L'Aisne avec DSK

31 janvier 2008

Les apprentis sorciers.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai eu connaissance hier seulement de l'article de Libération paru lundi, consacré aux élections municipales à Saint-Quentin. Précipitez-vous pour le lire, c'est un vrai florilège, un feu d'artifice, dont je vous sélectionne les plus belles fusées. La première phrase pour commencer: "La liste d'union de la gauche de Saint-Quentin, dans l'Aisne, étonne jusqu'à ses propres membres." Il y a de quoi, en effet. Que des organisations d'extrême gauche arrivent à flouer à ce point des socialistes, c'est plus qu'étonnant, c'est stupéfiant, hallucinant! Heureusement que le responsable du MRC, Laurent Elie, se sent obligé de préciser: "Nous sommes entre adultes responsables", car il y a vraiment de quoi en douter.

Mais de quelle union s'agit-il, au juste? Les propos des uns et des autres se veulent gaillards. Ecoutez plutôt, et souriez un peu:

"Nous avons dépassé nos clivages", dit Jean-Pierre Lançon. Les clivages entre socialistes? Non, avec l'extrême gauche. Ah bon? "C'est nouveau, ça vient de sortir", aurait dit Coluche.

"Ce qui nous réunit est plus fort que ce qui nous sépare." C'est bien dit, ça sonne fort, vous ne trouvez pas? Et qui a dit ça? Anne Zanditenas, de LO. Et là, brusquement, ça sonne creux, on ne sourit plus mais on se marre carrément: où est-elle allée chercher qu'entre PS et LO, "ce qui nous réunit est plus fort que ce qui nous sépare"?

Dimitri Severac, de la LCR, célèbre l'union à sa façon, en distinguant le bon grain de l'ivraie, les "vrais" socialistes et les faux. A Jean-Pierre lançon, il décerne un brevet d'honorabilité: "Il a été pour le non au référendum européen et on le retrouve souvent avec nous dans les luttes. C'est un vrai socialiste de gauche. " Sous-entendu: les autres, ce sont des socialistes de droite! Vous avez compris: un "vrai", un bon socialiste, c'est un socialiste qui est devenu compagnon de route, force d'appoint, marche-pied électoral pour l'extrême gauche.

Et croyez-vous que cette union des poperénistes avec l'extrême gauche soit sincère? Même pas! Quelques morceaux choisis:

"On continuera à distribuer notre propagande parallèlement, tout en tractant pour la liste", précise Zanditenas. Là aussi, vous avez compris, pas besoin de faire un dessin: le beurre, l'argent du beurre et le reste. Severac est encore plus clair: "Cet accord est juste local. Un accord avec la direction du PS reste impossible." Sauf que dans cet accord, je suppose qu'il n'est pas question que des lampadaires à remplacer ou des trous dans le bitume à reboucher, mais que le principal concerne des positions politiques nationales? Donc, qui est dupes de qui, qui s'alignent sur qui, puisque nationalement, l'accord est "impossible"? La réponse, vous la connaissez, elle se confirmera au fil de la campagne, les poperénistes se sont alignés sur l'extrême gauche pour y gagner quelques sièges.

Jean-Pierre Lançon a lui aussi le mérite de la clarté: "Dans la phase de reconstruction de la gauche, c'est un peu un mini-laboratoire." Oui, vous avez bien lu, je n'invente rien: Saint-Quentin est devenu un champ d'expérimentation dont les socialistes sont les cobayes, et les popérenistes alliés à l'extrême gauche les savants fous, les apprentis sorciers. Imaginez un peu: l'union PS-extrême gauche proposée comme un futur modèle! Le communiste Jean-Luc Tournay parle, lui, d'un "test". J'hésite: sommes-nous dans l'inconscience politique, l'irresponsabilité électorale, le délire idéologique, la bêtise ordinaire, l'intelligence pervertie, ...?

Et l'article se termine par un aveu, que le journaliste a bien saisi: le but de tout ça, c'est de "malmener" Pierre André, "à défaut de le battre". Le maire peut donc dormir tranquille. Avec une telle équipe, il sera "malmené", ce qui ne le préoccupe guère, pourvu qu'il gagne. Et comment ne pas souligner le lapsus qui achève ce feu d'artifice, son bouquet final en quelque sorte: "Jean-Luc Tournay reconnaît qu' "arriver au second tour" serait déjà bien." Sauf qu'il n'y a pas de second tour quand il n'y a que deux listes! Un lapsus révélateur d'un esprit de défaite, d'un moral de battu.


Bon après-midi.

30 janvier 2008

01-02-03-04-05-06-07-08 etc.

Bonsoir à toutes et à tous.


J'ai souvent sur ce blog soutenu le conseiller général communiste Raymond Froment dans ses actions d'utilité publique, je l'ai régulièrement félicité pour son dynamisme. Mais là, non! Je ne suis pas d'accord avec le dernier combat en date qu'a engagé Raymond: la sauvegarde des plaques minéralogiques départementales! Et si je vous en parle, c'est que beaucoup de gens en parlent et que la droite, nationalement, pourrait y perdre quelques voix aux élections municipales. Ce n'est pas bien sûr ce dernier aspect qui me préoccupe, et s'il n'y avait que lui, au contraire je m'en réjouirais. Mais ce qui m'inquiète, c'est ce que signifie ce mouvement de protestation contre une mesure qui n'a rien de politique, qui est purement administrative et technique. Je cite Raymond dans le communiqué qu'il a envoyé à la presse:


"Je demande aux politiques des étages supérieurs de mettre fin à cette idée de faire disparaître un 02 auquel nous sommes très attachés, auquel on s'identifie. "Touche pas à mon 02". Nous, gens de l'Aisne, nous aimons notre département."


Froment, c'est le peuple de l'Aisne qui se soulève contre les "étages supérieurs" de la politique, c'est la reprise de l'éternel combat des "petits" qui tiennent à leur 02 contre les "puissants" qui le bradent. Son slogan reprend celui de SOS-Racisme dans les années 80: "Touche pas à mon pote." La plaque d'immatriculation devient le symbole du droit à la différence. A quand la petite main jaune au revers de la veste? Mais le fond de cette réaction, c'est le ressort identitaire, tel qu'en parle Françoise Anton, interrogée par Le Courrier Picard dans sa rubrique "C'est vous... qui le dites!":


"C'est une spécificité française qui disparaîtrait (...). Enlever ce numéro, c'est enlever une partie de notre identité."


L'obsession identitaire, la voilà qui resurgit, au détour d'une banale décision administrative. Depuis 25 ans, elle gangrène notre pays, sous des formes anodines comme celle-ci, sous des formes infiniment plus dangereuses, de la montée du vote nationaliste FN à l'instauration d'un ministère de l'Identité nationale par Sarkozy. Je ne mélange pas tout, je ne dis pas que les détracteurs de l'abandon de la plaque sont des frontistes. Evidemment pas. Mais j'affirme qu'une préoccupation identitaire peut prendre des aspects, avoir des effets totalement étrangers les uns aux autres. Je ne pense pas en tout cas que l'attachement minéralogique résulte seulement d'un conservatisme naturel ou d'une force de l'habitude.


Pour moi, les numéros des départements, ça me rappelle l'Ecole, où il fallait les apprendre, en CM2 je crois. La nostalgie a sa part là-dedans. Ca me rappelle aussi la préparation du concours pour devenir facteur, que j'ai passé en 1987 (et raté!), ce qui m'a obligé à les réapprendre. L'Ecole et la Poste, c'est un peu la France, qui s'en va quand les numéros des départements s'en vont de nos autos. C'est aussi une mémoire de base, un exercice mnémotechnique à la fois simple et complexe, une sorte de "devoir de mémoire" élémentaire.


Pourtant, quelle absence de poésie! Le 02, ce n'est qu'un chiffre. Comment peut-on l'aimer? Parce qu'il représente l'Aisne? Mais je n'ai pas besoin de ce chiffre pour me représenter l'Aisne et pour l'aimer! Quand j'étais enfant, l'idée que mon numéro de Sécurité Sociale allait m'accompagner toute ma vie me fascinait. J'avais l'impression que c'était le seul élément de ma personne à traverser le temps sans être altéré par celui-ci. Suis-je tombé amoureux pour autant de ce numéro? Bien sûr que non, et je ne le connais même pas par coeur! Une appartenance ne peut pas se réduire à un chiffre. Je me souviens de ce générique d'une de mes séries préférées, "Le Prisonnier", où Patrick MacGohan s'écriait: "Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre." Voilà ma réponse à Raymond.

Et puis, cette fameuse plaque d'immatriculation, elle n'avait de sens que pour les automobilistes à l'extérieur de leur département, sur la route des vacances, où les enfants jouaient à reconnaître les départements. Arrivé au camping, c'était une façon de repérer d'éventuels "départementaux", le désir de se retrouver entre soi, ce qui n'est pas ma vision des vacances, qui ne sont intéressantes que parce qu'on sort de chez soi et des siens pour aller ailleurs et vers les autres.


Il y a un peu plus inquiétant. Dans mon Cher natal, l'immatriculation de la voiture permettait de détecter les "étrangers". Les 75 perdus dans le 18, des parisiens en plein coeur du Berry, c'était la suspicion, d'ailleurs très ordinaire, sans véritable hostilité, mais tout de même une forme de méfiance. Du moins les voitures étaient-elles marquées, comme le bétail. On savait à qui on avait affaire, quand une vitre s'abaissait pour demander un renseignement. Comment va-t-on faire maintenant?


Le plus drôle dans cette histoire de plaque d'immatriculation, c'est l'alliance objective, comme disent les marxistes, entre les villes et les campagnes, les banlieues immigrés et la France profonde, la fierté du 02 et la fierté du 9-3. Zéro deux, neuf trois, même combat!




Bonne soirée.

La montagne et la souris.

Bonjour à toutes et à tous.

La presse d'hier a présenté l'équipe d' "ouverture" présentée par Pierre André, ceux qui seront probablement ses futurs adjoints. Bernard Dordonne, dans L'Union, se montre sceptique et déçu:

"La montagne a accouché d'une souris (...). La presse qui a été invitée à connaître les surprises de l'ouverture selon Pierre André est restée sur sa faim."

Qu'est-ce qui justifie ce désabusement? Il n'y a pas de "vrais" socialistes dans ce début de liste. Je ne partage pas la réaction du journaliste. Certes, aucun socialiste n'est présent, mais Pierre André a une fois de plus réussi son coup, et je vous explique pourquoi:

1- Des "vrais" socialistes, ce seraient qui? Des adhérents du Parti socialiste? Si personne ne les connait, s'ils n'ont aucune influence, même modeste, s'ils ne se prévalent d'aucune activité publique, pas la peine de les mettre sur une liste municipale. Des socialistes connus et reconnus, des personnalités locales? Vous en connaissez beaucoup? On a vite fait le tour! Pierre André n'avait guère le choix, il ne fallait pas s'attendre à des miracles. Les socialistes n'apparaissent pas comme les lapins sortent du chapeau du prestidigitateur.

2- Surtout, Pierre André n'a pas fait plus et mieux au niveau local que Nicolas Sarkozy au niveau national. Des "vrais" socialistes sur sa liste, ce seraient des représentants, des responsables, des dirigeants du PS. Je rappelle tout de même que le président n'y est pas parvenu au sein de son gouvernement. Les socialistes qui y figurent ne sont pas des personnalités de premier plan mais des seconds rôles ou des figures marginales. Bernard Kouchner est certes populaire, mais il n'a jamais eu de responsabilités politiques au PS et n'a jamais été un élu socialiste. A Saint-Quentin comme à Paris, les "vrais" socialistes n'ont pas répondu à l'ouverture. Il faut le dire et le répéter. La stratégie de Sarkozy a eu des conséquences très limitées et pas le succès qu'on lui attribue fréquemment.

3- Alors, pourquoi Pierre André a-t-il organisé avec solennité une conférence de presse sans grande nouveauté? Ceux qui se posent la question croit que la communication est synonyme d'information. Mais non. Pierre André n'avait rien à dire, rien à annoncer, il voulait tout simplement communiquer. Et il est passé maître en la matière, là où la gauche se traîne lamentablement. Et ce n'est pas l'alliance avec l'extrême gauche qui va arranger les choses! Seul Freddy Grzeziczak se débrouillait pas mal en termes de communication. C'est aussi la raison pour laquelle le maire l'a mis dans sa poche. Il ne se serait pas intéressé à un MRC inconnu, et il aurait eu raison.

Donc, hier, Pierre André a communiqué, c'est-à-dire qu'il a occupé le terrain médiatique, selon un plan communication délibéré et habile, en trois étapes: d'abord l'annonce individuelle de Freddy il y a 15 jours devant les caméras de France 3, puis la présentation de l'équipe restreinte hier devant la presse et demain soir le grand show au Splendid devant la foule des grands jours pour dévoiler la totalité de la liste. Pas de doute, c'est du beau boulot de communiquant! J'enrage de voir la gauche incapable, à son niveau, de communiquer, semblant presque prendre plaisir à la non ou à l'anti-communication. J'aurai beaucoup à vous dire là-dessus, j'en parlerai un jour, car il se trouve que les questions de communication m'intéressent (j'ai failli devenir journaliste il y a une vingtaine d'années!) et ma candidature aux municipales se serait appuyée sur une politique de communication dont je m'étais fait une idée très précise. Passons ...

4- Venons-en au fond du point presse d'hier, car la communication n'est jamais un acte superficiel, comme le croient ses détracteurs. Si Pierre André n'a rien dit de nouveau, cela ne signifie pas qu'il n'a rien dit. Bien au contraire, son message a été assez fort, et il est contenu dans la photo de son équipe (la semaine dernière, c'est la photo PS-extrême gauche qui avait inspiré mes réflexions!). Autour du maire, qui voit-on, et quelle logique structure cette équipe? Pas la logique de la compétence mais la logique partisane, c'est-à-dire purement politique. Et je le dis à ceux, surtout à gauche, qui s'apprêtent à voter Pierre André pour des raisons locales, dans une perspective apolitique. Cette liste est tout sauf apolitique. Elle est au contraire profondément politique.

La présence du ministre du Travail, responsable départemental de l'UMP, rappelle l'engagement auprès du gouvernement. Le docteur Huguet représente la figure du gaullisme historique. Tant pis pour mon collègue Savelli, responsable gaulliste depuis plusieurs décennies, mais peut-être un peu trop "électron libre". A côté du maire, Monique Ryo incarne le Nouveau Centre, c'est-à-dire l'ancienne UDF. Derrière ces quatre-là assis, quatre autres debout: Freddy pour le MRC, Paul Gironde pour le MoDem, Dominique Bouvier pour le PRG, Stéphane Lepoudère pour le Parti radical-valoisien. Bien sûr, Freddy et Dominique sont des ex, mais s'ils sont là, c'est parce qu'ils sont issus de ces sensibilités utiles à Pierre André pour capter les électeurs de gauche. Je retiendrais évidemment la présence officielle du MoDem. Ainsi, le maire a réussi l'union des droites.

5- De toutes les droites? Non, il manque quelqu'un, une sensibilité que Pierre André avait récupérée il y a quelques années, même si son représentant avait quitté le parti pour lequel il s'était présenté aux élections législatives de 2002: il s'agit de la droite radicale de Philippe de Villiers et de son Mouvement pour la France (MPF), défendue à Saint-Quentin par Alexis Grandin. Lui aussi, finalement, aurait pu figurer sur la photo, en vertu de l'union de toutes les droites. Alors? Pierre André, dans sa stratégie d'ouverture au centre et à gauche, veut-il passer sous silence cette droite radicale? A moins qu'Alexis Grandin ne fasse partie des adjoints sacrifiés au nom de la parité? Dans ce cas, sa candidature dans le canton de Saint-Quentin Sud serait un lot de consolation, une compensation. Mais tout cela n'est que conjecture ...

Prochaine étape, pas plus tard que demain, et selon L'Union: "La vraie ouverture (...) sera annoncée jeudi par Pierre André. Selon nos sources, sa liste devrait comporter deux candidats proches de la tendance Ségolène Royal." Ah bon? Et deux noms sont évoqués: Bernard Lebrun, dont je vous ai parlé hier, et Karim Saïdi, qui a pourtant démenti il y a quelques jours une telle "information". Attendons demain.


Bon après-midi.

29 janvier 2008

Les 7 clés de l'avenir.

Bonjour à toutes et à tous.

Si je ne partage pas les présupposés idéologiques du lambertisme, j'adhère cependant à certains de ses principes et méthodes, qu'il me semble utile d'appliquer à la gauche saint-quentinoise, principalement à sa section socialiste, afin qu'elle sorte de la crise qu'elle traverse et préparer l'avenir. Pierre Lambert avait le mérite d'enseigner quelques vertus politiques qui me paraissent indispensables par les temps qui courent. J'en dénombre sept:

1- Savoir analyser ses échecs comme préalable aux prochaines victoires. Quelle a été mon erreur ces derniers mois? J'ai péché par idéalisme alors que j'aurais dû rester strictement réaliste. Croire que les poperénistes accepteraient une candidature de rassemblement (la mienne ou celle de Stéphane), qu'ils renonceraient aux rapports de forces, qu'ils prendraient en considération l'hyper-puissance de la droite au lieu de leur intérêt de courant, qu'ils se départiraient d'une approche exclusivement procédurière, tout cela était d'une impardonnable naïveté. En théorie, j'étais dans le vrai, mais en pratique, j'avais tout faux. Ai-je eu raison de défendre une vérité idéale? Oui, mais j'ai eu tort de penser qu'elle était réalisable.

2- Se prémunir ou se débarrasser de toute tendance psycho-affective. On ne fait pas de bonne politique avec des sentiments, bons ou mauvais. Par conséquent, il faut écarter toute personnalisation des débats. Les individus comptent peu, ce sont les convictions qui décident du cours des choses. Ferreira, Lançon, Mousset, André ou d'autres, peu importe, ce sont les mouvements de l'opinion qui sont les maîtres du jeu, pas les individualités.

3- Pour affronter et battre la droite, il faut au préalable être au clair à gauche, "cliver" sur quelques points politiques précis, par exemple: pour ou contre le traité de Lisbonne, pour ou contre l'alliance avec l'extrême gauche. Pas d'hésitation, pas de demi-mesure: c'est oui ou non.

4- Nous devons imposer et défendre une ligne politique, un tracé idéologique lisible, s'y tenir fermement, n'en dévier à aucun prix, faire preuve quasiment de dogmatisme (au sens d'une vérité sur laquelle on ne transige pas). Ma ligne politique, ma vérité, c'est le socialisme démocratique, le réformisme, la social-démocratie.

5- Les questions d'organisation sont primordiales. Les événements passent, les hommes s'en vont, il n'y a que l'organisation qui reste. Les socialistes authentiques doivent "s'organiser", c'est ce qui leur a fait défaut jusqu'à maintenant. Une vraie organisation, efficace, capable de préparer l'avenir, exige la création d'une seconde section.

6- L'organisation ne vit que par ses militants, de vrais militants, c'est-à-dire des politiques. A droite et à gauche, à Saint-Quentin, il y en a très peu. C'est normal, c'est la vie. Les socialistes réformistes ne se feront entendre, ne pèseront sur le cours des choses qu'entraînés par des militants politiques, pas des suiveurs (même s'il en faut aussi!).

7- Il ne faut pas se laisser fasciner par les événements. Les élections municipales, considérez qu'elles sont déjà passées. Les résultats, je vous les donne, en me faisant un devoir d'être optimiste et bienveillant: 65% pour la droite, 35% pour la gauche. Vous connaissez la loi en politique: un bon score, c'est quand on gagne. Le reste, c'est de la consolation. La droite va l'emporter, la gauche au conseil municipal sera dominée par l'extrême gauche. Dépassons cela, situons-nous dans l'après: reconstruire une section socialiste réformiste, constituer une nouvelle majorité pour le congrès, préparer les futures échéances locales. Bref, ne jamais dépendre de l'événement, ne pas s'exciter à son approche, mais l'anticiper, avoir prise sur lui, et encore mieux: le créer.

Je ne suis ni trotskyste, ni léniniste, mais il y a une formule de l'un des deux, je ne sais plus lequel, Trotsky je crois, que j'aime beaucoup et à laquelle j'adhère pleinement: "Seule la vérité est révolutionnaire." Le problème, c'est que chacun défend ce qu'il croit être sa vérité. En tout cas, je ne cesserais pas de défendre la mienne.


Bon après-midi.

28 janvier 2008

L'artiste.

Bonsoir à toutes et à tous.


Pierre André exploite la division et la radicalisation des socialistes en s'efforçant de capter une partie de l'électorat de gauche. Tout l'enjeu du scrutin va porter là-dessus. J'apprends dans le Courrier Picard que le maire de Saint-Quentin a présenté, ce matin, dans un restaurant de la ville, les personnalités de gauche et de la "société civile" qui le soutiennent. Un nom est lâché: Bernard Lebrun, actuel président de l'office du tourisme, figure historique du socialisme saint-quentinois (il a failli être élu député en 1981!). Nous verrons bien la presse de demain matin, mais si la nouvelle s'avérait vraie, elle ferait très mal, encore plus mal que la défection de Freddy, car Lebrun est quelqu'un de très connu dans Saint-Quentin, une autorité morale en quelque sorte.


Et ce n'est pas fini. Il y a des tentatives de séduction qui passent par d'autres moyens, mais avec une même finalité: décrocher l'électorat de gauche d'une liste menée par un courant socialiste minoritaire et une extrême gauche en quête de tribune. Ainsi, la réception organisée le 06 février, à l'Hôtel de Ville, en l'honneur de deux maires de gauche sur le départ, Serge Monfourny et René Horb, va dans ce sens. Car ce sont des femmes et des hommes de gauche qui seront essentiellement présents. Même stratégie le 09 février à Matisse, pour la cérémonie de remerciement du Téléthon 2007, dont le coordinateur local n'est autre que Lionel Josse, membre d'IDG (Initiative Démocratique de Gauche) et représentant de son mouvement sur la liste de gauche en 2001. Où sera-t-il en mars 2008?


En attendant, Pierre André pavoise. Il sait que la victoire est à portée de main, que la gauche lui a fait involontairement un cadeau inespéré en adoptant une stratégie suicidaire de division et de radicalisation. N'en fait-il pas parfois un peu trop, emporté par l'euphorie électorale? C'est ce qui semble lorsque, durant les voeux de l'office de tourisme, il s'écrie, à propos de la célébration du 500ème anniversaire de l'Hôtel de Ville: "Je m'engage à faire les plus grandes fêtes que Saint-Quentin ait jamais connues! Le monde entier sera avec nous. La France et l'Europe en parleront pendant longtemps." Mais le maire peut tout se permettre, tout dire, il sait que ça passera, parce qu'il a avec lui le pouvoir et la force. Je me souviens du titre de Libération en 1988, quand François Mitterrand avait été massivement réélu président: "L'artiste!" Eh bien Pierre André, à sa façon, est un artiste. Il faudrait être de mauvaise foi pour ne pas le reconnaitre.



Bonne soirée.

27 janvier 2008

Au loup!

Bonsoir à toutes et à tous.

Cette fin de semaine, dans l'Aisne, nous avons tremblé: les loups sont de retour, ils ont envahi nos campagnes. On les a aperçus près de Noyales jeudi soir, puis vendredi en fin de matinée aux alentours de Bernot, deux petits villages non loin de Guise, à moins de 40 km de Saint-Quentin. J'ai tout de suite pensé à la belle et terrible chanson de Serge Reggiani: "Les loups sont entrés dans Paris." Là, c'est le nord de l'Aisne, mais c'est tout aussi impressionnant. On imagine des hordes, des crocs, des griffes, du sang ... C'est très inquiétant.

Et c'est du sérieux, pas de la légende, puisque les monstres ont été photographiés à Bernot. Ils étaient trois. Les témoins sont des gens dignes de foi, pas des hurluberlus. A Noyales, c'est la première adjointe du maire, Françoise Macaigne, qui a vu les bêtes, mais se demande prudemment si ce ne sont pas des chiens de race husky. Autour de cette localité, ils ont été repérés à trois reprises, mercredi, jeudi soir et vendredi après-midi. La secrétaire de mairie, elle aussi, en témoigne. A Bernot, c'est l'épouse du maire, Madame Duhamel, qui a observé les loups, et elle est "formelle", d'après L'Union de samedi: ce sont des loups! Le journaliste, Michel Mainnevret, conclut ainsi son article:

"La psychose du loup est en train de naître dans le pays Guisard (...). Une arrivée du loup dans l'Aisne, grâce à une migration naturelle, serait un événement scientifique. Ou alors, si loups il y a, proviennent-ils d'un élevage clandestin? Quoi qu'il en soit, le mystère demeure et les inrerrogations et rumeurs vont bon train dans ces villages."

Coïncidence: dimanche dernier, près de Saint-Flour dans le Cantal, deux randonneurs affirment avoir photographié un loup. Des loups partout!?

Pourquoi je vous parle de ça? Parce que, depuis une quinzaine d'années, je m'intéresse à ce phénomène sociologique qu'on appelle la rumeur et j'en suis devenu, à mon petit niveau, un peu un spécialiste. Ce qui signifie que je repère très vite une rumeur, parce que j'en ai étudié les caractéristiques qui permettent de la détecter et de la distinguer de la vérité. Car c'est tout le problème de la rumeur: vraie ou fausse? A Bernot et Noyales, j'ai immédiatemment compris: tout est faux, il n'y a pas de loups, c'est une psychose collective.

Et dans la presse de ce dimanche, j'ai la confirmation de mon intuition. Les "loups" ont été retrouvés, ils s'appellent Urban, Pearl et Kimi, ce sont des chiens de la race loup de Saarloos, , échappés de chez leur propriétaire à Ribemont. Comme ces animaux sont très ... craintifs et totalement inoffensifs, ils fuient les automobiles, les villages et les hommes. La vraie peur n'est pas où on croit!

Quel rapport avec la politique? Eh bien là aussi, les rumeurs sont nombreuses, irrationnelles, déstabilisantes, et obéissent à la même logique que la rumeur du loup, avec trois ressorts principaux:

1- L'ignorance. Dans une société urbanisée, très éloignée de la nature, même dans les campagnes, on ne sait plus distinguer un chien d'un loup.

2- La peur. Le loup, à tort, fait peur. Et c'est cette peur qui nourrit la rumeur, favorise sa propagation. Toute rumeur est négative. Rares sont les rumeurs joyeuses.

3- Le fantasme. Une rumeur n'est pas une vérité, c'est une réalité (il y a des chiens) qui subit une déformation (ce sont des loups). Bref, une rumeur est la projection d'un désir qui tourne au fantasme puisque détaché de toute réalité. Le sens de ce fantasme, c'est l'explication de la rumeur. Dans le cas des loups, c'est la crainte de voir notre société envahie par la barbarie et basculer dans la décadence, dont le loup est le symbole efficace et suggestif.

Reprenez ces trois caractéristiques de la rumeur et appliquez les à la politique, ça fonctionne! A Saint-Quentin, dans certains milieux de gauche très restreints (où la rumeur a donc facilement prise), il se raconte, un intervenant sur ce blog en a été l'exemple, que la liste de gauche ferait 40%! Appliquons mes trois critères:

- L'ignorance: personne ne connait d'avance le résultat, donc c'est la voie ouverte au n'importe quoi.

- La peur: la droite hyper-puissante, dont tout le monde pressent raisonnablement qu'elle va faire un bon résultat et qu'elle sera reconduite, angoisse.

- Le fantasme sur un "bon" score de la gauche: c'est la seule façon de conjurer la probable défaite, d'exorciser la marginalisation du PS après sa stupéfiante alliance avec l'extrême gauche. On croit écarter la défaite en annonçant une pseudo-victoire (car 40%, vous l'aurez remarqué, c'est malgré tout une défaite!).

La rumeur n'est pas le privilège d'une gauche en pleine déconfiture et qui se rassure, psychologiquement, comme elle peut. Quand je lis, dans L'Union de samedi, les propos de Jean-Jacques Delville recueillis par Aurélie Marcotte, je me dis que la rumeur va bon train, de tout côté. Que nous dit le président du karaté club saint-quentinois, conseiller technique régional pour la ligue de Picardie de karaté:

"On voit que la gauche se mobilise pour les municipales mais je pense que les Saint-Quentinois ne vont pas s'y tromper. Vu le travail que Pierre André fait depuis douze ans, j'espère qu'il sera élu au premier tour, avec 65% des voix."

Pourquoi 65%? Là aussi, comme les loups à Bernot et Noyales, comme la liste de gauche qui annonce un bon score, c'est prendre ses désirs pour des réalités. Arrêtons avec nos désirs, intéressons-nous seulement à la réalité.


Bonne soirée.

L'esprit partisan.

Bonjour à toutes et à tous.

Dans la presse locale du week-end, à propos des socialistes, il y a du bon et du moins bon. Le bon, c'est la conférence de presse de nos candidats aux cantonales, le titulaire Michel Garand et la suppléante Cathy Letombe. Leur message est très clair (et Michel très souriant!): il faut garder le canton de Saint-Quentin Sud à gauche, poursuivre dans le droit fil de Serge Monfourny, ne pas se couper de la majorité au Conseil général, manifester à l'occasion notre réprobation de la politique de Nicolas Sarkozy, dire non à la candidature très à droite d'Alexis Grandin, jeune homme fort sympathique mais ancré fort à droite, puisque ancien partisan de Philippe de Villiers. Cathy est de Gauchy, secrétaire de Serge Monfourny, Michel est de Saint-Quentin, ses compétences et activités en font un excellent profil pour devenir conseiller général. Bref, un bon "ticket" pour gagner. Le Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS) ne s'y est pas trompé puisqu'il lui accorde sa confiance et son soutien, par la voix de Mourad Oujja, rapporté par L'Aisne Nouvelle.

Le moins bon, c'est dans le Courrier Picard de ce dimanche, qui relève un couac dans la cérémonie des voeux d'Anne Ferreira, dont je ne vous avais pas hier parlé, mais que la presse a noté. Dans un discours politique, il faut être attentif aux noms qui sont cités ... et à ceux qui ne le sont pas. Les absences ont un sens. Il y a celle de Jean-Pierre Lançon, vous le savez. Mais la liste municipale a été évoquée, même "brièvement", comme le remarque le Courrier. En revanche, pas un mot sur la cantonale de Saint-Quentin Sud, qui concerne pourtant une bonne partie des saint-quentinois et donc des personnes présentes. Pas un mot évidemment sur Michel Garand. Pourquoi cette omission dans un discours écrit et lu, ce qui exclut le lapsus ou le trou de mémoire? Je ne vois qu'une explication, celle qui pourrit notre campagne depuis la désastreuse désignation de novembre, la logique de courant, l'esprit de chapelle, le choix partisan. Garand n'est pas poperéniste? Aux oubliettes! Si vous avez une autre explication, je la prends volontiers, mais je ne vois que celle-là ...

Comprenez-moi bien: l'esprit partisan, c'est une très belle chose. Moi-même, je suis strauss-kahnien, fier de l'être, défendeur des idées et des amis de Strauss-Kahn. Mais ma différence avec Anne Ferreira, c'est que je ne suis pas un élu, mais un simple militant. Un élu doit être l'élu de tous les socialistes et pas seulement de son courant. Il ne doit pas privilégier celui-ci et reléguer au second plan ceux-là. Si j'avais été candidat des socialistes dans cette élection municipale, j'aurais interrompu la rédaction de ce blog pour en ouvrir un autre, exclusivement destiné à rassembler la gauche et à combattre la droite. J'avais pris quelques dispositions techniques pour cela. Le cours des choses en a décidé autrement. Mais il est certain que je n'aurais pas mené campagne en tant que strauss-kahnien.

Dans le discours d'Anne, un détail est passé inaperçu du public et de la presse, mais que je souligne parce qu'il corrobore ce que je viens de vous dire sur l'esprit partisan. Elle a cité, pour montrer la pugnacité des parlementaires socialistes contre la politique gouvernementale, le nom d'un député dont elle a pris soin de préciser qu'il n'était pas parmi les plus connus. L'esprit partisan n'exclut pas complétement la lucidité! C'est Alain Vidalies. Pourquoi lui, alors que bien d'autres, plus évocateurs pour l'assistance, auraient pu être mentionnés? Parce que Vidalies est un député ... poperéniste. CQFD.

Cité? Pas cité? A chaque fois, suivez la logique de courant et vous aurez la réponse. Pourquoi Jean-Luc Tournay, conseiller régional, est-il salué par la députée européenne? Sûrement pas parce qu'avec son camarade Gremetz, ils s'opposent au président socialiste du Conseil régional de Picardie et mettent le bazar dans la majorité de gauche! Non, mais parce que Jean-Luc est le maître d'oeuvre de l'union saint-quentinoise entre gauche et extrême gauche. D'ailleurs, les communistes étaient hilares lors de ces voeux, principalement à mes dépens. Normal, leur ligne politique a triomphé, la mienne a échoué. Je ne leur en veux pas, et même je les aime bien, Jean-Luc et Corinne. Ils sont franc du collier. Dommage qu'ils soient gremetziens!

La presse locale souligne enfin que toute la gauche était présente. Oui, mais pas l'extrême gauche, LO, LCR et PT. C'est pourtant avec eux que nous allons nous allier. Mais vous savez le pourquoi de cette absence: même le discours à gauche d'Anne Ferreira, même son hostilité au traité de Lisbonne, ne peuvent les satisfaire. Ils sont sur une toute autre ligne politique, presque un autre monde. Vouloir les séduire, c'est se contraindre à de vaines contorsions. Et l'article du Courrier Picard termine sur ce paradoxe, qui souligne parfaitement la crise que nous traversons: "unir la gauche semble plus simple que d'allier les socialistes entre eux."


Bon après-midi.

26 janvier 2008

Rien ne va plus.

Bonsoir à toutes et à tous.

Quelle histoire, cette fraude de 4,9 milliards d'euros à la Société Générale! Un jeune homme, Jérôme Kerviel, trader ordinaire, a réussi, tout seul, assez banalement semble-t-il, cette prouesse et ne s'est fait prendre qu'à l'occasion d'un simple contrôle. J'ai à l'esprit un film américain déjà ancien où un adolescent, à partir de son ordinateur dans sa chambre, décrypte les codes d'accès à l'armement atomique et déclenche une guerre nucléaire! On n'en est pas là avec Kerviel mais ça y ressemble un peu. En tout cas, le système financier est sérieusement remis en cause. Existe-t-il d'ailleurs encore un "système" financier? Le contrôle, la maîtrise, la subordination à la volonté collective, qui constituent les caractéristiques de tout système, semblent avoir disparu. Un individu peut parasiter un ensemble complexe, détourner à son profit ses règles.

Comment en est-on arrivé à une telle vulnérabilité? Il faut attendre, tout n'est pas connu. Les spécialistes, notamment ceux réunis en ce moment, coïncidence, au Forum économique mondial de Davos, restent silencieux, sans doute interloqués. Des doutes s'expriment. La Société Générale n'en profiterait-elle pas pour mettre sur le compte de Kerviel ses propres déficiences? La théorie du complot resurgit. Un homme isolé, sans grandes responsabilités au sein du système, peut-il parvenir à un tel résultat sans complicités? La banque, les autorités politiques s'efforcent de nous rassurer: pas d'effondrement en vue, et rien à voir avec la crise des subprimes qui secoue le monde de la finance depuis quelques mois.

Je veux bien, c'est possible. Mais ce que je constate, c'est que le système financier a atteint un tel degré de complexité, de sophistication, d'abstraction, qu'il en devient irréel. Un excès de rationalité l'a fait basculer dans l'irrationalité. Ses dirigeants se réfugient derrière des catégories morales et psychologiques, telles que la "confiance", faisant fi de la doctrine libérale la plus élémentaire qui repose sur l'intérêt individuel et le calcul rationnel. Les socialistes que nous sommes doivent être à la pointe de la critique de ce système financier, à condition de ne pas nous ranger derrière l'anticapitalisme le plus classique, qui en la matière est inopérant. Le problème, ce n'est pas le marché, ni l'exploitation des hommes par la grande industrie, c'est autre chose, de plus pernicieux, qui renvoie à cette irrationalité que je viens de dénoncer.

Le président de la Société Générale a qualifié Jérôme Kerviel de "terroriste". Un terroriste de l'intérieur, en quelque sorte, faisant imploser le système. Pas de morts, mais des milliards qui s'envolent. Pour quel motif? Kerviel s'est-il enrichi? Ou bien a-t-il voulu jouer, entrer dans le jeu du système, jusqu'à l'ivresse et la folie de ce jeu? Voilà où mène une économie qui ressemble de plus en plus à une vaste salle de casino. Mais là, nous pouvons le dire, à la façon des croupiers: rien ne va plus.


Bonne soirée.

Les voeux d'Anne Ferreira.

Bonjour à toutes et à tous.

J'avoue être un peu dépassé par le succès de mon blog. Partout où je vais, on ne me parle que de ça! Succès ambigu pourtant, puisqu'il est né de mon échec politique. Avant, ce blog était beaucoup moins consulté (il existe depuis septembre 2006!). Succès qui m'embarrasse aussi: quand certains me parlent, ils craignent que je répète leurs propos, d'autres au contraire le souhaitent à dessein, je l'ai encore expérimenté hier soir, lors des voeux de la députée européenne Anne Ferreira.

Que les uns et les autres sachent ceci: je ne dis rien qui ne soit pas public ou quasi public. Les allusions d'ordre privé restent anecdotiques. Parfois, il y a des informations codées, que ne peuvent décrypter que celles et ceux, peu nombreux, qui en possédent les clés. Je ne dis pas tout ce que je sais, mais je dis tout ce que je pense. C'est plutôt ce dernier point que quelques uns, fâchés avec la liberté d'expression, me reprochent. Moi, je ne connais rien de plus beau pour un homme que de dire ce qu'il pense. Il n'y a pas de limite à cette liberté-là. Mais dire tout ce qu'on sait, non, la décence, la pudeur, le respect de la vie privée l'interdisent. Et si je disais tout ce que je sais, ce ne serait plus un blog, mais un tsunami!

Donc, je vais vous dire ce que je pense de la cérémonie des voeux de la députée. D'abord la participation: pas mal de monde, plus que d'habitude me semble-t-il (200, 250 personnes?). Difficile de comparer avec le passé puisque ces voeux sont intermittents (l'an dernier, il n'y en avait pas) et dans des lieux différents ( Centre Matisse, mairie annexe Saint-Martin). Des élus, conseillers généraux, qui d'habitude ne venaient pas, étaient là. Quel enseignement politique en tirer? Remobilisation de la gauche saint-quentinoise à l'approche des municipales? Je ne sais pas, je voudrais bien, je ne crois pas.

Ma réflexion est autre: à gauche (mais aussi à droite!), il n'y a que les élus qui aient une forte capacité de mobilisation, parce que ce sont des élus, c'est-à-dire, en République, les représentants et les dépositaires de la légitimité populaire. Ce qu'a fait Anne Ferreira hier soir, rassembler plus de deux cents personnes, elle est la seule socialiste à pouvoir le faire. C'est pourquoi sa responsabilité est grande et sa parole est attendue, dans la situation de crise que traverse depuis plusieurs mois la section socialiste et devant l'incroyable décision politique de s'allier avec l'extrême gauche.

Qu'est-ce que j'ai pensé du discours? Dans la forme, il manquait, à mon goût, de vie et de passion. Quant au fond, je ne peux pas être d'accord avec la condamnation du traité de Lisbonne, puisque ce texte a été approuvé par le bureau national du Parti socialiste. Ce traité, c'est un peu le plan B que demandait Laurent Fabius, puisque la plupart de ses desiderata ont été satisfaits, notamment la suppression de la troisième partie, économique, qui figurait dans le Traité constitutionnel européen. Refuser la Constitution, admettons. Mais refuser ce nouveau traité, non. C'est prolonger les blocages que rencontre la construction européenne.

Et si justement l'objectif était celui-là, rendre l'Europe impossible à réaliser, la maintenir dans l'impasse? Anne Ferreira a beau terminer en proclamant que "nous sommes tous fortement européens", j'en doute beaucoup. Etre européen, c'est se donner les moyens de construire l'Europe. Si vous rejetez la Constitution, si vous rejetez le traité de Lisbonne, il reste quoi? Le traité de Nice, c'est-à-dire la poursuite d'une crise larvée, l'impuissance organisée. On ne peut pas se prétendre authentiquement européen dans ces conditions.

Quant à la demande d'un référendum, là non plus, je ne suis pas d'accord. Certes, le PS l'a promis, mais une promesse n'engage que celui qui la tient. Si nous avions gagné les élections, il aurait fallu organiser cette consultation populaire. Le vainqueur, ce n'est pas nous, c'est lui, Sarkozy, qui n'a rien promis du tout sur ce point. Or, lui seul dispose des moyens politiques d'imposer un référendum qu'évidemment il ne fera pas. Ne perdons donc pas notre temps dans un combat politique perdu d'avance, n'allons pas implorer Sarkozy pour une décision qu'il ne prendra pas. Il est politiquement malvenu de faire dépendre le succès d'une entreprise de la volonté de son adversaire!

A moins que cette demande de référendum ait une autre justification: renforcer les liens politiques entre les socialistes minoritaires et l'extrême gauche qui, elle aussi, se bat pour le référendum. C'est son problème à elle, sa façon d'exister, ce ne devrait pas être notre problème à nous, socialistes. Le grand jeu de 2005, c'est terminé. L'Histoire ne se répète pas.

Je l'avais annoncé sur ce blog il y a une dizaine de jours, j'attendais une prise de position politique d'Anne à propos des élections municipales, et surtout une clarification sur son engagement. A six semaines du premier tour, devant un public important, c'était l'occasion: hier ou jamais. Je crois que ce sera jamais. L'élection a été expédiée en une minute, en fin de discours, sans même citer le nom de la tête de liste, Jean-Pierre Lançon, sans évoquer cette union pourtant historique et unique en France de socialistes avec l'extrême gauche!

Etonnant et peut-être pas si étonnant que ça, comme si une gêne empêchait de dire clairement les choses. En tout cas, j'ai entendu hier une députée faire un bilan souvent technique de son mandat, pas un leader politique partir à l'assaut de la droite saint-quentinoise. C'est pourtant ce que notre électorat attend.


Bonne matinée.

25 janvier 2008

La politique de "décivilisation".

Le temps me manque pour vous dire tout ce que j'ai à vous dire. Et puis, l'actualité est trop riche! Bref, je note sur des bouts de papier mes réflexions, et je les stocke dans une pochette bleue sur laquelle j'ai inscrit au feutre noir: "Blog". J'y pioche de temps en temps, comme cette fin d'après-midi, où je redécouvre quelques notes prises lors d'une matinée de France-Inter, entre 08h20 et 09h20, dont l'invité était le philosophe Alain Finkielkraut, convié à commenter les nouvelles du moment. C'était il y a environ 15 jours, les médias étaient pleins de bruit et de fureur à propos de la fameuse "politique de civilisation" prônée par Nicolas Sarkozy. Bien sûr, un philosophe ne pouvait pas échapper à la question. C'était pour lui un thème de prédilection.

Finkielkraut s'est en effet emparé du sujet. La civilisation, c'est son truc. Mais il était attendu au coin du bois, lui qui avait manifesté sa sympathie pour Sarkozy durant la campagne des présidentielles. Il aurait pu être séduit par la formule. Surprise, Finkielkraut n'a pas trop aimé. Il faut dire que son incurable pessimisme l'amène à une contestation presque systématique, qui a son charme mais aussi ses limites. Et pour l'occasion, il s'est fendu d'un beau néologisme: la "décivilisation", voilà où nous en serions, pas seulement Sarkozy mais la société entière. Le contraire de la civilisation, c'est la barbarie. Mais le philosophe n'a pas osé, le terme aurait été trop fort. "Décivilisation", je suppose, c'est le délitement, le déclin, la destruction de la civilisation. C'est fort aussi! Pour expliquer son nouveau concept, Finkielkraut a cité trois faits:

- Le bruit dans les cités.
- Le saccage du bureau d'un ministère par l'artiste Bartabas, mécontent de ce qu'on lui donnait et lui disait.
- L'émission de Canal+ "Les Aliens d'Or", où les invités de Thierry Ardisson ont désigné la mort de l'année qui les a le moins touchés, celle de Monseigneur Lustiger, qui a provoqué les rires dans l'assistance.

Comme souvent, Finkielkraut exagère. Si la "décivilisation", c'est le bruit dans les cités, il n'y a pas eu beaucoup de civilisation dans l'histoire de l"humanité et notre philosophe n'a pas beaucoup fréquenté les milieux populaires! Sa conception de la civilisation est très bourgeoise: pas un mot plus haut qu'un autre ... En fait, il identifie civilisation et civilités, politesse (et une forme bien particulière de politesse).

Pour Bartabas, là aussi il y a exagération et inexactitude: dans les plus hautes civilisations, ce genre de comportement était présent, et même pire: la brutalité, les spectacles sanguinaires n'étaient pas exclus, alors que se développaient les arts, les lettres et les sciences. Ne mélangeons donc pas tout. La société contemporaine est globalement plus pacifique, plus policée que les sociétés d'autrefois.

Le dernier exemple est peut-être celui avec lequel je serai en accord. Non sur la "décivilisation", concept qui n'a guère de sens, mais sur le jugement négatif à propos de l'esprit de dérision qui envahit notre société. On a parfois l'impression que le sérieux est devenu impossible, que l'ironie est partout présente. J'avoue qu'il y a là un phénomène inquiétant, puisque la moquerie tient lieu d'argument. De là à affirmer que la civilisation est en danger, il y a un pas que je ne franchirai pas.

Pour terminer, Alain Finkielkraut a parlé de Nicolas Sarkozy, en le présentant comme le modèle de la "décivilisation", c'est-à-dire "l'enfant gâté", l'enfant d'aujourd'hui. Oui, peut-être. Mais pourquoi Alain s'est-il entiché de Nicolas? C'est maintenant trop tard pour revenir en arrière.


Bonne soirée.

Le déclin des rites.

Bonjour à toutes et à toutes.

L'anthropologie montre que les groupes, les communautés, les civilisations n'existent et ne perdurent qu'à travers des rites, des symboles et des cérémonies. Leur déclin est un signe de décadence. Cette remarque vaut aussi pour ces petites sociétés que sont les partis politiques. Les gaullistes à Saint-Quentin, chaque 18 juin, vont se recueillir devant la plaque en l'honneur du général de Gaulle, près du commissariat de police. Les lambertistes déposent une gerbe au palais de Fervaques, en mémoire au révolutionnaire Gracchus Babeuf (né à Saint-Quentin!). Les communistes ont leur fête des Libertés, en début juillet au gymnase Marcel Bienfait, et puis le grand rendez-vous de la fête de l'Humanité à la rentrée.

Et les socialistes? Quand j'étais secrétaire de section, j'avais tenu à maintenir la tradition du 1er mai: hommage à Jean-Baptiste Langrand, syndicaliste ouvrier du XIXème siècle, devant sa tombe au cimetière Saint-Jean et petit discours. Puis hommage à Romain Tricotaux, maire socialiste de Saint-Quentin entre les deux guerres, très populaire pour avoir contribué à la reconstruction de la ville après sa destruction pendant la première guerre. Ce n'était pas de l'archaïsme de ma part, mais la volonté d'entretenir la mémoire, de raviver l'histoire, de rappeler nos repères, d'assurer la continuité à travers les âges. Les rites ont pour objectif de conjurer le temps qui passe, de montrer que quelque chose, en l'occurrence des valeurs, reste.

Odette avait lancé une nouvelle tradition: rendre hommage le 11 novembre à Henri Arnould, maire socialiste de Saint-Quentin dans les années 50 et 60, ancien combattant et mutilé de la guerre 14-18. Pour l'anecdote, j'ai habité dans sa maison, rue des frères Desains, et mon propriétaire n'était autre que sa petite-fille. Son fils Pierre est l'un des plus anciens socialistes de la section. Chaque année aussi (mais il y a pas mal de temps de cela!), nous organisions un repas de section. Se retrouver autour d'une table, c'est aussi une forme de rite (voyez les banquets républicains!).

Tricotaux, Langrand, Arnould, repas de section, tout cela a disparu, les rites ont cessé depuis quelques années, le lien a été rompu. Il n'y a plus que de petits clans d'affidés qui se retrouvent entre eux. La vie collective est morte. Le déclin des rites en est le signe manifeste. Ne nous étonnons pas qu'une telle déliquescence favorise les dérives, les reniements, la fuite en avant que représentent aujourd'hui le rapprochement avec une extrême gauche qui, elle, n'a pas perdu ses repères.


Bon après-midi.

24 janvier 2008

L'autre Poperen.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je veux comprendre l'incompréhensible: pourquoi des socialistes, des réformistes, des camarades que je connais, commettent-ils à Saint-Quentin cette folie idéologique, cette absurdité politique, cette inconséquence électorale de s'allier avec l'extrême gauche? Pourquoi Jean-Pierre Lançon, qui a été à la tête du SE-UNSA, qui sait ce que c'est que le réformisme dans l'action syndicale, qui fait la différence avec la surenchère d'extrême gauche, pourquoi a-t-il apposé sa signature au bas d'un texte qui n'est pas conforme au réformisme, proposé par des "partenaires" qui passent le plus clair de leur temps à taper sur le Parti socialiste? Cela, j'ai beau y réfléchir, le prendre par tous les bouts, faire preuve d'indulgence, essayer de comprendre, je ne comprends pas.

Et pourtant, je sais, par nature et par profession, qu'il doit y avoir une explication. Alors, je me suis plongé dans un petit livre fort bien fait et fort instructif, écrit par Emmanuel Maurel et publié en 2005: "Jean Poperen, une vie à gauche", aux éditions Bruno Leprince. C'était ma seule issue: aller voir du côté du poperénisme, qui inspire Anne Ferreira, Sylviane Gatteau et les promoteurs de l'alliance avec l'extrême gauche, pour comprendre ce que moi, je ne comprends pas. Je n'ai pas été déçu, j'ai fait d'étonnantes découvertes, écoutez un peu:

Jean Poperen a commencé sa vie politique au PCF, où son frère Claude jouait un rôle important, et s'en est fait exclure en 1959, où il a rejoint le PSU. Au passage, je note que Poperen a un lien avec notre chère Picardie, puisqu'il a été prof d'histoire à Amiens. Dans les années 60 et 70, il ne jure que par l'union de la gauche et son triptyque: nationalisation, planification, autogestion. Et un corollaire: la dénonciation virulente de la "deuxième gauche", des rocardiens. Les poperénistes de l'Aisne, qui pour beaucoup sont nés en politique dans les années 70, en sont restés là. L'alliance avec le centre, c'est pour eux l'horreur. Leur tropisme unitaire les porte à gauche, toujours plus à gauche, peu importe la nature de cette gauche. Le PCF étant marginalisé, il faut compenser: on va donc vers l'extrême gauche, qui se substitue aux communistes.

Mais savez-vous ce que j'ai découvert dans le livre de Maurel? C'est que Jean Poperen a évolué. En 1986, il publie "Le nouveau contrat social", un ouvrage qui constitue, selon Maurel, "une évolution idéologique indéniable" (p.85). Laquelle? Accrochez-vous, Maurel cite Poperen: "L'émancipation sociale, la transformation socialiste progressive par la voie démocratique, c'est la social-démocratie (...) La social-démocratie est un choix de combat. (...) le changement par étapes, par compromis successifs, c'est le changement par la lutte, par l'action, dans l'affrontement entre les classes, dans l'opposition politique entre la gauche et la droite" (p.85). Poperen social-démocrate, incroyable non? Et à une époque où il était difficile, dans les rangs du PS, de se réclamer de la social-démocratie!

Et ce n'est pas fini. En 1988, Poperen devient ministre de ... Rocard, en compagnie de ... centristes. Celui qu'on dépeignait comme intransigeant devient très accommodant. Et ce n'est pas tout: en 1990, lors de la guerre du Golfe, il se montre "belliciste" et "atlantiste" (p.104), et "sioniste intransigeant" (p.105). En 1992, il milite pour le traité de Maastrich (p.112) et refuse de constituer une aile gauche (p.116). La dernière phrase de l'ouvrage est sans appel: "Certaines de ses analyses et de ses propositions méritent l'attention de celles et ceux qui aspirent toujours à construire une social-démocratie authentique, un socialisme de combat." (p.121)

Aujourd'hui, voyant cette alliance avec les gremetziens et les trotskystes, encouragée par des poperénistes qui n'ont pas évolué, qui en sont restés aux années 70, le social-démocrate Poperen doit se retourner dans sa tombe!


Bonne nuit.

L'arrêt de mort.

Fréquentation moyenne à la manif de Laon. Je m'attendais à plus de monde. Les grandes masses de la Fonction publique ne se sont pas mobilisées, du moins dans l'Aisne. Maintenant, attendons les chiffres nationaux, et le nombre de grévistes. C'est cette indication qui mesurera le succès du mouvement. Il est vrai que les rassemblements importants se font généralement contre: contre la réforme des retraites, contre le CPE, c'est-à-dire contre une réforme bien précise, très identifiée, qui soulève la réprobation. Aujourd'hui, les revendications étaient classiques et permanentes: pouvoir d'achat, emploi, ... L'approche d'un scrutin, pourtant, favorise l'élan. Mais patientons jusqu'à ce soir, pour un bilan définitif qui peut corriger la première impression.

Dans Le Courrier Picard, j'apprends que Karim Saïdi, dont je vous avais parlé il y a environ trois semaines, a été approché par Pierre André pour figurer sur sa liste. La rumeur courait, mais je laisse courir les rumeurs que d'autres essaient de rattraper et d'exploiter ... Je suis heureux que Karim ait refusé. Les personnalités de gauche doivent rester à gauche, malgré la triste situation que nous connaissons. Cependant, je ne serais pas allé jusqu'à féliciter, comme semble l'avoir fait Karim (si j'en crois le journal), Freddy Grzeziczak pour son ralliement à la droite!

Dans L'Union, Graziella Basile nous annonce un événement, heureux pour les uns, malheureux pour moi et une majorité de socialistes: la signature d'un texte qui scelle l'union entre des socialistes minoritaires et l'extrême gauche unie. "Le moment est historique et la photo de famille fera date dans l'histoire de la ville, affirmaient en choeur les responsables réunis autour de la table." Oui, cette photo fera date, et je la conserverais précieusement dans mes archives. Elle signe l'arrêt de mort du socialisme réformiste et démocratique à Saint-Quentin, notre soumission à la gauche révolutionnaire. Historique, oui, parce que ça ne s'est jamais vu nulle part en France. Et il n'y a pas de quoi en être fier! Les reniements de soi ne mènent pas très loin.

Cette photo, parlons-en, elle est plus parlante qu'un discours: sous la faucille et le marteau, le gremetzien Tournay est au centre, ce qui veut tout dire. A sa gauche, le lambertiste Huriez, à sa droite, le seul et unique socialiste de la "famille", Lançon (poperéniste, néofabiusien, post-socialiste, j'avoue que je ne sais plus...). Derrière, au second plan, les seconds rôles, que Lénine appelait "les idiots utiles", MRC et Verts, et peut-être, quelque part, le PRG. Et puis, dans un coin, mon collègue Bernard Berthelot. Que fait-il là? Il représente le "comité pour un parti ouvrier indépendant". Il est donc partie prenante de l'accord. Mais quel est ce mystérieux comité? Berthelot n'est pas ouvrier, il est enseignant. Il n'est pas indépendant puisqu'il est engagé politiquement. Alors?

Eh bien cette présence, c'est le secret de la photo. Le comité pour un parti ouvrier indépendant est une émanation du Parti des Travailleurs, dont l'objectif est de construire, sur les décombres du PS et du PCF, un nouveau parti révolutionnaire. Voilà à quoi va servir la liste des municipales, voilà comment expliquer que des lambertistes, foncièrement hostiles au PS, acceptent aujourd'hui de pactiser avec lui. Ce n'est certainement pas pour les beaux yeux de la social-démocratie, c'est pour la liquider.

Ne croyez pas que les socialistes, qui dans leur grande majorité, à Saint-Quentin comme ailleurs, sont réformistes, vont laisser faire cela. Cet accord, il ne passera pas, cette liste, elle sera rejetée. Et je laisserais le mot de la fin au représentant de la LCR:

"On signe mais on gardera notre indépendance, notre liberté de parole."

Vous avez tout compris: à nous les places, grâce à la grande indulgence des socialistes minoritaires, et après, on dit et on fait ce qu'on veut. Eh bien non, nous ne laisserons pas faire cela, nous refuserons cet arrêt de mort de la section socialiste.


Bon après-midi.

Attali président?

Bonjour à toutes et à tous.

Quelques mots avant d'aller manifester à Laon. Nicolas Sarkozy, mardi à Pau, a tenu ce propos: "Je n'ai pas à me mêler de la campagne municipale ...". Le 8 février, lors de sa conférence de presse, il avait dit pratiquement le contraire: "Je m'engagerai, parce que le concept même d'élection dépolitisée est absurde." Sur ce dernier point, il a raison. Mais il a tort de varier.

La question est récurrente, lors de chaque élection cantonale, municipale ou régionale: locale ou nationale? La réponse est pourtant évidente: les deux à la fois! Les candidats ont un bilan local, sur lequel les électeurs se prononcent, et une étiquette partisane, politique, qui guide aussi le choix des citoyens. S'interroger encore là-dessus, c'est alimenter un faux débat.

Que penser du rapport Attali (que je n'ai pas encore parcouru)? 300 propositions, il y a de quoi faire, lire et réfléchir. Ce foisonnement implique qu'il faut en prendre et en laisser. Sarkozy veut tout prendre, sauf trois propositions: là, je suis un peu inquiet. Mais globalement, je me range derrière Ségolène Royal, qui a eu la bonne réaction: ce travail est une base de discussion qu'on ne peut pas rejeter d'un bloc. D'autant que la cohérence d'ensemble, l'architecture générale nous échappent un peu. L'objectif assigné est la relance de la croissance. Très bien. Cela suffit-il à donner une philosophie et une unité à toutes ces propositions? Pas sûr. Ses adversaires dénoncent un projet "libéral", Attali le présente comme un rapport "libre". Ce n'est pas avec ce type d'échanges qu'on y voit plus clair. Bref, il faudra que j'y regarde d'un peu plus près.

On ne peut pas non plus juger le rapport sans dire un mot sur le rapporteur. Jacques Attali est un curieux personnage: éminence grise de François Mitterrand mais pas membre du PS, homme incontestablement de gauche mais complètement atypique, intellectuel et penseur sans être réellement philosophe, écrivain et banquier, ... Son col Mao et ses propos lui donnent un aspect futuriste. A l'entendre, il va changer la France, comme Mitterrand en 1981 voulait changer la vie. Mais pourquoi Attali ne fait-il pas de politique? Pourquoi ne se présente-t-il pas aux élections?


Bonne journée de grève et de manifestation.

23 janvier 2008

DSK et Gluckstein.

Bonsoir à toutes et à tous.

A la suite d'un commentaire sur ce blog concernant DSK et le rapport du FMI sur la France, j'ai reçu sur ma messagerie personnelle un texte envoyé par deux correspondants que je remercie. Il s'agit d'un article de Daniel Gluckstein, paru dans "Informations Ouvrières" n°824, semaine du 13 au 19 décembre 2007, intitulé "Les félicitations du FMI". Ce texte fait référence au rapport du FMI consacré à la France, dans lequel sont énoncées des mesures économiquement très libérales, et ce jugement:

"La France est en mouvement. L'élection d'un nouveau président et la nomination d'un gouvernement réformateur offrent à la France une occasion historique (...). Les priorités et la méthode du gouvernement en matière de réformes sont appropriées."

Daniel Gluckstein, en partant de là, se sent autorisé à poser une question qui pointe apparemment une contradiction:

"Comment comprendre que le dirigeant socialiste Strauss-Kahn approuve depuis Washington toutes les mesures de Sarkozy, auxquelles les dirigeants du PS, à Paris, disent vouloir s'opposer, avec les dirigeants des autres partis?"

La réponse est très simple. Chaque année, le FMI établit un rapport sur chaque pays, à partir de visites, d'enquêtes, d'analyses qui durent un an. Le dernier rapport, celui de 2007, a été élaboré durant toute l'année, et publié à Paris le 19 novembre 2007. Savez-vous quand DSK est devenu directeur-général du FMI? Le 1er novembre 2007, c'est-à-dire 18 jours avant la publication du rapport annuel, dont il n'est évidemment pas, délai oblige, l'auteur ni le responsable. Vouloir confondre DSK ne tient pas. Nous le jugerons en 2008 sur ce qui lui revient, pas sur ce qu'on lui impute faussement. Restons-en à ce qu'a dit DSK dimanche à la Mutualité, avec les socialistes: il faut sanctionner Sarkozy aux élections municipales.

En faisant cette remarque, ne croyez pas que je cherche à défendre à tout prix DSK. Je veux simplement rétablir une vérité. Pour le reste, je n'ignore pas le degré des difficultés qui l'attendent à la direction du FMI. Cette institution financière, de tradition libérale, ne sera pas facile à gérer pour un socialiste, et j'accepte de juger Strauss à ses vrais résultats. Nous verrons bien. Mais ce dont j'ai la certitude, et ce qui me distingue de la gauche révolutionnaire, c'est qu'en tant que socialistes réformistes, nous nous devons d'être présents dans ces grandes institutions internationales, car l'avenir du monde se joue là aussi. Le réformisme, contrairement à la gauche révolutionnaire, c'est l'acceptation des responsabilités dans la société telle qu'elle est, dans l'objectif de la transformer. Y compris au sein d'organismes tels que le FMI, très éloignés de la tradition socialiste.


Bonne nuit.

Mystère et boule de gomme.

Dans Le Courrier Picard d'aujourd'hui, à la page départementale, il est question des élections municipales, et je découvre cette "brève":

"La Ligue Communiste Révolutionnaire est catégorique, il n'y a pas d'alliance possible avec le Parti Socialiste. La LCR lui reproche de ne pas être assez à gauche."

J'ai plusieurs copains à la LCR. Je les connais bien. Je sais que leurs positions politiques ne sont pas compatibles avec les miennes. Et c'est très bien comme ça. C'est la démocratie. La nouvelle du Courrier ne me surprend donc pas. Mais à Saint-Quentin, le sait-on? Je n'ai pas l'impression. Evitons en politique la confusion, pour ne pas engendrer la déception.

Dans la même "brève", je lis:

"LO en piste à Laon? Jean-Loup Pernelle se démène pour monter une liste de Lutte Ouvrière sur Laon."

Manifestement, il n'y aura pas de trotskystes sur la liste de gauche menée par mon camarade Dominique Pierre. Je ne peux que m'en féliciter. Laon n'est pas Saint-Quentin, tant mieux. Et pourtant, en 2001, l'extrême gauche avait fait 10%, s'était maintenue au second tour et avait obtenu un élu. A Saint-Quentin, la même année, l'extrême gauche avait atteint à peine 5%. Les socialistes lannois sont donc plus avisés. Ils savent que la politique n'est pas une pure et simple addition, mais une dynamique. PS+PC+PT+LCR+LO+PRG+MRC+Verts= ... je ne sais pas, mais la longueur impressionnante de l'addition ne fait pas la grandeur du résultat. Au contraire, l'union de forces politiquement contradictoires annule la dynamique. Au mieux, cette liste baroque fera péniblement 30%, avec 7 ou 8 conseillers municipaux, pas plus. Au pire, cette liste ne verra jamais le jour, explosée en vol sous l'effet de ses contradictions politiques.

Le Courrier Picard s'intéresse également à la place des jeunes sur les listes municipales, en citant une phrase de Jean-Pierre Lançon qui me laisse dubitatif:

"Notre liste est encore en discussion, ce sera une liste de large ouverture, y compris avec la LCR et LO. Cette ouverture est d'ailleurs partagée par les jeunes, mais pas par les jeunes politicards bien entendu."

Quelques questions et réflexions:

- Comment une ouverture peut être "large" quand elle s'adresse essentiellement à l'extrême gauche? La véritable "ouverture" consisterait à se porter vers le centre, ce que l'extrême gauche refuse bien évidemment.

- Pourquoi citer la LCR et LO et ne rien dire du PT, qui est pourtant à l'origine de cette union et son vrai tuteur idéologique? Les lambertistes seraient-ils de mauvaise compagnie? Ils apprécieront ...

- Qui sont "les jeunes" qui sont en accord avec la stratégie d'union avec l'extrême gauche? Le Mouvement des Jeunes Socialistes? Je ne l'ai pas entendu prendre position dans ce sens.

- Qui sont "les jeunes politicards" qui refusent l'ouverture à l'extrême gauche? Là, je ne vois pas non plus. J'ai cru un instant être visé, avec Stéphane Andurand. Mais c'est impossible: nous avons, lui et moi, le même âge et nous ne sommes plus ce qu'on peut appeler des "jeunes". "Politicards" non plus puisque nous n'avons jamais été élus, ni conseillers municipaux, ni maires, ni rien d'autres, et que nous refusons, par cohérence politique, de figurer sur une liste que nous contestons.

Bref, mystère et boule de gomme.


Bonne soirée.

Jamais non jamais.

Bonjour à toutes et à tous.

Je me suis rendu hier soir à Chaudun, entre Soissons et Villers-Cotterêts, pour la cérémonie de remise des lots de la souscription volontaire de la Fédération des Oeuvres Laïques de l'Aisne. Chaudun, c'est le village où est élevé une stèle à la mémoire du neveu de Jean Jaurès. Ségolène Royal, avant d'être candidate officiellle du PS, avait honoré de sa présence le lieu. La cérémonie que je préside, comme beaucoup de ce type-là, est très convenue, protocolaire et utilitaire. Les élus sont là pour montrer qu'ils sont là, les invités attendent leurs lots, les enfants qui ont vendu les billets s'impatientent, tout le monde attend le vin d'honneur. Président de la FOL, j'ai voulu faire de ces rencontres des actes de militantisme laïque. C'est mon droit, c'est même mon devoir puisque c'est ma fonction. Qui d'autres mieux qu'un laïque peut défendre la laïcité? Mais ça ne plait pas à tout le monde. C'était le cas hier soir.

Dans mon discours introductif, j'ai fait part des "préoccupations" des laïques en matière de ... laïcité. J'ai été courtois mais ferme, et assez offensif. Normal, puisque la laïcité est remise en cause, depuis le début de l'année, dans deux grands discours du chef de l'Etat, celui de Latran et celui de Riyad. J'ai pris la précaution de rappeler que nous étions républicains, et qu'à ce titre, nous respections le président de la République, mais que nous étions aussi des laïques, et que nous ne pouvions pas accepter l'idée, avancée par Nicolas Sarkozy, d'une supériorité de la religion sur toute autre forme de morale. Comment la FOL, qui regroupe de nombreux instituteurs et professeurs des écoles, pourrait accepter, comme l'a fait le chef de l'Etat, d'établir une hiérarchie entre l'instituteur et le prêtre, où ce dernier a la prééminence? J'ai terminé en soulignant que ma démarche n'était pas partisane et que mon désir était grand de voir mes "préoccupations" dissipées.

La réaction du conseiller général du canton, Hervé Muzart, du groupe UMP, ne s'est pas fait attendre. Sauf qu'il ne m'a pas répondu sur le fond mais sur la forme, en disant que ce n'était pas le lieu pour tenir de tels propos. Je n'ai pas voulu polémiquer et je n'ai pas repris sa remarque. Déjà, il y a deux ans, lors de l'assemblée générale de la FOL à Cuffies, près de Soissons, Pascal Tordeux, autre conseiller général du groupe UMP, m'avait fait le même reproche. Mais bon sang, qu'on me critique sur ce que je dis et pas sur autre chose! Certaines personnes, et aussi parfois, hélas, de gauche, ont peur de la liberté. Toute parole un peu franche les effraie. Il faudrait s'exprimer en langage convenu, en termes diplomatiques. Eh bien non! Je parle comme je veux, où je veux, de ce que je veux, devant qui je veux, adversaires de droite, camarades socialistes, ennemis d'extrême droite, rivaux d'extrême gauche. Ca porte un nom: la République. J'exprime mes convictions, libres à chacun de les contester ensuite, aussi fortement que je puis les exprimer. Mais jamais, entendez-vous, jamais je ne me tairais, ni ne cesserais d'exprimer ce que je pense, par exemple sur ce blog.


Bon après-midi.

22 janvier 2008

La mariée était en noir.

A chaque jour son lot de mauvaises nouvelles. Aujourd'hui, c'est dans L'Aisne Nouvelle, où j'apprends le ralliement du MoDem de Saint-Quentin (du moins son représentant, Paul Gironde) à la liste de Pierre André. Il ne manquait plus que ça! Franchement, il y a des moments où on aimerait avoir tort. J'avais annoncé que la radicalisation à gauche ferait fuir le centre. C'est fait! S'allier avec l'extrême gauche, dont les organisations sont d'autant plus nombreuses que leurs troupes sont maigres, c'est se priver des voix du centre qui seules pouvaient nous conduire à une possible victoire. Maintenant, c'est fini, c'est fichu!

Vous allez peut-être me dire que Paul Gironde aurait de toute façon rallié la droite? Je n'en sais rien. Mais une liste authentiquement socialiste, avec une stratégie d'ouverture, une démarche constructive, excluant toute opposition frontale, aurait pu séduire, convaincre et même gagner. Je ne vois pas comment nous allons pouvoir conquérir les classes moyennes, l'électorat modéré. Il y aura en fait repli sur notre électorat traditionnel, qui de toute façon aurait voté pour nous, et incapacité à nous élargir. C'est barré! Paul Gironde exprime pourtant des réticences à l'égard de Pierre André, puisque L'Aisne Nouvelle le dit "très critique par rapport à la zone franche".

Dans Le Courrier Picard, je prends acte de la grande satisfaction des organisations d'extrême gauche. On les comprend, elles viennent de réaliser un beau coup politique et tactique avec leur "front uni" noyant le PS parmi 7 formations politiques. C'est presque aussi fort que Pierre André débauchant Freddy. Et comme je suis beau joueur, j'ai presque envie de les féliciter. Sauf que les victimes, ce sont ... les socialistes. D'ailleurs, le représentant de la LCR, Dimitri Séverac, crache le morceau: "Sans la tête de liste socialiste Jean-Pierre Lançon, nous n'aurions jamais pu nous mettre d'accord avec d'autres socialistes plus proches du MoDem et de la droite." Gardez en mémoire cet aveu: ce sont des socialistes (les poperénistes) qui ont rendu possible l'union de la gauche et de l'extrême gauche. Quant aux autres socialistes (c'est-à-dire la majorité de la section), ce sont des "droitiers". On ne peut pas faire plus clair!

Bertrand Duchet, dans la rubrique "Noir sur blanc" de L'Aisne Nouvelle, que je lis avec autant de plaisir, saisit parfaitement la logique de ce qui se passe à gauche: "La fin justifie toujours les moyens". Ca pourrait faire une belle question de philosophie! Ma réponse, c'est que la fin ne justifie pas les moyens, surtout en politique. S'allier à des formations qui condamnent ouvertement le PS et qui parfois l'injurie, je suis désolé, chez moi, ça ne passe pas. C'est politiquement incohérent, c'est tactiquement inefficace, c'est moralement condamnable. Bertrand Duchet donne à son "papier" un article d'inspiration cinéphile: "Sept mariages et quatre enterrements." Pas mal, mais j'en ai un meilleur: "La mariée était en noir." Dans ce film de Truffaut, l'épouse devenait veuve le jour de son mariage, le conjoint ayant été abattu sur le parvis de l'église. C'est ce qui est en train de se passer. La veuve, c'est la gauche, le mari sacrifié, c'est le PS, et le tireur embusqué, c'est l'extrême gauche. Comme le conclut Bertrand Duchet, "la messe est dite", mais pas celle qu'on croit!


A plus tard.

Front social.

J'ai distribué ce matin, dans les casiers des collègues de mon établissement, l'appel du SE-UNSA à la grève de jeudi et manifestation à Laon (10h00, devant le lycée Paul Claudel). Le mot d'ordre: augmentation du pouvoir d'achat. La stratégie reste la même: prendre Nicolas Sarkozy au mot, porter les revendications sur le terrain qu'il a lui même ouvert pendant sa campagne, même s'il a reculé lors de sa dernière conférence de presse. Les fonctionnaires sont confrontés depuis plusieurs années à une perte conséquente de leur pouvoir d'achat, alors qu'ils ne travaillent pas moins. Donc battons-nous sur le pouvoir d'achat!

Mais il n'y a pas que cela. Quand on est enseignant, on est aussi confronté aux suppressions de postes, à la réduction des places aux concours et puis, dans les écoles, à la mise en place du fameux "service minimum". Tout cela justifie le mouvement de jeudi. A l'approche d'une élection, la mobilisation est plus forte et les pouvoirs publics plus à l'écoute.

Dans L'Hebdo des Socialistes de cette semaine, à propos de l'accord sur la "flexisécurité", je retrouve les doutes et incertitudes que je vous confiais hier. Le gouvernement a fait pression pour que la négociation aboutisse au plus vite, sinon il promettait de s'emparer du dossier et le pire était à craindre. Nous avons tout lieu de nous réjouir que le projet de "contrat unique" ait été repoussé. Maintenant, le texte doit passer devant l'Assemblée Nationale, et l'on peut s'attendre à une offensive des ultra-libéraux de la majorité. Le PS prend acte du texte et appelle à la vigilance quant à son examen parlementaire. C'est à peu près en ces termes que j'avais hier réagi.


Bon après-midi.

Nul et non avenu.

Bonjour à toutes et à tous.

A la lecture du discours de François Hollande au rassemblement des secrétaires de section de dimanche, je note les trois conditions qui doivent présider à toute alliance pour les élections municipales:

1- L'approbation de notre projet municipal.
2- L'acceptation de nos alliés.
3- L'opposition à la politique de Nicolas Sarkozy.

Le protocole qui a été signé hier soir à Saint-Quentin entre les poperénistes et l'extrême gauche satisfait-il à ces trois conditions? J'attends de voir son contenu précis, peut-être dans la presse ce matin. Pour l'instant, je ne peux que m'appuyer sur ce que je sais des différents projets de l'extrême gauche, et faire une comparaison:

1- L'approbation de notre projet municipal? Il aurait dû être le pivot du rassemblement à gauche. Or c'est un "protocole" proposé par le Parti des Travailleurs qui occupe cette place. Notre projet municipal se décline en 5 points:
- La réussite éducative pour tous
- La construction de logements sociaux
- La priorité aux transports publics
- La politique de solidarité
- La garantie de la sécurité

Sur ces 5 points, j'aimerais m'assurer qu'il y a compatibilité avec les programmes d'extrême gauche. La précaution a-t-elle été prise? J'en doute. L'extrême gauche adhère-t-elle à notre projet? A part peut-être LO qui a effectué un virage stratégique, pour la LCR et le PT, j'en doute beaucoup.

2- L'acceptation de nos alliés? Les lambertistes acceptent-ils les radicaux de gauche? J'ai expliqué ce week-end à Stéphane, le représentant du PRG, que son parti avait été stigmatisé dans les années 70 par l'OCI, futur PT. C'est du passé? Justement, c'est un passé qui permet de comprendre le présent, et je ne crois pas que les lambertistes aient fondamentalement changé (ce qui est tout à leur honneur). Asseyez d'aller proposer sur cette liste quelqu'un du MoDem, ce que nous ferions si nous en avions l'intelligence politique, et vous verrez le résultat: à coup sûr le rejet!

3- L'opposition à la politique gouvernementale? C'est en fin de compte le seul argument qui semble valable pour justifier l'injustifiable, l'alliance avec l'extrême gauche: tous contre Sarkozy-Bertrand-André! Sauf qu'on ne fait pas de la politique seulement en étant contre. Ce n'est pas le rejet de Sarkozy qui va donner une cohérence politique à cette liste Poperen-Gremetz-Lambert, ce n'est pas cela qui va donner un sens, une ligne politique à son projet. Et puis, être contre ne suffit pas. Il faut savoir contre quoi. Les socialistes ne sont pas contre les 40 ans de cotisations pour les retraites, les lambertistes sont contre. Je pourrais multiplier les exemples, les oppositions, les contradictions entre eux et nous. Quelle est la cohérence politique dans tout ça? Aucune. Nous allons, je le sens, aboutir à un fourre-tout comme les lambertistes en ont le secret, où il y aura à boire et à manger, où chaque organisation y retrouvera ses petits en cherchant bien, une vraie auberge espagnole. Olé!

Sous réserve d'une lecture approfondie (mais pas d'illusion, le tour en sera vite fait), ce texte est, à mes yeux, nul et non avenu.


Bonne matinée.

21 janvier 2008

Courant à la dérive.

Bonsoir à toutes et à tous.

De retour de mon ciné philo, j'ai appris les résultats de la désignation socialiste pour la cantonale de Saint-Quentin Sud. Je l'espérais, c'est fait, Michel Garand sera notre candidat. Enfin une bonne nouvelle! Et il a été élu à 83,3%, contre 16,6% pour la candidate poperéniste (désormais, depuis l'alliance avec l'extrême gauche la plus radicale, je nommerai les néofabiusiens de Saint-Quentin "poperénistes"; ça me semble le terme le plus exact et c'est d'ailleurs ainsi qu'ils se présentent). 16,6%! Ce chiffre confirme bien leur état de minoritaires, très minoritaires. Un reste de charité me retient de donner le nombre de voix qui se sont portées sur la candidate poperéniste ...

A propos de poperénistes, il faudra que je relise le petit bouquin qu'Emmanuel Maurel avait consacré il y a quelque temps à Poperen. Il serait instructif de savoir quelle était sa position vis-à-vis de l'extrême gauche. Je ne suis même pas certain qu'il prônait le rapprochement avec celle-ci. Après tout, peut-être avons-nous à Saint-Quentin un courant unique en son genre, néo-poperéniste, militant pour l'union avec les lambertistes? Un courant incontestablement à la dérive ...


Bonne nuit.

Dijon, Grenoble, Tours.

Surprise hier à la Mutualité, et heureuse surprise en ce qui me concerne: la présence de DSK au forum de la rénovation. Mais quelle surprise? DSK a toujours dit qu'il resterait présent, même au loin, dans le débat politique français. Et pour tous mes camarades strauss-kahniens, le meilleur candidat pour 2012, c'est encore lui. Nicolas Sarkozy doit faire un peu la gueule. Il pensait se débarrasser de son adversaire politique le plus dangereux , le plus menaçant, le plus crédible. Mais en proposant sa nomination au FMI, il n'a fait que renforcer la stature d'homme d'Etat de Strauss. La politique est ainsi: on croit jouer un bon coup qui se révèle finalement mauvais.

Passons à autre chose, les alliances avec le MoDem. Elles se multiplient en vue des municipales, en dehors de tout accord national, mais il est intéressant de constater le phénomène, dont il faudra faire en mars le bilan et en tirer les leçons. D'importantes villes socialistes ont fait le pas: Dijon avec François Rebsamen, tout de même n°2 du PS, Grenoble avec Michel Destot, un strauss-kahnien, Tours avec Jean Germain. Trois remarques à propos de ces alliances:

1- Elles se concluent dès le premier tour, autour d'un programme négocié. C'est la bonne méthode: clarté autour d'un projet local, et pas de tractations dans le cadre d'un rapport de forces au second tour.

2- Les centristes font le premier pas (c'est toujours celui qui coûte, en amour comme en politique!). Les socialistes ne sont pas demandeurs. Il faut laisser venir à nous les centristes, éprouver ainsi leur motivation, ne pas prendre les devants. Pour le moment, Bruno Leroux, notre spécialiste élections, fait un constat réjouissant, dans Le Monde du 14 janvier: "Le MoDem est plus demandeur d'alliances avec les socialistes qu'avec l'UMP,alors que nous pensions qu'il pencherait nettement à droite." Affaire à suivre.

3- A Dijon et à Grenoble, ce rapprochement des centristes n'a pas fait fuir les communistes. Car il ne s'agit évidemment pas d'accueillir les uns et de perdre les autres. Là encore, nous prenons la bonne voie, celle que nous indique nos camarades italiens.

Derrière le débat sur nos alliances, qui ne pourra être mené en toute clarté qu'après les élections municipales, il doit y avoir une réflexion sur notre base sociologique, que j'avais amorcé sur ce blog durant cet été. A Saint-Quentin, sous influence lambertiste, nous commettons une grave erreur, politique et stratégique. Nous parions sur un front "ouvrier", une sorte de front beaucoup plus syndical que politique, une démarche "tribunicienne" où la liste en préparation serait chargée de représenter les intérêts et les revendications de la classe ouvrière. C'est ce que Daniel Huriez expliquait dans L'Union d'hier. Du point de vue lambertiste, défenseur du dogme prolétarien, je comprends. Du point de vue socialiste, je ne comprends pas.

La classe ouvrière n'est plus ce qu'elle était, sauf dans les schémas du PT, qui ne sont pas les nôtres. A Saint-Quentin, une bonne partie des classes populaires ont rallié la droite, du moins dans les scrutins purement locaux, parce que la gauche socialiste n'a pas fait la preuve de sa crédibilité. Elle n'y parviendra que par une approche sociologique ouverte, englobant les classes moyennes, et non pas en se focalisant exclusivement sur les classes populaires. Car la clé du scrutin municipal, ce sont ces classes moyennes, qui ne se reconnaitront pas dans le "front ouvrier", qui soutiendront Pierre André alors qu'elles auraient vocation à nous rejoindre, comme dans beaucoup de grandes ou de moyennes villes. Ce ne sera pas pour cette fois-là, avec cette liste-là.


Bonne soirée.

Gagnant ou perdant?

Bonjour à toutes et à tous.

Je ne sais pas trop quoi penser du texte sur la réforme du contrat de travail, que trois syndicat ont approuvé et qui permet au gouvernement de pavoiser. Cette question juridique est inévitablement technique. Il faut la remettre dans une perspective politique si on veut y voir plus clair. Pour moi, toute modification du contrat de travail doit appeler à la vigilance. C'est le coeur de l'activité professionnelle qui est en cause, c'est la relation salariés-employeurs qui est en jeu. Je crains beaucoup plus la droite dans ce domaine-là que dans celui des retraites.

Nicolas Sarkozy avait annoncé le "contrat unique", pour simplifier le maquis actuel des multiples sortes de contractualisation. Le premier enseignement, c'est qu'il a renoncé à cette revendication. C'est donc un recul pour la droite (mais il y a des reculs qui servent à mieux sauter!). Le président a laissé les partenaires sociaux négocier cette réforme. Xavier Bertrand, une fois de plus, a joué en coulisse un rôle prépondérant. Fini le contrat unique, et vive la "flexsécurité", drôle de mot, mélange de flexibilité et de sécurité. Je me méfie des drôles de mots, mais celui-ci pourrait me plaire. Il vient des social-démocraties nordiques, il ressemble à du donnant-donnant, une forme de compromis social: le contrat de travail est assoupli mais la sécurité de l'emploi est renforcée. Les chefs d'entreprise y gagnent, les salariés y gagnent. Où est le problème, où est mon inquiétude?

D'abord, il y a allongement de la période d'essai, ce qui rappelle fâcheusement le CPE. Ensuite, ily a ce licenciement à "l'amiable" qui renvoie à un face-à-face de mauvaise augure entre le salarié et l'employeur. Enfin, il y a cet étrange contrat "de mission", qui rappelle un peu le travail à la tâche, ou bien l'idée sarkozienne de ministres "missionnaires". Mes premières impressions ont été celles-là. Après, je me suis trouvé dans l'embarras, quand j'ai vu que trois syndicats avaient signé cet accord, dont FO, et deux autres refusé, dont la CGT. Qui croire? Qu'en penser? J'ai vu aussi que certaines fédérations patronales n'étaient guère satisfaites du résultat. Alors? Je reste dubitatif. Il faudrait que je lise, si j'en avais le temps, l'intégralité du texte, qui est disponible sur le site internet du Figaro. Sinon, je vous livre le commentaire qu'en fait cette semaine, sous la plume d'Alain Guédé, Le Canard Enchaîné, qui est ce que j'ai lu de plus limpide sur le sujet:

"Côté flexibilité, les patrons arrachent, notamment, aux syndicats des périodes d'essai un peu plus longues, un CDD dit "de mission" qui permet d'embaucher un cadre pour un boulot précis, limité à 36 mois, et une rupture de contrat de travail "à l'amiable". Cette mesure empêche le recours aux prud'hommes, mais elle remet dans le jeu la direction départementale du Travail qui doit valider ce divorce par consentement mutuel.
Côté sécurité, les salariés pourront toucher leurs allocs de chômage, en cas de démission, dans le cadre de cette rupture négociée. Ils obtiennent le doublement de leurs indemnités légales de licenciement et, surtout, le maintien sous condition de certaines garanties (mutuelle, droit à la formation, etc.). Le patronat s'est aussi engagé à lâcher des sous lors des prochaines négociations sur l'assurance-chômage."

Je ne sais pas si nous venons d'assister à une victoire du dialogue social, je ne sais pas si ce texte va dans le sens d'un compromis acceptable et favorable pour les salariés, mais si la réponse est oui, ce sera à nouveau un très joli coup de Nicolas Sarkozy et Xavier Bertrand, même si ce sont au bout du compte les partenaires sociaux qui ont rédigé le texte, même si la CGT n'est pas dans le coup.


Bon après-midi.

20 janvier 2008

Union de dupes.

Bonsoir à toutes et à tous.

L'Union d'aujourd'hui m'apporte quelques informations sur l'alliance PS - extrême gauche. Si je n'avais pas la presse, je n'en saurais rien, sinon sous forme de rumeurs, comme la plupart de mes camarades. Ce que j'apprends ne fait que renforcer ma condamnation de ce qui se passe. Les négociations ont été "initiées" par le PC, par des rencontres dans son local. L'union, c'est le parti le plus puissant qui devrait l' "initier", c'est-à-dire le PS, et pas dans des réunions qui ont lieu au local d'un seul et même parti. Les socialistes ont un local, ils sont capables de recevoir, non? Ou alors, il y a des terrains neutres où l'on peut discuter. Pinaillage de ma part? Non, exigence. En politique, la forme et les symboles sont importants. En vérité, avec l'extrême gauche, nous ne sommes pas autour d'une table, nous sommes passés sous la table!

Ces rencontres ont abouti à un "protocole d'accord" qui sera signé lundi (je vous rappelle que la section socialiste ne sait rien de ce texte et ne s'est donc pas prononcée). Ce texte d'une page et demi servira "de cadre à l'élaboration d'un programme". Ce qui signifie qu'à 7 semaines du premier tour, nous signons un texte qui prépare un autre texte, ce dernier devant être négocié à partir du premier. Quel pataquès! Alors que nous devrions être en ordre de bataille, nous sommes en désordre de projet puisque nous allons ouvrir des négociations avec l'extrême gauche (ça promet!) dont on ne sait pas combien de temps elles vont durer et sur quoi elles vont déboucher. On peut compter sur les lambertistes pour faire durer le plaisir, souligner les contradictions des socialistes, avancer des revendications inacceptables et faire porter au PS la responsabilité de l'échec.

Car il faut être lucide: qui est le maître du jeu dans cette partie de dupes? Pas les sections politiques divisées (PS et PCF), pas les organisations localement peu influentes (LO et LCR), pas les formations quasi inexistantes (PRG et Verts), encore moins un parti décapité (le MRC). Non, le maître du jeu, c'est le groupe politique le plus présent, le plus militant, le plus déterminé, idéologiquement le mieux structuré, c'est le Parti des Travailleurs, futur Parti Ouvrier Indépendant, ce sont les lambertistes. Ce ne sont pas des enfants de choeur, ils savent, eux, où ils vont et ce qu'ils veulent. Le programme qu'ils vont nous proposer sera irrecevable pour des socialistes, d'autant qu'ils vont y mettre une dimension politique, nationale, qu'aucun socialiste ne pourra contresigner sans se renier. Et quand viendront les négociations pour se partager les places, croyez-vous que les lambertistes vont accepter de se laisser mener par le bout du nez en acceptant d'être relégués au second plan? Bien sûr que non. La liste qui en sortira ne pourra comporter qu'une minorité de socialistes. Le reniement de soi aura alors atteint son comble.

Dans ce même numéro de L'Union, Stéphane Fabris, représentant du PRG, tient des propos très différents de ceux qu'il avait tenus devant Stéphane, Jean-Louis et moi il y a quelques semaines, très différents aussi du message qu'il avait envoyé sur ce blog il y a quelques temps (consultez les archives, vous pourrez en juger). Il se sert d'une phrase de Jean Jaurès pour lancer cette curieuse formule, qui ressemble à un lapsus: "Jean-Pierre Lançon va fatiguer le doute de toutes les composantes [de la gauche locale]". Passons sur la fatigue, mais puisque Stéphane semble avoir de la culture politique, je ferais moi aussi un petit rappel historique, sans remonter à Jaurès mais aux années 1970: à l'époque du Programme commun PS-PCF-MRG, il existait un parti politique, l'OCI (Organisation Communiste Internationaliste) qui militait pour l'exclusion des "ministres bourgeois" (sic), c'est-à-dire les radicaux de gauche. L'OCI, c'était à l'époque les lambertistes! Que Stéphane Fabris ne l'oublie pas, parce que les lambertistes, eux, n'ont pas oublié.

Graziella Basile titre son article: "A gauche, l'union sacrée contre Pierre André". Sacrée union, en effet, que cette équipée Poperen-Gremetz-Lambert, mais surtout union de dupes.


Bonne soirée.

Sarko kaputt?

Continuons à nous amuser un peu, en ce début de dimanche après-midi. Plusieurs sondages annoncent une nette baisse de popularité de Nicolas Sarkozy. Je devrais être content, moi qui attends depuis longtemps, ou plutôt qui souhaite le décrochage entre le président et l'opinion. Eh bien, je ne me réjouis pas! Pourquoi? Parce que si le chef de l'Etat baisse dans les sondages, son Premier ministre, lui, progresse, alors qu'il n'a rien fait pour ça! Le terne, l'inexistant, le parfois gaffeur François Fillon, c'est lui qui remonterait dans l'estime des français, lui qui ne fait qu'appliquer la politique de Sarkozy? Tout cela est singulièrement bouffon.

D'où vient la perte de vitesse de Sarkozy? D'une réforme que l'opinion rejette? D'une décision politique qui fait scandale? D'une grosse bourde qui passe mal? Non, la baisse de popularité serait causée par son image, droite bling-bling et Carla Bruni. Franchement, tout cela est-il bien sérieux? Oui, je dénonce la confusion des genres que cultive le président de la République entre vie publique et vie privée. Mais le bling-bling et Carla, je m'en moque, ce n'est pas là-dessus que je juge et que je combats Sarkozy. Moi, ce qui m'inquiéte, c'est que l'opinion ne réagisse pas, et depuis longtemps, à l'instauration des franchises médicales, pour ne citer que cet exemple, parce qu'il concerne quasiment tout le monde, parce qu'il porte atteinte au principe de gratuité de la Sécurité sociale, parce qu'il faudra que les français paient et que personne n'aime payer.

Le jour où l'opinion se retournera, mais contre une grande réforme de Sarkozy, alors là, oui, je pourrai me réjouir et reprendre espoir. Mais pour le moment, non. Ce que je constate, c'est que les grandes réformes de la droite, hélas, sont approuvées par l'opinion. Et je crois qu'il en sera ainsi tant que la gauche n'aura pas produit un projet alternatif. Projet contre projet, c'est ça la politique, c'est ça la démocratie. Ce qu'une image aujourd'hui défait, la réputation du président, une autre image peut la refaire, ce n'est qu'une question de communication. Que mes amis de gauche ne se réjouissent pas trop vite, qu'ils n'en concluent pas que les municipales accentueront nécessairement le renversement de tendance, l'effet Sarkozy vient de loin, il prend sa source au plus profond de notre société et des mutations contemporaines. On ne va pas abattre la droite d'une pichenette ou d'un affaissement dans les sondages.

Et puis, ceux qui sont choqués par le mode de vie affiché de Sarkozy, c'est d'abord la droite traditionnelle, les vieilles couches conservatrices qui regrettent Tante Yvonne, la passive madame Giscard d'Estaing, la charitable madame Chirac. Ceux-là, le moment venu, c'est-à-dire devant les urnes, se rappelleront à leurs bons souvenirs, leurs intérêts, leurs valeurs et leur idéologie. Adieu alors Carla et bling-bling, ils voteront encore et toujours Sarkozy.


A plus tard.

Boules de cristal.

C'est dimanche, je vous propose de nous détendre un peu! Dans L'Aisne Nouvelle, Bertrand Duchet a eu l'amusante idée de demander à des "voyants" saint-quentinois leurs prédictions pour les élections municipales. Quatre sont sollicités, quatre annoncent la victoire de ... Pierre André, dont deux avec un score supérieur à celui de 2001. Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre? Je ne suis pas "voyant" (sinon j'aurai su que je ne serai pas candidat!) et pourtant je fais le même pronostic ... et je ne suis pas le seul. Trois de nos "médiums" locaux prévoient la nomination de Xavier Bertrand à Matignon dès ... 2008. Là, je suis moins catégorique, je pense même que ce n'est pas pour cette année.

Sinon, nos astrologues, numérologues, cartomanciens et tutti quanti se risquent à des prévisions ... sans risque. Jean Axia prévoie un incendie en centre-ville. Facile, chaque année, il y a au moins un incendie qui se déclenche en centre-ville! Muriel Bernoville prévient qu'il y aura des risques d'effrondrements. Bin oui, c'est un phénomène constant à Saint-Quentin. Léa Carsula annonce une légère reprise économique mais un chômage toujours important: bref, ça ira un peu mieux mais ça ira toujours aussi mal!

Vous avez compris: être voyant, c'est à la portée de tout le monde, il suffit d'être un peu malin, un peu psychologue, répéter des banalités et des évidences sur le ton de la révélation, le tout dans une ambiance de mystère. Voyants et charlatans sont la plaie de la société et de l'humanité. On peut certes s'en amuser, comme moi ce matin, et la plupart ne font sans doute de mal à personne, quelques uns aidant même, je n'en doute pas, certains esprits faibles à mieux surmonter les malheurs de l'existence. A part ça, ils représentent un danger, ce sont des faussaires, des illusionnistes, des manipulateurs. Ils vous tirent plus facilement les billets de banque que les cartes. Le christianisme a toujours combattu ces imposteurs, et le rationalisme a pris la relève. Les laïques doivent continuer ce combat. Un esprit libre ne peut pas accepter l'ignorance, le mensonge, la superstition, la soumission, il ne peut que les dénoncer.

Ceci dit, c'est vrai, les "voyants" ont raison, Pierre André va gagner ...


Bon après-midi.


PS: Pour celles et ceux qui veulent contribuer au combat laïque contre la superstition, je recommande vivement le site internet de la zététique. Drôle de nom, mais allez voir et vous m'en direz des nouvelles!