L'Aisne avec DSK

31 mars 2008

Piégée.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je suis allé comme convenu au premier "vrai" conseil municipal, le tout premier à Fervaques n'étant que son installation. J'ai renoué avec ce balcon trop exigu qui ne propose que trois bancs inconfortables et une vue plongeante qui ne permet d'observer que le maire et le premier rang des adjoints. Il reste quand même le son et la transmission sur le site de la Ville! Pas de surprise, chacun a joué son numéro, Pierre André dans l'ironie et Jean-Pierre Lançon dans le tonitruant.

La parole de l'opposition a été équitablement partagée, l'extrême gauche donnant de la voix, comme c'était prévisible. La représentante des Verts était absente. Je suis parti à 19h 50, devant participer à un café citoyen dont je parlerai peut-être plus tard. Je reviendrai donc demain sur la totalité de la séance telle que la presse ne manquera pas de l'évoquer. En attendant, je vous livre mes impressions, que je résume ainsi: l'opposition est piégée, et elle le restera pendant six ans, pour trois raisons:

1- L'opposition est piégée par son formalisme. Quand elle demande d'emblée un procès-verbal plus complet que celui qui était mis au voix, le maire lui répond que l'analytique sera transmise "plus tard", et les services techniques précisent "dans quelques mois". Fermez le ban. Et l'opposition y peut quoi? Rien. Même échec, même inutilité lorsqu'il s'agit de réclamer la représentation de l'opposition dans d'autres commissions que celles où cette représentation est obligatoire. Le maire répond comme il l'a déjà fait: il suivra la loi, rien que la loi, et ne fera pas de cadeau à une opposition qui a décidé dans sa campagne de ne lui faire aucun cadeau.

Mais on va où comme ça? Vers rien. Est-ce que les Saint-Quentinois ont désigné une opposition pour rien? Est-ce que les 39,2% qui ne se reconnaissent pas en Pierre André vont se sentir représentés par l'opposition? Il faudrait pour cela que celle-ci serve à quelque chose, qu'elle fasse la preuve de son utilité. Je ne veux pas désespérer, il faut attendre, mais j'ai de sérieux doutes, quand j'entends le ton sur lequel se sont installés ce soir les rapports entre la majorité et l'opposition. Et puis je sais que le chef de file de l'opposition a déjà donné, de 1995 à 2001, et je ne vois pas ce qu'il pourrait apporter de nouveau.

2- L'opposition est piégée par son passé. Lorsque Jean-Pierre Lançon interroge le maire sur ses frais de représentation qui s'élèvent à 1.000 euros, celui-ci rétorque que la municipalité d'avant son premier mandat autorisait sans transparence l'achat de costumes, l'utilisation de voitures de service et la jouissance de vins de grands crus. Soit la mise en cause est fausse et il y a diffamation, soit elle est vraie et le premier conseiller d'opposition traînera comme un boulet des accusations qui le visent personnellement.

3- L'opposition est piégée par son incohérence. Lorsque Michel Aurigny, du Parti des Travailleurs, demande qu'une solution soit trouvée pour permettre la gratuité du parking de l'hôpital, le maire le renvoie dans les cordes en lui conseillant pour ce financement de s'adresser à ses "amis politiques" du Conseil général et du Conseil régional. Sauf que Gewerc et Daudigny ne sont pas les "amis politiques" d'Aurigny et que celui-ci est en règle général l'adversaire politique des socialistes. Son seul "ami politique" s'appelle Lançon. Et pour combien de temps? Le conseil du maire est donc (volontairement) injustifié, mais l'opposition forme une équipe, élue sur une même liste et un même programme. Il est donc difficile à ses membres de se dissocier, du moins pour l'instant.

Même tactique de Pierre André quand il lance un "challenge" à Michel Aurigny: que celui-ci rende d'abord gratuit le parking de la mairie, et il aura ensuite toute latitude pour s'occuper du parking de l'hôpital. Sauf que là encore, Aurigny n'est strictement pour rien dans le parking souterrain. L'opposition est faite d'éléments disparates qui se neutralisent les uns les autres. Aucune cohérence ne peut en surgir. Pierre André aura beau jeu d'appuyer sur les contradictions.

Nous voilà donc partis pour six ans. Rien de positif ne pourra venir d'une opposition qui s'est constituée dans les conditions que l'on sait et que je ne cesse de dénoncer depuis quelques mois. Je ne me reconnais dans aucun de ses représentants. Six ans, c'est long, mais ne croyez pas que la situation va rester figée. Elle va inévitablement évoluer, et je ferai tout pour qu'elle évolue. Il faut dès maintenant, lors de chaque conseil municipal, démontrer l'impuissance de l'actuelle opposition et dessiner les contours d'une autre opposition.


Bonne nuit.

Une provocation hélas réussie.

Bonjour à toutes et à tous.

L'affaire de la banderole anti-Chtis déployée lors du match où assistaient le président de la République et d'autres personnalités fait la une de l'actualité et suscite depuis samedi soir une foule de commentaires. Je n'ajouterai pas à mon tour un commentaire qui irait évidemment dans le sens des autres commentaires, mais je souhaite apporter un éclairage différent sur cette affaire.

Les termes de la condamnation viennent tous du registre de l'indignation morale. Scandaleux, odieux, inadmissible, choquant sont les épithètes les plus fréquemment entendues. C'est normal puisque c'est vrai. Mais est-ce la meilleure façon de réagir à l'incident transformé ainsi en événement? Je ne le crois pas. Les bons sentiments ne donnent pas nécessairement les réponses appropriées. On manifeste sa réprobation et souvent, juste après, on passe à autre chose, un événement en chassant un autre.

Je ne pense pas non plus que les explications qu'on avance soient pertinentes. J'en ai repéré trois:

1- Le racisme. Qu'il y ait chez certains supporters, notamment les holligans, une forme de racisme qui s'exprime dans les stades, c'est évident. Mais existe-t-il un racisme anti-Chtis? Ca me parait invraisemblable. Le racisme consiste à mettre l'autre dans un état d'infériorité parce qu'on pressent en lui, à tort, une menace, un danger ou qu'on refuse sa différence. Les Chtis ne sont pas différents de l'ensemble des Français et ne menacent absolument personne. Je ne vois pas en quoi les habitants du Nord de la France pourraient susciter des réactions racistes. Ou alors, il faut généraliser l'usage du mot à n'importe quel type d'hostilité et faire de tout un chacun une victime potentielle ou effective du racisme, ce qui serait abuser du vocabulaire.

2- La haine. Personne ne hait sans raison. Son moteur, c'est quand on sait ou on croit que quelqu'un vous fait ou vous veut du mal. Sinon la haine n'a pas lieu d'être. Rien chez les Chtis, absolument rien ne justifie une quelconque haine à leur égard, pas même je ne sais quel fantasme. Je ne vois donc pas en quoi la haine serait à l'origine du déploiement de cette banderole.

3- La bêtise. Tout le monde sait que les termes de la banderole, appliqués aux gens du Nord, sont totalement faux, à la limite comique si le sujet n'était pas aussi grave. Il y a des chômeurs partout en France, et le fait d'être chômeur (mis au même niveau que pédophile!) n'est pas en soi une accusation. Ceux qui ont conçu cette banderole le savent, j'en suis certain. Ils sont sans doute pervers mais pas bêtes. La bêtise est dans l'affirmation de choses qu'on croit être vraies alors qu'elles sont fausses. Ici, aucune stupidité, au contraire, une intelligence à vouloir blesser.

Non, les auteurs de ce délit ne sont ni racistes, ni haineux, ni stupides. Ce sont des provocateurs. Leur seul objectif est de choquer, et de ce point de vue, ils ont réussi leur coup: se servir du titre d'un film au succès exceptionnel pour le détourner et l'associer à un crime, la pédophilie. En soi, ça n'a pas de sens, mais le sens qu'ils donnent à cette opération savamment montée est de heurter les consciences. Ils savent que la télévision va retransmettre, que le chef de l'Etat sera là, que la répercussion médiatique sera immense. Et ça marche! Voilà pourquoi l'indignation morale me semble inopérante, parce qu'elle alimente involontairement ce qu'elle prétend condamner. Les malfaiteurs sont arrivés à leurs fins, faire parler d'eux pendant 48 heures. Dans notre société du spectacle, ils ont fait leur numéro minable.

Comment faudrait-il réagir? Par ce à quoi notre société s'est hélas déshabituée, le silence et le mépris. Ces moins que rien ne méritent pas qu'on parle d'eux, même à travers une condamnation morale dont ils n'ont cure. Nous ne devons pas leur faire de publicité, puisque c'est la seule chose qu'ils recherchent. Chacun devrait s'interroger sur ses responsabilités au lieu de moraliser à qui mieux mieux: les médias, les clubs, les sportifs, les supporters, les spectateurs, la police, la sécurité.

Car un stade est l'un des endroits au monde le mieux surveillé et sécurisé. La foule est parquée, contrôlée, filmée. Si l'ordre ne règne pas dans ce lieu, il ne règne nulle part. L'efficacité la plus élémentaire devrait empêcher de tels actes. Du moins leurs auteurs devraient-ils être facilement appréhendés. Et qu'est-ce qui empêcherait les spectateurs de réagir? Et qu'est-ce qui empêcherait les joueurs d'arrêter immédiatemment la partie? Et qu'est-ce qui empêcherait les organisateurs de stopper le match? Rien du tout. C'est pourquoi je me méfie de l'indignation morale qu'on exprime après coup alors qu'il faudrait sur le coup prendre les mesures les plus efficaces en exerçant ses responsabilités.

Silence et mépris, responsabilité et efficacité, voilà ce que je réclame. Et je me passe de posture morale, et je ne cherche pas de vaines explications dans le racisme, la haine ou la bêtise.


Bonne fin d'après-midi.

30 mars 2008

1.000.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je franchis ce soir le seuil du 1.000ème billet. 1.000! J'ai envie d'offrir à mes lecteurs, surtout à ceux qui me jugent hâtivement, les 999 billets précédents, que j'ai rédigés depuis septembre 2006. C'est facile, ils sont dans les archives, vous pouvez les consulter. Vous constaterez que sur de nombreux points, mes analyses ont été par la suite validées. Vous verrez aussi que la plupart des billets abordent des questions de fond et que la polémique n'est qu'une légère écume.

A tous les autres, qui n'ont pas besoin d'une relecture pour se faire une juste idée de moi, je ne dirai ce soir... rien. 1.000 billets méritent que je me repose, seulement un jour, aujourd'hui. D'autant que je suis fatigué après une merveilleuse journée passée à Paris avec les élèves, le matin dans le premier café philo créé au monde, dans le café des Phares, à la Bastille, l'après-midi dans un exercice qui me ravit, faire visiter le cimetière du Père-Lachaise.

J'étais aussi en compagnie d'un représentant éminent de la droite saint-quentinoise, avec lequel j'ai beaucoup parlé. Mais vous ne saurez pas de quoi ni de qui, j'ai promis ce soir, pour ce 1.000 billet, de me reposer. Vous me pardonnerez, j'en suis sûr.


Très bonne et douce nuit.


PS: pour les Saint-Quentinois, n'oubliez pas demain le conseil municipal, à 18h30.

29 mars 2008

Front social.

Bonsoir à toutes et à tous.

On ne gagne en politique que sur les thèmes qui sont les vôtres, pas ceux de l'adversaire ou du concurrent. Les socialistes ne gagneront pas en reprenant à la droite ou à l'extrême gauche leurs mots d'ordre. Il faut que nous restions socialistes: c'est par les questions sociales que nous pourrons reconquérir l'opinion. De ce point de vue, le paysage bouge un peu. Certes, une hirondelle n'annonce pas le printemps, surtout en ce 29 mars un peu frisquet, mais quelques signes, trois exactement, méritent ce week-end notre attention:

1- Les exclus: pour eux, le gouvernement avait un projet, un seul, pour lequel il avait nommé un homme, puisé à gauche, Martin Hirsch. Et le projet, le RSA, Revenu de Solidarité Active, venait de milieux progressistes. C'était sûrement l'unique mesure progressiste du gouvernement. C'était? Je le crains parce que Hirsch lui-même s'en inquiéte, dans Ouest-France de cette semaine. Il ne se sent pas soutenu, c'est manifeste, il redoute que la généralisation du dispositif, prévue fin 2009, ne se fasse pas. Deux déclarations renforcent son inquiétude: Pierre Méhaignerie, président de la commission des affaires sociales à l'Assemblée nationale, suggère de prolonger l'expérimentation, ce qui trahit un doute sur le bien fondé du RSA. Patrick Devedjian, patron de l'UMP, va plus loin, se montre plus explicite en s'interrogeant sur le bilan du dispositif.

2- Les retraités: ils ont manifesté aujourd'hui à Paris, comme il y a quelques semaines. Une concertation a eu lieu au ministère du Travail, sur le passage à 41 ans de la durée de cotisation. Les syndicats sont certes divisés sur la question, mais aucun n'accepte cette mesure sèche sans compensation. Les revendications sont claires: arrêter l'érosion du niveau des pensions, garantir le financement des retraites, augmenter l'emploi des seniors. Il y a là, au-delà des différences légitimes, une unité possible.

3- Les handicapés: ils ont eux aussi manifesté aujourd'hui dans Paris, et leur défilé de plusieurs dizaines de milliers de personnes était historique, et très impressionnant. Ce qu'ils demandent, c'est un revenu minimum décent d'existence, dont ils ne disposent pas aujourd'hui.

Handicapés, retraités, exclus, un même homme est concerné et visé, Xavier Bertrand, celui-là qui justement vient de gagner du galon ces dernier jours: il est devenu secrétaire général-adjoint de l'UMP. Tout le monde a compris: c'est la mouche de Sarkozy, chargé d'encadrer Devedjian et de contrer Fillon. Dans ce rôle, il sera, j'en suis sûr, efficace: c'est un service zélé des pouvoirs de droite en place, avant-hier Raffarin, hier Villepin, aujourd'hui Sarkozy. Et demain? Je ne sais pas, mais en toute circonstance, je crois qu'il est le meilleur serviteur de lui-même.

Toujours est-il qu'il ne pourra pas, à la différence de Pierre André, se prévaloir de son
indépendance ou de son apolitisme. C'est totalement un homme de parti, engagé dans une idéologie, défenseur de certains intérêts. Qu'il ne vienne pas nous la jouer aimable, gentil, sympa, profil débonnaire et large sourire. Ses collègues du gouvernement sont les premiers à dire qu'il est dévoré d'ambition. Mais qu'il prenne garde à ne pas être, à son tour, dévoré. En tout cas, Saint-Quentin ne pourra plus longtemps ignorer son vrai visage.


Bonne soirée.

Réponses à GOC.

Mon billet d'hier sur les 30 ans du disco a suscité un commentaire de Grandourscharmant (GOC) dont la richesse m'oblige à une réponse sous forme de billet et non de simple commentaire. J'ai repéré quatre critiques (que je vous invite à relire pour comprendre ce qui suit) auxquelles j'apporte quatre réponses:

1- Mai 68 a-t-il engendré le matérialisme et l'individualisme de notre société? Non, c'est la société de consommation qui a fait ce travail, que le mouvement de Mai a violemment contesté. Ce qui est vrai, c'est que ce mouvement a prôné l'émancipation et l'autonomie de l'individu, que je distingue de l'individualisme libéral tel que le défendent Nicolas Sarkozy et, je suppose, notre ami GOC, en bon adhérent de l'UMP (et peut-être, comme son chef, "liquidateur" de l'héritage soixante-huitard?).

2- Ma vision du disco est-elle erronée? C'est fort possible, puisque je n'en suis ni amateur, ni spécialiste. GOC a parfaitement raison de rappeler ce lien, que j'avais omis de préciser, avec la culture homosexuelle. Il faudrait évoquer aussi la new wave. Dans mon billet, je n'ai fait qu'exposer le ressenti de mes 18 ans, sans prétendre à l'objectivité ni à l'exhaustivité. John Travolta ne passait pas pour moi, à l'époque, pour un émancipateur de l'humanité et je n'ai pas perçu de dimension progressiste dans Saturday Night Fever.

3- Venant trop tôt ou trop tard, serai-je dans l'incapacité de prévoir et d'anticiper, comme les élections municipales à Saint-Quentin le montreraient? Mais non, c'est le contraire! J'anticipe beaucoup, je prévois longtemps à l'avance. Combien de fois sur ce blog ai-je critiqué les socialistes de la "dernière minute", qui jouent des circonstances, décident dans l'urgence, se laissent porter par les événements! Mon malheur, c'est que le milieu dans lequel j'évolue est favorable aux malins, pas aux prévoyants.

4- Fais-je preuve d'inconséquence intellectuelle en portant intérêt aux maoïstes et en critiquant dans le même temps les poperénistes? Sur les maos français, je vous renvoie à un billet rédigé en août ou septembre, à propos de l'ouvrage de Christophe Bourseiller, "Les maoïstes en France". Il faut distinguer le régime chinois, criminel, et ce qu'ont été les maos en France, July, Geismar, Le Dantec, soutenus par Sartre. Ce n'est évidemment pas ma sensibilité puisque je suis social-démocrate, mais j'éprouve de l'intérêt pour ce courant de pure révolte un peu romantique, et de l'admiration pour ces jeunes grands bourgeois qui partaient "s'établir" en usine. Les poperénistes n'ont rien à voir avec tout ça. Ils ne suscitent en moi aucun intérêt intellectuel, encore moins une admiration morale (je mets bien sûr à part le personnage de Jean Poperen, qui vaut beaucoup mieux que ses vagues disciples). Je parle d'eux parce qu'ils barrent ma route, mais je parlerais autant du cirque Pinder si je le trouvais sur mon chemin.


Bon après-midi.


PS: je vous indiquais ce matin le courrier que m'a adressé Lise sur les Chtis. Elle a joint aussi une interview de Dominique Grange, chanteuse mao en 68, par Gérard Miller, autre mao! C'est dans La Vie du 13 mars, page 98. Lisez la pour "goûter" ce qu'était il y a 30 ans ce courant politique très singulier, les maos.

Un film anti-Sarkozy.

Bonjour à toutes et à tous.

Mon amie et camarade Lise vient de m'adresser par courrier un article fort intéressant, tiré du magazine La Vie du 13 mars 2008, sur le film de Dany Boon: "Pourquoi les Chtis triomphent", signé Johanna Luyssen. La question en effet mérite d'être posée, sauf à se laisser porter par le conformisme béat qu'entraîne le succès. "Bienvenus chez les Chtis", d'après ce que j'en lis, est un gentil petit film, pas un grand film, encore moins un chef-d'oeuvre.

On le compare souvent à "La grande vadrouille". La seule ressemblance est dans le nombre spectaculaire d'entrées. Le film de Gérard Oury inventait un genre comique, la seconde guerre mondiale tournée en dérision. Il fallait oser, seulement 20 ans après la fin du conflit. Boon ne crée rien de nouveau. Et puis, Bourvil et de Funès étaient des acteurs de haute volée, Boon et Merad ne sont que des amuseurs talentueux. Alors, pourquoi un tel phénomène? Luyssen répond en cinq points:

1- L'antithèse du film bling-bling. Dans la France sarkozienne du clinquant, de l'esbroufe et du fric, incarnée au cinéma par "Astérix aux Jeux Olympiques", un film sans prétention et sans énormément d'argent fait passer un peu d'air frais.

2- La célébration de l'entraide et de la fraternité. Gentillesse, amitié, bonhomie, jovialité, en un mot bonheur, voilà toutes les vertus que la journaliste attribue à ce film que je n'ai pas encore vu. Les Français ont envie d'être heureux! Là encore, on est loin, très loin du "travailler plus pour gagner plus".

3- La revanche des "petites gens". Le Nord est mal perçu, mal aimé, oublié, parce qu'il est ni de la droite bling-bling, ni de la gauche bobo. En lui se reconnaissent tous ceux que notre société ne reconnait plus, à l'opposé de la France du "paquet fiscal" censée faire redémarrer l'économie (on attend toujours!).

4- Le besoin de rire. C'est une constante nationale depuis quelques années, un spectacle sur cinq porte sur l'humour. La crise de rire comme remède à la crise de société?

5- L'humour bon enfant. C'est celui que j'aimais quand j'étais enfant et qui ne me fait même pas sourire aujourd'hui: les vieux films de Fernandel. Les Français seraient-ils devenus de grands enfants? En tout cas, c'en est ici fini avec la raillerie style Canal-Plus.

J'irai voir les Chtis, comme tout le monde, c'est promis, mais quand il y aura un peu moins de monde. J'irai parce que je me demande si ce n'est pas le premier film profondément quoique invisiblement anti-Sarkozy.


Bonne matinée.

28 mars 2008

Les 30 ans du disco.

Bonsoir à toutes et à tous.

Il est beaucoup question ces temps-ci des 30 ans de la mode disco. Il y a le film avec Franck Dubosc, pas mal d'émissions de télé... Le disco! J'avais 18 ans en 1978, j'aurais pu aimer, c'est l'âge où on aime ce genre de truc, je n'ai vraiment pas aimé à l'époque, même si je suis un peu plus indulgent aujourd'hui. Sans doute par pure curiosité rétrospective, intérêt historique pour une période, celle de la fin des années 70, dans laquelle je ne me reconnaissais pas à l'instant où je l'ai vécue. Parce qu'elle signifiait la fin de quelque chose que j'aurais aimé vivre, les années 60, et son point culminant Mai 1968, où je n'avais que 8 ans et où j'aurais voulu avoir 10 ans de plus.

Pourquoi je n'aimais pas le disco? Parce que ce courant musical rompait avec la chanson engagée à la française autant qu'avec la pop music contestatrice, en finissait avec le dernier sursaut politique, plutôt anarchiste et même nihiliste, des punks, apparus en 1977. Le disco, c'était la victoire de la dépolitisation, après une quinzaine d'années de musiques et chansons traitant des questions de société. Mai 68 s'achève vraiment à ce moment-là, avec cette culture-là.

Et puis, il y a disco comme discothèque, la boule à facettes, les mecs et les nanas qui se trémoussent, les accoutrements ridicules, les airs hyper-américains, le pur et insignifiant divertissement, la drague facile, lourde et minable, la sélection au faciès à l'entrée des "boîtes", la téloche, Patrick Juvet en pointe et Sheila sans ses couettes déguisée en cosmonaute, bref l'horreur. Je rêvais de Brel et Brassens, de Maxime le Forestier et de François Béranger, des hippies et des maos, pas de la mode disco, qui m'a fait souffrir et regretter les temps d'avant. Je suis né 10 ans trop tard.

Finalement, je ne coïncide pas avec l'événement, encore maintenant, je suis fâché avec ce que les stoïciens, mes maîtres, appelaient le kairos, le bon moment, l'instant opportun, celui dont les opportunistes, par définition, savent faire un excellent usage. J'arrive trop tôt ou trop tard. Mais à force d'arriver quelque part, je vais sans doute finir par tomber juste, vous ne croyez pas? En attendant, je m'amuse à observer l'engouement actuel, très décalé, pour le disco. Mais je n'en démords pas: ce qu'il faut fêter cette année, ce sont les 40 ans de Mai 68, et rien d'autres.


Bonne soirée.

Parole de bouffon.

Bonjour à toutes et à tous.

Quelle surprise en lisant L'Union de ce matin et sa rubrique "Parole de Bouffon"! La nouvelle aurait sans doute mérité un gros titre, un article entier, pourquoi pas la première page: "Hollande écrit à Lançon". Incroyable mais vrai, le premier secrétaire du Parti socialiste a pris le temps d'écrire à celui qui a méprisé l'avis de la majorité, qui a trahi en pactisant avec l'extrême gauche, qui a permis à la droite de gagner avec 60% et qui a réduit la représentation socialiste de quatre à trois conseillers. Et pourquoi donc Hollande a-t-il envoyé ce courrier? Pour remercier Lançon de tout ce qu'il a fait! Y'a vraiment pas de quoi ...

Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre? Pourtant, c'est écrit, c'est dans le journal, c'est donc "vrai de chez vrai", aussi étonnant que cela puisse paraitre. La preuve, il y a des guillements, c'est bel et bien lui, Hollande, qui écrit ce qui suit:

"Je souhaitais, après ce second tour des élections municipales, prendre le temps de t'écrire pour te remercier d'avoir porté haut les couleurs de notre Parti. Je voulais te dire combien je suis sensible au combat que tu as mené avec courage et détermination avec l'ensemble des membres de ta liste."

Bigre! Il ne manque plus que le "bien à toi mon cher Jean-Pierre". Hollande et Lançon, copain-copain? On le croirait presque, beaucoup de lecteurs se laisseront sans doute abuser. Heureusement qu'existe ce blog pour rétablir la vérité. Car vous l'avez peut-être senti, nous sommes en présence d'une supercherie. Je sais bien que le 1er avril, c'est mardi prochain, mais ce n'est pas une raison pour faire un poisson qui d'ici là sera avarié.

Le "après ce second tour des municipales" m'a mis la puce à l'oreille: il n'y a pas eu de second tour à Saint-Quentin! L'entourloupe, je vous l'explique: la lettre en question est un courrier standard envoyé par le PS à toutes ses têtes de liste, et pas personnellement à celle de Saint-Quentin, qui mérite tout sauf des remerciements. Pour la situation dans laquelle il a plongé la section socialiste, ce sont plutôt hélas des condoléances qu'on devrait lui envoyer. Une banale missive est donc devenue, entre les mains des poperéniste, un objet de propagande et de manipulation, laissant croire quelque chose qui n'est pas, un titre de gloire chargé de faire oublier un état de honte.

Car l'intérêt de l'anecdote passe par la question suivante: pourquoi ce petit bidouillage en direction de la presse? Personne ne peut croire sérieusement que Hollande écrit personnellement à Lançon, pas plus que vous ne me porteriez crédit si je vous disais que ce matin Strauss-Kahn m'a passé un coup de fil de Washington. Je me souviens d'un meeting de François Hollande à Soissons, durant les présidentielles, où il n'avait ni reconnu, ni cité Anne Ferreira, pourtant députée européenne. Alors, mes chers camarades, un peu de sérieux et d'honnêteté les uns et les autres: on n'est jamais aussi important et aussi connu qu'on ne le croit et surtout qu'on ne le désire. C'est d'ailleurs très moral: l'humilité ramène à une forme de sagesse utile en politique.

En vérité, la manoeuvre est le signe d'une panique: se retrouver très minoritaire dans la section lors du prochain congrès, se voir à nouveau désavoué par la majorité, mais sans pouvoir cette fois compter sur l'appareil fédéral pour sauver la mise. Secrétaire de section, sièges au bureau, ce sont les adhérents qui décideront. Plus question de tordre la procédure pour qu'elle convienne, adieu le travail d'apparatchik. Par crainte de ce désaveu, qui ne manquera pas de se produire après le tour de cochon qu'ils nous ont joué, les poperénistes recherchent la bénédiction, que dis-je, l'absolution et la réclame faussement auprès de François Hollande, comme ils s'étaient retranchés derrière les accords fédéraux pour justifier leur rapprochement avec l'extrême gauche (alors que jamais les accords fédéraux n'ont recommandé une telle orientation).

Je suis militant, je suis donc combattant, mais je n'ai pas le plaisir de choisir mes combats ni mes adversaires. J'étais fait, je le crois, pour m'affronter à Pierre André et surtout à Xavier Bertrand, je pense que je n'aurais pas démérité en me lançant dans cette opposition, que j'aurais menée intelligemment. Mais voilà, hélas pour moi, hélas pour l'ensemble des socialistes saint-quentinois, le destin ou le hasard en ont décidé autrement. Ce qui reste en moi, intact, c'est mon désir de me battre. Je le satisfais d'une façon que je n'aurais pas imaginée il y a seulement quelques mois. C'est ainsi, je n'ai pas le choix. Je vais même employer un terme très fort: c'est une question de survie politique. Le combat s'arrête, je disparais.

Poursuivez ce combat avec moi, avec nous, adhérez au Parti socialiste pendant qu'il est encore temps si vous voulez peser sur les votes du prochain congrès, adhérez avant mardi, à 20 euros c'est encore possible, en allant sur http://www.parti-socialiste.fr/ . Un petit geste, pas grand-chose, mais qui peut avoir d'immenses conséquences, à Saint-Quentin comme ailleurs. Pour que plus jamais vous ne puissiez lire une "parole de bouffon".


Bon après-midi.

27 mars 2008

Sage conseil.

Bonsoir à toutes et à tous.

Le conseil national du PS, qui s'est tenu mardi soir, a été de l'avis de tous très sage. Le calme qui précède la tempête? Peut-être pas. Ce qu'il faut, c'est éviter la guerre des présidentiables. 2012, ce n'est pas pour maintenant. L'urgence, c'est la rénovation du projet. De ce point de vue, le groupe des "reconstructeurs", qui réunit plusieurs sensibilités, a raison. Royal, Delanoë, on parle aussi d'Aubry, ont leur chance pour la prochaine échéance. Mais ils ne doivent pas gâcher leurs talents en s'affrontant. Jean-Luc Mélenchon, lui, veut reconstituer l'aile gauche du parti à l'occasion du congrès. Il a tout faux. L'heure n'est plus aux ailes, droite au gauche. Nous devons nous rassembler autour d'un projet de socialisme moderne, voilà l'enjeu des prochains mois. Cessons de raisonner avec les anciennes catégories.

Quel pourrait être le prochain premier secrétaire? Dray? Moscovici? Ma préférence va bien sûr à celui-ci, strauss-kahnien. Et puis, il s'est laissé pousser la barbe et fréquente assidûment les émissions de télévision: un nouveau Mosco est né, moins techno, plus incisif, comme le prouve son dernier ouvrage, Le Liquidateur, chez Hachette littératures. Ca bouge au PS, tranquillement mais ça bouge. Pierre Larrouturou fait circuler une pétition qui demande une réflexion de fond et vise déjà à une victoire pour les européennes de l'an prochain. L'un des signataires n'est autre que... Michel Rocard. On sent bien que le besoin de débat est grand. J'espère que ce mouvement atteindra aussi la fédération de l'Aisne.

Il va falloir remettre en place, avec Pierre, Sylvain, Thierry et quelques autres les "rencontres rénovatrices" que nous avions lancées en janvier et qui ont été suspendues avec les municipales et cantonales. Les dates du congrès ont été fixées: ce sera du 7 au 9 novembre. Mais d'ici là, nous aurons un autre important rendez-vous: l'adoption d'une nouvelle "déclaration de principes" avant l'été. Cette "déclaration", c'est ce qui fonde notre identité. Sa réécriture sera donc une étape importante dans la marche vers la rénovation. Le strauss-kahnien Alain Bergougnioux a été chargé d'en proposer une première mouture.

Une dernière chose: le strauss-kahnien Jean-Paul Huchon vient de sortir un essai qui me semble prometteur: De battre ma gauche s'est arrêtée, au Seuil. D'après les commentaires que j'ai pu lire, Huchon reconnait avoir été tenté par un vote Bayrou, situe au centre l'avenir du PS, doute de Delanoë resté à ses yeux trop jospiniste et prédit comme prochain président un homme austère, un anti-Sarkozy. Un livre qui donne envie...


Bonne nuit.

Une autre opposition.

Bonjour à toutes et à tous.

L'Union d'hier consacre un article en pleine page sur Jean-Claude Natteau, "un Africain au conseil municipal". Mais ce que je retiens surtout, ce sont les propos de ce militant UMP sur l'opposition:

"L'opposition, malheureusement, n'est pas au conseil municipal pour construire mais plutôt pour s'opposer. C'est une orientation politique. Peut-être qu'ils n'ont pas trop le choix mais cela les regarde."

Non, en politique, on a toujours le choix, et c'est pourquoi on fait de la politique, parce qu'on choisit "une orientation politique" plutôt qu'une autre. Celle de l'actuelle opposition municipale n'est pas la mienne, vous le savez. Elle ne l'était pas avant l'élection, elle ne l'est toujours pas après, elle ne le sera pas plus tard, sauf miracle, auquel je ne crois pas. S'opposer, pour moi, c'est proposer et construire. Il n'y a pas de contradiction entre les deux attitudes. Que la droite tente d'enfermer la gauche dans une posture purement protestataire, c'est de bonne guerre. Que la gauche en rajoute et se targue d'adopter un tel comportement, c'est inquiétant. Sa première décision est à cet égard significative: remplacer le panneau de la permanence "Elus de la minorité" en panneau "Elus de l'opposition". Le ton adopté lors de l'installation du conseil municipal donne aussi la mesure de ce qui nous attend.

Je reste persuadé qu'il existe une autre façon de s'opposer. Il ne faut pas laisser aux actuels conseillers municipaux le monopole de l'opposition, il faut montrer aux Saint-Quentinois qu'une opposition différente est possible. Vous me direz peut-être que c'est illusoire ou inutile en dehors du conseil municipal. Mais comment ont-ils fait à Soissons, où les socialistes n'avaient pas d'élus en mairie, où ils ont tout de même existé politiquement autour de Patrick Day, où ils ont fini par remporter les dernières élections? Et comment avons-nous fait à Saint-Quentin, de 1995 à 2001, où nous n'avions aucun conseiller municipal? Non, il y a une vie (politique) en dehors de l'Hôtel de Ville. Je m'efforcerai en tout cas, personnellement, de prouver qu'on peut être socialiste à Saint-Quentin sans adhérer à ce que fera l'opposition "officielle". Jusqu'au jour où le possible deviendra réalisable, où le rendez-vous manqué de 2008 laissera place à une rencontre réussie.


Bon après-midi.

26 mars 2008

Mauvais, très mauvais.

Bonsoir à toutes et à tous.

Le bureau du PS à Saint-Quentin se réunit demain. Je n'irai pas, j'ai mieux à faire qu'à perdre mon temps. Je lance au bar Le Manoir une nouvelle initiative, le café livres, l'équivalent du café philo mais en littérature. Ce n'est pas moi qui anime mais je dois évidemment être présent. Le thème: notre premier livre. Intéressant, non? Beaucoup plus en tout cas qu'être devant des camarades qui n'écoutent pas et se moquent de tout ce que vous pouvez dire. Mais que les camarades en question ne se réjouissent pas trop vite de mon absence. En accord avec les socialistes majoritaires de la section, je saurai les rappeler à mon bon souvenir et être présent au moment de voter et de m'opposer à eux. Ce langage-là, je crois qu'ils le comprennent. Comme quoi il ne faut jamais désespérer de personne...

Cependant, je ne veux pas priver mes lecteurs de ma possible intervention. Pour eux, rien que pour eux, je vais résumer ce que j'aurai dit si j'avais eu du temps à perdre. D'abord, un bilan des résultats électoraux à Saint-Quentin, mauvais, très mauvais pour la gauche:

1- 60% pour la droite, un 3ème mandat pour Pierre André, et le mastodonte Xavier Bertrand qui se profile à l'horizon 2012. Désastreux.

2- Une représentation socialiste réduite comme peau de chagrin, trois conseillers municipaux seulement, alors que nous avons fait 39% des voix. Lamentable.

3- L'opposition municipale livrée à l'extrême gauche anti-socialiste. Scandaleux.

Pas besoin de grands discours ou de savantes analyses pour comprendre que la situation des socialistes, par la faute des poperénistes, est pitoyable. Et pourquoi donc?

a- Parce que la tête de liste était mauvaise: rejetée pas la majorité de la section socialiste, empêtrée dans un passé que la droite a su malignement lui rappeler, soutenue de loin par une députée européenne qui, pas folle, a pris ses distances.

b- Parce que les alliances étaient illisibles, incohérentes, catastrophiques: les circonstances, l'opportunisme, l'angoisse de se retrouver seul quand vos propres camarades ne vous soutiennent plus, voilà ce qui a poussé dans les bras de l'extrême gauche. Rien de politique là-dedans, du n'importe quoi, de la navigation à courte vue, qui se termine toujours par un naufrage.

c- Parce que la campagne était consternante: de l'excitation infantile par Dailymotion interposé, une affiche quasi anonyme avec une bande de sinistres, une profession de foi au pilon, une directrice de campagne myope à la vie saint-quentinoise, de l'amateurisme très médiocre et autosatisfait, j'en passe et des pires, sur lesquels je reviendrai le moment voulu.

Voilà ce que j'aurai dit. Mais pourquoi y aller? Vous savez tout, eux aussi.


Bonne soirée.

Les leçons du Cher.

Bonjour à toutes et à tous.


De retour en Picardie, je suis toujours dans le Berry, par la pensée bien sûr. J'ai découpé un article étonnant dans le Berry Républicain de samedi dernier, un courrier des lecteurs que j'ai précieusement conservé, parce qu'en le lisant, j'ai cru découvrir... ma propre réflexion! L'auteur, Gérald Hayotte, est un ancien responsable de la CFDT dans l'entreprise Giat. Ecoutez plutôt:


"D'une manière générale et à Bourges en particulier, le PS ne reviendra aux affaires que lorsqu'il aura compris que certaines alliances sont contre-productives. Contrairement à certaines règles de proportions arithmétiques, lointaines dans mon esprit, que m'enseignait mon professeur de mathématiques, j'ai toujours pensé, au moins pour ce qui est du monde politique, que le produit des extrêmes n'était pas égal à celui des moyens. Naïvement, j'avais pensé qu'à Bourges, comme en de nombreux endroits de notre territoire, le Parti socialiste pratiquerait l'ouverture, non pas avec les communistes et l'extrême gauche, mais avec des sociaux démocrates et autres centristes de centre gauche et de centre droit; autrement dit, avec des personnes d'influences et des personnes qui, au-delà de leurs différences, ont ceci en commun de ne pas déconnecter les enjeux économiques et les enjeux sociaux, les deux étant intimement liés. Tel ne fût malheureusement pas le cas dans notre bonne ville berruyère, contrairement à des villes comme Tours, Dijon et bien d'autres avec les résultats remarquables que l'on a pu constater."


Et la conclusion, tout aussi intéressante:


"L'idéal aurait été alors que chacun se compte au premier tour et que l'éventuelle contribution des uns et des autres à une liste commune au second tour (au demeurant non obligatoire!) se fasse au prorata de la représentativité de chacun. J'espère simplement que les enseignements de cette échéance électorale et les réelles causes de cet échec feront oeuvre de pédagogie et permettront à l'avenir un positionnement plus cohérent et efficace."


Pesez bien chaque mot, appréciez chaque idée, remplacez Bourges par Saint-Quentin et vous retrouverez l'analyse et le combat que je mène sur ce blog depuis plusieurs mois. Pas une phrase n'est à retrancher, sauf les derniers termes de la conclusion, trop optimistes: les socialistes berruyers se sont alliés avec Lutte Ouvrière, ce qui ne leur a électoralement rien apporté (ils ont été battus au premier tour, avec un peu plus de 50% pour la droite), mais ils n'ont pas eu cette folie des socialistes saint-quentinois de s'allier avec trois organisations d'extrême gauche, d'accepter le protocole de la plus dure de ces organisations et de leur offrir la majorité des places, si l'on ajoute le MRC et le PCF. Et tout cela pour rien, pour se retrouver avec une droite à 60%! Je n'oublierai pas de sitôt cette trahison de nos intérêts politiques les plus élémentaires.


Bourges est une ville beaucoup plus grande que Saint-Quentin, mais c'est comme Saint-Quentin la première ville du département, et comme elle dirigée par le passé par les communistes, avec un Le Meur berrichon, Jacques Rimbaud, député-maire apprécié, populaire, disparu il y a quelques années. Là aussi, les socialistes ont du mal à s'imposer, malgré la présence active de la fabiusienne Irène Félix. Là encore, c'est en s'élargissant vers le centre que la municipalité deviendra un jour socialiste. D'autant que l'extrême gauche, comme à Saint-Quentin, existe à Bourges: la LCR et les altermondialistes ont présenté une liste qui a fait un joli score. Il ne sert donc à rien de vouloir s'allier avec la gauche radicale, sinon à introduire de la confusion. Ce courant a son propre électorat, autour d'un projet singulier, qui se distinguent de l'électorat et du projet socialistes.

A une trentaine de kilomètres de Bourges, les résultats de Vierzon sont également instructifs. Là-bas, ville de tradition ouvrière et communiste de très longue date (c'est un peu le Saint-Quentin du Cher), perdue par le PCF depuis 1989, l'union de la gauche menée par une tête de liste communiste l'a très largement emporté. Pourquoi là et pas dans la ville préfecture? Parce qu'on ne gagne en politique que dans l'union et la clarté, pas dans la division et l'ambiguïté. A Bourges, une fabiusienne qui pactise avec LO, personne n'y croit. A Saint-Quentin, encore moins, puisque la majorité socialiste refusait l'alliance. Mais à Vierzon, l'union s'est réalisée dans la clarté: union de la gauche classique conduite par la force qui l'incarne le mieux dans cette cité populaire, le Parti communiste. C'est la leçon à retenir: on peut tout faire en politique, s'unir avec qui l'on veut, pourvu qu'on soit en cohérence avec soi même et limpide aux yeux des autres. De ce point de vue, Bourges et Saint-Quentin, contrairement à Vierzon et Soissons, ont raté, à gauche, le coche des municipales.


Bon après-midi.

25 mars 2008

La lutte des bars?

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai pris ce matin, comme tous les matins depuis que je suis à Saint-Amand, le petit déjeuner à la Rotonde, le grand café sur la grande place centrale de la ville. C'est l'équivalent du Carillon à Saint-Quentin, ce que j'appelle un bar bourgeois, où l'on va pour voir et être vu, lire la presse et montrer ostensiblement quel journal on lit, où le ministre du Travail teste le samedi matin sa popularité, où le patron est affable et la patronne exigeante. A Saint-Amand comme à Saint-Quentin, l'établissement est spacieux, confortable, lumineux, les bourgeois de droite et de gauche, les vrais et les faux, s'y retrouvent chaleureusement. Rien à voir avec le bistrot populaire de quartier dont nous a parlé André Triou dans L'Express, encore moins avec le bar-tabac, PMU ou le boui-boui. Lutte des bars, lutte des classes? Allez savoir...

Toujours est-il que le café a un rôle social et politique. Les meilleurs sondages se font au comptoir, les tenanciers peuvent être d'efficaces agents électoraux. L'agora moderne commence là, dans ce que certains taxent avec mépris de conversations de "café du commerce". Ils ont tort, la démocratie, c'est aussi ça. Quelques établissements vont plus loin, en mettant leur arrière-salle à disposition pour des réunions politiques. Et depuis une quinzaine d'années, le bistrot s'est ouvert à la culture. J'en sais quelque chose puisque j'ai mis en place, au Manoir, un café philo il y a 10 ans, un café citoyen il y a trois mois et j'inaugure un café livres jeudi prochain.

S'il y a incontestablement des cafés bourgeois et des cafés ouvriers, dont les clientèles sont spontanément bien distinctes sans avoir besoin d'un droit d'entrée, y a-t-il des bars de droite et des bars de gauche? Politiquement, sans doute pas, ou rarement, un commerçant n'est pas un militant. Mais chaque établissement a son ambiance, sa sociabilité et donc sa culture, qui peuvent renvoyer à des valeurs de droite ou de gauche, conservatrice ou progressiste. Le cyber café d'où je vous écris n'est pas tenu par un monsieur à cravate mais par un jeune à cheveux long; il se dégage de l'atmosphère quelque chose de libre, de contestataire, que je ne retrouve pas de l'autre côté de la rue, à la Rotonde, plus traditionnelle, plus conformiste. Mais c'est très bien comme ça: il faut de tout pour faire un monde et surtout une démocratie.

Un bar associatif, où l'on organise des débats, expose des tableaux, propose des livres, reçoit des groupes rock alternatifs, c'est un autre état d'esprit que le bar d'un grand hôtel! Une cartographie des bars permettrait une lecture politique intéressante d'une ville, beaucoup plus peut-être que des réunions de quartier peu fréquentées. Ce qui ne signifie pas que le café soit sans danger. Son image ancienne de lieu de perdition n'est pas totalement effacée. Quand l'adversaire politique veut frapper et discréditer, il se sert, dans ces villes où tout le monde se connaît, de l'alcool plus que de l'argent ou du sexe. La bouteille est préférée à la corruption ou à la perversion, en matière de coups bas. Avec le vin, on est sûr de mettre les rieurs de son côté. C'est ce qu'a fait l 'UMP Pierre André en visant publiquement le socialiste Jean-Pierre Lançon et le communiste Jean-Luc Tournay.

Mais l'exercice a ses limites. Ne pas boire une goutte d'alcool, ce serait prendre le risque de ne pas apparaitre comme un bon vivant, d'afficher une image de triste sire. Mon camarade laonnois Dominique Pierre, dans cette histoire délicate de bar et d'alcool, a décidé courageusement, lors de la campagne des municipales, de reconnaitre ses difficultés passées et surmontées. Je crois que son geste, plus qu'un aveu personnel, avait une portée politique. Car l'alcoolisme est aussi un problème collectif de santé publique. Sous les rires ou les attaques, il y a des drames, des vies ravagées par l'alcool.

Mais je préfère quitter dans quelques heures Saint-Amand et rejoindre Saint-Quentin en ayant à l'esprit la dimension conviviale de nos bars, cafés, pubs, bistrots et bouis-bouis.


Bon après-midi.

24 mars 2008

Une promenade politique.

Bonjour à toutes et à tous.

En ce lundi de Pâques, j'ai le plaisir de vous retrouver dans le cyber café "L'arrêt.net", jeu de mots berrichon sympa. Hier il neigeait, aujourd'hui il pleut. Je vous convie tout de même, parapluie en main, à une petite promenade politique à travers ma bonne ville de Saint-Amand Montrond. Politique non plus au sens électoral comme dans mes derniers billets, mais au sens de la vie de la cité.

Rendez-vous dans la Maison de la Presse. Surprise, un espace, certes modeste, est consacré à l'anniversaire de Mai 68. Même ici! En 1998, je ne me souviens pas qu'on en ait autant parlé. Sarkozy, en voulant "liquider" cet héritage, aura involontairement promu sa célébration!

En passant devant le cinéma, à n'importe quelle séance de ce week-end pascal, c'est la queue pour les Ch'tis. Les Berrichons sont comme tout le monde, emportés par la vague nordiste. J'attendrai mon retour en Picardie pour aller voir non pas le film mais plutôt le phénomène sociologique.

En attendant, je me rends dans un lieu de mon enfance, la fontaine Saint-Martin, où j'allais remplir d'eau une remorque de bouteilles pour la consommation familiale. Sur le mur, un arrêté municipal de 1965 interdit de boire. Dans les années 70, avant l'obsession sécuritaire et l'exigence de confort sanitaire, de nombreux Saint-Amandois se ravitaillaient à cette source, bravant la loi, n'y pensant même pas. La gratuité était là, à portée de main. Qui aujourd'hui s'approvisionnent à l'eau de source? Il n'y a plus que le robinet et le supermarché, bien sûr payants.

Du côté des Fromenteaux, à l'extérieur de la ville, un emplacement pour "manouches" (les Berrichons appellent ainsi les "gens du voyage") a été aménagé. Avec des tas de problèmes, de réticences, de polémiques, comme un peu partout ailleurs. Pourtant, ce ne sont pas des immigrés, dont la population augmenterait, qui prendraient le travail des autochtones et je ne sais quoi d'autres. Où est alors le problème? Dans une forme d'intolérance que génère la société contemporaine, qui veut tout contrôler, tout normaliser. Evidemment, avec les "gens du voyage", ça ne marche pas.

Des enseignes commerciales sont apparues ces dernières années: Gifi, Lidl, Ed. La société de consommation, comme le sable du désert, n'en finit pas d'avancer. A quand Cora et Auchan? Les appétits d'achat sont insatiables. Les épiceries ferment, les grandes surfaces ouvrent. La mondialisation s'en mêle aussi: kebab, chinois, Mac Do, pizzeria, tout ce qui était réservé à Paris, à la grande ville, s'installe au coeur du Berry. A la grande satisfaction des indigènes, dont je suis.

En poursuivant ma promenade, je tombe sur une maison du vieux Saint-Amand, incendiée, et non loin de là, un mur noirci. De quoi s'agit-il? Le Berry républicain, journal du coin, me l'apprend: la ville a connu sa première émeute urbaine il y a trois semaines. Trois jeunes, sous l'emprise de l'alcool, du cannabis et de la connerie, ont mis le feu à plusieurs poubelles et deux véhicules, les flammes se propageant dans une habitation entièrement ravagée, sans faire heureusement de victimes. Saint-Amand, dans l'esprit de ses habitants, a sans doute rejoint les lointaines banlieues qui flambent le soir dans le poste de télévision. La télévision, justement, n'est-ce pas elle qui allume la mèche? Un mimétisme stupide pousse des esprits faibles à se transformer en criminels potentiels.

Connaissez-vous la Cité de l'Or? C'est ce que Serge Vinçon, le maire disparu en décembre, aura laissé de spectaculaire à la postérité: une pyramide contenant un musée, une salle de spectacles, des espaces de réunion, le tout dédié à la petite industrie locale, l'orfèvrerie et le travail du plus précieux des métaux. Saint-Amand n'est pas très riche mais elle a cette richesse-là, dont Vinçon s'est saisi pour promouvoir sa ville et marquer l'histoire locale. Comment lui reprocher? Tout homme politique veut laisser son empreinte. Saint-Amand aura sa pyramide! La droite aura sûrement perdu des voix à cause de son coût, qui n'a pas convaincu tout le monde.

Rien de tel à Saint-Quentin: le parking payant de l'hôpital pouvait paraître injuste, il n'était pas dispendieux et ne relevait pas directement d'un choix du maire. Dans l'avenir, la gauche renouvelée (et pas sa représentation municipale actuelle) ne pourra l'emporter que si la droite commet une grosse bévue, prend une décision lourde et sujette à forte polémique. Sinon, les Saint-Quentinois reconduiront son mandat.

Je vais terminer cette promenade en allant visiter les morts, dans l'ancien cimetière de la ville, notre Père Lachaise local. Ce n'est pas la pluie, le froid et le Berry qui me rendraient morbide. Non, je veux simplement vous montrer une curiosité: la tombe de la famille Groslier-Guéry, dont le dernier membre décédé a été inhumé juste après guerre. Et alors? Eh bien la pierre tombale est ornée d'une magnifique faucille avec marteau sur fond d'étoile. Une famille communiste qui a remplacé la croix par les symboles prolétariens! Saint-Amand Montrond a aussi connu, en son temps, le souffle de la révolution d'Octobre. L'histoire ancienne et actuelle viennent jusque ici, les évolutions de la société et du monde y sont visibles, et c'est ce que j'ai voulu vous montrer durant cette promenade saint-amandoise, qui pourrait être aussi une balade dans n'importe quelle petite ville de notre pays.


Bonne fin d'après-midi.

23 mars 2008

Vu du Berry.

Bonsoir à toutes et à tous.

Il a neigé cette nuit sur le Berry. Il faut que je quitte le nord pour voir ça! Oh, la couche était légère, très légère. Mais il y a plusieurs hivers que Saint-Quentin n'a pas connu de vraie neige. Le froid m'a incité à rester au chaud et à lire les articles de presse consacrés à la campagne électorale saint-amandoise. A nouveau, la différence avec Saint-Quentin m'a saisi, ainsi que quelques leçons à retenir:

La droite locale ne s'est guère manifestée. Là, c'est comparable avec Saint-Quentin: quand le pouvoir local est puissant, il n'a pas besoin d'en faire beaucoup, il n'a pas intérêt à en faire trop. Il se fragiliserait inutilement. La gauche a fait dans le classique, alors que le MoDem a mené, semble-t-il, une campagne novatrice et dynamique. C'est un problème pour le PS, flagrant à Saint-Quentin: l'incapacité à sortir de la routine, à tenter autre chose que ce qu'il fait depuis 40 ans alors que la société a changé, que les comportements sont différents, que les attentes ne sont plus les mêmes. Cette donnée - la nécessité de changer nos méthodes, de renouveler le militantisme - je l'ai intégrée depuis longtemps et j'attends une prochaine échéance pour pouvoir la mettre en oeuvre.

J'ai été agréablement surpris par la civilité qui a régné dans ma ville natale durant la campagne. Un débat radiophonique a eu lieu entre les trois têtes de liste, alors qu'il n'était même pas question d'y penser à Saint-Quentin. Et le lendemain du scrutin, les deux perdants, centriste et socialiste, ont félicité le gagnant UMP. Lançon félicitant André pour son résultat? Inimaginable! Pourtant, c'est la moindre des courtoisies républicaines. Les socialistes saint-amandois ne sont pas moins socialistes que les poperénistes saint-quentinois. J'apprécie cette culture démocratique dans ma ville natale qui n'existe pas dans ma ville d'adoption. Je sens cette dureté sans résultat qui va marquer la gauche locale pendant 6 ans, un socialisme fort en gueule mené par des petits bras, de la gonflette pour impressionner les camarades mais pas de réelle puissance.

Je passe maintenant à l'actualité nationale, toujours dominée par le débat sur l'euthanasie. Laurent Fabius a tenu des propos très clairs dans lesquels je me suis reconnu. Ce que certains pays européens ont réussi à faire - une loi autorisant et encadrant strictement le droit de mourir quand la vie devient invivable - la France doit le faire. J'entends des réticences qui me sidèrent:

- L'euthanasie menacerait les soins palliatifs? Ca n'a rien à voir! La fin de vie doit être la plus longue possible, tant que la dignité est là et que la souffrance n'emporte pas tout. La médecine doit prolonger l'existence. Je suis pour l'euthanasie mais je déteste la mort et je privilégie la vie. Pas de faux débat! La fin de vie et son accompagnement dans la douceur, c'est autre chose. L'euthanasie, c'est le droit absolument individuel, sous de très rigoureuses conditions, d'en finir avec la vie quand celle-ci a déjà basculé dans une forme de mort, qui n'est certes pas biologique mais qui est tout de même une mort.

- Le sujet devrait échapper à toute polémique et rechercher le consensus? Mais il n'y a pas consensus sur l'euthanasie, et au contraire un débat passionné entre les pour et les contre. C'est ça la démocratie! Les grandes "questions de société" génèrent de profonds clivages. Le contraire serait surprenant. Pourquoi s'en offusquer, pourquoi exiger comme préalable une impossible unanimité qui cache en réalité la volonté de ne rien faire, de ne pas légiférer? La contraception, l'avortement, l'abolition de la peine de mort, même le PACS, tous ces progrès ont déclenché de vives polémiques et il a fallu se battre pour les voir appliquer.

Arrêtons donc de discréditer la polémique, c'est une grande et belle attitude. Sur ce blog, je me comporte bien évidemment en polémiste, au meilleur sens du terme, y compris contre mon propre camp politique que je veux voir évoluer. Ceux qui m'intiment de me taire, de cesser d'écrire, ce sont les impuissants de la politique, les petits soldats de l'appareil, qui n'ont rien d'autre à faire. Ce que je refuse en revanche, c'est la polémique personnelle et stérile.


Bonne soirée.

22 mars 2008

St Amand et St Quentin.

Bonjour à toutes et à tous.

Eh oui, même loin de Saint-Quentin, je reste avec vous. Ici, à Saint-Amand, on élisait cet après-midi le nouveau maire, Thierry Vinçon, frère de l'ancien, décédé en décembre. Les résultats dans cette sous-préfecture du Cher de 11.000 habitants ont été surprenants. Le maire UMP, comme à Saint-Quentin, rassemblait 60% de l'électorat, mais depuis 25 ans. Après sa disparition, on pouvait penser que l'émotion et la mémoire joueraient en faveur de son frère. Première surprise: celui-ci a fait au premier tour 40%. Il n'y a pas d'héritage ou d'héritier en politique. Les électeurs sont attachés à un homme et peuvent se détacher de son successeur, même de sang.

Il faudra s'en souvenir quand dans 6 ans, à Saint-Quentin, Xavier Bertrand succédera à Pierre André. La donne ne sera plus la même, beaucoup d'eau aura coulé sous le pont du canal, un maire populaire avec une image non partisane passera la main à un candidat sarkozyste que l'épreuve du gouvernement aura immanquablement marqué. A gauche, il est à souhaiter que nous aurons rompu avec ce que nous subissons depuis quelques mois et qui ne durera pas, notre section ne pouvant pas indéfiniment rester à l'écart des évolutions du Parti au niveau national.

Deuxième surprise du premier tour: la gauche, qui tenait une chance historique de l'emporter, s'est effondrée à 25% (je pense au score du PS en 2001 à Saint-Quentin). La raison: l'incroyable émergence du MoDem se hissant à 33%! Conduit par le docteur Mrozek (qui est né... dans l'Aisne, à Soissons), il a mené une habile campagne, ni droite ni gauche, attirant les électeurs de gauche en quête d'espoir et les électeurs de droite en quête de changement tranquille. Comme sur l'ensemble du territoire, il va bien falloir que les socialistes s'interrogent sur ce phénomène "centriste", qui conteste la droite sans pour autant soutenir la gauche.

C'est ce qui s'est passé à Saint-Amand: Mrozek n'a pas voulu la fusion des listes au second tour. Pourtant, centristes et socialistes, à eux deux, détenaient une large majorité. La droite pouvait, devait être battue, elle a gagné, avec 43%, contre 36% au MoDem et 20% au PS. Mes camarades saint-amandois ne pouvaient que se maintenir, les centristes ne voulant pas d'eux. De cet échec, il faudra tirer une leçon générale: socialistes et centristes doivent chacun prendre leurs responsabilités et évoluer les uns vers les autres. Nous avons le même adversaire politique, Nicolas Sarkozy et la droite conservatrice. Nous devons donc nous rapprocher, les centristes en faisant un effort de clarification, les socialistes en faisant un effort d'ouverture. Je précise que cette nouvelle étape dans l'histoire politique du Parti socialiste ne devra pas nous amener à rompre avec nos partenaires traditionnels, PRG, Verts et PCF. Il va de soi, sauf pour quelques socialistes saint-quentinois qui ont renié leur identité, que l'extrême gauche n'en fait pas partie.

Saint-Amand n'est pas Saint-Quentin: la première est une petite ville sociologiquement petite-bourgeoise, où la droite domine depuis 50 ans, la seconde est une ville moyenne fortement ouvrière qui s'est donnée un député-maire communiste. Mais il y a des points communs: dans l'une et l'autre, le Parti socialiste, depuis un demi-siècle, ne parvient pas à s'imposer, à constituer une alternative crédible. Pourtant, rien, absolument rien, ni le passé politique, ni la réalité sociologique, n'interdiraient que ces localités deviennent un jour socialistes. La clé de toutes les victoires? L'ouverture au centre, l'adoption d'une ligne social-démocrate, le renoncement à la culture d'appareil, partisane, bureaucratique, procédurière et au final perdante. Une culture tout juste bonne pour s'opposer, mais pas pour gagner et gérer.

A Saint-Amand comme à Saint-Quentin, des majorités progresssistes demain triompheront. Mais quand? Le temps est un adversaire impitoyable en politique. Saint-Amand est à droite depuis 50 ans et l'occasion de ces municipales a été manquée. A Saint-Quentin aussi, la possibilité de mettre en place une opposition socialiste d'avenir a été écartée dans les conditions que vous savez, au profit exclusif de l'extrême gauche. Je ferai tout pour que Saint-Quentin ne soit pas Saint-Amand, que la droite, en partie par la faute des socialistes, ne dirige pas la ville pendant 50 ans.


Bonne soirée (la mienne sera bien sûr berrichonne).

21 mars 2008

Une conscience antiraciste.

Bonjour à toutes et à tous.

C'est aujourd'hui la Journée mondiale contre le racisme. J'ai essayé, comme depuis plus de 10 ans, de célébrer cette date dans mon lycée, en associant aussi les écoles. S'il y a une action à mener auprès des jeunes, c'est bien celle-là, la lutte contre toute forme de discrimination. La cérémonie a eu, je crois, de l'allure. Les élèves et quelques collègues ont joué le jeu, la direction de l'établissement s'est impliquée. Une bien belle manifestation: chorale, lecture de messages, chorégraphie, Rn'B rap, hip hop, chansons françaises, bref l'antiracisme sous différents aspects. La municipalité s'était faite fortement représentée.

L'antiracisme, c'est ce qui structure ma conscience politique depuis le début de mon engagement, avec la défense des Droits de l'Homme, avant même, chronologiquement, mon adhésion au socialisme, qui n'a donc pas été premier. Egalité entre les hommes, respect des différences, cela est pour moi indissociable et mérite qu'on en fasse l'objet d'une initiative un peu solennelle, organisée à Saint-Quentin par la Ligue de l'enseignement de l'Aisne et le Comité d'éducation à la santé et à la citoyenneté du lycée.

Il faut maintenant que je vous dise: je vais partir quelques jours, me reposer, loin de Saint-Quentin, là où vous savez si vous êtes un lecteur fidèle et assidu de ce blog. Je vous retrouverai mercredi, mais d'ici là, j'aurai sans doute trouvé un moyen de vous recontacter. Rappelez-vous cet été!


Bonne fin de semaine.

20 mars 2008

La mort et la vie.

Bonjour à toutes et à tous.

Le combat de Chantal Sébire pour l'euthanasie a ému, sa mort hier soir a bouleversé. Cette disparition ne devra pas être inutile. Un message fort a été lancé, ce sera au législateur de le traduire dans un texte de loi. La question posée est difficile et douloureuse. Le droit de mourir n'est pas reconnu par nos sociétés, parce que la vie nous semble plus forte que tout, et donc à défendre avant tout. Mais que faire quand la vie n'est plus une vie, quand le visage se déforme et n'est plus que souffrance? C'est ce qu'on a coutume d'appeler un "problème de société", qui sera obligatoirement résolu dans un monde où les personnes âgées seront de plus en plus nombreuses et où le choix de la mort sera fréquemment posé.

Le passé prouve que la représentation nationale a toujours su, dans sa grande sagesse républicaine, traiter de ces "problèmes de société": la contraception dans les années 60, l'avortement dans les années 70, la peine de mort dans les années 80, le PACS dans les années 90. A chaque fois, le politique entre en philosophie, en abordant la vie, la mort, l'amour, le désir. Souvent, l'unanimité se réalise, comme si les sujets fondamentaux, métaphysiques, étaient plus rassembleurs que les questions économiques et sociales. Quand j'entends dire, à propos de Chantal Sébire, que la justice serait inhumaine, je défends une fois de plus l'institution: il manque une loi, pas facile à concevoir et à rédiger, qui autorise la mort volontaire.

Je ne sais pas quel pourrait être son contenu, je n'ai pas suffisamment réfléchi là-dessus. Mais ce sera la grande loi à venir, à la suite des grandes lois que j'ai précédemment citées. J'attends un Robert Badinter ou une Simone Veil qui porte devant le Parlement ce nouveau progrès de l'humanité, l'émancipation devant la mort. Je sais que le socialiste Gaëtan Gorce travaille depuis longtemps dans cet objectif, dont il nous avait parlé l'an dernier lors d'une réunion à Saint-Gobain.

Des avancées ont été obtenues. Il y a quatre ans, une loi sur la fin de vie a été unanimement adoptée et elle règle beaucoup de situations dramatiques. Mais le geste de Chantal Sébire invite à réfléchir sur l'euthanasie active, le suicide assisté, ce que je préfère nommer mort volontaire. A la différence de l'avortement mais comme la peine de mort, les personnes concernées sont aujourd'hui peu nombreuses, mais elles iront en grandissant. Notre société devra continuer à allonger la durée de la vie et à aménager le moment de la mort.


Bonne matinée.

19 mars 2008

Les nouveaux monstres.

Bonsoir à toutes et à tous.

Socialistes que nous sommes, nous devons faire la critique du capitalisme, mais pas n'importe comment: en connaissance de causes. D'autant que le capitalisme a beaucoup changé ces dernières années. Notre analyse doit s'adapter. Influencés par l'extrême gauche communiste et trotskyste, nous répétons des formules souvent vides de sens, nous portons des jugements moraux plus que politiques. Marx lui-même a su faire la part des choses, du pour et du contre dans sa réflexion sur le capitalisme. Il n'était pas bêtement anti-libéral, comme peuvent l'être une partie de la gauche et certains milieux socialistes.

Dans les années 70, je m'en souviens, tout individu de gauche normalement constitué se devait de critiquer les "multinationales". C'était le monstre capitaliste d'alors, qui faisait oublier que les ouvriers dans ces trusts étaient souvent mieux payés et bénéficiaient de conditions de travail correctes, tandis que le petit patronat, tout français qu'il était, exerçait une exploitation parfois féroce, et sans organisation syndicale pour la contrer. Dans les années 90, un autre monstre capitaliste a surgi: les "fonds de pension", forcément américains, investissant en France, cannibalisant notre économie. Les retraités de Floride étaient les nouvelles figures, assez singulières, de l'exploitation des travailleurs.

Depuis quelques mois, un nouveau monstre est apparu: les "fonds souverains", dont je vous ai déjà parlé à propos de la crise financière des subprimes. Une collègue, prof d'histoire-géo, m'a filé, autour de la photocopieuse du lycée Henri-Martin, un article de La Tribune sur le sujet, qu'elle destinait à ses élèves. C'est le numéro du 19 février, et le papier est intitulé: "Les fonds souverains, nouveaux monstres de la finance". Je vous recommande sa lecture, qui remet les idées en place. Je vous le résume, mais allez voir par vous-mêmes:

Les fonds souverains sont alimentés par les excédents pétroliers ou les surplus d'exportations. Ils ne datent pas d'aujourd'hui, mais pendant longtemps, ils s'investissaient dans les achats de lingots d'or et de bons du Trésor américain. Le métal jaune et les USA, il n'y a que ça de vrai pour qui veut faire du profit! Sauf depuis quelques années, où ces masses financières ont décidé de faire des placements à risques dans les économies des pays industrialisés, afin de réaliser de meilleurs rendements. Ainsi, les fonds souverains russes, arabes et asiatiques se sont lancés à la conquête de l'Occident, qui n'a songé qu'à une seule riposte possible: le protectionnisme.

L'enjeu politique, désormais, c'est de savoir comment maîtriser ces flux financiers sauvages et prédateurs. Le FMI et l'OCDE vont publier ce mois de mars un guide de bonnes pratiques pour ces fonds. Tout est là, dans la régulation mondiale de la finance (et non pas dans sa condamnation). De ce point de vue, DSK, en tant que directeur du FMI, va jouer un rôle primordial dans les semaines et les mois qui viennent. Ce qu'il faut savoir, pour chasser tout préjugé, c'est que les fonds souverains ne sont pas seulement des créatures venues des riches émirats arabes ou des Etats asiatiques hyper-capitalistes. Il existe des fonds souverains au Chili, Venezuela, Canada, Norvège ou Algérie.

L'autre préjugé porte sur les sommes que représentent ces fonds souverains, nouvelle hydre du capitalisme contemporain. On a parlé de 1.200 milliards de dollars, et 28.000 en 2020, soit le double de la richesse que devraient alors produire les Etats-Unis. Ce serait vraiment monstrueux! Mais c'est très exagéré, comme souvent le sont les exercices de prévision. En réalité, ces sommes astronomiques sont le résultat de trois confusions:

1- On assimile les avoirs en devises d'un pays et la dotation de son fonds souverain.

2- On confond les fonds souverains avec les fonds de stabilisation, qui n'investissent pas à l'étranger mais sont simplement les économies issues du marché pétrolier.

3- On présente indûment les sociétés publiques chinoises, russes et arabes, ouvrant leur capital à des investissements privés, comme étant des fonds souverains, ce qu'elles ne sont évidemment pas.

En termes de philosophie politique, ce qu'il faut retenir du phénomème des fonds souverains, c'est qu'il existe un capitalisme d'Etat qui représentera peut-être pour des socialistes le problème économique des prochaines années, alors que jusque là, nous cantonnions à tort le capitalisme dans les strictes limites du marché.


Bonne soirée.

Défense du RMI.

Bonjour à toutes et à tous.

Je vous ai déjà fait part sur ce blog de mon embarras à l'égard du RSA, qui doit remplacer le RMI et certains minima sociaux à la fin de l'année. L'objectif est louable: encourager les chômeurs à la reprise d'activité sans y perdre d'argent. Des hommes de gauche l'ont proposé... mais la droite l'a fait. Ce projet, je ne sais trop qu'en penser. J'adhère, mais avec des réticences, qui se font grandissantes lorsque je lis la tribune du strauss-kahnien Jean-Marie Le Guen, dans Les Echos du 8 février dernier. Le Revenu de solidarité active est qualifié de "fausse bonne idée". Voilà pourquoi:

1- La notion de "travailleurs pauvres" m'irrite. C'est une expression à la mode, venue des Etats-Unis et qui ne veut pas dire grand-chose. Jadis, on parlait des "smicards" ou des "bas salaires". Ces mots ont un sens. Mais "travailleurs pauvres"? Un pauvre est quelqu'un qui n'a pas de quoi manger quotidiennement, se loger décemment et se vêtir correctement. Un travailleur touche un salaire, et même si celui-ci un peu important, il n'en deviendra pas pour autant un pauvre. Les pauvres ne travaillent pas et les travailleurs ne peuvent pas être pauvres. La focalisation médiatique récente sur quelques employés de la mairie de Paris couchant dans leur voiture est un trompe-l'oeil classique, l'arbre qui cache la forêt, un peu comme le thème des délocalisations il y a quelques années faisait oublier le vieillissement de notre appareil de production. N'employons plus ce terme de "travailleurs pauvres" qui fausse le débat. Pourtant, le RSA justifie son existence en s'appuyant sur cette notion.

2- Le RSA sous-entend une théorie très contestable, celle de l'homo economicus: l'individu serait motivé essentiellement par l'argent; s'il refuse un travail, c'est qu'il a intérêt financier à rester au chômage. C'est oublier qu'une situation ne se mesure pas seulement à ce qu'on gagne. Reprendre un travail, c'est retrouver une dignité, sa place dans la société, c'est pouvoir préparer l'avenir, c'est éventuellement ouvrir un crédit, accéder à des opportunités que le chômeur n'a pas. Entre le RMI et un très bas salaire, le second demeure préférable pour beaucoup de gens. Le RSA en reste à une vision pessimiste, étroite et égoïste de l'être humain.

3- Mais les promoteurs de ce projet n'appliquent pas une telle vision à tous les hommes. Car si l'entrepreneur se conduit de cette façon, purement pécuniaire, le RSA sera pour lui une aubaine. Pourquoi alors créer de l'emploi? De plus, le niveau de ce revenu pèsera sur les bas salaires. Les "travailleurs pauvres" deviendront encore plus pauvres!

4- Le Guen accuse carrément le RSA d'être "un concept dangereux et démagogique", parce qu'il impose une norme de travail dans laquelle chacun est supposé entrer. Ce dispositif ignore les cas particuliers, les situations individuelles, les empêchements structurels au travail. Il repose sur un autre terme moderne que des socialistes ne devraient pas hésiter à soumettre à la critique: "l'employabilité". Je ne dis pas que tous ces nouveaux concepts n'ont pas leur pertinence, je refuse simplement leur systématisation.

Jean-Marie Le Guen se lance par conséquent dans une défense du RMI qui fait plaisir à lire, puisque sur ce thème comme sur d'autres, les socialistes me semblent trop souvent en retrait par rapport à leurs propres mesures:

"Les socialistes qui ont instauré le RMI, il y a plus de vingt ans, doivent aujourd'hui ne pas craindre de défendre cette idée dont ils sont fiers (...). Cette mesure marquait une rupture dans l'approche politique de la question de la pauvreté mettant fin aux démarches d'assistanat et de charité. La protection par la société devenait un droit (...). Nous ne devons pas craindre de dire que des femmes et des hommes vivent des situations personnelles qui les placent dans l'incapacité de travailler pleinement. Nous devons à ces personnes un revenu qui leur permette de vivre dignement."

Combien de fois ai-je entendu des socialistes, électeurs ou militants, critiquer insidieusement le RMI en le taxant d' "assistanat" alors que son principe est exactement à l'opposé! La vérité, c'est que beaucoup de gens aimeraient qu'il ne soit plus un droit universel mais une indemnité sous conditions. Mais ce qu'ils exigent des plus pauvres, pourquoi ne l'exigent-ils pas des plus riches, quand ceux-ci perçoivent les allocations familiales sans conditions? Il faut certes améliorer, compléter, adapter le RMI, en prenant toujours soin de commencer par le défendre. Du moins si on est socialiste.


Bon après-midi.

18 mars 2008

St Quentin en 1950.

Bonsoir à toutes et à tous.

On parle beaucoup des années 60 et de son mois de Mai, on évoque souvent les années 70 et la mode disco, on se souvient moins des années 50. L'Express de cette semaine consacre un encart à "Saint-Quentin en 1950", en s'entretenant avec nos deux historiens locaux, Monique Séverin et André Triou. Lisez, c'est passionnant.

Après guerre, la ville n'est pas dévastée comme en 1918. Elle connait une phase importante de développement économique, avec deux points forts: le textile et la mécanique. Cette prospérité retrouvée se traduit par la reprise démographique: la population augmente de plus de 25% de 1945 à 1962, grâce au baby-boom, à l'immigration et à l'exode rural.

Les quartiers populaires se sont érigés après la première guerre en "communes libres", qui élisent leur maire. Elles disparaissent progressivement à la fin de la décennie, avec le renforcement du centre-ville comme lieu de fêtes et de culture. Le tourisme alors n'est pas très développé. En cette période où la télévision est rare, le ciné-club marche très bien.

La population, pratiquante ou pas, est massivement catholique et inscrit ses enfants au catéchisme. Mais les pélerinages autour des reliques de Quintinus, le saint martyr de la ville, ont disparu dans l'entre-deux-guerres.

L'Express pose une question inattendue: Saint-Quentin serait-elle le "berceau du communisme" en France? Car Gracchus Babeuf, que Marx présente comme le précurseur de cette idéologie, est né ici, et le Parti communiste réalise dans les années 50 de forts scores. Ce proche passé expliquerait peut-être l'anomalie actuelle d'une liste municipale regroupant quelques socialistes et toute l'extrême gauche. Mais la droite aussi est puissante, à partir des années 60, avec l'élection de Jacques Braconnier en 1966. C'est pourquoi Saint-Quentin n'est pas une municipalité communiste traditionnelle comme il en existe par exemple en banlieue parisienne, une "cité rouge" qui le demeure sans discontinuer durant plusieurs décennies. L'influence de la droite d'aujourd'hui vient de loin. Elle s'est accrue ces douze dernières années parce que le Parti socialiste n'a pas su prendre la place laissée vacante par un PCF en pleine déroute idéologique.

De ce point de vue, on peut penser et espérer que les événements politiques de cette année relèvent d'une ultime régression, d'un dernier spasme du néocommunisme qui a vu l'alliance avec quelques socialistes égarés comme une planche de salut. Cette idéologie radicale traverse son été de la Saint-Martin, aidée par des poperénistes complexés qui trouvent dans ce revival une seconde jeunesse. Mais c'est le grand cri avant la mort. L'isolement politique et l'évolution sociologique condamnent ce courant qui va bientôt tourner à la curiosité historique. Les socialistes sauront-ils, de leur côté, se renouveler et se moderniser, comme la droite avec Pierre André et Xavier Bertrand? Là, en revanche, il serait présomptueux de répondre. Mon combat des prochaines années sera en tout cas celui-là.


Bonne soirée.

Une fois n'est pas coutume.

Bonjour à toutes et à tous.

" Quand certains vont-ils comprendre? Dans un département difficile comme l'Aisne, nous ne pouvons pas nous payer le luxe des divisions, ce n'est pas possible de ne toujours pas comprendre cela. Aujourd'hui, être candidat ne s'improvise plus quelques semaines avant un scrutin. Je souhaite que l'on détermine les candidats plusieurs années à l'avance, ensuite à eux de faire leurs preuves sur le terrain. Certains n'ont pas réussi à convaincre, il faut revoir leur mode de désignation. Nous avons beaucoup, beaucoup à reconstruire, par un renouvellement des candidatures. Ce qui m'importe aujourd'hui c'est de ne pas nier ces résultats mais d'en tenir compte. "

J'approuve entièrement ces propos dans L'Aisne Nouvelle de ce matin, que j'applique à Saint-Quentin et à la gauche. Pourtant , je suis rarement d'accord avec leur auteur: ... Xavier Bertrand! Une fois n'est pas coutume... Résumons-nous:

1- Les dernières élections ont montré une prime à la dimension locale. Saint-Quentin et Laon, deux villes de gauche, sont conservées par la droite, avec de bons scores. Soissons, qui n'est pas particulièrement une ville de gauche, est gagnée par le PS et Château-Thierry, détenue 19 ans par les socialistes, tombe entre les mains d'un dissident.

2- les candidats de dernière minute n'ont aucune chance de l'emporter. Une victoire se prépare, elle ne s'attend pas.

3- La division conduit inéluctablement à la défaite. Il n'y a pas d'exemple de socialistes qui se déchirent et qui gagnent.

A Saint-Quentin, le rassemblement ne pourra se faire que par une large victoire d'une ligne politique sur une autre ligne politique: d'un côté les poperénistes partisans de l'alliance avec l'extrême gauche et ses conséquences programatiques, de l'autre les réformistes partisans de la rénovation et d'une démarche social-démocrate. Le plus rapidement possible, au pire avant la fin de l'année, il faudra que le débat soit tranché. Avant la fin de l'année aussi, il faudra que la section ait désigné ses candidats aux prochaines cantonales. Trois ans, c'est un bon délai pour préparer sérieusement une élection. Les municipales ont confirmé la stratégie de l'échec, les cantonales doivent enclencher la dynamique de la victoire.


Bon après-midi.

17 mars 2008

Une opposition pour rien?

Nicolas Totet, dans le Courrier Picard de ce matin, revient sur le conseil d'agglomération, son rôle, son importance, ses élus et ses indemnités. Samedi, lors de l'installation du conseil municipal, ce n'est pas celui-ci qui a posé problème et suscité polémique, mais les désignations dans un autre conseil, celui de l'agglomération. Et c'est à ce moment, dans cette occasion, que la gauche alliée à l'extrême gauche a traversé son instant de vérité:

- D'abord parce qu'elle n'a rien obtenu de ce qu'elle demandait, une représentation au sein du conseil d'agglomération. Et pour cause: elle traîne son passé comme un boulet. Car le seul argument que Pierre André ait trouvé à lui opposer, c'est celui-là: le comportement de la tête de liste quand elle était vice-présidente du district. Imaginons que la droite ait eu face à elle une autre gauche, l'argument tombait, la proposition peut-être passait.

- Ensuite parce que cette opposition de quelques socialistes qui se sont rapprochés de l'extrême gauche a présenté un programme... strictement inapplicable. Le traitement des déchets? Les transports? L'eau? Toutes les thématiques de la liste relèvent du conseil d'agglomération, où elle n'aura aucune représentant. A peine élus, les conseillers d'opposition n'ont aucune marge de manoeuvre, de par le programme qu'ils se sont donnés, inspirés par le Parti des Travailleurs. Une élection pour rien! Une opposition d'opérette, qui se complaira dans le plaisir de s'opposer pour s'opposer, tant qu'ils viendront siéger, ce qui ne durera peut-être pas très longtemps. Luis Mariano aussi avait de la voix, mais c'était pour amuser.

- Cette opposition a fait largement campagne sur des revendications nationales. Or Pierre André a été catégorique: il ne laissera pas le conseil municipal entrer dans ce genre de débats. Il coupe ainsi l'herbe sous le pied de l'opposition, qui n'aura plus grand-chose à se mettre sous la dent. Sur quoi vont-ils attaquer? L'achat d'immeubles ou l'installation de lampadaires? Pas la peine de se dire révolutionnaire pour si peu...

- Comme René Dosière, j'aurais aimé que le maire diminue le nombre de vice-présidents, afin de réaliser des économies. Treize, est-ce bien nécessaire? Leur attribution se fait parfois pour services rendus. Je sais bien que la politique fonctionne ainsi, à droite comme à gauche, et qu'une indemnité versée permet d'avoir la paix et de s'assurer une indéfectible fidélité. Je ne touche pas à ces choses-là, je n'entre pas dans ce jeu, et tant pis pour mon avenir. On ne fait pas de grandes choses en percevant de petits avantages. J'en reste à cette évidence: un conseil d'agglomération qui n'a pas d'opposition est un vrai scandale. Ce n'est pas une instance démocratique. Et le maire a beau dire qu'il appliquera la loi, toute la loi, ça ne change rien au problème.

Nicolas Totet termine son article par des propos inutilement cruels envers Serge Monfourny, dans lesquels je ne me reconnais pas. Mais c'est sa liberté de journaliste, et là encore, la démocratie, qui passe par la liberté de la presse, est plus précieuse que tout. Et une autre liberté, que j'exercerai dans les prochains mois et années, sera de montrer qu'une autre opposition est possible et porteuse d'avenir.


Bonne nuit.

Lendemains qui chantent.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai déjà donné ce conseil: être indifférent à l'événement, rester froid, cultiver la distance, inscrire son analyse dans la durée, ne pas se laisser éblouir par le présent. Un lendemain d'une grande et belle victoire, pas facile d'adopter un tel comportement. C'est un état d'esprit. Entraînez-vous, ça viendra. Mes lecteurs psycho-affectifs, qui ont besoin d'excitation, auront du mal. Qu'ils insistent! Commencez aujourd'hui avec les résultats d'hier. Je vais jouer les rabat-joie pour vous aider dans l'exercice. Je serai votre coach en indifférence. Vous deviendrez impassible, capable ainsi de militer des années sans désespérer puisque vous n'attendrez plus rien, ni de l'événement, ni des autres, ni de vous-même. Vous vous transformerez en rocher, plus rien ne pourra vous atteindre. Les critiques deviendront des caresses, les attaques seront vécues comme des divertissements amusants. Vous regarderez alors la politique comme un jeu, mais le plus sérieux de tous les jeux.

Donc, les résultats d'hier: ils sont excellents pour le PS. Mais attention: en 2005, le PS engrangeait déjà d'excellents résultats à d'autres élections locales, régionales et cantonales. Ca n'a pas empêché la victoire de la droite deux ans plus tard. Les socialistes n'ont pas vocation à constituer un contre-pouvoir dans les villes, les départements et les régions, mais à exercer un jour le pouvoir. Je sais que la droite a été dimanche battue, et bien battue, mais je ne sais pas si elle a été sanctionnée. J'aimerais, mais une analyse sérieuse ne s'aligne pas sur ce que j'aime ou n'aime pas.

Notre société nous envoie des signaux électoraux qui bien souvent nous échappent et sont parfois contradictoires. Nous cherchons à rationaliser ce qui n'est peut-être pas entièrement rationnel. En 2006, le référendum sur la Constitution européenne a laissé croire à une vague anti-libérale. Il n'en était rien. Lors du scrutin municipal, beaucoup de ministres ont été réélus, souvent au premier tour. Alors, sanction du gouvernement? L'abstention a été puissante, beaucoup d'électeurs ne se sont pas sentis concernés. Cela aussi relativise le résultat.

Surtout, il y a ce sondage paru dans Aujourd'hui en France, qui vaut ce qu'il vaut mais nous invite à la prudence. Trois chiffres ont retenu mon attention:

1- Les Français ont voté essentiellement pour des raisons purement locales, et 20% seulement pour s'opposer à Nicolas Sarkozy.

2- 67% souhaitent que les réformes annoncées se poursuivrent.

3- 66% estiment que la priorité politique devrait être l'amélioration du pouvoir d'achat, contre 36% pour l'aide aux catégories sociales les plus défavorisées. N'oublions pas: le pouvoir d'achat, c'est un thème sarkozien, pas spécifiquement de gauche.

Je suis très heureux que le PS administre de nombreuses nouvelles collectivités locales, et je regrette que Saint-Quentin, dans ce contexte très favorable, nous échappe. Mais la vocation du PS n'est pas de gérer des villes, c'est de gouverner la France. Je ne voudrais pas que l'un empêche l'autre mais y prépare. Pour cela, les socialistes devront aller jusque bout de leur rénovation. C'est pourquoi nous poursuivrons dans l'Aisne les "rencontres rénovatrices" engagées en janvier à Soissons.


Bonne soirée indifférente.

Crier victoire.

C'est la débâcle à droite, si j'en crois les résultats et les commentaires. Et une grosse victoire pour le PS. A moins d'un an de la déferlante sarkozyste. J'ai parfois du mal à comprendre notre société. Aujourd'hui je m'en réjouis, hier je m'en désolais. Et demain? Bayrou a perdu à Pau, et le MoDem, très courtisé entre les deux tours, a été balayé. Là aussi, ironie de l'histoire. La gauche devient une hyper-puissance locale, dans les cantons, les villes et les régions. Mais il ne faudrait pas qu'elle s'enferme dans ce destin. C'est tout de même le Parlement, le gouvernement et la présidence qui permettent de changer la société.

Dans ma région, le Conseil général de la Somme passe à gauche. Historique! J'ai à cette occasion une pensée pour mon camarade et ami Pascal Demarthe, dans le canton d'Abbeville Sud. Dans l'Aisne, la droite n'emporte qu'un siège. Et le PS conquiert contre toute attente Villers-Cotterêts, avec un camarade que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam, Jean-Claude Pruski.

Sur les plateaux de télévision, Xavier Bertrand était en service commandé pour expliquer que Sarkozy qui a perdu ne devait surtout rien changer à sa politique. Pas facile. Saint-Quentin, au passage, a eu ses secondes de gloire, non par la bouche du ministre du Travail mais par celle de Jean-François Copé, qui s'est plu à répéter que le PS s'était allié dans notre ville à l'extrême gauche. Evidemment, mes camarades du national n'ont pas commenté cette pique. Il leur valait mieux ignorer l'embarrassante et tortueuse stratégie que localement nous nous devons de dénoncer, si nous voulons préparer l'avenir et préserver nos chances de victoire.

Victoire! C'est le plus beau mot en politique. Depuis 10 ans que j'habite à Saint-Quentin, je n'ai jamais pu prononcer ce mot. Et la suite est mal partie! Mais la seule justification de mon engagement politique pour les années qui viennent, c'est celle-là: pouvoir un jour crier victoire.

N'oublions pas cependant un phénomène inquiétant, que le tourbillon rose risque de faire oublier: la plus forte abstention lors de municipales sous la Vème République. Très préoccupant. Il faut crier victoire, mais rester lucide.

Une dernière chose avant d'aller me coucher: la Chine capitalo-communiste opprime le Tibet. Des manifestants à Paris ont fait flotter le drapeau de ce petit pays sur l'ambassade chinoise. C'est symbolique mais c'est important. Faut-il boycotter les JO de Pékin? La question est posée. Pour que là-bas aussi, très loin, au milieu des montagnes et de nulle part, des hommes puissent crier victoire.


Bonne nuit.

16 mars 2008

Joie et tristesse.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je suis devant ma télé, comme vous sans doute. Avec une préférence pour France 3 Picardie, à l'affût des résultats de l'Aisne. Je suis partagé entre la joie et la tristesse. Joie pour mon camarade Patrick Day qui l'emporte superbement à Soissons. Mon éternelle prudence me faisait douter. Hier encore, j'étais à Soissons pour animer la séance mensuelle du café philo, et je discutais avec quelques militants socialistes. Arithmétiquement, ce n'était pas gagné. Mais la politique, je l'ai souvent dit, ce ne sont pas des additions. Soissons a choisi le bon chemin, qui devrait nous inspirer à Saint-Quentin:

1- le choix unanime d'une tête de liste qui rassemble.
2- Une liste socialiste au 1er tour, de rassemblement au 2ème tour.
3- Un positionnement politique modéré, ouvert, local.

Tout ce que je voulais pour Saint-Quentin, tout ce qui n'a pas été possible! Bravo Patrick. Je m'entends bien avec lui, presque par métier, lui dans la psychologie, moi dans la philosophie. Et puis, je suis un peu son voisin, puisque je viens régulièrement à Belleu, à Beauregard, siège de la FOL.

Ma tristesse maintenant, elle est pour Château-Thierry. Dominique Jourdain battu par un ancien camarade, Jacques Krabal! La leçon à retenir, c'est que les socialistes divisés sont condamnés à la défaite: c'est le cas de Château, ce fut dimanche dernier le cas de Laon et de Saint-Quentin. Dominique m'a toujours très bien reçu dans sa ville, en tant que représentant du courant strauss-kahnien ou en tant que président de la FOL. Ma pensée va aussi ce soir aux camarades de là-bas, je pense notamment à Sylvain, intervenant régulier de ce blog.

On me dit aussi que le PS pourrait l'emporter à Villers-Cotterêts, à vérifier. Finalement, le socialisme des villes, ça existe même dans l'Aisne! En Picardie, Amiens fait sa révolution après plusieurs longues années à droite. Et dans toute la France, la gauche cartonne, même si j'aurais bien aimé qu'on gagne Marseille, ville ouverte, ville populaire.

Je vous laisse, je retourne devant ma télé.

A plus tard, peut-être.

Conseil de guerre?

Je suis allé hier à la mise en place du conseil municipal de Saint-Quentin, au palais de Fervaques, mais avec une heure de retard. Je n'ai donc pas tout vu, tout entendu, et je m'appuie aussi sur le compte-rendu de la presse locale pour vous donner mon avis. La salle était pleine. Dans quelques semaines, lors des conseils municipaux ordinaires, nous ne serons plus que quelques uns, au mieux une vingtaine. Hier, la séance était solennelle. Il y avait aussi le petit suspense dans la distribution des postes d'adjoints. Et puis, un premier conseil municipal donne un peu le ton des suivants, pendant six ans. De ce point de vue, je n'ai pas hélas été déçu et le type d'opposition que je craignais s'est mis en place.

D'abord, il y a le climat. C'est subjectif mais c'est important. Le Courrier Picard parle de "férocité". Je n'irai sans doute pas jusque là, mais j'ai senti la tension et de la brutalité dans les échanges. La droite trouve peut-être son compte à s'affronter à une gauche caricaturale et vulnérable, la gauche se plaît certainement à jouer le rôle déplacé de procureur. Et je ne vois pas pourquoi celle-ci laisse entendre que la précédente opposition municipale aurait manqué de force. Odette Grzegzulka n'était pas particulièrement tendre avec Pierre André. De 1995 à 2001, celui qui se présente aujourd'hui comme un modèle avant d'avoir fait ses preuves a-t-il laissé alors un souvenir impérissable d'opposant efficace? Alors, un peu de modestie, s'il vous plaît.

J'en viens au fond. Demander une représentation dans la communauté d'agglomération est une bonne chose. Faire un plaidoyer pour la démocratie dans une instance trop administrative, c'est parfait. Sauf que la loi n'oblige pas le maire à répondre positivement à cette revendication. On peut parler haut et fort tant qu'on voudra, ce qu'on ne peut pas avoir, on ne l'obtient pas. Hier s'est dessinée une ligne d'opposition qui n'est pas la mienne. Je voulais, je l'ai dit et écrit, ici même, une opposition constructive, qui propose autant qu'elle s'oppose. Attaquer frontalement Pierre André, on le peut, mais ça sert à quoi? L'opposition doit être utile à quelque chose, sinon pas la peine de venir siéger. Et sur ce point, nous ferons un bilan dans six mois et nous verrons ensemble ce qu'il en sera...

Je suis persuadé qu'un dialogue républicain au niveau local peut amener à satisfaire certaines revendications qui sont les nôtres, dont celle d'une démocratisation des conseils d'agglomération. Mais on n'y parvient pas en posant un pistolet sur la table. Le maire n'est pas suicidaire, mais je me demande parfois si la gauche ne l'est pas: André n'allait pas nous faire le cadeau de quatre conseillers d'agglomération alors que Lançon a juré de lui faire la peau. Aurai-je à sa place obtenu satisfaction? Allez savoir! Peut-être pas quatre, mais deux, pourquoi pas. Je ne joue bêtement au plus malin, je crois simplement qu'une autre forme d'opposition est possible, plus en phase avec ce qu'est devenue notre société et ce que sont les attentes de la population.

Je lisais cet après-midi l'excellent dossier de L'Express consacré à "Saint-Quentin en 1950", dont je vous reparlerai. Je ne voudrais pas que nous ayons une opposition des années 50 mais je crains fort que nous en prenions le chemin. Dans le dialogue, en avançant des arguments, en montrant qu'on est là pour construire et pas pour casser, en distinguant le niveau local où des points de consensus sont possibles et le niveau national où les grands choix politiques nous différencient, je reste convaincu qu'on peut se faire entendre et montrer ainsi à la population qu'on n'a pas été élu pour rien ou seulement pour gueuler.

Le climat d'hier, je ne m'y suis pas reconnu. Conseil municipal ou conseil de guerre? Quand j'entend le maire parler de "déshonneur" et de "honte" à propos du chef de file de l'opposition, quand il utilise un ton menaçant à son encontre, je me dis qu'on est mal parti, très mal parti. Qu'est-ce que la gauche va obtenir dans de telles conditions? Au mieux le contentement psychologique d'emmerder la droite. Vous ne croyez pas que que les Saint-Quentinois attendent autre chose de nous? Le problème, c'est que la gauche est plombée par le choix de la tête de liste. Le maire a beau jeu de lui rappeler à chaque fois ses responsabilités au sein du district... il y a 15 ans. Trop facile mais assez payant!

Nous nous sommes mis la tête dans le guêpier. Dieu sait si je n'étais pas toujours d'accord avec Odette, mais il y a un point sur lequel nous étions absolument en phase, validé en son temps unanimement par les socialistes: tourner définitivement la page du passé. Pierre André prend un malin plaisir à nous ramener loin en arrière alors que les socialistes devraient aller de l'avant. Nous avons accepté collectivement (et aveuglement) cette vulnérabilité, nous en subirons pendant six ans les conséquences. J'ai tout fait personnellement pour éviter ce scénario qui l'a finalement, hélas, emporté, avec la bénédiction d'Anne Ferreira. Nous ne mesurons pas encore aujourd'hui la gravité de l'erreur, mais les yeux progressivement s'ouvriront.

Lors de cette installation du conseil municipal, Antonio Ribeiro, le représentant très récent du MRC, a cru bon proposer de remplacer Freddy Grzeziczak par Vincent Savelli aux affaires sociales. C'est amusant, Freddy mérite sûrement qu'on le charrie depuis que la droite lui a obtenu une belle écharpe tricolore, mon collègue Savelli, si actif, ne mérite pas ce qui lui arrive, mais je ne pense pas qu'un conseil municipal soit un lieu d'amusement ou de blague. De plus, je lis ceci dans une brève du Courrier Picard:

"Les élus d'opposition ont traîné les pieds pour la photo officielle sur les marches intérieures du palais de Fervaques. La plupart n'avaient pas envie de poser avec l'ennemi bourgeois, même au lointain dernier rang."

Ridicule, parfaitement ridicule. Et quand Jean-Pierre Lançon déclare, dans L'Union du 14 mars, à propos de ses colistiers d'extrême gauche: "Ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous sépare", je le demande à vous tous: Qui va arrêter ça? Qui va stopper cette dérive? Sommes-nous encore au Parti socialiste? Allez demander à l'extrême gauche si elle tiendrait des propos analogues sur les socialistes. Bien sûr que non! Tout cela m'est insupportable. Je ne sais pas ce que politiquement je deviendrai, peut-être rien, ce sont mes camarades qui en décideront. Mais ce que je sais, c'est que je ferai tout, dans les prochains mois, les prochaines années, pour montrer, activement, qu'il existe à Saint-Quentin une autre façon d'être socialiste, une autre façon de concevoir l'opposition, une façon plus conforme à l'histoire et à la ligne nationale du Parti socialiste.


Bonne soirée électorale.