L'Aisne avec DSK

30 septembre 2010

Un candidat de gauche.

Bonsoir à toutes et à tous.


Le Conseil municipal de Saint-Quentin se réunira lundi en séance extraordinaire pour élire son nouveau maire, après la démission de Pierre André pour raisons de santé. Le résultat est connu d'avance : c'est Xavier Bertrand qui lui succédera, et pas une voix, à coup sûr, ne lui manquera. Le système est bien rodé, il a fait le succès de la droite saint-quentinoise, le sénateur-maire le rappelle encore dans L'Aisne Nouvelle d'aujourd'hui. Dans ces conditions, l'opposition doit-elle présenter un candidat ?

Pour moi c'est oui, sans aucune hésitation. Le fait que l'issue du vote soit sans surprise n'est pas un argument. S'il ne fallait, en politique, ne mener que les batailles qu'on va gagner, on ne se battrait pas souvent. Et puis le problème n'est pas là : il n'y aura pas d'affrontement c'est certain, mais il faut absolument que face à Xavier Bertrand, chef de l'UMP, une voix très politique s'exprime, se présente comme une alternative, prépare l'avenir. J'attends un discours offensif et qui soit à la hauteur de l'événement. Car désormais, avec Xavier Bertrand aux commandes, les médias et les observateurs nationaux vont se porter sur Saint-Quentin. La gauche doit relever ce défi.

Qui de l'opposition doit se présenter au poste de maire de Saint-Quentin ? Je ne sais pas, ce n'est pas à moi de faire ce choix. Nora Ahmed-Ali, représentante des Verts, a proposé que ce soit une femme. Peut-être, pourquoi pas. Mais le sexe ne suffit pas. Comme pour chaque élection, une seule question se pose : qui est le meilleur candidat pour incarner la gauche, la rendre crédible, rassembler et redonner espoir à son électorat et au delà ? Si nous ne sommes pas capable de répondre à cette question, il faudra alors aller chercher ailleurs notre leader. Je ne le souhaite pas.


Bonne soirée.

Combattre et proposer.


29 septembre 2010

Une question de temps.

Bonsoir à toutes et à tous.


Pierre André fait encore l'actualité, avec deux grosses interviews dans L'Union et le Courrier Picard. Autour de moi, dans les conversations, même à gauche, les réactions sont positives : le sénateur-maire de Saint-Quentin est loué pour son courage, sa capacité de dialogue, son esprit d'ouverture et son sens républicain. Tout le monde s'incline devant sa performance des trois mandats successifs. En revanche, l'arrivée de Xavier Bertrand inquiète : il est perçu comme beaucoup plus raide, politicien et droitier. Bref, il y a le gentil Pierre et le méchant Xavier.

Je m'en amuse. Pourquoi ? Parce qu'il y a trois ans, au moment de la préparation des élections municipales, c'est exactement la position que je défendais : ne pas mettre les deux hommes dans le même sac même si tous les deux appartiennent à l'UMP, distinguer l'élu local qui a développé la ville et le politique national au service de son parti. A l'époque, cette nuance m'a été reprochée, jusqu'à m'attribuer par les plus sectaires une faiblesse envers Pierre André, perçu comme brutal, méprisant et fermé. Mais aujourd'hui, ce sont eux qui reprennent à leur compte cette distinction !

A entendre ce qui se dit, si Pierre André se présentait aujourd'hui, ce n'est pas 71% comme en 2 001 qu'il rassemblerait sur son nom mais 80% ! Imaginez un peu qu'il nous ait bluffés, que ce soit une fausse sortie à la Columbo : nous assisterions alors à un véritable sacre. Après tout, Pierre André n'a nullement renoncé à la vie politique, en conservant ses mandats de sénateur et de président de l'agglomération (entre maire et président de l'agglo, le mandat le plus important n'est peut-être pas celui qu'on croit).

Puisque les événements me donnent raison, j'espère que ça va continuer. Je suis persuadé que dans deux ans, les alliances avec l'extrême gauche seront reconnues mauvaises, politiquement incohérentes et sans avenir possible. Dans quatre ans, je serais probablement plébiscité pour conduire la liste socialiste aux élections municipales. Finalement, faire admettre la vérité n'est qu'une question de temps.


Bonne soirée.

28 septembre 2010

Revue de presse.





Bonjour à toutes et à tous.


La presse locale de ce matin met évidemment à la une l'événement, la démission du maire de Saint-Quentin, Pierre André. "C'est une page de l'histoire de Saint-Quentin qui se tourne", comme le déclare le futur maire Xavier Bertrand dans L'Union. Le journal rapporte les rumeurs qui donnaient Monique Ryo ou Pascale Gruny comme successeurs possibles. C'est invraisemblable mais la rumeur est ainsi, elle exprime souvent un déni de la réalité : de fait, Bertrand est le meilleur et la droite saint-quentinoise ne peut que choisir le meilleur. Pourquoi certains se sont-ils torturés l'esprit avec des raisonnements compliqués, des stratégies aberrantes et des supputations hasardeuses ?

L'Union rappelle aussi à quel point Pierre André est resté politique, c'est-à-dire offensif, jusqu'à sa dernière déclaration devant son Conseil municipal, taclant le Conseil général et le Conseil régional sur la hausse de la fiscalité. Monique Ryo a repris cette attaque dans la soirée, à propos des réductions de subventions aux associations par ces deux collectivités. L'opposition n'a pas relevé. Autant vous dire, connaissant un peu le sujet, que je ne suis pas d'accord avec ces interventions.

Toujours dans L'Union, Jean-Michel Roustang fait une excellente analyse des rapports entre Pierre André et Xavier Bertrand, deux hommes dissemblables qui ont eu l'intelligence politique de s'entendre. Les triomphes de la droite saint-quentinoise depuis quinze ans sont dus en grande partie à cette indéfectible entente. Quand on sait combien la politique est sujette à fâcherie, règlement de compte personnel, rapport de force et vengeance, on ne peut qu'être admiratif devant la longévité et la redoutable efficacité de ce couple. Ce qui fait dire à Roustand, sur le mode interrogatif, que ce sont "deux hommes qui auront prouvé que l'on peut faire de la politique sans forcément tuer son prochain". Si ça pouvait être vrai partout ...

L'Aisne Nouvelle affiche en première page une magnifique photo du départ de Pierre André. A l'intérieur, elle joue le suspense quant au nom du futur maire : "si le favori de Pierre André semble irrésistible, une surprise reste toujours possible". Mais qui ? Vincent Savelli ? Il avait dénoncé violemment Xavier Bertrand et claqué la porte de l'UMP. Alors pourquoi pas se porter candidat ? Mais non : "je soutiendrai Xavier Bertrand". Savelli est à droite comme moi je suis à gauche : libre et critique mais fidèle. Freddy Grzeziczak, qu'on voit ces temps-ci candidat un peu partout, le serait-il pour le poste de maire ? Non plus ! "Il faut pour ce poste quelqu'un à l'envergure nationale", et Freddy n'en est pas encore là.

C'est donc vers l'opposition que L'Aisne Nouvelle s'est tournée. Il serait légitime que celle-ci présente un candidat, pour démontrer qu'elle existe, qu'elle offre une alternative possible, même si le résultat est connu d'avance. Mais qui dans l'opposition ? C'est plutôt l'hésitation et le désabusement qui prédominent, sauf chez la représentante des Verts, Nora Ahmed-Ali : "je pense que l'opposition doit présenter une femme", en regrettant que Pierre André ait porté son choix sur un homme. Nora songe-t-elle à elle ?

Le Courrier Picard note que le centre-ville et sa grande place auront ouvert et terminé le destin municipal de Pierre André : si la droite a gagné en 1995, c'est parce que cet aménagement de l'hyper-centre, avec son parking souterrain, sa "soucoupe volante" et ses "ailes d'avion" ont déplu à la population ; et le chef de cette droite s'en est allé en inaugurant samedi dernier ce même endroit réaménagé. J'ajouterais que cette histoire de parking a probablement traumatisé l'opposition, pour reprendre le langage des psychanalystes, puisqu'elle n'a cessé de décliner ce thème sous forme d'obsession, à propos du parking payant de l'hôpital ou du prochain parking de la gare. Comme si c'était pour elle une sorte d'exorcisme, vaincre par où on a été battu. Pourquoi pas, chacun chasse ses démons comme il peut.


Bonne lecture de la presse,
et bonne journée.

Samedi 02 octobre.


27 septembre 2010

La fin d'une époque.

Bonsoir à toutes et à tous.


Pour le conseil municipal de rentrée, j'avais décidé de ne pas rester devant mon ordinateur, d'aller sur place. Si j'avais su ce qui m'attendait ... Pourtant, au départ, rien que de très normal, la salle qui se remplit peu à peu. Avec tout de même une grosse surprise : la présence de Pierre André, après plusieurs séances présidées par Monique Ryo. Le voyant s'installer dans son fauteuil, bonne mine, souriant, je me suis dit que c'était son grand retour, que sa santé allait lui permettre de continuer. D'autant que depuis la rentrée, le sénateur-maire a participé à plusieurs manifestations publiques en prenant la parole.

Bien sûr il y a eu ce tout début de conseil où l'appel n'a pas été effectué par le premier magistrat de la commune mais par son directeur général des services. Mais je n'ai rien vu encore venir. Bien sûr la voix de Pierre André était faible mais tout de même audible lorsqu'à son tour il s'est exprimé pour lire une déclaration posée devant lui. C'est là que j'ai compris, que beaucoup comme moi j'en suis sûr ont été surpris, personne ne s'attendant à ce que la décision soit annoncée à ce moment-là : Pierre André s'en va.

C'était évident, prévisible, mais avec la santé d'un homme, on ne sait jamais très bien, il peut y avoir des rémissions inattendues. Et puis, il y a eu cet article de L'Aisne Nouvelle et ce titre : "Pierre André reste", à la suite d'un entretien avec Xavier Bertrand, que j'avais repris dans un billet du 18 septembre en l'assortissant prudemment d'un point d'interrogation. Ce soir, nous savons.

Le sénateur-maire a commencé son discours en justifiant son départ par cette phrase qui dit l'essentiel : "les Saint-Quentinois ont besoin d'un maire en pleine forme". Puis il s'est livré à un rapide bilan de ses trois mandats successifs, d'où il a tiré une "fierté", la maîtrise fiscale avec un taux d'investissement jamais égalé dans l'histoire de la ville, et tout de même un "regret", sur le niveau du chômage.

Ensuite, Pierre André a salué et remercié son équipe municipale, "unie, loyale et compétente", ses directrices de cabinet et son administration, l'opposition et la presse, l'ensemble des forces vives de Saint-Quentin. Sur sa succession, il a précisé que tous les élus étaient dignes de reprendre sa charge, qu'il ne concevait pas d' "héritier" ou de "dauphin", mais qu' "un homme de stature nationale" était souhaitable pour le poste. Chacun avait compris avant qu'il prononce son nom : Xavier Bertrand. L'élection du nouveau maire pourrait avoir lieu lundi prochain.

La salle debout a applaudi la déclaration et Pierre André a laissé la place à Monique Ryo, sa première adjointe. L'instant a bien sûr été émouvant, et l'effet de surprise a joué à plein. J'ai ressenti de la tristesse à voir cet homme devoir abréger un mandat que le peuple lui a confié. Mais j'étais ce soir moins triste qu'à la cérémonie des voeux de janvier, où la révélation officielle de sa maladie avait quelque chose de glaçant. Et puis, Pierre André est en meilleure forme qu'alors.

Surtout, à partir d'aujourd'hui, il est entré dans la légende de la ville : à tout jamais, c'est l'homme qui aura battu trois fois de suite la gauche et transformé durablement la ville. Je ne crois pas que sa vie politique soit terminée. Le sénateur-maire l'a redit à la suite de Xavier Bertrand : ce n'est pas l'heure pour lui de la retraite puisqu'il demeurera conseiller municipal. Son influence restera considérable et le respect qu'il inspire fort grand. Xavier Bertrand lui doit ce qu'il est ; il n'est pas ingrat et dispose de suffisamment d'intelligence politique pour savoir qu'on n'abat pas les statues de son propre camp.

En tant que responsable associatif et simple citoyen, j'ai toujours eu de bons rapports avec Pierre André, un homme ouvert et attentif. Quant il m'a fait des propositions politiques, je les ai déclinées, parce que je resterais jusqu'à la fin de ma vie un homme de gauche, un socialiste. Mais quand il s'agit de travailler pour la ville et ses habitants, en dehors de toutes considérations partisanes, je dis toujours oui (et je me suis mis depuis quelques mois à une tâche qu'il m'a suggérée et qui j'espère portera ses fruits).

Et l'avenir ? Xavier Bertrand n'a pas la même personnalité que Pierre André ni les mêmes objectifs. C'est à mes yeux un homme très engagé à droite, avec lequel j'ai des relations personnelles difficiles. Mais il ne faut pas se laisser aller à ses sentiments : je souhaite avoir avec le prochain maire d'aussi bons rapports qu'avec l'actuel, dans le seul souci des intérêts de la ville et de ses habitants. Mais je ne renoncerai jamais à ce que je suis : un homme de gauche qui continuera à militer pour qu'un jour la gauche accède aux responsabilités à Saint-Quentin.


Bonne soirée.

26 septembre 2010

L'explosion des inégalités.

Bonsoir à toutes et à tous.


J'ai regardé hier soir un très bon numéro d'Arrêt sur images ( le 144 ème) consacré aux retraites, avec Jean-Louis Malys, secrétaire national de la CFDT, chargé de ce dossier. Quelle clarté et quelle intelligence de la situation ! Ce syndicat a toujours été celui dont je me suis senti le plus proche, même si en tant qu'enseignant j'ai rejoint l'UNSA, lui aussi réformiste.

Le problème des retraites n'est pas celui de l'âge, 60 ou 62 ans, mais de la durée de cotisations. Bien sûr il ne faut pas plier sur les 60 ans, marqueur idéologique, politique, symbolique. Mais le fond est ailleurs. Les manifestants qui réclament le maintien absolu du départ à 60 ans ont à la fois raison et sont victimes d'une ambiguïté. Pour celui qui a normalement travaillé et cotisé, le problème n'est pas majeur. C'est pour les carrières longues et courtes, pour les femmes qui ont travaillé sans cotiser, que les difficultés seront majeures. Le pire de la réforme Sarkozy est dans cette explosion des inégalités.

En définitive, la question des retraites pose celle du travail : pourquoi pas mal de gens s'accrochent aux 60 ans alors que l'allongement de la durée de la vie leur permettrait de travailler plus longtemps, de partir à la retraite à taux plein, sans se soumettre à la pénalisante décote ? C'est parce qu'ils en ont marre de leur travail et de ses conditions d'exercice. Et tous ceux qui ne trouvent pas de boulot, qui ne cotisent pas ? Pour eux, l'horizon de la retraite est inimaginable. Pendant longtemps, la retraite a été le seul patrimoine de ceux qui n'avaient pas de patrimoine. C'est cela qui désormais est remis en question.


Bonne soirée.

25 septembre 2010

Martine présidente ?

Bonsoir à toutes et à tous.


Pour nous autres socialistes, un banquet près de Latche, c'est comme une visite à Lourdes pour les cathos. Aujourd'hui, Martine Aubry était dans les Landes, à côté de la mythique bergerie de François Mitterrand, mais elle n'a pas fait le pèlerinage. Nous sommes laïques, quand même ! A sa descente d'avion, elle a eu droit à des petits cadeaux offerts par les militants. Pendant le repas, il y avait beaucoup de monde, plus que d'habitude. Son discours a été clair, simple, offensif, aussi roboratif que la tourte aux cèpes et le boeuf au vin de Tursan dans les assiettes. Aubry est la patronne qui nous manquait depuis longtemps.

Mon impression ? Nous avons peut-être assisté à son premier meeting de la présidentielle. La remarque est un peu osée je l'avoue, mais je le dis comme je le sens. Il y a des atmosphères en politique qui ne trompent pas, des odeurs de mort comme des bouffées de vie. Là c'est la vie, l'élan, l'énergie. Et mon Strauss ? Les personnes ne m'intéressent que secondairement, ce sont les idées qui comptent.

Rien ne sépare fondamentalement DSK et Aubry : si Martine a le vent en poupe, va pour Martine ! Mais je reste persuadé que Strauss-Kahn est le meilleur, qu'il peut battre Sarkozy, que son engagement social-démocrate est moins ambigu que celui de Martine. Et je ne crois pas à l'ambiguïté en politique. Ce qui me rassure, c'est que l'un et l'autre auront l'intelligence politique de ne pas se bouffer la laine sur le dos. L'intelligence n'est certes pas obligatoire en politique, certains s'en passent facilement, presque naturellement, mais sa présence aide quand même beaucoup, surtout quand on veut gagner.


Bonne soirée.

Elus dans un fauteuil.

Avez-vous remarqué cette mode récente ? Pour défendre les droits des personnes handicapées, les élus ou célébrités utilisent leurs fauteuils et circulent ainsi dans des lieux publics. C'est encore arrivé dernièrement à Saint-Quentin et à Tergnier. Je ne nie pas bien sûr l'intention louable mais je trouve le procédé ridicule, à la limite offensant pour les handicapés. Car pourquoi vouloir les imiter alors qu'on est soi-même valide ? Cette singerie est de très mauvais goût. Il est stupéfiant que personne ne le fasse remarquer et ne s'en choque. Peut-être parce que c'est notre société entière qui a basculé dans le mauvais goût ...

Je vois dans tout ce cinéma une autre tare de notre époque : pour se faire désormais une idée de quoi que ce soit, il faudrait vivre la situation, se déplacer en fauteuil pour connaître et bien juger du sort des personnes handicapées. On n'est pas très loin de l'éloge du fameux concret qui fait tant fureur aujourd'hui. Tout ça n'est que foutaise !

Pas besoin de se bander les yeux ou de s'interdire de parler pour saisir la condition des aveugles et des muets. Si on ne peut parler intelligemment que de ce qu'on vit, on ne va pas parler de grand chose ! Contrairement à la démagogie ambiante, il ne sert à rien de savoir le prix du ticket de métro ou de la baguette de pain pour partager l'existence des gens modestes et vouloir l'améliorer.

Dans ce défilé des fauteuils, je perçois une autre raison : les ravages de la compassion. On cherche à s'identifier à celui qui est frappé par le malheur, mais provisoirement, superficiellement, dans une sorte de jeu involontaire plus que dans une communion réelle. C'est une version abâtardie de la pitié chrétienne. Le sentiment prime sur la raison. On ne nous demande plus de comprendre mais de ressentir. En tant que progressiste, je rejette cette mode qui ne l'est absolument pas.


Bonne journée.

Le laconisme en politique.

Bonjour à toutes et à tous.


En écoutant la revue de presse d'Yvan Levaï ce matin, j'apprends une maxime de Saint-Just que je ne connaissais pas : "Il est impossible que l'on gouverne sans laconisme". Au départ, on ne comprend pas, tellement la politique est une activité de discours. Et puis, en méditant, la formule s'éclaire : dans les réunions, les prises de parole sont des marquages de territoire, des preuves et des vérifications de fidélité. Sur le fond, il n'y a pas grand chose, ou très rarement, car ces interventions ne sont pas faites pour ça. A la limite, celui qui parle, surtout quand le débat est libre (j'exclus bien sûr les exposés programmés ou les discours publics), n'a pas le pouvoir. Je l'ai maintes fois remarqué : ce sont des silencieux dont il faut se méfier.

A ce propos, j'ai en tête l'habitude de François Mitterrand quand il présidait les réunions socialistes : introduire puis conclure et, entre les deux, laisser parler en rédigeant son courrier ! Aujourd'hui où plus personne n'écrit de sa main, c'est le téléphone portable qui a remplacé le papier : se concentrer ostensiblement sur son mobile, manifester qu'on est présent mais pas là, que ce qui se dit n'a strictement aucune importance, que tout est déjà joué, que le pouvoir est au dessus de tout ça. C'est le laconisme contemporain (qui est aussi une forme de cynisme).

Pour ma part, j'interviens avec beaucoup d'économie dans les réunions politiques, et jamais spontanément ("rebondir" sur ce que disent les autres, quelle horreur, je n'ai pas une tête de ballon !). Une prise de parole doit être organisée et sans illusion sur son impact. On parle plus pour soi, pour voir clair en soi-même, qu'en direction d'une assistance dont l'opinion est faite d'avance ou suivra son leader. En revanche, ce qui m'intéresse et que je pratique, ce sont les interventions devant un public ou dans un milieu extérieurs. Ce sont les seules qui sont politiquement utiles. C'est là où il faut être prolixe. Mais c'est plus difficile.


Bonne journée.

24 septembre 2010

Une histoire d'hommes.

Bonjour à toutes et à tous.


Il paraît qu'on ne parle que de ça aux journées parlementaires de l'UMP à Biarritz : la rivalité entre Jean-Francois Copé et Xavier Bertrand. L'un veut prendre la place de l'autre et tous les deux songent à être un jour président. Qu'est-ce qui les distingue ? Rien, pas même leur tailleur. C'est une histoire d'hommes, ni plus ni moins, une querelle de pouvoir comme il en existe depuis toujours en politique. Celle-ci me fascine parce qu'elle met au grand jour les petites et les grandes ambitions, les retournements, les lâchetés, les trahisons. Je ne connais pas d'autres domaines ou activités aussi lumineux sur la nature humaine, ses bassesses, ses inconséquences mais aussi son audace, son courage, sa volonté.

L'affrontement Copé-Bertrand se retrouvera-t-il aux prochaines élections à Saint-Quentin, dans le canton nord, où Jérôme Lavrilleux va représenter l'un et on-ne-sait-qui l'autre ? Car Xavier Bertrand peut-il accepter que son rival vienne le défier par candidat interposé sur ses terres ? A priori non. Mais il faut se méfier avec les histoires d'hommes : elles se règlent aussi très humainement, dans des arrangements de circonstances où chaque y trouve son compte et ses petits intérêts.

Je ne parierais pas sur un déchirement de la droite dans le canton nord. Quand il s'agit de se partager les places, tout le monde finit par se comprendre et s'accorder, comme larrons en foire. Les ennemis d'hier deviennent les amis d'aujourd'hui, en attendant la suite. C'est vrai dans tous les partis et tous les camps. Les vrais clivages se font sur les lignes politiques, et ils sont finalement plutôt rares. De Biarritz à Lesdins, le chemin est encore très long et les hommes restent ce qu'ils sont.


Bonne journée.

23 septembre 2010

Beaucoup de monde.



Bonsoir à toutes et à tous.


Plus ou moins de manifestants que la dernière fois ? La question est dérisoire et la réponse impossible. Ce qui compte, c'est l'évidence : il y a eu une fois de plus beaucoup de monde dans les rues pour afficher son soutien aux 60 ans. Ce n'est pas que les Français ne veuillent pas travailler plus, mais ils demeurent attachés à un droit, et c'est bien normal. Accepter les 62 ans, ce serait acter une régression sociale. Il faut une réforme des retraites, mais pas celle-là, car elle débouche sur une perte sèche, sans gain social, au seul prétexte de maintenir le système par répartition. Faire des concessions oui, mais dans un compromis juste et honorable. C'est donnant-donnant ou rien. Le mouvement doit donc continuer.


Bonne soirée.


En vignette : la tête de manif à Saint-Quentin.




20 septembre 2010

23 septembre 2 010.


19 septembre 2010

Ah les riches ...

Bonsoir à toutes et à tous.


J'ai vu dans la semaine deux émissions consacrées aux riches : Ce soir ou jamais sur France 3 et Arrêt sur images sur le Net. Les Pinçon-Charlot étaient invités dans les deux. Je lis leurs bouquins depuis vingt ans, leur plongée dans la haute bourgeoisie est passionnante. Mais je trouve qu'ils se répètent, donnent l'impression de découvrir la lune (on sait que les grands bourgeois pratiquent l'entre soi, mais c'est le cas de n'importe quel groupe social).

Et puis, ces marxistes bourdieusiens sont devenus très militants. A la limite pourquoi pas, je ne vais pas pleurer parce qu'on critique les riches. Mais la sociologie doit rester une science. Si elle s'engage en politique, même quand la cause est bonne (ici c'est bien sûr pour moi le cas), ce comportement est lourd de toutes les dérives. Que la sociologie fasse son travail et que les politiques s'en inspirent, mais pas de confusion entre les deux !

Chez Taddéï, la description du monde des riches était sidérante. Tout le monde devrait l'avoir à l'esprit. Quand on pense que des milliardaires américains ont convenu de céder la moitié de leur fortune à des fondations, sans que cela ne les gêne nullement ! Des fortunes colossales existent à travers la planète, que rien absolument rien ne justifie. La philanthropie louable dévoile une injustice absolue, dont la seule pensée devrait normalement soulever les peuples et mettre les sociétés à feu et à sang. Mais non. Les gens sont tellement soumis ... Finalement, si je suis réformiste, c'est parce que je sais pertinemment que les hommes ordinaires ne sont pas révolutionnaires. Si ça ne dépendait que de moi, je prendrais le fusil. Mais on a vu aussi avec Lénine et quelques autres ce que ça a donné ...

Ce qui était également stupéfiant, c'est de voir ces riches sur le plateau de Taddéï convenir que l'impôt a du bon, que la tranche la plus élevée devrait être plus chargée, que les droits de succession devraient être rétablis. En écho, mon camarade Michel Sapin a eu ce mot qui résume tout : "je n'ai rien contre les riches mais contre ceux qui sont fascinés par les riches". Je crois en effet que tout le problème est là pour la gauche : une partie de l'électorat populaire respecte et admire ces riches, comme elle circule dans le port de Saint-Tropez pour aller regarder leurs yachts. Nicolas Sarkozy a largement contribué à cette fascination, en culpabilisant les pauvres. Il faut que la gauche procède à un renversement de valeurs : les riches ont des comptes à rendre et les pauvres des droits à recevoir, les premiers doivent participer à la solidarité en faveur des seconds.


Bonne soirée.

18 septembre 2010

Pierre André reste ?

Bonsoir à toutes et à tous.


C'est dans L'Aisne Nouvelle de ce matin : "Pierre André reste" (à la tête de la municipalité de Saint-Quentin). Mais ce n'est pas l'intéressé qui le dit. Donc prudence. Le sénateur-maire avait annoncé une décision à l'automne, en rapport à son état de santé. C'est Xavier Bertrand qui se charge de la nouvelle, assez laconiquement : "pour Pierre André, ce n'est pas l'heure de la retraite". Une phrase qu'on peut comprendre de bien des façons.

Mais Xavier Bertrand, qui connaît en politique l'importance des mots et qui veille scrupuleusement à ce qu'il n'y ait pas le moindre écart entre le maire et lui, se serait-il permis cette phrase sans son aval ? D'autant que le journaliste prend soin de préciser que "les deux hommes se sont entretenus hier matin et semblent sur la même longueur d'ondes". Quand on sait que ce journaliste est Eric Leskiw, on peut lui faire confiance pour sa lecture fidèle des pensées de Xavier Bertrand. Après tout, Bertrand pouvait parfaitement botter en touche, ne pas répondre, renvoyer sur Pierre André et même, pourquoi pas, s'indigner qu'on puisse lui poser la question, comme il l'avait fait à la télévision devant Nicolas Totet. Mais non.

Ce maintien de Pierre André, s'il se confirme, est pour moi une bonne nouvelle. Pour plusieurs raisons :

1- D'abord c'est le signe qu'il a recouvré la santé, ce dont on ne peut humainement que se féliciter.

2- Ensuite, il est bon en démocratie qu'un élu, à quelque niveau que ce soit, quand il le peut, aille jusqu'au bout de son mandat. Le peuple l'a élu pour ça.

3- De plus, un changement de maire en cours de mandat se fait au sein de la majorité municipale, sans que les citoyens aient leur mot à dire, et c'est fâcheux. Nul n'ignore que la personnalité d'un maire, qu'on s'en félicite ou le déplore, fixe très largement la ligne politique proposée et effectuée. C'est pourquoi j'ai toujours pensé que le choix de la tête de liste était politiquement déterminant et que les rassemblements ou les fractures s'opéraient en grande partie là-dessus (avec la question des alliances).

4- Je suis satisfait de ce maintien parce que le départ de Pierre André signifierait l'arrivée de Xavier Bertrand, que je ne souhaite absolument pas. Certes, au plan national, les deux hommes sont de droite, parlementaires de l'UMP, votant les mesures d'une politique que je combats. En ce sens, l'un autant que l'autre sont des adversaires. Mais localement, je suis bien obligé de reconnaître, que cela me plaise ou pas, que Pierre André a transformé Saint-Quentin, ce que tout le monde d'un peu objectif admet.

5- Je suis également forcé de constater qu'il a hélas entraîné derrière lui une partie notable de l'électorat de gauche, en trois mandats successifs. Je n'ai jamais voté pour lui parce que je n'ai jamais voté à droite dans ma vie (sauf en 2 002 !), mais ce n'est pas une raison pour ignorer ce qui est, même si ça fait mal quand on appartient à l'autre bord. D'autant que rien n'est parfait, les échecs existent et un projet de gauche, alternatif à ce que fait la droite, en matière économique, sociale, culturelle, est possible et souhaitable.

6- Enfin, si Xavier Bertrand n'a jamais dérogé à une ligne très à droite, assortie de temps de temps de fraternelles et habiles amabilités (par exemple quand il dit qu'il faut "respecter" les manifestants qui luttent contre la réforme des retraites), Pierre André est évidemment moins lié à l'UMP, prenant parfois des libertés avec son parti que d'autres ne se permettraient pas. Sa popularité vient d'ailleurs aussi en partie de là.

En 2 014, j'espère que j'aurais une encore meilleure nouvelle à vous annoncer : l'élection d'un maire de gauche à Saint-Quentin. J'y crois.


Bonne soirée.

Un meeting "unitaire".



Bonjour à toutes et à tous.


Je vous livre en vignette une information sur une réunion de la gauche radicale qui se tiendra à Saint-Quentin mercredi prochain, sur la réforme des retraites. Je passerais faire un tour peut-être, parce que j'ai hélas à la même heure une animation de café philo à Bernot.

Lisez attentivement ce tract, les positions avancées ne sont pas celles du Parti socialiste. Mais ce blog est ouvert à toutes les expressions de gauche, car celle-ci n'a jamais été, et c'est heureux, homogène d'idées.

Et puis, vous le savez, j'ai de la sympathie pour Gérard Martin et ses camarades, qui m'ont fait parvenir l'info. Honneur à ceux qui se démènent sans compter et qui agissent sans attendre une place en retour, même si je ne partage pas tout à fait leur point de vue !

Quand même une petite remarque pour les taquiner : quand j'entends prononcer le mot d' "unitaire", je ne peux pas m'empêcher de sourire car les "unitaires" font rarement l'unité complète, même si c'est leur objectif. Bien des organisations syndicales et politiques manquent à l'appel de ce meeting. Ce n'est d'ailleurs pas grave : en politique comme dans la vie, l'essentiel est d'agir. Faire, c'est ce qui est important.


Bonne journée.

17 septembre 2010

Assez !

Bonsoir à toutes et à tous.


Ce débat, si on peut appeler ça un débat, sur les Roms, que la droite a lancé en plein été, m'écoeure, me répugne. A vrai dire, je préférerais ne pas en parler. Mais voilà : en politique, quand on ne dit rien, ce sont les autres qui parlent à votre place. Qu'on laisse donc cette population pauvre tranquille ! N'a-t-on pas mieux à faire ? Si on veut s'en prendre à des gens (ce n'est pas ma conception de la politique), qu'on attaque les riches, les puissants. Il n'en manque pas dans ce monde et leurs responsabilités sont évidemment énormes dans les problèmes que rencontrent les économies.

Mais les Roms, non pitié ! J'ai un vieux fond socialiste et chrétien qui m'empêche de m'en prendre aux plus faibles. Et ne me sortez pas un argument vicieux à la Hortefeux comme quoi les Roms ne sont pas pauvres du tout ! C'est faux, lisez n'importe quel dossier sérieux sur le sujet. Quant aux problèmes de délinquance, c'est à la police et à la justice de les traiter. Qu'on leur laisse faire leur métier.

L'ONU et l'Europe condamnent la France à juste titre. On ne peut pas être pour la circulation des marchandises pour faire du fric et refuser la circulation des hommes qui veulent échapper à la misère. Pas deux poids, deux mesures ! Bien sûr, tout rapprochement avec le nazisme est ignoble. En plus, il n'y a pas besoin d'une telle stupidité pour condamner en la matière la politique de Sarkozy. Mais le bonhomme l'a bien cherché. C'est lui qui a ouvert la boîte de Pandore, qui a lancé le boomerang et qui le reçoit aujourd'hui en pleine poire.

Je vous avoue que je suis très inquiet de la tournure que prend cette sale polémique. En jouant sur la fibre anti-européenne, puissante en France depuis 2 005 et le rejet du Traité, Sarkozy est très malin, il flatte le sentiment national. Dans son histoire, la gauche a vu une partie de son électorat captée par les discours bleu-blanc-rouge. Attention.


Bonne soirée.

Une histoire d'épaules.

Bonjour à toutes et à tous.


Le Courrier Picard publie ce matin, sous la plume de Nicolas Totet, le premier article de la presse locale consacré aux prochaines élections cantonales. D'où il ressort surtout que personne, à droite et à gauche, n'est encore officiellement candidat. Normal, il faut attendre dans les deux camps les procédures statutaires et les choix collectifs.

Jérôme Lavrilleux, mon adversaire de 2 004, tient ce propos étonnant : il se flatte d'être "l'épaule la plus célèbre du canton". Se prendrait-il pour Elodie Gossuin ? Il ne va tout de même pas nous faire un strip-tease ? Trêve de plaisanterie, le conseiller général sortant répond à tous ceux, nombreux, qui le taquinent sur son éloignement du canton. Il est bien vrai que la campagne ne se jouera pas là-dessus et que l'élu UMP a beau jeu d'énumérer toutes les manifestations où il est présent.

Nous ne sommes pas dans un concours de beauté ou un défilé de mode mais un choix politique : il y aura le candidat qui défendra la ligne politique du Conseil général et celui qui s'y opposera. Le débat sera celui-là et pas un autre. Je crois qu'en démocratie le ton, le style et le déroulement d'une campagne peuvent être élevés, respectueux et dignes. Je le souhaite en tout cas. Après, ce sont les électeurs qui tranchent.

Il y en a un qui a tout compris, c'est Freddy Grzeziczak : s'il est le candidat de Debout la République, il fera de la hausse de la taxe foncière son "axe de campagne". Je vous renvoie aux nombreux billets que j'ai rédigés pour expliquer et défendre la politique fiscale du Conseil général. C'est clair et net : ligne politique contre ligne politique, voilà comment je conçois la République.

Finalement, Jérôme Lavrilleux n'a pas tort : la politique, c'est une histoire d'épaules. Il faut les avoir suffisamment larges pour entrer dans la bagarre et tenir le choc. J'aime ça. Ces cantonales 2 011 seront, à la différence des précédentes, très politiques. J'aime ça aussi. Mais peut-être me ferez-vous remarquer que mes épaules sont frêles ? C'est vrai mais il ne faut pas non plus se fier aux apparences.


Bonne journée.

15 septembre 2010

Anti-bourgeois.

Bonsoir à toutes et à tous.


J'aimerais rendre un petit hommage au grand Claude Chabrol, disparu il y a quelques jours. C'était l'un des derniers cinéastes politiques, qui s'était fait une spécialité de décrire et critiquer la bourgeoisie de province. Il nous manquera parce que le cinéma anti-bourgeois n'existe aujourd'hui pratiquement plus. Certes on tourne parfois en dérision la bourgeoisie parisienne, les très riches, les grands patrons. Mais les notables de nos villes moyennes ont perdu leurs contempteurs. Peut-être parce qu'une partie de la classe moyenne, y compris progressiste, se reconnaît un peu en eux, a envie de leur ressembler. Il y a quarante ans, au moment des plus beaux succès de Claude Chabrol, le fond de l'air était révolutionnaire et l'anticonformisme allait de soi. Ce n'est plus le cas désormais.

Récemment, animant un débat après la projection du film "Rapt", il m'a été reproché de qualifier de "bourgeoises" les moeurs du baron Empain (puisque que c'est de lui dont il s'agit dans ce film parfois très chabrolien). On ne voulait voir qu'un individu aux prises avec ses problèmes individuels, et pas le membre presque caricatural d'une classe sociale. Voilà à quoi on aboutit quand la psychologie et la morale prennent le pouvoir au détriment de la sociologie et de la politique !

Le hasard de mes lectures m'a conduit cette semaine à feuilleter le livre-mémoires de Jean-Claude Brialy, "J'ai oublié de vous dire ..." (XO Editions, 2 004) et à tomber sur ce passage, p. 31 :

"Cet homme qui avait fait le bien toute sa vie en faisant rire et en divertissant avait perdu presque tous ses amis. Quand la richesse et la célébrité vous quittent, quand la Faucheuse s'approche dangereusement de vous, on vous met de côté. Sur plusieurs centaines de soi-disant amis, il ne lui en resta plus que dix sincères au crépuscule de son existence. Il est toujours nécessaire de rester lucide à ce sujet : savoir pourquoi on vous parle, pourquoi on vous respecte, pourquoi on vous aime, ou plutôt pourquoi on fait semblant de vous aimer. Bien souvent, ce n'est que parce que vous êtes "dans la place". Et dès que vous n'y êtes plus, on vous méprise, on vous oublie".

Brialy avait vu juste, lui que Chabrol avait magistralement mis en scène dans "Le beau Serge". Les propos précédents sont à apprendre par coeur et à se souvenir, en les appliquant aussi bien à la bourgeoisie provinciale qu'à son milieu politique, qui souvent forment un seul et même monde, où les étiquettes ont un rôle secondaire et relatif. Quand on est de gauche, il est tout de même permis de s'en désoler et de le contester, comme Claude Chabrol, qui pourtant n'était pas vraiment de gauche.


Bonne soirée.

14 septembre 2010

Retraite et emploi.

Bonjour à toutes et à tous.


La droite a trouvé un semblant de riposte sur le front des retraites : prétendre qu'avec le départ légal à 60 ans défendu par le PS les pensions vont baisser. Non, ni plus ni moins que maintenant ou qu'avec l'avancée à 62 ans. Les 60 ans, c'est un droit qu'il faut conserver, parce qu'il permet à ceux qui ont travaillé tôt de partir à cet âge, point.

Quant aux autres, le vrai problème est celui de la durée de cotisation, pas de l'âge. Et là, c'est la question de l'emploi qui est posée : si on ne bosse pas, on ne cotise pas, le niveau de la retraite devient alors problématique, 60 ans ou pas. C'est encore et toujours de l'emploi dont il faudrait parler, et envisager la réforme des retraites sous ce seul angle.

Les critiques de la droite ont ceci de positif qu'elles nous obligent à ne pas se satisfaire d'un soutien purement syndical aux 60 ans. C'est le rôle des confédérations ouvrières, mais un parti politique doit, lui, défendre aussi un projet. Ça tombe bien, le PS en a un, financé, sur lequel il faudrait insister.

Rappeler par exemple haut et fort que nous sommes pour un système à la carte, qu'on ne peut plus aujourd'hui imaginer tout le monde partant au même moment en retraite. Il y a bien sûr tout le débat autour de la pénibilité, que certains jugent impossible, mais je ne vois pas pourquoi.

D'ici là, notez la prochaine manifestation : le jeudi 23 septembre, à 17h00, place Lafayette à Saint-Quentin.


Bonne journée.

13 septembre 2010

Les bulles de la BUL.

Bonsoir à toutes et à tous.


Les Saint-Quentinois ne parlent que de ça, la Base Urbaine de Loisirs. Et ils aiment ! Moi ce n'est pas trop mon truc, mais j'y suis allé, par conscience professionnelle. J'espère quand même que mes concitoyens ne vont pas fixer leurs prochains votes locaux là dessus, sinon ça fera très mal pour la gauche ...

En attendant, je constate une fois de plus qu'on apprend parfois beaucoup plus d'un événement en restant chez soi et en lisant la presse locale, qui a repéré trois belles bulles qui m'ont lors de l'inauguration échappé :

1- C'est L'Union de dimanche qui dit avoir vu, à l'entrée de la BUL, une quinzaine de membres du service d'ordre ... de l'UMP canalisant la foule, comme dans n'importe quel meeting politique. La droite à Saint-Quentin est puissante, mais au point d'assurer la sécurité et de remplacer la police, c'est nouveau.

2- Philippe Candeloro et son show ont été fortement applaudis, mais d'après L'Aisne Nouvelle d'aujourd'hui par des battements de mains et ovations préenregistrés, comme dans certaines émissions à la télé, où même les rires sont en boîte. Qui sait si les personnalités, au moment des discours officiels, ne se sont pas exprimées en play-back ? On finit par douter de tout.

3- Si Candeloro s'est fait artificiellement mousser à l'occasion de l'inauguration, ce n'est pas le cas de l'opposition municipale, dont L'Aisne Nouvelle a remarqué l'absence (sauf une élue socialiste). C'est évidemment un tort, puisque Yves Daudigny pour le département et Anne Ferreira pour la région étaient présents.

On peut certes critiquer la BUL et ses 50 millions d'euros d'investissement, l'opposition est là pour s'opposer. Mais une fois le projet adopté et toutes les collectivités, de droite comme de gauche, associées, c'est une faute que de rester dans son coin à bouder son plaisir. D'autant que la population va massivement apprécier cette réalisation.

Mais j'ai une explication à cette absence que L'Aisne Nouvelle n'évoque pas : et si les conseillers municipaux de gauche s'étaient vus refuser l'entrée par le service d'ordre UMP ? La BUL, c'est magique, tout est possible ...


Bonne soirée.

12 septembre 2010

Sarkozy dans la grotte.

Bonsoir à toutes et à tous.


Personne n'en parlera, j'en suis certain. Autant donc être utile et vous en parler : la visite du président à Lascaux. Ce n'est pas politique ? Quand Sarkozy met le pied quelque part, c'est de la politique. Dans la fameuse grotte, c'est beaucoup plus que de politique, c'est de civilisation dont il est question.

Nous fêtons cette année les 70 ans d'une découverte qui m'a toujours fasciné et que je rapproche des apparitions mariales : une grotte, des enfants, le surgissement de l'éternité ou presque, des peintures d'il y a 17 000 ans. C'est fabuleux, renversant, incroyable. Et quand on sait que l'événement a eu lieu au moment où se déclenchait la Seconde Guerre Mondiale, le plus terrible affrontement militaire de tous les temps, il y a de quoi méditer ...

J'irais jusqu'à voir dans ce hasard qui conduisit des enfants à découvrir ces merveilles pas si lointaines mais dissimulées pendant des millénaires un signe, un quasi miracle. Qui nous délivre quel message ? Que l'humanité est née il y a bien longtemps, qu'elle est fragile, belle, créatrice, comme ces fresques pariétales. Qu'il faut y veiller, la protéger et la prolonger.

Ces peintures nous disent aussi que la religion, l'art, la technique sont au fondement de la civilisation. Il est étonnant qu'à Lascaux aucun homme, corps ou visage, ne soit représenté, mais des animaux. Pourquoi ? On ne saura jamais vraiment, mais c'est sans doute parce que la chasse garantissait la survie des hommes qui ont vécu là, que les bêtes étaient aussi leur plus redoutable ennemi.

Tout ça n'est pas de la politique ? C'est mieux que ça : c'est la base même de la politique, sa raison d'être. Qui sait si Nicolas Sarkozy, homme pressé et très pris, en prenant aujourd'hui le temps de s'enfermer dans les profondeurs d'une grotte, de retourner au berceau du monde, n'aura pas été saisi par la magie du lieu, qui lui aura peut-être inspiré quelques réflexions et un peu de sagesse ? Qui prétendra que ce n'est pas aussi ça la politique ?


Bonne soirée.

11 septembre 2010

En visitant la BUL.

Bonjour à toutes et à tous.


Si un étranger à la ville s'était invité ce samedi à Saint-Quentin, il y aurait compris la puissance de la droite et de son équipe municipale. Louis XVI a eu Versailles, Napoléon l'Arc de Triomphe, Pierre André aujourd'hui la Base Urbaine de Loisirs, qui est une réalisation magnifique, qu'on viendra contempler et pratiquer de tout le département et même la région. Ce n'est pourtant pas l'intérieur que j'ai préféré (j'ai horreur de tous ces machins avec de l'eau et de la glace, des boules de billard ou de bowling) mais l'extérieur, la vue paisible sur le canal.

Depuis douze ans, j'ai fait un sacré paquet d'inaugurations où je me sentais tout petit, écrasé, perdu, opposant solitaire, exclu, parfois moqué, Astérix face aux légions romaines. Ce matin, c'était méga, énorme comme on dit maintenant. Rama Yade, Candeloro et de l'autre côté du canal, dans l'après-midi, Bigard et Amanda Lear, mais surtout les milliers de Saint-Quentinois. Je n'ai pas pu entendre le discours du maire, il y avait trop de monde.

Cette BUL, c'est bien la société moderne : détente, confort, jeu, frime. Tout le monde va y aller, pour soigner son corps et divertir sa tête, c'est sûr. Cette gigantesque construction n'a soulevé aucune opposition fondamentale, Saint-Quentin ayant beau connaître la crise, le chômage, les petits salaires. A Rome, il y avait les arènes mais aussi les temples. Aujourd'hui, on ne construit plus de cathédrales mais des Bases Urbaines de Loisirs. C'est peut-être mieux comme ça, je ne sais pas, je m'interroge.

Depuis quinze ans, Saint-Quentin est en travaux, la ville est méconnaissable, de l'avis de ceux, y compris de gauche, qui l'ont connue avant la venue de Pierre André. En visitant la BUL, je me suis dit : mais comment fait-il pour trouver l'argent pour financer ça ? Et comment se fait-il que nos impôts n'augmentent pas ? Saint-Quentin n'a pas une surface fiscale immense ! Je voyais les représentants de la région et du département, qui ont mis la main à la poche. Mais les Saint-Quentinois ne retiendront que ce jour de gloire du premier magistrat de la commune, son sacre définitif. Même le temps , pourtant peu clément cette semaine, était avec la droite ! C'est rageant à la fin ...

J'ai quand même fait un rêve d'Astérix, une chute d'empire, un changement de dynastie, Saint-Quentin passant de droite à gauche. Après tout, Rome, Byzance et les règnes les plus prestigieux ont fini par s'écrouler au bout de quelques siècles. J'aimerais tout de même attendre un peu moins longtemps. Vous connaissez la ritournelle : un jour mon prince viendra. Je l'avais en tête dans la BUL : un jour le prince (ou la princesse) de gauche viendra, oui j'y crois.


Bonne soirée,
allez demain à la BUL,
c'est gratuit.

10 septembre 2010

Faux archi-faux.



Bonsoir à toutes et à tous.


Dans le Courrier Picard d'aujourd'hui, un homme brandit sa feuille d'impôt foncier et dénonce "tous les politiques, sans exception, (qui) n'ont pas assez conscience qu'ils étranglent les petites gens". C'est photogénique, efficace, définitif. Sauf que c'est faux archi faux. Quand c'est la droite qui fait campagne contre le Conseil général de l'Aisne, c'est normal, de bonne guerre. Mais quand c'est Jacky Daumont, cégétiste, communiste et conseiller municipal de Gauchy, je m'insurge.

C'est faux archi-faux parce qu'à aucun moment dans cet article (voir vignette ci-dessus) il n'est précisé que la taxe d'habitation, en novembre, va diminuer et que cette baisse compensera l'augmentation du foncier. C'est tout de même simple à reconnaître ! Pourquoi alors mentir ? Au profit de qui ? Vous me direz peut-être que la propriété locative va y perdre. Et alors ? Il faut bien que quelqu'un paie. Ceux qui achètent des maisons pour les louer et faire de substantiels profits ont les moyens, qu'ils paient ! Je ne crois pas que Jacky Daumont et la grande masse des propriétaires soient dans ce cas, et c'est heureux. En vérité, c'est le monde économique qui va payer, et je m'en félicite.

Peut-être me direz-vous encore que les propriétaires vont reporter leur manque à gagner sur les loyers en les augmentant. Faux archi-faux à nouveau. La hausse des loyers est par bonheur encadrée, on ne peut pas faire n'importe quoi. Et puis, les locataires bénéficieront de toute façon de la baisse conséquente de leur taxe d'habitation. Non Jacky, la décision du Conseil général n'est pas ce que tu crois et ce que tu en dis : toi qui es communiste, tu devrais immédiatement comprendre qu'elle sert les intérêts des plus pauvres et des classes populaires. C'est quand même ça être socialiste, non ?


Bonne soirée.

09 septembre 2010

XB est-il fait ?

Bonsoir à toutes et à tous.


Xavier Bertrand est fortement attaqué, à la tête de l'UMP, par d'éminentes personnalités de droite. Il se murmure, notamment dans sa ville de Saint-Quentin, qu'il serait fini, que ses jours seraient comptés, que même localement il serait cuit. Si ce pouvait être vrai, je m'en réjouirais. Mais je crains trop, en politique, qu'on prenne ses désirs pour des réalités. Au contraire, il n'est pas impossible que Bertrand sorte renforcé de l'épreuve, pour cinq raisons :

1- Attaqué, il se pose en victime, ce qui est la posture la plus avantageuse dans la société qui est la nôtre.

2- Ses adversaires s'en prennent à lui pour des raisons bien peu politiques mais strictement personnelles, avec un seul objectif : prendre sa place de secrétaire général et l'écarter de la course présidentielle. Ce n'est pas convaincant, ce n'est pas ainsi qu'on réussit.

3- Xavier Bertrand a renoncé aux ors ministériels pour la direction ingrate d'un parti politique. Les militants le savent et lui sauront gré.

4- Il est fidèle parmi les fidèles de Sarkozy, donc suiviste, sans grande originalité personnelle, en comparaison au fringant et turbulent Copé. Mais comment croyez-vous qu'on réussit en politique ? En effaçant toute personnalité, en gommant toute différence, en endossant des habits couleur muraille, en devenant monsieur tout le monde, en servant plus puissant que soi pour y gagner quelque puissance. Ce n'est certes pas grisant, c'est une forme d'ascèse, de sacerdoce, mais c'est efficace. De ce point de vue, Bertrand est le plus fort. Il a ravalé toute vanité, il attend son heure, même si cela doit durer des années.

5- A Saint-Quentin, cette attitude ne peut que plaire : jouer le terrain contre Paris, se présenter comme la victime des élites, bouc émissaire de son propre parti, c'est bien joué. Le jeune UMP saint-quentinois, Arthur Nouaillat, a relaté sur son blog, billet du 5 septembre, les propos de Xavier Bertrand lors de la rentrée de son mouvement au Palais de Fervaques : celui-ci a évoqué ses racines locales et son nécessaire ressourcement en ce moment, allusion très claire à ses misères parisiennes.

Je suis de ceux qui pensent que la droite saint-quentinoise est puissante, qu'elle influence jusqu'aux électeurs de gauche, que Pierre André est une figure populaire et que Xavier Bertrand prépare l'avenir. Que faire alors ? Rassembler les socialistes, moderniser la gauche, préparer nous aussi l'avenir.


Bonne soirée.

08 septembre 2010

Rira bien qui rira ...



Bonjour à toutes et à tous.


Nathalie Hanquart m'a fait parvenir cette photo exceptionnelle, où l'on me voit rire (et même m'esclaffer). C'est très rare. Comme vous le savez, je ris très peu, seulement en privé, bien que les situations comiques soient en public et en politique assez fréquentes (mais c'est peut-être ça qui n'est pas très drôle ...).

Conservez-donc ce document, qui peut devenir précieux. Rire, c'est toujours un peu bête, je préfère m'abstenir. Mais je respecte les rieurs (qu'il faut paraît-il mettre de son côté, surtout quand on n'a pas les moyens de faire autrement, ce qui n'est pas mon cas).

Je ne sais pas ce que Corinne Vibes, secrétaire départemental du SE-UNSA, a pu me dire pour déclencher ainsi mon rire. Peut-être s'en souvient-elle ? A droite, une autre Corinne ne confectionne pas un sandwich mais utilise un rouleau d'autocollants. J'aime bien la pancarte du SE-UNSA.

A moins que mon euphorie n'ait été suscitée par l'ambiance joyeuse, la montée en masse d'un mouvement prometteur, qui redonne à tous espoir. Finalement, ça doit être ça. Il y a quelque chose de grisant à se retrouver ensemble, puissant. Je suis prêt à repartir !

Sinon, j'ai dû supprimer pas mal de messages vengeurs reçus sur ce blog, qui ironisaient sur le nombre de manifestants et les suites de la manif (ils se répétaient et n'apportaient rien, je ne les ai donc pas publiés). Rira bien qui rira le dernier.


Bonne journée,
riez bien.

07 septembre 2010

Massif !



Bonsoir à toutes et à tous.


A quoi reconnaît-on une bonne manif à Saint-Quentin ? Au fait d'y croiser plein de monde qu'on connaît, plein de monde qu'on ne connaît pas et plein de monde qu'on connaît mais qui ne manifeste jamais. Les chiffres de participation, à côté de ça, c'est bobard. Aujourd'hui, la manif était massive.

Côté syndicats et partis de gauche, tout le monde aussi était là. Des élus se signalaient par leur écharpe tricolore, ce qui fait toujours plaisir d'être soutenus par les élus de la nation. Des jeunes et des vieux, des hommes et des femmes, du privé et du public, et tous ceux sur les trottoirs qui n'en sont pas mais nous soutiennent.

J'ai retenu deux moments : le passage devant la permanence de Xavier Bertrand, qui n'a soulevé aucune hostilité. Dommage. J'ai bien songé un instant de partir à l'assaut du bâtiment, drapeau en main, et je l'ai dit au journaliste à mes côtés. Mais j'ai renoncé, de crainte de paraître un peu fantaisiste.

Et puis, il y a eu l'allocution de fin, place du 8 octobre, interrompue par l'arrivée des troupes de FO qui n'avait pas éteint sa sono. Son représentant s'est quand même exprimé en parlant à plusieurs reprises d'unité, bien que FO ne fasse pas partie de l'intersyndical mais privilégie les unions dans les entreprises.

La suite de cette manif ? Je n'en sais rien, je m'en moque, ce n'est jamais une bonne question. La seule chose qui compte ce soir et dont il faut se réjouir, c'est que les Français ont massivement manifesté leur attachement à la retraite à 60 ans.


Bonne soirée.

06 septembre 2010

L'autre France.




05 septembre 2010

On remet ça mardi.





Bonsoir à toutes et à tous.


Une mobilisation se termine, une autre prend le relais. Eh oui, on appelle ça la démocratie, je le rappelle aux pisse-froid, toujours prêts à se désoler qu'il y ait manifs. Donc, préparons-nous à faire grève et descendre dans la rue, contre la réforme des retraites à la sauce Sarkozy. Il y aura du monde, je le sens, la droite et le gouvernement aussi.

Pourquoi manifester ? Très simple : la retraite à 60 ans est un acquis social qu'il faut défendre, point. Il faut toujours trouver le plus petit dénominateur commun pour mobiliser massivement. Et être très clair dans le message, l'avertissement lancé au pouvoir. Quand on est socialiste, la motivation est encore plus grande, puisqu'il s'agit de se battre en faveur d'une conquête des années Mitterrand.

Ceci dit, il ne faut pas non plus rester rivé sur le passé et se cantonner à un simple refus de ce qui se fait actuellement. Les syndicats résistent, c'est normal, leurs mandats les obligent. Mais un parti politique propose, avance un projet, et c'est autre chose. En participant au mouvement de mardi prochain, le Parti socialiste contribue à l'unité de la gauche. Mais il doit en même temps conserver sa spécificité et savoir se rapprocher des organisations avec lesquelles il est le plus en sympathie politique. Car l'union n'est pas la confusion ni n'efface les différences et singularités. Je vous ai ramené trois tracts distribués hier sur le marché de Saint-Quentin, qui permettent d'apprécier les divergences.

FO est dans une position de pur retrait de la réforme et ne dit quasiment rien de ce que proposent en revanche les autres syndicats, par exemple la notion de pénibilité (vignette 1). Drôle de destin que celui de Force Ouvrière : une origine anticommuniste, une période Bergeron rigoureusement réformiste (pendant longtemps, c'était le seul syndicat ouvrier à signer avec les patrons), une dérive protestataire depuis 1995, sous l'influence politique des lambertistes.

Aujourd'hui, toutes les grandes centrales sont réformistes, y compris la CGT. Il n'y a que FO qui ne le soit plus, campant sur des positions intransigeantes, refusant le compromis, faisant cavalier seul, brassant du vent en invoquant comme une divinité la "grève générale" (pourquoi pas la révolution, tant qu'à faire ?). Lisez le communiqué intersyndical qui appelle à la grève du 07 septembre (vignette 3) : FO n'en est pas, alors que SUD figure. Je préfère un syndicalisme qui annonce la couleur, qui affiche sa radicalité (SUD, la CNT) qu'un réformisme dégénéré après noyautage de qui vous savez.

En tant que socialistes, nous devons nous rapprocher naturellement de la CFDT (vignette 2) et de l'UNSA, qui sont les deux orgas les plus chimiquement pures en matière de réformisme. La confédération de Chérèque ne refuse pas l'idée, la nécessité d'une réforme du système des retraites, comme le PS. Et ses propositions sont proches des nôtres, par exemple agir sur la durée de cotisation (ce que refuse totalement FO) ou permettre à chacun de construire sa retraite.

Mardi, tout le monde défilera, mais pas tout à fait pour les mêmes raisons, et c'est très bien ainsi (c'est aussi ça la démocratie !). Les socialistes n'iront pas en aveugle mais feront leurs choix, ne se rangeront pas derrière n'importe quelle banderole ou mot d'ordre. La question des alliances est déterminante en politique, y compris dans une manif. Hier matin, quand on voyait sur le marché de Saint-Quentin qui distribuait et pour quoi, qui se rapprochait de qui, on avait très vite compris. J'invite mes camarades socialistes, en la circonstance, à rester le plus possible des socialistes fiers de leurs racines, de leur identité et de leur histoire, et à respecter à gauche tous ceux qui ne le sont pas.


Bonne soirée.






04 septembre 2010

Rentrée politique.

Bonjour à toutes et à tous.


La rentrée politique saint-quentinoise s'est déroulée ce matin sur le marché, sous un beau soleil et au milieu de la foule. Lutte Ouvrière vendait son journal comme à l'accoutumée, les syndicats appelaient à la manifestation de mardi contre la réforme des retraites, La Ligue des Droits de l'Homme et la Ligue de l'enseignement pétitionnaient contre le tournant sécuritaire de cet été.

Au départ, je craignais un peu que notre message ne passe pas (quand je lis dans L'Aisne Nouvelle d'aujourd'hui que 80% sont favorables aux expulsions de Roms !). La retraite sensibilise beaucoup plus les gens. Surprise, il n'y a pas eu d'hostilité ni d'indifférence, les contacts ont été nombreux et positifs, nous avons récolté pas mal de signatures.

Je n'ai eu qu'une seule prise de bec, avec un moustachu vicieux cachant au début son jeu et crachant à la fin son venin contre les "bien-pensants". Je respecte toutes les opinions, mais je n'aime pas les lâches qui ne disent pas dans les yeux ce qu'ils pensent vraiment mais qui finissent par l'avouer quand on les pousse dans leurs retranchements.

Un camarade de Saint-Gobain m'interpelle en me disant qu'à Saint-Quentin c'est un boulevard à droite pour les vingt prochaines années. Non, je ne le crois pas. La situation actuelle peut le laisser penser et porter à désespérer, mais la vie est plus forte que tout et l'immobilité ça n'existe pas. Je n'attends certes rien des évolutions nationales, qui n'auront pas de conséquences déterminantes chez nous. Mais la volonté des hommes peut faire bouger les choses. La force des convictions est entraînante et mobilisatrice. Ceux qui auront la foi en ce qu'ils sont et ce qu'ils font en sortiront vainqueurs. C'est la grande loi de l'Histoire, qui ne connaît pas d'exception.

Une dernière chose : c'était aussi la rentrée politique à droite, avec le pot de l'UMP à Fervaques. Mais là je ne peux pas vous dire comment ça s'est passé.


Bonne journée,
bonne manif à Fargniers.

03 septembre 2010

Rebs déconne.

Bonsoir à toutes et à tous.


Mon camarade François Rebsamen refuse de défiler demain aux côtés de la Ligue des Droits de l'Homme pour dénoncer la politique sécuritaire du gouvernement. Son argument : la loi doit s'appliquer partout et à tous, y compris aux Roms, il n'y a pas à les défendre s'ils sont dans l'illégalité. Il ajoute : "le PS, c'est pas la LDH".

Je suis moi aussi favorable à ce que la loi s'impose dans toute sa sévérité, quelle que soit la situation. Mais ce n'est pas de cela dont il est question : c'est de l'instrumentalisation d'une petite partie de la population, la mise en spectacle de la répression et des expulsions afin de complaire à une opinion obsédée par la sécurité et prompte à se donner des boucs émissaires.

En République, cela ne se devrait pas : il n'y a pas de communauté à montrer du doigt, il n'y a que des citoyens à sanctionner lorsqu'ils sont en faute. Ecoutez ce qu'a dit là-dessus Michel Sardou, qui n'est ni un "bien-pensant", ni un homme de gauche : c'est tout simplement une réaction de bon sens.

Rebs n'a pas tort de remarquer que la LDH, ces dernières années, s'est radicalisée, et son discours n'est pas toujours le mien. Mais s'il fallait être d'accord avec tout le monde pour agir, on ne ferait jamais rien. La gauche politique, associative et syndicale est plurielle et c'est très bien comme ça. J'ai trop souffert du sectarisme pour l'admettre un tant soit peu. Et puis, le Parti socialiste a signé la pétition de la LDH, ses élus et ses militants doivent donc respecter et honorer cet engagement, sinon il n'y a plus de vie collective possible.

Une dernière chose à ce propos : j'ai reçu ce soir un courriel de Jean-Lou Pernelle, de Lutte Ouvrière, qui me précise que son organisation participe à la mobilisation de demain, mais pas pour célébrer les 140 ans de la Troisième République, dont il me dit que c'est le régime qui a massacré les Communards et développé le colonialisme. J'avoue que je ne voyais pas les choses comme ça et que je ne sais pas trop quoi en penser.

Mais tout ça ne doit bien sûr pas nous empêcher de nous retrouver demain matin à 10h30 devant la Maison de la Presse à Saint-Quentin et à 15h00, Musée de la Résistance à Fargniers.


Bonne soirée.

Persona non grata ?

Bonjour à toutes et à tous.




Le Parisien de mercredi dernier a soulevé une petite polémique à propos de la présence d'Olivier Besancenot à la réunion de courant de Benoît Hamon, à la mi-septembre. Dans le même journal, Pierre Moscovici a exprimé son "malaise" et Gérard Collomb son franc désaccord. A vrai dire, chaque courant est libre d'inviter qui il veut dans ses réunions, et Besancenot n'est, pour un socialiste, ni infréquentable, ni pestiféré.


Mais la présence d'une personnalité politique à une tribune socialiste n'est ni indifférente, ni innocente. Elle a inévitablement un sens. Hamon justifie cette invitation par la lutte commune contre la réforme des retraites. Je veux bien, je comprends, mais l'union ne peut alors se faire que sur le terrain strictement syndical et pas politique. Car politiquement, entre le PS et le NPA, en matière de propositions sur les retraites, il n'y a guère de points communs.


De plus, cette collusion prête à confusion, laisse croire à l'opinion publique, et même à certains militants socialistes peu avertis du fait, qu'Aubry et Besancenot seraient sur la même longueur d'onde et pourraient éventuellement envisager des alliances. Et là je dis non. Je ne combats pas l'alliance PS-extrême gauche à Saint-Quentin pour la retrouver, y compris sous forme d'illusion, au niveau national !


Marchons avec l'extrême gauche demain contre la politique sécuritaire du gouvernement et mardi prochain pour défendre la retraite à 60 ans. Mais des alliances politiques, je n'en veux pas !




Bonne journée.

02 septembre 2010

Malaise pas fier.

Bonsoir à toutes et à tous.


C'était ce soir la foule des grands jours pour commémorer le 66ème anniversaire de la Libération de Saint-Quentin. Il y avait une raison à cela : l'inauguration d'une plaque commémorative rue de Longueville, à l'emplacement de l'ancienne prison, où de nombreux Résistants ont été torturés, fusillés, déportés pendant la Seconde guerre mondiale.

Parmi le public, droite et gauche étaient confondues, comme à l'époque celles et ceux qui ont subi l'oppression des nazis. Parmi les personnalités, le Maire, le Député, le Sous-Préfet étaient présents, et la plupart des adjoints. Nora Ahmed-Ali représentait l'opposition municipale.

Petite anecdote : une camarade qui passait manifestement par hasard a soufflé d'exaspération devant le nombre de drapeaux tricolores et d'élus UMP, ignorant visiblement de quoi il s'agissait. Cruelle méprise : le patriotisme n'est pas le nationalisme, la représentation de droite est issue des urnes, elle ne fait que son travail. La gauche, elle, doit être là, elle y a toute sa place. C'est même son devoir.

En rentrant chez moi (j'habite à côté), j'ai à nouveau ressenti ce malaise qui me prend parfois : des hommes et des femmes sont morts pour leurs idées, ont subi l'inimaginable pour défendre leurs convictions, et moi qui suis-je dans tout ça, que fais-je par rapport à eux ? Rien, ou des choses dérisoires, des petits combats entre sales garnements, aucune prise de risque, des enjeux minables, pas de grandeur ni de courage, si peu d'intelligence, le degré zéro de l'enthousiasme. Je ne dis pas que j'ai honte, ce n'est pas ma faute si l'environnement est ainsi. Mais je ne suis pas fier, car il ne dépendrait que de moi de voir ailleurs, de m'élever un peu, de faire plus utile, pour moi et pour les autres.


Bonne soirée.

01 septembre 2010

Porte-à-porte.

Bonsoir à toutes et à tous.


Je veux reparler ce soir de notre université d'été de La Rochelle. Eh oui ! Pour beaucoup, la page est déjà tournée et nous sommes passés à autre chose. On ne prend plus le temps à rien, on vit à la surface des choses. La Rochelle a été l'occasion d'échanges très riches, au sein d'ateliers qui n'ont pas été médiatisés, qui donc n'intéressent pas grand monde en dehors des participants. Grave erreur.

Pour ma part, j'ai lu avec beaucoup d'intérêt le rapport sur la méthode Obama appliquée à nos primaires françaises et dont le résultat le plus surprenant est la réhabilitation de cette vieille pratique militante qu'est le porte-à-porte. D'abord, on ne prend pas suffisamment conscience de la révolution interne que sera l'organisation des primaires. Humainement et matériellement, nous ne pourrons plus nous contenter de vivre entre quelques dizaines de militants, comme c'est le cas aujourd'hui dans bien des sections. Nous serons condamnés de nous ouvrir à nos sympathisants, sauf à sombrer dans un inqualifiable bordel.

C'est là où le porte-à-porte devient utile. Il permet de toucher et mobiliser une part de notre électorat actuellement en déshérence, de l'impliquer dans la campagne. Obama l'a emporté de cette façon-là, en récupérant des électeurs fuyants. Mais cette méthode ne peut fonctionner que dans une logique de terrain, de quartier. Si les militants socialistes se transforment en Témoins de Jéhova, ça ne marchera pas. Il faut des têtes connus de la rue pour que la porte s'ouvre et que le propos soit entendu. L'idée est bonne, mais le travail de mise en place reste énorme.


Bonne soirée.