L'Aisne avec DSK

28 décembre 2006

A propos du FN.

Bonjour à toutes et à tous.

Dans Libération du 21 décembre, deux enseignants de Sciences-Po, Dézé et Missika, étudient et relativisent les résultats d'un sondage apparemment alarmiste sur le vote Le Pen, de plus en plus puissant. Je résume: le vote Le Pen est élevé, et suffisament pour qu'on s'en inquiète fort, mais il demeure stable, pas de quoi donc paniquer.

L'explication: tout dépend de quels thèmes "frontistes" on parle. Par exemple, en octobre 1985, 24% approuvent Le Pen dans "la défense des valeurs traditionnelles" et 43% le désapprouvent. En décembre 2006, ils sont certes 39% à l'approuver mais 53% à le désapprouver. Même phénomène avec "la sécurité et la justice": en 1985, 29% approuvent et 44% désapprouvent; en 2006, on obtient respectivement 32% et 56%. Bref, il ne faut oublier aucun chiffre d'un sondage et se concentrer sur l'évolution des "sans opinion".

Prenons l'immigration, thème hélas fétiche du FN: 51% ne sont pas d'accord avec Le Pen en 1985 et... 69% aujourd'hui! La progression est spectaculaire et c'est tant mieux. Et l'approbation? Elle passe de 31% à... 24%. Ce n'est tout de même pas rien, sur l'un des fondamentaux du FN, sinon son cheval de bataille principal.

Voilà, le danger est toujours là, la vigilance ne doit pas baisser mais nous avons aussi quelques sérieuses raisons d'espérer, dont je voulais vous faire part à l'approche de la nouvelle année.

Bonne journée.

27 décembre 2006

L'économie intelligible et intelligente.

Bonsoir à toutes et à tous.

Avec la presse, ne pouvant pas tout lire au jour le jour, j'ai pris l'habitude de sélectionner les articles les plus intéressants que je consulte... plus tard, quand j'ai le temps. Et je crois qu'il faut prendre son temps, ne pas vivre dans l'instant et encore moins dans l'urgence.

Aujourd'hui, j'ai repris un article paru dans Libé le 29 novembre, une interview de Bernard Maris, dont j'apprécie tout particulièrement les analyses dans Charlie-hebdo. Il sait rendre l'économie limpide et intelligible, non technocratique. Il vient de publier le tome 2 de son Antimanuel d'économie et livre à Libé quelques pensées que je vous soumets:

" C'est quoi la perfection de l'efficacité? La mort de l'efficacité car trop d'efficacité tue l'efficacité. Trop de recherche de gain de temps tue le temps. C'est la dernière rareté, le temps."

"Aujourd'hui, l'ennemi est partout. Du collègue de bureau au travailleur textile chinois en passant par le plombier polonais. La notion de lutte des classes a explosé: elle est aussi forte dans la classe qu'entre les classes."

"L'anticapitaliste par excellence, c'est le chercheur. Il ne peut pas être dans la compétition. (...) La création, c'est l'antimarché. C'est ne pas savoir où aller quand le marché nous dit que c'est là qu'il faut aller."

"Formidable civilisation que celle où le déchet est la première marchandise!"

"Pour créer de la richesse, il faut de la gratuité, de la beauté inutile."

Stimulant, non? Attention, je ne dis pas que je suis toujours d'accord avec Maris. Sa foncière hostilité à la mondialisation n'entraine pas nécessairement mon adhésion. Mais je soutiens qu'il est en France l'un des rares écomomistes qui ne se contente pas de "faire de l'économie" mais qu'il fait avant tout réfléchir. Et j'aime ça!

Bonne soirée.

26 décembre 2006

Autonomie, mobilité et pouvoir d'achat.

Bonjour à toutes et à tous.

Je profite de ces vacances pour lire ou parcourir les ouvrages qui s'accumulent et que je n'ai pas eu le temps de consulter jusqu'à maintenant, par exemple la "Francoscopie 2007" du sociologue Daniel Mermet. C'est instructif et quelques idées fausses sont remises en cause. J'en citerai trois:

- Non, notre société n'est pas individualiste, si l'on en croit la valeur primordiale accordée à la famille. Avec Mai 68 et la revendication de l'autonomie personnelle, nous pouvions penser (et espérer?) que la famille serait reléguée au rang des vieilleries. C'est tout le contraire qui se produit.

- Non, la mobilité n'est pas la réalité que promettent et promeuvent les "modernistes". Le temps passé à la maison s'accroit et le pourcentage de familles qui déménagent diminue. Les français sont de plus en plus casaniers. Ceux qui ont des activités publiques le savent: il est devenu difficile de faire sortir les gens de chez eux.

- Non, le pouvoir d'achat ne diminue pas, et c'est sans doute le constat que nous aurons le plus de mal à admettre. Mermet montre que le revenu disponible des ménages, après charges sociales et impôts, augmente depuis 1970. Depuis cette date, en monnaie constante, il a plus que doublé, sa croissance est de 1 ou 2% en moyenne par an. Là encore, l'expérience va dans ce sens: en ces périodes de fêtes, la consommation fonctionne à plein, il suffit d'aller dans une grande surface. Voyez aussi les départs encombrés en vacances de ce week-end.
En revanche, les français ont le sentiment, grandissant, que leur pouvoir d'achat diminue. Alors? Mermet avance deux explications:
- le temps libre, qui s'est accru de 15%, coûte cher.
- les écarts de revenu, qui avaient tendance à se resserrer depuis les années 80, se sont figés.

J'attends vos réflexions et vos réactions...

Bonne journée.

25 décembre 2006

Joyeux Noël?

Bonjour à toutes et à tous.

En ce jour de Noël, je relis le sondage BVA-Emmaüs- l'Humanité sur les sans-abris. Les résultats sont stupéfiants. 48% pensent qu'ils pourraient un jour devenir SDF. 48%! Dans un talk show, Jean-Jacques Beneix a parlé de "névrose sociale". Je crains en effet que la France en soit venue là. Objectivement, être SDF ne menace qu'une petite minorité, et c'est déjà trop.

Mais que des personnes, près de la moitié des français, vivant dans une relative sécurité et même un certain confort, en viennent à redouter le pire de la déchéance sociale, voilà qui en dit long sur la crise morale que traverse notre pays. Car il n'y a pas que la crise économique. Celle-ci sévit depuis maintenant un quart de siècle et c'est la première fois qu'elle produit des réactions aussi angoissées et désespérées.

Les ouvriers sont touchés par cette peur à 74% et les 35-49 ans, l'âge de la maturité et de tous les projets, à 62%. Comment une société qui vit dans l'inquiétude et la désespérance pourrait-elle se redresser, affronter positivement l'avenir? DSK a eu raison de faire campagne sur la confiance, l'optimisme, l'espoir, sans lesquels aucune sortie de crise ne sera possible.

Je retiens aussi de ce sondage la cause principale qui conduit à la pauvreté: le surendettement. Là encore, la réponse est riche d'enseignements politiques. Pendant des millénaires, la pauvreté résultait du manque de richesses, aujourd'hui de leur abondance. La société d'hyper-consommation suscite toutes les envies, y compris celles qu'on ne pourra jamais financièrement satisfaire et qu'on réalise malgré tout en s'endettant lourdement et durablement, au grand profit de certains organismes. Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, on devient pauvre à force de vouloir être riche.

Un point positif pour terminer: dans une opinion souvent en quête d'ordre et d'autorité, la demande de répression envers les SDF ne représente que 5% alors que l'augmentation du nombre des travailleurs sociaux est plébiscitée à 92%. Le jour de Noël, il n'est pas interdit d'espérer.

Bon Noël à toutes et à tous.

24 décembre 2006

Electron libre.

Je vous parlais hier de Bernard Tapie et ses égarements. Un autre Bernard s'y met, Kouchner cette fois: il n'exclut pas de rejoindre Sarkozy dans un "gouvernement d'union nationale". Allons Bernard...
Tapie est un aventurier de la finance et de la politique, Kouchner, c'est tout de même autre chose, un ancien militant, un médecin du monde, l'inventeur du droit d'ingérence. Pas lui, pas ça... Alors pourquoi?

Parce que le Parti socialiste a du mal à intégrer des personnalités qui ne s'inscrivent dans aucun courant, qui sont comme on dit curieusement des "électrons libres". Un temps, Bernard se sentait proche de DSK. Quel dommage qu'il ne soit pas resté dans notre sensibilité, où il avait toute sa place! Kouchner est un authentique progressiste, homme d'idées et d'action, qui a occupé de hautes responsabilités et qui a été et demeure l'un des hommes les plus populaires en France. Les socialistes ne peuvent pas se passer d'une telle personnalité.

Je regrette sa mise à l'écart aussi fortement que je regrette sa dernière prise de position. Un "gouvernement d'union nationale", ça ne veut rien dire, sauf en temps de guerre, et encore... Le ressentiment n'a pas sa place en politique. Faire des offres de service à quelqu'un si éloigné des préoccupations profondes de Kouchner, ça ne tient pas. Reviens-nous vite, Bernard!

Bonne soirée de réveillon à toutes et à tous.

Hommage à Robert Fabre.

Bonjour à toutes et à tous.

Qui se souvient encore de Robert Fabre, à l'heure de sa disparition? C'était dans mes jeunes années soixante-dix, le PRG était le MRG, son symbole le sapin, son leader un pharmacien à l'accent chantant, Robert Fabre. C'était surtout le 3ème partenaire, le plus petit parti de la puissance Union de la Gauche. Avec lui, c'était un peu les commercants, le centre-gauche, le bon vieux et rassurant radical-socialisme qui ralliaient les enfants terribles du Programme commun, tout de rouge et de marxisme vêtus.

Et rassurer, il le fallait, à une époque où le Ministre de l'Intérieur affirmait sans rire que la victoire des "socialo-communistes" verrait défiler les chars soviètiques sur les Champs Elysées! Je me souviens aussi qu'à l'époque, drôle d'époque, les trotskystes de l'OCI dénonçaient les "ministres bourgeois" du MRG, demandant à ce que ce parti soit exclu de l'Union de la Gauche. Toujours aussi marrants, les lambertistes!

N'empêche qu'il a fallu un certain courage à Robert Fabre pour parapher le Programme commun en 1972, alors qu'une partie des radicaux allaient rallier le moderniste et faussement progressiste VGE. Et je me souviens encore (j'avais 17 ans!) de cet autre courage de Robert Fabre au moment de la rupture de l'Union de la Gauche, lorsqu'il a damé le pion à Georges Marchais devant les caméras de télévision, osant prendre la parole à sa place pour dire son fait au terrible secrétaire général du grand Parti communiste français. Incident suivi quelques jours après d'un débat à la télévision opposant les deux protagonistes autour de l'actualisation du Programme commun, du jamais vu à la télé, deux leaders de gauche se tutoyant, s'interpellant devant des millions de spectateurs... Je sais, c'est loin, très loin, mais je dois à ces événements ma culture politique. Adieu donc Robert Fabre.

Bon dimanche.

23 décembre 2006

Tapie version Sarkozy.

Bonjour à toutes et à tous.

Il y a quelques jours, je m'amusais de voir un homme de droite plagier un homme de gauche. J'ai la désagréable surprise de constater l'inverse aujourd'hui. Bernard Tapie, ministre de François Mitterrand, responsable du Parti radical de gauche, avoue une faiblesse pour Nicolas Sarkozy tout en ayant la prudence de saluer l'intelligence de Ségolène Royal. Il n'empêche que pour lui, et pour le moment, c'est lui et non elle! J'espère que le PRG, s'il ne l'a déjà fait, va réagir.

Je me souviens d'une élection européenne où la tête de liste Tapie, en concurrence avec celle du PS, avait desservi Michel Rocard. Certes l'homme d'affaire n'a plus la superbe d'autrefois mais il y a des actes politiques qui ne s'oublient pas.

Et pour quelle raison Bernard en pince-t-il pour Nicolas? Parce que Ségolène a été rejoint par Jean-Pierre (Chevènement) et que ce ralliement contrarie l'engagement européen de Bernard. Mouais... Sarkozy ne brille pas par un européisme très fervent. Mais laissons le ministre de l'Intérieur avec ses nouveaux amis, Doc Gynéco, Johnny Haliday, Pascal Sevran et maintenant Bernard Tapie.

Bon week-end de Noël.

22 décembre 2006

Echec du néocommunisme.

Bonjour à toutes et à tous.

Normalement, en tant que socialiste, je devrais me réjouir de l'échec d'une candidature unique des antilibéraux. L'émiettement à la gauche du PS renforcera celui-ci, c'est certain. Le vote utile fera ses effets, la hantise du 21 avril aussi.

Pourtant, je ne suis pas satisfait. A côté de la gauche social-démocrate, il existe, depuis longtemps, une autre gauche, qu'on appellera comme on voudra, radicale, révolutionnaire, néocommuniste, ce dernier adjectif ayant ma préférence. Car il s'agit bien, sur les décombres du soviètisme et en compagnie de ceux qui l'ont combattu, les trotskystes, de recréer un mouvement qui puise à la même inspiration, anticapitaliste, égalitariste et internationaliste.

Tout strauss-kahnien que je suis, je partage bon nombre de valeurs et de combats avec cette autre gauche, mais les analyses et les propositions divergent profondément. Quoi qu'il en soit, ce néocommunisme s'inscrit dans une tradition française qui doit avoir toute sa place à gauche. Et je n'oublie pas qu'au 2ème tour de la présidentielle, c'est aussi avec eux, non contre eux, que les socialistes gagneront.

Hélas, le néocommunisme s'est sabordé, par le maintien de la candidature communiste, qui de ce fait ne pouvait rassembler. Le PCF veut gagner les élections pour préserver ses élus, la LCR veut faire la révolution pour satisfaire ses militants. L'échec était joué d'avance. La présidentielle oblige à une personnalisation à laquelle est rétive l'autre gauche. Le résultat du référendum de l'an passé a nourri de faux espoirs et de mauvaises analyses. Mais le néocommunisme n'est pas mort, rien ne meurt vraiment en politique. Nous le retrouvons, il faudra bien faire avec.

Bonne fin d'après-midi.

20 décembre 2006

Sarkozy version Jospin.

Bonsoir à toutes et à tous.

Sarkozy s'adresse à "la France qui souffre", il prend la parole devant des ouvriers qui portent des casques, pour que l'on comprenne bien qu'il s'agit d'ouvriers. Emporté dans son élan social, Sarkozy annonce qu'élu président il n'y aura plus un seul SDF en France. Nous sommes entrés dans l'hiver et les grands froids, le thème de la grande pauvreté réapparait, redevient médiatique. Sarkozy se sent donc obligé de communiquer sur ce sujet.

Plus aucun SDF en France? Qui se souvient que ce fût l'un des thèmes de campagne de Lionel Jospin en 2002? Je le sais, j'ai fait campagne là-dessus. Et je me souviens de ce que bien des électeurs me rétorquaient: les socialistes ne pensent qu'aux pauvres, ils délaissent les classes laborieuses. Pourtant, nous avions raison: la grande pauvreté est un scandale dans une société riche, il faut tout faire pour la résorber. Zéro SDF, oui c'était un bon slogan, mais il nous a fait perdre les élections.

Alors, voir Sarkozy sur les traces de Jospin fait sourire. N'a-t-il pas dit que "tout est possible"? C'est sur ce point une différence avec Jospin, qui soutenait en 2002 que "l'Etat ne peut pas tout". Je n'ai jamais compris que cette formule de bon sens ait suscité une telle polémique. Gouverner, c'est choisir, comme le pensait Pierre Mendès-France. Choisir de lutter contre la misère est une priorité politique. Mais affirmer que tout est possible est une imposture.

Bonne nuit.

18 décembre 2006

Johnny s'en va t'en Suisse.

Bonsoir à toutes et à tous.

Johnny Haliday, après vouloir la nationalité belge, cherche à devenir citoyen suisse. La raison? Payer moins d'impôts. Pourquoi pas. C'est son droit. Il ne contrevient pas à la loi. Quand on est riche, on paie beaucoup d'impôts et on veut donc en payer moins. C'est sans doute peu citoyen mais c'est très humain. Combien le font, dont on ne dit rien parce qu'ils ne s'appellent pas Johnny Haliday?

En revanche, la lecture politique que fait Nicolas Sarkozy du fait divers est révélateur de l'idéologie de droite. En gros, il nous dit qu'il faut comprendre Johnny, que le geste n'est pas recommandable mais qu'il s'explique: trop d'impôts font fuir les talents à l'étranger. Et Sarkozy de rappeler qu'il est pour la suppression des droits de succession.

Réfléchissons un peu. Après avoir payé ses impôts, Johnny est-il sur la paille? Non, sinon ça se saurait, depuis le temps qu'il gagne beaucoup d'argent. Simplement, il en veut encore plus. Qu'un homme politique se serve d'une réaction purement intéressée pour en faire une théorie, c'est proprement inadmissible.

Se plaindre du sort des riches et envisager d'alléger leur contribution à la solidarité nationale, voilà le programme de Nicolas Sarkozy. Qu'on ne l'oublie pas.

Bonne nuit.

17 décembre 2006

Autour de DSK.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je me suis retrouvé ce matin à Paris, porte de Choisy, avec René Dosière et Pierre Lenoble, avec tous nos amis du courant "socialisme et démocratie", autour de DSK. Beaucoup de monde et un DSK en pleine forme, écoutant attentivement pendant plus de trois heures les analyses et les propositions des uns et des autres après ces semaines de campagne interne et la victoire de Ségolène Royal. Aucune amertume dans les interventions, à peine de la déception mais de la détermination à revendre.

Au nom des strauss-kahniens de l'Aisne, j'ai présenté la synthèse du questionnaire que l'équipe nationale nous a adressé et que vous avez bien voulu me retourner. Nos camarades de l'Oise, que je n'avais pas le plaisir de connaitre, ont pris contact avec nous et nous avons brièvement envisagé des actions communes dans le cadre régional. A suivre.

DSK a conclu la rencontre par trois recommandations, qui reflètaient parfaitement l'état d'esprit et les propos des participants:

- l'objectif présent est de gagner la présidentielle, de soutenir Ségolène Royal en restant nous-mêmes. Cette campagne doit être notre campagne, dans laquelle nous serons au premier rang.
- il faut poursuivre ce que nous avons mené durant la campagne interne, l'affirmation de notre identité social-démocrate. Ce concept s'est popularisé, plus personne ne le rejette. Nos idées ont vocation à devenir majoritaires au sein du PS.
- nous devons, en tant que sociaux-démocrates, nous ouvrir, nous organiser, nous renforcer, occuper l'espace social-démocrate dans le Parti mais aussi à l'extérieur du Parti. Pas question de se renfermer sur nous-mêmes. L'heure n'est pas à la constitution d'un courant (au sens le plus restrictif) mais au développement d'un mouvement, celui de la social-démocratie, porteur d'avenir parce que socialisme qui a réellement réussi. Un "manifeste social-démocrate" viendra dans les prochains mois concrétiser l'élan de ce mouvement.

Bonne soirée.

16 décembre 2006

Drôles de démocrates.

Bonjour à toutes et à tous.

L'UMP tient ses forums pour désigner son candidat à la présidentielle. Ca ressemble beaucoup aux débats entre les trois postulants socialistes mais dans l'apparence seulement. Car à droite, le vainqueur est connu avant d'être désigné. D'ailleurs, il n'y a qu'un seul candidat, lui, le vainqueur quasi auto-proclamé, Nicolas Sarkozy. Et Alliot-Marie? Elle est bien sûr présente mais elle ne déposera sa candidature qu'après les débats. Et Dupont-Aignan? Lui a déposé sa candidature avant et en dehors des débats. Drôles de démocrates!

Imaginez un instant qu'au PS Fabius se soit présenté en dehors du Parti, que DSK ait attendu la fin des débats pour se porter candidat et que Ségolène ait été la gagnante avant même le vote. C'est l'UMP aujourd'hui.

La gauche anti-libérale n'a pas trouvé le week-end dernier son candidat. Pourtant, elle a voté, dans un scrutin il est vrai complexe (à tel point que j'ai du mal à vous l'expliquer). Marie-Georges Buffet l'a semble-t-il emporté. Mais le résultat n'a pas plu à tout le monde, donc la gauche anti-libérale (moins José Bové, la LCR et l'extrême gauche) va se retrouver et... revoter.
Drôles de démocrates.

Aux uns et aux autres, je rappelle que la démocratie doit se caractériser par la simplicité de son fonctionnement et la clarté de son résultat. On fait appel à candidatures, on vote et on retient celui qui a obtenu la majorité. Aux et aux autres, je dis: prenez donc modèle sur le Parti socialiste!

Bon week-end.

06 décembre 2006

Saint-Nicolas.

Bonsoir à toutes et à tous.

Lorsque je vous disais qu'un autre Nicolas concourrait à la présidentielle (Hulot après Sarkozy), je me trompais. Il y en a un troisième, qui s'est déclaré aujourd'hui, Dupont-Aignant. Il se veut l'héritier du gaullisme, rien que ça. Preuve que Sarkozy ne l'incarne pas, ce qu'on savait déjà et depuis un certain temps. Donc, après De Gaulle, Dupont, qui n'y va pas de main morte: le quasi candidat de l'UMP est à ses yeux "un libéral et un atlantiste". Et c'est quelqu'un de l'UMP qui le dit!

Le candidat "gaulliste et républicain" annonce sa candidature à la magistrature suprême le jour de la ... saint-Nicolas. La droite aime les fêtes et anniversaires. La semaine dernière, le premier Nicolas (Sarkozy) a déclaré aussi sa candidature un jour d'anniversaire, mais pas le sien, celui de Chirac, ce qui parait-il n'était pas volontaire, l'annonce devant se faire le lendemain. Patatras!

On le constate, les gaullistes, néo-gaullistes, pseudo-gaullistes sont pris dans des considérations tactiques de la plus haute importance. Il y en a un qui doit bien rigoler, le seul gaulliste authentique de France, qui ne s'appelle pas Nicolas mais Charles.

Bonne nuit.

05 décembre 2006

Candidat surprise?

Bonjour à toutes et à tous.

Je vous recommande la lecture de Politis de cette semaine. Notre camarade Mélenchon analyse la situation au PS après la désignation de Ségolène Royal. La couverture du magazine est édifiante: et si c'était lui? Lui Mélenchon, candidat unitaire des antilibéraux, puisque ceux-ci sont à la peine pour s'entendre sur un nom.

Et que répond Jean-Luc Mélenchon? Il ne dit pas non, sous-entend qu'au nom du devoir, éventuellement,... Jean-Luc nous a déjà habitués à ne pas respecter les règles du Parti, pendant la campagne référendaire sur la Constitution européenne. Va-t-il récidiver? Qu'il y songe, qu'il ne l'exclut pas est en soi inacceptable. Mais comment quelqu'un d'aussi intelligent ne comprend-t-il pas que jamais un communiste ou un trotkyste ne se rangera derrière un néo-fabiusien, même rebelle?

Hormis cela, Mélenchon fait une analyse très juste de ce qui arrive actuellement au PS, c'est-à-dire la fin d'un cycle qui avait commencé avec Mitterrand à Epinay en 1972. Là où je me sépare de lui, c'est qu'il ne pousse pas assez loin l'analyse. Il ne sert à rien de déplorer ce qui se passe aujourd'hui (la remise en cause de certains fondamentaux socialistes). Il faut se demander pourquoi.

Ce que Jean-Luc ne voit pas ou plutôt a du mal à admettre, c'est que le Parti a changé parce que la société a changé. L'engouement en faveur de Ségolène Royal est un mouvement de fond de l'opinion et du Parti en faveur d'une rénovation du socialisme. Ce mouvement, il faut que le PS sache collectivement y répondre, derrière la candidate qu'il s'est donné. Le courant de DSK contribuera autant qu'il est possible à cette redéfinition de la gauche, dans laquelle il ne faut bien sûr pas oublier son aile antilibérale, sans cependant s'y soumettre.

Bon après-midi.

03 décembre 2006

L'autre Nicolas.

Bonjour à toutes et à tous.

Nicolas Sarkozy fait beaucoup parler de lui mais un autre Nicolas progresse dans l'opinion et a sûrement de beaux jours devant lui, Nicolas Hulot. Après les déclarations de candidature des "grands" et avant le lancement de la campagne officielle, un temps de relative vacance sera propice à des candidats "autres". Nicolas Hulot fait partie de ceux-là.

Sa popularité d'animateur de télévision est réelle. L'engouement que suscite sa candidature vient des vrais problèmes qu'elle met en avant. En trente ans, l'écologie est passée de la défense de l'environnement et du cadre de vie à quelque chose de beaucoup plus vital puisqu'il s'agit de l'avenir de la planète et de la survie de l'espèce humaine. Voyez le succès du film de Al Gore. Comment de telles préoccupations pourraient-elles être absentes du grand rendez-vous politique que sont les élections présidentielles?

Cependant, j'ai des réserves sur la candidature de Nicolas Hulot. Celui-ci ne veut pas faire de l'écologie un enjeu politique. Il récuse autant la gauche et la droite que le centre et les extrêmes. Bref, il ne se situe nulle part, ce qui fait sans doute qu'il plaît un peu partout. Je ne crois pas à cet état d'apesanteur politique. L'écologie ne doit pas, ne peut pas être séparée de l'économie, du social. Elle est même un enjeu de politique étrangère.

Par conséquent, je ne souhaite pas que l'écologie soit réservée à une candidature spécifique, en quelque sorte spécialisée. Chaque parti doit se saisir des préoccupations écologistes et y répondre à sa façon. Les Verts ont ce mérite d'inscrire l'écologie dans une perspective politique. DSK l'a introduit dans sa politique de croissance et de développement.

Nicolas Hulot n'a qu'un désir, paradoxal et rare en politique: ne pas être obligé de se porter candidat parce que les autres candidats auront repris ses idées. C'est tout le mal que je lui souhaite.

Bon dimanche.

02 décembre 2006

L'illusion Bayrou.

Bonsoir à toutes et à tous.

François Bayrou a annoncé aujourd'hui officiellement sa candidature à l'élection présidentielle. Les sondages lui prédisent entre 6 et 12% des intentions de votes, ce qui est un joli pactole électoral. Déjà, en 2002, il avait réalisé un prometteur 6%. Médiatiquement, il a fait sa place, trouvé son style, imposé une image. Bayrou a des troupes, l'UDF, dont les rangs sont modestes mais réels.

Surtout, le béarnais peut plaîre, pas autant que Royal et Sarkozy bien sûr, mais il peut plaîre. Ni à droite, ni à gauche, contre la droite, contre la gauche, oui ce discours peut plaîre parce qu'il a par le passé déjà séduit. Comme l'extrême droite et l'extrême gauche, François Bayrou dénonce le "système", les media, l'argent. Mais lui est d'extrême centre.

Mon avis? Je ne crois absolument pas en cette candidature. La démocratie-chrétienne de Bayrou n'a pas plus d'avenir en France que le trotskysme de Besancenot. Faire des voix oui éventuellement, représenter une alternative politique crédible non. Bayrou plaît parce qu'il dénonce les politiciens dont il fait pourtant partie. Mais que propose t-il? Son discours moral est en phase avec certaines attentes de l'opinion. Mais on ne fait pas de bonne politique avec des leçons de morale.

François Bayrou, c'est l'illusion, celle d'échapper à un paysage politique qui s'organise depuis deux siècles autour de deux forces, la droite et la gauche, le conservatisme et le progressisme, l'ordre et le changement. Ces deux forces, certes, se renouvellent et englobent d'autres forces politiques. Mais leur réalité est là et il est illusoire de vouloir la nier. François Bayrou aura beau se déporter vers la gauche, il retombera toujours à droite.

Bon week-end.