L'Aisne avec DSK

31 août 2009

Une taxe en débat.

Bonsoir à toutes et à tous.

Le débat autour de la taxe carbone est très mal engagé, comme souvent les débats politiques en France. Je perçois six défauts, six malentendus dans la façon de poser le problème :

1- On fait comme si la proposition venait de droite, ce qui d'emblée suscite l'hostilité à gauche. Mais c'est une commission d'experts conduite par Michel Rocard qui l'a conçue.

2- On laisse croire que l'UMP soutient ce projet. Non, il est en discussion dans ses rangs. La seule formation qui le défend avec enthousiasme, ce sont les Verts, qui ne sont pas de droite.

3- On décrit cette taxe comme si elle était complètement finalisée. Or ce n'est qu'une idée soumise au débat, dont toutes les modalités ne sont pas arrêtées, notamment les compensations qu'elle va occasionner.

4- On confond le principe de la taxe et son application. Commençons par le commencement : est-on oui ou non pour un nouvel impôt écologique ? Si oui, discutons ensuite de sa réalisation. Mais ne mélangeons pas tout pour finalement ne rien retenir.

5- On aspire à une fiscalité parfaite, qui pénaliserait sans pénaliser vraiment. Mais un impôt vous impute toujours d'une part de votre argent. La vraie question est ailleurs : pour quoi faire ?

6- Une taxe n'a pas de sens en dehors de la politique dans laquelle elle s'inscrit. La taxe carbone, à mes yeux, est une bonne idée, mais qui prend place dans une mauvaise politique. Je comprends alors qu'elle puisse paraître injuste puisqu'elle figure dans une politique d'injustice sociale. Mais ce n'est pas une raison pour la rejeter quand le principe est bon. Ou alors ce serait défendre la stratégie d'une opposition systématique, qui n'est pas le mienne.


Bonne nuit.

L'ère primaires.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai écouté ce matin Olivier Ferrand sur Inter. Le concepteur des primaires en a détaillé le sens politique et les dimensions techniques. Pas de doute, après La Rochelle, le PS est entré dans l'ère primaires, c'est à dire le début d'une nouvelle période pour notre Parti. Celui-ci ne sera plus, à l'issue, le même. Les conséquences seront énormes. Nous voulions un nouveau parti socialiste ? Avec les primaires plus qu'avec aucune autre rénovation statutaire, ce sera fait. Voici quelques points qui donnent la mesure de la révolution en marche :

1- Nous nous rapprochons d'une machine électorale à l'américaine, nous allons nous transformer en Parti démocrate à la française. Car ce n'est pas vers l'Italie qu'il faut aller chercher une comparaison : là-bas, les primaires se concentrent sur une journée et le système n'est pas autant bipolaire que chez nous. C'est bel et bien vers les Etats-Unis qu'il faut regarder : Démocrates contre Républicains, c'est notre opposition PS-UMP, que nous voulons simplifier (à droite c'est fait avec la création d'un grand parti, à gauche ce sera l'organisation des primaires). Comme en Amérique, ces primaires s'étaleront sur plusieurs mois, département après département, comme Etat après Etat aux USA.

2- Les adhérents seront dépossédés de leur pouvoir de désignation par les sympathisants, nécessairement plus nombreux. Ce n'est pas la fin des adhésions. Au contraire, il en faudra de nombreuses pour faire marcher la boutique et mettre en place les primaires (le travail sera gigantesque). Mais le militant ne fera plus la loi. C'est d'ailleurs aussi bien, car beaucoup ne venaient que sur sollicitation des élus, pour renforcer ou conquérir un pouvoir interne. Ce n'est plus l'appareil qui donnera le ton, c'est l'opinion. Du coup, l'adhésion sera beaucoup plus authentique, sincère. Nous aurons des adhésions de convictions, non plus d'opportunités. Ce n'est plus la promesse d'un élu qui fera adhérer mais la force d'une idée. Au lieu de militants qui traînent la patte parce qu'ils se sentent obligés de faire ce qu'on leur demande de faire, nous aurons des adhérents plus libres, plus enthousiastes, plus efficaces. Aujourd'hui ce n'est pas exactement le cas.

3- Les primaires "ouvertes" n'excluent personne, Ferrand l'a rappelé ce matin. Ce qui signifie que Cohn-Bendit ou Bayrou seront en droit de se présenter. Il est peu probable qu'ils choisissent politiquement l'un et l'autre cette voie. Mais il ne faut jamais dire jamais en politique. Le simple fait qu'un centriste puisse potentiellement se présenter aux suffrages des socialistes est un bouleversement psychologique incalculable. Et puis, désormais un socialiste sera autorisé à voter pour un non socialiste. Je ne pourrais plus alors reprocher, comme je l'ai fait sur ce blog il y a quelques semaines, à mes camarades de voter écolo et donc de trahir leur engagement socialiste puisque cette possibilité sera légalement permise.

4- Avec les primaires, nous admettons la médiatisation, la personnalisation et la présidentialisation de la vie politique. Car ce système dont le déroulement prendra plusieurs mois réclamera nécessairement la participation des médias (sinon le système tombera à l'eau, les votes départementaux n'intéresseront plus personne, ce sera la cata). Allons-nous chérir ce que jusqu'à maintenant tout bon socialiste a maudit (voir les applaudissements à La Rochelle quand Aubry s'en est prise aux médias) ? Je ne vois pas comment faire autrement. Quant à la personnalisation de la vie politique, elle est au coeur des primaires. Fini l'époque où on ne jurait que par le projet, qui passait avant tout et qui était élaboré collectivement. Je ne sais pas si tout ça est un bien ou un mal, mais je sais que tout ça colle à notre époque, et c'est ce qui fait sa force. Et c'est peut-être mieux comme ça.


Bonne journée.

30 août 2009

Un PS utile.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai parlé dans la journée du discours de Martine Aubry à La Rochelle dans sa forme, très efficace. J'aimerais ce soir vous en parler dans son contenu. J'ai retenu deux points essentiels, fort positifs :

1- D'abord, Martine a échappé au double piège des primaires et des alliances. On l'attendait là-dessus, on pensait que l'université allait être dominée par ça, ce n'est pas le cas et c'est heureux. Ce qui compte, c'est notre projet. Martine a mis le cap dans cette direction, c'est bien. En même temps, elle a lancé une rénovation en profondeur de notre vie interne : les primaires, les adhérents se prononceront ; les alliances, rien n'est figé. C'est ce qu'il fallait dire, elle l'a dit. Arnaud restera avec nous, tant mieux.

2- Ensuite, Martine a listé une série de mesures sociales extrêmement pertinentes, attendues quand on se prétend socialiste et qu'on défend les intérêts des classes populaires. Autant la forme du discours a été, je l'ai dit tout à l'heure, efficace, autant le fond a été "utile". Le mot a d'ailleurs été employé par Martine. Quoi de plus beau et de plus important en politique que de faire preuve de son utilité ? Depuis aujourd'hui, il n'y a plus à en douter. Surtout, ces mesures sociales permettent à nouveau de nous différencier de la droite, ce qui est pour le moins bienvenu. Néanmoins, une liste de propositions ne fait pas encore un projet politique. Pour ça, c'est la discussion collective et les conventions à venir qui apporteront leur contribution.

Je ne serais pas socialiste, je ne serais même pas républicain si j'étais d'accord avec tout ce qui a été proposé par notre Première secrétaire en une bonne heure de discours. Si j'applaudis, je ne me soumets pas. Ma discipline n'empêche pas ma liberté. Deux mesures avancées par Martine suscitent mon scepticisme :

a- D'abord le refus de la taxe carbone proposée par Rocard. De ma villégiature de Carnas, j'avais soutenu cette proposition et expliqué pourquoi. C'est la droite qui s'apprête à l'adopter ? Et alors ? Je m'en fous, ce qui compte, c'est que ce soit une bonne proposition. Et puis, la droite n'a rien décidé du tout, car dans ses rangs s'élèvent aussi des voix hostiles.

Je comprends le refus de Martine : cette taxe va frapper tout le monde, par conséquent les classes populaires. Mais il faut savoir ce qu'on veut : si l'écologie est une urgence (et le résultat des élections européennes semble l'attester), il faut cette taxe, qui frappe tout le monde parce que tout le monde pollue, producteurs et consommateurs. Je ne vois pas comment sortir de là.

Si on veut frapper les plus riches, on le peut, il le faut, mais autrement : en retenant l'idée de Fabius d'une nouvelle tranche fiscale sur les hauts revenus. Mais la taxe carbone, qui n'est pas l'impôt progressif sur le revenu, il faut bien que tout le monde y contribue. Et puis, en soutenant cette taxe, nous aurions lancé un signal très clair à nos amis écolos, qui en sont les fervents défenseurs.

b- Ensuite la mise sous tutelle par le TGI (Tribunal de Grande Instance) des entreprises qui font des bénéfices et délocalisent. Ce qui me gêne là-dedans, c'est que cette mesure est manifestement conçue pour contrer le slogan d'extrême gauche d'interdiction des licenciements, qui séduit hélas jusque dans nos rangs. Mais je comprends mal cette nouvelle façon de judiciariser l'espace économique et social. "Mise sous tutelle", c'est une forme de pénalisation qui ne règle rien.

Strauss-Kahn avait fait une autre proposition, il y a déjà un certain temps, de "nationalisation temporaire" pour les entreprises en difficulté. Cette idée, qui faisait intervenir la force publique et non la justice, pourrait être reprise et adaptée. Elle visait à réactiver la production en cherchant de nouveaux débouchés économiques. C'était tout de même très différent de la proposition de Martine, qui me laisse sur ma faim.

Ces deux réticences ne modifient en rien mon adhésion globale et le jugement très positif que je porte sur cette édition 2009 de notre université d'été. Ce qui compte en politique, c'est l'accord sur l'essentiel. Pour le reste, les différences font partie de la vie. Quand, en 2005, des camarades se sont élevés contre un choix cette fois essentiel du Parti socialiste (le soutien au Traité constitutionnel européen), qui plus est approuvé démocratiquement par la majorité des militants, je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas eu l'honnêteté politique de quitter une organisation dont ils désapprouvaient un engagement majeur, comme Mélenchon a su le faire quelques années après. Ou alors je comprends trop bien. Mais si sur ce blog je vous ai promis de dire la vérité et rien que la vérité, je ne suis pas allé jusqu'à prétendre dire toute la vérité. Car un militant doit préserver, en certaines occasions, les intérêts de son organisation.


Bonne soirée.

Martine qu'on aime.

Je viens de regarder le discours de Martine Aubry sur le Net. La clôture d'une université d'été du PS, c'est quelque chose, un peu l'équivalent de la messe de Pâques dans la cathédrale Notre Dame de Paris pour les catholiques. Il faut venir une heure à l'avance pour trouver un siège, une bonne vue sur les orateurs et un passage dégagé pour la sortie. Se confectionner aussi un petit éventail de papier parce qu'il fait très chaud et qu'on transpire. Vous voilà alors prêt pour une grande heure de discours.

Evidemment, devant l'écran, c'est plus confortable. Manque cependant le Bella Ciao final qui met le feu à la salle et qui ne donne rien sur ordinateur. Comment j'ai trouvé Martine ? Cette allocution, c'est presque un examen de passage, un test de popularité pour tout secrétaire général du PS. J'ai dix ans de La Rochelle derrière moi, je peux faire des comparaisons pertinentes. Je ne vais pas vous mentir, vous raconter des cracks, ce n'est pas le genre de ce blog : Hollande était bien meilleur, excellent orateur, séduisant, habile, drôle, mettant la salle dans sa poche, en toutes circonstances.

Aubry, ce n'est pas ça, c'est autre chose et c'est, à sa façon, très bien. Nous avons tous le défaut, moi le premier, de ramener toute rhétorique socialiste à celle de Mitterrand, lyrique, allusive, brillante. Il y avait du Mitterrand chez Hollande, qu'il n'y a pas chez Aubry. Mais lui demande-t-on d'être Mitterrand, d'être Hollande ? Non, on demande à Martine d'être telle qu'on l'aime, c'est à dire elle même. La France qu'on aime, c'était le slogan de cette université. Martine qu'on aime, ça pourrait être sa conclusion.

Martine Aubry n'a pas été désignée à la tête du Parti pour séduire ou être habile, mais pour souder une majorité capable de remettre les socialistes au travail et d'accoucher d'un projet. Dans son discours, elle s'est adressée essentiellement aux militants, et elle a eu raison. Un militant n'a pas besoin d'être séduit (il l'est déjà), il a besoin d'être rassuré (et depuis quelques temps, beaucoup de militants en avaient énormément besoin ...). Je crois, grâce à Martine, que c'est aujourd'hui fait.

C'est l'électeur qui réclame la séduction et l'habileté. Mitterrand voulait devenir président de la République, Hollande y songe, Martine non. Son job, c'est d'être une bonne Première secrétaire du Parti, c'est à dire de rassembler, de rassurer, d'être à l'unisson, d'être le reflet des adhérents, du Parti profond. Elle y a pleinement réussi. Sa grande victoire, c'est qu'aucune petite phrase, aucune image médiatiquement dévalorisante ou polémique ne sont venues polluer cette université d'été. Telle était pourtant, les années précédentes, notre vénéneuse spécialité. Martine, pas brillante mais bosseuse. Tant mieux, il faut se méfier de ce qui brille, surtout en politique.


Bon après-midi.

La gauche et la religion.

Bonjour à toutes et à tous.

Ma semaine a été religieuse, d'une église l'autre, de Moy à Guise. Avec un nouvel étonnement (lire le billet du 25 août) : la cérémonie était un peu relâchée, le Notre Père a été récité sans que le prêtre ait convié les participants à se lever. Ce matin, si je n'avais pas roupillé, je serais bien allé à Couvron assister, par curiosité, à l'office évangéliste. Ce rassemblement de Tziganes (20 à 30 000) est un événement national. J'aurais voulu voir ça.

La presse a beaucoup insisté sur les incivilités. Mais comment n'y en aurait-il pas dans une telle concentration humaine ? A quelques jours de la rentrée, je sais pertinemment que dans une classe de 30 élèves, il y en aura statistiquement 2 ou 3 qui auront des comportements inciviques, que je suis là pour réprimer. Imaginez un peu Couvron ! Mais ça n'altère pas la réputation de cette communauté, dont j'aurais aimé qu'on expose un peu plus la dimension spirituelle.

Puisque que j'ai choisi ce matin de parler spiritualité, comment ne pas rappeler que le ramadan a commencé il y a une semaine. On m'a également rapporté que le 15 août, fête de la Vierge, la basilique de Saint-Quentin était pleine comme un oeuf. Cette conjonction de faits me conduit à réfléchir sur les rapports entre la gauche et la religion.

Dans les années 70, l'apport des "chrétiens de gauche" a été déterminant pour la victoire de Mitterrand, autant sinon plus que le ralliement de l'électorat communiste (qui était de toute façon acquis). Théologiquement, il est indéniable que certaines valeurs chrétiennes en particulier, mais religieuses en général, recoupent celle de la gauche. L'espoir d'un autre monde focalise ces convergences. Mais la gauche le place sur cette terre alors que la religion pense au ciel.

Personnellement, la vie spirituelle m'intéresse et l'étude des religions est passionnante. Ma limite, c'est la laïcité : la religion ne doit jamais interférer dans les affaires publiques, ne doit exercer aucun pouvoir politique dans la cité. Ceci posé, je me distingue complètement de la gauche anti-religieuse, qui fait un usage abusif de la laïcité en prétendant dicter nos opinions et décréter que la religion serait une aliénation. Ce jugement est respectable mais doit demeurer privé. On peut parfaitement être laïque et croyant.

Une petite question pour terminer : qui a parlé de la Bible, "ce livre étrangement révolutionnaire" ? Qui a dit : "C'est dans la lecture de la Bible, traduite partout en langue vulgaire, que les peuples apprendront à penser ?" Qui a enfin écrit cette belle phrase :

"Que le monde sera beau lorsque, en regardant à l'extrémité de la prairie le soleil mourir, l'homme sentira soudain, à un attendrissement étrange de son coeur et de ses yeux, qu'un reflet de la douce lampe de Jésus est mêlé à la lumière apaisée du soir !"

Un certain Jean Jaurès (textes à consulter dans Jean Jaurès, anthologie, 1983, Calmann-Lévy).


Bonne journée.

29 août 2009

Une, deux, trois.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je ne vais pas ce soir vous parler de primaires ou du MoDem, j'en ai marre. Mais de notre futur projet oui, car c'est le plus important. Chacun en a d'ailleurs conscience, puisqu'à La Rochelle quelques propositions ont émergé aujourd'hui : la création d'une nouvelle tranche d'impôts pour les hauts revenus (Fabius), la relance de la taxe Tobin (Peillon). Il faut continuer dans cette voie. Pas besoin d'inventer la Lune. Il y a quelques mesures fortes qui suffiront à nous distinguer du sarkozysme.

Fabius a deux hommes dans sa vie (politique) : un porte-flingue (Bartolone) et un remue-méninges (Weber). C'est du second dont je veux vous parler, après la lecture d'un excellent papier paru dans Le Monde de mardi, intitulé "Socialisme : la troisième refondation". La première, c'est dans les années 1920, quand la social-démocratie se distingue du bolchévisme en contestant le régime soviétique et en se ralliant à la République parlementaire. En France, c'est Jaurès, mais quelques années auparavant, qui a fait ce travail.

La deuxième refondation, c'est les années 1950-1960, quand la social-démocratie rompt avec la collectivisation des moyens de production (sauf en France) et intègre l'idée de marché. Aujourd'hui, aucun socialiste, même chez nous, ne songerait sérieusement à revenir là-dessus (ou alors il faut qu'il aille avec Mélenchon !).

Et la troisième refondation ? C'est celle qui nous attend en ce moment, à laquelle nous devons impérativement oeuvrer (et qui n'a pas grand-chose à voir avec les primaires ou le MoDem). La social-démocratie n'évolue qu'en s'adaptant. A la différence du communisme qui a péri de ne pas savoir ni pouvoir s'adapter. Après la République parlementaire, après le marché, qu'est-ce que le socialisme doit intégrer s'il veut rester lui même et garder quelque efficacité ? Trois choses selon Weber, trois éléments de notre temps : la mondialisation, l'écologie, la démocratie médiatique et individualiste.

Je laisse à ce fabiusien la conclusion, qui ne peut que plaire à un strauss-kahnien : "les solutions à la crise économique et écologique du capitalisme ne sont ni néolibérales, ni d'extrême gauche mais social-démocrates". C'est dit.

Mais j'ai un peu tort de souligner des différences (fabiusien, strauss-kahnien) qui n'ont plus lieu d'être. Individuellement, chacun conserve bien sûr ses fidélités, moi le premier. Mais collectivement, il faut en finir, ce n'est pas sérieux, c'est même dangereux, ça mine le Parti et ça rend con la base. A La Rochelle, remarquez bien que c'est la première année que les strauss-kahniens ne tiennent pas de réunion de courant le vendredi soir. Et pour cause : DSK n'en veut plus, il a compris que se différencier desservait son objectif, que je n'ai pas besoin de vous rappeler.

Il faut maintenant rassembler ceux qui veulent bosser ensemble, quels que soient leur passé ou leur sensibilité, ceux qui veulent agir sur le fond, ceux qui veulent doter le PS d'un vrai projet (et ne pas en rester au débat, aussi utile soit-il, sur les primaires et les alliances). Si vous êtes d'accord avec ça, je vous invite à signer la pétition en ligne : www.changeonsdair.net . Mes camarades strauss-kahniens Baumel, Borgel, Kalfon, Mazetier en sont. Et quelques autres qui ne sont pas DSK. Ce sont tous des secrétaires nationaux. Alors, pourquoi ne pas appuyer cette démarche ?


Bonne soirée.

Mao Aubry.

Bonjour à toutes et à tous.

Martine Aubry est de ces grands politiques qui ne le paraissent pas mais font avancer une situation. De ce point de vue, la première journée de notre Université d'été m'a enchanté. En politique, il est vivement recommandé de prendre les trains en marche si on ne veut pas rester sur le quai. C'est ce que Martine a magistralement fait dans son discours introductif, en compagnie de Ségolène, un bon point pour notre unité.

Que propose-t-elle ? Pas un changement mais un véritable séisme, pas une réforme du PS mais une révolution. Si celle-ci va à son terme, nous aurons assisté à la fin d'un monde. Je n'exagère nullement, je vous explique :

1- Les primaires. C'est parti, on y va, tous les courants suivent et les militants seront consultés le 1er octobre. Bien vu, bien joué. Ne croyez pas qu'il s'agisse d'une innovation purement procédurière. En vérité, nous sommes conviés à une révolution culturelle. Jusqu'à présent, les adhérents étaient les seuls dépositaires d'un pouvoir essentiel, celui de désigner notre candidat à l'élection présidentielle. En finir avec ça, partager ce pouvoir avec des sympathisants qui seront nécessairement, au moment du choix, beaucoup plus nombreux que les "cartés", c'est un bouleversement des mentalités.

Quand on se souvient des réticences de certains camarades devant les adhésions électroniques à 20 euros, on s'étonne qu'aucune critique ne s'élève contre ces électeurs à un ou deux euros que seront les sympathisants socialistes. Je m'en réjouis, mais je suis surpris qu'une telle révolution se fasse, pour le moment, aussi facilement. Ce qui est certain, c'est que la nature de notre Parti en sera totalement modifiée. Et si ce système des primaires est étendu, comme je le souhaite, à d'autres élections, ce sont les habitudes, les réflexes, les façons de penser de notre base qui en seront altérés.

2- Le non cumul des mandats. Cette fois, ce n'est pas le monde des adhérents mais celui des élus qui va connaître sa nuit du 4 août. Au PS comme dans les autres partis en France, le cumul des mandats est la règle, y compris chez ceux qui la dénoncent. Pourtant, c'est un état de fait très impopulaire, et chez nos adhérents, et dans la population. Pour tout dire, c'est un véritable scandale. En démocratie, les mandats se partagent, ils ne devraient pas s'accumuler sur une même personne. D'autant que l'inefficacité est alors flagrante. On ne peut pas exercer sérieusement plusieurs mandats de front. Pour ma part, je suis favorable au mandat unique pour les parlementaires.

Mais vous imaginez le tintouin que cette proposition de Martine Aubry va produire ! On a beau être socialiste, on n'en est pas moins homme. Or la nature humaine veut toujours plus, et celui qui a du pouvoir veut encore plus de pouvoir. Vouloir lui couper la chique, le soumettre à la castration politique, je dis bravo. Mais courage à Martine et à tous ceux qui sont avec elles, car ça ne sera pas facile.

3- L'alliance au centre. Depuis Epinay, c'est le tabou absolu. Même les plus ouverts dans le Parti n'en parlaient jusqu'à maintenant qu'à mi-mots, en prenant de nombreuses précautions. Depuis Marseille le week-end dernier, le tabou est tombé, le congrès de Reims est en partie oublié. Martine ne dit certes pas oui au MoDem, mais elle ne dit pas non. C'est à Bayrou de faire les preuves que son organisation a rejoint la gauche. Sarnez a fait un premier pas en déclarant que ce qui les rapproche de nous est plus grand que ce qui les sépare. Très bien, mais j'attends plus. Peillon, sur sa lancée marseillaise, affirme carrément que le MoDem est "de gauche". Je n'en suis pas si sûr mais je ne demande qu'à voir et à changer d'opinion. Ce qui est certain, c'est que cette hypothèse d'une alliance avec les centristes représente là aussi une révolution considérable.

Avec une telle "Révolution Culturelle", Martine va devenir le Mao du Parti socialiste ! Il lui faut donc des "Gardes Rouges". J'en suis, prêt à répandre la bonne nouvelle rénovatrice dans les villes et campagnes axonaises. Quelle rentrée, tout de même !


Bonne matinée.

28 août 2009

SQBB et les régionales.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je ferais un très mauvais maire de Saint-Quentin, je n'aime pas le sport, je ne sais pas qui est Tony Parker, je ne connais pas la signification de "Pro A", je ne suis jamais allé voir un match du SQBB. Voilà qui réjouira mes adversaires. Ils garderont précieusement par devant eux cet aveu, sachant le ressortir au bon moment. Je leur donne ainsi, par un reste de charité chrétienne, un peu de grain à moudre. Ils ont si peu de choses à se mettre sous la dent !

Plus sérieusement, à quoi servirait-il d'être socialiste s'il s'agissait pour moi d'être comme tout le monde ? N'est-il pas discutable qu'une municipalité file plein de fric à un club sportif, aussi populaire soit-il ? Je n'ai pas la réponse, mais je pense que c'est un beau et utile sujet de réflexion.

Mais pourquoi je vous raconte tout ça ? Parce qu'hier le SQBB a fait sa présentation officielle au public, dans le palais de Fervaques. Le sénateur-maire a fait un discours, qui comme toujours était très politique. Voilà l'extrait qu'en donne le Courrier Picard d'aujourd'hui :

" Ils [le Conseil régional] ont baissé la subvention de moitié. Comme si on n'avait pas besoin d'argent. Et personne n'est venu ce soir pour justifier cette baisse. Je suis chauvin et rancunier, ils me le paieront cher. Je vais faire attention au traitement des autres clubs de Picardie."

Et si Pierre André, en lâchant cette petit phrase assassine, avait lancé la bataille des élections régionales ? Un beau combat en perspective, dans notre ville d'où sont issus trois élus régionaux de gauche, Anne Ferreira, Michel Cahu et Franck Delattre. Alors camarades, quelle est votre réponse à la pique du maire ? Moi je ne sais pas, le sport c'est pas mon truc.


Bonne nuit,
vive SQBB
quand même !

27 août 2009

Primaires toujours.

Bonsoir à toutes et à tous.

Martine a finalement dit oui aux primaires, dans Le Monde d'aujourd'hui. C'est bien joué. Le terrain est ainsi dégagé pour parler, ce week-end à La Rochelle, de tout à fait autre chose. Car nous sommes socialistes, pas primairistes. Notre raison d'être, c'est de proposer un projet politique et social aux Français, pas de s'éterniser sur notre fonctionnement interne. Martine Aubry a d'ailleurs, dans les pages du journal, esquissé les lignes de ce projet. Très bien, c'est la bonne voie.

La gauche picarde, entre autres Balligand et Gewerc, mais aussi mon camarade saint-quentinois David Piette, ont été interrogés par le Courrier Picard de ce matin. Sur les primaires, il y a quelques hésitations et conditions, mais aucun socialiste ne rejette ce système. Plus surprenant, c'est la question de l'alliance avec le MoDem : là aussi, personne ne refuse la discussion avec ce parti. Sur la question du leadership, je retiens cette remarque de Balligand, frappée au coin du bon sens : "Il faut d'abord travailler sur une dizaine de questions fondamentales pour être une vraie force de proposition". Bin oui ! On aura beau avoir un leader, si ses poches et sa tête sont vides, ça ne servira à rien.

Je vous ai gardé pour la bonne bouche la réponse de Pascal Dieppois, militant à Mers-les-Bains, à la question : "Etes-vous favorable à des primaires ?" La voici, elle vaut son pesant de cacahuètes : "Il est encore trop tôt pour se prononcer dans un sens ou dans un autre. Pour l'instant, nous n'avons pas assez d'éléments à ce sujet : une réunion de la section socialiste est programmée début septembre. Il sera alors temps d'argumenter et de se faire une opinion."

Mais toi, camarade, tu n'en as donc pas, d'opinion personnelle sur les primaires ? Car c'est ce qu'on te demande. Ton cerveau, il te sert à quoi ? Je vais vous le dire, car je les connais bien, ces socialistes-là : il te sert à obéir, à attendre la consigne du chef local de courant qui lui même attend la consigne de son chef à Paris. Nous devrions être le sel de la terre, nous en sommes trop souvent les serpillières. Une section, ça devrait être des militants qui débattent, qui s'engagent, qui sont dotés d'une conscience politique supérieure à la moyenne des citoyens, pas des rangs de domestiques qui attendent de savoir ce qu'ils doivent penser et répéter. L'animal que je déteste, c'est le perroquet.

Heureusement, il y a dans le Courrier Picard la bonne tête et la liberté d'esprit de David. Ça fait du bien quand même ! Tout n'est pas perdu au Parti socialiste ...


Bonne soirée.

Génération bidon.

Quand j'entends certains camarades poser le problème de la rénovation socialiste en termes de renouvellement des générations, d'accès au pouvoir des quadras et des quinquas, je bondis, je trouve ça insupportable, indigne de socialistes. Pourquoi ? Parce que la politique n'est pas une affaire générationnelle. Quinquas et quadras ? Et pourquoi pas les trentenaires ? Auraient-ils, eux, démérité pour que la coupe du pouvoir leur soit retirée ? Et les vingtenaires (je ne sais pas si ça se dit mais vous m'avez compris) ? Après tout, la Révolution française a été menée par de jeunes gens.

Ceci dit, en quoi un vieux schnock ne ferait-il pas un bon gouvernant ? Car la vraie question est celle-là : de même qu'hier j'affirmais que le problème n'était pas le chef mais le bon chef, aujourd'hui je dis qu'il nous faut une bonne équipe, une bonne direction, de bons ministres socialistes. Or la qualité, la vertu, la compétence ne sont pas relatives à l'âge mais à l'individu. Là comme ailleurs, le péché pas si mignon que ça de mon Parti est de céder à la mode, à l'air du temps, à l'attrait de la nouveauté, au jeunisme qui n'est qu'un courant d'air, vite venu vite parti.

Que retient l'opinion dans cette affaire ? Qu'une classe d'âge a soif de pouvoir, qu'elle rêve de ministères, qu'elle trépigne, qu'elle exige son dû, qu'elle attend son tour. Cette image que nous donnons, sans parfois nous en rendre compte, est détestable. L'âge n'est pas un droit, un bon à tirer en direction du gouvernement. Qu'on ait de l'ambition, c'est naturel, normal et sain. Que l'on se batte pour la satisfaire, très bien. Mais le moteur, ce sont les convictions, pas la date de naissance.

Et puis, quelles psychologies cela révèle-t-il ? Des impatients qui trépignent ... Je ne voudrais pas les avoir aux responsabilités, ce ne sont pas des personnalités faites pour gouverner, une activité où la patience s'impose. Pour ma part, j'aimerais bien être élu à Saint-Quentin, quelque part, au plus haut niveau éventuellement (tant qu'à faire, autant ne pas faire à moitié). Mais peu m'importe que ce soit maintenant, en 2011, 2014 ou plus tard, que j'ai 53 ans, 59 ans ou 65 ans.

Peu m'importe même que je ne sois jamais élu, car telle est la loi de la démocratie, ce n'est pas moi qui décide, ce sont mes camarades et les citoyens. Les premiers ne veulent pas de moi ? Les seconds préfèrent un autre ? Et alors ? Le Parti décide et le Peuple est souverain. Je peux éventuellement regretter leurs choix, je n'ai pas à m'en chagriner. On ne fait pas de la politique pour soi. Et puis j'ai bien d'autres choses dans ma vie. Les ministres qui pleurnichent parce qu'ils se sont faits virer, les élus qui se plaignent de ne pas voir leur mandat reconduit, c'est scandaleux : l'activité publique, en République, peut s'interrompre à tout moment, il n'y a pas de renouvellement automatique, ce ne sont pas des emplois, ce sont des charges et des mandats, qu'on ne doit pas à soi mais à son parti ou à l'électorat.

Je me suis demandé, par curiosité, de quand datait cette vision générationnelle de la politique, qui n'est qu'une intrusion supplémentaire du communautarisme dans notre société. Dans les années 60-70, il n'était nullement question d'une relève des générations. A gauche, Rocard reprochait certes à Mitterrand son "archaïsme", mais le débat était purement idéologique. Jamais la "deuxième gauche" ne s'est présentée comme une démarche générationnelle, cela aurait paru, à juste titre, absurde et déplacé.

C'est à la fin des années 80 que la dimension générationnelle va s'introduire en politique. Le mot lui même va devenir en vogue avec le slogan de la présidentielle de 1988 "Génération Mitterrand" (slogan et affiche d'ailleurs ambigus : un bébé apparaissait à l'intérieur d'une main, censée être celle du président). C'est surtout à droite que la réaction générationnelle va s'imposer, à travers ce qu'on a appelé "la bande à Léo" (l'expression fait jeune) : autour de François Léotard, promis alors à un bel avenir de présidentiable, se regroupaient de jeunes élus libéraux qui voulaient rénover la droite en arguant de leur jeunesse, en réclamant leur part du gâteau (les supposés gâteux, c'était Chirac et Giscard). Pour la première fois dans l'histoire politique contemporaine, l'âge était devenu un argument. Même s'il y a eu autrefois cette "bande à Léo", je n'aimerais pas qu'il y ait aujourd'hui, dans nos rangs, une "bande à Arnaud" ou à qui que ce soit dont les cheveux ne sont pas encore complètement blancs et qui pour cette raison piaffe d'impatience et s'angoisse.


Bonne fin de matinée.

Liens.

Bonjour à toutes et à tous.

La journée commencera par quelques infos et liens électroniques qu'on a bien voulu porter à mon attention :

Claude, de Guise, me demande d'aborder le problème de la fermeture du canal de la Sambre à l'Oise, qui a donné lieu sur ce blog à plusieurs commentaires. Selon lui, l'avenir du canal de Saint-Quentin est également concerné. Je ne suis pas spécialiste en hydraulique, mais rien qu'en mémoire de Stevenson le dossier mérite d'être examiné. Qui mieux que Claude peut nous y initier ? http://www.thierache-aumale.fr/spip.php?article295

Olivier Tournay nous informe qu'un car sera mis à la disposition des Saint-Quentinois qui souhaiteraient aller à la fête de l'Humanité le 13 septembre. Peut-être en serais-je, si je suis disponible ... L'an dernier, le PCF ne proposait pas de car. Une meilleure santé depuis que nos camarades, avec Olivier au conseil municipal, ont repris des couleurs ? http://pcfsaintquentin.unblog.fr/2009/08/17/fete-de-lhuma-2009

Anne Ferreira vient d'ouvrir un site consacré à son mandat de vice-présidente du Conseil régional. En cette année d'élections régionales, la visite s'impose. http://www.anneferreira.fr


Bonne matinée.

26 août 2009

Des primaires partout.

Bonjour à toutes et à tous.

Comment une idée finit-elle par surgir dans l'espace public et le débat politique ? C'est une grande et mystérieuse question. Prenez les primaires. Tout le monde aujourd'hui en parle et s'y rallie, deux pétitions circulent pour soutenir ce projet. Or, celui-ci est discuté depuis deux ans dans certains courants ou cercles de pensée du PS, sans bruit ni publicité. L'an dernier, à l'université de La Rochelle, j'ai participé à un atelier quasi confidentiel sur les primaires, en marge des grandes réunions plénières. Ce n'était pas alors de mode.

Je me réjouis que l'idée soit passée dans l'air du temps, et je m'en irrite aussi, car ça signifie que le Parti est désormais tributaire des rythmes médiatiques (mais ce n'est pas nouveau, on l'a vu avec la candidature de Ségolène Royal). C'est nous qui devrions imposer nos thèmes au calendrier, pas l'inverse. Pensez tout de même que lors de notre dernier congrès, il y a dix mois de cela, pas un mot n'a été prononcé sur les primaires. C'était pourtant le lieu, et j'espérais que nous en parlerions. Mais non.

Il faut dire, pour expliquer ce silence ou plutôt cette discrétion, qu'Olivier Ferrand et son équipe ont énormément bossé pour rendre crédible ce système de primaires à la française. Normal donc, quelque part, que son surgissement se fasse maintenant. Néanmoins, être sous le feu des médias, se laisser influencer par l'extérieur, mettre Martine Aubry "sous pression" (c'est ce que je lis et entends), ce n'est jamais bon.

A tel point qu'on a un peu perdu l'objectif de ces fameuses primaires. S'agit-il de donner à la gauche un candidat pour les présidentielles de 2012 ? Bien sûr que non. Nous avons, depuis toujours, une procédure pour ça. S'agit-il alors de désigner un candidat unique de la gauche ? Dans l'idéal oui, mais pas d'illusion : si un communiste, un radical, un écolo ou n'importe quel candidat de gauche veulent se présenter, nul ne pourra les en empêcher. Je crois d'ailleurs que les petites formations ont intérêt à exister politiquement en étant présentes à la présidentielle.

A quoi servent alors les primaires ? A quelque chose qui m'est cher, que j'ai défendu aux dernières municipales à Saint-Quentin en étant entendu, compris mais pas suivi : le choix du meilleur candidat. Car un candidat, on peut en trouver n'importe où, en faire avec n'importe qui, en ouvrant un placard ou en cherchant sous un tapis. Une assemblée de clowns ou de débiles peuvent sans problème se donner un chef, c'est à la portée de tous. Chez La Fontaine, même les grenouilles sont capables d'en désigner un, c'est vous dire ... Non, la vraie question, ce n'est pas de trouver un chef, c'est de trouver le bon, celui qui fera gagner.

C'est là où les primaires sont un formidable et très vertueux système : en sortant la désignation du candidat des rapports de forces internes, en la protégeant des luttes claniques et des petits chefs de courants, en donnant la parole à notre électorat plus qu'à notre appareil, nous entrons enfin en phase avec l'opinion, avec la société française. Voilà pourquoi il faut faire des primaires : c'est la seule et véritable raison, les autres étant très secondaires et incertaines.

J'ajouterais que ce système devrait être généralisé au choix de nos candidats pour toute élection. Pourquoi en effet le réserver à la présidentielle ? Je milite ardemment pour des primaires aux municipales, surtout aux municipales. Dans la foulée du scrutin présidentiel de 2012, le système aura été rodé pour 2014. Au lieu qu'à Saint-Quentin une vingtaine de personnes désignent la tête de liste (ce qui empêche évidemment d'en faire un chef légitime, surtout quand autant s'abstiennent), ce seront plusieurs centaines ou plusieurs milliers qui s'exprimeront, la situation politique en sera totalement changée. Et là, pour de vrai, pour de bon, la victoire pourra nous sourire. Pas avant.


Bonne soirée.

25 août 2009

Sous vos applaudissements.

Bonjour à toutes et à toutes.

Au mariage à Moy (voir billet du 22 août), j'ai été stupéfait à deux reprises pendant la cérémonie : le prêtre a fait applaudir les mariés juste après la consécration ; le baptême de leur enfant suivait, et rebelote, applaudissements après le rite lustral. C'est un ancien enfant de choeur qui vous parle : en plusieurs années de service, je n'ai jamais vu ça (c'était autour des années 70, ce n'est pas si vieux). A l'église, on prie, on chante, on se tait mais on n'applaudit pas (on n'est pas au cirque !).

Pourquoi je vous parle de ça, a priori peu intéressant et sans rien de politique ? Parce que ça fait partie de ces petites choses que j'aime bien remarquer et sur lesquelles réfléchir, car elles en disent long sur l'état de notre société. Si vous êtes observateurs et avez un peu de mémoire (et donc un peu d'âge), vous remarquerez que le geste d'applaudir s'est considérablement répandu dans notre société depuis une trentaine d'années.

A la télévision, c'est flagrant : dans les émissions publiques, on applaudit pour un oui ou un non. J'ai même entendu dire qu'il existait des panneaux lumineux intimant à l'assistance l'ordre de frapper dans ses mains. La moindre banalité d'un individu, la plus petite platitude, et c'est parti, on applaudit ! Vous vous souvenez peut-être aussi de l'émission de Jacques Martin "Sous vos applaudissements". On ne saurait mieux dire ...

Jadis, les applaudissements étaient rares et discrets. C'était plutôt des marques de politesse que de fausse jubilation bruyante. On n'applaudissait qu'au théâtre, quand les comédiens saluaient les spectateurs. C'est le seul endroit, pour moi, où les applaudissements sont décents. Partout ailleurs, je les trouve vulgaires, fanatiques, idolâtres. On devrait les interdire, comme on prohibe de fumer dans les lieux publics. Applaudir est même plus dangereux, c'est la santé mentale qui est menacée.

Pourquoi ? Parce qu'applaudir est toujours un acte de soumission. En politique, c'est effrayant : les discours les plus médiocres ou les plus inquiétants peuvent arracher les applaudissements d'une salle. J'ai vu souvent applaudir à n'importe quoi. En la matière, l'intelligence n'est pas requise. Elle est même contre-indiquée. Les élèves n'applaudissent pas le plus beau des cours de leur enseignant, il n'y a pas lieu. Applaudir, c'est s'aplatir.

Dans mes cafés-philo, les interventions des participants ne sont pas ponctuées par des applaudissements, ce serait déplacé. A la fin seulement, l'assistance applaudit non pas l'animateur mais elle-même, la qualité de nos échanges, le bon moment passé ensemble. Et ça ne va pas plus loin. Nous pourrions même (je préférerais) nous passer de cette exhibition.

C'est le républicain qui vous parle : aucun homme sur cette terre ne mérite qu'on l'applaudisse (hormis je l'ai dit les comédiens). Et c'est l'ancien enfant de choeur qui ajoute : même Dieu n'est pas applaudit dans les églises, alors ... Applaudir, c'est une pitrerie simiesque. C'est Cheeta dans Tarzan qui frappe bêtement dans ses mains à la moindre connerie et qui rit aussi de toutes ses dents. Applaudir, rire ainsi, ce n'est pas digne d'un être humain.

Politiquement, le message est clair, Debord et les situationnistes l'avaient depuis longtemps compris : nous sommes entrés, en tout domaine, dans la "société du spectacle". Et qui dit spectacle dit applaudissements. La politique est devenue un théâtre, ses protagonistes des comédiens. Quand on pense que le culte catholique lui-même, du moins à Moy-de-l'Aisne, est atteint par cette dégradante manie, on saisit l'ampleur du mal.


Bonne journée,
et je vous dispense
de m'applaudir.

24 août 2009

Stals.

Bonsoir à toutes et à tous.

C'est un bien étrange et très inquiétant article que j'ai découvert sur le blog de nos amis de la section communiste de Saint-Quentin, à la date du 13 août dernier. Savez-vous qu'hier, dans toute l'Europe, était célébrée la "journée de commémoration des victimes du stalinisme et du nazisme" ? Je suis sûr que non, moi non plus je ne savais pas. C'est un peu normal, c'est la première fois. La décision a été prise par le Parlement européen le 23 septembre dernier, les députés socialistes ont contribué à cette initiative, qui consiste tout simplement à rendre hommage aux victimes de tous les totalitarismes et faire en sorte que ces horreurs ne se reproduisent plus.

Là-dessus, il devrait y avoir consensus entre tous les républicains. Je rappelle que les premiers à dénoncer le stalinisme ont été ... des communistes, victimes de cette tyrannie. Sans parler du rapport Khrouchtchev, qui en sera la première condamnation officielle. Bref, cette journée du 23 août ne devrait poser aucun problème, ne susciter aucune réticence pour tout communiste authentique. D'autant que c'est bien le stalinisme qui est visé, pas le communisme, pas le léninisme, pas le marxisme. La commémoration prend partie pour les victimes, elle ne préjuge pas des choix politiques et philosophiques.

Dans ces conditions, je trouve stupéfiant que nos camarades communistes de Saint-Quentin rejettent cette initiative et, sous la plume de Pierre Outteryck, justifient le pacte germano-soviétique, en le présentant comme purement défensif alors que son objectif était de partager l'Europe entre nazis et staliniens (la Pologne en a été la douloureuse victime). La journée commémorative a été fixée au 23 août parce que c'est la date, en 1939, de la signature du pacte de fer entre Hitler et Staline. J'espère tout de même que sur ce coup-là, j'aurai les lambertistes de mon côté, eux qui ont toujours été scrupuleusement anti-stalinien, ayant été pendant longtemps qualifié d' "hitléro-trotskistes" par les stals (l'expression, dans son paradoxe, est typiquement stalinienne).

L'argument soi-disant massue, c'est de reprocher aux socialistes d'avoir mêlé leurs voix à l'extrême droite dans le vote pour l'adoption de cette journée commémorative des victimes du totalitarisme. Quand une mesure est bonne, va-on s'interdire de la voter parce que le FN la soutient aussi ? Bien sûr que non. Et puis, les fachos du FN, les chantres de Vichy et de la Collaboration sont eux aussi visés par cette journée. Gremetz ne fait pas tant la fine bouche, au Conseil régional de Picardie, en matière de mélange des voix avec le FN ...

Je ne fais pas d'amalgame. La position du blog saint-quentinois du PCF n'est pas représentative, heureusement, de ce que pensent tous les communistes de France, qui depuis bien longtemps sont foncièrement anti-staliniens. De même que l'alliance à Saint-Quentin de la gauche avec trois organisations d'extrême gauche ne traduit nullement ce qui se passe ailleurs chez les socialistes. J'aimerais cependant qu'un jour la gauche locale, d'un côté comme de l'autre, revienne à la normale nationale. Et ce n'est pas parce que nous avons chez nous à combattre le chef de l'UMP que cette situation doit inspirer des positions radicales et marginales. Ce devrait même être le contraire.


Bonne soirée.

Les primaires Doliprane.

Bonjour à toutes et à tous.

Je connais un médecin qui, pour un mal de tête, de gorge ou de ventre, vous préconise le même remède, des cachets de Doliprane. J'ai l'impression que c'est ce qui est en train de se passer avec les primaires, qui sont les vedettes de rentrée au PS. Pourtant, ce système, j'y suis favorable, je l'ai défendu de nombreuses fois sur ce blog depuis deux ans. Ce sont d'ailleurs les strauss-kahniens qui sont à l'origine de la proposition, et Olivier Ferrand, qui fait actuellement circuler une pétition en sa faveur, est de ma sensibilité. Pourquoi maintenant mes réticences ?

Parce que les primaires sont présentées aujourd'hui comme la panacée, la solution essentielle à la crise que traverse le PS. Ça, je n'y crois pas. Un élément parmi d'autres oui, mais pas le seul, l'unique. Car l'essentiel n'est pas dans le mode de désignation de notre candidat à la présidentielle (même si c'est très important). Les Français se fichent pas mal de ça. En revanche, ils veulent savoir quel projet nous allons leur présenter. L'essentiel pour moi est là, pas dans les primaires.

De plus, il y a quelque chose d'extraordinaire dans cette histoire de primaires. Au départ, nous étions très peu à défendre l'idée (relisez les motions du congrès de Reims, les commentaires que j'ai pu en faire sur ce blog l'été dernier). Les fabiusiens, l'aile gauche, Hollande, les amis de Delanoë et quelques autres n'étaient guère favorables aux primaires. Aujourd'hui, je les vois tous d'accord.

A la base, ça coinçait plutôt. Je me souviens de réunions préparatoires au congrès dans l'Aisne. Quand j'annonçais les primaires comme idée rénovatrice, mes camarades étaient assez sceptiques. Ce système "à l'américaine" n'était pas très bien vu. Les militants, comme tout être humain, n'aiment pas qu'on les dépossède de leur pouvoir. Or, avec les primaires, on remet en cause le sacro-saint pouvoir de l'adhérent, on donne aux sympathisants le droit de choisir notre candidat. Et puis, certains camarades s'inquiétaient de voir des gens de droite perturber le scrutin en y participant. Qu'en est-il maintenant ? Ces doutes sont-ils levés ?

De fait, les primaires posent objectivement certains problèmes techniques, même pour ceux qui, comme moi, en acceptent le principe politique. D'abord, la nouveauté du système est en soi périlleuse. Sur le papier, c'est parfait et enthousiasmant. Mais qu'en sera-t-il dans la réalité ? Ensuite, le jeu ne vaut la peine que s'il y a des joueurs. Si les communistes, écologistes, radicaux, chevènementistes n'adhèrent pas, si les candidatures ne sont que socialistes, on retourne à la case départ, à la campagne de désignation interne de 2006. Nos partenaires ont-ils intérêt à entrer dans notre système de primaires, c'est à dire, soyons clairs, de renoncer à être présents au premier tour de l'élection présidentielle ? Je n'en suis pas certain.

Dernière objection : une campagne primaire de plusieurs mois conduira inévitablement ses candidats à s'opposer, devant le pays, sous le regard attentif de la droite. Ne prend-on pas le risque de diviser alors même qu'on voudrait rassembler ? Et puis, s'il y a huit ou dix candidats, n'irait-on pas vers le foutoir, la foire d'empoigne, l'illisibilité politique ? Ce qui fonctionne aux Etats-Unis ne garantit pas d'un bon fonctionnement en France.

Bref, allons doucement vers les primaires, mais en toute lucidité, sans évacuer les difficultés, et surtout en parlant d'autre chose, de notre projet politique. Ma modération sur le sujet est motivée par une autre raison, politique certes mais plus personnelle, une raison de strauss-kahnien. Les primaires auraient été formidables pour DSK en 2006, lui donnant toutes les chances d'être désigné candidat à la présidentielle. Mais aujourd'hui, je le vois mal renoncer à la direction du FMI pour entrer en France dans un débat interne de plusieurs mois avec un radical de gauche, un écolo, un chevènementiste et quelques camarades socialistes, d'autant plus que l'issue en serait incertaine. La seule chance de Strauss, c'est un PS qui ne parviendrait pas à régler ses contentieux et qui ferait appel, à l'ancienne, par une désignation classique, au sauveur du FMI. Mais il est bon aussi, de temps en temps, de fredonner l'Internationale : "Il n'y a de sauveur suprême, ni dieu, ni césar, ni tribun". Ni DSK ?


Bonne journée,
avec ou sans Doliprane.

23 août 2009

Embarras.

Bonjour à toutes et à tous.

Je suis dans l'embarras. Qui peut nier que Peillon a réussi hier un joli coup politique ? Alors qu'Aubry échoue à rassembler, lui y parvient. Certes ce n'est qu'une photo, mais quelle photo ! Cohn-Bendit, Sarnez, Taubira, Hue autour d'un socialiste, qui dit mieux ? Il ne manque que Chevènement ! Après tout, si la gauche peut gagner comme ça, allons-y. Car pour gagner, il faut être uni.

Pourquoi suis-je donc dans l'embarras ? D'abord parce qu'une photo, aussi belle, aussi médiatique soit-elle, ne fait pas un contrat, un projet de gouvernement. Or c'est là-dessus qu'une alliance sérieuse se conclut. Tant que je ne verrais pas ça, mon embarras continuera. Ensuite parce qu'une réunion de personnalités ne fait pas un rassemblement de formations. Que représente Hue au sein du PCF ? Plus grand-chose. Qu'est Taubira dans le PRG ? Je ne sais pas. Tout le MoDem est-il derrière Sarnez quand elle affirme que ce qui la rapproche de la gauche est plus fort que ce qui l'en sépare ? Je ne crois pas (j'en toucherai un mot à notre élu local du MoDem, Paul Gironde, pour savoir ce qu'il en pense ...). Même Cohn-Bendit ne fait pas l'unanimité chez les Verts quant à son rapprochement avec les centristes. Et la ligne que propose mon cher Vincent n'a pas été retenue à notre congrès de Reims. Voilà le problème qui se cache derrière la photo.

Pourtant, je ne fais pas la fine bouche. Plus les centristes seront impliqués à gauche, mieux cela vaudra. Et je ne partage pas la méfiance de mon camarade Hamon, qui rejette le MoDem à cause de son "libéralisme". Critiquer la politique de Sarkozy, défendre la laïcité, se soucier des libertés publiques comme le fait le MoDem, est-ce être "libéral" ? Non, je ne le pense pas.

Mon embarras à l'égard du MoDem est ailleurs, dans son positionnement politique. Un jour il nous dit qu'il n'est ni à droite ni à gauche, un autre jour (Sarnez hier) qu'il se sent plus proche de la gauche que de la droite. Il faudrait tout de même savoir ! Pour le moment, je ne sais pas, d'où mon embarras et mes réticences à m'unir aux centristes. Mais auraient-ils un positionnement clair que je les accueillerais à bras ouverts. Car ce qui compte en politique, vis-à-vis des électeurs, c'est la clarté des choix. Celle-ci ne s'impose qu'au moment de rédiger un projet commun. Les grands principes, les belles déclarations, j'y souscris, mais ça ne suffit pas, ce n'est pas l'essentiel.

Je ne suis sûrement pas le seul à être embarrassé. Mettez-vous à la place de Martine Aubry. Quoi qu'on dise, elle s'est faite voler la vedette par Vincent Peillon (même si celui-ci a le droit de réunir ses amis et d'inviter qui il veut). La rentrée politique de la gauche a eu lieu ce dimanche à Marseille, et pas le week-end prochain à La Rochelle. Maintenant, notre patronne est obligée de réagir à l'événement marseillais, ce qui n'est jamais la meilleure position en politique. De plus, sa réaction devra être une justification, puisque la ligne du PS n'est pas celle du rassemblement avec le centre. C'est pour le moins embarrassant.

A cela s'ajoute un autre embarras : Montebourg tient aujourd'hui sa traditionnelle fête de la rose, avec comme invité d'honneur Hamon, qui n'est pas du tout sur la même ligne que Peillon. D'où le risque ce soir d'entendre à nouveau des voix discordantes s'élever parmi les socialistes. Nous verrons bien ce soir. Et puis, les embarras sont faits pour qu'on s'en débarrasse.


Bonne journée.

22 août 2009

Flashback et blues.

Bonsoir à toutes et à tous.

En politique, je vais plus souvent à des enterrements qu'à des mariages. Sauf en cette fin de vacances où j'ai quasiment deux cérémonies coup sur coup. La semaine prochaine, j'irai à Guise, chez Balligand. Aujourd'hui, c'était à Moy, Nathalie et Alain. Un seul politique était de la noce : le maire de Chauny. Sinon le milieu était agricole.

Nathalie ! Ça me fiche un coup de blues. Je l'ai connue il y a onze ans, en posant mes valises à Saint-Quentin. Elle était fan d'Odette, la députée socialiste. Elle avait même rédigé une chansonnette sur "la perm", le point de ralliement des enthousiasmes qu'était alors la permanence électorale. On n'imagine plus aujourd'hui la fougue militante de ce temps-là. C'était la première fois depuis bien longtemps qu'une socialiste se faisait élire députée, en battant Charles Baur qui plus est. Le monde était à nous, tout semblait possible, même ravir la municipalité. Du passé déprimant de la gauche locale, nous avions fait table rase. Si nous avions su que ses fantômes étaient encore là, menaçants ...

J'en parle parce que Nathalie m'en parlait. Je n'ai pas vécu la première année, la plus glorieuse, 1997-1998. Car la défaite d'Odette face à Xavier Bertrand aux cantonales de 1998 a cassé un élan qui n'a pas été par la suite repris. C'est à ce moment-là que Nathalie s'est éloignée de la "perm", qu'elle n'a plus entonnée sa chansonnette. Elle a fait l'expérience de la déception, qui est un passage obligé quand on fait de la politique : soit on en sort plus fort, soit on quitte. Nathalie a quitté.

Dans l'église, lors du vin d'honneur, j'ai bien observé : de tous ceux de ce temps-là, j'étais le seul à être présent. C'est le drame de la gauche locale. Elle avance par rupture, il n'y a pas de suite, de continuité, de sédimentation. C'est l'impitoyable loi de l'élimination : Lançon out, Vatin out, Mousset out. Et demain qui ? quelle nouvelle tête sur le billot ? Les vainqueurs du jour sont contents, ils se marrent, jusqu'à ce qu'à leur tour ils se fassent exclure du jeu et grimacent. Un jeu à sommes nulles d'ailleurs, qui ressemble bigrement à la roulette russe. La seule gagnante, celle qui ramasse la mise, c'est la droite.

J'ai essayé de mettre un terme à ce jeu de massacre en 2007, j'ai échoué. Moi ou un autre, plus tard, réussira. Putain, il m'a fallu aller à ce mariage pour me remettre tout ça en tête, alors que je ne demande qu'à finir tranquillement mes vacances et reprendre tout aussi tranquillement mes activités publiques. Allez, tous mes voeux de bonheur à Nathalie et Alain, vive l'amour, vive l'espoir !


Bonne soirée.

Les fruits Verts.

Bonjour à toutes et à tous.

Les Verts à Nîmes (ah les arènes, j'y étais dimanche dernier) posent tout de même quelques problèmes au PS (mais la vie politique n'est-elle pas faite d'incessants problèmes ? Le tout est d'en trouver les solutions). D'abord, leur volonté d'autonomie aux régionales va nous prendre des voix au premier tour, c'est évident. Que les écolos veuillent affirmer ainsi leur identité, c'est normal. Ce qui m'inquiète, c'est autre chose, c'est plutôt le phénomène des européennes : ces socialistes qui ne votent plus socialiste mais Vert. S'ils recommencent aux régionales, on est vraiment mal barré. Car les points perdus au premier tour ne se retrouvent pas nécessairement au second. Si la dynamique socialiste n'est pas enclenchée dès le début, plusieurs régions vont nous passer sous le nez.

Et puis, Dany nous pose un autre sacré problème : il prône l'alliance avec le MoDem, le PS non. On va faire comment au second tour des régionales ? Les uns feront pression pour l'union avec les centristes, marchanderont à coup sûr leurs voix à cette condition-là, les autres au contraire n'en voudront absolument pas. Je ne sens pas bien cette affaire. D'autant que le courant de Peillon, réuni en ce moment à Marseille, va dans le sens de Dany, qui est son invité, ainsi que Marielle de Sarnez, numéro 2 du MoDem. On ne fait pas plus symbolique ... ni problématique.

Autre épine, purement socialiste celle-là : la question des primaires. On les fait ou on les fait pas ? Ça presse de tout côté pour trancher. Rebsamen propose même qu'elles soient organisées après les régionales ! Nous aurions ainsi, deux ans avant, notre candidat pour la présidentielle. Pourquoi pas, la nécessité d'avoir un chef est tellement forte dans nos rangs, à la base.

Pourtant, le chef moi je l'ai , depuis longtemps, et je suis sûr qu'on y viendra, à la longue. C'est bien sûr DSK. Il y aura bien un jour où l'évidence va s'imposer : le meilleur c'est lui, celui qui peut battre Sarkozy. Ce n'est pas le fan que je suis qui le dit, ça n'aurait aucune valeur. Mais c'est Dimanche Ouest-France dans son dernier sondage, qui est éloquent : le PS n'a plus la cote, son candidat préféré, loin devant tous les autres postulants, c'est DSK. Alors, quand est-ce qu'on y va, qu'on le fait ? Rappeler illico Strauss de Washington et le mettre sur les rails de la présidentielle. Mais à quel moment ? Disons courant 2011. Et si les primaires sentent le foutoir, on s'en passera.


Bonne journée.

21 août 2009

Aubry postmatérialiste.

Bonsoir à toutes et à tous.

C'est encore les vacances, soyons donc futile, parlons de philosophie. Plus futile encore, évoquons la philosophie de Martine Aubry. Philo et politique ne font pas bon ménage. Malgré Jaurès hier, malgré Peillon aujourd'hui, si l'on veut réussir au PS, mieux vaut ne pas être prof de philo. Ça n'est pas très bien porté, ça fait ... futile. Au PCF ou à l'extrême gauche oui, on trouve pas mal de mes collègues. Pas tellement dans mon Parti. Je suis l'exception qui confirme la règle.

Mais revenons à Aubry. Pourquoi s'interroger sur sa philosophie ? Ce n'est pas moi, c'est mon camarade Jean-Pierre Sueur qui aborde le sujet, dans Libération du 17 août (page 23), sous un titre éminement philosophique : Le postmatérialisme selon Martine Aubry. Car Martine, on ne sait pas très bien quelle est son idéologie, ne s'étant jamais inscrit dans un courant de pensée. Pourtant, le 4 juillet, dans Le Monde, elle s'est définie comme "postmatérialiste". Sueur revient là-dessus.

Hormis le titre de sa tribune, le ton fait très philo. Il est question de Démocrite, d'idéalisme, de psychanalyse, de neurosciences, ... C'est inhabituel sous la plume d'un politique. Mais que veut-il nous dire ? Que la pensée de Martine se rattache au personnalisme, la philosophie d'Emmanuel Mounier, d'inspiration chrétienne, un peu oubliée aujourd'hui. C'est pourquoi elle dénonce "la société du caddie", le monde de la surconsommation, les exclusions et les injustices qui en résultent. De ce point de vue, notre secrétaire générale est bien la fille de son père, le démocrate-chrétien Jacques Delors, représentant d'un certain catholicisme social.

S'il y a au PS une seule ligne politique, celle que les adhérents se donnent lors de nos congrès, il y a plusieurs philosophies. La mienne, social-démocrate, marxiste moderne, laïque est différente de celle, plutôt moraliste, de Martine Aubry. C'est très bien comme ça, notre parti a toujours cultivé le pluralisme. Et puis, quand on voit la morgue, l'effronterie, le scandale moral du sarkozysme, on se dit qu'une ligne éthique pourrait être en capacité de mobiliser une majorité de l'électorat, quand le jour viendra, quand nos concitoyens seront repus et dégoûtés de l'actuel débauche gouvernementale.


Bonne soirée postmatérialiste.

Les réformes ratées.

Bonjour à toutes et à tous.

La loi TEPA, qui est le socle fiscal de la politique gouvernementale, a deux ans d'existence. La Tribune d'aujourd'hui, qui n'est pas un journal d'opposition, en dresse le bilan : très mitigé. Les heures supplémentaires défiscalisées, qui illustraient le fameux slogan présidentiel "Travailler plus pour gagner plus", ont baissé de 10% dans la dernière année. Le "bouclier fiscal", qui était sensé rapatrier les gros contribuables, n'a pas produit ses effets (Johnny est resté fiscalement en Belgique !).

La Tribune reconnaît cependant deux réussites. Les réductions d'impôts sur les prêts immobiliers, symbole de cette France des propriétaires dont rêve la droite, ont bien fonctionné. De même, la suppression des droits de succession, sauf pour les hyper-riches, satisfait les intérêts des classes moyennes. Admettons ; il n'en reste pas moins que les classes populaires, dans tout ça, n'ont droit à rien, sont oubliées. C'est à elles, par conséquent, que le PS doit s'adresser et faire des propositions.

La réflexion sur ces deux années de sarkozysme est également menée dans le trimestriel du PS La Revue Socialiste (n°35, 3ème trimestre 2009), notre publication théorique, avec un entretien de l'économiste André Zylberberg, autour de l'ouvrage Les réformes ratées du Président Sarkozy (Flammarion, 2009). Ce n'est pas un homme de gauche, sa démonstration en est d'autant plus intéressante. Il revient sur trois "réformes"-clés :

1- La défiscalisation des heures sup : une entourloupe sans effet sur l'activité économique puisque que dans la pratique elles étaient déjà effectuées mais pas déclarées comme telles. Coût pour l'Etat : 4 milliards par an. Il y a bien des bénéficiaires, qui paient moins d'impôts mais ne travaillent pas plus.

2- Les régimes spéciaux de retraite : ils ont été "réformés" oui, mais au prix fort, à coup de concessions en matière de grilles de salaire, intégration des primes, rachats des années d'études qui rendent ces régimes plus onéreux qu'avant.

3- Le RSA : le dispositif manque de clarté et de transparence, on ne sait pas trop si on y gagne ou pas. Et quand on y gagne, le bénéfice est trop faible.

Réformes ratées, mais aussi réformes oubliées : celle sur la représentativité syndicale, qui aurait pu faire émerger, comme dans la plupart des social-démocraties, un syndicalisme de services, seule solution pour réactiver les adhésions ; celle sur le cumul des mandats, afin d'affecter les députés au seul travail législatif.

Il ne m'est donc pas possible de souhaiter un "bon" anniversaire à Nicolas Sarkozy. Mais je peux lui souhaiter, comme à vous tous, une bonne journée.

20 août 2009

Une oreille distraite.

Bonsoir à toutes et à tous.

L'été, j'écoute la radio d'une oreille distraite, souvent en faisant autre chose. Vous aurez donc de l'indulgence pour mon oreille distraite qui a perçu dans l'après-midi quelque chose d'assez ahurissant : le Premier ministre a fait aujourd'hui sa rentrée politique (ce n'est pas rien, la rentrée politique d'un Premier ministre) en allant sur une plage de Bretagne où est mort un cheval, tué par des algues vertes. J'ai failli éclater de rire. Que des algues fassent crever un poisson, à la rigueur je comprends. Mais un cheval ! Et puis, je croyais que toutes les algues étaient vertes, à la limite vertes foncées, verdâtres. La précision suppose que certaines seraient bleues, oranges ou rouges.

Je ne doute pas que le dossier soit très sérieux et même dramatique, puisqu'il y a mort de cheval, demain pourquoi pas d'homme. Mais que voulez-vous, l'atmosphère estivale et l'oreille distraite font que mon sérieux, dont généralement je ne me départis pas, n'a pas résisté. D'autant qu'à la radio, sur RTL, dans l'émission "Les auditeurs ont la parole", l'effet comique s'est poursuivi, sur un tout autre sujet. Il était question cette fois d'un alcootest qui bloque l'automobile quand on démarre un peu pompette. Les auditeurs débattaient très doctement de ce procédé, remède ou non à l'insécurité routière, puisqu'on sait que la majorité des accidents sont causés par la bouteille.

C'est un vrai problème, tout comme les algues criminelles, je n'en doute pas. Mais allons-nous vers une vraie solution ? Car c'est une façon de déresponsabiliser les citoyens. Désormais, la machine va décider à notre place ce qu'il faut faire ou ne pas faire. Pareil pour les algues meurtrières : qu'est-ce que le cavalier et son cheval allaient foutre là ? On demande tout à l'Etat et plus rien à l'individu. Et on prétend que c'est le libéralisme qui triomphe ! Je n'y comprends plus rien (mais c'est sans doute à cause de mon oreille distraite).

Et puis, quand j'ai commencé à m'intéresser à la politique il y a 35 ans, on se battait à gauche pour réformer la société, à l'extrême gauche pour changer le monde, à droite pour défendre certaines valeurs, à l'extrême droite pour perpétuer certaines traditions. Mais si on m'avait dit qu'un jour un Premier ministre ferait sa rentrée en s'opposant à des algues, vertes ou pas, et que mes concitoyens se passionneraient pour la voiture antialcoolique, je n'y aurais pas cru, je n'aurais pas été séduit par la politique. Que ces sujets aient leur noblesse en matière sanitaire et technique, j'en suis bien d'accord. Mais en faire des dossiers politiques, non.

Si être socialiste, c'est contester un tant soit peu la société, refusons de nous laisser aller à ce genre de sujets emblématiques du monde d'aujourd'hui, rejetons ce "concret" dont on nous rebat les oreilles (sauf les miennes, distraites), imposons nos propres thèmes. Car il y a des problèmes autrement plus importants, même un 20 août.


Bonne soirée.

Halte au feu !

Bonjour à toutes et à tous.

L'université d'été du PS se tiendra dans un peu plus d'une semaine et je sens déjà, chez mes camarades, la déconne revenir à pleins tubes. En juillet, c'est Valls qui mettait le feu, suscitant la juste réprobation de nos parlementaires. J'aime bien les réflexions de Manu, mais là, il y est allé un peu fort. Jusqu'à se faire photographier dans la presse avec un sparadrap sur la bouche ! S'il y a en France un parti où la parole est libre, c'est bien le PS. En 2005, on a même autorisé des socialistes à faire campagne contre la position officielle du Parti socialiste. Je ne connais aucune formation qui laisse faire ça.

Valls s'est calmé, c'est Montebourg qui prend hélas la suite. Lui aussi, je l'aime bien, j'apprécie son enthousiasme et sa volonté rénovatrice. Il tient à son idée de primaires, très bien. Mais pourquoi menace-t-il de quitter le PS si cette idée n'est pas appliquée ? Ce ne sont pas des façons ... Si je devais quitter la section de Saint-Quentin parce que je ne suis pas d'accord avec elle, ce serait fait depuis longtemps ... et ce serait complètement idiot. En politique, on reste et on se bat pour que les choses changent. Quand on a la vérité avec soi, il faut être confiant et patient, les choses finissent inéluctablement par changer. Arnaud a donc tort, il rajoute à la confusion.

Rebsamen, dans un autre genre, ne fait pas mieux en reparlant du MoDem et d'une alliance avec le PS. Quand allons-nous arrêter avec cette histoire-là qui ne mène nulle part ? Le congrès de Reims a tranché : pas d'alliance avec le centre. Mais surtout, pourquoi ramener cette question puisque, de toute façon, le centre ne veut pas s'allier avec nous ? Je ne comprends pas non plus Peillon qui prône un rassemblement de Bayrou à ... Besancenot. Vous les imaginez, le centriste et le guévariste, main dans la main autour du PS ? Ça ne tient pas une seule seconde. Efforçons-nous de consolider nos liens avec nos partenaires traditionnels, c'est déjà tout un boulot. Pour le reste, c'est la dynamique de l'élection présidentielle qui exercera sa force centripète.

Mon camarade Cambadélis a tenté de remettre un peu de raison dans tout ça, en rédigeant une longue "Lettre à un militant qui n'en peut plus" (bon titre). Il réclame une trêve d'un an, un effacement des querelles, une mise entre parenthèses des divergences. Oui, mais un an, c'est un peu court. J'aurais dit cinq ans. Au bout de ce délai, plus personne ne se souviendra de l'origine de nos conflits ...

Tenons bon jusqu'à La Rochelle. Je prie les dieux du socialisme pour que le week-end qui nous sépare de ce grand rendez-vous se passe calmement (il y aura la réunion du courant de Peillon et la fête de la rose de Montebourg). Après, c'est la campagne des régionales qui commencera et qui devrait, les uns et les autres, nous ramener à la sagesse. En politique, quand ça commence mal, ça finit mal. Voyez Saint-Quentin. Tout l'art, c'est de ne pas rater son entrée. Sinon on se fait vite sortir.


Bonne journée.

19 août 2009

Pierre, Paul, Jean.

Bonsoir à toutes et à tous.

Pour Carnas, j'avais emporté des ouvrages sur les débuts du christianisme, une période qui m'intéresse pour des raisons spirituelles, théologiques (pas très éloignées de la philosophie) mais aussi politiques : qu'une secte de vagabonds conduite par un raté (finir sur une croix, ce n'est pas une réussite) engendre toute une organisation qui va vaincre l'Empire romain, ce n'est pas banal, c'est très singulier, politiquement impressionnant.

J'ai donc lu avec passion les trois ouvrages de Mordillat et Prieur sur la question (il y a une bonne dizaine d'années, leur émission Corpus Christi sur Arte m'avait enchanté). J'ai complété par un roman déjà ancien (1985) de Guy Hocquenghem, La colère de l'Agneau, consacré à saint Jean. Quand des culs bénis en parlent, ça ne m'intéresse pas, mais quand c'est un homo gauchiste qui se saisit du sujet, j'y vais. Ajoutez à ça deux essais de mon cher Matzneff (qui était d'ailleurs copain, en tout bien tout honneur, avec Hocquenghem) sur l'orthodoxie et vous avez mon panorama religieux des vacances.

Dans ces commencements tourmentés du christianisme, en dehors bien sûr de Jésus (dont on ne sait quasiment rien de certain), trois figures émergent, et quelles figures ! Pierre, Paul et Jean. Chacun est un personnage très distinct des deux autres. A bien y réfléchir (je ne parle ici que de politique, pas de leur dimension spirituelle), ils constituent des archétypes, des figures du pouvoir :

Jean, c'est l'intellectuel, l'homme d'idées. Son évangile, comparé à ceux de Luc, Marc et Matthieu, c'est du lourd. Avec lui, le christianisme se fait pensée. Sans lui, peut-être serait-il resté un moralisme ou une superstition. Paul, c'est l'organisateur, celui qui voit loin, veut convertir les payens, récolte le fric, structure l'église. C'est aussi un idéologue, et même un tantinet fanatique, qui a la rage des convertis. Pierre, c'est le successeur du Maître, donc l'homme de pouvoir par excellence, celui qui reçoit les clés de la boutique. Or quelle est sa psychologie ? Assez lamentable. Relisez les évangiles : il est faible, craintif, traître (Judas au moins y va franco dans la trahison). Jean et Paul ont des personnalités remarquables, Pierre est un minable.

Pourquoi je vous parle de tout ça, qui vous ennuie peut-être alors que j'en suis passionné ? Parce que tout ça a encore à voir avec la politique d'aujourd'hui. Il faut des idées, donc des intellos, du type de Jean, sinon la coquille est vide. Mais il faut aussi des organisateurs pour qu'il y ait une coquille, et si possible bien dure. C'est le rôle de Paul. Et puis, il faut des gars qui font marcher la boutique. On les croit puissants, glorieux, charismatiques. C'est le préjugé qui le laisse penser ou la légende qui le fait croire. En réalité, la politique est beaucoup plus constituée de larbins que de guerriers. Regardez autour de vous, vous comprendrez. Jésus avait déjà compris ça : sauf circonstances historiques exceptionnelles et grandioses, le pouvoir est généralement dévolu aux plus nuls, genre Pierre.

Je suis pessimiste ? Ce n'est pas de ma faute si l'humanité est ainsi, allez vous plaindre à Dieu si vous croyez en lui. En réalité, je ne suis pas si pessimiste que ça. Les génies au pouvoir peuvent aussi entraîner les pires catastrophes. Mieux vaut finalement un médiocre (précisément parlant, la médiocrité, c'est la moyenne basse, c'est à dire l'état de la majorité) dans lequel le grand nombre peut se reconnaître, que personne ne jalousera. Pour accéder au pouvoir, pour se faire élire quelque part, il faut être rassurant, faire preuve d'une saine médiocrité.

Le fin du fin, ce sont ces politiques très subtils qui jouent aux ballots. J'en connais quelques-uns. J'en connais aussi qui n'ont pas besoin de se forcer, c'est leur naturel. Quelqu'un qui est faible, craintif et porté à trahir est en politique quelqu'un sur qui on peut compter, quelqu'un qui vous suivra à coup sûr. Avec Pierre, Jésus a fait le bon choix. Un intello à la façon de Jean est un emmerdeur qui ne lâche pas sur ses convictions, un organisateur du type de Paul devient dangereusement indispensable et menaçant.

"Pierre, tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon église". Personne ne s'étonne que le Christ ait pu faire un jeu de mots aussi foireux, digne de l'almanach Vermot. C'est qu'il se fout de la gueule du Pierre en question, car si l'un de ses disciples n'a pas la consistance de la roche, c'est bien lui, le faible, le craintif, le traître Pierre. Amis qui faites de la politique ou qui n'en faites pas, n'oubliez pas ceci : la plupart des politiques sont plus des éponges que des rochers.


Bonne nuit.


PS : ce soir, sur TF1, à 23h10, début de la 5ème saison de Lost, regardez, c'est génial.

Rien de nouveau.

Bonjour à toutes et à tous.

De retour à Saint-Quentin, après trois semaines d'absence, j'ai acheté à la gare la presse locale. L'Aisne Nouvelle m'a appris que Xavier Bertrand a joué au foot sur la plage du centre. Rien de nouveau sous le soleil de ma ville. Chez moi, j'ai pris peur : un oiseau mort traînait au milieu du salon. J'ai cru d'abord à un procédé de sorcellerie utilisé par un adversaire politique (les pauvres, il ne leur reste plus que la magie noire contre moi ...). Mais non, c'était mon chat Maurice qui avait fait joujou avec un cuicui. Toujours là le chat, très content de me revoir, et moi aussi. Rien de nouveau, et c'est très bien.

A la une de Libé, deux titres m'ont interpellé : "Débat sur la crise : Rocard" et "Où va le PS ?". A l'intérieur, le second article se demande, page 3, "où en est le regroupement des socialistes". Page 4, je me suis intéressé à la tribune libre de Michel Rocard intitulée étrangement "La crise ? Quelle crise ?" Je vous en livre quelques extraits significatifs :

"Il y a à peine trois mois, certains pensaient que Nicolas Sarkozy était en train de voler à la gauche son programme (...) Mais il ne faudrait pas qu'à l'inverse, la gauche lui emprunte le mythe de la "crise mondiale", sorte de cataclysme naturel imprévisible et irrémédiable qui n'explique rien, ne permet pas de comprendre l'évolution actuelle et ne sert qu'à faire accepter les échecs de la politique gouvernementale. Il est vrai qu'on retrouve les mêmes symptômes dans tous les pays capitalistes : aggravation du chômage, accélération de l'inflation, réduction du taux de croissance de la production, déficit des échanges extérieurs ; et face à cette situation, des pouvoirs publics entièrement paralysés".

Bien vu, non ? Et ce n'est pas fini :

"La réalité, c'est que les entreprises les plus puissantes sont en train de redistribuer leurs activités à travers le monde occidental pour bénéficier, à chaque étape, des conditions qui leur sont les plus favorables. Cette restructuration de la production a pour effet de supprimer des activités dans certaines régions et certains secteurs des pays développés et de créer des zones de croissance industrielle dans certaines régions du Tiers-Monde sans que cela corresponde, bien entendu, dans un cas comme dans un autre, aux aspirations des populations concernées. Mais elle aboutit également à désarticuler les mécanismes qui permettaient jusqu'ici d'établir des équilibres à l'échelle d'un pays".

On reproche parfois à Rocard un langage abscons. Il théorise simplement une situation, en l'occurrence la crise, a le sens de la synthèse, va à l'essentiel, propose des analyses qui ne sont pas toujours politiquement correctes.

Mais il faut que je vous dise : les extraits ci-dessus sont rigoureusement exacts à deux mots près, "Nicolas Sarkozy". C'est en vérité "Giscard d'Estaing" qu'il faut lire. Et puis, j'ai omis de préciser que le numéro de Libération est celui du lundi 2 décembre 1974, n°296. Tout le reste est vrai.

A Carnas, au moment du départ, mes amis m'ont offert une gravure qu'ils ont enveloppée dans du vieux journal. J'ai apprécié le cadeau mais aussi l'emballage, dont j'ai voulu vous faire profiter. Rien de nouveau sous le soleil.


Bonne journée ensoleillée.

18 août 2009

Le train du socialisme.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je suis allé à Carnas en voiture, je suis revenu à Saint-Quentin en train. Ce qui m'a permis, une fois de plus, d'expérimenter la supériorité du socialisme sur le libéralisme. La bagnole est un mode de locomotion libéral : individualiste, compétitif, bourgeois (on aime frimer avec sa belle auto). Le train est socialiste : collectif, organisé, étatisé. Si nos concitoyens prenaient plus souvent le chemin de fer et réfléchissaient à ce choix, ils voteraient plus volontiers socialiste, tellement les avantages de la SNCF sur l'automobile prouvent la pertinence du socialisme. D'ailleurs, quand la gauche désormais l'emportera, j'aimerai qu'on pavoise les trains de drapeaux rouges, comme dans la Russie des soviets, pour bien marquer que la victoire du socialisme est le triomphe de l'organisation ferroviaire. Je vous explique pourquoi :

Autant le ciel, la mer et la route peuvent être livrés à la concurrence, autant c'est inconcevable pour le rail. Cette indispensable technologie est intrinsèquement socialiste. On imagine pas deux trains en compétition, soit sur la même voie ferrée, soit sur des lignes parallèles. Plus qu'absurde, ce serait matériellement impossible. Et là où, comme en Angleterre, on a privatisé le réseau, ça a été le bin's total. Le rail, c'est la limite infranchissable à laquelle se heurte la droite libérale.

Mais le socialisme ferroviaire n'est pas qu'une affaire technique, il est porteur d'émancipation humaine. Mon trajet de Carnas à Saint-Quentin a été d'une remarquable rapidité (parti à 11h00, arrivé à 16h00), que jamais la plus puissante des automobiles n'aurait pu surpasser. Ce voyage a été libérateur ; c'est la société qui m'a transporté, sans aucun souci ni effort de ma part (la bagnole, à côté, c'est l'enfer). J'ai pu me distraire, lire, me cultiver, apprécier la beauté des paysages, rencontrer dans mon compartiment mes congénères, discuter avec eux selon mon envie, bref exercer une forme de bonheur absolument étrangère à la pratique de la voiture.

Cependant, le service public du rail, aussi progressiste soit-il, rencontre lui aussi une limite, son prix, relativement élevé. Je ne demande pas la gratuité absolue comme signe intangible du socialisme, mais tout de même des prix plus raisonnables, c'est à dire plus bas qu'ils ne sont. Mais ce défaut n'est pas pour me surprendre. De même qu'une hirondelle ne fait pas le printemps, ce n'est pas un service public qui fait le socialisme. Celui-ci n'adviendra vraiment que dans un projet global de société, où chacune de ses dimensions, et pas seulement le transport ferroviaire, tirera dans le sens du socialisme.

En attendant, prenez le train, appréciez ses irremplaçables qualités et comprenez combien une vision libérale de la société n'est pas soutenable. Ça vaudra bien un cours d'économie, une théorie politique ou un discours idéologique.


Bonne nuit.

17 août 2009

Un village de France.





Bonjour à toutes et à tous.

C'est mon dernier jour à Carnas. Avant de quitter ce village, je veux vous présenter brièvement sa géopolitique. La Poste a disparu depuis quelques années. Le seul commerce qui demeure, c'est la boulangerie (première photo). L'autre activité économique, c'est la coopérative viticole (troisième photo). Le pain et le vin sont les richesses du coin. Avec l'eau. Il en faut dans cette région de grande chaleur. C'est pourquoi les vieux puits sont nombreux. Le pain, le vin et l'eau, c'est tout Carnas.

Il y a aussi une école, qui regroupe les enfants des villages environnants. Elle est installée dans le corps de bâtiment de la mairie. On voit encore, à ses deux portes distinctes, l'ancienne division entre école des filles et école des garçons. Au même endroit se trouve la bibliothèque, avec un millier d'ouvrages, m'a dit monsieur le maire.

Carnas, c'est bien sûr son église (l'évêque est venu récemment honorer une relique), son monument aux morts de 1914-1918, sa place avec un aménagement pour jouer à la pétanque. J'ai terminé mon séjour comme je l'avais commencé, en faisant une petite visite au cimetière (deuxième photo). Le sanglier, pris en gros plan, sur cette tombe atteste d'un pays de chasse. La croix sur la pierre n'est pas occitane, comme je l'ai d'abord cru, mais huguenote (l'oiseau en bas, c'est la colombe du Saint-Esprit). Les protestants ont été influents ici.

Carnas, malgré ses quelques particularités, est un village de France comme des dizaines de milliers d'autres. Une image de la France toujours là mais qu'on a tendance à oublier.


Bonne journée.

16 août 2009

Mon pire souvenir.

Bonjour à toutes et à tous.

Depuis que je suis à Carnas, je ne consulte mon téléphone mobile qu'une fois par jour. C'est pourquoi j'ai réceptionné trop tard le message de Jérôme Poinsu, de L'Aisne Nouvelle, qui voulait connaître mon pire souvenir de vacances. Il préparait un article sur ce thème auprès des personnalités saint-quentinoises, paru dans l'édition d'hier. Je vous donne tout de même le témoignage que je m'apprêtais à lui livrer:

En 1991, traversant les Etats-Unis en bus Greyhound, je me suis retrouvé dans un hôtel miteux au coeur de Los Angeles, dont la chambre était remplie de ... cafards. Il y en avait partout, sur les meubles et dans les draps. Un vrai film d'horreur à l'américaine ! J'ai dormi sur une chaise au milieu de la pièce, mon sac sur les genoux, pour me protéger des horribles insectes. Voilà le pire souvenir auquel auront échappé les lecteurs de L'Aisne Nouvelle !

Mais revenons à la politique. Xavier Bertrand ne chôme pas. L'UMP s'est élargie au MPF et à CPNT. C'est le signe que Sarkozy prépare dès maintenant sa réélection. Dans une élection à deux tours, tout se joue au premier. Il faut prendre suffisamment d'avance. Pour cela, il faut rassembler au maximum dès ce premier tour. C'est ce que réussit fort bien la droite, c'est ce que rate la gauche depuis 2002.

Sauf qu'ici, dans l'Hérault, l'élargissement échoue. Les chasseurs préfèrent Frêche, divers gauche (une étiquette de plus en plus prisée pour se faire élire). Et chez nous, en Picardie, où CPNT est influent, autant qu'en Languedoc-Roussillon, que va-t-il se passer ? Gremetz n'hésite pas à courtiser cet électorat, qui avait été en son temps en bisbilles avec Peillon. Pour les régionales, cette donnée sera importante. A ce propos, Moscovici, qui travaille sur notre projet, estime que les régions dont la conservation par les socialistes n'est pas assurée sont entre 8 et 10. J'aimerais bien savoir qui sont-elles, et s'il y range la Picardie. Quoi qu'il en soit, il faudra à coup sûr batailler ferme pour que notre région reste à gauche.


Bonne journée,
nîmoise en ce qui me concerne.

15 août 2009

L'été des candidatures.

Bonsoir à toutes et à tous.

C'est décidément l'été des déclarations de candidature pour briguer le poste de maire de Saint-Quentin : après Anne Ferreira dans L'Aisne Nouvelle il y a exactement trois semaines, c'est au tour de Stéphane Monnoyer, cette fois dans L'Union du 11 août. Sauf que le responsable local du MoDem ne vise pas le prochain scrutin municipal mais ... dans 20 ou 30 ans ! Je sais qu'il faut en politique anticiper et s'organiser longtemps à l'avance. Mais à échéance d'un quart de siècle, c'est assez surprenant.

Quand Stéphane Monnoyer accédera, pense-t-il, au fauteuil de maire, je commencerai à devenir un vieillard, à moins que je ne sois déjà dans la tombe. Et si je suis encore de ce monde, j'espère que mes préoccupations ne seront plus politiques mais philosophiques ou spirituelles : il y a un âge où il est sage de délaisser les affaires publiques et la conquête du pouvoir.

Stéphane Monnoyer a depuis longtemps des ambitions, quand il était au MPF puis à l'UMP. Il a créé récemment une association, Ciné-Muses, qui recrute même à gauche (mais pas moi !). Que du classique quand on voit loin et qu'on vise haut. Son angle d'attaque pour critiquer le maire est assez étonnant : il s'en prend à la politique du patrimoine. C'est assez marrant quand on sait que Monnoyer a été longtemps proche d'Alexis Grandin, actuellement maire-adjoint chargé précisément du patrimoine. Mais reprocher qu'on parle trop des 500 ans de l'Hôtel de Ville, je ne suis pas sûr que ce soit pertinent ni très porteur.

En revanche, quand Stéphane regrette que le buste de Tricoteaux quitte la gare pour aller dans le square qui porte son nom, sait-il qu'il travaille pour la gauche ? Eh oui, puisque chaque année, le premier mai, les socialistes célèbrent la mémoire du maire socialiste de la reconstruction en allant fleurir ce buste. Quant à envisager de rénover la stèle d'Henri Martin, je suis d'accord. Chaque matin, quand je traverse la place Branly pour entrer dans mon lycée, je passe devant ce socle vide et je m'en attriste, d'autant que cet historien républicain qui a donné son nom à mon établissement était aussi vice-président de ma très chère Ligue de l'enseignement, FOL si vous préférez. Mais je n'aimerais pas attendre 20 ou 30 ans pour revoir l'auguste personnage trôner glorieusement devant mon lycée.


Bonne soirée.

14 août 2009

Vin blanc et petit lait.



Bonjour à toutes et à tous.

Quinze jours que je suis à Carnas, entre Cévennes et Camargue, et cette photo qui exprime au mieux mon quotidien : un chemin, ce matin, dans la garrigue, le village au loin, le soleil, la chaleur, le bonheur.

Avec le bonheur des promenades, il y a le bonheur des rencontres. Hier soir, autour d'un vin blanc de pays, c'est avec monsieur le maire que j'ai discuté. Et une surprise de taille : je savais qu'il était socialo mais pas qu'il avait siégé, il y a quelques années, dans notre Conseil national (c'est le Parlement du Parti), au titre de la motion Fabius, ni qu'il avait été membre de la Commission national des conflits (notre justice interne). Franche rigolade de ma part : la Commission en question, je connais, je suis sûr qu'un jour, à mon tour, j'en deviendrai membre, au modeste niveau fédéral, puisque j'ai acquis une certaine expertise en étant deux fois traduit devant cette éminente instance ! Et comme le proverbe nous apprend que jamais deux sans trois ...

Bon, redevenons sérieux. La discussion avec le maire a été intéressante parce que, quel que soit le niveau, village, ville moyenne, grosse agglomération, la problématique politique, dans ses grandes lignes, reste la même. J'ai demandé comment la liste municipale avait été ici constituée. Réponse du premier élu : il a fallu d'abord s'entendre sur un leader indiscutable. Tout part de là, même si tout ne se réduit pas à ça. Après, autour de ce leader, il faut former une équipe, trouver des hommes et des femmes qui sachent s'entendre, qui marchent d'un même pas. Pas facile.

On fait comment ? En partant de quelques idées, quelques propositions sur lesquelles tout le monde tombe d'accord. C'est la deuxième phase, celle du projet. Le premier de liste consulte, recherche des personnes influentes en phase avec ce projet. La méthode est celle des cercles concentriques, une personne en amenant une autre. La logique est celle du plus petit dénominateur commun. Il ne s'agit pas de faire entrer chaque participant dans un moule unique, mais d'oublier les différences et les éventuels différends afin de ne retenir que ce qui unit.

Le leader, qui est le point de départ de toute l'opération, on le choisit comment ? Pas au petit jeu du "Pouf pouf ça sera toi qui sera etc". Non, pour monsieur le maire, c'est dans la vie associative qu'il faut aller recruter les prétendants, car c'est là où un futur maire peut faire ses premières armes (à gauche en tout cas, à droite il y a d'autres réseaux). En l'écoutant, je buvais du petit lait en même temps que mon verre de vin blanc. C'était à peu près ma vision des choses pour Saint-Quentin (un jour, il faudra bien en arriver là).

La conversation s'est poursuivie sur les projets de développement du village, sur la présence constante de son premier magistrat, sur le devoir d'écoute des administrés. Pas de doute : dans la République française, les deux plus beaux mandats sont ceux de maire et de parlementaire. On ne réussit pleinement sa vie politique que si on devient l'un ou l'autre, parfois les deux à la fois.


Bon après-midi.