L'Aisne avec DSK

31 mars 2007

On roule gratis!

Bonsoir à toutes et à tous.

Notre ami Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, vient ce samedi d'instaurer la gratuité dans les transports publics pour les rmistes. C'est une importante mesure sociale, qui démontre que des choix politiques sont faisables au niveau régional et que droite et gauche, ce n'est pas pareil.

Il n'empêche, notre société étant ainsi faite, que la mesure n'échappe pas à la critique de certains. Martin Hirsch, responsable d'Emmaüs, pour lequel j'ai beaucoup d'estime, regrette que les "travailleurs pauvres" soient pénalisés puisqu'ils paient, eux, leur titre de transport. Il propose de donner une aide progressive aux uns et aux autres en fonction de leurs ressources.

J'entends bien l'argument, applicable dans d'autres domaines, et connu sous le nom d'effet-couperet là où l'on souhaiterait une modulation "en sifflet". Mais je crains alors un dispositif complexe et illisible. Sans compter que les salariés peuvent bénéficier de réductions. Non, la situation de chômeur sans allocations me semble devoir justement profiter de cette gratuité.

Maintenant, je n'ignore pas que toute politique de gratuité pose des questions. D'abord, au plan théorique, la gratuité est-elle la finalité du socialisme, contre la "loi du fric"? Je n'en suis pas totalement certain. L'argent est aussi un juste moyen de mesure et d'échange, une façon d'évaluer au mieux les choses et les actes. Je ne me reconnais pas dans les discours qui stigmatisent "l'argent-roi". Et j'aimerais bien que certains aient beaucoup plus d'argent qu'ils n'en ont!

La vraie question est sans doute plus pratique: quels sont les secteurs où la gratuité doit être instaurée? Huchon a répondu. A Saint-Quentin, où j'habite, la gauche se bat pour obtenir la gratuité du parking de l'hôpital public. C'est une autre réponse. Je crois que la gratuité s'impose lorsque le choix n'existe pas vraiment, qu'il s'agisse pour un rmiste de chercher du travail ou pour n'importe qui d'aller à l'hôpital.

J'entends aussi un contre-argument moral: les usagers d'un bien gratuit n'en prennent aucun soin parce qu'il est gratuit. Et j'entends un autre argument moral: celui qui paie se croit pour cette raison tout permis. Regardez l'état des salles de cinéma après la projection d'un film!

Bonne soirée.

29 mars 2007

Les vérités de Robert Hue.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je vous recommande la lecture de la tribune libre de Robert Hue dans Le Monde. Le dirigeant communiste était ce matin chez Apathie. Il a dit des choses très vraies, que je vous résume:

- La stratégie "anti-libérale" du PCF est un échec. L'origine provient d'une mauvaise interprétation du non à la Constitution européenne, qui n'a pas été l'occasion d'une vague anti-libérale de fond. Aujourd'hui, les anti-libéraux sont divisés et le PCF est crédité de mauvais scores (Hue avait fait en 2002 un peu plus de 3%, le PC n'en finit pas de reculer).

- Il ne faut pas s'en prendre à Ségolène Royal, car il convient de préserver toutes les chances de succès de la gauche au second tour.

- Il est abusif de dénigrer le bilan du gouvernement de la gauche plurielle, qu'on ne peut réduire à une "politique libérale".

Les communistes, à mes yeux, sont à gauche et partenaires naturels du PS. Ils ne sont pas à l'extrême gauche et partenaires des trotskystes. C'est ce que Robert Hue a voulu dire. Marie-Georges Buffet, au contraire, fait tout pour faire oublier qu'elle a été pendant plusieurs années ministre de la jeunesse et des sports.

Bonne soirée.

28 mars 2007

Gare du Nord.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je connais bien la Gare du Nord, je l'ai fréquentée presque chaque jour de 1994 à 1999, lorsque je faisais des allers et retours entre Paris et Saint-Quentin. J'y suis resté parfois plusieurs heures, en périodes de grève ou de retard de train. Pour comprendre les affrontements d'hier soir, il faut comprendre cette gare, la plus importante d'Europe, une véritable ville d'un genre très particulier, où se trouvent condensés bien des problèmes de notre société: SDF, jeunes de banlieues sans travail, petits délinquants,...

Et surtout, cette réalité qui devient rare aujourd'hui: le mélange, la brève rencontre entre des milieux étrangers les uns aux autres, des européens de toutes origines, des français de multiples régions, des parisiens et des banlieusards, des riches et des pauvres, des jeunes et des vieux,... Certains n'aiment pas les grandes gares, l'anonymat, le côté un peu glauque, quand vient la nuit ou le petit matin, quand chacun est là, de passage, et croise des inconnus. Moi, j'adore les gares, ce mélange, cet inconnu, l'étrangeté, la découverte, la surprise, le passage.

Quel rapport avec les émeutes d'hier, les pillages, que je condamne bien évidemment comme n'importe qui condamne n'importe quelle violence? Il faut comprendre ce milieu très particulier qu'est la Gare du Nord. La misère, le déracinement, la rencontre de ceux que rien ne destinent à se rencontrer en font un milieu extrêmement sensible, tendu, potentiellement conflictuel. Comme dans certaines banlieues ravagées par la misère, le chômage, les trafics en tout genre, une étincelle suffit pour répandre l'incendie.

La responsabilité politique consiste à ne rien faire ou dire qui provoque l'incendie. Nicolas Sarkozy est un incendiaire professionnel, qui a fait de la provocation une méthode de gouvernement, avec le bilan désastreux qu'on connait. Pensez donc: lui, le champion de l'ordre, qui affirme qu'il n'y a pas en France de "zone de non droit", n'a encore pas mis les pieds en banlieue depuis que la campagne électorale a commencé!

Je suis socialiste, favorable au respect des lois, partisan du maintien de l'ordre, étranger à toute forme de laxisme. J'affirme qu'il faut laisser la police faire son métier, dans le plus grand professionnalisme, la dotant des moyens matériels et humains nécessaires, et lui apporter le soutien politique dont elle a besoin. Et je condamne la méthode Sarkozy, spectaculaire et inefficace, électoraliste et incompétente.

Bonne soirée.

Informations militantes.

Bonjour à toutes et à tous.

Merci à Thierry de m'avoir signalé une erreur dans le calendrier que je vous ai communiqué hier. La réunion publique à Laon, avec René Dosière et Christian Bataille, a lieu demain et non pas la semaine prochaine. J'en profite pour vous recommander la lecture du blog de Thierry , segolaisne.over-blog.com/, en m'excusant de ne pas le "mettre en ligne"... je ne sais pas le faire (Eh oui, je ne suis pas un blogger techniquement très performant!).

Marie-Agnès m'a laissé un message sur mon répondeur cet après-midi. Jean-Pierre Balligand serait très heureux si nous étions nombreux à accueillir Jean-Marc Ayrault le 3 avril à Guise. Transmettez le message.

Claire Le Flécher, candidate aux législatives dans la 4ème circonscription, me rappelle le programme de vendredi prochain, pour la visite de Razzye Hammadi, président du MJS:

14h30-16h15: rencontre avec des jeunes et des associations dans le quartier de la Résidence à Chauny (rendez-vous en face du bâtiment Béarn).

17h00-17h45: rencontre avec des jeunes devant le lycée Gérard de Nerval à Soissons.

18h00-18h45: rencontre avec des jeunes dans le quartier de Chevreux à Soissons (rendez-vous au n° 23, près du Centre social).

19h00: conférence de presse à Villeneuve St Germain, salle Prevost-Grangy, rue de l'Aude (à côté du cabinet médical). En présence de Razzye, Claire et Dominique Jourdain, candidat dans la 5ème circonscription.

19h30: au même endroit, réunion publique.

Ami(e)s, mobilisons-nous, car dans quelques semaines il sera trop tard. Tout se décide maintenant.


Bonne fin d'après-midi.

27 mars 2007

Le rêve et la réalité.

Bonsoir à toutes et à tous.

Enfant, j'aimais bien la chanson "L'Ile aux Enfants", générique d'une émission qui me fait penser aujourd'hui à... François Bayrou. Le rapport? Le candidat de l'UDF nous conduit dans un pays imaginaire et merveilleux , le "centrisme", qui n'existe nulle part. Et alors, me direz-vous, on a le droit de rêver! Je fais partie de ceux qui pensent que la politique doit s'appuyer sur ce qui existe et a fait ses preuves. Bayrou a un point commun avec Besancenot: leur projet ne renvoie à aucune réalité politique ou historique connue. Il est étrange que ces deux-là rencontrent une certaine popularité, alors que l'opinion publique est avide de "concret".

Prenez quelques pays modernes, USA, Angleterre, Italie, Allemagne. Les centristes y sont ultra-minoritaires, force d'appoint pour la droite ou la gauche, parti charnière, mais jamais la grande force droite-gauche que nous fait miroiter François Bayrou. Si cette dernière a pu exister, c'est en France dans les années 50, dans les échecs, l'impuissance et l'instabilité dont de Gaulle nous a sorti. Veut-on y retourner? Je vous conseille la lecture de Jacques Julliard dans Libération du 14 mars: "Ce centrisme imaginaire".

Mais Bayrou, ce n'est pas que du rêve, c'est une réalité. Laquelle? Très simple. Elle passe par un mot, une solution, une obsession: exonération.

- Le candidat de l'UDF veut pour les entreprises des exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires, dont le taux serait majoré à 35%. On retrouve ici l'inspiration de Sarkozy: régler la question du pouvoir d'achat par les heures supp.

- Le candidat de l'UDF propose l'exonération des charges pendant cinq ans pour toute entreprise créant deux emplois nouveaux. Recettes perdues pour la Sécu et aubaine pour les patrons!

- Le candidat de l'UDF s'engage à exonérer de droits toutes les successions en ligne directe inférieures à 200.000 euros. Là encore, on retrouve l'intention sarkozyste de libérer l'héritage et donc de creuser les inégalités.

Le rêve et la réalité, à vous de voir, de réfléchir et de choisir. Moi c'est fait.

Bonne soirée.

A vos agendas!

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai participé hier soir au Comité de campagne de Ségolène Royal dans l'Aisne. Voici donc le calendrier des réunions publiques tel qu'il nous a été présenté:

VERVINS: 27 mars, 20h00, salle polyvalente, avec Arnault MONTEBOURG.

VILLENEUVE-ST-GERMAIN: 30 mars, 19h30, salle Prevost-Grangy, rue de l'Aude, avec Razzye Hammadi, président du MJS.

ST QUENTIN: 02 avril, 19h00, restaurant des Champs-Elysée, 68 rue de Baudreuil, avec Harlem DESIR.

GUISE: 03 avril, 19h00, Familistère, avec Jean-Marc AYRAULT.

CHATEAU-THIERRY: 04 avril, 20h00, Centre social La Rotonde, avec Vincent PEILLON.

ATHIES-SOUS-LAON: 05 avril, 20h30, salle de la mairie, avec Christian BATAILLE.

ST GOBAIN: 10 avril, 20h30, salle de la mairie, avec Gaëtan GORCE.

LEME: 13 avril, 20h00, salle des fêtes, avec Laurence ROSSIGNOL.

Et retenez dès maintenant: LILLE, 19 avril, 19h00, meeting de Ségolène ROYAL.

Diffusez ces informations autour de vous.


Bonne journée.

26 mars 2007

L'affaire du drapeau.

Bonjour à toutes et à tous.

Mais dans quel pays vivons-nous? Ségolène Royal rappelle une tradition républicaine, pavoiser les rues le jour du 14 juillet, fête nationale, commémoration de la prise de la Bastille, symbole de la Révolution française. Et voilà la polémique qui enfle.

L'extrême droite ironise, la droite est gênée que l'identité nationale, dont elle voulait faire ses choux gras, lui échappe, l'extrême gauche crie au nationalisme. Les uns et les autres ont surtout oublié leur Histoire et le sens des évènements.

Etrange pays, où l'évocation d'une évidence, d'une banalité, soulève les passions, entraine d'innombrables commentaires. Je n'imagine pas, dans les années 70, Mitterrand, Marchais et Giscard polémiquer autour d'un drapeau à mettre ou à ne pas mettre à sa fenêtre.

Allons, revenons à de meilleures dispositions pour ce dernier mois de campagne, parlons emploi, fiscalité, industrialisation, services publics, et laissons le drapeau tricolore où il doit être!

Bonne fin d'après-midi.

25 mars 2007

26-25-22.

A la lecture du Journal du Dimanche, je tombe sur l'inévitable sondage. Au premier tour de la présidentielle, voici les dernières estimations:
Sarkozy: 26%; Royal: 25%; Bayrou: 22%.

Quelques remarques:

- L'écart entre les principaux candidats se resserre. Confirmation de ce que j'ai souvent écrit sur ce blog: rien n'est joué, tout est possible, le meilleur et le pire.

- Sarkozy baisse nettement. Il ne caracole plus sur la crête des 30%. Sa "droitisation" lui aliène une partie de l'électorat, l'effet Bayrou s'exerce contre lui.

- Ségolène se stabilise, alors qu'on craignait il y a quelque temps une spirale du recul. Notre candidate a retrouvé une dynamique qui la rapproche du candidat de l'UMP.

- Bayrou se tasse, et c'était prévisible. Fini les 24% un peu surréaliste qu'on lui prédisait il y a quelques jours. L'histoire du pain blanc et du pain noir?

Dans un mois, nous y serons, nous voterons. Alors il faut se battre parce qu'il faut gagner. "La France présidente", c'est notre nouveau slogan. Allons-y!

Bon après-midi.

50 ans d'Europe.

Bonjour à toutes et à tous.

Nous fêtons ce jour les 50 ans du Traité de Rome, alors que l'Europe va très mal:

- La monnaie unique est l'objet de critiques permanentes dans l'opinion. Elle aurait fait augmenter les prix. Les spécialistes, eux, s'en prennent à l'euro fort, monnaie trop chère. Ces récriminations sont injustes. Veut-on sortir de l'euro? Je n'entends personne de sérieux le proposer. Quant à la hausse des prix, qu'on se demande si elle n'aurait pas eu lieu, avec ou sans l'euro, sur certains produits. Qu'on considère aussi les baisses de prix si l'on veut être objectif.

- La Constitution européenne a été rejetée massivement par les français et aucun plan B ne l'a remplacée. On fait quoi maintenant? Si l'on croit sincèrement à la construction d'une souveraineté européenne c'est à dire à une puissance politique continentale nouvelle, trois éléments sont indispensables: une monnaie, une constitution, une défense.

- L'élargissement à l'est et à la Turquie soulève des doutes et suscite des rejets, alors que l'Europe a besoin de rêves et d'ambitions qui interpellent sa géographie et son histoire. Elle ne peut pas se contenter du petit cercle des riches pays fondateurs. L'Europe doit être intellectuellement et politiquement conquérante. Mais qui en a envie? DSK sur ce point a écrit des choses définitives.

Regardez ce que propose la droite:

- Sarkozy avance timidement un mini-traité, une constitution riquiqui qui plairait à tout le monde et qu'il suffirait de faire valider par le Parlement.
-Bayrou joue avec les "cercles", un premier qui repose sur les valeurs, l'Europe d'hier et d'aujourd'hui, et un second, Europe de demain, Europe des intérêts économiques.

A quoi je réponds que l'Europe doit se doter d'une vraie, grande et belle constitution et pas d'un croupion, et que cette Europe doit être indissolublement politique et économique.

J'ai dis hier que le drapeau français à ma fenêtre n'était pas trop mon truc. Je peux changer d'avis? Je mettrais volontiers deux drapeaux , le national et l'européen, et là, je ferais vraiment un acte militant porteur de sens et d'avenir.

Bon dimanche à vous.

24 mars 2007

Les symboles de 1789.

Bonsoir à toutes et à tous.

Ségolène Royal essuie plusieurs reproches après ses propos à Marseille sur la patrie, l'hymne national et le drapeau tricolore. De vous à moi, mettre un drapeau à ma fenêtre le 14 juillet, ce n'est pas trop mon truc. Je suis un patriote qui n'a pas besoin d'exhiber son patriotisme.

Mais je veux prendre la défense de notre candidate, qui n'a rien dit de scandaleux ou de "nationaliste". Le drapeau tricolore est le symbole de la République face au drapeau blanc des forces réactionnaires, la Marseillaise est un chant révolutionnaire, la patrie est celle des Droits de l'Homme, celle pour laquelle les Résistants ont donné leur vie, contre l'Occupant, contre la barbarie, pour la liberté. Qui soutiendra que ces valeurs-là ne sont pas de gauche?

Rien à voir avec Le Pen et sa "nation" inspirée du régime de Vichy, rien à voir avec Sarkozy et son "identité nationale", mot d'ordre de tous les conservatismes. La patrie de Danton et Saint-Just, c'est tout de même autre chose!

Quant à tous ceux qui font la leçon à Ségolène, je veux leur répondre:

- A François Bayrou qui dénonce "l'obsession" de l'identité nationale, qu'il commence par balayer devant sa porte: il y a quelques heures, il remettait en cause le droit républicain du sol pour la Guyane et Mayotte!

- A Marie-Georges Buffet, je m'étonne qu'un parti comme le PCF, qui a longtemps et fièrement proclamé son patriotisme, le reproche aujourd'hui à la candidate socialiste.

- A José Bové, le seul qui soit dans cette petite polémique cohérent avec lui-même parce que libertaire, je dis qu'un responsable politique digne de ce nom doit prendre en charge les grands problèmes d'un pays et d'un peuple, que la France traverse une crise d'identité parce que notre société se mondialise, qu'une candidate à la présidentielle doit y répondre en proposant des repères, des valeurs. Que ceux-ci soient républicains, qu'ils réactivent les symboles de l'héritage de 1789, qui pourrait s'en plaindre? A gauche, personne.

Bonne soirée.

22 mars 2007

Bilan d'un candidat.

Bonsoir à toutes et à tous.

Nicolas Sarkozy va bientôt quitter son ministère, non bien sûr par déontologie républicaine, car il l'aurait fait depuis bien longtemps, depuis le moment où il a été officiellement désigné par son parti. Il y consent parce qu'il doit consacrer désormais tout son temps à la campagne, tant il est vrai que nous approchons de la dernière ligne droite, que 40% de l'électorat ne s'est pas encore décidé et que le résultat est entièrement ouvert.

Quelqu'un qui quitte un ministère pour aspirer à la présidence mérite d'être jugé sur son bilan. Quel est-il? Essayons de n'être pas partisan, de juger si possible objectivement. Quels sont les résultats de Sarkozy à l'Intérieur, lui qui impose à ses fonctionnaires une culture du résultat? Quelques faits sont incontestables:

- Sarkozy a affiché une vraie volonté de combattre la délinquance et d'assurer la sécurité des français. Sur ce point, je suis d'accord avec lui, c'est le job de "premier flic de France".

- J'admets aussi que la petite délinquance (vol, cambriolage, etc) a reculé puisque les chiffres le disent.

Mais mon accord s'arrête là car le reste n'est pas brillant:

- Les agressions aux personnes ont considérablement augmenté. Or, plus encore qu'un vol, ce sont elles qui sont traumatisantes et très mal vécues. Evidemment, je n'impute pas les violences qui gagnent notre société à Nicolas Sarkozy, je dis simplement qu'il a échoué à les faire ne serait-ce que reculer. Et pour une raison évidente: miser sur la répression et la mise en scène de l'action policière rencontre très vite des limites.

- Le plus grave, c'est que Sarkozy a indirectement suscité en novembre 2005, par ses propos inconsidérés, trois semaines d'émeutes jamais vues en France, qui devraient normalement suffire à le discréditer auprès de tous les partisans de l'ordre et de l'autorité.

- Enfin, un homme, ministre de surcroit, qui remet en cause l'action de la Justice de son pays, comme l'a fait Nicolas Sarkozy, n'est certainement pas digne d'être le premier magistrat de France.

Bonne soirée.

21 mars 2007

1969 en 2007.

Bonsoir à toutes et à tous.

Un ami croit m'embêter en me demandant pour qui je voterai au second tour si Sarkozy et Bayrou sont en lice. Je lui réponds très simplement:

- Cette situation ne se produira pas, Bayrou aura peut-être un bon score mais pas assez pour figurer au second tour.

- Si cette situation advenait tout de même, ce serait la fin du Parti socialiste tel qu'il existe aujourd'hui. Car 2007 n'aurait alors rien à voir avec 2002. Ce n'est pas la même chose que de soutenir la droite républicaine contre l'extrême droite et se retrouver face à deux candidats de la droite parlementaire. Le PS s'en trouverait totalement disqualifié, incapable de proposer une alternative crédible, ce qui est pourtant sa raison d'être.

- Sarkozy-Bayrou, c'est Pompidou-Poher, 1969 en 2007. Comme nos camarades socialistes d'alors, un seul choix s'imposerait, l'abstention. Je ne dis pas, à la façon des communistes de cette époque, "blanc bonnet et bonnet blanc", je dis que je n'ai pas à choisir entre deux candidats de droite dont les projets ne sont pas fondamentalement différents.

- Dans cette hypothèse catastrophique à laquelle je ne crois absolument pas, les socialistes devront suivre le chemin de leurs aînés en 1969: dépérissement de la SFIO et création en 1971 du Parti socialiste, ce qui donnerait en 2007: disparition du PS et conversion des réformistes à une authentique social-démocratie.

- En vérité, le scénario le plus probable est le suivant: victoire de Ségolène Royal et social-démocratisation du PS dans l'exercice des responsabilités. C'est en tout cas ce que je souhaite ardemment.

Bonne soirée.

19 mars 2007

Echos de campagne.

Bonsoir à toutes et à tous.

Devant 4000 élus socialistes et en présence de DSK, secrétaire national chargé des élus, Ségolène Royal a dit hier ce qu'elle leur devait et ce qu'elle devait à son parti. Dont acte. Les craintes soulevées par sa "prise de liberté" à l'égard du PS n'ont plus lieu d'être.

Annonce ce soir des candidats officiels à la présidentielle. Ils seront bien douze. Le Pen a bien eu ses signatures et s'est joué une fois de plus des politiques, des media et des électeurs en laissant entendre qu'il ne pourrait pas se présenter. Le pire est qu'il existe encore des personnes pour tomber dans le panneau!
Sarkozy est candidat bien évidemment, et toujours ministre de l'Intérieur. Voilà qui devrait choquer plus de monde qu'il n'y en a: organisateur du scrutin et compétiteur de ce même scrutin, non, cela ne se fait pas.

Parmi les candidats, le moins connu est certainement Gérard Schivardi, soutenu par le Parti des Travailleurs, organisation fort révolutionnaire puisqu'elle considère Besancenot comme à peine mieux qu'un socialiste. Quel est le moderne Trotsky ou le nouveau Lénine? Un artisan maçon, carté PS jusqu' il y a peu, maire d'une petite ville et conseiller général, adversaire de l'intercommunalité et des institutions européennes. Si je comprends bien, la défense des intérêts communaux préfigureraient la Commune socialiste. Notables de tous les bourgs et les hameaux, unissez-vous pour faire la révolution? Le social-démocrate que je suis a sans doute du mal à saisir ce qu'est devenu le courant révolutionnaire contemporain. Je compte sur vos explications...

Bonne soirée.

18 mars 2007

L'école de l'humilité.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je reviens sur notre réunion d'hier soir à Paris, où j'ai particulièrement apprécié l'intervention d'une camarade évoquant "le cas Besson". Celui-ci s'apprête à publier, mardi prochain, un livre au vitriol contre Ségolène Royal. Le cours de la campagne n'en sera certes pas foncièrement modifiée mais il faut redire que ces choses-là ne se font pas. Bien sûr, Eric Besson n'est plus membre du parti ... depuis quelques semaines. Ce n'est pas une raison. Si la gauche est toujours son camp, son engagement, son espoir, il doit lui conserver sa loyauté, à défaut de son amitié, en soutenant, du moins en s'abstenant d'attaquer sa principale candidate.

J'entends ses explications, je comprends son humiliation, mais pourquoi n'avoir pas parlé avant, à l'intérieur du parti? Après que la démocratie se soit exprimée et en dehors du parti, ce n'est pas acceptable, quelle que soit la validité des motifs.

Eric Besson nous décrit la psychologie de la candidate (selon les extraits publiés dans la presse). Si Rocard avec Mitterrand en était resté à une approche psychologique, il ne l'aurait sans doute jamais soutenu. Les "grands hommes" ont rarement un caractère facile.

Surtout, je pense que la politique, c'est l'école de l'humilité, où les considérations personnelles n'ont pas leur place. Je prends un exemple personnel: en 2001, secrétaire de section à Saint-Quentin, je ne figure pas sur la liste municipale, alors que j'ai le sentiment de faire du bon boulot. Le dépit, l'amertume, la lassitude, qui sont des sentiments qu'on éprouve à ces moments-là, auraient légitimement pu me conduire à quitter la section et à critiquer publiquement les choix effectués. Je m'en suis abstenu, j'ai défendu en interne mes convictions, avec cette foi inébranlable en moi que la vérité finit toujours pas l'emporter. Et si elle ne l'emporte pas, c'est que nous avons tort, ce qui est une hypothèse qu'il ne faut jamais complètement exclure!

Cette école de l'humilité qu'est la politique, qui me semble moralement très noble, ne doit cependant pas se transformer en une école de l'humiliation, ce qu'elle est parfois plus qu'il ne faudrait, quand l'intelligence n'est pas au rendez vous, quand la facilité l'emporte sur l'exigence, quand l'exclusion est préférée au rassemblement.

Bonne soirée.

Failles à droite.

Cela ne se voit pas encore mais on commence à le sentir: des failles craquellent la droite, Bayrou monte et Sarkozy s'essouffle. Derniers signes en date, les propos et positions de deux personnalités de la droite modérée, Simone Veil et Hazouz Begag.

Simone Veil n'est pas une femme intempestive. C'est une grande dame de la politique française, courageuse, nuancée, et qui n'attend plus rien en matière de place, de poste ou d'honneur. C'est une femme libre. Que pense du centriste François Bayrou cette figure historique du centre? Ses mots sont d'une rare dureté: "le pire de tous". Et son projet? Une "imposture".

Simone Veil n'a aucun intérêt à être tendre envers Nicolas Sarkozy et les néo-gaullistes qu'elle a tant combattus, elle l'européenne. Encore aujourd'hui, elle refuse l'extravagant et dangereux "ministère de l'immigration et de l'identité nationale" que propose le candidat de l'UMP. Il n'empêche: Bayrou est à ses yeux "le pire de tous". A méditer.

Hazouz Begag maintenant. Ce ministre de l'intégration est proche de Villepin et adversaire de Sarkozy. Il a fait son choix: ce sera Bayrou, parce qu'il ne veut pas "d'hameçons" pour l'extrême droite, en quoi il a raison. Un ministre, collègue de Sarkozy, qui prend fait et cause pour le censeur du gouvernement, ce n'est pas banal!

La droite donne donc quelques signes de dislocations, telle la banquise qui craque sous la pression contraire des glaces. A suivre.

A plus tard.

Liberté et fidélité.

Certains socialistes ont mal pris la déclaration de Ségolène Royal sur France 2 jeudi soir, affirmant qu'elle "reprenait sa liberté". J'entends des camarades expliquer que cette prise de distance rappelle le fâcheux "mon projet n'est pas socialiste" de Lionel Jospin. D'autres soulignent que la formule pourrait se retourner contre la candidate, Eric Besson lui aussi "reprenant sa liberté" en publiant un livre acerbe contre Ségolène.

Aucunes de ces critiques n'emportent mon adhésion. La formule ne me choque pas, à cette nuance près: la liberté ne se reprend pas car un homme (ou une femme) politique ne doit jamais la perdre. DSK souligne, dans Le Courrier Picard d'aujourd'hui, que notre candidate doit être elle-même, qu'elle ne gagnera que de cette façon-là, comme elle l'a prouvé dans la désignation interne (et c'est son compétiteur d'alors qui l'affirme!).

Hier, à Paris, DSK s'est de même réjoui de cette "liberté" si elle signifie une émancipation envers ce que le socialisme a encore de "fossilisé". Alain Richard, de son côté, a rappelé que tous les candidats socialistes à la présidentielle, de par la logique de ce scrutin, se sont réservés une part d'autonomie.

Mais on peut comprendre aussi l'étonnement du socialiste de base, qui s'attend à ce que sa candidate se conforme intégralement au projet qu'il a adopté. Il faut répondre que la liberté et la fidélité ne sont pas entièrement incompatibles.

Bon après-midi.

Réunion DSK.

Bonjour à toutes et à tous.

La salle de l'AGECA était hier pleine pour la réunion des correspondants strauss-kahniens. J'ai retrouvé notre ami de Soissons, Pierre Lenoble. Des interventions de qualité, comme d'habitude, dont je vous donne, dans une sélection très subjective, quelques extraits:

Une camarade a rappelé que le vote Bayrou séduisait les français "qui n'ont pas de problèmes", cadres supérieures, professions libérales, milieux intellectuels, "qui ne veulent pas de changements". J'ajouterai que la social-démocratie authentique dispose d'un solide enracinement ouvrier et que Bayrou, dans sa pratique ministérielle comme dans son projet actuel, n'incarne aucun changement véritable.

Alain Richard a fait une excellente intervention (toujours à propos de Bayrou, dont il a bien sûr été beaucoup question): ne pas confondre l'alliance des sociaux-démocrates du nord avec les centristes (où demeure le clivage conservateurs-réformistes) et la démarche du candidat de l'UDF qui recherche l'union nationale gauche-droite, c'est à dire le dépassement du clivage conservateurs-réformistes.
Pour DSK, il faut récupérer ces électeurs de gauche tentés par le vote Bayrou. C'est pourquoi les sociaux-démocrates sont désormais au coeur de la campagne et l'une des clés de la victoire. Dominique est persuadé que Ségolène sera au second tour et qu'elle ne pourra alors gagner qu'en rassemblant tout notre électorat, notamment celui qui se sera porté sur Bayrou au premier tour. N'injurions pas l'avenir.

Il a beaucoup été question bien sûr de l'espace social-démocrate que nous essayons de construire, avec le lancement de la rédaction du "Manifeste". L'actualité le prouve chaque jour, la gauche moderne se cherche de nouvelles idées. Il lui faut un projet historique et des lignes idéologiques claires qui ne peuvent être dessinées que du côté de la social-démocratie.

Et pour finir, un appel et un rappel de DSK: soyons les premiers, nous strauss-kahniens, à nous battre pour la victoire de Ségolène Royal, en restant nous-mêmes, sociaux-démocrates.

Bon dimanche.

17 mars 2007

Les 12.

Bonjour à toutes et à tous.

Ils seront donc sans doute 12 à briguer la présidence de la République, mais il faudra attendre les vérifications du Conseil constitutionnel. Parmi eux, 3 candidats trotskystes ! Quel drôle de pays que la France, où trois partis se réclamant d'un même courant révolutionnaire concourrent à la magistrature suprême... En tout, avec Bové et Buffet, les candidatures de gauche "anti-système" sont au nombre de 5. Sur 12, c'est beaucoup, révélateur d'une radicalité encore présente dans notre culture politique, révélateur aussi de leur incapacité à s'unir.

L'extrême droite aura 2 candidats, Le Pen et Villiers, version populaire et version bourgeoise d'un même rejet de l'étranger. Et puis une candidature extravagante, CNPT, comme si la chasse et la pêche étaient des thèmes politiques majeurs! Drôle de pays...

La droite est représentée sans surprise par Sarkozy et Bayrou, version hard et version soft. Et j'ai gardé le meilleur pour la fin. Dominique Voynet, qui mène une campagne difficile et courageuse, mériterait plus d'attention qu'elle n'en reçoit. L'écologie est un courant important, moderne, progressiste, et son absence m'aurait paru scandaleuse.

Maintenant, au second tour comme au premier, vous savez qu'elle est mon choix: la "seule candidate du vrai changement", selon hier soir en meeting avec elle DSK, Ségolène Royal.

Bon samedi.

16 mars 2007

DSK et Ségolène.

Bonsoir à toutes et à tous.

DSK tenait meeting commun avec Ségolène Royal ce soir à Charleville-Mézières. Il a (de nouveau) dénoncé Sarkozy et Bayrou et défendu les 100 propositions du discours de Villepinte. Cette rencontre était importante, cette semaine où Ségolène, dans son entretien aux Echos, expose une ligne très "social-démocrate", notamment en expliquant que la règle du "donnant-donnant" doit s'imposer dans les rapports entre l'Etat, les salariés et le patronat.

Pour ma part, j'ai assisté à une réunion publique de la députée européenne Anne Ferreira à Saint-Quentin. Les propos sur l'Europe étaient mesurés et plutôt pessimistes. Je crois que ce dont l'Europe a besoin, c'est d'ambition et d'optimisme.

Bonne soirée.

15 mars 2007

Tous sociaux-démocrates?

Bonjour à toutes et à tous.

Toute élection présidentielle a ses révélations. En 2002, la surprise, ce fut la montée de l'extrême gauche. En 2007, qui? A lire la presse, pas de doute: la social-démocratie est au centre de la campagne, alors que son représentant déclaré, DSK, n'est pas candidat!

Ségolène Royal, qui ne se définit pas comme social-démocrate, défend cependant une "gauche moderne" qui n'en est pas très éloignée, qui en tout cas se distingue fortement du socialisme traditionnel. Dans Les Echos d'aujourd'hui, elle souhaite s'inspirer du premier mandat de Tony Blair pour lutter en faveur de l'emploi des jeunes. Une déclaration qui aurait été inimaginable il y a quelques mois!

François Bayrou, dans Le Nouvel Observateur, annonce carrément que la présidentielle va voir l'apparition d'un courant ouvertement social-démocrate. Il n'a pas tort mais il se trompe en croyant que ce courant peut rallier et alimenter sa candidature. Il suffit de parcourir l'Europe pour comprendre que la social-démocratie est à gauche, qu'elle ne se dissout pas dans le centre-droit.

Bonne journée.

14 mars 2007

Unité avant tout.

Bonsoir à toutes et à tous.

Le bureau national du PS, réuni hier soir, a manifestement vu s'exprimer des divergences en matière de tactique à mener à l'égard de François Bayrou. Laurent Fabius demande une opposition frontale aux deux adversaires mis alors sur un pied d'égalité, Sarkozy et Bayrou. DSK conseille de se fixer sur Sarkozy et de rester ouvert à l'égard des électeurs de gauche tentés par Bayrou.

Dans cette affaire, il ne faut rien faire qui puisse compromettre l'unité des socialistes, car rien ne se fera en dehors de cette unité. Ce qu'il faut rappeler, c'est que tous les socialistes, sans exception, critiquent le projet de Bayrou, considérent que le candidat de l'UDF demeure un homme de droite et rejettent toute alliance avec lui. A partir de là, soyons cohérents et fidèles à une règle d'or: rassembler la gauche.

Or, la montée de Bayrou provient en partie d'électeurs de gauche séduits par sa démarche. Mettons tout en oeuvre pour les ramener à gauche et nous permettre ainsi de gagner au second tour. Voilà la position de DSK, conforme à la stratégie adoptée par le PS. Mais vouloir ouvrir un second front, disperser nos forces seraient maladroit. Bayrou autant que Sarkozy gagneraient au bout du compte à cet infléchissement stratégique.

Ne nous laissons pas dicter notre conduite par les sondages. Ségolène Royal a de très grandes chances d'être présente au second tour, renforçons ces chances et ne les gâchons pas dans une dispersion préjudiciable.

J'en profite pour regretter les propos de notre candidate dimanche sur une chaîne de télévision, où elle a déploré que les "éléphants" ne l'aient pas soutenu plus tôt. C'est inélégant et, là encore, nocif à notre indispensable unité. Ségolène a bâti sa popularité sur une prise de distance à l'égard du PS. Fort bien, pourquoi pas. Confrontée à des turbulences, elle a fait appel aux personnalités du PS, qui ont répondu présents, en premier lieu DSK. Fort bien, c'est raisonnable. Il n'y a pas à revenir là-dessus et à se laisser aller à des états d'âme.

La bataille électorale est entrée dans ses six dernières semaines. Tout va désormais passer très vite. Il n'est plus temps de revenir sur le passé. Ségolène doit suivre le chemin qu'elle s'est tracée et tous les socialistes doivent être dans l'unité derrière elle.

Bonne soirée.

Gros mot.

Bonjour à toutes et à tous.

Nicolas Sarkozy revient sur son projet d'un nouveau ministère et martèle que "l'identité nationale" n'est pas un "gros mot", qu'il convient donc d'en parler. En matière de gros mots, après le "karcher" et la "racaille", le candidat de l'UMP semble un spécialiste.

Mais redevenons sérieux. Bien sûr, l'identité nationale n'est pas un "gros mot", c'est une réalité qu'on peut évoquer sans problème, comme le font les historiens ou les sociologues. Il se trouve que ce mot est aussi une idée, un thème majeur de l'extrême droite, et cela, Nicolas Sarkozy ne peut pas l'ignorer. C'est d'ailleurs sciemment qu'il utilise la formule, sachant que l'électorat extrémiste saura la décrypter.

D'autre part, s'il n'y a aucun mal à parler d'identité nationale, il est très contestable d'en faire un ministère. Car pour quoi faire? L'identité nationale est une réalité ancienne, un héritage vivant, un ensemble multiple qui échappent à toute forme d'institutionnalisation. Vouloir l'ériger en ministère est inquiétant, un peu comme si on créait un ministère de la morale!

Enfin, il est insupportable de lier identité nationale et immigration, comme si les immigrés étaient des citoyens à problème en matière d'identité nationale. C'est là où l'extrême droite montre le bout du nez, c'est cette voie dangereuse que la droite républicaine ne devrait pas emprunter.

Bonne fin d'après-midi.

13 mars 2007

Pas de 3ème force.

Je lis ici et là que Marie-Georges Buffet s'en prend dans ses derniers meetings à DSK accusé de vouloir "gouverner avec la droite", après ses propos sur Bayrou d'il y a quelques jours. C'est un air connu mais Marie-Georges chante faux!

DSK n'a jamais prôné d'alliance avec la droite. D'abord, ne pas stigmatiser stupidement et inutilement Bayrou, ce n'est pas s'allier avec lui! Ensuite et surtout, DSK pousse le candidat de l'UDF à aller jusqu'au bout de sa démarche et donc de rejoindre clairement l'opposition à Sarkozy. Qui ne s'en réjouirait pas, surtout s'il est de gauche?

Elargissons la réflexion, sortons de la polémique: en France, la gauche ne peut l'emporter au second tour d'une présidentielle que si elle dépasse les 50%, c'est à dire si elle parvient à rassembler au-delà de son propre camp. Personne ne fera croire qu'il y a dans notre pays 50% de socialistes ou de citoyens de gauche. Au mieux de sa forme électorale, la gauche peut réunir au premier tour 40 à 45% des suffrages. Notons que pour le moment c'est loin d'être le cas.

Au second tour, il faut donc s'ouvrir et rassembler. Mitterrand ne disait pas autre chose. Au second tour, la candidate de gauche devra pouvoir constituer une majorité qui s'adresse à tous les adversaires de Sarkozy, y compris les électeurs de centre-droit. DSK , dont je ne suis certes pas le porte parole mais qui inspire les réflexions de ce blog, n'a pas dit autre chose.

D'ailleurs, la question de savoir avec qui on gouverne et quelles alliances ont conclu n'est pas l'objet de la présidentielle mais des législatives.

Il n'y a donc pas chez DSK la nostalgie de la "troisième force" telle qu'elle a pu être pratiquée entre socialistes et MRP dans les années 50. Le contexte politique était totalement différent. Le scrutin favorisait alors ce type de combinaison pratiquée par Mendes-France. De plus, le paysage politique était divisé en deux puissants partis, le RPF très à droite et le PCF très stalinien, qui conduisait les socialistes réformistes à envisager une troisième voie. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Bonne soirée.

Deux informations.

Bonsoir à toutes et à tous.

Deux nouvelles à vous transmettre:

- Demain, à 8h20, DSK sera au micro de Jean-Pierre Elkabbach sur Europe 1.

- Samedi, réunion des strauss-kahniens à Paris, de 18h30 à 20h30. Contactez moi si vous êtes intéressés.

A bientôt.

12 mars 2007

Un chef s'en va.

Bonjour à toutes et à tous.

Avez-vous assisté hier au "tournant de l'Histoire", selon certains commentateurs? Avez-vous suivi la dramaturgie de "l'évènement"? Avez-vous été sensible à "l'émotion" avec laquelle Jacques Chirac a mis fin à 50 ans de vie politique? Il faut que la France soit un étrange pays pour monter en épingle un fait normal, banal en démocratie, un élu s'en va. A entendre les analyses, nous avions l'impression de vivre un sacrifice exceptionnel, un moment unique.

Intéressant aussi la façon de psychologiser ce non-évènement, cette annonce attendue: Chirac devenait un brave type. Quelqu'un qui aime la tête de veau et la bière Corona peut-il être franchement mauvais?

Pour moi, Chirac est d'abord quelqu'un qui n'a pas été un grand président. Et je ne le dis pas parce que je suis son adversaire politique. De Gaulle avait une dimension historique qu'il a assumée jusqu'au bout, Pompidou a industrialisé la France, Giscard a modernisé les moeurs. Je ne vois pas ce qu'il restera de Chirac. Je ne prétends pas qu'il n'a rien fait, ni rien de bien (je salue sa reconnaissance de la responsabilité de l'Etat dans le régime de Vichy). J'affirme que sa présidence ne marquera pas son temps et les esprits.

Chirac, à mes yeux, c'est d'abord un personnage surréaliste, "travailliste" en 1978, contre l'Europe puis pour l'Europe, dénonçant la "fracture sociale" et déclenchant en 1995, après quelques mois seulement de présidence, une grève historique, dissolvant l'Assemblée Nationale en 1997 et redonnant ainsi le pouvoir à la gauche, faisant le plus mauvais score d'un président sortant aux premier tour de 2002 puis le meilleur score au second tour. C'est l'homme de droite qui finit dans la peau d'un écologiste altermondialiste!

Mais Chirac, et je suis surpris que personne n'en parle, ce fut surtout, pendant 30 ans, le chef de la droite, le représentant des intérêts de ses couches sociales, l'agent électoral de ses organisations politiques. De la création du RPR à la création de l'UMP, la tâche de Jacques Chirac a toujours été la même: défendre et structurer le camp conservateur. Le moment de sa vie où il aura eu le plus de cohérence et d'effets politiques, c'est de 1986 à 1988, lorsqu'il mena, inspiré par Reagan et Thatcher, une politique de privatisation comme jamais la France n'en avait connue en 50 ans.

Bonne fin d'après-midi.

11 mars 2007

DSK sur LCI.

Dominique Strauss-Kahn sera l'invité de Christophe Barbier demain lundi, à 8h18, sur LCI.

Le scoop de Chirac.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je viens d'écouter l'allocution officielle de Jacques Chirac. Quel scoop, mes amis! Non, je ne suis pas ironique. Comme vous, comme tout le monde, je savais que Chirac ne se représenterait pas. Le scoop est ailleurs: Chirac ne votera pas Sarkozy!

Il ne l'a pas dit, me ferez-vous remarquer. Certes, mais il l'a laissé entendre très fort. Et s'il devait soutenir le candidat de l'UMP, il l'aurait annoncé dès maintenant, pourquoi tarder?

Reprenez les trois points forts sur lesquels il a insisté:

- Ne jamais composer avec l'extrêmisme: affirmer cela en tout premier, quelques jours après le coup de main de Sarkozy à Le Pen pour ses signatures et l'annonce d'un ministère de l'immigration et de l'identité nationale, c'est incontestablement un désaveu.

- Ne pas brader le modèle français: Sarkozy, lui, appelle à la "rupture" avec ce modèle.

- Au niveau international, rejeter le libéralisme sans frein: Sarkozy, lui, admire les Etats-Unis qui sont le vecteur de ce libéralisme là.

J'en conclus que Jacques Chirac ne peut en aucun cas voter Sarkozy, sauf incohérence, contradiction, reniement de sa part. Chirac nous a-t-il, dans ses 50 ans de vie politique, habitué à cela?

Bonne réflexion et bonne soirée.

Quoi de neuf?

Où en est la "gauche de la gauche", qui ne fait plus guère parler d'elle? Un de ses candidats, celui soutenu par le Parti des Travailleurs, dit avoir les 500 signatures, et même un peu plus. Comme les lambertistes sont des gens sérieux, je le crois volontiers et j'en conclus surtout qu'il n'est pas si difficile d'avoir ces fameuses signatures, puisqu'un trotskyste lambertiste, candidature des plus marginales, a pu les obtenir.

Un qui ne s'en fait pas trop non plus, c'est José Bové, que j'ai écouté sur RTL chez Apathie vendredi matin. José était dans sa maison du Larzac, prenant chaque semaine "une journée de repos". Cool man! Un bien sympathique anti-Sarko, à l'opposé de l'hyperactif et énervé. Et gonflé à bloc! Les 500 signatures, il les aura puisque 800 personnes (!) les cherchent. José Bové affirme tranquillement sentir une "dynamique" autour de sa candidature (?!). Et de rappeler qu'il peut être "utile" à la gauche au second tour. J'aimerais tellement que tout cela soit vrai et que Bové comble le vide et la dispersion à la gauche de la gauche.

En rangeant mes papiers (eh oui, pour les enseignants de la zone nord, c'est demain la rentrée), je tombe sur un entretien d'Olivier Besancenot au Monde daté du 28 février. Morceau choisi: "Je n'ai pas de projet de société. La société pour laquelle je milite, pour l'instant, n'existe nulle part". Vous appelez ça comment? Le néant, le vide, le rêve? Ce que je sais, c'est que si un socialiste déclarait ne pas avoir de "projet de société", tout le monde dénoncerait l'inanité de sa pensée.

Autre morceau choisi: "Nous avons eu cette spécificité d'avoir un gouvernement réformiste [durant les 15 ans de gouvernement de gauche] qui n'a pas été foutu de nous pondre une réforme un petit peu conséquente". Oui, vous avez bien lu, la gauche au pouvoir ne "fout" rien (le parler cru a toujours l'apparence de l'authenticité et de la vérité, s'épargnant ainsi tout début d'argumentation). Besancenot y va un peu fort en matière l'exigence, pour quelqu'un qui n'a pas de "projet de société". A moins qu'il ne projette sur les autres sa propre inconsistance, selon un réflexe psychologique bien connu.

Bonne fin d'après-midi.

Un nouveau 21 avril?

Bonjour à toutes et à tous.

Un sondage de l'IFOP dans le Journal du Dimanche met pour la première fois à égalité Bayrou et Royal à 23%. Et alors? Ce résultat fait causer beaucoup et s'affoler quelques uns. Pas moi et je vous dis pourquoi:

- Il sort un sondage par jour, ce qui enlève leur crédibilité en matière de prévision, l'avis d'aujourd'hui n'étant pas celui d'hier ni de demain.

- La moitié des français n'ont pas encore fait leur choix, tout peut encore être bouleversé.

- L'électorat de Bayrou est le plus indéterminé.

Le plus inquiétant n'est pas ce qu'on croit, c'est à dire ce sondage mais les réactions imprudentes qu'il pourrait susciter à gauche: le début de panique et l'envie d'en découdre avec Bayrou. Là encore, rappelons quelques vérités:

- Il n'est jamais bon en politique de changer de stratégie au milieu du gué et de laisser guider son comportement par des circonstances extérieures. Ségolène Royal ne doit rien changer à sa trajectoire.

- Nous ne devons pas nous tromper d'adversaire: Sarkozy et seulement Sarkozy, candidat de la droite, numéro 2 du gouvernement et, à ce titre, responsable du bilan de l'actuelle majorité que les électeurs devront sanctionner dans six semaines.

- Face à Bayrou, la seule stratégie intelligente et efficace est celle tracée par DSK cette semaine: respecter l'homme, souligner les faiblesses de son projet, mettre en évidence les contradictions de sa démarche, démontrer l'infaisabilité de son objectif, demander à ce qu'il rompe vraiment avec la majorité (de droite) et rejoigne vraiment l'opposition (de gauche).

Bon dimanche.

10 mars 2007

La haine de soi.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai dénoncé il y a quelques jours les incohérences des bobos, ces bourgeois de gauche attirés par le centre-droit de Bayrou, alors que Ségolène Royal devrait incarner pour eux une candidate de la gauche moderne tout à fait présentable. Je ne suis pas au bout de mes peines en matière d'incohérence et d'irrationalité.

Je viens de lire sur internet une étude qui semble sérieuse sur le vote Le Pen en banlieue. Ce n'est pas ce que vous croyez, un vote sécuritaire, un rejet de la délinquance et de l'immigration, bref, une montée des thèmes de prédilection de l'extrême droite. Absolument pas. Le Pen séduirait les jeunes immigrés, quelques rappeurs, cette banlieue et cette jeunesse qui ont déclenché les émeutes de novembre 2005.

Bien sûr, cette tentation ne touche qu'une minorité, mais c'est suffisamment significatif et étrange pour qu'on s'interroge. Le jeune beur sans travail qui deale dans un quartier pauvre et qui vote FN vaut bien le bourgeois libéré et intello, ayant voté Besancenot en 2002 et qui s'apprête à voter Bayrou en 2007. L'étude que je parcours énonce quelques explications:

- Le personnage virile, dominateur de Le Pen renvoie à des valeurs machistes que ces jeunes ne retrouvent que chez lui ( sur le même thème, il faut lire aussi le dernier bouquin d'Eric Zemour).

- En parlant d'identité nationale, l'extrême droite entre en correspondance avec la quête d'identité des jeunes déracinés, même si les uns et les autres ne donnent pas le même contenu à cette identité.

- Trait commun avec les bobos: l'esprit moderne de dérision, qui fait qu'on vote non pour Le Pen mais pour sa marionnette des Guignols de l'Info, pour le fun, parce qu'au fond on s'en fout.

- Enfin, et cette raison semble la plus forte, il y a dans cette jeunesse de banlieue à la dérive une puissance envie de "faire péter le système". Or Le Pen est celui que le "système" déteste le plus et diabolise, donc on vote pour lui!

J'ai beau comprendre intellectuellement toutes ces explications, je ne les comprends toujours pas! Le Pen veut renvoyer dans leur pays d'origine les parents et grands-parents de ces jeunes, il les rend responsables du chômage, il veut priver leurs mères et leurs frères d'allocations familiales, il veut supprimer à tous l'aide sociale. Comment un fils d'immigré peut-il voter pour un tel personnage et un tel programme?

J'ai mon explication: la haine de soi quand on déteste ses origines et qu'on rêve d'une autre vie, qui conduit à aller vers celui, Le Pen, qui nie ce passé peu glorieux et cette identité qu'on juge misérable. Certains fils d'immigrés ne se remettront jamais de ce que leurs pères aient été traités en esclaves. Je leur dis: ce n'est pas dans l'indignité, dans la négation de votre filiation, en vous commettant avec l'extrême droite, que vous retrouverez la dignité perdue. La gauche, et elle seule, peut répondre à cette dernière aspiration.

Bonne soirée.

Le contraire de la démocratie.

La contre-démocratie, oui, mais pas n'importe comment ou à n'importe quel prix. Pierre Rosanvallon dit bien qu'elle peut tourner au pire populisme. Je crains hélas que ce ne soit trop souvent le cas. La contre-démocratie doit être domestiquée, j'ai presque envie de dire: éduquée, civilisée. D'accord pour constituer des contre-pouvoirs, à condition qu'ils s'expriment et agissent en vertu du principe de responsabilité, sans lequel nous sommes dans la pure et simple démagogie. Etre responsable, ce n'est pas seulement refuser, c'est aussi proposer.

Dans l'Aisne, qu'il s'agisse d'une porcherie, d'un centre d'enfouissement de déchets, d'un aéroport international, d'OGM, d'éoliennes,... une partie de la population s'érige en procureur, accable les pouvoirs publics, s'oppose sauvagement au projet, dénonce le manque d'informations, refuse d'écouter la partie adverse, se soustrait au dialogue, rejette le compromis, ne répugne pas aux actions illégales, avance des arguments fallacieux. Cette contre-démocratie là est le contraire de la démocratie et je n'en veux pas.

Je prends l'exemple des neuf éoliennes qui vont être installées à Neuilly-Saint-Front. L'Union a donné la parole aux opposants, c'est édifiant!
"[...] c'est irrespectueux des Poilus de 14-18, les éoliennes vont se trouver juste en face du cimetière!" Arrêtons-nous un peu sur ce propos de nature morale sinon religieuse. L'éolienne serait sacrilège. La technique moderne serait coupable du délit de blasphème. Ne faut-il pas être à court d'explication pour en appeler au sacré! La même accusation est portée contre la construction d'un aéroport international à Chaulnes, dans la Somme: les travaux exigeraient le déplacement de nécropoles militaires. A cette ferveur d'un nouveau type, je recommande de méditer, moi qui suis pourtant laïque, la parole profonde de l'Evangile: "laissez les morts enterrer les morts".

Autre argument moral contre les éoliennes: elles encourage l'esprit de lucre. Je cite toujours: "l'éolien, ce n'est pas pour faire du courant mais du pognon! les 60000 euros permettront de payer le futur bowling". Moi, je dis bravo à la municipalité d'user habilement des entreprises pour servir l'intérêt général. Et puis, qu'est-ce que le "pognon" a de mal? Un jeune couple vend d'ailleurs, si j'ose dire, la mèche. Ils ont acheté leur maison il y a un an, avant qu'il soit question d'éoliennes: "on l'aurait su, nous aurions pu négocier le prix de la maison!" Le "pognon" intéresse donc aussi les adversaires des éoliennes. Qui sait d'ailleurs, faisant à mon tour de la morale, si ce n'est pas le ressort essentiel de leur combat, défendre des intérêts strictement particuliers au mépris de l'intérêt général?

Bon après-midi.


PS:
- les citations proviennent d'un numéro de L'Union de février, édition de Château-Thierry, mais je n'ai plus le jour.
- A la personne de Septvaux qui a commenté mon billet du 04 mars sur les OGM, j'ai découvert aujourd'hui son message et lui ai répondu.

Vive la contre-démocratie!

Bonjour à toutes et à tous.

Parmi les lectures de vacances, je retiens et vous conseille "La contre-démocratie" de Pierre Rosanvallon, dont les travaux depuis une trentaine d'années ont nourri le courant rocardien. La contre-démocratie, ce n'est pas l'anti-démocratie, avec laquelle on la confond souvent, même si celle-ci est parfois la dégénérescence ce celle-là. Au contraire, Rosanvallon nous explique que la contre-démocratie, c'est à dire les procédures de surveillance, d'empêchement et de jugement du pouvoir démocratique, sont à l'origine de la démocratie.

Cette contre-démocratie, appelée autrefois démocratie directe, aujourd'hui démocratie participative, ne peut plus être ignorée ou disqualifiée. Il faut l'intégrer pleinement à la démocratie représentative dont elle doit être le stimulant et pas la négation. De ce point de vue, le "manifeste social-démocrate" de DSK devra explorer cette indispensable voie.

On se souvient de la polémique il y a quelques mois à propos des "jurys citoyens" évoqués par Ségolène Royal, dont certains commentateurs avaient attribué la paternité à Rosanvallon. Je vous renvoie à la page précise (308) et cite deux passages:
"On pourrait [...] imaginer que se développent des agences citoyennes de notation pour apprécier les actions de certains organismes publics".
"Il pourrait [...] être prévu dans certains domaines que des citoyens tirés au sort soient constitués en commissions d'enquête".
On est tout de même très loin ici d'un réflexe populiste ou anti-élus.

Bon week-end.

09 mars 2007

Le problème de la droite.

Bonsoir à toutes et à tous.

Sarkozy tourne vraiment très mal. Après avoir proposé son aide à Le Pen, il nous sort un "machin", le ministère de l'immigration et de l'identité nationale. Très orwellien, vous ne trouvez pas? Tout le monde a compris le gros clin d'oeil aux électeurs d'extrême droite. C'est que l'UMP s'inquiète: Bayrou prend des voix à droite, qu'il faut bien récupérer ailleurs. Cette fuite en avant est inquiétante , bien sûr condamnable, et je ne suis même pas certain qu'elle profite à Sarkozy, pas si fin stratège que ça. Au contraire, les électeurs de centre-droit vont être encouragés à rejoindre encore plus Bayrou.

A propos du candidat de l'UDF, je reviens sur l'intervention écrite de DSK. Elle a le mérite et l'intelligence de ne pas "taper" sur lui, comme certains à gauche pourraient être tentés de le faire. Au contraire, DSK l'invite à franchir le pas décisif, à rompre définitivement avec la majorité pour rejoindre l'opposition, c'est à dire la future nouvelle majorité progressiste.

Surtout, DSK redit ce qu'est, ce qu'a été, ce que sera sans doute encore demain François Bayrou: un homme de droite, et pas un homme de gauche. Car Bayrou, et le comportement de Sarkozy le prouve, ne pose pas d'abord et fondamentalement de problème à la gauche mais à la droite, puisque celui qu'elle a élevé en son sein, celui qui a été le ministre de ses gouvernements, celui-là aujourd'hui la conteste. L'existence de Bayrou, c'est la preuve politique que la droite a échoué, qu'une bonne partie de son électotat ne se reconnait pas en Sarkozy, candidat de la continuité sous de fausses allures de rupture, candidat conservateur et réactionnaire, comme le confirme ses appels subliminaux à l'extrême droite.

Chaque militant socialiste doit répéter ces vérités autour de lui.

Bonne soirée.


PS: alors c'est quoi le problème de la gauche? Je l'ai déjà dit, Ségolène fait un bon score (entre 25% et 27%), le manque à gagner est dans la gauche non socialiste, PCF et Verts.

DSK intervient.

Bonjour à toutes et à tous.

Je ne savais pas hier, en soulignant le rôle des strauss-kahniens dans la reconquête de l'électorat séduit par Bayrou, que DSK interviendrait aujourd'hui de façon spectaculaire, dans le Monde de cet après-midi et sur France 2 ce soir à 20h00. Avec quelques arguments qui évitent la polèmique et abordent le fond de la candidature UDF:

- Bayrou n'est pas une "solution" mais une "illusion". Il ne peut pas à lui tout seul réaliser le dépassement des clivages qu'il promet. Refusant explicitement de rassembler la gauche dans un hypothètique 2ème tour, il se met dans l'impossibilité d'accéder à l'Elysée. La meilleure façon de battre Sarkozy, c'est de soutenir Royal.

- DSK ne ferme pas la porte à Bayrou. Il reconnait sa volonté de "rupture" envers la droite. Mais il lui demande, sans trop y croire, d'aller au bout de sa "logique" et de rejoindre la majorité de gauche au second tour. Ce que l'intéressé se refuse de faire.

La semaine prochaine, DSK sera à Charleville-Mézières en compagnie de Ségolène Royal.

Bon après-midi.

08 mars 2007

Néorégionalisme.

Bonsoir à toutes et à tous.

Jean-Pierre Balligand, député de Thiérache, a lancé il y a quelques semaines un intéressant débat sur le redécoupage des régions, qui fait écho aux préoccupations de Ségolène Royal sur l'importance décisive qu'elle accorde à leur rôle politique et économique (face à la crise que traverse Airbus, elle propose une recapitalisation de l'entreprise qui passe par les régions). Balligand souhaiterait que l'Aisne se détache de la région Picardie, ni plus ni moins, pour rejoindre la riche, industrieuse et culturelle Champagne-Ardennes, avec Reims comme capitale de cette nouvelle puissance régionale, et non plus comme aujourd'hui Amiens.

Pierre André, maire de Saint-Quentin, deuxième ville de Picardie, est d'accord pour un redécoupage mais pas le même. Lui aussi trouve riquiqui la région Picardie, écrasée entre les deux mastodontes que sont la région parisienne et le nord. Il envisage donc une extension de la région Picardie dans un grand nord, laissant l'Oise à Paris. L'argument est identique à celui de Balligand: constituer une région qui soit une véritable puissance économique. Et la construction européenne pousse à cela.

Dernière intervenante dans le débat, Anne Ferreira, vice-présidente du Conseil régional de Picardie, et qui défend le statu quo. Argument: il est plus efficace de défendre un dossier axonais à Amiens qu'à Lille, capitale naturelle de la grande région voulue par Pierre André. J'avoue être plus sensible aux réflexions des deux premiers, qui ont le mérite de faire bouger les choses et de ne pas se contenter de ce qui existe. Oui, la région est appelée à jouer un rôle beaucoup plus important que celui qu'on lui a initialement attribué il y a une bonne vingtaine d'années. C'est pourquoi il faut repenser leur organisation.

Une dernière précision: je ne suis absolument pas régionaliste au sens folklorique du terme. La région ne doit pas être conçue comme une nostalgie et encore moins une résurgence des anciennes provinces. Non, je suis pour la constitution d'entités économiques, administratives et politiques qui soient plus efficaces et plus conformes à notre temps et à notre société que l'émiettement communal et l'abstraction départementale.

Bonne soirée.

Sociologie des bobos.

Bonjour à toutes et à tous.

Les bobos, puisqu'il est beaucoup question d'eux ces derniers temps, se distingue de l'ancienne "gauche caviar", grands bourgeois ultra-minoritaires ralliés au socialisme le plus traditionnel, dont Laurent Joffrin a fait le portrait et l'histoire. Le terme se veut ironique, critique, dévalorisant.

Rien à voir avec les bobos, terme gentillet et assumé, qui désigne la bourgeoisie aisée, jeune, urbaine, fortement diplômée, de professions libérales et qui adhère à la gauche depuis les années 80-90, c'est à dire depuis que la gauche est devenu gouvernementale, gestionnaire et en ce sens "bourgeoise" (ce qui est une qualité et pas une insulte). Dans les années 60-70, l'électorat de gauche était constitué par les ouvriers, les employés et les fonctionnaires, avec au coeur de ces derniers les enseignants. Nous savons aujourd'hui que cette sociologie électorale est bouleversée. Qui aurait pu imaginer que Paris et Lyon, métropoles bourgeoises, soient remportées par les socialistes en 2001?

Les bobos ont voté Mitterrand en 1988 :la fameuse "génération Mitterrand", avec le bébé (le bobo?) sur l'affiche. Ils ont voté Jospin en 1995 et, comme tout le monde, Chirac en 2002. Pourquoi semblent-ils aujourd'hui faire défaut à la gauche (un sondage propulse aujourd'hui Bayrou à 24%)? Je vois trois raisons:

- L'enracinement des bobos à gauche est récent. Ils n'ont pas la conscience historique qui leur permettrait d'avoir des réflexes et une conscience de classe, à la différence des ouvriers. Je rencontre assez souvent des gens qui votent à gauche parce que leurs parents et leurs grand-parents votaient à gauche. Les bobos ne sont dépositaires d'aucun héritage, ne se sentent pas de devoirs particuliers à l'égard du passé.

- Les bobos sont fortement influencés par les valeurs modernes, ils en sont même les vecteurs. Autonomie, individualisme, esprit fun les conduisent à des incohérences qu'il faudrait plutôt qualifier de désinvolture, frivolité, ludisme, une façon d'être-au-monde très bobo. A tous les sens du terme, le vote Bayrou est chez eux "tendance". Les monde ouvrier ou commerçant-artisan sont moins marqués par la "modernité".

- L'image de Ségolène Royal a du mal à les séduire pour deux raisons (qui font inversement que DSK aurait eu leurs suffrages): elle n'incarne pas assez, à leurs yeux de professionnels, la compétence économique, le brio intellectuel, et surtout, en matière de moeurs, son rigorisme passe difficilement auprès de ces jeunes libéraux-libertaires-libertins. En revanche, ouvriers et employés, en quête de repères, sont plus sensibles à un discours moral et maternant.

Il faudra donc, dans les semaines qui nous restent, détromper les bobos, les ramener à la raison politique et historique, leur faire comprendre que le vote Bayrou est une illusion et le vote Royal un espoir. Il me semble que les strauss-kahniens auront de ce point de vue un rôle éminent à jouer.

Bonne fin d'après-midi.

07 mars 2007

Des bobos trop... bohèmes.

Bonjour à toutes et à tous.

Ce matin, à 7h35, sur RTL, des bobos sont interviewés. Ils sont jeunes, diplômés, aisés, de gauche, ils aiment beaucoup DSK et ils votent... Bayrou. Le journaliste veut savoir pourquoi. Moi aussi. Je vous ai parlé hier de Nora, que je ne comprenais pas. Je ne comprends toujours pas, mais les réponses sont instructives:

Le premier bobo, une jeune femme, trouve Ségolène Royal pas assez à gauche à son goût, notamment en matière de moeurs. Admettons. Mais Bayrou n'est franchement pas un libertaire! Bayrou plus à gauche que Royal? Ca ne tient pas debout.

Le deuxième bobo est un homme fort sérieux et finement stratège. Il apprécie Ségolène mais ne votera pas pour elle car il pense qu'elle ne battra pas Sarkozy (étrange retournement de l'argument qui avait servi durant la campagne interne au PS: Ségolène, la mieux placée pour battre Sarkozy). En revanche, Bayrou peut l'emporter puisqu'il bénéficiera des voix de la gauche au second tour.

Bel exercice de politique-fiction, mais plus fictif que politique. Notre bobo rêve d'un 21 avril convenable, soft, droite contre droite, à la façon Poher-Pompidou en 1969, année érotique chantaient Serge Gainsbourg et Jane Birkin, mais pas érotique en politique! Décidemment, les bobos sont surprenants. J'ai déjà expliqué hier en quoi cette stratégie était indigente, je vous y renvoie.

Mais il y a encore plus drôle. Le journaliste demande à notre bobo son vote en cas de duel Royal-Bayrou. Et celui-ci de répondre, en hésitant tout de même un peu: Ségolène bien sûr! C'est la première fois de ma vie que j'entends un électeur dire qu'au second tour il ne confirmera pas son choix du premier tour, alors que son candidat préféré est toujours présent.

Moralité: les bobos sont très intelligents et complètement incohérents. Mais c'est peut-être cela qu'on appelle... la bohème.

Bonne matinée.

06 mars 2007

A qui profitent les signatures?

Nicolas Sarkozy, on le savait, est un battant. Mais on ne se doutait pas jusqu'où il pouvait aller pour... les autres candidats! Il proclame en effet vouloir "se battre" pour que Besancenot et Le Pen obtiennent leurs 500 signatures réglementaires. Voilà, me direz-vous, un beau geste, un élan de générosité, un désir de démocratie qui honorent le battant de l'UMP.

Sans doute, mais pourquoi se limite-t-il aux signatures pour Besancenot et Le Pen? Il y a actuellement une quarantaine de candidats déclarés à l'élection présidentielle. Notre rigoureux et généreux démocrate ne doit pas choisir, privilégier, écarter, il doit se battre pour que tout candidat ait ses 500 signatures.

A moins que le battant de la droite ait une autre idée en tête, non pas pour les autres mais pour... lui. En donnant ses signatures à Besancenot, il affaiblit au premier tour Ségolène Royal. En donnant ses signatures à Le Pen, il s'accomode avec l'extrême droite et prépare un bon report de voix au second tour.
Car il n'y a pas jeu égal entre le représentant de l'extrême droite et le représentant de l'extrême gauche: l'un est donné à 12%, l'autre à 2%. Ce que veut Sarkozy dans cet hypocrite parallèlisme, c'est aider le Front national pour que celui l'aide à gagner.

Mais, allez-vous me dire maintenant, la ficelle est trop grosse, la LCR, anti-Sarkozyste virulente et révolutionnaire, va dénoncer cette manipulation et refuser par dignité et par principe des signatures que l'adversaire vous apporte sur un plateau d'argent. Non, pas du tout. Certes, Olivier Besancenot, qui n'est pas plus bête qu'un autre, a flairé le piège mais il estime que cette déclaration va dans le sens du "pluralisme" et qu'elle est un "modèle" dont les socialistes feraient bien de s'inspirer.

Bin voyons! Le Parti socialiste va demander à ses élus de parrainer des candidats qui le critiquent ouvertement et participer ainsi à sa propre défaite! Vous ne croyez pas que c'est beaucoup demander?

La règle républicaine est très simple et doit être respectée par tous: un candidat à la présidentielle doit aller chercher parmi les 30000 élus de la République 500 parrainages. Ce n'est pas à un autre candidat de le faire à sa place.
Faut-il changer cette règle? Pourquoi pas, les lois en République sont vouées à être changées c'est-à-dire améliorées. Mais il faut rappeler un autre principe républicain (et sportif): on ne change pas de règle en cours de partie. Besancenot et Le Pen ont-ils fait une proposition de loi en ce sens? Sauf erreur de ma part, je n'en ai pas souvenir.

Bonne soirée.

Bobo Bayrou.

Bonjour à toutes et à tous.

Libération du 2 mars donnait la parole à ces électeurs de gauche qui ont l'intention de voter Bayrou. J'y reviens parce que ce n'est pas banal, être de gauche et voter à droite. Je prends l'exemple de Nora, jeune femme intelligente, inspectrice des impôts, l'un de ces "bobos" tentés par Bayrou dont nous parle Libé et que je cite: "Si je me faisais plaisir, je voterais Besancenot, mais là, je me dis qu'avec Bayrou au second tour de la présidentielle, j'élimine Sarko et Ségo d'un seul coup."

Oui, vous avez bien lu, chaque mot a son importance et l'argument mérite commentaire. Nora va voter Bayrou mais le candidat de son coeur (de son "plaisir"), c'est... Besancenot. Ce qui signifie qu'une sympathisante trotskyste va donner son suffrage à un démocrate-chrétien (car il faut appeler un chat un chat et utiliser mots et étiquettes précis et adéquats). Première contradiction.

Nora a manifestement choisi le devoir et pas le "plaisir". Quel devoir? "Eliminer Sarko et Ségo d'un seul coup". Si je comprends bien, son vote n'est pas de conviction mais d'élimination. A la limite, notre bobo vote Bayrou sans être nécessairement d'accord avec lui puisque l'objectif est autre. Deuxième contradiction. Le vote doit exprimer un point de vue, incomplet, insatisfait, relatif certes, mais un point de vue, une option, un choix.

Bien sûr, tout engagement politique est aussi un refus, et si je suis de gauche, c'est en partie parce que je rejette la droite. Mais Nora, en refusant "d'un seul coup" Sarkozy et Royal, rejettant la droite et la gauche, ne manifeste pas un véritable refus politique, qui est toujours le prélude, la cause, la condition d'un vrai choix. Tout refuser, c'est ne rien refuser vraiment. Nora n'est pas dans une opposition raisonnée et ciblée, elle est dans une élimination (c'est le verbe qu'elle emploie) systématique, une pure et simple contestation, je dirais même une forme de nihilisme. Troisième contradiction.

Et ce n'est pas fini. "Bayrou au second tour de la présidentielle"? Qu'en sait-elle? Même si le candidat de l'UDF obtient aujourd'hui 20% dans un sondage, il reste loin derrière Sarkozy et Royal. De plus, ces mêmes sondages signalent l'extrême volatilité du vote Bayrou. Nora, qui se veut avant tout tacticienne, calcule bien piètrement. En tant que femme de gauche et possible électrice de Besancenot, je suppose qu'elle veut surtout éliminer Sarkozy. Eh bien, en votant Bayrou, elle affaiblit la seule candidate capable réellement de le battre, Ségolène Royal. Quatrième contradiction.

A Nora, je dis que la politique ne consiste pas à se faire plaisir (elle a donc raison de ne pas voter Besancenot) ni à manipuler ou instrumentaliser les candidats (elle a tort de voter Bayrou).La politique, c'est faire des choix en cohérence avec des convictions. Si Nora est sincèrement de gauche, réformiste, socialiste, elle doit être logique avec elle-même et voter, comme je le souhaite, Ségolène Royal.

Bonne matinée.

05 mars 2007

Les 3 secrets du pouvoir.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai regardé cet après-midi un DVD excellent, "Il était une fois dans le Bronx", réalisé par le non moins excellent Robert de Niro, une histoire de mafia comme ne savent en faire que les américains. Quel rapport avec la politique? Une scène du film m'a inspiré un parallèle osé.

Un chef mafieux explique à un jeune garçon admiratif pourquoi et comment il en est arrivé là et quels sont les secrets de son pouvoir, au nombre de trois:

- D'abord, il sait se rendre disponible, est toujours présent sur le terrain (c'est-à-dire son quartier), écoute les doléances et sollicitations des uns et des autres, se montre réceptif et accomodant.

- Ensuite, pour régler un problème, il faut le prendre à la racine, dès le début, avant que celui-ci n'empire et ne pourrisse tout. Il faut savoir être rapide et efficace.

- Enfin, dans les rapports avec les autres, il ne faut pas chercher à se faire aimer, car le vrai respect passe par la crainte, en veillant bien à ne pas susciter la haine, qui engendre d'irréparables et périlleuses inimitiés.

J'ai regardé, j'ai écouté cette scène qu'on pourrait intituler "philosophie ou psychologie d'un mafieux", puis je me suis dit: mais bien sûr, voilà le triple secret de tout pouvoir, y compris politique: être disponible, être efficace, être craint.

En tout cas, autour de moi, les réussites politiques répondent généralement à ces trois critères. Ce qui laisse songeur, non?

Bonne soirée, et bonne réflexion.

Pièces au dossier.

Bonjour à toutes et à tous.

Je relis le communiqué d'Anne Ferreira à propos des OGM dans l'Aisne. Je me réjouis qu'Anne, qui est aussi députée européenne, prenne la défense d'une directive europénne sur les OGM, non encore transposée en France. Comme quoi l'Union européenne n'est pas ce monstre néolibéral que certains décrivent complaisamment.

En revanche, je suis dubitatif sur la virile conclusion du communiqué: " Le Conseil Régional de Picardie [...] a déclaré la Picardie zone sans OGM. Jusqu'à nouvel ordre, il n'est pas question de mener des essais en plein champ." Quelle est la portée juridique d'une telle déclaration? Je n'en vois aucune. A quoi servent de tels voeux pieux?

En ce qui concerne le fond du débat, je vous renvoie à une lecture récente, le dernier ouvrage de Philippe Val, Traité de savoir-survivre par temps obscurs, où l'éditorialiste de Charlie-Hebdo se fait le défenseur de la liberté de la science:

" Une chercheuse de l'INSERM, écologiste, et sans un lien avec un quelconque semencier, se plaignait il y a quelques années du fauchage d'une parcelle d'OGM par des militants de la Confédération paysanne. Elle expliquait qu'il s'agissait de plants servant à mettre au point un reméde définitif contre le diabète et que le fauchage de la parcelle avait fait perdre dix ans à la recherche. La même histoire s'est répétée sur des plants destinés à guérir la mucoviscidose. Aucun énorme scandale n'a suivi ces opérations." (p. 119)

Bonne journée.

04 mars 2007

OGM dans l'Aisne.

Les OGM arrivent dans l'Aisne! Deux communes sont visées, Mont d'Origny et Septvaux. Responsable: la société BASF, qui va s'adonner à la culture expérimentale de pommes de terre génétiquement modifiées. Réactions négatives: les Verts, le Collectif des faucheurs volontaires et la vice-présidente du Conseil régional Anne Ferreira (c'est la première fois que les OGM s'installent en Picardie).

D'emblée, je me méfie, je privilégie la prudence... et la réflexion. Je sens monter immédiatement les passions, qui ne sont pas toujours bonnes conseillères en politique.

Première question: les collectivités locales ont-elles été informées de l'implantation d'OGM? (les opposants dénoncent le "manque de transparence").
Le maire de Mont d'Origny Gérard Allart répond que non, dans l'Aisne Nouvelle de jeudi dernier. En même temps, il évoque "une enquête publique sur internet", ce qui contredit sa thèse du secret. Le maire de Septvaux Christophe Lautout, dans le même journal mais samedi, déclare: "j'ai été parfaitement informé dans un premier temps par le service de protection des végétaux et dans un second temps par la société BASF".

Deuxième question: les OGM sont-ils rejetés par les représentants des collectivités concernées? Le maire de Mont d'Origny répond là encore de façon contradictoire: "je ne veux pas alarmer la population", "j'appellerai au calme", mais aussi "il est temps d'arrêter, on ne veut plus de poison".
Le maire de Septvaux, qui est agriculteur, n'a pas du tout la même réaction: "dans le prolongement des essais en laboratoire, on doit pouvoir passer à l'expérimentation en plein air". Le journaliste qui l'a rencontré souligne sa confiance en la science et l'espoir qu'il met dans la génétique car "les agriculteurs sont obligés de traiter tous les huit jours contre le mildiou" les pommes de terre.

Encore une déclaration de Christophe Lautout, dans L'Union cette fois-ci de ce dimanche: "pour l'heure, je n'ai pas reçu d'avis positif ou négatif au sein de la population [...] Globalement, j'estime qu'il faut laisser la science faire son travail. C'est un essai encadré par des professionnels à qui je fais confiance. Je répète donc que je ne suis ni pour, ni contre les OGM."

Voilà, je vous ai donné les réactions des premiers concernés. Ce débat est politique et fondamental. Je ne suis pas familier de ce dossier, mais faire de la politique, c'est prendre partie. L'argumentation qui emporte ma conviction, c'est celle du maire de Septvaux parce que guidée par la raison alors que le maire de Mont d'Origny semble plus inspiré par la crainte sinon la peur.

Ceci dit, le débat ne fait que commencer.

Bonne soirée.

Apprendre à conduire.

Je reviens sur l'affaire Routier et j'insiste: pas question de tomber dams le moralisme, mais il existe une morale publique que les autorités politiques doivent faire respecter et qui n'a rien à voir avec la morale privée, où chacun doit être libre, où l'Etat n'a pas à intervenir. On n'est pas dans sa voiture comme chez soi puisqu'on se trouve, sur la route, dans un espace public fréquenté par tous. Des règles par conséquent s'imposent.

Je voudrais maintenant en venir à la question plus directement politique que pose ce dossier. Les estimations, certes difficiles à établir, affirment que un à deux millions de français conduisent sans permis. Nous sommes donc passés à un fait de société, à une délinquance de masse pour un geste civique, apprendre à conduire, qui semble aller de soi.

Il faut bien sûr analyser ce phénomène préoccupant sous l'angle de l'individualisme qui caractérise notre société. Beaucoup estiment savoir conduire par eux-mêmes, sans avoir besoin de passer par une auto-école qui leur apprenne. La notion contemporaine d'autonomie est ainsi dévoyée.

Il faut surtout, c'est le rôle du politique, trouver une solution à cette situation qui, n'en déplaise à Airy Routier, ne peut perdurer et encore moins s'ériger en norme, en modèle à suivre. Là comme ailleurs, la répression est le dernier recours, signe d'échec plus que de force. Alors, que faire?

Prendre conscience d'une anomalie: quelqu'un qui passe le permis doit débourser en moyenne 1500 euros, 50% des candidats échouent à l'examen. Le coût pour cette obligation sociale, apprendre à conduire, est beaucoup trop élevé, surtout lorsque l'on sait que ce sont le plus souvent des jeunes qui sont concernés. Les résultats à l'examen (beaucoup moins bons qu'au bac!) ne sont pas acceptables. Si encore les conducteurs français, après une telle épreuve sélective, étaient les meilleurs au monde... C'est loin d'être le cas.

Il faut donc une solution politique qui parte du principe suivant: la formation coûteuse et peu probante doit être révisée afin que nul n'ait l'occasion ou le prêtexte de s'y soustraire. Cette formation doit être continue (certains ont obtenu leur permis il y a 40 ans, puis... plus rien; je pense aussi à ceux qui perdent des points et qui doivent repasser par une formation). Cette formation doit enfin être d'intérêt national, c'est-à-dire correspondre à une mission de service public. Actuellement, c'est le secteur privé qui s'en charge, dans le maquis complexe des auto-écoles.

Plusieurs possibilités se présentent: nationaliser les entreprises d'auto-école, leur confier une délégation de service public, transférer cet apprentissage à l'Education nationale, ... Aux lecteurs de ce blog de me donner leur avis...

Celui qui vous parle doit vous avouer qu'il a passé le permis à 44 ans et qu'il a déboursé environ 3000 euros!

Bonne fin d'après-midi.


PS: l'Ecole apprend aux enfants à nager, geste pourtant moins nécessaire socialement que la conduite automobile. Mais je reconnais que l'apprentissage de l'un est plus facile à mettre en oeuvre techniquement que l'apprentissage de l'autre. Pourtant, les deux ne sont pas sans similitude: l'acquisition d'un art qui doit devenir un réflexe.

Sans permis, tout permis.

Airy Routier n'est pas n'importe qui, ce qui ne l'empêche pas de dire n'importe quoi. Rédacteur en chef au Nouvel Observateur, économiste réputé, homme de progrès, il vient d'écrire un livre "La France sans permis". Il évoque son cas personnel (plusieurs infractions lui ont fait retirer son permis de conduire) et généralise à l'ensemble des français dans une telle situation, devenant leur porte-parole, défenseur d'un nouveau genre d'opprimés, les victimes de la "répression routière".

Routier se présente comme un rebelle. Lui très "France d'en haut" prend les accents de la "France d'en bas": les radars? Du racket fiscal! Les PV pour les petites infractions? Des primes pour les agents! C'est le "CRS-SS" made in 2007. Autant vous dire que cet ouvrage est à mes yeux un vrai scandale, celui de l'incivilité des beaux quartiers, une petite délinquance en costume-cravate qui ne mérite aucune indulgence, qui exige au contraire la plus grande sévérité parce que rien ne l'excuse, aucune circonstance atténuante.

Attention, je ne joue pas à la vertu outragée. Il m'arrive de dépasser la vitesse autorisée, je passe parfois au feu orange, je ne stationne pas toujours où il le faudrait. Que voulez-vous, je suis moi aussi un être humain et pas un saint, un juste ou un sage. Mais je ne m'en vante pas, je n'en tire aucun titre de gloire, je ne me fais pas passer pour une victime, je reconnais mes torts et mes fautes.

"La France sans permis", c'est la France qui se croit tout permis, alors que la sécurité routière est un vrai problème, je dirais même un drame des sociétés contemporaines, lorsque la mort ou l'infirmité vous attendent au bord de la route, à cause de l'irresponsabilité de certains conducteurs.

Bon après-midi.

Contestation et conformisme.

Bonjour à toutes et à tous.

Un ami rencontré hier, lecteur assidu de ce blog, me reproche une contradiction: d'un côté je fais l'éloge de Polnareff et des années 60, de l'autre je défends rigoureusement la loi et suis un social-démocrate bien peu en rapport avec la "contestation du système".

Je reconnais être moins "contestataire" qu'il y a 30 ans, mais pas pour les raisons qu'évoque mon ami. Je n'ai pas "vieilli", je ne suis pas devenu conformiste avec le temps, je ne défends pas aujourd'hui une position sociale ou des intérêts matériels. Mais avec le temps, il y a eu un chassé-croisé dans notre société entre conformisme et contestation.

Qui sont dans la présidentielle les candidats anti-système? Beaucoup plus Le Pen et Bayrou que Laguiller et Bové. C'est du moins ainsi que l'opinion public perçoit les choses. L'extrême droite conteste l'esprit et les lois de la République. La droite libérale prône la "rupture" avec un certain nombre d'acquis sociaux. Ecoutez autour de vous, la contestation de la Justice, des services publics, de la classe politique, de l'Etat.

La remise en cause de l'autorité est devenue réactionnaire (c'est le fameux "tous pourris"), la contestation est passée à droite ou à son extrême. Face à cette déferlante, il faut soutenir les institutions républicaines, les valeurs politiques, l'héritage social qui forment en quelque sorte le socle du progrès.

Je reste "soixante huitard" dans l'âme et dans les actes mais je pense que toute forme de contestation n'est pas nécessairement progressiste et la conformité à certaines règles n'est pas automatiquement rétrograde.

Bon dimanche.

03 mars 2007

Veaux, vaches et cochons.

Le salon de l'agriculture ouvre ses portes aujourd'hui. Les candidats à la présidentielle vont bien sûr y aller. C'est devenu un véritable rite. Mais quel en est le sens? Les agriculteurs ne sont plus qu'une toute petite minorité. Les veaux, vaches et cochons exposés renvoient plus à la nostalgie de la ferme à l'ancienne qu'à la réalité de l'agriculture moderne, industrialisée, où le paysan est plutôt un chef d'entreprise. Même la figure mythique de José Bové, qui a un temps incarné le rural progressiste, est en déclin depuis son entrée dans la bataille présidentielle, où il ne dépasse pas pour l'instant les 1 ou 2%.

On voit parfois les candidats avoir moins d'empressement pour des catégories plus ancrés, plus influentes, plus décisives dans notre société. Que voulez-vous, un rite est un rite. Il est là pour conjurer une peur, en l'occurence l'éloignement de la nature et sa conséquence prévisible, la dénaturation de l'homme. De plus, l'agriculture aura toujours une supériorité dans nos imaginaires, si l'on compare avec l'industrie et le tertiaire: veaux, vaches et cochons, nous les mangeons. Le paysan bénéficiera toujours de cette image nourricière. Un rite est aussi un appel à la vie.

Bon après-midi.

Une déplorable affaire.

Bonjour à toutes et à tous.

Lors de sa conférence de presse à Chambry, mercredi, François Hollande a répondu à une toute dernière question portant sur ... René Dosière et son éviction de la prochaine élection législative, attitude extrêmement rare au Parti socialiste (un seul cas semblable à celui de René ailleurs). Un député sortant est naturellement réinvesti. Seuls les électeurs ont la légitimité, en démocratie, de rejeter un élu, ce qu'ils n'ont pas fait aux dernières législatives avec le député de l'Aisne.

L'affaire est d'autant plus consternante que Dosière a fait un excellent travail de parlementaire, qu'il a même exploré des dossiers inédits (les subsides du président de la République) et qu'il s'est fait nationalement un nom, ce qui n'est pas le cas, loin de là, de tous nos députés. Les reproches qui lui sont faits dans sa section sont indigents: René ne serait pas assez présent dans sa circonscription! Ce que dément évidemment la presse locale du lundi matin quand elle relate la présence du député dans les manifestations du coin.

Qu'a dit Hollande là-dessus? D'abord, il a rendu hommage au travail de René Dosière, ce qui a fait leur sort aux récriminations que je viens d'évoquer. Ensuite, le premier secrétaire a rappelé qu'un vote à une voix demeure valable, en l'absence de toute contestation recevable. Enfin, et c'est le plus important, François Hollande a confirmé que Dosière avait un avenir politique, aux cantonales et aux sénatoriales. On ne peux pas être plus clair.

Permettez moi une dernière remarque sur cette déplorable affaire: une désignation à une voix supplémentaire divise une section et rend difficile une campagne sereine et efficace. On ne peut pas se contenter d'une position purement formaliste, par un simple rappel au réglement. Quand on a un député, on le garde, on ne le congédie pas, sinon on prend le risque élevé de voir la circonscription vous échapper et passer à droite.

Bon samedi.

02 mars 2007

Sed lex.

J'entends souvent critiquer les lois qui ne s'appliqueraient pas. Une au moins, depuis un mois, a prouvé son efficacité, l'interdiction de fumer dans les lieux publics (les débits de boissons ont encore un an pour s'y préparer). Quand on connait l'esprit frondeur des français, nous pouvions douter que cette loi soit réellement suivie. Eh bien oui, la discipline l'a emporté, aucune résistance ou rebellion n'ont été constatées. Bien sûr, la cigarette n'a pas disparu et la vertu n'a pas effacé le vice. Mais les fumeurs acceptent bon gré mal gré de braver le froid et la pluie pour assouvir leur envie.

Je prends l'exemple de mon lieu de travail, le lycée Henri Martin. La salle fumeur n'est plus qu'un souvenir, les profs ont accepté, les élèves aussi, sans perturbations dans l'organisation de la vie de l'établissement. On pouvait craindre des retards dans les classes ou des resquilleurs dans les toilettes. Rien de tout cela ne s'est produit, j'ai demandé un bilan des conséquences de l'application de la loi lors du dernier conseil d'administration.

Depuis bientôt dix ans que je siège dans cette instance, combien de fois avons-nous abordé le problème du tabac dans l'enceinte du lycée, théoriquement interdite à la cigarette depuis la loi Evin? Nous avons discuté, écouté, négocié, imaginé, rien n'a pu y faire. L'interdiction totale, possible, n'a jamais été envisagée, trop brutale, pas assez consensuelle. Il a suffit d'une nouvelle loi d'une implacable rigueur pour que le problème soit réglé.

Qui dira maintenant que les lois ne servent à rien, qu'elles ne sont pas appliquées? Evidemment, le temps a passé, les consciences ont admis que la cigarette posait un problème de santé publique et de liberté individuelle (on n'a pas le droit d'imposer à autrui ses nuisances).

Pourtant, je ne suis pas certain qu'une sourde contestation ne soit pas réelle. Lors du conseil d'administration dont je vous parlais, une collègue (fumeuse) a reconnu le bien fondé de la loi tout en regrettant, sur le mode de l'ironie (mais l'humour est le moyen détourné d'exprimer ce qu'on n'ose soutenir ouvertement), qu'elle soit mise, avec ses camarades fumeurs, au ban de la société. Elle a proposé, plus sérieusement, qu'une sortie fumeur soit aménagée pour que les enseignants qui le souhaitent puissent accéder à une rue où ils ne se mélangeront pas aux élèves (fumeurs)!

Lorsque le proviseur a mis aux voix l'inscription du décret dans le réglement intérieur de l'établissement, quelle n'a pas été ma surprise de voir l'ensemble de mes collègues professeurs s'abstenir! J'en conclus à un rejet refoulé de ce décret et à une réflexion plus générale: le conformisme social est tellement puissant sur certains sujets que les mouvements de contestation restent enfouis, ce qui n'est pas sain en démocratie, où les divergences doivent clairement s'exprimer. J'ai trois exemples à l'esprit:

- Le vote d'extrême droite, condamné par tous, assumé par très peu, et qui existe portant massivement.

- Le rejet de l'euro, masqué au début par l'enthousiasme ludique et historique provoqué par la nouvelle monnaie, et aujourd'hui manifeste dans les remarques sur les augmentations des prix.

- Le rejet des 35 heures alors que les deux premières années de la loi révélaient un engouement certain et des embouteillages le week-end pour les bienheureux bénéficiaires de la fameuse RTT.

Dura lex, sed lex, mais rien n'est jamais complétement et politiquement gagné.

Bonne soirée.

Votez Polnareff.

Bonjour à toutes et à tous.

34 ans après, il revient. Michel Polnareff sera ce soir à Bercy pour un premier concert. Il revient et je me souviens. Entre enfance et adolescence, autour des années 1971-1973, je fredonnais ses chansons, qui ne m'ont plus depuis quitté. Ne croyez pas que ce blog tourne au journal intime. Nous sommes plus que jamais dans un journal politique, car Polnareff, c'est trois choses:

- Le début de la société contemporaine qui faisait craquer le carcan gaullo-pompidolien, la revendication de l'amour libre, la contestation de la morale établie, Mai 68, le mouvement hippy, toute chose qui constitue un précieux héritage pour lequel il faut encore se battre aujourd'hui, car la droite ne l'a toujours pas accepté. Le mariage homosexuel par exemple divise dans la présente campagne la gauche et la droite.

- L'Amérique, puisque Polnareff s'est exilé longtemps aux Etats-Unis. A rebours de l'anti-américanisme sommaire, la gauche doit s'interroger sur le formidable dynamisme de ce pays, sa capacité à attirer nos créateurs, nos savants et nos intellectuels, son hégémonie culturelle par exemple à travers la diffusion mondiale de la pop music.

- Enfin, quand on voit Polnareff ce soir sur scène, le look resté le même, cheveux longs, bronzé et musclé, à 62 ans pourtant, comment ne pas se dire qu'il incarne aujourd'hui comme hier une révolution, dans les années 60 la prise de pouvoir des jeunes, dans les années 2000 la prise de pouvoir des vieux! Mais est-on vieux quand on a ce physique et cet état d'esprit? Bien sûr que non!
La bonne nouvelle que nous apporte Polnareff, qui vaut bien les promesses d'un programme politique, c'est que la vieillesse peut être repoussée d'au moins 15 ans et que ce n'est pas rien dans le cours d'une vie. Tous les projets de société doivent désormais prendre en compte ce tournant historique aux conséquences majeures.

Alors, cher(e)s ami(e)s, allons voir ou réécoutons le grand Michel. Et avant de voter Ségolène Royal dans 50 jours, votez Polnareff!

Bon après-midi.

01 mars 2007

Hyperactif, hyperaffectif.

L'affaire de l'appartement de Nicolas Sarkozy, acquis selon Le Canard Enchainé à un prix inférieur à celui du marché, doit-il être l'objet d'un commentaire politique? Entendons-nous bien: l'information, vraie ou fausse, relève de la vie privée du candidat, elle n'a pas à devenir un argument politique.

En revanche, les réactions du candidat à cette affaire me semblent mériter un commentaire. Nicolas Sarkozy, au lieu de laisser faire ses porte-parole, a interpellé directement et de façon inhabituelle les journalistes, s'est déclaré "blessé", a dénoncé le "caniveau" de la campagne, a recherché de Madrid, où il se trouvait pour une importante déclaration de politique étrangère, les factures justifiant son achat et l'installation d'un escalier!

Vous me direz: bravo, très bien, la victime se défend. Non, je ne vois pas les choses ainsi. Sarkozy en fait trop dans la réaction, il la "surjoue", comme on dit aujourd'hui. La vie publique est semée de ce type d'affaires, dont un régime démocratique permet la libre expression. Si l'information est fausse, elle ne mérite que le mépris ou l'indifférence, et pas la dramatisation . Si l'offensé prend la chose au sérieux, il peut traiter l'affaire devant la Justice, poursuivre la presse pour diffamation, ce que l'intéressé pourtant se refuse de faire.

Que le débat politique reprenne donc son cours normal, que la presse satirique poursuive librement ses investigations, que chacun retrouve son calme et sa place.

Bonne fin d'après-midi.