L'Aisne avec DSK

30 septembre 2008

Saint Vincent.

Avec la venue de Krivine et la préparation de Merlieux, je n'ai pas eu le temps de souhaiter une bonne fête à mon collègue, Vincent Savelli, vice-président à la communauté d'agglomération du Saint-Quentinois. Car c'était samedi la saint Vincent! Mais d'autres que moi s'en sont chargés. D'abord la presse de ce week-end, qui rapporte les propos peu amènes de ce gaulliste historique dans le numéro spécial de L'Express consacré au "système Bertrand". L'UMP départementale est décrite comme une "semi-dictature" et Xavier Bertrand comme une "girouette" politique.

Loin de faire amende honorable (la langue peut fourcher, le journaliste peut mal interpréter), Savelli enfonce le clou qui fait mal dans L'Aisne Nouvelle de samedi. L'UMP est accusée de menaces de "représailles" quand on ne suit pas le droit chemin, la critique contre Xavier Bertrand se fait encore plus précise: "Il a été seguéniste, puis pro-Juppé, chiraquien et enfin sarkozyste! C'est un opportuniste."

Je pourrais moi aussi sourire, m'en amuser, pourquoi pas m'en réjouir, d'autant que j'y suis un peu pour quelque chose. Mais je ne le ferai pas. Ce serait pourtant de bonne guerre, me direz-vous? Justement non, ce serait une illusion, qui ne nous empêchera pas de perdre la prochaine bataille. D'abord parce qu'il ne faut pas compter gagner en espérant la division de l'adversaire, alors que le vrai problème du Parti socialiste local, c'est sa division à lui. Ensuite parce que Vincent Savelli est un cas atypique, une dissidence déjà ancienne, l'exception qui confirme la terrible règle: toute la droite est indéfectiblement rassemblée derrière Pierre André et Xavier Bertrand.

La presse se rit de la situation, elle a raison. Mais le parallèle entre Savelli à droite et Ribeiro à gauche est totalement faux. Les deux contestataires ne sont pas à ranger dans la même catégorie. Ribeiro a rejoint la droite très vite, Savelli, anticommuniste forcené, ne rejoindra jamais la gauche. Il continuera à ruer dans les brancards et il restera dans l'attelage.

La seule certitude, c'est que les municipales de 2014 n'auront rien à voir avec celles de cette année. Xavier Bertrand remplaçant Pierre André, le débat politique sera plus violent, la droite va changer cette fois son équipe, tourner la page d'une génération. Des dissidents, à la façon de Vincent Savelli, seront tentés de faire sécession, de présenter une autre liste, d'autant qu'ils ne seront sans doute pas sur la liste UMP. Il n'est pas impossible que la gauche suive une évolution assez semblable, le PS local accentuant sa radicalisation et sa marginalisation en travaillant avec l'extrême gauche, produisant là aussi une dissidence, qui pourrait être tentée par une liste indépendante.

Quatre listes aux municipales, on n'aurait pas vu ça depuis longtemps à Saint-Quentin, le jeu redeviendrait ouvert, à la différence de ces quinze dernières années, où la victoire de la droite a été vécue à chaque fois comme une fatalité. Tout cela est encore loin, six ans. Mais ça commence... maintenant.


A plus tard.

Royal fait du Ségolène.

La réunion publique de Ségolène Royal, samedi au Zénith de Paris, a provoqué des réactions que je ne partage pas, que je condamne même, celles d'Henri Emmanuelli, qui a parlé de "show business", de "rassemblement de secte", de "logique de publicité commerciale". Certes, je comprends que mon camarade ne se soit pas reconnu dans cette manifestation. Moi non plus. "Chacun son style", a dit plus sobrement Martine Aubry. Mais les critiques d'Henri, qui font rarement dans la dentelle, sont excessivement violentes. Royal a fait simplement ce qui lui réussit le mieux, ce qui la rend populaire: du Ségolène! La vraie question, c'est de se demander pourquoi 4 000 personnes ont répondu à l'appel?

Sur le fond, je ne varie pas sur mon analyse du phénomène Royal, tel que je l'ai exposée dans ce blog depuis 2006. Ségolène rompt incontestablement avec le socialisme traditionnel (d'où la fureur d'Emmanuelli), non pas pour rejoindre la social-démocratie (à laquelle elle ne se réfère jamais), mais plutôt pour constituer une gauche à l'américaine, celle du Parti démocrate, avec sa forte personnalisation, ses conventions très ludiques et fort peu idéologiques, son attachement aux questions sociétales, son approche "concrète" des problèmes actuels.

C'est ce que mon camarade axonais Thierry Doukhan appelle la "life politic". La popularité de Ségolène vient de là: son adaptation à toute une série d'aspirations contemporaines, qu'elle incarne et dont elle réalise la synthèse. Avec tout de même une "french touch", une certaine radicalité dans le diagnostic, même si les propositions sont rarement révolutionnaires.

La social-démocratie, c'est autre chose: une plus grande attention aux questions économiques et sociales, une démarche politique plus collective, une modernisation de nos fondamentaux qui ne va pas jusqu'à la rupture. Delanoë représente l'aile droite de la social-démocratie, Aubry son aile gauche. C'est pourquoi ces deux motions auraient vocation à fusionner, d'autant que la famille strauss-kahnienne se partagent entre elles. Dans une telle configuration, il ne serait pas exclu que Pierre Moscovici retrouve une place de candidat au poste de premier secrétaire.

Gauche démocrate conduite pas Ségolène Royal, social-démocratie représentée par Delanoë et Aubry, socialisme traditionnel de Benoît Hamon, voilà autour de quoi devrait tourner le congrès, si nous acceptons de ne pas en faire une querelle de personnes.


Bon après-midi.

Petit conseil, longue durée.

Bonjour à toutes et à tous.

C'était hier, à Saint-Quentin, le conseil municipal de rentrée. On allait voir de ce qu'on allait voir! Affaire Ribeiro, affaire Savelli, le mur de Debresie et tout le reste... On n'a rien vu! Pourtant, il y avait du monde au balcon, beaucoup plus de public que d'habitude, qui n'avait d'yeux que pour le transfuge qui a rejoint la droite et qui continue de siéger au côté de la gauche. Mais il ne s'est rien passé, seulement en fin de séance une question orale que l'opposition a voulu poser à propos de Ribeiro et qui a été étouffée dans le brouhaha.

Tout a commencé par une intervention de Michel Aurigny (Parti Ouvrier Indépendant) pour critiquer la télétransmission des documents administratifs, confiée aux collectivités et pas à l'Etat. Une remarque dans le droit fil de l'étatisme du POI. Le maire a répondu sèchement: "Je ne sais pas, vous avez certainement raison", et il a mis au vote le projet. Une entrée en matière froide et cinglante, du Pierre André tout craché.

Le maire a été plus doux mais pas plus tendre avec Carole Berlemont (PS), qui lui fait remarquer que le surclassement démographique de la ville, ouvrant droit à une augmentation de la dotation de solidarité urbaine, prouve que la ville est pauvre et que sa politique a donc échoué. Le premier magistrat retient seulement que Saint-Quentin bénéficie de moyens financiers supplémentaires, grâce à son amendement de la loi Borloo.

Lorsque Jean-Pierre Lançon (PS) émet des doutes sur les exonération fiscales en faveur des "jeunes entreprises innovantes", Pierre André rétorque que toutes les municipalités le font, pour attirer les entreprises et faire face à une concurrence maintenant européenne. Ce type d'entreprises lui semble préférable aux grands hangars de la logistique, qui occupent beaucoup d'espace pour peu d'emplois.

Michel Aurigny revient à la charge sur le prix de l'eau. Mon ancien collègue payait 1,25 francs le m3 sa facture de 1977, et 4,76 euros aujourd'hui. Ailleurs, selon lui, c'est beaucoup moins cher, surtout quand l'eau est en régie. L'opposition demande donc le retour à la régie municipale et l'abaissement du m3 à moins de 3 euros. Pierre André, à nouveau, ne ménage pas Aurigny, l'accusant de "mauvaise foi". Ses explications? Il faut payer les travaux d'assainissement, la station d'épuration. Et si on devait installer un réseau des eaux pluviales, dont Saint-Quentin aurait bien besoin, et remplacer les canalisations en plomb, les coûts seraient énormes.

Quant à la solution de la régie, le maire répond qu'on y est déjà, à 75%, seule l'exploitation (la station d'épuration) étant confié au privé, qui dispose du savoir faire nécessaire. Sur le projet politique d'un service public de l'eau, il est critique. La plupart des communes rurales ne sont pas assainies, le coût à nouveau va être gigantesque. Le principe de Pierre André: mieux vaut faire payer le consommateur que le contribuable. Valor'Aisne, syndicat départemental chargé de la gestion des déchets, ne prouve pas selon lui que les collectivités gèrent mieux ce type de problème que le secteur privé.

La seule et unique concession que va faire le maire à l'opposition fera suite à l'intervention de Nora Ahmed-Ali (Verts), qui propose la collecte des déchets ménagers au porte à porte, sans passer par les containers. Pierre André retient l'idée, suggère d'y réfléchir en associant l'opposition et annonce une consultation de la population.

Olivier Tournay (PCF) souligne que 1200 logements sociaux manquent à Saint-Quentin pour satisfaire les besoins. Un débat s'ensuit sur la politique du logement, avec des considérations diverses du maire sur la monoparentalité qui modifie la donne, l'occupation des HLM par ceux qui ne devraient pas en bénéficier et qui les libèrent quand des appartements de standing leur sont proposés, le coût de la rénovation qui rend préférable la destruction.

La séance s'est terminée sur trois questions orales, dont la dernière, sur Ribeiro, a été apparemment shuntée. Olivier Tournay a proposé que la Ville verse une subvention aux victimes de la tornade d'Haumont. Cette fois, le maire se replie sur la solidarité financière de l'Etat, convenant seulement d'une aide matérielle. Michel Aurigny, qui a ouvert le feu, a aussi conclu, pour condamner les suppressions de poste et les réductions d'horaires à la Poste de Saint-Quentin. Pierre André, au contraire, se félicite de la création d'une centaine d'emplois et de la suppression des heures où personne ne vient aux guichets.

Un court débat, plus politique, a porté sur la privatisation de la Poste, le maire, malin, faisant porter la responsabilité à... Jospin et à l'Europe, tout en vantant le modèle allemand, le conseiller municipal d'opposition demandant le rétablissement du monopole d'Etat et refusant de confier aux superettes certaines tâches postales.

Mon impression sur ce conseil municipal de rentrée? Le barouf attendu par la presse n'a pas eu lieu, l'opposition s'est assagie, Pierre André n'a pas changé, les échanges ont été intéressants mais pas concluants, chaque conseiller municipal d'opposition y va de son registre, sans qu'on discerne vraiment une ligne politique générale. Mais peut-elle vraiment exister avec une telle hétérogénéité des appartenances?

Bref, un petit conseil sans éclats, pour une durée inhabituellement longue (2h35). Rien sur le mur Debresie (où en est-on?), rien sur les rémunérations des animateurs de la plage en deçà du Smic, rien non plus, à mon grand étonnement, sur les feux de poubelles et incendies de voitures qui perturbent la tranquillité de la ville depuis quelques jours, alors que la police municipale s'est installée depuis peu dans le quartier Europe.


Bonne matinée.

29 septembre 2008

A demain.

Bonsoir à toutes et à tous.

Week-end et lundi chargés, le temps m'a manqué pour rédiger mes billets. Je vous donne rendez-vous demain, où je vous parlerai notamment de la séance de ce soir du conseil municipal de Saint-Quentin, à laquelle j'ai bien entendu assisté.


Bonne nuit.

28 septembre 2008

Krivine.

Bonsoir à toutes et à tous.

Chaque grosse manifestation qui se termine et c'est le vide en moi, quelques heures seulement. C'est le même phénomène à chaque fois. La préparation met plusieurs mois, des premières idées jusqu'à la finition du projet. Beaucoup d'efforts, et puis le grand jour arrive, tant attendu, vite terminé. Heureusement, le vide est rapidement comblé par un nouveau projet. Je n'imagine pas arrêter. Ou alors je plaque tout!

J'ai encore vécu ça aujourd'hui, avec le débat sur Mai 68, le dernier de la commémoration, avec Alain Krivine, à Merlieux. Du monde, du fond, des interventions, bref une réussite. Krivine m'est apparu plus âgé que je ne le croyais, mais progressivement, au fil de son discours, le visage s'est animé, a rajeuni! Aussi fou que la chose puisse paraître, je crois que la politique maintient en forme, donne la santé, ressuscite l'énergie, contribue à une forme d'immortalité. Car notre personne perd de son importance, on s'inscrit dans leur cours de l'humanité.

Krivine, grand bonhomme, leader historique, est foncièrement modeste, presque détaché, ne se prenant pas du tout pour "Krivine". Sympa avec ça, pas compliqué, sans méfiance. J'ai l'oeil: des personnalités, j'en ai pas mal approchées ou contactées pour mes diverses activités, et les socialistes ne sont pas toujours les moins chiants. Krivine est très sympa. Il a aimé le débat, a apprécié le respect qui s'est instauré entre les intervenants. Bien sûr, il a beaucoup été question du NPA. Normal.

Dans mon rôle d'animateur, je n'ai pas donné mon point de vue. Mon objectif est de susciter le débat, pas d'imposer mes opinions. Mais à plusieurs reprises, je me suis retrouvé dans les propos de Krivine. Non pas que je sois devenu révolutionnaire ou trotskiste, mais il y avait du vrai dans certaines remarques. Je pense en particulier à cette volonté de Krivine et de ses amis de s'unir à la gauche, sur des points précis, dans des combats circonstanciés, mais sans se retrouver dans une coalition politique, car là, les positions idéologiques sont en jeu, et il ne peut pas y avoir de compromis là-dessus.

J'ai jugé particulièrement pertinente l'analyse de Krivine sur les "nonistes" de 2005 et les suites de leur engagement. Pour lui, ils n'ont pas respecté le mandat que leur avait confié le peuple, en se mêlant, au sein du PS, aux partisans du oui, ou bien ailleurs, quand le "noniste" Bové rejoint le "ouiiste" Cohn-Bendit. Si l'analyse est juste, je n'en partage pas la conclusion. A mes yeux, il est capital de pouvoir dépasser le clivage entre le oui et le non à la Constitution européenne dans les rangs du PS, comme s'y essaie la motion Aubry. Mais il est bon aussi de voir cette question avec d'autres yeux, en l'occurrence ceux de Krivine.

Deux anecdotes pour finir: l'enfant Krivine, sous l'Occupation, a été caché dans l'Aisne, à La Fère. Aurais-je osé lui dire que mon premier vote, aux élections européennes de 1979, avait été pour lui? J'ai bien changé depuis, en bien j'espère.


Bonne soirée.

27 septembre 2008

Mort à crédit.

Bonjour à toutes et à tous.

Bush, Sarkozy et Fillon viennent de faire une effrayante découverte: le capitalisme est un système économique dangereux, injuste, qui peut entraîner les sociétés dans la crise. Les pauvres qui achètent à crédit des maisons, les petits épargnants en sont les premières victimes. Mais le capital lui-même n'est pas à l'abri: des banques font faillite, ferment boutique, sont rachetées par l'Etat.

Bush, Sarkozy et Fillon ont la compréhension tardive. Depuis deux siècles, à intervalles réguliers, le capitalisme subit des crises, ruine, détruit, spolie. Céline décrit cette tragédie dans son roman au titre significatif, "Mort à crédit". Depuis Marx et quelques autres, les socialistes nous expliquent ça scientifiquement et proposent des solutions alternatives, de la pure et simple abolition du capitalisme (le communisme) à sa régulation (la social-démocratie).

La crise actuelle du capitalisme est financière. Des produits de plus en plus complexes, ne reposant sur rien de solvable, se répandent dans le système bancaire mondial, littéralement le "pourrissent". Le réel finit par se dissoudre dans les abstractions financières, des sommes énormes circulent sans correspondre à quoi que ce soit, des constructions sophistiquées, alambiquées, s'écroulent. Le capitalisme s'en sortira, il s'en est toujours sorti. Ne rêvons pas au "grand soir". Mais il détruira, parce qu'il a toujours détruit.

Bush, Sarkozy et Fillon sont apeurés. Les promoteurs du système veulent nous protéger de ses méfaits, un peu comme des gardiens de prison mettant en garde contre le système carcéral. Je ne leur fais pas confiance, ils sont très mal placés. Les voilà qu'ils reprennent quelques mesures socialistes: nationalisation d'une banque, intervention de l'Etat, critique des hautes rémunérations patronales. Mais ça ne fait pas d'eux, loin de là, des socialistes. C'est pourtant un hommage qu'involontairement ils leur rendent.

Fillon, futé, en appelle à "l'unité nationale". Bref, il nous met dans le caca et demande qu'on l'y rejoigne. Il s'amuse à nous rejouer, à la française, l'unité provisoire Mac Cain-Obama. Merci bien, sans moi. Dans les semaines qui viennent, les socialistes, à l'occasion de cette crise du capitalisme, devront reprendre l'offensive idéologique et politique. Car qui mieux qu'eux peuvent se vanter d'avoir été clairvoyants, depuis toujours, sur la nature et la logique de ce système? Qui mieux qu'eux peuvent apporter des solutions crédibles, et pas des pansements dans l'urgence?

Je ne veux pas la révolution, je n'y crois pas, et quand elle arrive, elle produit un système pire que celui qu'elle abat. Je veux la régulation, la social-démocratie, comptant sur des victoires de la gauche au niveau national, espérant en l'action de DSK au niveau international.


Bon après-midi.

26 septembre 2008

Dépasser les courants.

Bonsoir à toutes et à tous.

"Nous devons dépasser les courants pour conjuguer les engagements". C'est une phrase que vous pouvez lire à la fin de la motion conduite par Martine Aubry, c'est l'une des raisons, forte, pour laquelle j'en suis signataire. Le déroulement dramatique des municipales à Saint-Quentin m'a confirmé dans une idée ancienne, souvent argumentée sur ce blog: il faut en finir avec les "courants", devenus mortels pour le Parti socialiste. Je crois qu'une grande majorité de mes camarades, au niveau national, l'ont bien compris. Au plan local, chez moi, c'est hélas autre chose...

Bertrand Delanoë et Ségolène Royal, à leur façon, qui n'est pas la mienne, contestent le système des courants. Mais ils le remplacent par le système des personnes, la présidentialisation du débat, qui n'est pas une bonne chose. Les courants doivent être "dépassés", pour reprendre l'expression de Martine Aubry, collectivement, par un travail d'équipe rassemblant des sensibilités différentes, et même il n'y a pas si longtemps opposées. C'est ce qu'il y a de fécond dans la démarche initiée par les Reconstructeurs et maintenant conduite par le maire de Lille.

Car un courant est un clan ou une écurie, pas une sensibilité d'idées. On les accuse principalement de diviser le Parti et on a bien sûr raison, mais il faut analyser plus loin la malfaisance de ce système des courants, qui au départ était bon, mais qui a été perverti pour trois raisons:

1- Tant que le PS a été un parti d'opposition, c'est-à-dire la majeure partie de son existence, les courants avaient leur pertinence, nourrissaient le débat idéologique, comme dans les années 70. Devenu à partir de 1981 parti de gouvernement, le PS a été accaparé par des tâches de gestion, dans lesquelles l'idéologie avait une part beaucoup moins grande, ce qui a conduit à une dévitalisation intellectuelle des courants.

2- La chute de l'idée révolutionnaire, le discrédit porté sur l'idéologie de la rupture précipitent également la disparition des courants, qui s'alimentaient abondamment à cette source de la radicalité. Les courants au PS ont surtout été vivants et actifs à sa gauche, très peu à sa droite.

3- La social-démocratisation généralisée, perceptible dans la nouvelle Déclaration de principes, favorise l'émergence d'une large majorité réformiste, non plus une fragmentation en courants très typés et rivaux.

Martine Aubry est celle qui est allée le plus loin dans le dépassement des courants, puisqu'on en retrouve quatre autour d'elle, qui effectuent leur mutation:

- Les strauss-kahniens, orphelin de leur leader, victime aussi d'une crise de croissance.
- Les fabiusiens, soucieux d'échapper à la marginalisation dans laquelle ils se trouvaient depuis trois ans.
- Les rénovateurs de Montebourg, laissant derrière eux un NPS trop traditionnel et un NPS trop "droitier".
- Les poperénistes (mais oui!), dont on parle très peu, mais dont la figure la plus emblématique, Alain Vidalies, a rejoint aussi Martine Aubry. Ce n'est pas pour m'étonner: il y a quelques mois, j'avais consacré un billet à la transformation du poperénisme en néo-poperénisme, bien différent de la pensée de son fondateur. On n'imagine par exemple pas Jean Poperen approuver, à Saint-Quentin, l'union avec trois organisation trotskiste.

De ce creuset peuvent naître un nouveau Parti socialiste, un réformisme moderne, une culture politique inédite, sur les cendres des vieux courants.


Bonne soirée.

Victoire et vérité.

Un événement en chasse un autre, très rapidement. C'est la loi de notre société médiatique. Pourtant, un événement en éclaire souvent un autre. A l'heure où Xavier Bertrand est mis en valeur dans l'enquête de L'Express, j'aimerais revenir sur la victoire historique de la gauche dimanche dernier, aux élections sénatoriales dans l'Aisne.

D'abord pour souligner le poids politique renforcé d'Yves Daudigny chez les socialistes. Je m'en réjouis, parce que Yves est une sorte de sage, fort éloigné des passions politiques ordinaires, et pratiquant une très habile prudence. Pour notre congrès, il n'a signé aucune contribution. Je souhaite que sa victoire soit un exemple, qu'elle appelle d'autres victoires, je pense bien sûr à Saint-Quentin. Mon voeu le plus cher, c'est que notre ville ne soit pas laissée à la droite, au prétexte qu'on ne pourrait rien contre Xavier Bertrand. Mais si! Nous le pouvons si nous le voulons, si nous nous unissons, si nous adoptons un discours crédible, une ligne modérée, bref si nous suivons l'exemple d'Yves Daudigny.

Dans son édition du 22 septembre, sous la plume de Thierry de Lestang Parade, L'Union le dit très bien, à propos de Daudigny: "Battu, il risquait de perdre beaucoup. Aucune armée n'accepte très longtemps les consignes d'un général battu. Vainqueur, Yves Daudigny est en mesure de calmer les ardeurs de ceux qui ambitionnent de lui succéder dans sa propre famille politique. Sa marche de manoeuvre est encore plus grande. Renforcé, il reste incontournable".

J'en viens maintenant à la droite. Son big boss, Xavier Bertrand, n'est pas un manchot, comme le montre L'Express de cette semaine. Et pourtant, le secrétaire départemental de l'UMP qu'il est, avec tous les soutiens et les moyens qui sont les siens, a subi une défaite. J'aimerais qu'on le dise, qu'on le crie, surtout à Saint-Quentin, que l'on brise cette image d'éternel gagnant qu'il a su se donner et qui fait de nous, la gauche locale, des loosers. Là encore, L'Union a repéré ce paradoxe de l'homme fort qui n'évite pas la défaite de son camp, sous la plume de Jean-Michel Roustand cette fois:

"L'élection d'Yves Daudigny confirme aussi un paradoxe axonais: plus Xavier Bertrand prend du poids dans le gouvernement, plus l'UMP relâche son emprise sur le département. La droite rêvait d'un grand chelem aux législatives, la gauche a brillamment reconduit tous les sortants. Les cantonales devaient voir la droite réduire son retard, c'est la gauche qui a accentué son avantage. Quant aux municipales, elles se sont soldées, pour la droite, par la chute sans compensation de Soissons et de Villers-Cotterêts".

Xavier Bertrand n'est donc pas tout puissant. Roi à Saint-Quentin, il redevient ailleurs un combattant politique comme les autres, essuyant des défaites. Son infaillibilité ne vaut que dans le périmètre de la Cité des Pastels. C'est pourquoi mes camarades axonais ont parfois du mal à comprendre la situation de la gauche locale, son écrasement par la droite municipale, et l'impérieuse nécessité de l'union de tous les socialistes, si nous avions l'intelligence de le comprendre, la volonté de le réaliser et l'ambition de gagner.

Vous allez sans doute me dire que je me répète, que je brasse du vent, que mes recommandations ne sont pas suivies, que je ne parviens pas à convaincre. C'est vrai, vous avez raison. Mais j'ai aussi raison de défendre sans relâche ce que je crois être une vérité. Et la vérité, en politique comme ailleurs, finit toujours par l'emporter.


Bon après-midi.

Le système Bertrand.

Bonjour à toutes et à tous.

L'Express consacre un numéro spécial au "système Bertrand" à Saint-Quentin. Les Saint-Quentinois un peu au fait de ces choses n'apprendront rien de bien nouveau, mais une lecture attentive révèle tout de même quelques surprises. Ce que je retiens de tout ça:

Xavier Bertrand est un bon, comme dirait Pierre André. Le titre pose d'emblée le personnage: "Le fabuleux destin de Xavier Bertrand". La suite confirme: "Jamais cette ville pauvre de 60 000 habitants n'a connu un tel champion politique. Elle en tire une fierté d'autant plus grande que Xavier Bertrand a su rester accessible".

Pour poursuivre dans la métaphore cinématographique, je dirais que l'avenir de Bertrand se présente comme un long fleuve tranquille: "Avec une opposition divisée, un centre inféodé, une succession tranquille en vue à la mairie et une UMP départementale - qu'il préside - bien gardée... Xavier Bertrand n'a aucun souci à se faire". Hélas...

La conclusion de l'article est de la même veine: "A 43 ans, Xavier Bertrand a l'éternité devant lui". Et ce n'est pas la gauche, qui se dispute à coups de pistolets à eau et boulettes de papier, qui va le tuer. Tout cela est triste, tout cela est vrai.

La gauche locale justement, comment L'Express la perçoit-il? Elle tient peu de place dans l'enquête, son sort est réglé en une phrase et un chiffre: "... la gauche locale, aux prises avec une terrible guerre fratricide, demeure tétanisée". On ne peut pas dire mieux, on ne peut pas dire pire. Le chiffre? 1 367, c'est le nombre officiel d'adhérents UMP. La section socialiste oserait-elle même afficher le nombre de ses militants? Chacun sait, ce n'est pas un secret, qu'il ne vaut mieux pas. Le résultat des élections, l'explication de la réussite des uns et de l'échec des autres sont là, dans ce rapport de forces net et sans bavure, totalement disproportionné, écrasant.

Côté surprise, la plus grosse est dans la révélation de l'opposant n°1 à Xavier Bertrand, qui ne vient pas des rangs de la gauche mais... de la droite. C'est Vincent Savelli, maire-adjoint, gaulliste historique, qui tient les propos les plus durs, en bon connaisseur, de l'intérieur, du "système Bertrand", où il règne, selon ses propres termes, "une ambiance de semi-dictature". Bigre! Quant à celui que beaucoup appellent "Xavier" avec des trémolos dans la voix et de l'humidité dans les yeux, Savelli ne succombe manifestement pas à son charme. Il le juge "brillant mais sans idéal", avec les "convictions d'une girouette". Vincent Savelli deviendrait-il notre François Bayrou local? En tout cas, sa place n'est plus assurée sur la liste municipale de 2014!

Deuxième surprise, le retour d'Odette Grzegrzulka l'ancienne députée et l'absence d'Anne Ferreira l'actuelle députée européenne, alors que Jean-Pierre Lançon est présenté comme "leader de l'opposition municipale". J'avoue ne pas savoir ce que signifie ce micmac, il n'y a peut-être rien à comprendre. A force de vouloir rendre intelligible ce qui ne l'est pas, je ne saisis plus rien. J'en reste sagement à l'évidence: une gauche divisée et sans espoir. Jusqu'à quand?

Une dernière petite surprise, plus anecdotique: psychologiquement, je n'ai jamais beaucoup aimé Xavier Bertrand, onctueux, séducteur, tandis que la personnalité plus franche, plus brutale de Pierre André me plaît bien. Mais j'ignorais, à propos du ministre du Travail, cet aspect de son personnage que décrivent Pascal Gruny et Pierre André, "un farceur qui adore envoyer de faux SMS ou piquer les affaires des gens" selon la députée, "quelqu'un de simple et de jovial, avec ses rondeurs et son sourire, qui n'a pas pris la grosse tête, a su garder son côté un peu gamin et demeurer proche des gens", selon le sénateur-maire. J'y penserai quand je le croiserai, ça m'encouragera à lui serrer la main. Sinon, ça ne changera rien politiquement.


Lisez L'Express,
passez une bonne matinée.

25 septembre 2008

La loi de la ressemblance.

La lutte pour la présidence du Sénat ne m'intéresse guère. C'est un combat pour départager trois hommes de droite, et un quatrième qui ne veut pas se soumettre à cette primaire. Le résultat, la victoire de Gérard Larcher, ne change rien et n'apprend pas grand-chose. Pourtant, je veux vous en parler, parce que toute élection mérite réflexion, et celle-ci est fort instructive. Elle pose une grande question, une profonde énigme, un épais mystère: pourquoi se fait-on élire? Bien des postulants, à quelque scrutin que ce soit, aimeraient connaître la clé de la réussite, la martingale du succès. Je crois que le vote au Sénat nous apporte une réponse.

De Gérard Larcher et Jean-Pierre Raffarin, les deux candidats les plus sérieux, lequel devait-il normalement être élu? Il n'y a pas photo, comme on dit, c'est Raffarin. Larcher n'a pas la notoriété de l'ancien Premier ministre, et ce n'est pas lui faire injure que de dire qu'il n'a pas non plus son intelligence, son brio. Le Sénat a besoin de rénover son image, de défendre sa fonction et de préserver sa majorité en 2011. Raffarin était l'homme de la situation. Et pourtant, il a perdu, et bien perdu. Qu'est-ce qui s'est passé?

On ne peut pas imputer cet échec à une divergence de convictions (les deux hommes sont sur la même ligne politique), ni à un déficit d'image de Raffarin (c'est le contraire qui est vrai!), ou bien à un règlement de compte (Raffarin est dans les meilleurs termes avec l'Elysée). Alors quoi? C'est là où je veux en venir, le principe universel qui conditionne la réussite électorale: la loi de la ressemblance. Quelle est son équation? Le suivant: tout individu, dans quelque groupe que ce soit, se fait élire par ce groupe, de préférence à un autre candidat, que parce qu'il est à la ressemblance du dit groupe. Tout électeur vote d'abord pour quelqu'un dont il se sent proche, qui lui ressemble, surtout quand les enjeux idéologiques ne sont pas déterminants.

Cette loi, comme toute loi, connaît des exceptions remarquables. Quand les Français votaient de Gaulle, c'est parce qu'il ne leur ressemblait pas. Mais quand ils votent Sarkozy, c'est parce que celui-ci parle comme eux, leur ressemble, partage les même préoccupations. Imagine-t-on le Général baser une campagne électorale sur le pouvoir d'achat ou la sécurité? Non, son souci était la grandeur de la France. A part quelques contre-exemples, la loi de la ressemblance explique les choix du suffrage universel. Gérard Larcher est l'image presque caricaturale du sénateur, il ne pouvait que gagner. Raffarin, de ce point de vue, ne pouvait pas l'emporter. Appliquez cette loi à n'importe quelle consultation, grande ou petite, vous serez surpris par sa pertinence.


Bonne fin d'après-midi.

Trois choses à vous dire.

Bonjour à toutes et à tous.

Permettez-moi de revenir sur la rupture avec Pierre Moscovici, non pour ressasser cet événement douloureux pour un strauss-kahnien comme moi, mais pour analyser, comprendre et tirer des leçons, aussi bien au plan national qu'au niveau local, car l'un doit inspirer l'autre (tout se tient). L'activité politique repose sur trois bases, heureuses ou malheureuses:

1- Le malentendu.

Dans toute action politique, il y a une part de malentendu, c'est-à-dire quelque chose qu'on n'entend pas ou qu'on ne veut pas entendre. Moscovici voulait l'union de tous les réformistes, Delanoë, Royal, Aubry. C'était l'idéal. Cambadélis voulait la coalition de tous ceux qui rejettent les deux présidentiables, Delanoë et Royal. C'était la réalité. Deux stratégies différentes, que l'un et l'autre n'ont pas voulu entendre, faisant comme si l'autre avait entendu. Un malentendu finit toujours mal, une fois qu'on l'a vraiment entendu, c'est-à-dire compris.

Même situation à Saint-Quentin: je me porte candidat, de longue date, et j'ajoute un codicille, il me faudra une large majorité, sinon l'unanimité, non par goût du plébiscite mais par souci d'efficacité. Résultat: quelques camarades entendent le début du propos et restent sourds à la fin. D'où leur stupeur quand je renonce, étant persuadé, eux, que je me présenterai (à tel point qu'ils l'avaient annoncée à la presse, moi découvrant ma candidature certifiée par le journal!). Depuis, ils ne sont pas sortis de leur stupeur, ils répètent en boucle, incrédules, affolés, autistes: pourquoi-tu-t'-es-pas-présenté?


2- Le symbole.

L'action politique est certes rationnelle, reposant sur des réflexions et des convictions, mais elle repose aussi sur des symboles, qui peuvent être voulus ou subis, dans les deux cas l'expression d'une vérité. A La Rochelle, la solitude de Moscovici à la terrasse d'un café, alors que dans le restaurant d'à côté, ses amis déjeunent sans lui porter un regard, cette image-là en dit plus long que bien des discours, elle a plus d'efficacité que n'importe quelle prise de position. Le début de la fin pour le courant strauss-kahnien aura commencé là.

A Saint-Quentin, voir la section se donner une tête de liste aux municipales qui a siégé dans l'ancienne municipalité, qui était il n'y a pas si longtemps exclu du PS pour non respect de ses règles, qui donne l'image la plus dure, la plus fermée, la plus radicale de notre Parti, comment ne pas y voir un signe flagrant de régression et de décomposition, dont l'affaire Ribeiro est un aspect, comme l'absence de toute réunion de section depuis la rentrée?


3- La confiance.

Entre Mosco et Camba, elle s'est érodée, jusqu'à disparaître. Quand un premier coup de canif a été porté, la suspicion s'installe, tel un poison, et on ne peut plus revenir en arrière. C'est ce qui s'est passé lundi soir. Politiquement, Moscovici pouvait encore rester auprès d'Aubry, trouver un place éminente dans ce dispositif. Mais il était trop tard, le raisonnement ne pouvait plus rien contre l'affect. Quand l'engrenage de la défiance est en route, plus rien ne peut l'arrêter, il écrase tout sur son passage, il n'épargne personne.

A Saint-Quentin, le recours au rapport de forces, l'approche purement procédurière d'un problème qui était avant tout politique, l'absence de méthode dans la gestion des conflits, tout cela a miné la confiance des uns envers les autres. Autant je ne crois pas en l'amitié en politique (qui n'est qu'un prétexte, une manipulation), autant je crois indispensable la confiance.

Je vois clair dans les faiblesses et les limites de mon courant. Que chacun fasse de même avec le sien.


Bon après-midi.

24 septembre 2008

"L'Aisne avec M. Aubry".

Bonsoir à toutes et à tous.

Le congrès du Parti socialiste est entré dans sa deuxième phase, celle des motions, après l'acte un, les contributions, et avant le dernier acte, le congrès en lui-même. Les choses sérieuses commencent. Mais cessent-elles jamais en politique? Nous étions partis à 21 contributions, nous voilà arrivés à 6 motions:

1- Deux toutes petites, mais fort estimables, dans lesquelles il y a des idées à puiser: Utopia, que j'apprécie tout particulièrement, des altermondialistes qui sont réformistes, et le Pôle écologiste, que je connais un peu moins bien. Ce sont des motions de témoignage, elles ne joueront pas un rôle stratégique énorme.

2- L'aile gauche du Parti est réunie derrière l'image avenante et intelligente de Benoît Hamon. C'est le meilleur choix qu'elle pouvait faire. Mélenchon, qui est finalement de la partie, a raison de souligner que le fait est "historique". Il faut remonter très loin pour trouver une aile gauche unifiée. Pourquoi? Parce qu'avant, cette gauche antilibérale, radicale, traditionnelle, dominait le Parti, faisait et défaisait les majorités. C'est aujourd'hui terminé, elle est dans la marge, mais une marge qui peut se révéler, à Reims, confortable, avec un score non négligeable. Cependant, le leadership intellectuel et politique au PS est entre les mains de la social-démocratie, ce qui explique que celle-ci se paie le luxe de la division, comme autrefois l'aile gauche dominante. Quand on est fort, on peut se permettre d'être dispersé (pas trop quand même!), quand on est faible, il faut rester groupé.

3- Après l'aile gauche, l'aile droite (je sais, ces distinctions sont abruptes, mais parlantes): la motion inspirée par Ségolène Royal et conduite par le maire de Lyon, Gérard Collomb. Alliance avec le centre, rupture avec la tradition socialiste la plus classique, c'est le ségolénisme tel que je l'ai toujours perçu et analysé, une forme française du Parti démocrate américain, au demeurant fort estimable, avec ses bons côtes et ses dimensions qui me conviennent moins (relisez les premiers mois de ce blog, dans les archives 2006). Combien pèse désormais Ségolène, après la déferlante de 2006? Personne ne sait, parce que personne ne sait combien pèse n'importe laquelle des "grandes" motions. Le comptage des signatures de soutien est trompeur. A ce petit jeu, Mélenchon serait un faiseur de roi au PS, ce qu'il n'est pas.

4- Bertrand Delanoë est porteur d'un socialisme libéral assumé, décomplexé, une social-démocratie urbaine, sociologiquement ancrée dans la nouvelle bourgeoisie progressiste (les fameux "bobos"), à l'image de sa vitrine parisienne. Je me sens assez proche de ces idées-là, même si je ne fais pas partie socialement ni psychologiquement de cette bourgeoisie sympa. Mon désaccord avec Bertrand est ailleurs: audacieux dans ses idées économiques et sociale, il redevient classique dans ses pratiques politiques, de par son alliance avec François Hollande, très sympa lui aussi, mais trop traditionnel à mon goût dans sa conception du Parti (refus des primaires, refus de nouvelles alliances).

5- Martine Aubry représente une social-démocratie elle aussi à l'image de sa ville: nordiste, ouvrière, européenne, parfois avec des accents traditionnels qui ne me plaisent pas trop, mais il faut faire avec. Ce qui est certain, c'est que son modernisme, son réformisme reprennent en les actualisant les fondamentaux du socialisme, alors que les dérives de Ségolène me font parfois peur, et que le sur place de Bertrand ne m'enthousiasme pas toujours. Le soutien de Pierre Mauroy à la motion Aubry est à cet égard un fort symbole.

Voilà donc où nous en sommes. C'est parti pour un petit mois et demi de campagne interne, jusqu'au 6 novembre, où le choix des adhérents se fera entre ces 6 motions. L'Aisne avec DSK va donc provisoirement se transformer, le temps de ce congrès, en l'Aisne avec Martine Aubry, dont je vous raconterai les péripéties. Les commentaires seront ouverts à tous, sans exclusive, et je souhaite que le débat s'instaure, surtout entre socialistes. Je ne censurerai que les propos directement injurieux envers des camarades nommément cités, comme mon Parti me l'a demandé. Sauf en ce qui concerne votre serviteur: avec moi, ne vous gênez pas, puisque j'ai dit que je supportais toute insulte, car aucun mensonge ne me blesse (n'en profitez pas non plus pour vous comporter bêtement!).


A vos claviers,
et bonne soirée.

Mosco s'explique, je réplique.

J'ai lu attentivement l'explication qu'expose Pierre Moscovici, dans le billet de ce jour sur son blog, pour justifier son soutien à Delanoë, qu'il refuse d'appeler un "ralliement", mais que je qualifie de tel. Car rien n'a été négocié avec le maire de Paris, rien n'a été obtenu de lui, sauf la promesse d'une convention nationale portant sur le mode de désignation de notre candidat à la présidentielle. Par rapport à ce que demandait initialement notre contribution "Besoin de gauche" (des primaires, un parti de toute la gauche, une rénovation en profondeur de notre fonctionnement), c'est bien peu de choses.

A propos de Martine Aubry, il règle son sort en quelques mots seulement, accusant un "attelage hétéroclite, presque contradictoire". J'entends bien, Pierre, mais pourquoi ne pas l'avoir dit avant, depuis longtemps, depuis le départ? Nous savions que la démarche des Reconstructeurs se donnaient pour objectif de dépasser les anciens clivages, de s'ouvrir éventuellement jusqu'aux fabiusiens. C'est à ce moment-là qu'il fallait manifester son désaccord, pas une heure avant le dépôt des motions.

Avec Royal, Mosco nous apprend que Ségo lui a proposé d'être le premier signataire de sa motion. Chapeau d'avoir refusé, car c'était une offre en or, que n'importe quel opportuniste aurait accepté. Explication de Pierre: la "culture politique" de Royal n'est pas la sienne. Bien d'accord.

Quant à "Socialisme et Démocratie", il est catégorique comme je l'ai été: "cette aventure-là est finie". Je souhaite cependant que les liens demeurent entre strauss-kahniens. Sous quelle forme? Pierre a parlé lundi soir d'un "collectif". Toujours est-il que quelque chose est bel et bien fini entre nous. Mais on se reverra, qui sait dans une prochaine synthèse Aubry-Delanoë, rejetant l'aile droite (Royal) et l'aile gauche (Hamon). C'est ce que je souhaite parce que c'est ce qui me semble le plus cohérent.


Bon après-midi.

Cohérence.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai été suspendu hier après midi à France Info, avec un seul espoir: que Pierre Moscovici accepte la "place centrale" que lui proposait Martine Aubry. Il a choisi Bertrand Delanoë, dans l'un de ces choix "à la dernière minute" que je déteste tant, parce qu'un choix authentique, bon ou mauvais c'est autre chose, se fait bien avant. Lundi soir à Paris, Mosco hésitait. Moi et bien d'autres, nous n'hésitions pas, nous avions déjà choisi.

C'est ce matin un vrai déchirement pour les strauss-kahniens de se trouver ainsi divisés. Mais ne faisons pas de sentiments: les choses sont ainsi. Moi aussi j'ai hésité, il y a quelques semaines, tenté moi aussi par Delanoë, pour les raisons que vous savez, que j'ai développées sur ce blog. Mais quelque chose prévaut en politique, à mes yeux en tout cas: la cohérence. Nous avons commencé quelque chose avec Martine, il fallait aboutir, et ne pas tourner casaque au dernier moment.

En juillet, c'est avec elle et Montebourg que nous avons signé un texte d'orientation politique. C'est cela seul qui compte, pas les états d'âme, pas les séductions passagères. Bien sûr que Delanoë est, par certains côtés, l'homme du moment. Mais pour combien de temps? Regardez ce qui s'est passé avec Ségolène. Laissons les tentations et les séductions, appuyons-nous sur les convictions, les raisonnements, les cohérences.

Avec Bertrand, nous avons de forts désaccords que nous n'avons pas avec Martine. Il est hostile au système des primaires alors que nous sommes pour. Il n'est pas favorable à un grand parti de toute la gauche alors que nous le souhaitons. Son alliance avec Hollande ne présage pas une rénovation en profondeur du fonctionnement de notre Parti, mais plutôt une ligne de continuité.

Enfin, et ce n'est pas rien, sa démarche est hyper-présidentielle, beaucoup plus que celle de Royal, et nous condamnons cette dérive. On ne doit pas se regrouper autour d'un homme (ou d'une femme), mais constituer une majorité autour de convictions. Ce que je crains, c'est qu'avec Bertrand, nous passions de la femme providentielle Ségolène à l'homme providentiel.

Je suis cependant aujourd'hui peiné pour Pierre et pour nous tous, strauss-kahniens. Car si les sentiments n'ont pas leur place en politique, on ne peut pas les enlever du coeur des hommes. Mosco est pour moi le meilleur représentant du courant strauss-kahnien: esprit clair, discours rigoureux, social-démocrate entier, personnalité intéressante et attachante. Et nous voilà séparés de lui! Nous nous retrouverons, c'est sûr, et je le souhaite. On ne disparaît jamais en politique, pourvu qu'on le veuille.

Une dernière chose: lundi soir, à Paris, nous n'avons pas collectivement tranché, les avis parmi nous étant trop partagé. Chaque strauss-kahnien a été laissé libre de son choix. J'ai fait le mien, avec la cohérence qui est la mienne. Si un choix collectif, procédant d'un vote, avait été effectué, j'aurais par discipline militante suivi ce choix, règle majoritaire oblige, et défendu Delanoë s'il en avait été ainsi.

Une dernière chose encore: certains strauss-kahniens vont suivre Pierre, c'est certain, des adhérents de base surtout, mais les cadres du courant resteront fidèles à sa direction, à Cambadélis et Borgel, à qui Strauss a confié les clés de la maison avant de s'envoler pour Washington, aux grands élus influents ou patrons de fédération, tels Jean-Paul Huchon et Jean-Jacques Urvoas, deux rocardiens par ailleurs authentiques.


Bonne matinée,
à demain Pierre.

23 septembre 2008

Un petit caillou.

Qu'est-ce qui rend difficile, pour certains strauss-kahniens, de rejoindre Martine Aubry? Un gros caillou dans sa chaussure, les fabiusiens! La crainte, c'est de se voir reprocher notre incohérence idéologique. Mais en politique, on a toujours quelque chose à reprocher à quelqu'un. Alors... Sur le fond, j'apporte à ces camarades inquiets 7 réponses:

1- Le rapprochement avec les fabiusiens a été enclenché il y a déjà plusieurs mois, et accéléré à l'approche du dépôt des motions. Pourquoi s'en étonner maintenant?

2- Nous avons voulu dépasser les anciens clivages, notamment sur l'Europe, nous ouvrir à d'autres sensibilités, notamment les amis de Montebourg. Pourquoi en exclure Fabius?

3- Les fabiusiens ont changé, ne sont plus dans leur période "gauchisante" de 2005-2007, sont en partie revenus à ce modernisme qui les a caractérisés pendant 20 ans.

4- Les fabiusiens viennent seuls dans cette motion, sans ces "passagers clandestins" qu'auraient été Hamon et Lienemann. Avec ces deux camarades, oui, il y aurait eu incohérence idéologique, et même tromperie sur la marchandise, et je n'aurai pas alors rejoint la motion Aubry. Ce n'est pas le cas, heureusement.

5- Plus les strauss-kahniens seront présents aux côtés de Martine Aubry, moins les fabiusiens y auront d'influence. Partir, ce serait leur laisser le champ libre. Veut-on cela? Non.

6- Entre Aubry, Delanoë et Royal, il n'y a pas de différences idéologiques fondamentales. Choisissons donc la meilleure place que nous avons dans l'une et l'autre de ces configurations. Or, c'est avec Martine que notre rôle est le plus important.

7- Le seul argument qui pourrait me faire rejeter les fabiusiens et quitter Aubry, c'est le non respect du vote des adhérents sur la Constitution européenne en 2005. Cette grave transgression a porté atteinte à nos statuts et à notre crédibilité. Mais ce qui est fait est fait. On ne peut pas rester éternellement figé sur l'année 2005.

L'hypothèque Fabius étant levé, plus rien ne peut empêcher un soutien à la motion dont le premier signataire sera Martine Aubry, elle seule ayant la capacité d'unifier strauss-kahniens, fabiusiens et amis de Montebourg, sachant que le maire de Lille n'a pas posé sa candidature au poste de premier secrétaire. Il faut d'abord construire un axe majoritaire, et après seulement songer à celle ou à celui (dont Moscovici) qui sera le mieux à même de le représenter à la tête du Parti.


Bon après-midi.

C'est fini, tout continue.

Bonjour à toutes et à tous.

Quelle soirée! En sortant de chez Mosco (avant la fin de la réunion, pour ne pas rater mon train), le métro était interrompu. Du coup, j'ai raté mon train, me retrouvant, à minuit, en quête d'une chambre d'hôtel, errant autour de la gare du Nord, au milieu des putes, pour finalement trouver une piaule minable. Attention, n'y cherchez pas une métaphore politique! C'est au petit matin que je suis arrivé à Saint-Quentin.

En entrant hier soir dans la salle du Conseil régional, j'ai tout de suite compris: Mosco, seul à la tribune, auprès du président de séance. La dream team autour de Strauss, c'est fini. Et c'est triste. Mais on ne fait pas de politique avec des sentiments, tristesse ou joie. Je suis intervenu, sans diplomatie, comme d'hab: la brutalité fait mal mais aide à la clarté. Comme toujours, j'ai soigneusement choisi mes mots, trois expressions résumant ma pensée:

1- "La mort de notre courant": on y va. On y est? Les strauss-kahniens sont chez Delanoë, chez Aubry, quelques-uns sans doute chez Royal, aujourd'hui peut-être avec Moscovici, et même certains nulle part (Le Guen ne signera pour aucune motion). Bref, l'éclatement maximal. Je veux la mort des courants quand ils sont des clans, je redoute la mort de ce courant d'idées que fédérait DSK.

2- "Une stratégie suicidaire": celle qui consisterait à présenter notre propre motion, autour de Pierre. Ce serait la marginalisation assurée. On ne fait pas de politique en cultivant l'entre soi. Les strauss-kahniens sont en réalité victimes d'une crise de croissance. La majorité des socialistes sont aujourd'hui peu ou prou strauss-kahniens, c'est-à-dire sociaux-démocrates. C'est notre victoire et notre problème.

3- "Un choix réaliste": rejoindre Royal et Delanoë, c'était jouable, mais c'est trop tard. Le faire maintenant, au dernier jour du dépôt des motions, ce serait un pur et simple ralliement, sans capacité à exercer une influence auprès de ces camarades. Avec Martine Aubry, nous avons commencé une histoire, conclu un accord, établi des convergences. Il faut être cohérent, stable, poursuivre dans cette voie-là, et mettre Moscovici au coeur du dispositif des "Reconstructeurs". Je souhaite de tout coeur que Pierre fasse ce choix dans les prochaines heures (il ne l'avait pas fait hier, quand j'ai quitté la salle).

J'ai écouté attentivement les interventions des uns et des autres, toutes avaient leur légitimé, leur justesse, leur pertinence. Mais il faut choisir, et aucun choix, surtout en politique, n'est jamais parfait. C'est cela, s'engager. Et c'est pourquoi si peu de gens s'engagent. J'ai particulièrement apprécié deux prises de parole, pourtant opposées:

Marisol Touraine, députée, rocardienne, opte pour Delanoë, par "proximité idéologique", et regrette que DSK, à partir de 2005, ait "gauchi" son discours pour séduire le PS, ce qui a laissé un espace à Ségolène Royal. J'approuve son analyse, il ne faut jamais chercher à séduire en politique, mais toujours tenter de convaincre. La différence? On séduit à partir de l'autre, on essaie de convaincre à partir de soi. Mais je ne suis pas sa conclusion: Delanoë, je l'ai dit, c'est trop tard.

Jean-Jacques Urvoas, député, rocardien, patron de la Fédé du Finistère, choisit Aubry, par réalisme, pour peser, au niveau national et à la base, dans les sections, les fédérations. Il a raison. Fabius? Les temps changent, il faut s'adapter, dépasser les anciens clivages. En 2005, Laurent a commis une impardonnable transgression: bafouer la règle majoritaire. Mais qui est fautif? Hollande, qui n'a pas sanctionné, qui a laissé faire. Et voilà maintenant où en est le Parti socialiste... Il faut donc avancer, si on veut s'en sortir.

Quelles ont été, au final, les réactions de la salle? Partagées, très partagées. Seul le ralliement à Royal semble exclu. Pour le reste, c'est la dispersion, entre Aubry, Delanoë, Moscovici. C'est la pire des situations. Pierre peut encore sauver les meubles, en appuyant Aubry, en renforçant la présence strauss-kahnienne chez les Reconstructeurs. Je ne sais pas quelle décision il prendra, il ne reste plus que quelques heures. Quelque chose hier soir s'est terminé dans l'histoire du courant strauss-kahnien, mais la vie continue.


Bonne matinée,
j'ai mal dormi dans ma piaule,
je vais me recoucher.

22 septembre 2008

Dénouement.

Bonjour à toutes et à tous.

Quelques heures encore au PS, une veillée d'arme en quelque sorte, pour connaître l'état des forces en présence. La situation qui se présente est inquiétante, dangereuse même: Royal, Aubry, Delanoë sont de puissance à peu près égale, le maire de Paris ayant semble-t-il un petit avantage. C'est le morcellement des réformistes, avec une aile gauche qui risque de monnayer cher son appoint, ce qui ouvre la voie nocturne de toutes les combines au soir du congrès. Bref, on est très loin de l'idéal!

Que vont faire les strauss-kahniens autour de Moscovici? Vous connaissez mon point de vue, je l'ai exposé hier. Ce n'est qu'une opinion personnelle: j'écouterai ce soir mes camarades, à Paris, et nous verrons bien ce qui sera décidé. Je n'exclus pas d'adopter un autre point de vue, si j'en étais convaincu. Des éléments m'échappent peut-être. "De la discussion jaillit la lumière", dit le proverbe. Mais j'ai le sentiment que Mosco va rejoindre Aubry, parce que je ne vois pas de meilleure alternative pour lui, et pour nous. Il faut faire de mauvaise fortune bon coeur.

Je prends le train à 17h11, retour à Saint-Quentin 0h19. Je ne crois pas que j'aurais le temps de vous livrer un petit mot, mais j'essaierai, avant de me pieuter. Là-bas, à Paris, on se réunit boulevard des Invalides, à quelques mètres de l'endroit où j'ai vécu un an, en 1979-1980, dans une chambre de bonne, quand j'étais étudiant. Marrant. C'est Huchon qui prête la salle du Conseil régional, et Montebourg sera là. Les deux ont rejoint Aubry. C'est aussi, par anecdote, ce qui me fait dire qu'on va vers ça.


A plus tard.

21 septembre 2008

Mosco nous écrit.

Un mot avant de me coucher: j'ai reçu à 17h48 un courrier de Moscovici sur mon ordi, adressé aux signataires de sa contribution. Il veut aller à la motion, seul! J'ai crié ce matin au suicide. Pierre nous dit qu'un rapprochement avec le Pôle écologique est possible. Je veux bien mais ça ne va pas loin, ça ne pèse pas gros. On va se faire écrabouiller par les poids lourds Royal, Delanoë, Aubry.

Ok, Pierre veut continuer les discussions jusqu'à mardi, et cite Delanoë et Aubry (avec Royal, ça semble terminé). Pourquoi pas. Mais je ne vois que Martine avec laquelle on peut faire cause commune. A condition que Mosco ait la "place centrale" qu'elle lui a promise. Sinon basta! Il ne sera pas premier mais peut être deuxième signataire, ou mieux, co-signataire avec Martine, à égalité, ou mieux encore, mais il ne faut pas trop rêver: candidat au premier secrétariat, puisque Martine ne se déclare pas, se concentrant, elle a raison, sur la motion et la constitution d'un axe majoritaire.

Mosco a indiqué dans son courrier son mail perso, pour qu'on lui envoie des signatures. Je lui ai donné mon point de vue tel que je vous l'ai exposé ce matin. Mon idée, c'est qu'il veut un rapport de forces qui lui soit, demain soir à Paris, favorable. Sur ce point il a raison. Mais un baroud d'honneur ne pourrait que foirer. Il faut que Pierre apporte à Aubry un solide ancrage social-démocrate, que les fabiusiens ne pourront ensuite que suivre. Et si le NPS s'avise, la nuit du congrès, à une combinaison avec nous, il pourra toujours venir, à poil et les armes au vestiaire.


Bonne nuit.

Bravo Yves!

Bonsoir à toutes et à tous.

Merci à Sylvain de m'avoir très rapidement, sur ce blog, communiqué les résultats des élections sénatoriales dans l'Aisne (les scores sont en commentaire du précédent billet). Je les complète avec les résultats du second tour: 47,79% pour Venet (811 voix) et 50,44% pour Daudigny (856 voix). Bravo Yves, toute mes félicitations, ce n'était pas gagné d'avance (comme toujours en politique!), même si l'espoir était sérieux.

La gauche axonaise ce soir peut être fière, la droite a enregistré un net recul et perdu un siège. Je n'aime pas les superlatifs, mais il est juste de dire que c'est une victoire historique: pour la première fois (du moins depuis très, très longtemps), un socialiste axonais entre dans le palais du Luxembourg. C'est aussi une belle récompense personnelle pour Yves, dont je connais et apprécie la ténacité. C'est l'homme de la modestie efficace, et c'est une vertu tellement rare en politique!

Les agapes au ministère du Travail, cantine de Xavier Bertrand, tel que le Courrier Picard nous en a parlé dans son édition de vendredi, n'auront donc pas endigué la montée de la gauche auprès des élus locaux. Il y a quand même une morale en politique! Bien sûr, la droite reste puissante dans l'Aisne, nous aurions tort de ne pas le reconnaître. Pierre André est populaire et Antoine Lefèvre est un petit jeune qui monte, qui monte. Attention! L'un et l'autre ont en commun, et c'est ce qui fait leur force, de se faire élire très largement dans des villes de gauche, Saint-Quentin et Laon.

La victoire d'Yves Daudigny me conduit à tirer trois leçons politiques:

1- La gauche ne gagne que lorsqu'elle est unie. S'associer à Jacques Krabal, socialiste qui s'est présenté contre un socialiste aux municipales, Dominique Jourdain, ce n'était pas évident. Pour faire ce geste, il fallait avoir de l'intelligence et de la maturité politiques, savoir faire abstraction des conflits personnels. J'aimerais tant que tous mes camarades en soient capables!

2- La gauche ne gagne que lorsqu'elle anticipe. La candidature d'Yves n'est pas le fruit du hasard ou le choix de la dernière minute. C'est le résultat d'une réflexion, d'une ferme volonté, d'une longue préparation. Là aussi, j'aimerais que tous mes camarades en prennent de la graine.

3- Une victoire doit en préparer une autre. Les socialistes de Saint-Quentin ne devraient avoir qu'une seule obsession: reprendre la ville à la droite. Ils n'y parviendront pas seuls, encore moins avec l'extrême gauche, mais en prenant appui sur les places fortes socialistes, Conseil général et Conseil régional. Isolés, nous sommes asphyxiés. Marginalisés avec l'extrême gauche, nous n'avons aucun espoir de gagner. Il faudrait que la victoire d'Yves Daudigny ce soir nous ramène à la raison. Sachons au moins envoyer un communiqué de presse, dans la ville tenue par le sénateur-maire Pierre André, pour nous réjouir de la victoire socialiste. Même cette simple initiative, en sommes-nous capables?

Allez Yves, si tu passes par Guise, viens au "Ranch", on prendra un "cow-boy" pour fêter ta victoire!


Bonne soirée.

Pour information.

J'ai reçu ce matin un courrier électronique de Jean-Pierre Lançon, sur ma messagerie personnelle, joignant l'introduction à la conférence de presse des conseillers municipaux d'opposition du 18 septembre 2008, ainsi que des propositions sur le dossier ANRU (la rénovation urbaine). Je suppose que ces documents ne sont pas secrets puisqu'ils ont été livrés à la presse, je crois qu'ils sont utiles à la réflexion de tous, chacun pouvant se faire directement sa propre opinion. Les deux textes sont en commentaires.


Bonne journée.

La porte étroite.

Bonjour à toutes et à tous.

Je crois y voir un peu plus clair, ce dimanche matin, sur le choix que doivent faire les strauss-kahniens en vue de notre congrès et qui rend le premier signataire de notre contribution, Pierre Moscovici, "perplexe", selon ses propres termes. Je le comprends, moi aussi je le suis. Mais mes pensées se décantent, malgré les deux whiskys, le verre de bordeaux et les deux "cow-boys" que j'ai pris hier soir au "Ranch", un bon restau de Guise. Je précise que c'est ma consommation exceptionnelle et pas ordinaire, réservée à une soirée entre amis (le "cow-boy" est un digestif violemment épicé, qui rend tout rouge ou fait rire sans raison une fois ingurgité cul sec).

Première leçon de ces derniers jours et heures: l'échec d'une alliance de tous les réformistes, que prônait Mosco, que je souhaitais fortement pour des raisons de clarté, de cohérence et d'efficacité. Mais ce qui est fait est fait: la Ligne claire a rallié Royal et Montebourg a rejoint Aubry. Avec eux et élargie à d'autres, nous espérions constituer cette union des réformistes. C'est fini. Faut-il que Mosco, malgré tout, reste sur cette ligne idéale et dépose sa propre motion? Non, ce serait suicidaire (nous allons nous retrouver seuls) et incohérent (nous avons toujours prôné le rassemblement). Maintenant que faire?

Rejoindre Delanoë? J'ai apprécié, vous le savez, son bouquin, ce camarade est doté d'une vraie personnalité, il pourrait être ce leader dont nous avons besoin. Mais sa démarche est strictement présidentielle. Aller vers lui, ce serait se rallier à un homme, point. C'est le choix fait par plusieurs de nos camarades rocardiens, ce n'est pas notre méthode, rigoureusement collective, sans préalable sur les personnes, mais soucieuse de constituer un projet porté par une majorité. Mosco devant Delanoë, il serait à poil, sans rien à discuter, rien à négocier.

Et puis, nous achoppons avec les delanoïstes sur trois points majeurs: l'organisation des primaires, la constitution d'un parti de toute la gauche, la rénovation du PS. Bertrand a su impulser une réflexion sur la modernisation de notre ligne économique, en se proclamant non sans provocation "libéral", mais cela ne suffit pas pour que nous le rejoignions.

Rejoindre Royal? Elle aussi a contribué à réfléchir sur nous-mêmes, en remettant salutairement en question nos fonctionnements. Sa ligne politique n'est certes pas toujours très discernable, mais elle a eu le grand mérite de ne pas s'accrocher à sa candidature, de s'ouvrir à d'autres sensibilités. Ce n'est pas rien, mais ce n'est pas suffisant (Collomb comme premier signataire de sa motion, est-ce vraiment un signe fort de rénovation?) et surtout, hélas, c'est un peu tard.

Ségolène ne serait pas entrée la première dans la course des présidentiables pour la direction du Parti, elle y aurait renoncé beaucoup plus tôt, la discussion aurait pu s'engager plus sereinement, plus durablement, plus sérieusement, des perspectives communes auraient sans doute pu s'ouvrir. Mais là encore, ce qui est fait est fait. En politique, à la différence des westerns, celui qui dégaine le premier peut être tué, et les positions de dernière minute sont rarement les bonnes.

Rejoindre Aubry? C'est la dernière solution, elle n'est pas idéale, elle comporte plusieurs inconvénients, mais c'est la plus réaliste. Je passe en revue ses points forts:

1- Depuis plusieurs mois, dans le mouvement qu'on appelle "reconstructeur", et cet été à travers la signature d'un texte commun, les amis de DSK, Montebourg et Aubry se sont retrouvés sur des orientations similaires. Il est logique de poursuivre dans cette voie.

2- Les fabiusiens ne doivent pas constituer un obstacle. Je l'ai écrit, ils ont changé, ne sont plus vraiment sur leurs positions "gauchisantes" de 2005-2006. Et puis, le coeur de notre motion, ce sera bien Aubry-Mosco-Montebourg, c'est-à-dire une orientation clairement réformiste. Enfin, ma véritable inquiétude, que je vous avais confiée cet été, était de voir s'inviter dans cette alliance Hamon et Lienemann, dont les convictions, au demeurant fort respectables, ne sont pas social-démocrates. Le périmètre de cohérence est donc préservé. Je remarque d'ailleurs que Mélenchon souhaite rejoindre Hamon. Très bien, chacun chez soi et les vaches (les éléphants?) seront bien gardées.

3- On ne peut pas, comme c'est mon cas, critiquer le système délétère des courants et s'en servir pour rejeter les fabiusiens. Il faut accepter les conséquences du dynamitage des courants et admettre se retrouver avec des camarades dont nous étions très éloignés, notamment sur l'Europe. Huchon, pourtant rocardien, explique très bien ça.

4- Notre famille de pensée strauss-kahnienne doit se reconstituer, sinon c'est la mort, déchirée entre Delanoë, Royal et Aubry. Mosco l'idéaliste et Camba le réaliste doivent se réconcilier. Cela ne peut se faire qu'autour de Martine Aubry, d'autant que celle-ci, hier, a proposé à Pierre une "place centrale". Il doit l'occuper, au nom de tous les strauss-kahniens rassemblés. Il n'aura pas mieux auprès de Royal ou Delanoë! Mosco n'en a -t-il pas conscience, lorsqu'il écrit sur son blog, avant-hier: "La portée n'est pas fermée, mais elle est étroite".

Demain soir, je me rendrai à Paris, pour la réunion de notre contribution "Besoin de gauche", autour de Moscovici. Je redirai mon analyse de ce matin, et nous verrons bien, mais comme toujours en politique, il faudra choisir, et la délibération sera collective.


Bon après-midi.

19 septembre 2008

Une gauche protestataire.

Les conseillers municipaux d'opposition de Saint-Quentin ont fait hier leur rentrée, à travers une conférence de presse relatée ce matin par les trois journaux locaux (à noter que LO et la LCR étaient absentes, si j'en crois les photos). L'impression générale? Celle, qui n'est pas pour m'étonner puisque je n'ai pas cessé de la dénoncer, d'une gauche protestataire, sans propositions, par conséquent sans perspectives d'avenir. Les titres donnent le ton: "L'opposition tape sur la droite" (L'Aisne Nouvelle), "La rentrée nerveuse de l'opposition" (Le Courrier Picard). Ce que je déplore (la contestation systématique), je ne suis pas certain que mes camarades n'en soient pas finalement fiers. C'est leur pratique et leur culture politiques, qui ne sont pas les miennes.

On m'accusera peut-être de parti pris. A tort. J'essaie honnêtement de présenter une analyse objective. Je me réjouirais de cette opposition s'il y avait lieu de s'en réjouir. Ce n'est pas le cas. La presse le ressent, comme n'importe qui pourrait le ressentir. Je cite le Courrier Picard, le titre de son article: "L'opposition cogne plus qu'elle ne propose", le chapeau: "Lancer des flèches à l'endroit de la politique du maire et du ministre est une chose, proposer en est une autre", et le début du papier: "Vilipender l'action de Pierre André et dans une moindre mesure celle de Xavier Bertrand, c'est le refrain préféré de l'opposition municipale".

Entrons maintenant dans le détail des propos tenus. C'est une liste éclatée de récriminations pour la plupart infondées. A quoi sert-il de déplorer "le flot incessant de cartons d'invitation, des repas organisés à Paris"? Tout cela est bien sûr vrai, mais c'est de bonne guerre, et les maires de gauche le font aussi. Et puis, j'aime bien recevoir dans mon courrier plein d'invitations de la municipalité. Pourquoi s'en plaindre? En revanche, pas un mot sur les faibles rémunérations des animateurs de la plage, qui avaient créé la polémique cet été, et qui me semble un sujet autrement plus important.

A propos du 500ème anniversaire de l'hôtel de ville, il paraitrait que "certaines associations craignent pour leurs subventions" et que "le principe du volontariat" ne serait pas respecté. Où sont-ils allés chercher ça? J'ai déposé un projet pour cet événement, je suis en contact régulier avec la municipalité en tant que responsable d'associations, je ne subis aucune pression. Pierre André sait que je ne vote pas pour lui, que je ne le rejoindrai jamais, que je critique durement Xavier Bertrand sur ce blog, que je ferai tout pour qu'existe à Saint-Quentin une alternative de gauche crédible, mais il me laisse tranquille, ne me pose aucun problème ni à mes amis citoyens et laïques. Je veux bien qu'on accuse, mais qu'on soit alors précis: qui, quand, pourquoi?

L'affaire Ribeiro? Tout le monde attendait l'opposition là-dessus. Eh bien non, ce n'est qu'un "épiphénomène", une "décision individuelle", "des questions internes". En politique, quand on veut tuer son chien, on ne dit pas qu'il a la rage mais que c'est un "épiphénomène". Un peu comme avec moi ceux qui répètent que je suis "tout seul", que je ne "représente rien". Tellement facile, tellement faux! Ribeiro qui s'en va, c'est le représentant du MRC qui part, c'est l'extrême gauche qui est renforcée. Et ce serait un "épiphénomène"? Drôle d'épiphénomène!

Dernier point, la cohésion de cette opposition, qui selon moi est impossible, gauche et extrême gauche étant sur des lignes politiques complètement différentes. Ecoutez l'explication de L'Union, qui ne fait que reprendre ce que les conseillers d'opposition ont dit:

"Les interventions [en conseil municipal] sont préparées collectivement même s'il revient à l'un des conseillers d'en faire la lecture au nom de tous. Ce qui n'interdit pas aux élus d'intervenir en leur nom durant les débats."

Extraordinaire dialectique! La préparation est collective mais l'expression peut être individuelle! Bref, chacun fait comme il veut, dit ce qu'il veut. Ca promet encore de beaux moments de cacophonie!

"La rentrée sera sociale", c'est le dernier mot du chef de file de l'opposition rapporté dans L'Aisne Nouvelle, et c'est la clé de cette gauche protestataire: elle n'est pas politique, elle est de nature syndicale, c'est pourquoi elle mélange, sans contradiction de sa part, des sensibilités politiquement incompatibles. Cette gauche critique, pas très bien mais ce n'est déjà pas si mal. Sa limite, c'est qu'elle ne propose rien, parce que c'est dans sa logique. Son seul mérite, c'est d'exister. Face à la droite, il faut bien une gauche, et des circonstances malheureuses nous ont donné celle-là, même si j'en aurais préféré une autre. Un jour, de nouvelles circonstances se présenteront, heureuses cette fois-ci. A mes amis réformistes, sociaux-démocrates et de centre gauche, je dis qu'il faut y croire et le vouloir.


Bon après-midi.

PS, J-3.

Bonjour à toutes et à tous.

A trois jours du dépôt des motions, et depuis hier, on en sait nettement plus sur la situation au PS, avec encore cependant des incertitudes. Mais le brouillard se lève, le paysage se dessine:

1- C'est fait, l'aile gauche aura sa motion. Pas toute l'aile gauche: Mélenchon et Dolez, les durs de durs, font cause commune et bande à part. Pour eux, Hamon, Lienemann et Filoche ne sont pas assez à gauche. Je me demande s'ils ne vont pas bientôt trouver Besancenot un peu mollasson. Trêve de plaisanterie, l'aile gauche sera présente mais pas unie. Mélenchon, c'est tout de même un personnage emblématique, une figure historique et médiatique de cette sensibilité. Sans lui, elle y perd.

Hamon a fait son choix, qui m'a un peu surpris: j'aurais plutôt parié qu'il rejoindrait Aubry. C'était dans l'air. Avec Lienemann, à la différence de Filoche et de Mélenchon, ils ne goûtent pas trop à la marginalisation. Ils y vont pourtant à grands pas, et divisés. Qu'est-ce qui s'est passé? Les bisbilles d'après La Rochelle entre Aubry et Moscovici (Lamy, fidèle lieutenant du maire de Lille, a parlé dans Libé d'une rencontre "ubuesque" entre les deux camps) incitaient Hamon à se rapprocher d'Aubry, délestée d'une partie des strauss-kahniens, trop "droitiers" aux yeux du NPS. Ca ne s'est finalement pas fait.

2- Ségolène Royal, après la mise au "frigidaire" de sa candidature (Aubry s'en est moquée, elle préfère manifestement le micro-onde, à chacun sa cuisine), a paradoxalement dégelé la situation de l'aile droite (j'emploie cette expression par facilité et abus de langage, tout comme je parle de l'aile gauche). Du coup, les ségolénistes élargissent leur champ politique, la Ligne claire a pactisé ave eux. Les grands élus dans le sac de Ségolène, ce n'est pas rien. Elle apporte dans la corbeille sa popularité, Collomb et Guérini un bon nombre de mandats, Valls et Peillon les idées. Reste à trouver maintenant un candidat à la tête du Parti. That is the question.

3- Martine Aubry, ça y est, a franchi le pas. Personne n'est surpris, mais il y a tellement de surprises en politique... Le maire de Lille, qui n'a pas vraiment de courant, aura une motion. Elle a sorti un livre, mais a-t-elle une ligne? Son image de "dame des 35 heures" ne la renvoie-t-elle pas, au regard de l'opinion, à cette "gauche plurielle" qui a échoué en 2002? Et avec qui va-t-elle s'allier? Les strauss-kahniens autour de Cambadélis la soutiennent fort. Mais après?

4- La grosse incertitude, c'est du côté de Mosco et Fabius. Celui-ci va-t-il s'allier avec Aubry? Ca me semble évident. Sa période "gauchiste" est bel et bien finie. Elle aura duré de 2005 à 2007. Retour au bercail social-démocrate? A vérifier. Mais il n'ira pas avec Hamon et Lienemann. Les poperénistes fabiusiens, c'est terminé. Moscovici? Je suis avec lui, je sais d'où il vient, je ne sais pas où il va. Lui même le sait-il, à J-3 du dépôt des motions? L'idéal, ce serait que Moscovici se rallie à lui-même, prenant la tête d'une alliance de tous les réformistes, Royal, Delanoë, Aubry. Je ne vois que cette majorité-là pour diriger le Parti. Sinon, c'est l'éclatement, l'incohérence, la combine: on y va... Mais l'idéal est rarement conforme à la réalité.

Alors on fait quoi, nous autres strauss-kahniens partisans de Moscovici? Avec Aubry, le courant passe mal, la ligne n'est pas claire. Avec Delanoë, il y a des divergences de fond sur les primaires, les alliances, le fonctionnement du Parti. Avec Royal, il y a une différence de sensibilité, pas nécessairement insurmontable. Les strauss-kahniens anti-Ségo (il y en a!) sont souvent dans le perso, le souvenir amer de celle qui a battu en interne Strauss en 2006. Il faut savoir dépasser ça. Je vous en parle, mais je n'en sais rien. Mardi nous dira tout.


Bonne matinée.

L'arracheur de dents.

Menteur comme un arracheur de dents: parce qu'autrefois le "dentiste" faisait très mal et racontait, pour rassurer, qu'on ne sentirait rien. C'était aussi le comportement de Xavier Bertrand, sur France 2, le 7 septembre, au journal de 20h00. Arrêts sur image n°37, accessible par abonnement sur le net, montre la vidéo. On interroge le ministre sur le fichier Edvige. Il est pour, bien sûr. Dire le contraire de ce que pense Sarkozy, ce n'est vraiment pas son genre. Il en rajouterait plutôt sur la parole présidentielle, pour bien marquer sa fidélité. Pour défendre Edvige, Bertrand avance trois arguments. Ce sont trois mensonges (Arrêts sur image préfère parler de "demi-vérités", ce qui revient pour moi au même):

1- Le fichier Edvige n'est que le prolongement du fichier des Renseignements Généraux. Bref, rien de nouveau, pas de quoi en faire une histoire.

FAUX. Edvige contient des informations sur la santé, la sexualité, s'applique aux mineurs de 13 ans, ce que ne faisait pas le fichier des RG.

2- Edvige a été validé par le Conseil d'Etat. Donc pas d'atteintes aux principes de la République.

FAUX. 13 recours ont été présentés par des associations de défense des droits de l'homme. Décision en décembre.

3- L'internet, c'est pire. On peut véhiculer n'importe quelle information, sans possibilité de contrôle.

FAUX. Le net est contrôlé par la Justice. Ce n'est pas une zone de non droit, des plaintes peuvent être déposées. D'autre part, la comparaison est erronée: le net est un lieu de libre expression, qui n'a rien à voir avec un fichier de police.

Xavier Bertrand, qui se targue d'être précis, compétent, s'est montré approximatif sur Edvige. Volontairement? C'est possible. Il faut s'attendre à tout d'un arracheur de dents.


Bonne fin d'après-midi.

18 septembre 2008

Fin de campagne.

Bonjour à toutes et à tous.

La campagne des sénatoriales se termine, le scrutin aura lieu dimanche. Dans l'Aisne, pas de grosses surprises, quelques anicroches et un espoir: l'élection du président du Conseil général, Yves Daudigny, socialiste. Côté regrets, j'en éprouve deux: les Verts font bande à part, présentant Nora Ahmed Ali. Ce seront quelques précieuses voix en moins pour Yves. Très embêtant. En revanche, le PRG est avec nous, et je m'en réjouis. Mais les alliances sont à géométrie variable, selon le scrutin, selon les intérêts des uns et des autres. Je sais que ces choses-là comptent, j'aimerais cependant plus d'unité, plus de cohérence.

Autre regret: que les réunions pour les grands électeurs n'aient pas été (du moins pour ce que j'en sais) ouvertes aux militants. Ils ne votent certes pas, mais les occasions de se réunir étant plutôt rares, il aurait été bon d'en profiter, de mobiliser. Et puis, c'est une excellente formation pour nos adhérents d'être au fait des problèmes très locaux, c'est ce qui les prépare aux prochaines échéances électorales (quand on a, bien sûr, la ferme intention de les préparer).

Pour le reste, je retiens que la droite, mais aussi parfois la gauche, a cherché à dépolitiser l'enjeu des sénatoriales. Dans l'esprit des notables, il faut gérer des intérêts locaux, au sens le plus conservateur du terme, ne jamais faire de politique. Ce bon vieux gros piège, la gauche ne doit pas à son tour le pratiquer. En politique, il faut faire de la politique, et même politiser à mort chaque scrutin (ce qui ne signifie pas exclure les questions de gestion locale, encore moins de se comporter bêtement).

Pour les municipales, le même problème, le même piège se sont posés, j'avais fait en son temps la même réponse: po-li-ti-ser! Contre Bertrand et André, laissons tomber le local, ils seront toujours les plus forts et nous les plus ridicules. Politisons essentiellement. Et quand la gauche sera redevenue puissante, rassemblée, crédible, là, nous pourrons, en grands seigneurs, nous préoccuper de gestion locale. Avant, il faut bien sûr y songer, y travailler, mais faire surtout de la politique.

Il y en a un qui a compris ça, c'est René Dosière, dans un courrier reçu hier, très argumenté (comme toujours avec René): "Il s'agit d'une élection éminemment politique puisque le Sénat constitue la seconde chambre législative de notre République". D'emblée, le ton est donné. Le député de l'Aisne souligne quelque chose que tout le monde oublie: le rôle d'un sénateur est principalement d'examiner les projets de lois que lui présente l'Assemblée Nationale. Sa fonction n'est pas locale mais nationale, son rôle n'est pas gestionnaire mais politique.

De plus, qui accorde les subventions aux communes? Ce ne sont pas les sénateurs, c'est le Conseil général. C'est pourquoi la gauche axonaise, en présentant le président du Conseil général et deux conseillers généraux, prend une longueur d'avance sur la droite, qui n'a qu'un conseiller général parmi ses trois candidats. Un point qui va compter très fort auprès des élus locaux et ruraux, c'est-à-dire l'essentiel du collège électoral.

J'en profite pour rappeler ce que j'ai souvent soutenu sur ce blog, principalement à partir de l'été 2007: une élection en prépare une autre, une victoire doit encourager une autre victoire, un Conseil général à majorité socialiste doit être un argument, un appui pour remporter certaines municipalités (c'est ce qui s'est passé à Soissons, ce n'est pas ce qui s'est passé à Saint-Quentin, et vous savez pourquoi).


Bonne matinée.

Monstrueux.

Bonjour à toutes et à tous.

Dans cinq jours, au PS, une partie des jeux seront faits, les positions seront fixées, les motions déposées... et la grande bataille pourra commencer, avec Reims, en novembre, pour objectif. Ca commence à devenir long, les Français attendent qu'il en ressorte quelque chose. Mais quoi? Tout est là... Où en est-on pour l'instant?

Delanoë engrange les soutiens, les présidents de région Bretagne et Aquitaine l'ont rejoint et surtout Hollande a fait avec lui meeting commun, annonçant ainsi sa préférence. Notre premier secrétaire est populaire parmi les militants, son geste rapporte gros au maire de Paris. Aurait-il dû le faire? Je ne le pense pas. Moscovici l'a dit: ce congrès sera "dangereux" pour nous tous. J'aurais préféré un premier des socialistes qui reste neutre, du moins jusqu'à Reims, gardant ainsi la possibilité d'arbitrer en cas de conflits violents. Désormais, ayant pris parti (c'est d'ailleurs son droit), ce n'est plus possible.

Dray, inquiet comme nous tous de voir Besancenot et Bayrou nous tondre la laine sur le dos, craignant d'éventuels déchirements à Reims sur la question des alliances, a proposé une solution assez baroque: un front commun qui irait de Bayrou à ... Besancenot. Où Juju est-il allé chercher cette idée, complètement impossible à réaliser, dont ni Bayrou, ni Besancenot ne veulent? Peut-être dans son souhait, lui aussi difficile à réaliser, de devenir premier secrétaire en avançant une proposition pour le moins originale, pour ne pas dire déconcertante.

Celui qui a le mieux décrit les risques que traverse actuellement le PS, c'est Montebourg sur LCI, dans son style bien à lui, au lyrisme souvent efficace: qu'est-ce qui menace le PS? La monstruosité! Ecoutez plutôt Arnaud:

"J'ai bien peur que ce congrès accouche d'un monstre, c'est-à-dire d'une absence de majorité (...). Les batailles personnelles ont pris le pas malheureusement sur l'intérêt général (...). La nécessité du projet est plus important que les alliances, les ralliements, les combinaisons autour des hommes."

Tout est dit, et bien dit. La majorité, il n'y en a pas aujourd'hui, il n'y en aura pas plus demain, tant qu'on en restera à l'émiettement des courants et des sous-courants. Mais un monstre peut en cacher un autre: pour remédier à l'absence de majorité peut se constituer un rassemblement complètement hétérogène, dans un but purement tactique, afin de s'emparer de la direction. Ca aussi, ce serait monstrueux.

Au fond, ce que je crains, dans le Parti et au niveau des fédérations, c'est l'accouplement monstrueux et incestueux des notables et des apparatchiks qui, tout différents qu'ils sont les uns et les autres, ont un solide point commun: le pouvoir, qui place au second rang les convictions. Quelles que soient leurs sensibilités, ils sauront s'entendre, pour préserver leurs grands ou leurs petits pouvoirs, dans les collectivités ou dans l'appareil (parfois dans les deux en même temps). Il ne faut pas que Reims soit leur victoire, celle d'un PS où les courants se taillent des parts de marché dans l'appareil et où les pouvoirs locaux sont préservés au détriment de l'alternative politique nationale.

Que faire? Etre socialiste, pleinement, activement! Bouger, s'adresser à l'opinion (car c'est elle qui fait les élections, pas les petits soldats de l'appareil), avancer des idées, provoquer le débat, vivre, tout simplement, et faire de la politique. Croyez-moi, toute action ne laisse jamais personne indifférent. Et puis, avoir la vérité et l'enthousiasme avec soi: contre ça, les notables et les apparatchiks ne pourront rien. Osez agir, ne craignez pas les puissants, ce sont eux qui vous craindront. Allez-y, essayez, il y a tant à faire! Même une vie n'y suffit pas... Alors, pourquoi pas?


Bonne matinée.

17 septembre 2008

Nos camarades les gaulois.

Autrefois, à l'école, l'instituteur nous parlait de "nos ancêtres les gaulois". Je n'ai jamais su si nos ancêtres étaient vraiment les gaulois (un lecteur prof d'histoire pourrait utilement nous éclairer). La formule me plaisait bien. Je ne savais pas que quelques décennies plus tard, j'en utiliserai une autre : nos camarades les gaulois! Eh oui, c'est ainsi que se qualifient les communistes saint-quentinois à la fête de l'Huma. Devant leur stand, la section PCF de Saint-Quentin se présente comme "le dernier village gaulois". Je n'invente pas, je ne me moque pas, la photo figure même dans L'Aisne Nouvelle parue hier!

Que nos camarades communistes aient de l'humour, je n'en doute pas. Mais cette formule inattendue a un sens beaucoup plus sérieux. D'abord, nos camarades révolutionnaires sont passés de Marx à Astérix, ce qui est en soi une évolution considérable. Ensuite, leur slogan est d'une rare lucidité: ils ont compris qu'à Saint-Quentin, ils étaient une espèce en voie de disparition. Car le village gaulois a beau résister, il finit par être vaincu par César et ses armées. Si je me souviens bien de mes cours d'histoire, la Gaule a été romanisée. A moins que dans leurs rangs ne surgisse un Obélix qui, grâce à sa potion magique, terrasse la droite, Xavier Bertrand et Pierre André. Mais je n'y crois pas beaucoup.

Autre point commun entre le lointain passé et le présent: les gaulois étaient réputés pour leurs divisions et incessantes querelles. Là, c'est toute la gauche locale qui partage avec la section communiste cette caractéristique. Bref, quelle drôle d'idée d'être aller chercher ce slogan qui n'est guère flatteur. Mais peut-être que nos camarades communistes ne craignent pas de se montrer tels qu'ils sont. Et puis, après tout, référence pour référence, il vaut mieux se comparer à un gaulois qu'à un homme de Cro-Magon. Quoique, à force de régresser dans le passé, je me demande si nos camarades ne vont pas en arriver à ce stade primitif de l'humanité.


Bonne journée les gaulois!

La fin des courants.

Bonjour à toutes et à tous.

Alors qu'à Saint-Quentin, l'esprit de courant s'exacerbe, partout ailleurs au PS il tend à disparaître, par la force des choses. Quand cela a-t-il commencé? A mon avis il y a 11 ans, quand notre premier secrétaire, François Hollande, se targuait de n'appartenir à aucun courant, d'être "transcourant". Le déclin des courants a débuté là. Et puis, il y a eu la désignation de Ségolène Royal à la présidentielle, qui s'est faite contre le système des courants. Aujourd'hui, regardez bien les présidentiables: Royal, Delanoë, Aubry, ils sont influents, médiatiques, ils n'ont derrière eux aucun courant.

Ce qui explique cette fin des courants, c'est la social-démocratisation du Parti. En gros, nous pensons tous à peu près la même chose, à part notre aile gauche. Même chez eux, le système des courants a pris une tournure pathétique: il existe 5 sous-courants, Hamon, Lienemann, Filoche, Mélenchon, Dolez. Le comble de l'immaturité politique, la lutte pour le bout de gras...

Chez les strauss-kahniens, ce n'est pas mieux: notre courant existe-t-il encore? Les uns se reconnaissent en Delanoë, les autres en Aubry, et moi en Moscovici. Il doit bien y en avoir quelques-uns du côté de Royal... Bref, tout ça ne veut plus rien dire. Ajoutons qu'un autre élément va largement accélérer le dépérissement des courants: l'adoption du système des primaires, qui va noyer les courants dans la masse des sympathisants, rendre incontrôlables les adhérents (l'horreur pour un courant, dont le fonctionnement repose toujours sur le cloisonnement et le verrouillage).

Le déclin des courants n'empêche nullement, au contraire, qu'existent au sein du Parti des sensibilités d'idées. Quoi qu'il arrive du courant strauss-kahnien "Socialisme et Démocratie", je resterai strauss-kahnien, social-démocrate, réformiste. Le déclin des courants n'exclut pas non plus l'apparition de nouveaux défauts, le principal étant l'exacerbation des querelles de personnes. Mais au moins l'entrée en phase terminale des courants a le mérite de démocratiser le Parti, de redonner le pouvoir aux adhérents, de contester le règne des bureaucrates et des notables. Puisse la section de Saint-Quentin connaître aussi cette libération, ouvrir les portes et les fenêtres, respirer le vent frais et pas les courants... d'air!


Bonne matinée frisquette.

16 septembre 2008

Tournant au PS.

Bonjour à toutes et à tous.

Nous avons probablement vécu hier soir un tournant dans la préparation du congrès de Reims. Un seul mot aura suffit, mais c'est souvent ainsi en politique: Ségolène Royal ne fait plus de sa candidature au poste de premier secrétaire un "préalable". Ce qui signifie que le nom du postulant se discute. C'est la sagesse. Il ne faut jamais focaliser sur les personnes. C'est ce que j'avais expliqué à Saint-Quentin pour les municipales: me proposer oui, m'imposer non. Quand un courant, et un seul, a focalisé sur un nom et a voulu l'imposer, malgré les réticences majoritaires de la section, c'était fichu. Résultat: on se retrouve avec une défaite et un chef de file au conseil municipal qui a et qui aura toutes les difficultés du monde à se faire respecter.

Jamais, jamais de "préalable" sur les noms. Les convictions, c'est autre chose: quand on en a, on ne les lâche pas. Souvent, ceux qui sont intransigeants sur les noms sont beaucoup plus coulants sur les convictions. C'est aussi une raison pour laquelle je condamne leur démarche, exactement inverse à la mienne. Revenons au niveau national: Royal a prononcé les mots, "pas de préalable", que Moscovici avait déjà prononcés à La Rochelle, lors de l'assemblée générale de notre courant. Ségolène a compris: les sondages lui sont moins favorables, l'issue du congrès est incertaine pour tous et périlleuse pour elle, qu'irait-elle à se risquer dans cette galère quand on vise la magistrature suprême, qui est tout de même autre chose que le poste de premier secrétaire?

Il y a, comme toujours en politique, la scène publique et les coulisses. Une rencontre marseillaise (qui n'est pas, j'espère, une galéjade!) aurait scellé un accord entre Peillon, Valls, Collomb et Guérini, autant dire l'alliance des ségolénistes et de la Ligne claire. Ce serait un petit événement, à double titre: Royal accepterait de composer avec d'autres sensibilités, délaissant ainsi sa solitude "présidentielle"; la Ligne claire, qui s'était rapprochée des strauss-kahniens et de Martine Aubry, évoluerait vers Ségolène, sachant que celle-ci renonce à revendiquer la tête du Parti.

Et Moscovici dans tout ça? Il reste sur sa ligne: union de tous les réformistes, sans exclusive. Mais si Ségolène refuse la présidentialisation du congrès, c'est un grand pas que les strauss-kahniens peuvent faire vers elle. Sauf ceux qui garderont en main la carte Aubry, tel Cambadélis. En tout cas, sur le fond, hormis le refus de la présidentialisation, je vois trois thèmes qui rapprochent les strauss-kahniens des ségolénistes et les éloignent au contraire de Bertrand Delanoë: la rénovation du Parti, l'organisation des primaires, l'alliance au centre.

Si le rapprochement précédent se confirme, si Ségolène opère ce revirement stratégique, le secrétariat du Parti se jouera entre trois noms: Moscovici, Valls, Peillon. Vous connaissez ma préférence. Ce qu'il me semble, dans le tournant auquel nous assistons, c'est que la présidentialisation du Parti avec sa guerre des postulants à l'Elysée est de plus en plus perçue comme un grave danger. Malek Boutih, lui aussi, a tiré le signal d'alarme. Arnaud Montebourg continue à s'accrocher à une entente Mosco-Aubry, dans une lettre où il les invite à s'appeler pour déjeuner ou dîner! N'a-t-il pas eu suffisamment une mauvaise expérience d'un fameux déjeuner à La Rochelle? A Paris, à La Rochelle ou à Saint-Quentin, je me méfie des camarades qui ont besoin d'une table garnie ou de chopes de bière pour faire de la politique.


Bonne matinée.

15 septembre 2008

Pique-nique.

Bonjour à toutes et à tous.

On dit parfois que la presse militante se perd, se meurt, n'existe plus. C'est possible. Mais en lisant L'Union d'aujourd'hui, je me mets à en douter. Du moins en tombant, un peu par hasard, sur l'éditorial de Guilhem Beauquier (que je ne connais pas), dont le contenu et le ton valent ceux d'un tract politique ou d'un discours de meeting.

L'objet qui soulève manifestement l'ironie et la colère du journaliste? La taxe dite pique-nique, sur les produits en plastique jetables dont on se sert pour cette innocente activité champêtre, souvent dominicale. L'idée vient de Belgique, ce qui prête à sourire: une histoire belge? Mais non, c'est vrai, ce n'est pas une galéjade, cet impôt sur les assiettes et les gobelets, comme il y avait autrefois un impôt sur le sel, ou bien sur les portes et fenêtres. Le projet a quelque chose d'archaïque, même de moyen-âgeux, bien qu'il se veut hyper-moderne.

Et inquiétant avec ça! On se demande jusqu'où on peut aller dans cette voie-là. Ne parle-t-on pas d'une taxe pour circuler en automobile dans les grandes villes? Rien n'est gratuit, chacun le comprend bien. Mais la tendance croissance à toujours payer, à propos de n'importe quoi, en devient irritante. D'autant que le pique-nique est un plaisir modeste, populaire, que le gouvernement vient gâcher, et que le pique-niqueur est un amoureux de la nature, qu'on soupçonne portant d'être son ennemi, dont les armes seraient ses couverts!

Et puis, la taxe est vicieuse: depuis une bonne trentaine d'année, notre société de consommation repose sur les produits jetables, en fait l'éloge, nous a accoutumés aux achats pratiques, rapides et répétés. J'ai remarqué que mes lacets de chaussures s'usaient beaucoup plus vite qu'autrefois. Et maintenant, on nous demande de garder, conserver, stocker, en opposition à la logique gaspilleuse de notre société.

Dernier grief: les initiateurs de cette taxe se contredisent. La droite n'a pas cessé de fustiger impôts, taxes, prélèvements de toute sorte, et elle en invente un, l'impôt pique-nique, qui est singulier, quasiment burlesque. C'est son électorat qui doit être content!

Mais je parle, je parle, et je devrais plutôt laisser parler Guilhem Beauquier, qui a la dent plus dure que moi:

"La droite revient une fois de plus taper les Français au portefeuille (...). Les naïfs qui pensaient avoir élu Nicolas Sarkozy sur un programme libéral qu'il appliquerait à la lettre doivent désormais comprendre qu'il n'en sera rien et qu'ils sont les dindons d'une triste farce.

Après avoir mis les ultra-riches - dont pas mal de ses amis - à l'abri grâce au bouclier fiscal et fait le constat que les caisses de l'Etat étaient vides, le président UMP et son gouvernement font maintenant les poches de l'ensemble de la classe moyenne pour financer des programmes... à l'attention des plus pauvres.

Une conception assez dégueulasse de la solidarité nationale qui ne parvient même pas à masquer la réalité aux yeux des vrais libéraux: sous Sarkozy, les Français moyens sont accablés comme jamais par les taxes et les impôts."

C'est saignant, non? Mais je rigole, je rigole, alors que cette taxe écolo a du bon, et les critiques de Beauquier sont excessives, avec un fond populiste. Sauf que proposée par ce gouvernement-là, le projet va inévitablement faire rire dans les chaumières. Et ce n'est que justice.


Bonne soirée.