L'Aisne avec DSK

30 novembre 2010

Une belle déclaration.

Bonjour à toutes et à tous.


C'était hier soir une belle déclaration de candidature. Presque une déclaration d'amour pour l'engagement politique ! Sincère, enthousiaste, prometteuse. Il est bon dans l'activité publique de dire ce qu'on a sur le coeur, sans attendre, sans calculer. La seule chose qui compte en définitive, ce sont les convictions.

C'est pourquoi il y aura toujours un gouffre entre ceux qui lisent un papier qu'on leur a péniblement rédigé et ceux qui parlent avec leurs tripes. D'instinct, les citoyens voient la différence, comprennent et choisissent. Surtout, il faut être constant avec soi-même, ne pas se renier, rester fidèle à ses idées, à son propre passé, à la parole donnée et tenue. Il y avait tout ça dans cette déclaration de candidature d'hier soir. Au demeurant, rien d'étonnant : tout le monde s'y attendait. Qui peut se dire vraiment surpris ?

L'issue ? Elle est incertaine, comme toujours en politique. Mais quand on a déjà été candidat à une élection, tout pousse à être candidat une seconde fois. Surtout quand le résultat a été plutôt bon. Et quand vous n'avez pas cessé depuis lors d'être présent dans la vie publique et dans les médias, la candidature n'est même plus un droit, ça devient un devoir. L'électorat qui a voté pour vous une première fois attend que vous soyez de nouveau au rendez-vous pour relever le challenge. D'autant que la victoire est cette fois possible.

Vous m'avez compris : je vous parle de ma présentation de candidature hier devant mes camarades. Pendant la réunion, on m'a appris que Ségolène se présentait, par voie de presse, aux primaires socialistes. A l'heure qu'il est, je n'ai pas eu le temps d'aller voir.


Bonne journée.

29 novembre 2010

Dans trois jours.




28 novembre 2010

Des propositions pour la gauche.

Bonsoir à toutes et à tous.


J'ai abordé hier, sur un ton badin, les interventions du maire de Saint-Quentin dans les quartiers de la ville. Normal : c'est le samedi soir qui voulait ça. Le dimanche, je redeviens beaucoup plus sérieux. Que faut-il penser de ces initiatives qui vont évidemment se poursuivre ? Que Xavier Bertrand fait ainsi la preuve, s'il en était besoin, qu'il occupera le terrain, malgré ses occupations ministérielles.

Je n'ai pas besoin de ces démonstrations de force, politiques et médiatiques, pour ne pas partager la critique inepte "il est à Paris, il ne pourra pas être à Saint-Quentin". Au contraire, parce qu'il est à Paris, Xavier Bertrand fera en sorte d'être souvent à Saint-Quentin. Et les députés-maires socialistes de villes beaucoup plus importantes que la nôtre (Jean-Marc Ayrault par exemple), comment font-ils ? Laissons tomber les arguments qui n'en sont pas.

En revanche, face au bulldozer qui avance, il est plus urgent d'agir que de penser et parler. Les élus de droite vont dans les quartiers ? Que les élus de gauche s'y rendent aussi, de façon aussi spectaculaire, à la rencontre et à l'écoute de la population. Ne pas disposer du pouvoir n'est pas un handicap. Les citoyens s'adressent à la majorité pour avoir des informations et à l'opposition pour transmettre leurs revendications. L'une leur permet d'avoir des réponses, l'autre de faire remonter leurs questions. En démocratie, il faut les deux. Peut-on imaginer la population saint-quentinoise seulement en contact avec la droite ?

Je vais plus loin : si des interventions directes et collectives des élus de gauche dans les quartiers sont nécessaires (à l'instar de ce que fait la droite), une permanence régulière, qui actuellement n'existe pas, est indispensable. Si le peuple de gauche a élu des représentants, c'est aussi pour pouvoir les rencontrer, dialoguer et exprimer leurs besoins, leurs protestations. Toute opposition a une fonction tribunitienne.

A quoi j'ajoute la dimension médiatique, qui a toujours été sous-estimée par la gauche saint-quentinoise : des conférences de presse de tous les conseillers municipaux de gauche (huit, ce n'est pas rien, j'ai connu l'époque où il n'était que quatre !) pour faire le point, mettre en perspective leur action, contrebalancer le puissant battage de la droite, cela aussi me semble indispensable (et cela aussi ne s'est jamais fait jusqu'à maintenant). Par exemple, Xavier Bertrand vient de nous adresser le traditionnel "Budget à la loupe". Ce document ne mériterait-il pas une riposte commune ?

Si je fais ces propositions, c'est parce que j'ai toujours pensé que les séances du Conseil municipal n'étaient qu'un théâtre d'ombre, où l'opposition ne sera jamais suivie, où le maire aura toujours le dernier mot. Et quand ce maire s'appelle Xavier Bertrand, on peut s'attendre à ce qu'il prenne un malin plaisir à soumettre les élus de gauche à la torture. C'est sur le terrain, pas dans l'Hôtel de Ville, que les élections municipales de 2014 se joueront. Et ça, Bertrand l'a compris.

Vous me ferez peut-être remarquer que je suis mal placé pour conseiller une opposition dont je ne partage pas la ligne politique. Sans doute, mais j'ai voté moi aussi, malgré tout, pour elle, et c'est la seule opposition qui soit aujourd'hui disponible. Il est donc normal que je m'appuie sur elle pour qu'elle joue pleinement son rôle. C'est mon droit de citoyen et mon devoir de socialiste. Et puis, l'intérêt personnel n'a pas sa place en politique, au premier chef le mien. Un jour viendra où d'autres choix seront possibles, il sera alors temps d'en reparler. Pour le moment, opposons-nous, le plus activement, le plus efficacement, avec l'opposition qui est là.


Bonne soirée.

27 novembre 2010

Socialistor !

Bonsoir à toutes et à tous.


Dans son édition du 20 novembre, pour commenter la visite de Xavier Bertrand et de son équipe municipale dans le quartier de Neuville, L'Aisne Nouvelle a étrangement titré : Xavier Bertrand est "Neuvillator". Drôle de surnom ! Lors de sa nomination ministérielle, le même journal avait qualifié le même homme de "negociator". Ça vous fait penser à quoi ? Mais oui bien sûr, plusieurs films ! Terminator, Predator, Gladiator et j'en oublie sûrement. De là à penser que Xavier Bertrand fait tout un cinéma ...

Les mots ne sont jamais innocents, les références ne sont pas fortuites. Quel est le point commun entre ces trois films ? On y exalte la puissance, celle d'un robot (James Cameron), d'un monstre (John Mc Tiernan) et d'un lutteur (Ridley Scott). Il est significatif que les deux premiers films sont joués par le même acteur, mâchoire carré et tout en muscles, Arnold Schwarzenegger. Après tout, lui aussi fait de la politique ! Ministre du Travail et de la Santé ou gouverneur de Californie, ce sont dans les deux cas des hommes censés incarner la force à laquelle on ne résiste pas.

La métaphore est évidemment flatteuse. On imagine Xavier Bertrand s'installant sur la ville, débarquant dans un quartier, ne faisant qu'une bouchée de la gauche locale, écrasant tous ses adversaires (il doit bien y en avoir quelques-uns à droite !) sur son passage. Mais il faut se méfier des métaphores, elles peuvent aisément se retourner : Terminator n'est qu'une machine, Predator est une bête, Gladiator est un esclave. Negociator ou Neuvillator suggèrent aussi la brutalité, la force purement physique, telles que Schwarzy les symbolise au cinéma.

Il me vient alors l'idée que la puissance pourrait changer de camp, que la gauche saint-quentinoise à son tour devienne machine de guerre, animal agressif ou gladiateur intrépide. Je n'en vois qu'un seul capable de tenir ce rôle : moi bien sûr ! Socialistor, voilà désormais comment L'Aisne Nouvelle pourrait me baptiser. Je ne crains personne, je suis prêt à en découdre avec la droite, pas plus tard que pour les élections cantonales, où mon Parti serait bien bête de ne pas me choisir comme candidat ! Oui, c'est tout à fait ça : Emmanuel Mousset est socialistor ! Déjà, en 2004, j'ai failli battre Jérôme Lavrilleux. Alors ?

Bon, il y a un petit problème : j'ai plus le profil de Woody Allen que d'Arnold Schwarzenegger, je l'admets. Mais il faut se méfier des petits : ce sont les plus obstinés et parfois les plus vicieux (la politique, comme chacun sait, n'est pas le domaine de la pure vertu). Terminator, Predator, Gladiator, non ce ne sont pas des titres uniquement réservés à Xavier Bertrand !


Bonne soirée.

Clarté et embrouille.

Bonjour à toutes et à tous.


Je ne comprends pas bien les commentaires embrouillés sur les primaires socialistes depuis quelques jours, arguant des propos des uns et des autres. Les interprétations entraînent la confusion. Tout me semble pourtant parfaitement clair :

1- Les primaires auront lieu, la procédure a été massivement approuvée par nos adhérents, sa mise en place a déjà commencé, ses règles sont précisément fixées.

2- Le calendrier a été lui aussi arrêté, il n'y a pas à revenir dessus. Les délais sont raisonnables et conformes à ce qui s'est toujours fait par le passé.

3- L'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy doit-il nous amener à accélérer le processus ? Non, le Parti socialiste doit choisir son propre rythme et pas s'aligner sur celui de l'adversaire.

4- Chacun sera-t-il libre de se présenter aux primaires ? Évidemment oui ! Ce qui n'autorise pas non plus à se satisfaire d'une multiplication illisible des candidatures.

5- DSK, Aubry et Royal ont-ils signé un "pacte" secret ou conclu un "arrangement" tacite leur réservant les primaires ? Non puisqu'on en parle ouvertement, qu'il n'y a ni texte ni signatures et que personne ne peut s'approprier les primaires pour son compte.

6- En revanche, il est vrai que DSK, Aubry et Royal ont décidé de privilégier l'unité du Parti, de se concerter avant toute décision, de ne pas s'affronter inutilement, ce qui est bien normal quand on veut gagner et qu'on partage en gros les mêmes idées.

7- Les autres postulants à la présidentielle, Hollande, Valls, Moscovici, Montebourg, ne sont pas écartés, mais ce n'est pas leur faire injure que de constater que trois camarades, pour le moment, sont "en situation" et qu'ils s'appellent Strauss-Kahn, Royal et Aubry.

8- Les seuls propos qui me choquent vraiment sont ceux de Razzy Hammadi, secrétaire national et représentant de "l'aile gauche" : "Seule Martine Aubry peut être candidate. Et seule Martine Aubry, c'est mon intime conviction, sera candidate à l'élection présidentielle", a-t-il dit. Non, je ne peux pas accepter un tel exclusivisme. Pour ma part, je souhaite que Strauss soit candidat mais je ne suis sûr de rien, je n'affirme rien et je ne ferme pas le jeu.

9- Si "l'aile gauche" croit pouvoir enfermer notre candidat dans un programme qui serait le sien (et qui transparaît nettement dans le texte dont nous débattons en ce moment, "l'égalité réelle"), pousser au forceps Martine Aubry et écarter ainsi DSK, elle fait un très mauvais calcul politique.


Bonne et claire journée.

26 novembre 2010

"Le coeur à gauche".

Bonsoir à toutes et à tous.


L'association "Le coeur à gauche", présidée par le député de l'Aisne René Dosière, a tenu lundi dernier son assemblée générale à Athies-sous-Laon. J'en suis adhérent depuis sa création, après l'exclusion de René du PS. De toutes les personnalités politiques de gauche du département, c'est celui dont je me sens le plus proche. D'abord parce que c'est un authentique social-démocrate ; ensuite parce qu'il fait un remarquable travail sur le financement de notre vie politique qui lui a valu une notoriété nationale. Avec Xavier Bertrand, c'est finalement l'axonais qui fait parler de lui dans les grands médias !

Lundi, "Le coeur à gauche" a débattu pour savoir s'il devait se transformer en parti politique. Après tout pourquoi pas. Dosière représente une sensibilité politique qui compte, il a réussi à se faire réélire en dehors du Parti socialiste, il est légitime que ses troupes songent à s'organiser et à peser dans la vie politique locale. Au delà du Laonnois, la social-démocratie axonaise se cherche à l'évidence une structure. Le PRG, s'il était beaucoup plus développé, pourrait jouer ce rôle, être le catalyseur du centre gauche. Europe Ecologie-Les Verts eux aussi auraient sans doute une place à prendre. Mais les uns et les autres ne sont présents qu'en certains points très précis du département.

La tentation politique du "Coeur à gauche" n'est pas sans précédent. L'Aisne est riche en dissidences de toute sorte, qui ne tirent pas trop mal leur épingle du jeu. Il y a les "Progressistes" au Conseil Général, l'IDG de Roland Renard (Initiative Démocratique de Gauche, regroupant d'ex-communistes), l'ARS du député Jacques Desallangre (qui a rejoint le Parti de Gauche). Tous ces ex ont compris qu'ils pesaient plus à l'extérieur qu'à l'intérieur d'un appareil politique, socialiste ou communiste. Je les comprends, il m'arrive moi aussi de subir cette tentation, mais je crois que l'heure est plus à la rénovation du PS qu'à sa désertion.

Lundi soir, à Athies-sous-Laon, parmi les nombreux militants, on pouvait reconnaître quelques figures connues : le conseiller général d'Anizy-le-Château Daniel Counot, le conseiller général de La Fère Frédéric Mathieu, le socialiste saint-quentinois Maurice Vatin. Au final, la décision prise a été de développer beaucoup plus l'association "Le coeur à gauche", sans franchir le pas qui consisterait à devenir un mouvement politique. Je crois que René Dosière, au niveau national, est quasiment considéré comme un socialiste. Je crois aussi que pas mal d'adhérents de son association sont, comme moi, des membres du PS qui tiennent à le rester, qui ont choisi de transformer le Parti de l'intérieur, pas en le quittant. Et je trouve ça plutôt sage, plutôt bien.


Bonne soirée.

25 novembre 2010

Les 250 ans de Babeuf.


Voilà un anniversaire et un colloque qui méritent le déplacement. Même si l'association des Amis de Gracchus Babeuf est politiquement très orientée, il est bon de s'intéresser à l'action et à la pensée d'un Saint-Quentinois un peu oublié.

23 novembre 2010

Ce soir à Saint-Quentin.






Nouvelle mobilisation.


Rendez-vous à Saint-Quentin rue de la Sellerie à 17h00.

Dernier hommage.


Bonjour à toutes et à tous.


En vignette, l'information transmise par Jean-Jacques Bordet, l'un des gendres de Roland Mignot (voir billet d'hier).


Bonne journée.

22 novembre 2010

Roland Mignot.

Bonsoir à toutes et à tous.


Je viens d'apprendre la disparition de Roland Mignot, une figure politique et syndicale du socialisme axonais. Je l'avais rencontré il y a treize ou quatorze ans, à l'époque où j'habitais encore à Paris et ne connaissais rien de la vie politique de l'Aisne. Organisant dans mon lycée la Semaine contre le racisme, j'avais souhaité faire venir un responsable départemental de la Ligue des Droits de l'Homme : ils sont venus à deux, dont Roland Mignot, qui a eu un très bon contact avec les élèves, a répondu simplement à leurs questions, en mettant de la vie et de l'humour dans son intervention.

Je ne savais rien de lui, j'ignorais alors son engagement au PS. Je l'ai retrouvé un ou deux ans après, en septembre 1998, lors de la Journée de rentrée fédérale du Parti socialiste (je venais de m'installer à Saint-Quentin durant l'été). Nous visitions le Chemin des Dames, passant une bonne partie du temps en car. Je me souviens qu'il avait pris place tout au fond, tel un lycéen chahuteur, et qu'il avait tenu le rôle de boute-en-train pendant tout le trajet !

Et puis, je n'ai plus entendu parler de lui. Mais c'est avec son fils Philippe, directeur de cabinet du président du Conseil Général, que j'ai fait ensuite connaissance, ainsi que de sa fille Sylviane, attachée parlementaire de la députée européenne Anne Ferreira. A eux et à toute la famille, j'adresse mes sincères condoléances.


Bonne soirée.

Le 2 décembre, on vote !



Bonjour à toutes et à tous.


Le 2 décembre évoque généralement un coup d'Etat. A cette date, le Parti socialiste fera autre chose : il adoptera son projet (vignette 2) et choisira ses candidats aux élections cantonales. A ce propos, j'ai cinq propositions de suppléance, dont trois me semblent tout à fait correspondre aux objectifs que je me suis donné (voir billet de samedi). Les choses se sont faites plus facilement que je ne le croyais. L'embarras est celui maintenant du choix.

Le plus étonnant, c'est qu'une candidature spontanée s'est manifestée ce matin, par courriel, à la suite de mon billet d'avant-hier. La décision est pour jeudi matin au plus tard. A partir du moment où celle-ci sera argumentée, il n'y aura pas de problème, même si la déception sera sans doute inévitable pour celles qui n'auront pas été retenues.

Mais une élection en préparant toujours une autre, les cantonales annoncent aussi les prochaines municipales, où chacun(e) pourra avoir sa place sur la liste. Les réponses positives de membres de la "société civile" encouragent d'ailleurs à songer à une liste très ouverte en 2014, hors gremetziens et extrême gauche bien sûr.


Bonne journée.

21 novembre 2010

Le lièvre et la tortue.

Arnaud Montebourg s'est déclaré candidat à la présidence de la République, avec toute la solennité qui convient à cette ambition. Pourquoi pas, c'est son droit, on est en République. Mais je trouve cette annonce précipitée. Nous sommes en 2010, pas en 2012. Et puis, quoi qu'on dise, ça fait un peu désordre, si les candidatures se multiplient côté socialiste.

Arnaud parle bien, a de l'allure et des idées : c'est plus qu'il n'en faut pour réussir en politique. Mais pourquoi aller si vite ? Chaque chose en son temps, et son heure viendra s'il le juge ainsi. Je me méfie toujours de ceux qui s'empressent de se déclarer : c'est comme en amour, les aveux anticipés sont suspects ; ils n'ont pas toujours la force et la détermination qu'ils paraissent avoir. Quand on se dépêche, c'est qu'on craint d'être doublé. Il y a des accélérations qui sont des compensations : la rapidité supplée à la légitimité. En politique, mieux vaut être tortue que lièvre.

De même, je ne comprends pas bien le débat qui a gagné nos rangs cette semaine à propos du calendrier des primaires. Autant ce qu'on appelle "l'aile droite" (Hollande-Moscovici-Valls) me semble avoir raison sur notre projet, autant je ne partage pas son point de vue sur les échéances : vouloir désigner ou mettre en piste notre candidat à la présidentielle avant l'été prochain, non ce serait beaucoup trop tôt.

On n'a d'ailleurs jamais vu ça. Six mois avant, le délai est largement suffisant. Les Français ne supporteraient pas un an entier de campagne. Et puis, tactiquement, ce serait donner prise aux attaques de la droite. Enfin, le calendrier a été adopté par nos instances nationales, n'y touchons pas. Là aussi, soyons tortue plutôt que lièvre, si nous ne voulons pas finir en civet.


Bon après-midi.

Le PCF fête ses 90 ans.

Bonjour à toutes et à tous.


J'ai reçu de Corinne Bécourt une invitation aux 90 ans du PCF. Ce sera le samedi 11 décembre, à la Bourse du Travail de Saint-Quentin. A partir de 17h00, une exposition sera visible et le repas dansant avec couscous royal commencera à 19h00. Pour plus de renseignements : http://pcfsaintquentin.unblog.fr

1920 : la majorité de la SFIO, réunie à Tours, décide de quitter l'organisation réformiste pour créer un parti révolutionnaire. Léon Blum reste fidèle à ce qu'il appelle la "vieille maison". Il n'adhère pas au régime soviétique ni au centralisme communiste. C'est le début d'une longue histoire, d'un conflit fraternel entre socialistes et communistes, qui trouvera son épilogue à la fin du siècle, avec l'effondrement des régimes communistes. Mais il en reste quelques traces encore aujourd'hui.


Bon anniversaire quand même,
et bon dimanche.

20 novembre 2010

Le choix d'une suppléante.

Bonsoir à toutes et à toutes.


La nouvelle loi électorale attribue aux conseillers généraux des suppléants. Ce "ticket" doit respecter la parité homme-femme. A la différence de ma précédente candidature en 2004, je suis donc dans l'obligation de me trouver une suppléante. Dans ce genre de situation, qui existe déjà pour les élections législatives, on se focalise sur le candidat, on oublie souvent le suppléant, jugé moins important.

C'est un tort : deux têtes d'affiche n'en font pas qu'une seule, même si le titulaire a bien sûr la primauté. Mais les citoyens vont bel et bien voter pour un "couple", dont les deux membres doivent être l'un autant que l'autre choisis avec soin. C'est pourquoi j'attache beaucoup d'importance au choix de ma suppléante.

Ce n'est pas une tâche aisée, surtout lorsqu'on n'est pas le candidat sortant, que le canton est de droite alors qu'on est de gauche. La victoire n'étant pas acquise, les volontaires ne sont pas légions. Le plus facile serait d'aller chercher une camarade, membre du Parti. Je ne l'exclus pas mais je ne le souhaite pas : un "ticket" socialo-socialiste ne serait pas une bonne idée.

Pour avoir une chance de gagner, il faut s'ouvrir, que ça se voit dans les candidatures. Une personnalité issue de la "société civile", ayant bien sûr une sensibilité de gauche, serait l'idéal. Le bon profil : une femme impliquée dans un syndicat ou une association aux valeurs progressistes, à un niveau visible de responsabilité.

L'âge m'importe peu : le jeunisme est ridicule, les électeurs ne se déterminent pas là-dessus. En revanche, le milieu socio-professionnel n'est pas négligeable : je suis enseignant, ce serait maladroit de prendre quelqu'un de la corporation ! Les quatre élus de gauche saint-quentinois appartiennent tous à l'Education Nationale ! Il faut là aussi nous ouvrir, nous diversifier.

Évidemment, chaque exigence nouvelle rend plus difficile le choix de la suppléante. Mais serait-il pensable de gagner sans exigence ? Non.


Bonne soirée.

A lire et à débattre !




18 novembre 2010

La première fois.

Bonjour à toutes et à tous.


Faute de temps, je n'ai pas pu assister au Conseil municipal de lundi, qui avait pourtant à Saint-Quentin un petit côté historique puisque c'était le premier présidé totalement par Xavier Bertrand. On m'a un peu raconté, j'ai jeté un rapide coup d'oeil sur le site municipal, j'ai surtout lu les articles de presse. Sur la forme, le nouveau maire est très à l'aise, bien informé et surtout cinglant envers l'opposition.

Pierre André n'était pas tendre mais cultivait un aspect bonhomme, une forme de complicité dans le combat. Avec Bertrand, la distance est totale, la connivence est absente, l'ironie est cruelle : c'est sûr, il ne leur fera aucun cadeau, pas même le papier d'emballage. Je les plains, ça va morfler. Je serais presque tenté de dire que je n'aimerais pas être à leur place, mais ce serait quand même un peu exagéré.

Sur le fond, il a été question du budget. Aux uns et aux autres, j'ai envie de demander d'être clairs, simples, à la portée du citoyen, et de ne pas abuser de cascades de chiffres qui finissent par tout dire et ne rien dire. Question élémentaire et essentielle : les impôts locaux vont-ils augmenter ? La polémique complexe qui s'en est suivie se résume pourtant très simplement : la majorité affirme que les impôts n'augmentent pas, l'opposition affirme qu'ils sont déjà très élevés.

De ce débat sur la fiscalité locale, l'assemblée en est venue à la fiscalité départementale, on se demande bien pourquoi : Xavier Bertrand n'avait-il pas indiqué que le Conseil municipal en resterait à des questions municipales ? Là aussi, la polémique vive n'est pas si compliquée : la droite retient la hausse de la taxe foncière et se fixe sur ceux qui sont exonérés de la taxe d'habitation (et ne bénéficient donc pas de sa baisse), la gauche souligne que pour la grande majorité des contribuables la situation fiscale ne change pas, puisque la hausse du foncier est compensée par la baisse de la taxe d'habitation.

Il a aussi été question des "grands travaux", l'opposition critiquant le futur aménagement de la place de la gare et la BUL (mais je n'ai fait que survoler cette partie du Conseil municipal). L'argument est bien connu, et il a sa pertinence : avec tout cet argent, on pourrait satisfaire bon nombre de besoins sociaux. Sans doute, mais je crois aussi qu'une politique de "grands travaux" est un stimulant pour l'économie locale, qu'elle a des retombées positives bien au delà des constructions auxquelles elle aboutit. En tout cas, je n'imagine pas un seul instant qu'on puisse fermer la BUL ou renoncer à l'aménagement des environs de la gare (qui en ont bien besoin).

Le Conseil s'est terminé par une note sécuritaire qui fera peut-être parler d'elle lors du prochain : Xavier Bertrand a dénoncé les fientes de pigeons et les bagarres d'ivrognes. Son message était clair : propreté et tranquillité pour tous les Saint-Quentinois. Pourquoi pas. Quant à moi, j'ai un chat très propre qui ne sort jamais et je n'abuse pas de l'alcool ; quand j'ai envie de me battre, ce n'est qu'en pensées.


Bonne journée.

17 novembre 2010

Lexomil et feu.

Bonsoir à toutes et à tous.


Est-ce que j'ai regardé hier Nicolas Sarkozy ? Oui, par conscience professionnelle. Comment je l'ai trouvé ? Changé. On aurait dit qu'il avait avalé un tube de lexomil. Je le préférais avant, vif, nerveux, offensif. Entouré de journalistes pratiquant l'entretien de déférence, c'était la totale ! Sur le fond, rien de bien nouveau : je n'ai senti aucun nouvel élan, contrairement à ce qui se passe lors d'un remaniement. La proposition sur la dépendance n'est pas encore assez élaborée pour susciter l'enthousiasme ou la critique.

La nouvelle politique fiscale n'est pas une véritable rupture. Comment d'ailleurs aurait-elle pu l'être ? Je me demande si le quinquennat n'est pas la cause de tout ça : sa courte durée ne permet pas un nouveau souffle à mi-mandat, à la différence du septennat. Là où le président a été le plus fort et le plus habile, c'est sur les retraites. On le sent convaincu par sa réforme, il n'hésite pas. Et sa malice à souligner les différences entre socialistes (sans parler des nombreuses références aux autres socialistes européens) est embêtante pour nous.

Il y a un passage où j'ai été particulièrement hostile à ses propos, je dirais même un moment qui justifiait pleinement que je sois de gauche, un moment qui m'empêchera pour toujours d'être de droite : c'est l'affaire des Roms. Sarkozy accuse les médias de faire de la surenchère en matière d'insécurité, comme si cela l'autorisait à en faire aussi ! Ses mots, ses images, sa référence au pape, tout ça sentait l'autojustification. Et ce n'est pas la disparition du ministère de l'identité nationale qui y changera grand-chose, pas plus que le rappel final d'aucune alliance avec le FN. Sur les questions de sécurité et d'immigration, la droite n'a pas cessé de jouer avec le feu et d'embraser la prairie. Je ne pourrais jamais adhérer à ça.


Bonne soirée.

16 novembre 2010

Le gouvernement de la fin.

Bonsoir à toutes et à tous.


Alors, j'en pense quoi, de ce nouveau gouvernement ? Qu'il n'est pas vraiment nouveau puisque son chef est le même, que sa ligne politique sera la même. En y pensant, il me vient cette formule de Giuseppe Tomasi dans son roman "Le Guépard", mis en scène par Visconti : "Il faut que tout change pour que rien ne change". C'est très exactement ça. Mais quand tout continue, c'est aussi que quelque chose finit, quatre choses précisément :

1- Fin de l'ouverture : ce n'est pas rien, elle avait été la stratégie du quinquennat, supposée se poursuivre jusqu'à son terme. Nicolas Sarkozy y tenait, l'avait avec enthousiasme défendue, y voyant un changement d'époque, la mettant à son crédit. L'ouverture se termine, avec le départ de son icône, Bernard Kouchner. Eric Besson reste, mais il a été avalé par l'UMP, plus personne ne peut croire qu'il est encore de gauche.

2- Fin du centrisme : en se privant d'Hervé Morin et de quelques autres, seulement remplacés par des anonymes, c'est tout le centrisme qui est exclut de la nouvelle équipe. Ces chefs l'ont si bien compris et si mal vécu qu'ils songent à se regrouper, se refonder, autour du "Nouveau Centre", prévoyant une candidature à la présidentielle. Quand on en vient là, c'est que la crise est sérieuse.

3- Fin des vedettes : j'appelle ainsi les personnalités atypiques, un peu grandes gueules, très médiatiques, volontiers rebelles, comme les Français les adorent, d'où la forte popularité de ces vedettes. Combien de ministres et de secrétaires d'Etat demeurent inconnus, dont les noms ne disent rien à personne ? Mais Jean-Louis Borloo et Rama Yade intéressaient, intriguaient, séduisaient. Les croyait-on vraiment de droite ? La politique ne peut pas se contenter de tristes et de gris.

4- Fin d'un ministère : pas n'importe lequel, celui de l'immigration et de l'identité nationale. Je me réjouis de cette disparition, mais là aussi c'est un échec de Nicolas Sarkozy : cette création, tout comme l'ouverture, se voulait fondatrice de la politique gouvernementale. C'en est terminé, d'ailleurs sans explication. Mais l'enlisement du grand débat sur l'identité nationale n'y est sans doute pas pour rien.

Ce gouvernement de la fin n'annonce-t-il pas aussi la fin du gouvernement pour 2012 ? D'après les récents sondages, les Français semblent vouloir tourner la page et donner sa chance à la gauche. C'est très bien.


Bonne soirée.

15 novembre 2010

Monsieur le Ministre.

Bonjour à toutes et à tous.


Quand Xavier Bertrand devient ministre, ça fait quoi à un socialiste saint-quentinois ? D'abord pas grand-chose puisqu'il l'a déjà été. Et puis, quand même, le côté saint-quentinois ressort : y compris de gauche, il y a une sorte de fierté à voir quelqu'un de sa ville au gouvernement. Je le félicite, par courtoisie républicaine.

Comme politique, je me dis aussi que Bertrand est fortiche : ministre, puis chef de l'UMP, et rebelote ministre, du Travail et de la Santé, faisant d'une pierre deux coups. Il fait désormais partie des incontournables, sûr d'être recasé si besoin est.

Comme socialiste, tactiquement, je suis embêté : Bertrand chef de l'UMP était plus vulnérable, portant un titre moins prestigieux que ministre aux yeux de l'opinion. Mais Monsieur le Ministre, il n'y a pas à dire, ça le fait, et les Saint-Quentinois aimeront. Je m'en doutais un peu, je l'avais écrit : à la tête de l'UMP, dans une fonction purement politique, il n'était pas fait pour ça. Si Sarkozy le remplace par Copé, ce n'est pas pour rien.

De toute façon, Monsieur le Ministre ou pas, c'est maintenant à la gauche de faire ses preuves : quand on nous saluera à notre tour par des Monsieur le Maire, Monsieur le Député ou Monsieur le Conseiller Général, c'est qu'on aura gagné. Nous aurons alors la politesse de notre côté ! Il faut croire et espérer.


Bonne journée.

14 novembre 2010

L'événement de la soirée.

Bonsoir à toutes et à tous.


J'attends comme vous l'événement de la soirée, qui va commencer d'ici peu. Le rendez-vous est exceptionnel et me rend, je vous l'avoue, assez fébrile. Ce sera à n'en pas douter instructif, propre à la réflexion. Mais soyons clairs entre nous : je ne suis pas en train de vous parler, à mots couverts, du remaniement ministériel. Celui-là ne m'intéresse pas vraiment : on en sait à peu près tout, on prend les mêmes et on recommence, la ligne politique ne changera fondamentalement pas, il n'y a plus les surprises de l'ouverture (dont plus personne ne parle). Bref, ça ne mérite pas le billet de la soirée.

Mais quel est donc l'événement politique que j'attends avec vous ? Évidemment le dîner qui aura lieu ce soir à l'Elysée entre Nicolas Sarkozy et Michel Houellebecq ! Oui, la rencontre entre le premier magistrat de ce pays et le premier écrivain de sa génération est un événement, politique de surcroît. Imaginez de Gaulle dînant avec Sartre : c'est ce soir un peu ça, toutes choses égales par ailleurs.

Que va-t-il se passer entre ces deux grands, celui de la politique et celui de la littérature ? L'un est volubile, démonstratif, nerveux, l'autre est lent, réservé, quasi inaudible : la conversation risque d'être particulièrement décalée et piquante. Mais je suis persuadé qu'elle aura son utilité. Houellebecq est l'observateur lucide et impitoyable de notre époque, le dernier moraliste de notre temps. Il saura décrire la société actuelle avec justesse, précision et cruauté. Tout grand politique a besoin d'un grand intellectuel, écrivain ou philosophe, pour le conseiller. Houellebecq auprès de Sarkozy ne pourra avoir qu'une sage et utile influence.

Et puis, je me représente avec gourmandise le déroulement de cet élyséen dîner où mesdames sont conviées : Sarkozy ne lâchant pas du regard son portable pour se tenir au courant du remaniement, Houellebecq trépignant d'aller griller une cigarette, assénant au chef de l'Etat quelques libres et impertinentes remarques frappées au coin du bon sens ... De cet événement, j'espère que nous aurons demain des échos dans la presse.


Bonne soirée.

Fillon devient Premier ministre.

Bonjour à toutes et à tous.


Démissionnaire hier soir, Premier ministre ce matin, François Fillon s'en va et revient ! Huit mois d'attente, d'hésitations, de supputations pour en arriver là, c'est-à-dire à la case départ : on ne change pas de Premier ministre. Je disais dans mon précédent billet que nous vivions des événements inhabituels. Ce dernier l'est aussi : on n'a jamais vu un remaniement politique (je ne parle évidemment pas des remaniements techniques) qui laisse intacte la tête du gouvernement. Dans l'opinion, il ne pourra en sortir que rien ne bouge, sauf énorme surprise dans la composition de l'équipe, annoncée ce dimanche.

Inhabituel aussi de voir un Premier ministre s'imposer au chef de l'Etat, devenir tellement incontournable, ayant pour lui l'UMP et les sondages, que le président ne peut faire autrement que le reconduire. C'est bel et bien à l'incroyable défaite de Nicolas Sarkozy à laquelle nous assistons, non pas face à l'adversaire de gauche dans le cadre d'une élection, mais au sein de son propre camp, devant celui qu'il a nommé et qu'il a rabaissé un temps au rang de "collaborateur". Belle revanche aujourd'hui pour celui-ci, étrange destin d'un homme qui ne paie pas de mine, effacé et classique, qui aujourd'hui en impose à celui qui n'a jamais été, selon ses dires, son "mentor".

Et Borloo dans tout ça ? Qui peut savoir s'il aurait été bon Premier ministre ? Mais sa nomination aurait incontestablement, surtout en termes d'image, infléchi la ligne du gouvernement. Sa mésaventure prouve au moins une chose : la droite est aussi plurielle que la gauche, elle est traversée par des forces qui sont en concurrence, parfois en conflit ; même Sarkozy, l'homme le plus puissant de ce camp, n'y peut pas grand-chose, est obligé de se conformer aux réalités.

Boorlo est un centriste, d'un genre un peu particulier, mais centriste quand même, un centre droit qu'il suffirait de pousser un peu pour qu'il devienne centre gauche. Les gros bataillons de l'UMP ne pouvaient pas accepter ça, prendre ce risque. Et puis Borloo n'en fait qu'à sa tête, cultive un comportement atypique : Fillon, c'est plus sûr, plus rassurant. La politique est un univers suffisamment compliquée pour ne pas s'embarrasser de personnages atypiques et indépendants. Il n'y a que dans les grandes occasions historiques que ceux-ci peuvent s'imposer, pas dans la vie politique ordinaire.


Bon dimanche.

13 novembre 2010

Indécence.

Un jour c'était Fillon, le lendemain c'était Borloo, et ainsi de suite. On est certain ce soir que ce ne sera pas Borloo. Cette valse-hésitation de plusieurs mois, depuis que Sarkozy a décrété qu'il y aurait remaniement, est du jamais vu dans l'histoire de la République. Quelques jours avant un tel changement, éventuellement quelques semaines, les rumeurs vont bon train. Mais pendant plusieurs longs mois, non.

Ce n'est évidemment pas bon. Ce suspense de mauvais aloi exacerbe les rivalités, attise suspicions et jalousie, excite les ambitions. Quelle idée d'avoir ainsi plongé les membres du gouvernement, et quelques-uns qui n'en sont pas, dans une très malsaine concurrence ! Comme si les ministères étaient des postes à prendre, alors que ce sont des charges qui se méritent et non pas qu'on exige.

A la différence d'une élection où il est normal qu'il y ait des candidats, on ne postule pas à un portefeuille ministériel. C'est un honneur qu'on vous fait en vous l'attribuant, une responsabilité dont vous héritez très provisoirement, pas une place qu'on réclame. On est nommé ministre, pas élu. Le spectacle auquel il nous a été donné d'assister ces derniers mois a été d'une grande indécence, chacun cherchant à se placer, à conserver ce qu'il a ou acquérir ce qu'il n'a pas, jusqu'à ce match Fillon-Borloo qui a pris fin ce soir. C'est un mauvais exemple pour la République. Il est temps qu'il finisse.


Bonne nuit.

Je suis gentil.



Bonsoir à toutes et à tous.


Aujourd'hui, j'ai été toute la journée gentil. Enfin pas tout à fait : je n'ai pas été gentil dans mon précédent billet, contre l'extrême droite. Mais avec elle, c'est normal de ne pas être gentil. Sinon, je n'ai pas dit de mal de Xavier Bertrand ni critiqué aucun de mes petits camarades. C'est gentil, non ? Mais c'est naturel pendant la journée de la gentillesse ! Eh oui, notre société est tellement gentille, comme nous pouvons le constater chaque jour, qu'elle a prévu une date spécifique pour célébrer la gentillesse.

Non seulement j'ai été gentil avec les autres, mais j'ai eu le sentiment que les autres ont été gentils avec moi. Et vous ? Par exemple, ce matin, je suis allé faire des courses à l'Intermarché de ZAC La Vallée. A l'entrée, une gentille dame m'a donné un gentil papier (en vignette), dans lequel j'ai appris qu'une tutute, que j'appelais jusqu'à maintenant une tétine, se dénommait en réalité "sucette physiologique". Je trouve que c'est gentil comme expression ; moins amusant mais gentil ...

Et si la gentillesse, hormis cette journée, devenait la vertu cardinale de notre société ? En politique, nous deviendrions tous gentils les uns envers les autres, nous faisant des caresses, des mamours, des bisous. Le monde en serait-il transformé, amélioré ? Peut-être ... Bon, c'est bien gentil tout ça mais il y a aussi la réalité. Ma contribution à la journée de la gentillesse, ce sera cet extrait de la pensée 743 du philosophe Pascal, que je vous invite gentiment à méditer :

" Ainsi la vie humaine n'est qu'une illusion perpétuelle ; on ne fait que s'entre-tromper et s'entre-flatter. Personne ne parle de nous en notre présence comme il en parle en notre absence. L'union qui est entre les hommes n'est fondée que sur cette mutuelle tromperie ; et peu d'amitiés subsisteraient, si chacun savait ce que son ami dit de lui lorsqu'il n'y est pas (...) L'homme n'est donc que déguisement, que mensonge et hypocrisie, et en soi-même, et à l'égard des autres. Il ne veut pas qu'on lui dise la vérité. Il évite de la dire aux autres. "

Celui qui se sera pénétré de ces quelques phrases sera prêt à conquérir le monde, ne craindra plus rien, ne désespérera jamais, quoi qu'il arrive.

Profitez aujourd'hui de ma gentillesse. Demain je redeviens méchant.


Bonne et gentille soirée.

Drucker et Ruquier ont raison.

Bonjour à toutes et à tous.


Les animateurs de télévision Michel Drucker et Laurent Ruquier ont confirmé qu'ils n'inviteraient pas les Le Pen, père et fille, dans leurs émissions respectives, pourtant largement ouvertes au personnel politique. Bravo ! Je ne vois même pas en quoi leur décision fait polémique : nous sommes en République, chacun est libre d'inviter qui il veut chez lui. Drucker et Ruquier sont les producteurs et les patrons de leurs émissions, personne ne peut leur imposer qui ou quoi que ce soit.

Virer les Le Pen de la télévision est une excellente nouvelle. On ne voit que trop leurs tronches, on n'entend que trop leurs éructations ! Ces sinistres individus sont des dangers publics, à exclure absolument. On ne rit pas avec eux, on ne les laisse pas s'asseoir sur notre canapé. Dans les années 80, au moment où le FN émergeait, je militais pour l'interdiction de ce parti. Il est bien dommage que cette mesure n'ait pas été adoptée. Le poison ne se serait peut-être pas répandu dans tout le corps social français. Le Pen et les siens, c'est une honte pour notre pays, comme Pétain en son temps !

Ne venez pas me parler de respect ! Ces gens-là n'ont rien de respectable, parce que leurs idées sont détestables. Eux-mêmes se posent contre ce qu'ils appellent l'establishment. Qu'ils ne viennent pas maintenant pleurnicher parce que l'establishment les rejette. Ils ne subissent que ce qu'ils méritent.

Mais pourquoi ne pas inviter chez Drucker et Ruquier l'extrême droite puisque l'extrême gauche s'y montre ? Non, comparaison n'est pas raison : l'extrême gauche, aussi radicale soit-elle, n'est pas hostile aux valeurs de la République, qui sont la norme commune. En revanche, l'extrême droite expose un programme étranger et hostile aux valeurs de la République. Nous n'avons donc aucun cadeau à leur faire. Que la loi leur attribue ce à quoi ils ont droit, mais pour le reste, nada !

Si j'étais maire de Saint-Quentin, je n'attribuerais aucune salle municipale, aucune facilité au Front National. Qu'ils aillent faire et dire leurs saloperies entre eux, dans des endroits privées, des latrines suffisamment vastes ou une ancienne décharge à ordures, mais qu'ils ne maculent pas l'espace public. La République n'a aucunement besoin de l'extrême droite pour avoir un fonctionnement pluraliste. Pourquoi donc aller les chercher ? Je ne suis pas un fan de Drucker et Ruquier, mais sur ce coup-là je dis qu'ils ont raison.


Bonne journée,
sans extrême droite.

12 novembre 2010

Un philosophe contre DSK.

Bonjour à toutes et à tous.


L'article est passé relativement inaperçu parce que le philosophe n'est pas très connu du grand public et que l'intervention d'un intellectuel n'intéresse plus guère notre société. C'était dans Le Monde du 23 octobre dernier, sous le titre "DSK, une bulle politique", une charge assez sévère de Jean-Pierre Dupuy, philosophe économiste à Polytechnique, dont je suis et apprécie les travaux depuis une trentaine d'années mais qui là s'en prend à mon DSK ! Je reprends un par un les griefs exposés, qui ne m'ont pas du tout convaincu :

1- DSK est "une création médiatique". Oui c'est vrai, une sorte de conformisme des médias se met en place autour de son nom. Mais c'était tout aussi vrai avec Ségolène Royal en 2006. Dans une société médiatique, tout présidentiable est forcément une "création médiatique". Ça ne me dérange pas, c'est même très bien puisque ça favorise grandement une possible victoire. A condition que DSK ne soit pas que ça, "une création médiatique".

2- Sur le fond justement, Dupuy estime que l'image d'économiste qu'on colle à DSK est usurpée , puisqu'il n'a jamais été, selon lui, un "économiste théoricien", une référence universitaire. Là encore, je suis d'accord, mais ça ne me gêne absolument pas : DSK a une culture économique mais ce n'est pas exactement, selon les critères académiques, un penseur de l'économie. C'est parce qu'il est autre chose : militant et responsable politique, homme de pouvoir et pas intellectuel. Je m'en réjouis : DSK échappe ainsi à l'accusation de technocrate ou de gestionnaire, de simple mécanicien de l'économie.

3- Jean-Pierre Dupuy critique ensuite le bilan de DSK à la tête du FMI, lui reprochant finalement, sans le dire explicitement, d'être un libéral. De ce point de vue, notre philosophe n'est pas très éloigné de la gauche radicale. C'est son droit, comme c'est celui de DSK d'avoir un autre regard, une autre perspective, social-démocrate. De fait, il y a deux gauches nationale et mondiale, la réformiste et la radicale. Chacun choisit sa voie, l'une autant respectable que l'autre.

4- Dupuy estime que DSK serait à la tête du pays "un économiste inutile" parce que la France a besoin d'un chef politique, pas d'un expert. Admettons, mais alors Dupuy se contredit : on ne peut pas reprocher à DSK de ne pas être un vrai économiste et dans le même temps lui reprocher d'en être un s'il accèdait au pouvoir suprême. Il y a là quelque chose qui ne va pas dans le raisonnement.

5- La candidature DSK, ce n'est que la projection de nos désirs, et aucunement une perspective politique solide et sérieux, dit Dupuy. Mais tous les grands personnages de l'Histoire ne sont-ils pas, chacun à leur niveau, des produits du désir de l'opinion ? La politique n'est pas que rationnelle ; elle charrie des craintes, des espoirs, les individus ont besoin de s'identifier à quelqu'un. Ca ne suffit bien sûr pas mais c'est un passage obligé.

Lisez dans les archives du Monde cet article de Jean-Pierre Dupuy. Il est intéressant, mais en ce qui me concerne il ne me fait pas changer d'avis sur DSK, sa ligne politique et sa nécessaire candidature.


Bonne journée.

11 novembre 2010

Programme ou projet.

Bonsoir à toutes et à tous.


Après Hollande, Valls et Moscovici il y a quelques jours, après Rebsamen et Collomb hier, c'est Jean-Louis Bianco, proche de Ségolène Royal, qui a émis aujourd'hui des réserves à l'égard du texte "L'égalité réelle", adopté mardi en Conseil national et désormais soumis à la réflexion des militants. La remarque est la même que celle des camarades précédents : si gouverner c'est choisir, on ne peut pas se contenter d'une longue liste de mesures non chiffrées, dont la plupart sont bonnes et quelques-unes discutables.

Les personnalités que j'ai citées ont été accusées de "postures" en vue des primaires internes. Non, le Parti socialiste est un parti démocratique dans lequel un texte proposé est un texte discuté et éventuellement critiqué. S'il est adopté, il faudra le défendre sans hésiter. Pas avant. Et les critiques qui ont été émises n'ont strictement rien à voir avec l'organisation des primaires : nous ne discutons pas des personnes mais des idées.

Le débat porte d'abord sur la méthode et il est ancien. Deux démarches s'opposent : celle du programme et celle du projet. La première raisonne en termes de propositions dont l'application est immédiate, la seconde en termes d'objectifs dans la moyenne ou longue durée. Dans les années 70, Mitterrand soutient que c'est dans les six premiers mois que le socialisme s'installera alors que Rocard étale dans le temps sa mise en oeuvre.

La notion de programme renvoie à la programmation informatique et ses listes. Elle collecte un maximum de mesures, entre dans les détails, multiplie les revendications. La quantité prévaut sur la qualité. La notion de projet est beaucoup plus globale, elle se concentre sur quelques points, avance un nombre restreint de grandes réformes, n'inclut que ce qu'elle croit réalisable. Le projet est une projection dans l'avenir. Il est d'essence politique tandis que le programme est plutôt un catalogue corporatiste, syndical ou protestataire. Bien sûr tout n'est pas aussi figé, mais ces deux tendances existent bel et bien et correspondent à des cultures politiques nettement différentes.

Historiquement, Mendès-France était l'homme du projet, qu'il appelait "contrat", en opposition à la lourdeur des pensums de la SFIO. Le Programme commun, bien nommé, est une somme de promesses qui ont plus pour finalité de mobiliser l'électorat de gauche que de constituer une politique de gouvernement. Les 110 propositions de Mitterrand en 1981 sont dans la même logique : gagner plutôt que gouverner. Avec cette idée que l'important est de s'emparer du pouvoir et qu'après on avisera. En revanche, la Lettre à tous les Français de François Mitterrand, lors de la campagne de 1988, est un projet de quelques pages qui n'a plus grand-chose à voir avec le livre entier qui contenait le Programme commun !

Programme ou projet, c'est souvent une question de circonstances, même s'il n'est pas interdit de s'inspirer de principes. On croit que le texte "L'égalité réelle" est fait pour empêcher ou rendre plus difficile une candidature DSK. Non, ce n'est pas le problème. Au contraire, si Strauss est notre candidat, la dynamique électorale en sa faveur sera si forte qu'il fera ce qu'a fait Mitterrand en 1988 : il prendra dans le programme socialiste ce qui lui convient et personne ne s'en plaindra, moi le premier évidemment. En même temps, je ne trouve pas ça politiquement satisfaisant : mieux vaudrait une meilleure adéquation entre le Parti et le candidat. Sinon à quoi bon discuter et adopter des textes ?

Si DSK n'est pas candidat, c'est là où le problème se posera. En effet, il y aura inévitablement multiplication de candidatures aux primaires, sans qu'aucune ne s'impose par elle-même, avec en plus un fâcheux brouillage des messages (on peut penser que plusieurs personnalités d'inspiration réformiste tenteront leur chance). Dans une telle configuration, la surenchère à gauche prévaudra et c'est alors que le programme l'emportera sur le candidat, les réformistes étant les grands perdants. Je ne crois pas que c'est ainsi qu'on battra Sarkozy.

Ce que je reproche à un programme, quel qu'il soit, c'est à la fois sa rigidité (il veut décider de tout, y compris de ce qui ne le regarde pas) et son laisser aller : comme il est largement inapplicable, toutes les interprétations sont possibles et imaginables. C'est une auberge espagnole, chacun est content d'y trouver ce qu'il y a amené, à boire et à manger, tout et n'importe quoi. Un programme est satisfaisant dans l'opposition et décevant quand on est au pouvoir. Je lui préfère, et de loin, un projet, où l'on sait exactement sur quoi on s'engage, qui respecte le travail collectif des militants, est parfaitement lisible à notre électorat et dresse une feuille de route gouvernementale crédible.


Bonne soirée.

10 novembre 2010

Villepin le redoutable.

J'écoute à peu près chaque matin la chronique d'Alain Duhamel sur RTL. Je ne suis pas toujours d'accord avec lui, ses propos ne sont pas follement originaux mais ses analyses ont le mérite de la clarté. C'était le cas ce matin, à propos de Dominique de Villepin, qu'on croit à tort politiquement fini, ce dont Duhamel s'est brillamment chargé de contester, en cinq points :

1- "Il n'y a pas besoin d'être puissant pour être redoutable" : c'est un axiome politique majeur, qu'ignorent ou feignent d'ignorer ceux qui ne raisonnent qu'en termes de rapports de forces. Certes, Villepin n'a pas de moyens, pas de mandat, on le dit "seul", comme on dit toujours quand quelqu'un est dangereux et qu'on veut l'exclure sans prendre la peine de débattre avec lui. C'est ce qui se passe avec Villepin, qui frappe là où ça fait mal.

"Il n'y a pas besoin d'être puissant pour être redoutable" : à l'inverse, la puissance peut fort bien être inoffensive et ne servir à rien. On a connu des majorités qui, faute de volonté, se laissaient défaire par la minorité. Mitterrand, qui en savait long en matière de prise de pouvoir, croyait en l'action de quelques hommes déterminés et pas en la réussite d'une masse amorphe, aussi massive soit-elle. Villepin est lui aussi dans cette logique-là.

2- Villepin, toujours selon Duhamel, "est de ces joueurs qui, si la partie ne leur est pas favorable, renverse la table sans hésiter un instant". L'appartenance à un parti exige d'adopter son langage, sa culture. Villepin s'en moque, il veut imposer dans le débat à droite ses propres critères, d'où la stupéfaction que provoquent ses déclarations. C'est un "chasseur", un "snipper", fier de l'être, qui sait que la bête est paralysée une fois qu'on a tiré dans les jambes, que la bataille de Stalingrad a été au final ainsi gagnée, quartier par quartier, par des tireurs isolés.

3- Dans notre démocratie médiatique, qui ne communique pas, n'occupe pas les médias est mort, se retrouve en statue de cire dans le musée Grévin de la politique. Or, l'image de rebelle à son propre camp, de victime de Sarkozy (voir l'affaire Clearstream) est toujours médiatiquement très bien portée. Villepin saura en user et en abuser jusqu'en 2012.

4- Mais pour parvenir à quel résultat ? En politique, toutes les voix comptent quand on veut gagner. Villepin n'a sans doute pas la prétention de vouloir gagner, mais il peut faire perdre Sarkozy, et je crois que c'est sa volonté, son désir profond, qui lui donne encore un impact politique, aussi terrible et dangereux que l'impact d'une balle, puisqu'il peut politiquement tuer le président. C'est pourquoi Duhamel a ce mot juste : Villepin est "quelqu'un qui ne peut pas gagner mais qui peut très bien faire trébucher".

5- Pour parvenir à une telle fin, il faut être animé d'une psychologie singulière, qu'Alain Duhamel a bien cernée : "Il est gouverné beaucoup plus par ses passions que par ses ambitions". Toute la clé de Villepin est là-dedans : quelque part il se moque du pouvoir, il n'est mu que par ses passions. Lesquelles ? Le désir de vengeance, qui est un moteur humain extrêmement puissant, et la volonté de jouer coûte que coûte un rôle sur la scène politique. Que la droite ne sourit pas, elle a chez elle, avec lui, un adversaire redoutable. Car s'il y a de petites ambitions, il n'y a que de grandes passions. Comme tous les passionnés, Villepin ira jusqu'au bout, librement.


Bonne nuit.

Le rassembleur des réformistes.

Bonsoir à toutes et à tous.


Le Conseil national du PS, réuni hier, a révélé un clivage entre les réformistes et l'aile gauche. Certes, ce n'est pas nouveau mais depuis l'arrivée de Martine Aubry à la tête du Parti c'est la première fois. Les votes, comme toujours en politique, sont éloquents : sur 306 membres du Conseil national, 59 seulement ont soutenu le texte, 12 se sont abstenus. C'est le sort inévitable d'un long catalogue : chacun y trouve de quoi se réjouir mais personne n'est vraiment satisfait.

D'où ce peu d'enthousiasme à s'exprimer et la tétanie qui frappe ceux qui craignent de mettre à mal l'unité du Parti par leurs critiques ou leur opposition. C'est un mauvais calcul : rien ne doit être rentré en politique, il faut exprimer ce qu'on a à dire. On sert son Parti par la parole, pas par le mutisme ou l'allégeance.

Il est à noter que ce clivage transcende les motions de Reims, puisqu'on trouve parmi les abstentionnistes des partisans de Ségolène Royal, de Dominique Strauss-Kahn et de Bertrand Delanoë. Assistons-nous à une recomposition des réformistes au sein du PS ? Il est encore trop tôt pour le dire mais ça ressemble un peu à ça.

Mais pourquoi maintenant et pas avant, plus tôt ? Il y a une raison très simple : l'approche des présidentielles et le besoin imminent d'un projet crédible pour le PS. Martine Aubry a su rassembler les réformistes et l'aile gauche pour rénover et remettre en ordre de marche le Parti. C'est pourquoi à Reims je l'ai soutenue, sans regret, puisque je trouve qu'elle a admirablement réussi dans sa tâche. Mais je rappelle que ce soutien, voulu par mes amis strauss-kahniens, avait une condition : que la présidentielle soit laissée à DSK pendant que Martine rétablirait l'autorité du Parti.

Aujourd'hui, la présidentielle est à nos portes, et ce n'est pas avec le programme présenté hier qu'on pourra constituer un projet crédible. L'émiettement des propositions rend impossible une structuration sérieuse du texte. N'importe qui comprend tout de suite que ce catalogue ne pourra pas coller ou convenir à une candidature DSK. Certains affirment même que c'est fait pour ça. Non, je ne vais pas jusque là, je n'ai pas à présupposer de mauvaises intentions. Mais ce texte pose incontestablement un problème.

En tout cas, le vote d'hier aura eu au moins un mérite : il met paradoxalement en évidence la nécessité d'une candidature DSK. En effet, si celui-ci reste à Washington, il est à craindre que les primaires ne favorisent l'éclatement des candidatures, ce qui n'est jamais une bonne chose. Si Aubry se présente, Valls, Hollande, Moscovici tenteront leur chance, et d'autres aussi probablement. En revanche, DSK sera l'efficace rassembleur des réformistes, avec face à lui un Benoît Hamon incarnant l'aile gauche. C'est le destin que je nous souhaite à tous, juste avant la victoire contre Sarkozy, préparant la victoire contre Sarkozy.

En 2006, lors de la primaire pour choisir notre candidat, le débat entre réformiste et aile gauche n'avaient pas eu lieu, brouillé par la candidature atypique de Ségolène, mélange de modernité et parfois de radicalité. A Reims, les réformistes n'avaient toujours pas su se rassembler, se partageant entre Royal, Aubry et Delanoë. C'est pourquoi notre Parti n'a pas eu l'occasion, ces dernières années, de trancher définitivement en faveur d'une ligne social-démocrate. En vue des présidentielles, avec la candidature DSK ça pourrait être cette fois le cas. Je le souhaite fortement.


Bonne soirée.

09 novembre 2010

Un texte à débattre.

Bonjour à toutes et à tous.


Le Conseil national du Parti socialiste débat cet après-midi d'un texte fondamental pour l'élaboration de notre projet. Il porte sur la lutte contre les inégalités. C'est en soi une bonne nouvelle que le PS ait des idées et les soumette à discussion. Que des voix s'élèvent dans nos rangs pour exprimer des critiques et des désaccords est également une excellente chose. Où serait le débat sans cela ? Tant que nos échanges, même vifs, concernent les propositions et pas les personnes, je trouve ça très bien, vivant, prometteur.

Quelles sont les divergences ? Elles sont faciles à comprendre, car très classiques : le texte a été inspiré largement par Benoît Hamon, représentant de l'aile gauche, qui a imprimé comme c'est normal sa sensibilité à ce projet. Tout comme il est normal que l'aile social-démocrate réagisse et souhaite des modifications. Je crois que cette distinction entre ces deux sensibilités demeure structurante dans notre Parti, qu'elle imprègne la culture des uns et des autres, parfois jusqu'à la caricature (Saint-Quentin).

Les amis de François Hollande demandent à ce qu'on hiérarchise et qu'on définisse les priorités dans ce qui est pour l'instant qu'un catalogue de mesures. Manuel Valls réclame un chiffrage du financement, car à quoi bon proposer d'excellentes choses qu'on n'aura pas les moyens d'appliquer. Pierre Moscovici souhaite qu'un calendrier "réaliste" soit adopté, tant il est vrai qu'une politique ne prend son sens que dans la durée, à moins de penser qu'on puisse immédiatement tout réaliser (le mythe de la rupture).

Un projet plutôt qu'un catalogue, la nécessité de financer nos réformes, prendre en compte le facteur temps, c'est ce qui caractérise finalement une démarche social-démocrate. Et c'est ce qui devra être débattu dans nos sections avant le vote des militants, le 02 décembre.


Bonne soirée.


PS : l'intégralité du texte est consultable sur le site du Parti socialiste.

08 novembre 2010

Présent !



Une nouvelle journée de mobilisation a été décidée aujourd'hui par l'intersyndicale : le mardi 23 novembre. Nous serons présents !

07 novembre 2010

Le bonheur du collectif.

Bonsoir à toutes et à tous.


J'ai participé et présidé hier toute la journée à une très belle réunion qui m'a rempli de satisfaction et fait réfléchir, au retour, sur le bonheur du collectif. Quelles sont les clés du succès ? Être nombreux, différents, et pourtant unis, à l'écoute les uns des autres, nous enrichissant mutuellement, progressant dans la réflexion commune. Le plus beau, c'est lorsqu'on sent, dans un groupe pourtant varié, une unanimité se former doucement, tranquillement, sans forcer, comme une évidence en train d'accoucher, les douleurs en moins.

Pas d'illusion : ce genre de situation, presque un état de grâce, est plutôt rare, mais il existe et ne demande qu'à être répété. Depuis une bonne dizaine d'années, j'assiste, je participe ou j'organise des réunions de toute sorte ; je sais d'expérience que la division, le conflit sont des tendances naturelles, quasiment des plaisirs, parfois des jouissances morbides, celui de contribuer à l'éclatement d'un groupe à travers l'excitation narcissique (j'ai vu !). C'est pourquoi l'unité entre êtres humains est toujours un petit miracle, qu'il faut honorer comme tel et qui doit être notre premier souci.

Si la politique craint tant la division et réclame tellement l'unité, le rassemblement, c'est qu'elle pressent que c'est à la fois vital et difficile. Je n'en ai pour ma part jamais douté, ce qui me fait mettre le compromis, le consensus et pourquoi pas l'unanimité comme condition et finalité de l'action politique. D'où concomitamment ma répulsion pour le rapport de force diviseur, destructeur, irresponsable, qui privilégie les intérêts particuliers sur l'intérêt général.

En même temps, l'unité peut être détestable quand elle est imposée, factice, purement tactique. Elle devient carrément dangereuse quand elle est clanique, tribale, mafieuse, sectaire : le petite groupe en fusion, qui cultive l'entre soi ou, pire, se soumet à un chef. Ça, ce n'est plus l'unanimité telle que je l'ai vécue hier, libre, naturelle, où chacun est à sa place et à sa juste place, où tous sont pris en compte et contribuent à l'élan commun.

Je ne me sens pas chef de bande, patron, caporal, avec une bande de suiveurs, de stipendiés ou de midinettes à mes basques. Mais leader (au sens anglo-saxon), représentant (au sens républicain), animateur, porteur d'élan, de projet et d'idées, oui je crois être fait pour ça. C'est du moins ce que je sens, ce qu'on veut bien me dire et surtout ce qui m'apporte, comme je le notais au début de ce billet, une certaine satisfaction. Savoir reconnaître l'apport de chacun, repérer l'endroit, la fonction où il donnera le meilleur de lui-même, l'encourager à cela en m'effaçant devant lui, en étant moi-même sans déborder sur les autres, dans une sorte de modestie, de retrait qui distinguent le leader du chefaillon, je le comprends, je le désire et il m'arrive de le vivre.


Bonne soirée.

Une tribune à prendre.




Bonjour à toutes et à tous.


Dans son édition du week-end, à la rubrique "Noir sur blanc", L'Aisne Nouvelle précise que sa "tribune libre" est ouverte "aux partis politiques qui ont participé à la fondation de L'Aisne Nouvelle", dont le Parti socialiste, et qu'il n'y a aucune censure pratiquée contre ce dernier. Je l'ai déjà dit sur ce blog, je le confirme : ayant été secrétaire de section de 1999 à 2003, j'envoyais un article au journal toutes les trois semaines. J'étais même invité à l'assemblée générale de ses actionnaires !

Cette habitude n'a pas été poursuivie par mes trois successeurs. "Est-ce par oubli ou par mépris ?" s'interroge L'Aisne Nouvelle. C'est aux intéressés de répondre. Pour ma part, je crois qu'il s'agit plutôt d'une indifférence en matière de communication, alors que j'en ai toujours fait, jusqu'à aujourd'hui, un cheval de bataille dans mes activités politiques et publiques. J'aimerais apporter quelques précisions sur cette fameuse "tribune" un peu oubliée parce que banalisée à force d'être monochrome :

1- C'est généralement moi, en tant que secrétaire de section, qui composais les articles. Mais il m'arrivait de laisser ma place à d'autres, pour faire vivre le pluralisme au sein du Parti. Deux exemples (vignette 2 et 3) : une tribune signée Mourad Ouja, alors responsable MJS, et une autre signée Maurice Vatin, conseiller régional et secrétaire fédéral. Je me souviens même avoir laissé mon tour à Yves Mennesson, pourtant exclu à l'époque du Parti socialiste, mais en pointe dans la lutte contre Charles Baur. Mon souci était d'élargir au maximum la représentation de la gauche socialiste et son expression locale.

2- A la différence d'aujourd'hui où beaucoup de textes de la "tribune" sont des copiés-collés de rédacteurs nationaux UMP, les écrits étaient rédigés de ma main. Ils transitaient simplement par la Fédération pour accord et relecture. A bien y réfléchir, c'était un peu l'ancêtre papier de ce blog ! La vraie et seule tribune socialiste saint-quentinoise, c'est maintenant "L'Aisne avec DSK". Et c'est chaque jour ! Et on ne s'ennuie pas !

3- Il y a dix ans, la "tribune" de L'Aisne Nouvelle était le lieu de fréquentes polémiques qui donnaient du sel à la vie politique locale, à côté de quoi l'actuelle est d'un calme plat, morne, insipide. Bon, ça ne volait pas toujours très haut, mais c'était vivant, et c'est comme ça que je conçois la démocratie. Je me souviens d'une tribune dans laquelle Vincent Savelli m'avait traité de "Raspoutine" parce que je portais une barbe rase et que j'étais, selon lui, l'âme damnée de la députée socialiste !

Je vous invite aussi à lire, en bas de la tribune de Maurice Vatin (vignette 3), ma réponse à une petite attaque de Jérôme Lavrilleux, alors simple directeur de cabinet du maire, à propos d'un dîner-débat organisé par moi et la venue de Le Pen à Saint-Quentin. Ce genre d'affrontements ont complètement disparu aujourd'hui. Je ne vais pas avoir de nostalgie en disant que "c'était mieux avant", mais tout de même ...

L'Aisne Nouvelle renouvelle sa proposition d'ouvrir la "tribune" aux socialistes saint-quentinois. "Socialistes à vos stylos !" termine-t-elle. Je souhaite bien sûr que nous saisissions l'occasion et répondions positivement à cette invitation. Comme je souhaite une gauche dynamique, offensive et ... communiquante ! Et s'il manque un stylo pour rédiger les textes, qu'on se souvienne qu'il y a quelques années, il n'y a pas si longtemps, il n'en manquait pas et qu'ils sont toujours là ! A Saint-Quentin, il y a une tribune, un balcon (voir mon billet de début octobre "La conquête du balcon") et une municipalité à prendre !


Bon dimanche.

06 novembre 2010

Il faut passer à autre chose.



Bonsoir à toutes et à tous.


La manifestation saint-quentinoise contre la réforme des retraites (voir vignette) a encore drainé beaucoup de monde ce matin, mais moins que les fois précédentes. C'est normal : la loi étant entré dans sa phase d'application, le mouvement ne peut plus être de même nature, comme l'a fait remarqué Martine Aubry.

CFDT et UNSA, syndicats authentiquement réformistes, sont sur cette longueur d'onde : il faut passer à autre chose, on ne peut pas indéfiniment répéter un combat qui ne peut plus s'amplifier et qui ne mène désormais nulle part.

C'est maintenant, après la mobilisation syndicale, le débat politique qui doit prendre le relais. Passer à autre chose ne signifie pas que la lutte s'arrête ou que la revendication des 60 ans disparaît. Mais l'action doit s'adapter à la situation, entreprendre d'autres formes d'expression, se donner de nouveaux objectifs.


Bonne soirée.

05 novembre 2010

Projet contre projet.

Bonsoir à toutes et à tous.


Il existe sans doute de nombreux motifs qui conduisent à faire de la politique, y compris les plus inavouables (quête de la "place", jouissance du pouvoir, bénéfice d'indemnités, soif de reconnaissance personnelle, ...). Pour moi, la seule et unique justification de l'engagement politique, c'est la défense d'un projet. Sans lui, pas de politique, seulement des gesticulations vaines ou narcissiques.

C'est pourquoi je suis heureux de constater que cette semaine a vu la politique française renouer avec la définition de projets. Il y a d'abord eu celui de la droite en matière d'éducation, que je n'approuve pas mais qui a le mérite d'exister, de clarifier les positions. Il y a ensuite et surtout celui du Parti socialiste en matière de lutte contres les inégalités, qui sera discuté lors des prochaines semaines dans toutes nos sections.

Projet contre projet, voilà comment je comprends la politique. J'en profite donc pour dénoncer trois illusions qu'on trouve fréquemment à gauche et qui toutes les trois consistent curieusement à une introduction néfaste de l'esprit religieux au sein du combat politique :

1- L'antisarkozysme rédempteur : l'idée erronée est d'encourager à s'opposer radicalement à Sarkozy et principalement à sa personne en pensant que cette attitude entraînera sa défaite. Non, ce genre de réaction compulsive renforce généralement l'adversaire plus qu'elle ne le déstabilise.

2- Le sauveur suprême : c'est l'envers du comportement précédent ; on s'identifie à un leader, on le pare de toutes les vertus, on en fait son champion, on ne jure que par lui. Ségolène Royal a connu ce phénomène de groupies. Aujourd'hui, toute chose égale par ailleurs, c'est DSK qui est porté par cet enthousiasme suspect et souvent aveugle. L'homme DSK ne m'intéresse pas plus que ça ; ce que je soutiens en lui, c'est tout un courant d'idées, le réformisme social-démocrate, et pas l'individu.

3- Le balancier providentiel : c'est la paresse devenue tactique politique de ceux qui croient que le mouvement de balancier finira inéluctablement par les faire gagner. Il suffit alors d'attendre, il est même conseiller de ne rien faire pour ne pas contrarier le retour du balancier. L'histoire dément cette croyance. La politique, c'est un travail, et de longue haleine, sauf quand on ne souhaite pas gagner.

Contre ces trois incursions de la religion dans le domaine politique, je défends une position profane et laïque, celle du projet. C'est comme ça que les citoyens s'y retrouvent, c'est comme ça que fonctionne la démocratie.


Bonne soirée.

04 novembre 2010

Et de deux !

Bonsoir à toutes et à tous.


J'ai appris dans le Courrier Picard d'aujourd'hui qu'une nouvelle candidature avait été officialisée dans le canton de Saint-Quentin Centre, après celle de l'UMP Colette Blériot : Stéphane Monnoyer, pour le Modem. Et pourquoi pas Paul Gironde, conseiller municipal, plus connu et plus crédible ? Mystère, comme disait Arletty dans "Les enfants du paradis". A part ça, je ne vois pas grand-chose d'autres à en dire.

Bonne nuit.

03 novembre 2010

Antiréformisme = antisocialisme.

Bonjour à toutes et à tous.


L'histoire de la gauche saint-quentinoise a toujours été marquée, sauf durant quelques rares et courtes périodes, par un antiréformisme virulent, y compris à l'intérieur du PS. Aujourd'hui, avec l'entrée de l'extrême gauche au Conseil municipal et les gremetziens à la tête de la section du PCF, l'antiréformisme connaît un regain, une nouvelle jeunesse. A gauche, ce sont les positions les plus radicales qui s'expriment (voir par exemple mon billet d'hier). Nous sommes quelques-uns à résister, sûrs que l'avenir n'est pas dans l'antiréformisme. Nous savons que la majorité de l'électorat est de notre côté.

Quand je tiens ce genre de propos, certains amis sourient, me reprochent d'exagérer ou de faire de l'idéologie, en soulignant gentiment que j'aurais certainement mieux à faire. Je souris à mon tour : la politique est un combat aux multiples champs de bataille, il ne faut rien lâcher, ne pas cesser de se battre. Si vous arrêtez, c'est fini, l'adversaire a gagné. De toute façon, on n'a pas le choix : toute offensive est la conséquence d'une attaque. Ça c'est pour la dimension tactique. Mais sur le fond : l'antiréformisme ne serait-il pas une lubie, comme n'osent pas me le dire ces amis ?

J'essaie de ne pas parler à la légère, je suis plus dans le projet que dans la critique, je ne dénonce pas l'antiréformisme de gaieté de coeur, mais je le subis et je me dois de riposter car le Parti socialiste en est la victime. Je prends soin de m'appuyer à chaque fois sur des faits. Vous en voulez ? En voici : lisez les phrases suivantes (à propos du mouvement contre la réforme des retraites) et devinez d'où elles proviennent :

- "Le PS partage l'essentiel de l'analyse du gouvernement de droite"

- "Mme Aubry ne se distingue du gouvernement que par son souhait du maintien du droit au départ à 60 ans pour les quelques-uns qui le pourraient encore décemment"

- "Les socialistes se déclarent prêts à poursuivre eux-mêmes dans cet esprit la "réforme" à la date de 2013 programmée par le pouvoir actuel"

- "Les dirigeants du PS attendent que le mouvement se passe"

- "Les Grecs et les Espagnols savent aussi que l'alternance à "gauche" peut mener à la même politique"

- "Le rassemblement [contre la réforme des retraites] n'a aucune raison de se faire avec les positions de ce courant "réformiste", tiède et mou, refusant d'affronter les intérêts du Medef"

Édifiant non ? Alors, avez-vous trouvé l'origine de cet antiréformisme de combat ? Un tract distribué à des milliers d'exemplaires par la section locale du PCF appelant à la prochaine manif, celle du 06 (que vous pouvez lire dans son intégralité sur http://pcfsaintquentin.unblog.fr/ ). Mes camarades sont libres de leurs écrits. Mais qu'on ne s'étonne pas si, à mon tour, sur ce blog, je deviens virulent et persévérant dans la dénonciation de l'antiréformisme, qui n'est qu'une variante de l'antisocialisme.


Bonne soirée.

02 novembre 2010

Service civique, mesure socialiste.

Bonsoir à toutes et à tous.


Il y a des jours comme ça, quand on lit le journal du matin, où la colère vous gagne. Moi c'était ce mardi matin ! Je suis pourtant d'un tempérament calme, mais il y a des moments où l'on a envie de sortir de ses gonds, comme on dit. La communauté d'agglomération de Saint-Quentin va recruter des jeunes dans le cadre du service civique volontaire. Je ne sais pas si elle a raison ou tort, c'est à nos élus de le dire. Mais ce que je sais, c'est que ce service civique est une proposition de gauche, adoptée par la gauche et utilisée par de nombreuses collectivités et associations de gauche (et j'en sais quelque chose puisque je suis responsable d'une association qui s'est totalement impliquée dans ce dispositif).

Alors, quand je lis que Frank Mousset, conseiller municipal NPA, affirme que "l'opposition est totalement contre", oui je sors de mes gonds ! L'argument de mon homonyme : "Que ce soient des contrats aidés, du service civique, cela reste des emplois précaires". Ah oui ? Les mêmes du NPA, à l'époque encore LCR, critiquaient les "emplois jeunes" de la gauche plurielle, il y a dix ans, au prétexte que c'était déjà pour eux des emplois "précaires". A part le CDI et la fonction publique, l'extrême gauche refuse tout le reste.

Je m'empresse de dire que c'est son droit, sa logique à elle, en soi respectable. Mais ce n'est pas notre logique à nous, socialistes, réformistes, qui cherchons par tous les moyens à intégrer les jeunes et pas à faire sauter le système. Mousset du NPA veut "des contrats de droit commun". Mais justement, le service civique couvre des activités qui ne relèvent pas de ce type de contrats : le service civique, comme son nom l'indique, est un service, pas un emploi qui se contractualise. Qu'on refuse ce dispositif, ça ne créera pas un seul emploi supplémentaire. A moins de bureaucratiser toutes les activités humaines. On a déjà essayé, on a vu ce que ça a donné, non merci.

Olivier Tournay, conseiller municipal communiste, y va aussi de son coup de pied contre le service civique : "540 euros, ce n'est pas assez !" Évidemment, présenté comme ça, tout le monde sera d'accord. Sauf que le service civique, n'étant pas un emploi, ne donne pas droit à un salaire mais à une indemnité qui peut aller jusqu'à 640 euros. L'objectif n'est pas l'emploi mais l'intégration sociale. C'est une aide, un complément, réservé seulement aux jeunes de 16 à 25 ans, pour une durée de 6 à 12 mois. Rien à voir avec un emploi contractualisé.

Olivier poursuit dans sa critique faussée et infondée en affirmant : "A la sortie, ils n'auront pas le droit à l'indemnisation chômage". Bin oui puisqu'il n'y aura pas licenciement, puisque ce ne sont pas des contrats de travail. Mais ce qu'Olivier oublie de préciser, c'est que les jeunes, pendant leur période de service civique, ont droit à la couverture sociale, à la retraite, à la validation des acquis, à un accompagnement formateur. Oh ce n'est pas révolutionnaire, j'en suis bien d'accord ! Mais qu'on ne dise pas que c'est anti-social !

Ce service civique volontaire a été proposé par le sénateur PRG Yvon Collin et adopté à la quasi-unanimité le 04 février 2010, y compris par les parlementaires communistes, sauf la députée Marie-Hélène Amiable. Il fait suite à une longue réflexion, principalement au Parti socialiste, sur l'intégration citoyenne de la jeunesse après la disparition du service militaire. Chirac avait institué, après les émeutes de 2005, un service civil largement insuffisant. Le service civique qui le remplace ne soulève qu'une seule réticence de la gauche : elle voudrait rendre le dispositif obligatoire.

Voilà, ce qui est dit est dit, et croyez-moi j'en avais lourd sur la patate. Si je dois être dans cette ville le seul socialiste à défendre une mesure conçue, soutenue et adoptée par les socialistes, eh bien oui ce sera moi ! Si l'opposition saint-quentinoise veut faire des propositions en matière d'emploi, elles seront les bienvenues et je l'y encourage, d'autant que les prochaines municipales, on le voit bien avec les sorties et déclarations de Xavier Bertrand, se joueront sur ce dossier-là. Mais pas en critiquant et en rejetant une mesure socialiste.

Quelle crédibilité aurons-nous, en 2014, dans notre programme, à affirmer que nous allons mettre fin à l'emploi aidé et au service civique volontaire ? Et pour les remplacer par quoi ? Non, j'ai beau tourner et retourner tout ça dans ma tête, ça ne va pas. Et ce qui ne va pas, c'est que des socialistes ne peuvent pas gérer une municipalité avec des adjoints d'extrême gauche. J'en reste là, je n'en démords pas. Et je n'ai pas envie de passer toute ma vie dans l'opposition !


Bonne soirée.

Dont acte.

L'Aisne Nouvelle parue ce matin, dans sa rubrique Noir sur blanc, répond à ma question d'hier : y aura-t-il une législative partielle à Saint-Quentin si Xavier Bertrand devient ministre (la rumeur le donne à la Défense) ? Le journal rappelle que le nouveau maire avait indiqué, début octobre, qu'en pareille situation c'est sa suppléante qui le remplacerait, en démissionnant bien sûr de son mandat européen, comme elle y est obligée. Dont acte.

Je ne suis pas surpris puisque ce choix confirme mon analyse. La droite saint-quentinoise, en toute occasion, privilégie la continuité, la stabilité, j'ai presque envie de dire la normalité. Les sortants succèdent aux sortants, même quand ils sont contestés en interne et qu'on souhaiterait peut-être bien se débarrasser d'eux. La suppléante du député est faite pour suppléer, elle suppléera. Le maire Pierre André démissionne, il est remplacé par le mieux placé, le plus connu, Xavier Bertrand. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?

Pourtant, dans le microcosme, les supputations vont toujours bon train : Blériot serait lâchée par André, Lavrilleux mis sur la touche par Bertrand, Grzeziczak tenterait sa chance, Savelli songerait à se venger, Ryo succéderait à André à la tête de la municipalité, et patati et patata. Rien de tout cela ne se réalise ni ne se réalisera, hélas. La division du camp adverse, je suis preneur, leurs mauvais choix m'arrangeraient. Mais je ne prends pas mes désirs pour des réalités, même si j'aimerais bien ...

A la stratégie de la continuité de la droite, la gauche a privilégié, volontairement ou pas, la stratégie inverse de la nouveauté. En dix ans, d'une municipale à une autre, d'une cantonale à une autre, nous n'avons pas dérogé à la règle du changement systématique de candidat. Mais pour quelle bénéfice ? C'est peut-être une question de caractère mais je crois beaucoup plus, en politique et dans la vie, à la continuité qu'en la nouveauté. J'ai toujours en tête cette boutade du directeur de théâtre dans le film de Renoir "Les enfants du paradis" : "La nouveauté, c'est vieux comme le monde !" Mais ça ne fait pas nécessairement gagner les élections. Et puis, l'argument des "têtes nouvelles", c'est un raisonnement de guillotineur.

Samedi, 10h00, Stalingrad.



La mobilisation contre la réforme des retraites se poursuit. Le Parti socialiste a déposé un recours devant le Conseil constitutionnel. Tant que l'avis n'aura pas été donné, tant que le président de la République n'aura pas promulgué la loi, il est normal et démocratique que ses adversaires, au premier rang desquels les socialistes, utilisent tous les recours légaux possibles. Les syndicats, eux, font appel au droit de grève et de manifestation, qui sont leurs instruments d'expression et de revendication.

C'est pourquoi nous nous retrouverons une nouvelle fois, à Saint-Quentin, le samedi 06 novembre, à 10h00, place de Stalingrad.