L'Aisne avec DSK

30 novembre 2008

Chouchou dans les choux.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai bien sûr acheté "Le chouchou", de Jakubyszyn et Pleynet, consacré au "fabuleux destin de Xavier Bertrand", le jour même de sa parution. Je ne l'ai pas encore lu, ayant d'autres ouvrages à mon programme. Bertrand attendra! Mais en attendant, j'ai parcouru la presse et guetté les réactions du ministre. Et c'est très intéressant. Je vous livre quelques morceaux choisis par mes soins:

Dans Le Point du 13 novembre, on retient surtout que Xavier Bertrand a beaucoup, beaucoup d'ennemis, plus que n'importe quel autre membre du gouvernement. Le travail des deux journalistes est salué: ils "se gardent bien de toute intonation pamphlétaire. Ils ont pris le parti de la sobriété narrative et des notes en bas de page. Précis et méticuleux, ils livrent sans commenter. Des faits et des paroles".

Bref, du boulot de professionnel: il faut quand même rappeler que Jakubyszyn travaille au Monde et Pleynet sur la Chaîne Parlementaire, qui sont de solides références. Et 80 personnes et personnalités ont apporté leur concours en témoignant sur Xavier Bertrand qui , lui, a mal réagi à la parution de l'ouvrage. Chouchou sûrement, fayot pour les moins indulgents, mais à coup sûr pas très pro: il aurait pu être honoré qu'un livre lui soit consacré. Après tout, ce n'est pas donné à n'importe quel homme politique. Au lieu d'avoir cette élégance, il boude et boycotte. Pourquoi? Parce qu'il n'aime pas, parce qu'il a repéré, en deux pages, sept erreur. Vous devinez le raisonnement du malin: sur 264 pages, ça monte à 924 erreurs. On comprend pourquoi Bertrand ne lit pas le bouquin!

Et quelles erreurs! Il est écrit que Lavrilleux a été le témoin de son mariage, alors que c'est l'inverse. Renversant, non? Au moins, ça donne une bonne excuse au ministre pour ne pas discuter le portrait qu'on donne de lui, et auquel il n'a pas voulu collaborer (il n'a pas reçu les auteurs, nouveau signe de son manque de professionnalisme). Pourtant, la description mérite le détour: un homme volontaire mais brutal, habile politique et dévoré d'ambition, tacticien et manipulateur.

Le Monde du 12 novembre, dans un long article sur Xavier Bertrand, confirme ce profil fascinant et peu sympathique: "T'es le meilleur, t'es le meilleur, tu vas tous les niquer", c'est ce que lui répète souvent son conseiller Michel Betan (en Sarkozie, on s'exprime ainsi). "Faire tout comme Sarko", c'est un peu ça la méthode Bertrand. Comme Sarkozy, Bertrand "a faim". Pour ma part, j'espère que les Français vont lui en faire bouffer, tellement ce mimétisme est infantile.

Libération du même jour est à l'unisson: "Les auteurs en restent à la radiographie d'un animal politique dont personne ne sait dire au service de quelles convictions il déploie son ambition (...) Chouchou de Sarkozy, ça ne fait pas un destin politique".

Cette rapide revue de presse montre que les éloges ne sont pas au rendez-vous: Bertrand intrigue, fait peur, éventuellement fascine, mais on ne l'aime pas et on l'admire encore moins. Avec pourtant un bémol, E. L. dans L'Aisne Nouvelle du 13 novembre, qui se laisse aller à son enthousiasme, puisqu'il voit déjà Bertrand... chef d'Etat: "Nombreux sont en effet ceux à croire que ce météore de la vie politique française pourraient atteindre le sommet de l'Etat. Un parcours que certains n'hésitent pas à comparer à celui d'outre-Atlantique d'un certain Barack Obama, inconnu il y a quatre ans encore". Voilà au moins une appréciation que Bertrand ne va pas bouder ni boycotter!

Aussitôt lu "Le chouchou", je vous en reparle.


Bonne soirée.

La tentation activiste.

Bonjour à toutes et à tous.

L'Aisne Nouvelle de ce week-end, sous la plume de Karine Perocheau, consacre un grand article à la cellule de centre-ville du PCF saint-quentinois, jeune et très active. Cet article politique me pose des questions politiques:

1- Nos camarades communistes affirment que "nous sommes dans la ville du ministre du Travail, et rien ne se passe. Il est temps d'agir...". Et, plus loin: "nous voulons qu'une réelle opposition existe à Saint-Quentin". L'impression qui ressort de là, c'est que les jeunes communistes trouvent que ça ne va pas assez vite, assez loin, assez fort.

Mais une opposition existe à Saint-Quentin, que je sache? Et ce sont les électeurs qui l'ont désignée, lors du scrutin des municipales. Qu'il faille cependant, dans la ville de Xavier Bertrand, marquer particulièrement le coup et être à la hauteur de cette ministérielle présence, les jeunes communistes ont raison.

2- Mais on fait comment? C'est là où je suis très dubitatif. Nos camarades se font prendre en photo devant la permanence de Xavier Bertrand, recouverte d'affiches. C'est ce qu'on appelle une opération médiatique. Pourquoi pas, mais je crains que leur action politique se réduise à ça et tourne au pur et simple activisme. "Nous organiserons certainement d'autres manifestations de ce type", annoncent-ils.

Au regret de les décevoir, je crois que ça ne sert à rien. J'irai même plus loin: je me demande dans quelle mesure ce n'est pas contre-productif. Il n'est pas certain que les Saint-Quentinois se reconnaissent dans ce que Karine Perocheau appelle "un événement coup-de-poing".

3- Ma crainte se transforme en inquiétude quand, à la question "l'action passe t-elle par la révolte?", il est répondu: "s'il n'y a pas d'autre moyen, oui, pourquoi pas". Je note le conditionnel, mais à lire cet article, j'ai le sentiment que nos camarades sont déjà passés du côté de la révolte. "Nous n'avons pas de perspectives électorales", précisent-ils. C'est bien là, selon moi, tout le problème.

La gauche saint-quentinoise, à l'occasion des municipales, s'est déjà radicalisée, de par son projet et sa liste. Une partie ne serait-elle pas tentée par l'activisme? C'est d'ailleurs logique: la droite est hyperpuissante, elle semble indélogeable, le risque est donc réel de se laisser aller à une forme de désespoir, de délaisser le terrain électoral et de s'étourdir dans l'activisme.

4- S'opposer à la droite, certes, mais avec qui? Sur la photo de L'Aisne Nouvelle, nous remarquons, ensemble, le conseiller municipal du PCF, celui de la LCR et la responsable départementale de ce même mouvement. Est-ce le choix politique que font nos camarades communistes, se tourner vers l'extrême gauche plutôt que vers le PS? La question de l'unité de la gauche, de ses composantes et de ses limites, reste posée à Saint-Quentin.

D'autant que dans le même journal, je découvre, dans un compte-rendu d'une récente réunion du Parti ouvrier indépendant local, que celui-ci se déclare "ouvert à tous, y compris aux socialistes qui ne veulent pas abandonner le socialisme". Est-ce que j'en fais partie? Et de préciser: "nous sommes disposés à conduire des luttes communes avec les autres partis et organisations de gauche. A Saint-Quentin, nous avons réussi à constituer une liste d'union, c'est sans précédent". Ca, je sais...

Pour conclure ma réflexion, je rappellerai, à nouveau, que je ne mets pas en cause les personnes, bien au contraire. Je ne sais pas si "on a toujours raison de se révolter" comme le pensait Jean-Paul Sartre, mais je sais qu'on a toujours raison de faire ce qui nous semble juste. De ce point de vue, je porte de l'estime à Olivier, Corinne, Alexandre, Aurélie, Laurie, Barbara et Franck, comme j'ai beaucoup d'estime pour les jeunes militants chrétiens que j'ai rencontrés hier après-midi. Je ne méprise que ceux qui parlent et ne font rien.

Mais ce n'est pas pour autant qu'agir vous donne raison dans ce que vous faites. Pour moi, l'avenir de la gauche saint-quentinoise ne passe pas par l'activisme, ni par la radicalisation. Je crois même que ce sont des pièges que nous tend la droite. Ce dont nous avons besoin, ce qui nous manque cruellement, c'est la crédibilité et l'ancrage dans certains milieux sociologiques, qui seuls nous permettraient d'envisager sérieusement la conquête électorale de la municipalité.


Bonne matinée.

29 novembre 2008

Chrétiens de gauche.

Bonsoir à toutes et à tous.

Tous les deux ans, je participe, moi le laïque, à la journée de la Mission Ouvrière de Saint-Quentin, qui rassemble les organisations chrétiennes telle que la JOC. C'est ce qu'on appelle communément le milieu "chrétien de gauche". J'y ai quelques amis, mais surtout des affinités politiques. En 1975, quand le PS a fait le choix historique d'intégrer cette mouvance, très convoitée par le PCF, un acte a été posé, malgré les réticences de François Mitterrand. Il ne faut pas aujourd'hui l'oublier.

Le rassemblement de la Mission Ouvrière de Saint-Quentin a eu lieu cet après-midi, salle Charles de Foucauld. Ce réseau demeure important sur la ville, et la gauche "institutionnelle" aurait tort de s'en désintéresser. A l'heure où je suis passé, il y avait bien 90 personnes, et quelques personnalités: une élue d'opposition de Saint-Quentin, une vice-présidente du Conseil régional de Picardie et, bien sûr, monseigneur l'évêque.

Mon engagement laïque, auquel je faisais référence au début, ne m'empêche absolument pas de me sentir bien dans ce milieu, qui est tout autant laïque que moi. Je partage avec lui de nombreuses valeurs: progrès social, fraternité, dénonciation des inégalités, solidarité internationale, lutte contre les discriminations, etc. Nous avons incontestablement une culture commune. Si la gauche locale veut se reconstruire, il faudra qu'elle compte avec les chrétiens de gauche, qui restent influents à Saint-Quentin.

Je pense depuis longtemps que c'est plus par l'associatif que par le strictement politique qu'une gauche saint-quentinoise peut se reconstruire. Avant, le PCF avait cette mission et l'exerçait à sa façon., plutôt bien. C'est maintenant au tour du PS de le faire. Y parviendra-t-il? Nous verrons. En tout cas, c'est ce qu'a fait la droite locale, un maillage associatif impressionnant, qui la dispense même, et c'est le fin du fin, de faire de la politique, même au moment des élections.

Ce que j'apprécie chez les chrétiens de gauche, c'est qu'ils ont su rester en contact avec les milieux populaires. Beaucoup d'entre eux sont présents, par exemple dans les centres sociaux, au milieu des publics en difficultés. Là où le Parti socialiste, trop souvent, est fréquenté par la petite bourgeoisie (et je n'ai rien contre!), les mouvement chrétiens ont gardé un ancrage chez les personnes modestes et les plus pauvres.

J'ai remarqué aussi la présence de nombreux jeunes, ce qui est toujours un signe de vitalité pour une organisation. La journée s'est terminée par le traditionnel Chiffon Rouge, chanté debout, poing levé ou chiffon rouge agité. Pas de doute, nous sommes bien dans une mouvance de gauche, même si elle n'affiche aucun choix partisan.


Bonne soirée,
"Car le monde sera ce que tu le feras
Plein d'amour, de justice et de joie."

Les beaux jours du capitalisme.

Bonjour à toutes et à tous.

Avez-vous lu le sondage sur le bonheur, paru dans Aujourd'hui en France de lundi dernier? Allez voir, c'est fort instructif et, mine de rien, très politique. A la question "Votre vie est-elle celle dont vous rêviez?", je m'attendais à une forte majorité de réponses négatives. Qui d'entre nous, moi le premier, a vraiment la vie dont il rêvait? Quasiment personne. Une existence de rêve, ça se saurait! Il faudrait, chose impossible ou rarissime, que nos désirs correspondent à la réalité. Ce n'est pas pour autant que nous soyons malheureux, et je ne le suis pas. Mais en matière de rêve, je vois ma vie et la vie autrement.

Eh bien, savez-vous ce qu'ont répondu les Français? Qu'à 75% leur vie était celle dont ils rêvaient! 75%, vous avez bien lu! C'est évidemment énorme, et pour ma part incroyable, en total décalage avec ma perception de l'opinion, qui très souvent se plaint, est mécontente et va jusqu'à penser que "c'était mieux avant". Il faut bien entendu relativiser ce chiffre: psychologiquement, on se satisfait de ce qu'on a, on affirme ne rien regretter, on ne changerait rien s'il fallait recommencer, parce que, de toute façon, on ne peut pas faire autrement, on se contente de notre vie parce que c'est la seule et qu'il n'y en aura pas d'autre. Comme on fait de nécessité vertu, on fait aussi de nécessité bonheur.

Il n'empêche que 75% qui ont la vie de leur rêve, c'est ahurissant. D'un côté, c'est formidable, les gens sont heureux, contrairement à ce que laisse croire le pessimisme ambiant. D'un autre côté, c'est inquiétant. D'abord parce qu'on peut s'interroger légitimement sur la sincérité et le sens de cette réponse massive. Ensuite parce que, lorsqu'on a la vie dont on rêvait, que peut-on vouloir d'autres et de mieux? Si les Français sont heureux dans cette société, si elle a permis de réaliser leurs rêves, à quoi bon vouloir la changer? La gauche devrait se poser la question...

Mais le bonheur, c'est bien connu, on n'en a jamais assez, comme de toutes les bonnes choses. C'est pourquoi le sondage d'Aujourd'hui en France pose une autre question: "Personnellement, quelles sont les choses que vous aimeriez avoir pour être plus heureux aujourd'hui?" Les réponses sont là aussi étonnantes et passionnantes. En n°1, à 52%, vient l'argent, loin devant la santé (32%). Du temps et des loisirs, c'est après, bien après (21%). Quant à l'amour et à l'amitié, ils recueillent de médiocres scores, respectivement 11% et 7%. Enfin, il y a quelque chose qui ne rend pas du tout heureux les Français, malgré les nombreuses émissions de télévision sur ce sujet: c'est la célébrité (2%).

Là encore, il faut relativiser ces chiffres, mais comment ne pas se montrer surpris et critique? L'argent, nous en avons tous besoin et, à part une minorité, nous en manquons. Mais est-ce une raison valable pour la mettre majoritairement en tête de ce qui rend heureux? Même la santé est sacrifiée à l'argent! Si je n'ignore pas que l'argent permet d'entretenir sa santé, ce n'est tout de même pas lui qui nous fait échapper à la maladie! Quant à l'amour et à l'amitié, on peut supposer que les Français n'en réclament pas plus parce qu'ils les ont déjà. C'est la version optimiste. On peut aussi penser qu'ils croient moins aux sentiments qu'en l'argent, interprétation à nouveau paradoxale dans une société de plus en plus émotive.

L'enseignement politique que je tire de ce sondage, c'est que le capitalisme a de beaux jours devant lui, malgré tout ce qu'on raconte sur la crise financière. En effet, pourquoi voulez-vous que les Français rejettent un système qui ne les empêche manifestement pas d'avoir la vie dont ils rêvaient? Et pourquoi voulez-vous qu'ils contestent ce même système puisqu'ils recherchent eux aussi ce qui est son moteur et sa finalité, l'argent? A gauche, il faut qu'on réfléchisse à tout ça, qu'on ne s'emballe pas sur un anticapitalisme largement fantasmé, qui semble loin de la préoccupation des Français.


Bonne et heureuse matinée.

28 novembre 2008

Vive les courants!

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai souvent critiqué sur ce blog la lutte des courants au PS, qui divise et désorganise notre Parti. Je me rends compte que c'est un peu paradoxal. Quand j'observe mes camarades, je suis l'un des rares qui, depuis plusieurs années, adhère à un courant avec constance, sans nulle autre raison que l'engagement intellectuel à des idées.

Au PS, mais ailleurs aussi, les choix sont plus liés aux personnes qu'aux convictions. Ce qui n'a rien d'ailleurs de choquant: beaucoup de socialistes sont socialistes, point. Ils ne ressentent pas le besoin d'ajouter un adjectif, fabiusien, strauss-kahnien ou autre. De ce fait, les appartenances internes se font autour des élus. Regardez chaque section, le résultat des votes, c'est flagrant, à quelques exceptions prêts.

Du coup, j'ai envie ce soir de me faire le défenseur des courants. Ce n'est pas contradictoire avec ma position passée, qui condamnait les clans, pas les courants. Pourquoi défendre ceux-ci? Parce qu'ils représentent des lignes politiques et que la politique est une affaire de lignes. Avec Ségolène, mon inquiétude était de voir le Parti se dissoudre dans un vaste et vague enthousiasme autour d'une personne dont je ne doute pas qu'elle soit enthousiasmante mais qui ne suffit pas à constituer une ligne ou un projet politiques. Claude Gewerc, président du Conseil régional de Picardie, hier soir à Saint-Quentin pour la réunion d'Anne Ferreira sur les délocalisations fiscales, n'a pas dit autre chose: il faut au PS un "corpus idéologique" (Gewerc, fabiusien, a soutenu Aubry).

Pourquoi je vous dis tout ça? Parce que dans Le Monde du 25 novembre, j'ai repéré un excellent article du politologue Rémi Lefebvre sur le PS, dont je vous livre cet extrait:

"Le PS n'est plus qu'une addition d'intérêts particuliers. Implantés dans les bastions que lui réserve la logique des élections intermédiaires, les élus qui font et défont les motions ne jouent pas un jeu politique national dont ils se désolidarisent. Les élus veulent-ils vraiment le pouvoir ou ne préfèrent-ils pas le confort émollient de leurs fiefs? La cacophonie socialiste ne doit pas à la force des courants mais bien à leur faiblesse. Ils ne sont plus que des coalitions fragiles d'intérêts contradictoires et des conglomérats d'intérêts locaux. Aussi se révèlent-ils incapables de structurer des rapports de force et de réguler une concurrence interne devenue débridée."

Observez ce qui se passe dans l'Aisne, vous comprendrez...


Bonne soirée.

Deux millions.

Le nombre de chômeurs a, une fois de plus, dépassé la barre des deux millions. Deux millions! Ca me ramène 25 ans en arrière, quand le Premier ministre Pierre Mauroy se battait sur la crête de ce chiffre fatidique. Qui aurait dit alors, un quart de siècle plus tard, que rien n'aurait changé, que les deux millions seraient toujours là?

Et pourtant, la société a vécu, des emplois ont été créés, notamment sous le gouvernement Jospin. Mais la fatalité n'a pas été terrassée. Le seul échec, celui qui entraîne tous les autres, c'est celui-là, d'autant plus grave que d'autres pays d'Europe ont su trouver des solutions. Pas nous. La seule réussite d'une politique serait celle-là, réduire le nombre de chômeur à un taux raisonnable.

De ce point de vue, un an et demi après sa mise en route, la politique de Nicolas Sarkozy est un échec (mais il est vrai qu'elle ne se donnait pas pour objectif premier de réduire le chômage). Son luxe, sa bizarrerie, c'est d'augmenter le temps de travail sans réduire le nombre de chômeurs. Nous sommes invités à travailler le dimanche, à prendre des heures supplémentaires, à partir beaucoup plus tard à la retraite, dans une société où le chômage prospère.

Où va-t-on comme ça? Nulle part, dans le mur. Les chômeurs sont contrôlés, leurs droits sont réduits, mais l'emploi n'est pas là, et le ralentissement de la croissance, conjugué à la crise financière, ne vont rien améliorer. Tout cela est mal vécu, parce qu'il se répand un parfum pas très agréable d'absurdité: les jeunes ne trouvent pas de boulot, les vieux n'arrivent plus à garder le leur et le gouvernement trompète à tout le monde qu'il faut travailler plus! Si Martine Aubry et le PS veulent retrouver du crédit, ils devront nous parler non pas du travail (laissons cette "valeur" à Sarkozy) mais de l'emploi.


Bon après-midi.

Merde ou merci.

Bonjour à toutes et à tous.

C'est le genre de débat dont la classe politique française est très friande, qui se répète et qui débouche généralement sur rien, parce qu'une question mal posée engendre de fausses réponses. La question, on en parle depuis trois jours: faut-il contraindre les SDF à rejoindre un centre d'hébergement quand il fait, comme en ce moment, grand froid? Les oui et les non, les pour et les contre s'affrontent, et on sent bien que ça n'avance à rien, surtout pour les SDF.

D'abord, notons, sur ce sujet comme sur quelques autres, la cacophonie gouvernementale, que vous pouvez appeler polyphonie si ça vous chante. Mardi, Boutin dit non, pas question de forcer qui que ce soit à aller là où il ne veut pas. Mercredi, Sarkozy dit oui, au nom du devoir d'assistance à personne en danger. Mais jeudi, Fillon dit non, en vertu de la liberté de chacun de décider de ses choix. Alors on fait quoi?

Examinons pour commencer les arguments, et par celui, à tout seigneur tout honneur, de Sarkozy. Il nous a été rapporté qu'en conseil des ministres, il avait utiliser une métaphore, celle de la migraine: quand on est atteint du mal de tête, on ne se pose pas de questions, on consulte, on se soigne. Même chose pour les SDF: il faut les guérir du froid et les préserver de la mort, toute autre interrogation est superflue.

Boutin reprend l'argument, en moins imagé mais tout aussi percutant: ce n'est pas une question de philosophie ou de principe, mais de vie ou de mort, a-t-elle dit. Après ça, vous voulez dire quoi? Quand même, on peut rappeler au ministre que l'état de vie ou de mort n'empêche pas de philosopher, ou plus modestement de réfléchir un peu, et de se déterminer par rapport à quelques grands principes moraux.

Quant à notre président, rappelons-lui que le rapprochement entre la migraine et l'extrême pauvreté est osé, pour ne pas dire indécent. Tous les maux, toutes les souffrances ne sont pas à mettre au même niveau.

A toute notre société, aux médias en particulier, disons aussi que la compassion légitime ne fait pas nécessairement une bonne politique. Il faut qu'il y ait mort d'hommes pour qu'on s'intéresse au problème des SDF, qui existe depuis une bonne quinzaine d'années. Il faut que l'hiver arrive pour que notre sensibilité s'émeuve. Et pendant l'été? Même si Aznavour chante que "la misère serait moins pénible au soleil", elle est toujours là, et toujours aussi cruelle.

A la classe politique, rappelons qu'en 2002, pendant la campagne des présidentielles, Pierre Moscovici avait proposé l'objectif de "zéro SDF", et que Nicolas Sarkozy, en 2007, s'était engagé à ce qu'il n'y ait plus aucun SDF dans la rue d'ici deux ans. Croyez-vous qu'on en prenne le chemin? A vrai dire, la compassion m'horripile. Je veux de la politique, pas des bons sentiments, même s'il faut un peu de sentiments pour faire de la politique.

Je veux surtout qu'on commence par regarder la vérité en face et qu'on utilise les mots justes, et pas des pansements qu'on met sur la réalité: SDF, j'emploie le mot parce que tout le monde l'emploie, mais réduire la misère à un sigle, c'est navrant et comique. "Sans domicile fixe", ce n'est pas mieux, ça ne veut rien dire: les plus riches de ce monde, qui vont d'une suite d'hôtel à une autre, n'ont pas non plus de domicile fixe. C'est que les mots nous écorchent la gueule: miséreux, misérables, vagabonds, clochards, notre vocabulaire est pourtant riche quand il veut désigner les pauvres. Mais les mots nous font peur.

Terminons par la fausse question avec laquelle on joue au ping-pong depuis trois jours: faut-il forcer les vagabonds à rejoindre un abri qui les protège du froid et de la mort? Fausse question parce que contre le froid et la mort, tout individu a envie de se protéger, la question ne se pose même pas. Proposez à un clochard un logement décent, il dira oui. Le vrai problème, c'est qu'un centre d'hébergement, c'est souvent l'enfer: la promiscuité, les vols, la violence, et surtout, du provisoire qui ne règle rien, qui ne rend pas espoir.

Surtout, il faut entrer dans la psychologie de celui qui n'a plus rien, qui a tout perdu, y compris sa dignité. Il ne lui reste plus qu'une seule chose, qu'on ne peut enlever à personne, à aucun être humain, du moins en démocratie: notre liberté. Celle-ci, c'est ce qui relie encore le SDF à l'humanité. Si j'étais rejeté de tous, dans une situation d'extrême faiblesse, il me resterais cette ultime force: dire merde à celui qui veut m'obliger à quoi que ce soit, surtout quand il m'approche avec les meilleurs sentiments du monde. Dire merci, c'est se soumettre, se rabaisser, s'effacer, se montrer redevable. Dire merde, c'est retrouver un peu de dignité, c'est se redresser, c'est la dernière noblesse du pauvre. Il paraît aussi que ça porte bonheur. Au point où on en est, et tant qu'à faire...


Bonne matinée,
et m... à tous.

27 novembre 2008

Le MoDem à St Quentin.

Bonjour à toutes et à tous.

Le MoDem à Saint-Quentin s'organise, la presse en parle. Voyons voir un peu ça, de quoi il s'agit. Aux présidentielles, Bayrou avait chez nous une alliée de poids, en la personne de Monique Ryo, première adjointe. Et puis, aux législatives, elle a soutenu Xavier Bertrand et rejoint le Nouveau Centre. Normal, elle ne pouvait pas rester dans un mouvement férocement anti-Sarko tout en appuyant son chouchou. Du coup, un candidat du MoDem a été parachuté, qui a fait peu de voix et qui est reparti aussi vite qu'il était arrivé.

Aux municipales, pas question évidemment, pour le MoDem ici, de rejoindre la liste PS-extrême gauche. Son représentant, Paul Gironde, s'est retrouvé avec Pierre André, pas gêné de côtoyer Bertrand, malgré les violentes critiques du parti centriste contre la politique gouvernementale. A vrai dire, jusqu'à maintenant, le MoDem n'existait pas vraiment sur Saint-Quentin. Depuis quelques jours et une réunion publique, il semble en aller autrement. Mais quoi vraiment?

L'animateur de la section saint-quentinoise, Stéphane Monnoyer, bien que jeune, n'est pas un nouveau venu sur la scène politique saint-quentinoise. Il n'y a pas si longtemps, il était membre de l'UMP. Et il y a un peu plus longtemps, il était membre du MPF de Philippe de Villiers. Voilà au moins quelqu'un qui, au fil des années, évolue bien. A force d'évoluer, peut-être même finira-t-il au PS? Allez savoir...

Ses ambitions politiques semblent sérieuses, puisqu'il s'investit également dans le monde associatif, en lançant une nouvelle association, Ciné Muses. Peut-être souhaite-t-il séduire les milieux de gauche, plutôt présent dans le monde et les activités culturels? Toujours est-il qu'il fait très fort, puisque sa première grosse manifestation aura lieu le 1er décembre, dans le cadre de la Journée mondiale contre le sida, en partenariat, entre autres, avec le bar homosexuel de Saint-Quentin. C'est une journée où l'on distribue aussi des préservatifs pour contrer la maladie. Je suppose que l'ancien villiériste dans le jeune Monnoyer est mort, et bien mort. Sinon, il doit se retourner dans sa tombe!

En attendant, Paul Gironde fait cause commune avec le tout nouveau responsable du MoDem saint-quentinois. J'attends avec impatience et curiosité que l'un et l'autre transmettent dans notre bonne ville les propos vengeurs et parfois assassins que Bayrou adresse régulièrement à Sarkozy. C'est fait pour ça, non, le responsable local d'un parti? Mais quelque chose me dit, c'est bizarre, que ça ne se passera pas ainsi.


Bon après-midi.

26 novembre 2008

L'histoire d'une victoire.

Bonsoir à toutes et à tous.

Martine Aubry n'a pas gagné. Je ne le dis pas ce soir par provocation. En politique, ce ne sont pas les personnes qui gagnent, mais les lignes politiques. Ce qu'on appelle la victoire d'Aubry est la victoire d'une orientation politique, dont rien ne laissait prévoir qu'elle finirait par l'emporter. Petit retour en arrière, il y a un an et demi:

Présidentielles 2007, Ségolène a perdu alors qu'elle avait été annoncée longtemps gagnante, la seule en capacité de battre Sarkozy. Voilà pourquoi DSK et Fabius n'ont pas été choisis. Et pourtant, le dit Sarkozy l'emporte, massivement, fait des ravages dans les milieux populaires. Comble de la défaite pour la gauche: le centre droit Bayrou réalise un très joli score sur des idées pas très éloignées de celles de Ségolène, ce qui a pour conséquence de nous piquer des voix. A la gauche de la gauche, Besancenot ne s'en tire pas mal du tout.

Réaction immédiate: des adversaires d'hier, strauss-kahniens et fabiusiens (la jeune génération et les intellos), décident de se rapprocher, avec quelques idées en tête:
- L'ampleur de la défaite est grande, il ne faut surtout pas se le cacher.
- La première cause est dans l'absence de projet du PS, qui depuis 10 ans ne travaille plus collectivement.
- La deuxième cause, c'est la droitisation de notre campagne présidentielle: sur certaines questions de société, nous avons rejoint des positions de droite (retour de l'autorité, suppression de la carte scolaire, usage du drapeau national, personnalisation de la politique, etc). Du coup, les électeurs n'ont plus très bien vu notre différence.

Après les réactions, les pistes de solutions:
- Dépasser les anciens clivages (d'où le rapprochement a priori baroque entre strauss-kahniens et fabiusiens).
- Privilégier le travail collectif, refuser toute forme de présidentialisation (ça tombe bien: le champion des strauss-kahniens est à Washington, le champion des fabiusiens se cantonne à un rôle de "sage actif").
- Se donner quelques années pour se doter d'un projet à la fois moderne (ce que voulait à coup sûr Ségolène) mais ancré à gauche (pour les strauss-kahniens, c'est une social-démocratie rénovée).

Ce mouvement se donne un nom: les Reconstructeurs. Certains camarades s'en moquent gentiment: pour eux, c'est l'alliance des carpes et des lapins, promise à aucun avenir. Des réunions ont lieu à Paris, je participe à quelques-unes d'entre elles, moi aussi parfois sceptique, mais discipliné et fidèle aux décisions collectives du courant strauss-kahnien. Le congrès approche, et deux poids lourds de la politique s'avancent: Delanoë et Royal, l'un et l'autre bien décidés à prendre la direction du Parti. Au milieu, les Reconstructeurs pèsent peu. Qu'importe, ce sont les idées qui comptent et qui sont influentes, pas les femmes ou les hommes!

Alors, une décision est prise: choisir Martine Aubry comme fédérateur de toutes les sensibilités qui confluent dans le mouvement des Reconstructeurs (Montebourg, Vidalies et, un temps, la Ligne Claire de Collomb). Ca ne va pas sans mal: Moscovici nous quitte, sur un malentendu et une indélicatesse (à La Rochelle). Mais on y arrive: Martine sera notre candidate! C'est très risqué: Ségolène conserve et cultive sa popularité, Delanoë est en pointe dans les sondages, Aubry traîne le poids des 35 heures. Mais elle y va quand même, et on la suit!

L'objectif est quand même de rassembler, de rallier Hamon et Delanoë. Ca ne marche pas. Alors on continue. Et arrive ce que vous savez: la motion D obtient 25%, Aubry arrive seconde derrière Royal, Hamon la soutient, Delanoë aussi, et c'est la victoire ric-rac. Personnellement, je ne peux qu'être satisfait. J'aurais pu suivre Mosco chez Delanoë, j'avais de bonnes raisons pour ça. Mais l'intuition et la discipline ont été les plus fortes, et m'ont finalement donné raison. Pardonnez ce petit plaisir, ce n'est pas tous les jours que je me retrouve dans le camp des vainqueurs.


Bonne soirée.

Pourquoi Aubry.

Bonjour à toutes et à tous.

Martine Aubry, qui est à ce jour la première des socialistes, dispose de quelques qualités que j'aimerais vous faire partager, afin de vous convaincre que le proche avenir peut nous sourire, pourvu que nous le voulions:

1- En tant que maire de Lille, elle représente la tradition socialiste la plus authentique, celle du Nord, ouvrière, populaire. Elle est l'héritière de Pierre Mauroy, le socialiste qui incarne le mieux ce que nous sommes et devrions être. Il n'y a pas de nostalgie ou de passéisme dans tout ça, simplement le souci d'une attache, d'un enracinement, qui permet de mieux aborder et préparer le futur.

2- Martine Aubry, c'est aussi la social-démocratie assumée. Elle n'a jamais fait partie de l'aile gauche du Parti, n'est pas la fille des années Mitterrand et des années 70. Elle est, avec DSK, l'un des rares socialistes à bien connaître le monde économique et le milieu patronal, pour avoir été n°2 de Péchiney, ce qui n'est pas rien.

3- Quand elle s'impose sur la scène politique, c'est dans le gouvernement Jospin, sous la "gauche plurielle", c'est-à-dire une mandature très réformiste. Elle occupe le poste de ministre du Travail, ce qui en fait une spécialiste des affaires sociales. Ce dont nous avons bien besoin par ces temps de réaction et de restauration à droite.

4- On retient de Martine Aubry une réforme, sans doute la plus grande des années Jospin, la plus décriée aussi: la loi sur les 35 heures. Au moment où la droite, Xavier Bertrand en tête, la détruit, nous devons la revendiquer et la défendre haut et fort (ce qu'hélas nous n'avons pas toujours fait). Aubry, c'est la gauche de gouvernement qui ne craint pas d'être fière de ce qu'elle a fait, qui ne marche ni à reculons ni à l'ombre par rapport à son bilan.

5- Je me permettrais enfin de rappeler qu'Aubry est la fille de son père, même si ce genre de remarque n'est pas dans mes habitudes. Comme Jacques Delors, avec Jacques Delors, c'est une grande européenne.

Socialiste authentique, réformiste assumée, d'une gauche sociale, gouvernementale et européenne, Martine Aubry fera une excellence première secrétaire nationale.


Bonne fin d'après-midi.

25 novembre 2008

C'est Aubry.

Cette journée aura été celle de l'épilogue d'une longue crise au PS. La commission de récolement a d'abord annoncé les résultats: 102 voix de plus pour Aubry, alors qu'on parlait de 42, et même, pour certains, de 4! Cette commission est purement technique, elle a examiné les dossiers et a fait part de ses conclusions. A son tour, le conseil national a siégé, instance politique cette fois-ci, qui a validé et proclamé les résultats: Martine Aubry élu première secrétaire du PS.

Comme vendredi soir, je n'en tirerai aucun cri de victoire. Ségolène Royal a fait un excellent score, inattendu au regard de ce qu'on annonçait et du score de sa motion et du premier tour. Martine ne pourra pas faire sans elle. Notre Parti devra profondément s'interroger sur sa rénovation, et associer tout le monde à cette réflexion.

J'aime beaucoup Manuel Valls pour son apport théorique à la modernisation de notre doctrine. Mais en persistant à vouloir requérir les tribunaux pour faire annuler le vote, je crois qu'il joue un mauvais tour au Parti.

Dans l'Aisne, pour les jours qui viennent, il faudra s'efforcer de donner corps à une majorité en faveur de Martine Aubry, qui devrait se constituer à l'occasion de notre conseil fédéral de lundi.

A mes camarades et amis ségolénistes, je devine leur peine, peut-être même leur rage. Je leur redis qu'eux aussi ont gagné (comment pourrais-je ne pas le reconnaître?), qu'il nous faut diriger ensemble le Parti, que Ségolène Royal est promise, j'en suis certain, à un bel avenir, que la victoire pour demain ne saurait être que collective, que tous les talents doivent être conjugués pour gagner, qu'on ne fait pas de la politique, croyez-moi, avec de la peine, de la rage ou de la revanche, mais avec de la joie, de la réconciliation et de l'espoir.


Bonne nuit.

Image et réalité.

Bonsoir à toutes et à tous.

A l'heure où délibère le Conseil national du PS, sans que nous en connaissions l'issue, je veux faire mentir l'image qu'on donne de notre Parti depuis quelques jours, qui ne correspond pas à la réalité. L'image, c'est celle d'une organisation défectueuse, avec des milliers d'irrégularités et un fort soupçon de tricherie. Cette image est fausse, malveillante, diffamatoire. La réalité passe par quelques constats, qu'il faut rappeler:

1- Toute élection est pleine de petites erreurs, pour la plupart mineures, qui ne contrarient pas le résultat, sauf quand celui-ci est très serré. Nous sommes dans ce cas.

2- Quand la République organise une élection, elle bénéficie du soutien de l'administration nationale et territoriale. Le PS ne peut compter que sur la bonne volonté et la disponibilité de ses militants. Ce qui explique le nombre de dysfonctionnements.

3- Nos règles sont nécessairement moins strictes que celle de la République. Par exemple, entre les deux tours, il n'y avait que 24 heures. Impossible d'éditer des bulletins de vote. Alors, le choix s'est fait de façon manuscrite, en écrivant le nom du candidat. Que faire quand un bulletin était libellé "Ségolène", et pas le nom en entier? Annulation du bulletin? Bien sûr que non, mais il n'empêche qu'on peut le considérer comme une irrégularité. Ternit-elle la sincérité du scrutin? Bien sûr que non.

4- Mais les tricheries? Si elles existent, il faut les montrer, les prouver et annuler le vote de la section ou de la fédération concernées. Cependant, cette grave accusation me gêne fort: comment vivre ensemble avec un tel soupçon? Je préfère tenir mes camarades pour des personnes de bonne foi.

5- Depuis une quinzaine d'années, le PS s'est démocratisé, ses règles de fonctionnement se sont précisées et renforcées. Il serait paradoxal qu'on l'accuse aujourd'hui de tricherie, alors qu'il y a trente ans, avec des règles beaucoup plus lâches, on n'a jamais infligé une telle récrimination à François Mitterrand.

6- Certains, favorables à l'annulation du scrutin, comparent avec les élections municipales, où l'on revoterait, dans une telle situation de contestation. Sauf que la désignation d'un chef de parti, qui se déroule entre camarades concurrents, n'est pas comparable à l'élection d'une liste municipale, où l'on s'affronte entre adversaires politiques. Faire appel à la Justice, laisser le soin à une juridiction extérieure de trancher un différend politique serait catastrophique (et jamais vu, à ma connaissance).

7- La majorité, c'est la moitié des voix plus un. Plus deux, trois, quatre, quarante-deux ou le nombre que vous voudrez, ça ne change strictement rien, c'est toujours la majorité. En termes de statuts, de procédure et de principe, ça ne pose aucun problème. Mais ça pose incontestablement un problème politique.


Bonne soirée.

24 novembre 2008

Le chouchou du libéralisme.

Bonjour à toutes et à tous.

De tous les ministres du gouvernement, Xavier Bertrand est le plus libéral. C'est sans doute pourquoi il répète avec insistance qu'il ne l'est pas, pour s'en défendre. Par moments, il avoue, dans un oxymore: "libéral et social", qui signifie en réalité libéral.

Mais qu'est-ce qu'un libéral? Qu'un qui croit ferme que chaque homme est libre de ses choix, que les déterminations sociales ne sont pas prépondérantes, que quand on veut on peut, qu'une bonne foi générale régit les relations entre les individus, que les intérêts des uns s'accordent harmonieusement avec les intérêts des autres. C'est une philosophie optimiste, aimable, pleine de présupposés idéologiques peu conformes à la réalité. C'est la philosophie de Xavier Bertrand.

La mienne est tout autre, à bien des égards opposée: je crois que l'homme est rarement libre de ses choix, que les déterminations sociales sont majeures, qu'on ne peut pas toujours ce qu'on veut, que l'égoïsme, l'hypocrisie, l'ignorance, l'irrationalité régissent les rapports entre les individus, que les intérêts des uns s'opposent conflictuellement aux intérêts des autres. Ma philosophie est pessimiste, tragique, parce qu'elle se soumet à la réalité, évite tout idéalisme. Ce qui ne signifie pas que ma vision soit désespérée, mais seulement réaliste.

Politiquement, que donne l'application de la philosophie libérale de Xavier Bertrand, ministre du Travail? Quatre exemples:

1- Il est favorable à la retraite à 70 ans, moi pas. Bien sûr, chacun est libre, personne n'est obligé. Mais c'est oublier les réalités sociales, qui font que les plus pauvres, dotés d'une maigre retraite, se sentiront obligés de continuer à travailler, alors que les plus riches pourront se permettre d'arrêter plus tôt. C'est oublier aussi combien cette mesure est irrationnelle, d'une société marchant sur la tête: il y a deux millions de chômeurs, des jeunes qui ne trouvent pas de boulot, des quinquagénaires qui n'en retrouvent plus, et l'on voudrait inciter à travailler jusqu'à 70 ans!

2- Il est favorable au travail le dimanche, payé double, et toujours aussi librement. Même problème: on travaille le dimanche pour gagner plus d'argent, ce qui signifie qu'on en manque. Celui qui en a assez restera chez lui ce jour-là. Ce sont encore les plus défavorisés qui vont payer, si j'ose dire.

3- Il est favorablement au dépassement des 35 heures, pour ceux qui choisissent librement les heures supplémentaires. Mais la liberté, c'est d'abord celle du patron, qui choisit ou non de vous attribuer des heures supp, quand l'état de son entreprise le permet.

4- Il est favorable à la rupture à l'amiable du contrat de travail, sans passer par la démission ou le licenciement. Cette mesure suppose une égalité entre les contractants, salarié et patron, discutant et s'accordant de gré à gré. C'est oublier qu'il y a, dans ce face-à-face, un faible et un fort, un inférieur et un supérieur, et pas deux individus à égalité.

La philosophie libérale de Xavier Bertrand est un idéalisme de droite, finalement aussi dangereux que l'idéalisme de gauche. Car la réalité a peu d'égards envers l'idéal. Elle le trahit fréquemment. Libéraux et communistes, dans des analyses et des finalités différentes, ont en commun cet idéalisme. Je ne suis ni l'un, ni l'autre, mais social-démocrate, social-réaliste.


Bon après-midi.

23 novembre 2008

Un grand républicain.

Bonsoir à toutes et à tous.

Quel dimanche! Il a neigé sur Saint-Quentin, je me suis mis à la fenêtre, j'ai compté les flocons dans le ciel, pendant que mes camarades recomptaient les voix socialistes dans les fédérations et s'envoyaient des lettres de justice! Le spectacle des toits et des arbres tout blancs m'a un peu apaisé. De la pureté dans un monde sombre et cruel...

Ce soir, la belle neige fond, je ne vais pas vous reparler du PS mais de la droite, d'un homme de droite plus précisément, avec qui je suis en phase, en accord. Mais oui! Et je le dis parce que je l'ai rencontré, avec mes élèves, jeudi après-midi, dans le Palais de Fervaques: Jean-Louis Debré, venu nous parler de la Vème République, en ce cinquantième anniversaire de sa création.

Bien sûr, Debré n'est pas un chef de l'UMP, ses fonctions l'empêchent d'être partisan. Il n'empêche, c'est un homme de droite, et je vous donne mes points de convergence avec ce grand républicain:

1- Le pédagogue: il l'est à merveille, d'une clarté absolue, dans une société où de plus en plus de gens vous racontent des choses de plus en plus compliquées. Pas Debré: sa parole est limpide comme l'eau de roche, comme la vérité. Ca fait du bien à entendre. Devant un tel pédagogue, on baisse les bras, on se laisse bercer et on adhère. A certains moments, des pointes de lyrisme mal placées contrarient un peu, mais c'est sans gravité, tellement l'ensemble est lumineux, et drôle avec ça!

2- Le laïque: il l'est, comme je le suis, comme le sont tous les laïques intransigeants, scrupuleux. Pas de signes religieux à l'école, parce que chacun doit être respecté dans ses convictions, et nul ne doit donc afficher ostensiblement les siennes. A l'heure où Sarkozy tripatouille tout ça, je bois du petit lait. Avec Debré, je suis rassuré: ce n'est pas demain qu'on mettra fin à la séparation des églises et de l'Etat.

3- Le politique: de droite, il est, mais libre, indépendant, soumis à aucun parti. Moi aussi, et discipliné tout de même, mais n'hésitant pas à dire merde à ceux qui m'emmerdent. Je m'en fous, je ne vise aucune place, je n'ai pas besoin de faire de la lèche. L'indépendance passe par l'argent et la profession: le père Michel a conseillé au jeune Jean-Louis d'avoir un vrai métier avant de faire de la politique, ce faux métier, cette vocation, ce sacerdoce.

De même, j'ai attendu 35 ans, d'être prof, avant d'adhérer au PS. Aujourd'hui, j'ai mon salaire à la fin du mois, un boulot stable, je ne mendie aucune indemnité. En politique, je ne crains pas le bâton (je suis passé deux fois devant la commission des conflits, eh!) et je suis indifférent à la carotte. On ne peut rien contre ça, on ne peut rien contre un homme comme moi. Avis aux amateurs.

4- Le républicain: Jean-Louis Debré respecte scrupuleusement la séparation des pouvoirs, c'est en ce sens-là qu'il est un authentique républicain. Doit-il consulter les archives de l'Assemblée Nationale? Il s'y rend tôt le matin ou tard le soir, pour qu'on ne le croise pas. De même, il n'adhère à aucune association, ne participe à aucune manifestation politique, car le gardien de la Constitution doit demeurer irréprochablement non partisan.

5- L'Européen: aux fadaises de ceux qui nous disent que la France est soumise à l'Europe, que la majorité de nos lois sont européennes, que la souveraineté nationale n'existe pratiquement plus, Debré rappelle que l'Union n'impose rien à ses Etats-membres, que les directives ne s'appliquent que si les Parlements nationaux le veulent bien, en les transposant dans le droit de leur pays.

Voilà pourquoi j'apprécie Debré: un honnête homme, un grand républicain, et tant pis s'il est de droite!


Bonne soirée.

Le PS n'explosera pas.

Bonjour à toutes et à tous.

Les médias de ce week-end sont au diapason, annonçant la proche explosion du Parti socialiste, comme le prophète Philippulus dans "L'étoile mystérieuse" d'Hergé annonçait la fin des temps. C'est normal: un grand parti qui explose, c'est comme un building qui s'écroule ou un un boeing qui se crashe, c'est spectaculaire et impressionnant. Vous ne pouvez pas demander aux médias qu'ils mettent en scène la continuité et l'immobilité.

Pourtant, le PS ne va pas exploser. Pour six raisons:

1- La recherche des litiges, erreurs ou tricheries (et on en trouvera), ne débouchera sur rien, et surtout pas sur une rupture. Car les dysfonctionnements (donnons-leur ce terme neutre), on les constatera dans les deux camps, par exemple en Moselle ou en Gironde. Ils s'annulent les uns les autres et ne peuvent être l'argument fort qui justifierait un rejet des résultats et , au-delà, une rupture.

2- L'existence de deux blocs de force équivalente interdit l'explosion. Dans une telle situation, chacun se sent légitime à rester en espérant l'emporter plus tard. Dans l'histoire du PS, on part quand on est majoritaire (c'est la scission de 1920 à Tours, où les communistes, en force, quittent la "vieille maison" pour créer un nouveau parti) ou, plus souvent, quand on est minoritaire et qu'on se sait perdu (Chevènement, Mélenchon). A 50/50, on ne s'en va pas.

3- L'explosion ne pourrait se produire que dans une fracture idéologique profonde, comme il y en a eue par le passé avec certains courants. Ce n'est pas le cas aujourd'hui: il y a quelques divergences politiques sérieuses, sur la présidentialisation, le Parti, les alliances, la question sociale, il n'y a pas fracture idéologique. Même si Royal s'en défend et Aubry ne le dit pas, toutes les deux sont grosso modo sociaux-démocrates.

La moitié des partisans de Delanoë se sont reconnus en l'une, la deuxième moitié en l'autre. Quant à Hamon, un nombre non négligeable de ses électeurs se sont reportés sur Royal, et celle-ci n'a pas été embarrassée d'envisager un rapprochement avec la motion C. Et je ne parle même pas des supporters d'Aubry, venant d'horizons très différents. Nous sommes très loin des années 70, où les clivages idéologiques étaient infiniment plus prononcés et stables.

4- Il n'y aura pas d'explosion du PS, parce qu'on ne détruit pas l'instrument qui permet aux uns et aux autres de se faire élire. En dehors du PS, ils ne sont plus rien. Surtout, ils ne sont plus élus. Il faut s'appeler Mélenchon, être animé par de pures convictions, pour aller à la rupture. Il n'y a que les enfants qui cassent leurs jouets, pas les adultes, et encore moins quand ils font de la politique.

5- Actuellement, les médias se focalisent sur le poste de premier secrétaire, en oubliant les autres instances, qui ont été désignées et qui ne sont pas, elles, en crise: le Bureau national (le gouvernement du PS) et le Conseil national (le Parlement du PS) ont des majorités et sont prêts à diriger. On oublie que le pouvoir réside dans ces instances, que le premier secrétaire ne peut rien sans leur soutien. Admettons qu'il y ait explosion à l'étage supérieur du Parti: ça ne va pas le transformer en "tour infernale".

6- Les médias sont à la fois pyromanes et pompiers. Une mise en scène aboutit très vite à un changement de décor. La réconciliation sera aussi spectaculaire que l'explosion. Pourvu qu'il y ait du spectacle... Et dans quelques jours, les médias seront passés à autre chose.

Donc, pas d'explosion, et par conséquent, pas d'inquiétude. Le pire n'est que dans la tête de ceux qui le souhaitent.


Bonne et tranquille matinée.

22 novembre 2008

Un optimisme raisonnable.

Florence Deltour, de L'Aisne Nouvelle, m'a appelé hier matin pour connaître mes réactions après l'élection de Jean-Pierre Lançon comme secrétaire de section. Dans ce genre d'échange, nous parlons environ dix minutes, et il n'en reste que quelques mots dans le journal de ce matin. C'est normal, c'est tout l'art de la synthèse propre au métier de journaliste, que Florence a parfaitement réussi. Je veux cependant, sur le blog, vous restituer la totalité de notre conversation, pour vous faire une idée plus complète de mon point de vue:

D'abord, ce résultat est sans surprise. La motion C avait la majorité en tant que motion, son candidat a donc obtenu la majorité. La motion D n'est pour rien dans ce fait. Ce qui signifie, très clairement, que le nouveau secrétaire de section et son équipe peuvent diriger la section, représenter le PS, mener des actions par eux-mêmes, sans avoir besoin d'aucun autre soutien. Cette situation a le mérite de la clarté et de l'efficacité: il est plus simple, plus facile de s'entendre entre soi (membres d'un même courant) qu'avec d'autres (entre courants différents).

Mais ce qui est simple est-il nécessairement souhaitable? Et ce qui est facile est-il nécessairement raisonnable? Je ne le crois pas. Si nous étions au pouvoir, à la tête de la municipalité, oui, pourquoi pas, il y aurait une majorité, une minorité, et basta! Mais là, non: nous sommes dans l'opposition, très minoritaire, et nous avons en face de nous une droite hyper-puissante, dont l'un des membres est une figure éminente de la droite nationale, et potentiellement présidentiable. J'ai beau tourner le problème dans tous les sens, je ne vois qu'une seule solution: l'unité de tous les socialistes. Mais on fait comment?

Le rassemblement, tout le monde le veut, le proclame. Il faut surtout le faire, dans les actes, par des décisions. Moi, je n'ai que ma bonne volonté, et ma capacité à proposer. Après, ce sont les majoritaires qui ont l'initiative et qui tranchent. Si j'étais à leur place, j'adopterais un principe: le partage des responsabilités. Car on ne peut pas, pour rassembler, se contenter de dire: tous derrière moi! Ou alors, on prend le risque, en se retournant, de ne voir personne, sauf les siens, qui de toute façon y étaient déjà. Créer des responsabilités (ce n'est pas le travail qui manque), et les partager, voilà pour moi la clé du rassemblement.

A quoi il faut ajouter la préparation des prochains échéances électorales, en répondant à cette question: les candidatures seront-elles désormais réservées à la majorité? Si c'est oui, ça ne me choque pas, même si ce n'est pas ma façon de voir. Mais autant le savoir tout de suite, pour éviter ce que nous avons connu pour les municipales: malentendu, désillusion, rivalité, guerre intestine.

Et je sais surtout ce qu'il ne faut pas: que le secrétaire de section soit un chef de courant, que sa victoire soit la revanche des municipales, qu'il y ait des gagnants et des perdants. J'ai dit, entre autres, à Florence Deltour, que j'étais "raisonnablement optimiste", formule qu'elle a retenue et qui est en effet pour moi essentiel: aucun enthousiasme ne me soulève après cette élection, mais je me dis que les intérêts des uns peuvent croiser les intérêts des autres. C'est ce que j'appelle un optimisme raisonnable.


Bon après-midi.

On fait quoi?

Bonjour à toutes et à tous.

Bien dormi? J'ai tenu jusqu'à 1h00, et puis j'ai lâché: une fois Ségo, une fois Aubry, j'ai vite compris que ce serait le ballet de la nuit. C'est-à-dire, comme je le redoutais, le pire, un résultat kif kif bourricot, avec son cortège délétère de suspicions et de litiges. Pour 42 voix de plus, je ne vais pas crier victoire, je ne vais même pas être satisfait ou soulagé. Si je me laissais aller, je dirais qu'on est dans la merde, qu'après Reims où rien n'avait été réglé, qu'après ce vote où rien n'est vraiment réglé, on ne sait plus très bien où on en est et surtout où on va.

Heureusement, je ne me laisse jamais aller, après 15 ans de vie de Parti. Et puis, j'ai confiance en l'organe que nous avons tous, entre les deux oreilles, derrière le nez et sous les cheveux: le cerveau, et sa principale fonction, l'intelligence. D'abord, retenons la seule question qui importe: on fait quoi?

De fait, il y a un résultat chiffré, annoncé officiellement dans la nuit par le Parti socialiste. L'écart est infime entre les deux postulantes, mais l'écart est là. En démocratie, de nombreux votes, souvent d'importance, ont été obtenus à l'arrachée (on cite souvent l'instauration de la République en France ou la mort du roi Louis XVI). De ce point de vue, il n'y a pas de contestation possible.

Mais certaines camarades évoquent des irrégularités, des "tricheries", qui pourraient conduire à annuler le scrutin et à revoter. Si cela était avéré, oui, évidemment, il faudrait revoter. Mais veillons à ne pas porter l'accusation à la légère. L'élection était rigoureusement contrôlée, avec des règles précises, parfois contraignantes, en tout cas beaucoup plus que lors des scrutins passés. Les opérations de vote ont été menées par les représentants de chaque candidate.

Bien sûr, chaque élection a ses dysfonctionnements, ses petits ratés. C'est vrai pour n'importe quelle élection. Et quand la décision se fait à 42 voix, c'est rageant pour les battus et c'est embêtant pour les gagnants. Faut-il pour autant invalider le scrutin et refaire le vote? Je ne le crois pas. Sinon, à chaque fois qu'il y aura écart infime, il y aura annulation, ce qui ne me semble pas une attitude raisonnable.

Quand la grande démocratie américaine a vécu ce genre de situation, il y a quelques années, pour des enjeux autrement plus fondamentaux, la crise a été sans difficultés majeures surmontée: les bulletins ont été recomptés et Gore, dans l'incertitude, a eu la sagesse de s'effacer. Certains en France ont souri de cette cacophonie, mais la démocratie américaine s'en est plutôt bien sortie. Chez nous, au PS, aujourd'hui, recompter, pourquoi pas, mais revoter, non.

Ceci dit, le problème est politique, pas procédurier. Qui a gagné? Aubry et Royal, pas l'une plus que l'autre, même si, en matière de procédure, l'une est arrivée en tête. La direction du Parti doit traduire cette évidence. Comment? Par un partage des responsabilités. Ca devrait être possible, non? Nous avons tout de même en commun d'être socialistes, membre d'un même parti!

Si le résultat est partagé, si le Parti est partagé, c'est que beaucoup de socialistes, ces derniers mois, ont été partagés, moi le premier: sur ce blog, j'ai d'abord prôné le rassemblement des sociaux-démocrates, A, D et E, sous une candidature commune, celle de Moscovici ayant ma préférence. Le choix entre la social-démocratie et l'aile gauche traditionnelle aurait été politiquement le plus satisfaisant.

Et puis, la situation a évolué dans un autre sens, une configuration différente, un éparpillement des candidatures et les choix que vous savez, que chacun a assumé en responsabilité, bien conscient que nul engagement n'était parfait, mais qu'il fallait s'engager. Nous étions partagés, rien n'a pu nous départager, nous sommes désormais condamnés à nous entendre. Ce n'est quand même pas la pire des condamnations!


Bonne matinée.

21 novembre 2008

A minuit, rien.

Aux dernières nouvelles, qui ne sont encore que des rumeurs, Ségolène serait donnée nettement gagnante par les uns (ses partisans) ou au coude-à-coude avec Aubry selon les autres (les partisans du maire de Lille). On parle d'un rapport de 52 à 48, mais rien n'est sûr, car les grosses fédérations n'ont pas encore livré leurs résultats. En attendant, je peux vous donner des résultats certains, ceux de la fédération de l'Aisne: Royal 55,82%, Aubry 44,18%. La division de l'ancien NPS, la bonne campagne de Claire Le Flécher, tout cela n'aura pas ébranlé la majorité fédérale, même si elle a perdu le vote sur les motions.

A plus tard ou à demain.

Les dés sont jetés.

Bonsoir à toutes et à tous.

C'est fini, les socialistes ont voté, nous aurons dans quelques heures un nouveau leader. Enfin! Qui il sera, je ne sais pas, et à l'heure qu'il est, urnes closes, je m'en moque. Royal ou Aubry, il faudra y aller, la soutenir, attaquer la droite, jouer notre rôle d'opposition. Surtout à Saint-Quentin. Et peu importe avec qui: Royal ou Aubry, toutes les deux sont socialistes, et c'est ainsi que l'opinion les voit.

En attendant, je vous donne deux premiers résultats:

Saint-Quentin:
Inscrits: 179
Votants: 105
Royal: 46
Aubry: 57
Blancs/nuls: 2

Commentaire: partisans de Royal ou d'Aubry, nous devrons faire les uns avec les autres, c'est-à-dire ensemble. Aucun courant ne peut espérer pouvoir diriger seul. Ou alors ce serait folie.

Château-Thierry:
Votants: 74
Royal: 54
Aubry: 20

Commentaire: le secrétaire de section avait d'abord signé la contribution d'Hamon, puis il s'est tourné vers Royal. D'où le résultat dans cette section qui a été longtemps la plus importante de l'Aisne.

Pour le reste, c'est l'attente. Les premiers résultats nationaux devraient nous parvenir avant minuit. Si ça se joue à 50/50, il pourrait y avoir suspense et, au pire, litige. J'espère qu'on n'en arrivera pas là. Il ne manquerait plus que ça!


A plus tard.

Hier et ce soir.

Autant au niveau fédéral l'interprétation des résultats d'hier soir est incertaine, autant au niveau national elle est assez claire:

1- Avec 43%, Ségolène Royal poursuit sa percée, amplifie fortement le mouvement en sa faveur. Ce qui signifie que le discours de Reims, très ségoléniste, aura moins dissuadé qu'encouragé à voter pour elle. Quel que soit le résultat de ce soir, nous assistons bel et bien à un changement de culture au sein du PS, qui se met désormais au diapason de notre société, pour le meilleur ou pour le pire, c'est selon. Même si Aubry gagnait, elle ne pourrait pas ignorer ce fait majeur.

2- Avec 34%, Aubry fait moins bien qu'elle pouvait espérer, surtout après le soutien de Bertrand Delanoë. Mais elle est bien placée pour l'emporter ce soir, après l'appel à voter pour elle d'Hamon et le nouveau soutien de Delanoë. Sauf si Royal amplifie encore son score. Du côté d'Hamon, elle peut paradoxalement trouver des soutiens, chez ceux qui sont fascinés par la nouveauté, sans considération pour les lignes politiques. Mais la marge est étroite. C'est plutôt du côté des abstentionnistes que Ségolène pourra puiser de nouvelles voix.

3- Avec 22%, Hamon confirme et élargit son espace politique, tout en restant très loin de la tête du peloton. Son succès est dû à une forme de radicalisation interne, aile droite d'un côté, aile gauche de l'autre, qui réduit plus que de raison l'espace central que tente d'occuper Aubry. Dans ma section, c'est flagrant: quand on est contre Hamon, on vote Royal, et quand on est contre Royal, on vote Hamon. Les limites d'Aubry, c'est que sa démarche paraît intermédiaire, alors que la radicalité pousse à aller aux extrêmes. La centralité de la motion D, de ce point de vue, a pu être un frein.

Ce soir, allez voter, bien sûr, même si vous êtes un peu lassés. Et tant qu'à faire, votez Aubry. Vous savez pourquoi, pas besoin de vous le redire.


Bon après-midi.

Consternation et colère.

Bonjour à toutes et à tous.

Mes premiers mots, en ce lendemain de premier tour, seront des pensées amicales: bravo et félicitations, dans l'Aisne, à Pierre Lenoble (Crouy) et Thierry Doukhan (Guise) pour leur brillante réélection en tant que secrétaire de section.

Je ferai part ensuite de ma consternation quant au vote fédéral: 62,04% pour Thomas et 37,96% pour Le Flécher, alors que leurs motions respectives étaient arrivées au coude à coude (environ 35% chacune) et que la motion D avait, lors de notre congrès fédéral, signifié très clairement, collectivement et par la voix de son premier signataire, un rapprochement politique avec la motion C. Les D, c'était tout de même 19%, 137 voix, alors que Le Flécher ne progresse que de... 24 voix. La consternation est là.

Et de la consternation jaillit souvent la colère. Certes, comme je le rappelais hier soir, le poids des élus est prépondérant au PS, surtout dans les petites fédérations, et c'est à travers ce prisme, beaucoup plus que sous l'angle politique, qu'il faut juger les résultats. Mais tout de même! L'écart entre Le Flécher et Thomas est trop grand pour qu'il soit, si j'ose dire, normal. En tout cas, la motion D n'aura été quasiment d'aucun soutien à Claire.

Là-aussi, je m'en souviendrai, et à l'heure où j'écris, sous le coup d'une colère en revanche très normale, je songe vraiment à démissionner du bureau fédéral. Pourquoi y siéger sur des bases aussi tronquées? Et pour y faire quoi? J'y suis depuis des années, j'ai assez donné, merci. Et j'ai horreur d'être pris pour un con. Mais ce n'est qu'un coup de colère. Demain, je verrai peut-être les choses autrement.

Quant au vote sur le premier secrétaire national, si ce n'est pas la consternation, c'est quand même la surprise: la motion D évolue peu (de 19,08% à 21,40%), mais c'est logique. La motion A dans l'Aisne ayant appelé à voter E, nous n'avions plus vraiment de réserves de voix. En revanche, il n'est pas vraiment logique que la motion C baisse de 36,63 à 32,43, pas plus qu'il n'est logique que la motion E fasse un bond de 10 points, de 35,52 à 46,17. Ce qui n'est pas logique, ce ne sont pas les résultats en eux-mêmes, ce sont les disproportions entre les résultats, en comparaison avec leur évolution. La lecture politique est presque rendue illisible. Où est la cohérence là-dedans? A moins d'aller chercher une cohérence autre que politique...

Un dernier mot à propos de Claire, la grande perdante du scrutin fédérale: je ne partage pas ses orientations politiques, puisqu'elle est C et que je suis D. Mais son élection aurait permis, j'en suis certain, un renouvellement bénéfique à la direction de la fédération. Peut-être obtiendra-t-elle le poste de porte-parole, puisque c'est ce que le candidat de la motion E avait proposé. J'apprécie en elle sa probité, qui est une qualité pas si répandue en politique. A mon égard, alors qu'elle aurait pu m'ignorer, elle a été d'une honnêteté parfaite. Tiens, encore des choses à ne pas oublier!


Bonne matinée,
et bon vote ce soir.

20 novembre 2008

Premiers résultats.

Résultats de la section de St Quentin: 117 votants.


Royal: 48
Aubry: 19
Hamon: 50


Thomas: 51
Le Flécher: 62
Blancs: 3
Nuls: 1



Andurand: 51
Lançon: 63
Blancs: 2
Nuls: 1


Le vote local est sans surprise: la motion C avait une telle avance qu'il était difficile au candidat de la motion E de combler le retard. En revanche, pour le vote national, la progression de Royal, faisant presque jeu égal avec Hamon, est inattendue.


Les leçons politiques à en tirer:


1- Le courant Ferreira-Lançon a désormais tous les pouvoirs: chez les élus, au bureau, à la tête de la section. Ce n'est pas totalement une nouveauté: en 2003, c'est déjà ce courant qui l'avait emporté à la tête de la section, avec l'élection de Philippe Maillot. Mais le bureau était alors partagé en deux, et les élus municipaux étaient tous partisans d'Odette Grzegrzulka.


2- Une très forte minorité existe, avec laquelle il faudra compter. Ce sera d'ailleurs, très vite, le choix à faire pour la majorité: soit elle dirige seule, comme elle en a le droit et le pouvoir, soit elle partage les responsabilités. Le nouveau secrétaire de section sera-t-il d'abord un chef de courant ou bien le secrétaire de tous les socialistes? Les prochaines élections seront-elles préparées dès maintenant? Le choix des candidats se fera-t-il dans le rapport de force (auquel cas nous avons déjà les résultats)?


3- Les réponses à ces questions décideront de l'avenir de la section. La tâche est immense: il s'agit de dépasser les divisions, d'unir les socialistes, de donner une crédibilité à la section, de mettre le Parti en ordre de bataille. Jean-Pierre Lançon y parviendra-t-il? Le proche avenir le dira. Ce qui est certain, c'est que si cela ne se fait pas rapidement, les luttes internes se poursuivront.


4- La logique des élus reste déterminante au Parti socialiste: après 10 ans d'ère Grzegrzulka, nous sommes ce soir entrés dans l'ère Ferreira, d'une députée à l'autre. Dans ce système, il n'y a pas de place pour un simple militant, sauf si celui-ci se met à la traîne d'un élu, si possible doté d'un mandat important.


5- La logique politique est plus forte que la logique des personnes (contrairement à ce qu'on croit souvent). Le candidat de la motion C pouvait susciter de l'hostilité, être un repoussoir, réveiller les plaies des municipales. Il n'en a rien été, malgré le lourd contentieux. Chaque élection est indépendante de la précédente.


On me permettra, pour terminer, de rappeler que tout aurait pu se passer différemment, s'il y a un an, nos choix avaient été différents. Nous avions une belle majorité, nous l'avons bêtement perdu. La situation aurait-elle été meilleure? Nous ne le saurons jamais. A l'heure qu'il est, je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve. Ce que je sais, c'est que, de toute façon, cet avenir sera difficile, dans une ville où la droite est hyper-puissante.





Bonne nuit.

Clair de chez clair.

Bonjour à toutes et à tous.

A quelques heures de l'ouverture de notre scrutin, alors que les enjeux sont clairs et les choix bien connus, il semble que dans l'Aisne règne une certaine confusion que j'ai du mal à comprendre. Certains E se prévalent, sinon du soutien, du moins de la bienveillante neutralité de la motion D. Certains A appellent à voter pour le candidat fédéral de la E, alors que leur leader national appelle à voter "massivement" pour la candidate nationale de la D. Certains E tendent ouvertement les bras aux militants de la C. C'est à n'y plus rien comprendre!

Je ne reprends pas les arguments des uns et des autres, chacun à sa valeur, et ce n'est pas en ce dernier jour de campagne que nous allons relancer le débat. Mais pour que le vote de ce soir, quel qu'en soit le résultat, se fasse dans la plus grande clarté, je voudrais préciser ceci, en tant que militant de la motion D (car je crois que la clarté nécessite la précision):

1- Lors de notre congrès fédéral, les motions C et D se sont rapprochées, sur des bases évidentes, largement annoncées au préalable, tant localement que nationalement: l'ancrage à gauche et la rénovation du Parti sans renoncer à notre identité.

2- Lors de notre congrès national, le rapprochement souhaité entre les motions A, C et D n'a pas pu se réaliser, ce qui n'annule évidemment pas le rapprochement fédéral. D'autant qu'on peut espérer, en cas de second tour demain, le rapprochement qui n'a pas pu se faire dimanche entre C et D.

3- La motion A, à Reims, a laissé la liberté de choix à ses responsables (fédéraux et nationaux), pour ne pas diviser. Le premier d'entre eux, Bertrand Delanoë, a fait part lundi de son choix: "voter massivement Aubry".

4- Conformément à leur engagement, en cohérence avec leur ligne politique (ancrage à gauche, rénovation), les militants de la motions D voteront et appelleront à voter ce soir pour la candidate de la motion C, Claire Le Flecher, au niveau fédéral, et bien sûr pour Martine Aubry au niveau national.

J'ajoute que les personnes et les intérêts individuels n'ont aucune place dans des choix qui sont exclusivement politiques.


Bonne journée,
bon vote.

19 novembre 2008

Veillée d'armes.

Bonsoir à toutes et à tous.

C'est la veille du grand jour. Les messageries sont assaillies de derniers messages un peu dérisoires. Comme si chaque socialiste ne savait pas pour qui il allait voter! Comme s'il était concevable de pouvoir influencer un militant la veille du dernier jour! D'autant que les résultats, nous les connaissons, nous les devinons. Il n'y a pas de mystère en politique, surtout dans une consultation interne, où les forces en présence sont bien connues.

A Saint-Quentin, dans l'Aisne et en France, je sais qui va gagner. Qui? Je ne dirai rien. Il faut respecter la démocratie, la liberté de vote, jusqu'au bout, ne la soumettre à aucune influence. Ceux qui nous racontent que le résultat est très incertain se racontent des histoires, pour conjurer leurs craintes. Je vous le dis, c'est plié, il suffit de réfléchir et de savoir compter.

En cette veillée d'armes (très démocratiques), au lieu de gloser sur un résultat qui sera, je vous le promets, sans surprise, éminemment logique, je préfère établir le bilan de notre campagne, en me montrant critique, sur nous tous, collectivement. Nous avons commis 4 bévues:

1- L'erreur:

Nous la partageons entre les 3 grandes motions, A, D et F. Qu'avons-nous tous dit, pendant plusieurs semaines, moi le premier? Qu'entre Royal, Aubry et Delanoë, il y avait des différences, mais pas de grosses divergences. J'ai même prôné, sur ce blog, un temps, l'union de tous les réformistes, sous la direction de Moscovici. Mais ça n'a pas marché, la division l'a emporté. La faute à qui? Je n'en dirai rien, je ne veux pas aggraver la situation. Ce qui est certain, c'est qu'aujourd'hui, il est difficile de se poser en alternative à Royal, même s'il faut, quand même, le faire et espérer demain la victoire de cette alternative, en la personne d'Aubry.

2- L'absence:

Cet été, et je l'ai de nombreuses fois écrit, j'étais persuadé qu'un thème serait au coeur de notre congrès: l'adoption de primaires pour la désignation de notre candidat à la présidentielle, idée fondamentale s'il en est. Personne n'en a parlé, même ceux qui défendaient cette idée! C'est une absence préjudiciable, car cette proposition, qui m'agrée, aurait mérité d'être discutée.

3- Le faux problème:

Au lieu de réfléchir à l'importante question du mode de désignation de notre candidat, qu'est-ce qui a, souvent, retenu notre attention? Le montant des cotisations! Il faut vraiment qu'une organisation n'aille pas bien pour se focaliser là-dessus, qui est l'exemple même du faux problème. Depuis 10 ans, je navigue dans le milieu associatif. Depuis 10 ans, j'entends des amis de bonne volonté m'expliquer que pour faire venir du monde, beaucoup plus de monde, dans les associations (le raisonnement est le même pour les syndicats), il suffirait de baisser le montant des cotisations, considéré comme un obstacle à l'adhésion.

Arrêtons ce cinéma! La baisse des cotisations n'a jamais accru massivement le nombre des adhérents à quoi que ce soit. La vérité, c'est que quand quelqu'un a envie d'adhérer à quelque chose, il y met le prix. Aucun d'entre nous n'est gêné de débourser quand l'activité lui plaît (sinon la prostitution, dont les prestations affichent des tarifs relativement élevés, n'existerait plus depuis bien longtemps).

Le PS s'adresse essentiellement (on peut le regretter mais c'est ainsi) aux classes moyennes, qui ne peuvent nullement être dissuadées par les barèmes en cours dans les fédérations socialistes. Et pourtant, elles n'adhèrent pas. Pourquoi? Ce n'est pas le coût de la cotisation qui est en jeu dans ces milieux-là, qui ont de quoi payer. C'est que dans les réunions de section, on s'engueule, et entre deux réunions, on s'emmerde. Payer pour ça, qui l'accepterait de bon coeur, même quand on a les moyens?

4- Le piège:

C'est évidemment le débat autour du MoDem, qui en réalité n'aurait pas dû avoir lieu. Bayrou, depuis dimanche, se moque de nous, et aujourd'hui, il a dit qu'il ne ferait jamais alliance avec le PS. Alors, laissons le poursuivre sa stratégie présidentielle, cherchons à récupérer ses électeurs dont une bonne partie vient de la gauche, mais cessons de le mettre au coeur de nos débats, de lui faire une publicité indue, de lui accorder une importance qu'il n'a pas.

Une erreur, une absence, un faux problème et un piège, voilà dans quoi nous n'aurions pas dû tomber. Mais ce qui est fait est fait. Demain, votons, cette fois-ci en masse (et pas seulement une moitié de participation), et tournons la page pour écrire une nouvelle page de notre histoire.


Bonne soirée.

La boîte de Pandore.

Bonjour à toutes et à tous.

Il est temps que tout ça se termine, demain ou après-demain, que nous ayons un leader, qu'il s'appelle Royal, Aubry ou Hamon, qu'on se range tous derrière elle ou lui, qu'on lutte vraiment contre Sarkozy et qu'on offre un projet alternatif aux Français. Oui, il est temps que cet interminable congrès se finisse, parce que je sens le climat se détériorer entre nous.

Hier, je discutais avec un élu, partisan de Royal. Il me dit: "si Aubry gagne, je me barre, je quitte le PS; et nous serons nombreux dans ce cas". Je n'en crois évidemment rien. Depuis 15 ans que je suis au PS, j'en ai vu beaucoup qui voulaient partir (en paroles) et qui sont restés (dans les faits). De quoi constituer un deuxième PS! Et pourquoi n'ont-ils pas franchi le pas? Parce que leur pouvoir d'élu, ils le tiennent du PS, et qu'en dehors de lui, ils ne sont plus rien. Leur courage a quand même des limites!

Autant nombreux, sûrement, sont les partisans d'Aubry (mais pas moi!) qui menacent de déserter si Ségolène est élue, tellement ils ne la supportent pas. Dans ces comportements, je déplore une grave détérioration de nos moeurs politiques, et même de l'esprit démocratique. Ces réactions sont en vérité purement individualistes, et je les constate hélas de plus en plus autour de moi. Les militants sont devenus (pas tous bien sûr, et heureusement!) des consommateurs, pour lesquels Royal, Aubry et Hamon sont des produits, des marques, et pas des lignes politiques. On en prend un et on rejette l'autre.

On dénonce souvent le bal des egos au PS. On a tort, le mal ne vient pas de là. Et puis, à toute époque, il faut un sacré ego pour faire de la politique. Non, ce qui est déplorable, ce sont ces nouveaux comportements militants dont la logique est strictement, je le répète, individualiste, à l'image de la société moderne. Quand un certain nombre d'adhérents ont rejoint le Parti en 2006 seulement pour désigner le candidat à la présidentielle, et qu'on n'a plus revus après, ne venant même parfois jamais dans une réunion, nous sommes en plein dans cet état d'esprit moderne.

Le point de départ de cette dérive aura été 2005, des socialistes violant délibérément et publiquement le vote majoritaire du Parti sur le Traité européen. La boîte de Pandore était ouverte, tout devenait alors permis. Ce candidat ne me plaît pas? Alors je ne vote pas pour lui, bien que désigné par le Parti. C'est aussi ce qu'on a entendu en 2007, pour la présidentielle. C'est, je le crains, ce qu'on entendra de plus en plus. Le mal était fait, depuis il se répand, jusqu'à aujourd'hui. Certes, les mécontents, les déçus ont toujours existé. Mais auparavant, ils n'en faisaient pas étalage, ils ne se vantaient pas de leur indiscipline, ils la pratiquaient discrètement.

Nos grands leaders ne donnent pas l'exemple. Mon cher Rocard affirmait, il y a quelques semaines, qu'il quitterait le Parti si Ségolène gagnait. Propos inacceptable. On peut partir quand on est mécontent, mais qu'on le fasse sans le crier sur les toits, car ce genre de parole incite à l'incivilité. Mélenchon a fait mieux, c'est-à-dire pire: il a carrément quitté le PS parce que le vote sur les motions n'allait pas dans son sens! Comme quoi ce n'est pas une question de courant ou de sensibilité.

Et je ne vous parle même pas des retournements de situation à 48 heures du scrutin, des renversements d'alliance, qui ne sont souvent que des préservations d'intérêts strictement personnels, des consolidations de pouvoir, bien éloignés du choix sincère d'une ligne politique. En suis-je pour autant dégoûté de la politique et de mon Parti? JAMAIS! Car ce que je viens de vous décrire n'est pas un problème politique mais humain: les hommes sont faibles, veules et intéressés, prêts à suivre n'importe qui, à composer avec n'importe quoi pour gagner ou préserver un bout de pouvoir. Ca a toujours été ainsi, depuis des millénaires, ce n'est pas moi qui vais commencer maintenant à m'en attrister! Mais ce que je sais, c'est que rien de grand et de fort ne se construit avec des petits et des faibles. Et que si la politique en particulier, mais aussi la vie en général, ont un sens, c'est pour tenter d'y faire de grandes choses, et pas des petites.


Bonne matinée,
grande et forte.

18 novembre 2008

La relecture de l'Histoire.

Dans sa lettre adressée à Martine Aubry, où il appelle les socialistes à "voter massivement" pour elle, Bertrand Delanoë explique que c'est "l'identité" de notre Parti qui est en jeu. Je le crois aussi, même si ce n'est pas le seul enjeu. Et je voudrais surtout, à 48 heures du scrutin, en débattre calmement avec mes camarades et amis ségolénistes.

Qui dit identité du Parti dit aussi Histoire du Parti. Les deux sont liées. Je me permettrai trois remarques, que j'assimile à une relecture de l'Histoire qu'opère Ségolène et qui introduit confusion et malaise:

1- L'affaire des "soleils" et des "étoiles", qui a laissé croire que des socialistes auraient scandaleusement sifflé Jaurès, notre maître à tous, quelle que soit notre sensibilité. C'est bien Ségolène (et je le regrette vivement, je vous l'ai dit) qui a été sifflée, pas Jaurès. Mais la méthode qui consiste à sortir des mots de leur texte et de leur contexte, sans mettre de guillemets, sans mentionner l'auteur, est très contestable. On peut faire dire n'importe quoi à n'importe qui avec cette méthode-là.

2- L'évocation d'un "grand Front Populaire" pour justifier une éventuelle alliance avec le MoDem est là encore une relecture contestable de l'Histoire, l' instrumentalisation d'un symbole passé pour des fins contemporaines, bref un anachronisme. Je ne suis pas prof d'Histoire mais j'ai toujours aimé l'Histoire. Je sais que le Front Populaire s'est ouvert au Parti radical, qui à l'époque était fortement républicain et laïque, mais nullement à une sensibilité comparable au MoDem, c'est-à-dire le centre droit démocrate-chrétien.

3- Dernière relecture de l'Histoire, la plus surprenante: le congrès d'Epinay, à partir d'une citation de François Mitterrand, qui laisserait entendre que le PS d'alors se serait ouvert aux "libéraux". Si Mitterrand a employé ce terme, c'était pour désigner, à une époque où la droite gaulliste était autoritaire, les amis des libertés, et nullement un quelconque parti du centre. Epinay, au contraire, c'est le refus historique de la "troisième voix" façon Defferre, c'est le rejet des centristes et la main tendue aux communistes.

Qu'on me comprenne bien: nous devons, et Ségolène a raison de la souligner, nous tourner vers les électeurs du MoDem. Mais envisager, même sous forme d'hypothèse, une alliance avec Bayrou, c'est braquer le projecteur sur lui, c'est lui donner une grande importance alors qu'il n'a qu'une intention, supplanter le PS aux prochaines élections. Nous avons clandestinement invité Bayrou à Reims, et c'est bien dommage.

Quant à la rénovation du Parti, Ségolène là encore a raison: mais à quel prix? Pour faire quoi? Ce qui m'inquiète, c'est qu'on soit obligé de passer par une relecture de l'Histoire pour justifier ses choix, comme si ceux-ci avaient quelque chose de suspect. C'est ça qui m'inquiète.


Bonne fin d'après-midi.

J'ai peur.

Bonjour à toutes et à tous.

Après vous avoir fait part de mes impressions aux discours de Delanoë et Hamon à Reims, il faut que je vous parle ce matin de Royal. Son intervention aura incontestablement marqué le congrès. Non pas parce qu'elle nous aurait étonnés: bien au contraire, Ségolène a fait du pur Ségolène, et là est tout le problème. Arrivée en premier dans le vote sur les motions, elle avait la possibilité et le devoir de rassembler, en tenant des propos dans lesquels beaucoup auraient dû se reconnaître. Ca n'a pas été le cas, loin de là.

D'abord, les réactions de la salle l'ont attesté: sa personne, son style, son message ne passent pas. Elle a été la première intervenante à susciter une aussi forte hostilité. On peut même dire qu'à ce moment, le congrès a basculé. Comment peut-on aspirer à la fonction de première secrétaire nationale, alors qu'une bonne partie de la salle vous hue et vous siffle (ce que soit dit en passant je condamne, un socialiste n'ayant pas à siffler un autre socialiste)? C'est en soi un problème.

Mais surtout, il y a le fond, l'appel à la "tendresse", à l'amour entre nous, à une politique "maternelle", des mots, des références, un imaginaire qui ne sonnent pas socialiste, un mélange de compassion, de morale, de misérabilisme auquel je n'adhère absolument pas. J'ai retrouvé la Ségo de la présidentielle, dont j'ai toujours pensé que la popularité provenait de ce qu'elle collait à la mentalité de la société contemporaine, celle qui met soeur Emmanuel en tête de ses figures préférées.

A ce propos, et je ne suis pas le seul à l'avoir remarqué, il y avait de la religieuse chez Ségolène: chemisier blanc, gillet gris, très différente de la femme éclatante et sexy qui nous était apparue au Zénith. Et puis, il y a la voix, lente, plate, terne, avec seulement quelques soubresauts de lyrisme parfois, un texte lu, une impression de fragilité et même de faiblesse qui se dégagent de sa personne. Moi qui n'apprécie rien tant, en politique, que les impressions de force et de puissance, telles qu'elles se manifestent par exemple chez Peillon et Delanoë!

J'observais les ségolénistes autour de moi: ils étaient transportés, au propre comme au figuré. Voilà un beau sujet de réflexion: pourquoi, dans un même parti, certains vont être enthousiasmés par un visage, un ton, des mots qui vont au contraire repousser les autres? J'avoue qu'après le discours de Ségolène, j'étais accablé, à tel point, je vous l'ai dit, que j'ai fini par trouver du bon chez Hamon!

Ségolène va peut-être gagner jeudi ou vendredi, même si je ne le souhaite vraiment pas. Alors je me rangerai. Mais j'ai peur. Je ne vois pas, je ne sais pas, je ne comprends pas ce qu'elle veut faire du PS (un machine électoral à l'américaine?), ce qu'elle veut faire avec le centre-droit (elle a parlé, dans un contresens historique total, d'un "grand Front Populaire"), ce qu'elle veut faire du socialisme (un libéralisme de gauche à la Obama?). J'ai peut-être tort d'avoir peur, mais ça ne se commande pas. C'est d'ailleurs paradoxal: une figure maternelle et donc protectrice ne devrait pas faire peur. Rassurez-moi!


Bonne matinée.

17 novembre 2008

L'effet Hamon.

Après Delanoë tout à l'heure, je veux vous parler maintenant d'Hamon. Sa ligne politique, socialiste traditionnelle, n'est pas la mienne. Pendant le repas, à Reims, un camarade m'a posé la question (c'était avant de savoir qu'Aubry serait candidate): entre Royal et Hamon, tu choisirais qui? Et je lui ai répondu que je serai bien embêté. A la table de la délégation de l'Aisne, un autre camarade m'a charrié: si tu continues comme ça, tu vas te retrouver à la LCR!

On rigole, on rigole, mais il m'est arrivé pendant le congrès une drôle de chose, peut-être le miracle de Reims, mais qui n'a duré que quelques minutes, une sorte de coup de tête: Hamon avait commencé son discours de candidature, un très bon discours, du moins dans sa première moitié, où il a dressé un tableau très exact de la situation du Parti. Alors, repensant au discours de Ségolène la veille, je me suis dit, spontanément: à l'écouter, il est évident que je me sens plus proche de lui que d'elle, que ma culture politique croise beaucoup plus celle d'Hamon que celle de Royal (j'y reviendrai dans mon prochain billet).

Je n'ai pas changé, je reste social-démocrate, et Hamon fondamentalement ne l'est pas, même s'il a commencé par là son parcours politique. Il n'empêche que je n'ai pas pu m'empêcher d'être sensible (je ne prétends pas avoir succombé!) à son ton très juste, à son repérage précis des défis qui sont les nôtres. D'autant que les arêtes les plus radicales de sa ligne n'ont pas, habilement, été mises en avant. Oui, quand il s'est exprimé, quelque chose, un souffle, une inspiration sont passés sur le congrès.

Qu'est-ce qui me différencie d'Hamon, outre ce socialisme traditionnel dont la critique, au bénéfice de la social-démocratie, me semble salutaire? Sa persistance à maintenir, contre vents et marées, sa candidature. Voilà ce que je lui reproche, même si c'est son droit le plus strict de rester candidat. D'emblée, depuis longtemps, depuis plusieurs mois, il n'a pas varié sur ce point stratégique: demeurer candidat quoi qu'il arrive. J'ai cru un temps que c'était une pression, un moyen de faire monter les enchères, de se préparer à une négociation. Mais non.

Que veut Benoît? Ce que veut peut-être toute aile gauche au Parti socialiste: occuper une place, tenir un rôle protestataire, se poser en aiguillon de la majorité et se complaire dans la minorité. Un partisan d'Hamon me l'a confié au congrès: "C'est plié, Royal a gagné, il faut organiser la gauche du Parti". Je n'en crois rien, rien n'est jamais perdu ou gagné quand il y a élection. En revanche, en refusant de s'allier à la D et à la A, Benoît prend le risque de voir s'installer ce qu'il redoute, ce à quoi, en ce qui me concerne, je ne peux pas me résoudre. En toute logique, celui qui a fait 19% devait s'entendre avec celle qui a fait 25%.

Mais le pouvait-il? Au sein de sa motion, les éléments les plus radicaux l'en ont peut-être dissuadé. Que peut-il maintenant espérer? Devenir premier secrétaire semble bien difficile, pour ne pas dire inaccessible, et occuper la place de premier minoritaire de même, avec la candidature Aubry. A moins que fort de son résultat de jeudi et dans la perspective d'un second tour, il ne monnaie chèrement son soutien à Aubry. Ce serait de bonne guerre, mais ce serait aussi jouer avec le feu, en l'absence de second tour.


Bonne fin d'après-midi.

A+D=... victoire?

Bonjour à toutes et à tous.

Je vais bien sûr, maintenant et dans les prochains billets, revenir sur notre congrès. Et bien sûr argumenter en faveur d'Aubry, afin qu'elle devienne, jeudi ou vendredi soir, notre première secrétaire. Comme toujours, je dirais ce que je pense, dans le respect des personnes, qui sont des camarades. Vos commentaires seront les bienvenus, et entièrement libres. Mais si vous pouviez, comme je vous y invite, respecter les personnes, ça me serait agréable.

Je vais d'abord parler de Bertrand. Il est intervenu en tribune samedi matin, c'était le premier grand leader à s'exprimer, et il m'a fait forte impression. Peillon et lui sont les deux rares à parler sans aucune note. Ca sort des tripes et c'est beau à entendre, à voir. Pas de doute, Bertrand, en tant qu'homme, aurait fait un excellent premier secrétaire. Sa silhouette est fragile, mais quel coffre! Son discours est d'autant plus puissant et percutant que son physique est gracile. Ses mots sont précis, il ne trébuche sur aucune phrase, ne commet pas de lapsus. Un homme sûr de lui.

Sa ligne politique n'est pas la mienne, j'ai dit souvent sur ce blog pourquoi. Mais c'est avec lui, incontestablement, que j'ai le plus d'affinités idéologiques, vous le savez aussi. Ce que j'ai apprécié dans son premier discours, celui de samedi, c'est son choix, qui avait de l'élégance et du panache, de ne pas être candidat, pour ne pas rajouter à la division. Bravo. Je déteste ceux qui sont "candidats à tout" (et à tout prix), et qui se disent qu'à force de se présenter, ça finira bien un jour par passer. Logique purement individualiste. Le désintéressement de Bertrand est réel, et je l'apprécie d'abord pour ça.

Ensuite, j'ai apprécié sa volonté d'unir les motions A, C et D, qui ont entre elles les plus fortes convergences. Entre A et D, on peut même parler, comme il l'a fait, de "nuances". Rassemblement des proches, c'était dans la logique des choses. J'ai enfin apprécié sa défense de la diversité au sein du PS. On ne peut pas vouloir un consensus, un conformisme, une unanimité, un plébiscite autour d'une personne, quelle qu'elle soit. Les socialistes ont toujours débattu entre eux, c'est leur histoire, leur nature. On ne doit pas rompre avec ça.

Là où j'ai moins bien compris Bertrand, c'est son attitude dans la suite du congrès. Martine, elle aussi, voulait le rassemblement des trois motions, en ne faisant pas de son propre nom un préalable pour la candidature. La D avait même accepté que la A puisse proposer un candidat issu de cette motion. L'effort n'a visiblement pas été suffisant, alors qu'il était difficile d'aller au-delà. N'étant pas dimanche matin en réunion de motion, je n'ai pas d'explications complémentaires. Ce qui se disait dans les couloirs du congrès, c'est que les A étaient très divisés sur l'attitude à adopter, entre soutien à Royal ou soutien à Aubry.

Je comprends mieux, depuis ce midi, le refus de choisir de Bertrand. Pour les raisons évoquées précédemment, il le pouvait difficilement pendant le congrès. Mais l'hésitation a vite été levée, la cohérence a rapidement pris le dessus et Bertrand a envoyé un courrier appelant à voter Aubry. La jonction Delanoë-Aubry, qui avait ma préférence depuis cet été, s'est donc réalisée. Là encore, c'était dans l'ordre des choses. Bertrand et Martine représentent les deux ailes de la social-démocratie, l'une plus à droite, l'autre plus à gauche. J'aurai pu me retrouver dans l'une comme dans l'autre, j'ai choisi Aubry par cohérence personnelle et par discipline collective, mais je ne me serais pas renié en militant pour Delanoë.

Puisse maintenant cette union se réaliser dans toutes les fédérations.


Bon après-midi.

16 novembre 2008

La face cachée.

Un congrès est un moment grave, une rencontre passionnante, un week-end instructif, mais c'est aussi une période amusante pleine d'anecdotes pittoresques que vous ne lirez nulle part parce qu'elles ne sont pas fondamentalement politiques mais traduisent, dans des détails, la vie de notre communauté militante. Il ne faut rien retrancher de cette vie, y compris ces anecdotes, dont celles qui me sont restées à l'esprit:


Mort. L'avant-congrès a commencé par là, pour moi, une conférence que je donnais à l'université de Laon sur "Les philosophes et la mort", dans l'après-midi de vendredi. Puis j'ai filé à Reims en train. Un train d'enfer, bien sûr.


Camarades. Ils étaient quelques-uns, de l'Aisne, la fédé voisine, à venir aider au bon déroulement du congrès. Je les ai aperçus dès l'entrée. Du boulot et beaucoup de courage.


Interventions. Un congrès, c'est une suite ininterrompue de prises de parole, où les vedettes sont à égalité avec les simples militants. Et deux axonais se sont exprimés à la tribune: Anne Ferreira et Jean-Jacques Thomas.


Délégation. Celle de l'Aisne a eu la visite fréquente d'un voisin picard, Vincent Peillon, qui s'est régulièrement assis parmi nous, très attentif aux orateurs.

Tentes. Il y a le congrès en plénière, puis les réunions de motions, sur le parking du parc des expositions, sous des tentes surchauffées et surpeuplées. César et Napoléon rassemblaient aussi leurs partisans sous des tentes de ce genre.

Tables. La politique est un art de la table. Samedi midi, au congrès, c'est le déjeuner de la fédé, une bonne trentaine de participants, toutes motions rassemblées, même si un bout de la table est plutôt E et l'autre bout plutôt C. Le soir, au dîner, on passe au sérieux, c'est-à-dire aux rapprochements. Là, à chacun sa table et son restau. Mais chut!

Attente. Faire de la politique, c'est savoir attendre. Dans un congrès, c'est surtout pour aller aux toilettes. Il faut faire la queue dix minutes avant d'atteindre les urinoirs, où l'on a parfois le bonheur de pisser, comme ça m'est arrivé, entre Lang et Mauroy. Les plus fins tacticiens se soulagent, avant et après, à l'hôtel, et boivent peu dans la journée.

Araignée. Pendant son discours de candidature, Aubry a été perturbée par une araignée sur son pupitre, qu'elle a tuée. Qui a dit qu'il fallait être un tueur en politique?

Oubli. Hamon a improvisé la fin de son discours, ayant égaré la dernière feuille. Qui sait s'il n'a pas été meilleur que s'il avait lu?

Pupugnace. Fin du congrès et irruption brutale d'un camarade qui monte à l'assaut de la tribune et s'empare du micro, poursuivi par deux membres du service d'ordre. Un putsch? Non, c'est Pupunat, de la motion F (Utopia) qui veut prendre rapidement la parole. Ouf!

Les anciens Romains recherchaient du sens, des signes et des présages dans les petites choses. Je n'en suis pas là mais j'aime bien les évènements minuscules.


A plus tard.