'est pas une raison évidemment pour baisser les bras, c'est au contraire un motif d'encouragement à l'adversité, à condition de rester lucide. Etre David contre Goliath d'accord, mais jouer à la grenouille qui veut être plus grosse que le boeuf finit par vous éclater au visage.

Enfin, j'ai toujours dit, sur ce blog, que j'aurais pu faire, selon moi, un bon chef de file de l'opposition, dans le style qui est le mien et qu'on n'est bien sûr pas forcé d'apprécier (certains commentaires se font fort de me le rappeler !). Mais je crois que j'aurais été un "petit travailleur infatigable", pour reprendre l'expression de l'Ane Vert, de l'opposition de gauche. Le sort, le hasard, les circonstances, ma volonté et celle de mes camarades en ont décidé autrement. C'est peut-être d'ailleurs mieux comme ça. Il y a une vérité des situations contre laquelle on ne peut rien.

Mais devenir maire de Saint-Quentin, non. Leader de l'opposition, mon intention aurait été de préparer le terrain à quelqu'un d'autre, homme ou femme, en meilleure capacité que moi. Si vous me permettez cette expression, je suis plus Bonaparte que Napoléon. Conquérir une ville, battre la droite, oui. Assumer le premier rôle dans un exécutif, c'est autre chose, qui n'est pas permis à n'importe qui. "Un chef, c'est quelqu'un qui a besoin des autres" disait Paul Valéry. Je ne suis pas assez servile pour ça, si j'ose dire ! Mais adjoint oui, je m'y serais bien vu, parce que j'aime mettre en place des projets, faire des choses.

Tout ça n'a aucune importance puisque la politique n'est pas affaire de préférences individuelles mais de décisions collectives, approuvées ou rejetées par les électeurs ensuite. A Saint-Quentin, il nous reste encore énormément de travail à faire, de lucidité à acquérir, de réforme de soi si nous voulons qu'un jour, le plus vite possible, les électeurs cessent de nous rejeter et enfin nous approuvent. J'en serais ou je n'en serais pas, c'est égal. Depuis quinze ans, sur la scène locale, nous jouons au théâtre des Enfants du Paradis : "apparition, disparition !" La représentation de la gauche est en perpétuel changement, chaque nouvelle génération se croyant meilleure que les précédentes.

C'est humain, mais est-ce ainsi qu'on gagne ? Je tiens bon au milieu du paysage qui fluctue, des têtes qui tombent et d'autres qui poussent. Je le fais avec ce "genre facétieux" dont l'Ane Vert pense que je suis généralement dépourvu. S'il disait vrai, aurais-je pu tenir si longtemps quand autour de moi tant partaient parce qu'ils n'avaient pas obtenu satisfaction ? Il leur manquait le sens du défi ... et de la facétie. Je ne sais plus qui a dit que l'humour était la politesse du désespoir, mais il avait bigrement raison. Ma nature ne me porte pas à désespérer, vous l'avez compris, mais ma lucidité m'oblige à admettre qu'une situation peut être désespérante. Ce qui n'empêche nullement d'agir et d'espérer.


Bonne soirée.

06 août 2010

Les socialistes et la sécurité.

Bonsoir à toutes et à tous.


Dans la campagne sur la sécurité lancée par la droite, le Parti socialiste a eu une attitude exemplaire, maîtrisée, efficace et fidèle à lui-même. D'abord il n'est pas entré dans la provocation de Sarkozy, grosse comme une baraque : amener le PS à surréagir. Non, laisser parler, ne pas répondre à l'invite au débat de Bertrand à Aubry (et pourquoi pas sur le chômage, puisqu'on apprend aujourd'hui que l'industrie a perdu en 2 009 256 000 emplois ?). La gauche n'a pas à suivre les thèmes imposés par la droite, elle doit au contraire imposer les siens, les questions économiques et sociales.

Laisser parler ne signifie pas se taire. Aubry a très fermement rappelé nos principes et condamné non moins fermement la "dérive antirépublicaine" du gouvernement. Rocard, dans Marianne, a été d'une égale sévérité. Cette adéquation des réactions socialistes est à souligner, apprécier et encourager. Mais le rappel des principes, aussi nécessaire soit-il, ne suffit pas. Les problèmes de sécurité sont réels, ils ne doivent pas être abandonnés à la droite, d'autant que celle-ci est au pouvoir depuis huit ans et n'a pas donné en la matière des résultats flagrants.

Un forum sera consacré à ce sujet en fin d'année, afin d'avancer des propositions puisque celles de la droite n'ont pas fonctionné. Nous ne partons pas de rien, nous n'allons pas réinventer le monde. Quelques pistes s'imposent aux socialistes :

1- D'abord la priorité à la prévention, mettre le paquet sur l'emploi, la formation, l'urbanisme, parce que la délinquance et la violence sont la résultante des conditions sociales, qu'il faut s'attaquer aux causes profondes, que le repli exclusif sur la répression et l'autorité est un aveu d'échec, une virilité baratineuse sans effet.

2- Ensuite l'augmentation des moyens sur le terrain, la réhabilitation de la police de proximité honteusement décriée et remplacée par rien, mettre un terme aux coupes sombres dans la Fonction Publique (suppression d'un agent de l'Etat sur deux), privilégier la logique discrète du garde champêtre (surveiller, contrôler, dissuader) à la logique médiatique du CRS (réprimer une fois que le mal est fait).

3- Enfin agir avec intelligence, choisir avec discernement, ne pas rejeter systématiquement tout ce qui s'est fait avant au prétexte que c'est la droite qui l'a mis en place. N'agissons pas en miroir, en nous comportant comme la droite à l'égard de la gauche, c'est-à-dire en rejetant tout sans distinction. Jean-Jacques Urvoas, notre secrétaire national chargé de la sécurité, que je connais un peu (c'est un strauss-kahnien) et apprécie beaucoup, a eu aujourd'hui dans Libération une intervention déterminante, en demandant de faire le tri, de garder ce qui a fonctionné, de supprimer ce qui ne marche pas et de faire des propositions nouvelles.

Je me permets une remarque locale : quand le sénateur-maire UMP de Saint-Quentin Pierre André propose d'installer des caméras, quand il annonce dans la presse d'hier que la police municipale ne sera pas armée parce que la délinquance n'est pas si grande dans notre ville, pourquoi ne pas s'en réjouir, pourquoi ne pas l'approuver ? Nous aurons suffisamment d'autres raisons de ne pas être d'accord avec lui pour ne pas en rajouter. Il y va, j'en suis persuadé, de notre crédibilité, de notre sérieux, montrer aux Saint-Quentinois que nous ne sommes pas aveuglés par le sectarisme ni influencés par le gauchisme.

Je crois que le moment, pour le Parti socialiste, est historique, excusez ce superlatif. Nous avons rompu avec une culture faussement gauchiste, dénonçant à tort comme policier et quasiment fasciste le souci de sécurité, oubliant que les beaux quartiers en ce domaine n'ont pas de problèmes alors que ce sont les plus modestes qui sont les premières victimes de la délinquance. Sans renoncer à ce que nous sommes, en demeurant fidèles à notre humanisme et à notre républicanisme, nous avons su, Aubry, Rocard, Urvoas et quelques autres camarades, intégrer à notre réflexion la question de la sécurité. Jospin avait montré le chemin, odieusement attaqué par la droite et l'extrême droite. Aujourd'hui, nous creusons le sillon, nous avons abouti pour la première fois à une attitude raisonnable et crédible. Je souhaite évidemment que nous poursuivions dans cette voie.


Bonne soirée.

05 août 2010

Nous serons tous vertueux.

Bonjour à toutes et à tous.


Nos ministres sont partis pour trois semaines en vacances. Ils ont tenu à faire savoir qu'ils n'iraient pas très loin, qu'ils étaient prêts à reprendre le boulot s'il le fallait. Leurs séjours sont simples, leurs divertissements pas compliqués, les coûts ne sont pas onéreux, de vraies vacances de Français un peu plus que moyens ! François Baroin a même avoué qu'il les passerait dans la Creuse, c'est tout dire ! (je connais bien, c'est plus bas que le Berry). Nicolas Sarkozy, lui, fera du vélo, regardera la télévision et mangera des pizzas. Finis les yachts, l'Amérique, le bling-bling !

Tout ceci est bien sûr d'un profond ridicule. C'est le triomphe de l'hypocrisie bourgeoise, où ne compte que le maintien des apparences : avoir de l'argent mais ne pas montrer qu'on en a, faire semblant, jouer la comédie d'un train de vie non dispendieux. Et ça change quoi fondamentalement ? Rien du tout, c'est du décor, un rideau de fumée. A tout prendre, je préfère quelqu'un qui assume ce qu'il est et les moyens dont il dispose. Et puis, chacun fait ce qu'il veut de son fric, même quand il est ministre.

Ce comportement est aussi la marque grandissante du puritanisme qui envahit depuis plusieurs années la société française et sa sphère politique. On ne juge plus un responsable sur ce qu'il fait mais sur ce qu'il est. La politique cède le pas à la morale, quand ce n'est pas à la psychologie. Peu m'importe que les gens de droite passent des vacances simples, modestes, austères et laborieuse, puisque ça ne changera en rien leur ligne politique de droite.

C'est pourquoi il faut être très prudent dans l'affaire Woerth qui manifestement n'en finit plus. Ce n'est pas un homme, ses amis, son mode de vie qu'il faut combattre (s'il y a matière à redire, c'est à la Justice de le faire), c'est la réforme gouvernementale des retraites. Méfions-nous de cette société puritaine et moralisatrice qui exige que nous soyons tous vertueux. L'appréciation des vertus personnelles doit être laissée aux directeurs de conscience et éventuellement aux juges, mais n'a pas sa place en politique, où ce sont les résultats collectifs qui comptent, pas les attitudes individuelles. Les grands politiques dans notre histoire ont rarement été de petits saints.


Bonne journée.

04 août 2010

Ma photo dans le journal.



Bonjour à toutes et à tous.


C'est l'été, nous avons tous un ton badin, enjoué, même ceux qui ne sont pas en vacances mais au travail, y compris les très sérieux journalistes de L'Aisne Nouvelle. Dans la parution d'hier, ils m'ont bien fait rire, et je les en remercie pour ça. La blague se passe de tout commentaire, lisez la rubrique du Petit Carillonneur, regardez surtout la photo pour qu'on s'en amuse ensemble (vignette 2).

Antonio Ribeiro, c'est le seul homme politique qui passe ses vacances en cravate et qui n'en porte pas quand il siège au Conseil municipal ! La gauche l'a inventé et la droite l'a récupéré, une histoire de cornecul à la Saint-Quentinoise ! Mais ne soyons pas cruels et injustes avec lui, il n'est pas l'unique à vouloir en ville sa photo dans le journal, sauf que lui s'y prend comiquement. Xavier Bertrand, c'est plus malin, plus raffiné, ça se voit à peine, personne ne le lui reproche, certains même l'en félicitent. La vie politique est douce aux vainqueurs, dur aux vaincus et terrible aux vaincus passés dans le camp des vainqueurs. Il y a peut-être une justice dans tout ça.

Moi aussi, remarquez bien, je veux avoir ma photo dans le journal, comme les autres, comme tout le monde. N'y ai-je pas droit ? Je ne me plains d'ailleurs pas, les journalistes sont gentils avec moi parce que je suis gentil avec eux, voilà le secret d'une bonne communication. S'il n'existait que des types comme moi en politique, tout serait tellement plus facile ! Mais depuis le début des vacances, je n'ai pas vu ma photo dans le journal (à l'inverse de Ribeiro, je suis présent toute l'année sauf cette période-là). Comment faire pour remédier à cette absence ?

Mes activités associatives sont en sommeil estival, je ne vais tout de même pas faire un scoop sur des projets qui n'existent pour l'instant que dans ma tête ou sur le papier. Alors que faire ? Ribeiro est au Portugal, moi je reste à Saint-Quentin. Pas de quoi imaginer une belle photo. Mais pourquoi une belle photo ? Une photo suffit. Je me lance, j'y vais : moi dans ma cuisine, en plein début de vaisselle, c'était hier (vignette 1). Je n'ai pas trouvé mieux, je n'allais tout de même pas me montrer au pieu. Il y a des limites à l'indécence.

Je n'envoie pas ma photo à la presse. Les journalistes qui me lisent n'auront qu'à la repiquer, elle est libre de tous droits, pourvu qu'elle soit légendée, pour ceux qui ne me connaissent pas encore. Je compte sur le prochain Petit Carillonneur pour la publier, mais les autres titres locaux peuvent aussi en disposer à leur guise. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour avoir sa photo dans le journal !


Bonne journée.






03 août 2010

René Merlin.

Bonsoir à toutes et à tous.


En ce début août, où beaucoup d'entre nous sont en vacances, ce sont la plage, le soleil, les loisirs, la vie qui retiennent l'esprit. Mais la mort nous rappelle aussi à notre bon souvenir, en l'occurrence fort triste. On aimerait aller en terre seulement les jours de brume et de pluie. Mais non, aujourd'hui il faisait beau, chaud, ciel bleu, et je suis allé aux obsèques de René Merlin, en l'église Saint-Martin. Combien apprendront sa disparition à leur retour de vacances ? Nous étions tout de même de nombreux Saint-Quentinois à l'accompagner une dernière fois ce matin.

René Merlin n'était pour moi ni un ami, ni un collègue, pas même une simple connaissance. Je ne sais trop comment qualifier la relation qui nous unissait et qui m'a fait participer à la cérémonie religieuse. Je dirais finalement que c'était un camarade, même si je réserve habituellement ce terme à un militant socialiste ou laïque. René était un sympathisant de gauche, mais au sens fort de l'expression, de sensibilité communiste (je ne sais pas s'il était adhérent du Parti), assez proche en son temps de la députée socialiste Odette Grzegrzulka.

C'est d'ailleurs par son intermédiaire que j'ai fait la connaissance de René Merlin il y a douze ans. Odette m'avait alors appris toute l'importance politique d'un milieu que j'ignorais, que je connaissais très mal, sur lequel j'avais des préjugés d'homme de gauche mal dégrossi : les associations d'Anciens Combattants. Merlin en était, et au plus haut niveau puisqu'il faisait partie du Conseil National de l'ARAC, une organisation patriotique proche du PCF, historiquement prestigieuse puisqu'elle a été fondée par Henri Barbusse, sur des valeurs progressistes.

Mais cette proximité ne suffit encore pas pour expliquer la camaraderie qui me liait à lui. On ne se voyait pas très souvent, surtout dans les cérémonies patriotiques auxquelles je suis resté fidèle depuis mon arrivée à Saint-Quentin. Mais a-t-on besoin de se rencontrer souvent pour s'apprécier ? C'est aussi de la promiscuité que naissent les haines. René avait pour moi une forme d'affection et d'estime un peu mystérieuse à mes yeux.

La dernière fois qu'on s'est parlé, c'était dans la salle des mariages de l'Hôtel de Ville, pour je ne sais plus quelle remise de décorations. Déjà très fatigué et malade, il était assis sur l'un des bancs de la pièce que l'on ne remarque pas trop quand on est debout. Je ne l'avais d'ailleurs pas vu malgré son petit signe dans ma direction. On m'a fait remarquer que quelqu'un me demandait, j'y suis allé et j'ai échangé quelques mots avec René. C'est tout. Il était content, c'était suffisant pour nous deux, pas besoin d'en dire plus, d'aller plus loin. J'y repense aujourd'hui avec émotion, je me dis que ce sont les petits signes gratuits, sobres, spontanés qui font les grands liens d'humanité, incomparablement mieux que les longues déclarations trompeuses d'amitié.

Un autre souvenir me vient à l'esprit. René habitait rue de la Pomme Rouge et moi rue Jean Jaurès. La frontière entre nous deux, notre égale distance, c'était le boulevard Henri-Martin, et notre point de rencontre, le bar Le Liberty's, où je vais acheter la presse. Un jour, il m'a dit qu'il lisait mon blog. Je n'en revenais pas ! Je ne l'imaginais pas internaute ni lecteur de mes billets. Décidément, là aussi je suis mal dégrossi et victime des préjugés !

Cette révélation, c'est bête à avouer, m'a également ému. Car si je fais de la politique, si je prends la peine d'écrire chaque jour et de me battre alors que le contexte local ne m'est pas favorable, alors que certains de mes propres camarades m'ignorent ou me dénigrent, c'est parce qu'il y a des personnes comme René Merlin, aux yeux desquelles mon action prend tout son sens et sa justification, pour lesquelles j'irai jusqu'au bout de mon intention, c'est-à-dire la victoire sur les forces de droite. Certains pourront toujours sourire, René était de ceux qui avaient pour moi de la considération. Je le dis sans vanité, parce que je crois que c'est la vérité. D'ailleurs, à l'heure de la mort, il ne reste rien d'autres que la tristesse et la vérité.

Ce matin, pour bien marquer l'importance de René Merlin dans la ville de Saint-Quentin, la Municipalité s'était fait représenter officiellement par Christian Huguet, et plusieurs adjoints étaient présents, Alain Gibout, Alexis Grandin, René Huel, hommes de droite rendant hommage à un homme de gauche. Étaient là également le communiste Georges Ravennes et tant d'autres que je n'ai pas notés. Antoine Crestani, de l'ARAC, a fait un émouvant éloge du disparu, "un ami, un camarade", a-t-il dit. Les porte-drapeaux donnaient de la solennité à la cérémonie, qui s'est terminée, détail qui ne trompe pas, sur des chansons de Jean Ferrat (dont le fameux "Camarade").

René était un ouvrier, travaillant dès l'âge de 14 ans, soudeur-chaudronnier, ayant consacré sa vie aux établissements Bontami. A l'ARAC, il aidait à débrouiller des dossiers compliqués pour obtenir une pension, et il réussissait. Il a été le serviteur modeste d'une cause, sans doute pas aussi parfait que les éloges que suscite sa mort. Mais nous sommes tous ainsi dans le monde des militants, imparfaits mais convaincus et actifs. Il n'y a aucun mérite à ça, nulle récompense à en attendre, seulement la mémoire à entretenir et la vérité à respecter. Je connais la force de l'oubli mais j'aimerais, parmi tant de noms et de visages qui occupent mon esprit, ne pas oublier celui de René Merlin.


Au revoir,
bonne nuit.

02 août 2010

L'avion de tous les fantasmes.

Bonsoir à toutes et à tous.


La première fois que j'en ai entendu parler, c'était il y a quelques semaines, dans un atelier-philo que j'animais. Je ne sais plus pourquoi la conversation en est arrivée là, mais quelqu'un a dit : Sarkozy est en train de se payer un avion luxueux. Je ne savais pas, j'ai même douté. La façon dont l'information était amenée (l'évidence approximative), le ton employé (assez populiste, grassement démago) m'ont fait prendre des distances. Je n'aime pas la politique de caniveau, les attaques personnelles, les histoires de fric et de cul. Je sentais qu'on se la jouait film américain, Air Force One.

Je suis allé voir sur mon site chasseur de rumeurs et canulars, hoaxbuster (à la rubrique "forum"). Sarkozy va acquérir un nouvel avion, ce n'est pas une rumeur, c'est un fait, l'achat n'est pas à titre privé mais pour la présidence de la République. L'avion est d'occasion et retapé, aménagé selon les besoins d'un chef d'Etat d'une grande puissance moderne. Ce n'est donc déjà plus tout à fait l'affirmation initiale.

Mais pourquoi vous parler de ça ? Parce que l'anecdote illustre le rapport maladif et fantasmatique que les Français ont envers le pouvoir, qui chez nous a toujours une dimension monarchique et quasi mystique. Au plus bas niveau, celui de nos élus axonais, la voiture avec chauffeur excite les esprits. Alors un avion, vous pensez un peu ! Comme si nous ne pouvions pas avoir une attitude saine, un jugement purement utilitaire et fonctionnel à l'égard des instruments du pouvoir ...

Sur le Net, à propos de l'avion présidentiel, il a été question d'une cafetière à 25 000 euros. C'est évidemment extravagant, et manifestement faux pour ce que j'en sais. Et puis c'est la baignoire qui a fait causer, avec cette fois une dimension rigolote, la volonté de ridiculiser (comment fait-on pour se baigner dans un avion ?). Enfin le problème de l'évacuation de la fumée des cigares du président s'est soi-disant posé (le cigare est par excellence un attribut du pouvoir tel qu'on le fantasme). Je n'oublie pas non plus, même si c'est un peu trivial et moins spectaculaire, l'installation d'un four à pizza.

Tout ça me semble sans aucune importance et ne mériter aucune attention ni discussion. Mais je vous en parle parce que les gens autour de nous en parlent, hélas. Oui hélas, parce que je préférerais qu'ils me parlent de la politique sécuritaire de la droite pour la condamner. Mais ce n'est pas le cas (ou rarement). Pendant que l'opinion fantasme sur l'avion (et dans tout fantasme il y a une envie dissimulée, une fascination inavouée), elle ne s'en prend pas à la politique, bien réelle celle-là, de Nicolas Sarkozy. On ne battra pas la droite en agitant des fantasmes, même si ceux-ci ont, comme tout fantasme, une part de réalité.


Bonne soirée.