L'Aisne avec DSK

30 juin 2010

Outsiders.

Bonsoir à toutes et à tous.


L'outsider est une figure politique imposée. Il amuse et inquiète à la fois, tant il est vrai qu'aucun adversaire ou concurrent n'est à négliger ou à mépriser. On ne meurt jamais vraiment en politique. Si on n'est pas en situation de l'emporter, on peut toujours nuire et défaire le rival. Ainsi Dominique de Villepin : il a rassemblé quelques milliers de partisans, a fondé son propre parti, a repris le créneau oublié du gaullisme historique, part avec quelques 7 à 8% d'intentions de vote. Ce n'est pas rien, Nicolas Sarkozy devrait se méfier.

A gauche, Ségolène Royal est au meilleur de sa forme, on sent bien, en la voyant hier sur TF1, qu'elle n'a renoncé à rien (mais qui renonce en politique ?). En dénonçant la "corruption" du sarkozysme, elle frappe fort, comme Mitterrand en son temps. Mais qui croit qu'on gagne avec des caresses ou des piqûres d'aiguille ? Ségolène est toujours dans le jeu. Elle sait que Strauss est loin et que Martine n'a pas sa popularité, son aura. Ne jamais plier, c'est la règle en politique.

Prenez Saint-Quentin, voyez les communistes : on les donne pour morts, définitivement hors jeu. Regardez ce week-end : ils ont occupé l'espace médiatique, ont fait venir une personnalité nationale, ont rassemblé du monde à leur Fête des Libertés, mettent en avant un jeune conseiller municipal dynamique, s'inscrivent dans un proche passé, un héritage illustre, celui de Le Meur et de la municipalité communiste. Je ne m'en réjouis pas, je ne m'en désole pas, je constate. Et je me dis qu'il faut toujours se méfier des outsiders en politique.


Bonne soirée.

29 juin 2010

Maintenant Vervins.


28 juin 2010

Quatre jours sans vous.



Bonsoir à toutes et à tous.


De retour de Toulouse, je me rends compte à quel point l'actualité politique va à une vitesse folle. Quatre jours sans vous et les commentaires s'accumulent. En voici quelques-uns, sur les points à mes yeux les plus importants :

1- La suppression de la garden party du 14 juillet : pure démagogie ! Qu'est-ce que ça change fondamentalement ? Rien. Et puis, tout le monde oublie que cette manifestation s'ouvrait à des Français de toutes origines et pas seulement à la classe politique.

2- La mobilisation sur les retraites : elle a été massive, c'est très bien, et ce n'est qu'un début. A Saint-Quentin aussi, même si la fin de manif a été un peu cafouilleuse, d'après ce qu'on m'en a rapporté.

3- La Gay Pride à Paris : on en parle moins longuement qu'il y a quelques années mais elle est toujours là, utile, nécessaire et indispensable pour dénoncer les discriminations et promouvoir la tolérance (voir vignette, la tête du cortège).

4- L'affaire Woerth : se demander si c'est un "type bien" est une mauvaise question. Ne jouons pas les moralistes ni les justiciers, le problème est politique : être ministre du Travail, trésorier de l'UMP et mari d'une personne qui gère la première fortune de France, ça la fiche mal en termes d'image.

5- Le licenciement de Porte et Guillon : ça ne me touche pas plus que ça, ils ne me faisaient pas rire, leur tort était dans le mélange des genres, information et humour. Le public avait fini par prendre leurs galéjades au sérieux, suscitant malgré eux un populo-poujadisme de gauche, style "Marianne", de très mauvais goût.

6- La réunion du G8 : quand je vois les maîtres du monde (qui d'ailleurs ne maîtrisent pas grand chose) discuter, blaguer, se congratuler, je me demande toujours ce qu'ils peuvent bien se dire, et en quelle langue. Je les soupçonne d'échanger des banalités, seulement pour poser devant les photographes, se donner une contenance.

7- Pierre Laurent dans le département : le numéro 1 du PCF à peine élu le week-end dernier, sa première sortie officielle était pour ... l'Aisne, l'inauguration du nouveau siège de la Fédération, à Tergnier. L'ancien se situait juste derrière chez moi, dans les immeubles du square André-Malraux. Il ne faisait guère parler de lui.

8- Le PCF de Saint-Quentin : ceux qui ont fait parler d'eux ce week-end, ce sont les communistes de la ville, avec leur Fête des Libertés et une couverture médiatique tout à fait inhabituelle et largement positive. Qui à gauche pourrait faire actuellement aussi bien ?

Voilà, j'ai tenté de vous résumer les huit billets dont vous avez été privé, et sûrement frustré, durant mes quatre jours d'absence. Mais me revoilà, je vais me rattraper.


Bonne soirée.


24 juin 2010

Ma réponse est non.



Pas de billets dans les trois prochains jours. Je serai à Toulouse, au Congrès national de la Ligue de l'enseignement.

23 juin 2010

Dosière et le PS vous invitent.


22 juin 2010

Pas banal non plus.


Décidément, cette journée n'est pas banale. Après la lettre du PRG dans mes publicités, j'apprends dans le Courrier Picard d'aujourd'hui (voir vignette) que Jérôme Lavrilleux, conseiller général UMP du canton de Saint-Quentin Nord, a démarré sa campagne, à moins d'un an de l'élection cantonale. C'est en tout cas ce que laisse présumer l'affiche qu'il a placardée à Omissy.

Dévoiler si tôt ses intentions, surtout quand on est un sortant, c'est inhabituel. Lavrilleux aurait-il quelque crainte pour sa réélection ? Cette précipitation incline à le penser. Absent plus que de raison de par ses activités professionnelles à la mairie de Meaux, il supplée sans doute par sa présence sur le papier, pour qu'on ne l'oublie pas. Mais qui peut être dupe de ce stratagème ?

A moins que l'explication soit ailleurs : il craint un concurrent à droite, d'autant que les ambitions ne manquent pas, il prend donc les devants, il brûle la politesse à d'éventuels compétiteurs du même camp. Pourquoi pas. A vrai dire, je n'en sais rien et je m'en moque. Ce que je sais, c'est que ce canton est gagnable par la gauche, et que cet affichage prématuré et inattendu renforce cette idée. Ce que je sais aussi, c'est que la dernière fois j'étais l'adversaire socialiste de Jérôme Lavrilleux et que j'ai failli l'emporter. Alors, pourquoi pas cette fois ?


Bonne nuit.

Pas banal.



Bonsoir à toutes et à tous.


C'est suffisamment rare pour que je vous en parle. Hier après-midi, dans le gros paquet de publicités qui est tombé dans ma boîte aux lettres, il y avait une feuille politique, recto verso (vignette 1 et 2). J'ai failli ne pas la voir et la jeter. C'est étonnant : généralement, ce genre de papier nous parvient en période électorale, souvent distribué par les militants. Et puis, le Parti Radical de Gauche, puisque c'est de lui dont il s'agit, n'est pas très présent à Saint-Quentin (ce que j'ai déjà eu l'occasion sur ce blog de regretter).

La diffusion de cette lettre, "Combat Radical', est manifestement départementale. Didier Boda est le président de la Fédération de l'Aisne. Jacques Krabal est bien sûr mis en avant, ainsi que la nouvelle vice-présidente au Conseil régional. Rien que de très normal. Plus surprenante est la mention d'Halima Kebaili, du "Cercle PRG de Saint-Quentin". Je crois bien connaître le grand et le petit monde politique saint-quentinois, je ne l'ai jamais vu.

Mais je ne demande qu'à faire connaissance. L'un des problèmes de la gauche saint-quentinoise, c'est qu'elle est à découvert sur son centre gauche, après que les alliances avec l'extrême gauche ait déplacé son centre de gravité, entraîné des déséquilibres et turbulences dont il faudrait sortir. Une section PRG active pourrait y contribuer, en occupant un créneau que nous avons déserté ou qui a été récupéré par la droite.



Bonne soirée.

21 juin 2010

Durs de dur.

Bonjour à toutes et à tous.


Ce n'est pas parce que le 35ème congrès du PCF n'a pas fait médiatiquement grand bruit qu'il ne faut pas s'y intéresser de près. Il y a des détails révélateurs. Par exemple la photo de famille autour de Marie-George Buffet, à laquelle le NPA et LO, à la différence du PS ou du PG, ont refusé de s'associer, comme s'ils n'étaient pas de la famille.

Plus sérieusement, il y a le score des communistes orthodoxes, près de 30%, ce qui n'est pas mal du tout. Que veulent-ils ? Quitter le Front de Gauche, revenir au PCF de Georges Marchais quand celui-ci avait rompu avec le PS. Pour eux, entendez bien, Mélenchon est un "social-démocrate" ! DSK, je ne vous dis même pas ...

Ce courant nationalement non négligeable est prépondérant à Saint-Quentin. Les gremetziens en sont l'aile la plus radicale, des durs de dur, un pied en dehors du Parti depuis leur dissidence aux élections régionales. Corinne Bécourt les représente au Conseil national. Je ne suis pas son genre. Elle n'aime que les socialo-compatibles, pas réformistes et surtout pas strauss-kahniens. Moi je l'aime bien quand même.

Dimanche prochain, la section saint-quentinoise du PCF tiendra sa traditionnelle Fête des Libertés, au stade Marcel-Bienfait. Je serai bien allé les embêter un peu, en toute amitié, mais je serai ce jour-là à Toulouse, au congrès de la Ligue de l'enseignement. L'an dernier, l'invité d'honneur était Maxime. Normal. Cette année, c'est Alain Bocquet, et là c'est intéressant : c'est une personnalité importante du Parti, président du groupe à l'Assemblée, pas orthodoxe mais favorable à une alliance avec eux.

Bref, les discours devront être suivis à la loupe. Et pour le mojito que Corinne et Jean-Luc auraient pu m'offrir, je leur propose de remettre ça à l'an prochain.


Bonne journée.

20 juin 2010

Manque de souffle.

Bonsoir à toutes et à tous.


Le Courrier Picard de ce dimanche a consacré un article, sous la plume de Benjamin Meriau, aux sites officiels des partis politiques et blogs des élus de Saint-Quentin. Le résultat est navrant, et le titre le dit bien : "Les sites politiques manquent de souffle". A une exception : le site de la section du PCF et le blog de Jean-Luc Tournay. Pour le reste, c'est la cata : pas de régularité dans la publication, des retards énormes, le site des Verts décrochant le pompon avec cinq ans sans renouvellement ! La droite je m'en fous, mais la gauche merde alors !

Côté socialos, le blog départemental sauve l'honneur. Ça ne m'étonne pas, il est tenu par un blogueur expérimenté que les lecteurs fidèles connaissent, Thierry Doukhan, par ailleurs copain à moi. J'ai cité le PC et Jean-Luc, mais pas d'illusion non plus : leurs billets c'est rarement maison, mais du congelé piqué ailleurs. En général, les sites et les blogs politiques sont esthétiquement beaux comme des camions ou des baraques foraines (le mien à côté ressemble à un temple protestant) mais le contenu laisse à désirer.

Qu'est-ce que j'en conclus ? Qu'il y a un décalage important entre le discours moderne sur les vertus de l'internet et la réalité de terrain, dans nos provinces. On oublie aussi de dire que tenir un site ou un blog, c'est un énorme boulot qui exige quelques compétences. Je crois enfin que la vie interne d'un parti politique, avec ses verrouillages, ses conformismes, sa logique d'appareil, ne peut que difficilement s'adapter à l'esprit libertaire du net.

Pourtant, les élus pourraient en profiter pour approfondir la démocratie locale, informer de ce qu'ils font, dialoguer avec leurs administrés. De ce point de vue, le maire d'Hirson Jean-Jacques Thomas, dont le blog est très bien fait, se rapproche de cette exigence-là. Allez, courage la gauche locale, à vos claviers !


Bonne soirée,
sur internet bien sûr !

Une équipe qui perd.

Bonjour à toutes et à tous.


Je m'intéresse moyennement au football mais je vois dans ce sport une magnifique métaphore politique. Qu'est-ce que la politique sinon, comme au foot, un groupe d'individus qui cherchent à l'emporter ? Avec la défaite des Bleus, nous avons l'exemple parfait d'une équipe qui perd et de ses caractéristiques, que je veux évoquer pour bien sûr en tirer des leçons politiques :

1- La suffisance : on perd quand on croit qu'on est bon alors qu'on ne l'est pas, quand on considère que les échecs sont des réussites, que la faute en revient aux autres et pas à soi.

2- L'indifférence : on perd quand on ne cherche pas vraiment à gagner, quand on se contente d'être ce qu'on est, sans forcer des talents qu'on n'a pas, quand on se satisfait du résultat même quand on a perdu.

3- La division : on perd quand aucune confiance, aucune cohésion ne soudent l'équipe, quand c'est la loi des individualités et des clans qui prime, quand le soupçon de trahison domine.

4- L'absence de leader : on perd quand celui-ci n'est pas respecté, pas estimé, pas admiré, pas obéi, on perd quand on finit par l'insulter. On perd quand on n'a pas de leader, on perd parce qu'on n'a pas de leader.

5- Le mépris de la communication : on perd quand on reste entre soi, sur son quant à soi, refusant de communiquer avec la population ou le faisant très mal, estimant qu'on n'a pas d'explications publiques à donner.

Dans un match ou dans une élection, c'est toujours avec ces cinq défauts-là qu'on perd. Mais n'accablons pas les joueurs ni les politiques : ils sont ce que nous sommes, car un groupe, quel qu'il soit, hérite toujours des représentants qu'il mérite. Il y a là une sorte de justice involontaire et punitive. Comment ne pas voir que les Bleus sont à l'image bling-bling de la société française, vénale, narcissique, insolente et je m'en foutiste ("jm'en fous" est l'une des expressions qu'on entend le plus aujourd'hui) ?

Je ne veux pas abuser d'un rapprochement facile, mais en 1998 c'est une autre société française qui a permis la victoire au Mondial, enthousiaste, créatrice et ... jospinienne. A l'époque, je m'installais à Saint-Quentin, en quête moi aussi d'une équipe qui gagne, en politique. Douze ans après, j'en suis encore là.


Bon dimanche gagnant.

19 juin 2010

200 et 35.

Bonsoir à toutes et à tous.


J'ai connu une époque où un congrès du PCF était un événement national qui faisait la une des journaux. C'est fini. C'est dommage mais c'est ainsi. Ce 35ème congrès a été précédé d'un événement tout autant inaperçu et qui n'était pourtant pas rien : 200 personnalités, élus, députés, intellectuels, vétérans du Parti l'ont quitté, à quelques jours du rendez-vous de ce week-end. Dans la division ou dans le rassemblement, le PCF laisse indifférent. C'est inquiétant pour toute la gauche : un partenaire en difficulté, c'est l'union qui en pâtit.

Ce qui est surprenant, c'est que ces dernières années le Parti communiste ne s'en est pas trop mal tiré électoralement. Sa stratégie du Front de Gauche lui a permis de repasser au-dessus de la barre des 5% alors qu'il flirtait avec les 1%. Il a pu sauver nombre de ses élus. Pourquoi alors ces départs massifs et lourdement symboliques ? On ne voit pas très bien où ils vont aller, ce qu'ils vont faire. C'est à ce genre de découragement muet, d'impuissance sans nom, de désespoir larvé qu'on mesure la gravité d'une crise à l'intérieur d'une formation politique.

Ce 35ème congrès, ce n'est pas rien non plus : Marie-George Buffet s'en va, après une dizaine d'années à la tête du PC. Que retenir d'elle ? Je crois qu'elle a été, en termes d'image, très marquée par son passage dans le gouvernement Jospin. Il est certain que ce Parti, initialement révolutionnaire, ternit sa réputation quand il se compromet avec des réformistes. Mais comment faire autrement ?

En tout cas, le courant orthodoxe, tel qu'on le retrouve par exemple à Saint-Quentin, ne pourra qu'être renforcé à l'issue de ce congrès, même s'il demeure minoritaire. Les rénovateurs qui sont partis lui laissent en quelque sorte la place de la contestation. Savez-vous que ces orthodoxes, gremetziens en tête, se méfient comme de la peste de Mélenchon, qu'ils considèrent comme un "social-démocrate" ?

Pierre Laurent sera le prochain leader du PCF. Je souhaite qu'il maintienne son Parti à gauche, qu'il ne favorise aucun rapprochement avec l'extrême gauche ni stratégie illusoire à la gauche de la gauche.


Bonne soirée.

Tous à Soissons !


18 juin 2010

Pourquoi je ne suis pas gaulliste.

Bonsoir à toutes et à tous.


En ce jour du 70ème anniversaire de l'appel du 18 juin, j'ai participé comme chaque année à la cérémonie devant le monument aux morts de la Résistance, boulevard Gambetta. Il me semble normal que la gauche, ses élus et ses militants soient présents. Mais le "rebelle" de 1940 n'est pas le "souverain" des années 60 (je reprends ces deux expressions de l'ouvrage de Jean Lacouture sur de Gaulle). Aujourd'hui, j'ai l'impression que tout le monde est devenu gaulliste, même à gauche. Je voudrais expliquer pourquoi je ne le suis toujours pas.

D'abord, quoi qu'on dise, de Gaulle était philosophiquement un homme de droite, ayant du pouvoir, de l'autorité, de l'histoire, de la nation des conceptions de droite. Dans les années 50, il lance le RPF, une formation politique qui prend des positions très à droite, qui la distinguent nettement de la droite libérale, centriste et modérée du MRP.

En 1958, de Gaulle revient au pouvoir sur un malentendu : les partisans de l'Algérie française le soutiennent, croyant qu'il les a "compris", s'estimant ensuite trahis. La décolonisation avait été largement amorcée sous la IVème République. En matière d'institutions, le général met fin au parlementarisme intégral au profit d'une sorte de "monarchie républicaine" (la formule est de Maurice Duverger) qui pose encore problème aujourd'hui tellement le déséquilibre en faveur de l'exécutif est flagrant.

En matière sociale, de Gaulle propose une très nébuleuse "participation" mais ne saisit pas les évolutions de la société moderne, qui conduiront à la crise majeure de Mai 1968. Par bien des aspects, c'est un homme du XIXème siècle. Il passe aussi à côté de la construction européenne, sur laquelle il ironise, se bornant à défendre une simple coopération entre les nations. La droite actuelle ne se réclame du gaullisme que dans les discours. En réalité, elle a depuis longtemps rompu avec cet impossible héritage.

Voilà pourquoi j'admire de Gaulle et ne suis pas gaulliste. Et je ne comprends pas que certains hommes de gauche, cédant au conformisme ambiant, affichent leur complaisance envers le gaullisme.


Bonne soirée.

17 juin 2010

Pas touche aux 60 ans !


Bonsoir à toutes et à tous.


Ce midi, place Dufour-Denelle, au croisement, des militants de la CGT distribuaient aux automobilistes le tract ci-dessus. Je ne suis pas nécessairement d'accord avec les positions du syndicat, mais sur la retraite à 60 ans ils ont raison. C'est une réforme de gauche, un acquis social, un symbole même, qu'on ne peut que défendre. C'est aller dans le sens du progrès que de rabaisser l'âge de départ. Que la durée de vie augmente ne change rien à ce raisonnement. Il faudra donc aller manifester le 24 juin.

Le vrai problème est celui du financement. A quoi bon partir tôt avec une faible pension ? Aujourd'hui, j'ai assisté au pot de départ en retraite de mon proviseur. Il a 66 ans, est visiblement en pleine forme, a même du mal à décrocher, me semble-t-il. De fait, il reconnaît qu'il aurait pu travailler quelques années de plus. Pourquoi pas, quand la santé et la volonté sont là. Il faut donc que la réforme le rende possible.

Et puis, veillons à ne pas focaliser sur ce thème. Le drame aujourd'hui, ce n'est pas la retraite, c'est le chômage, les bas salaires, le travail précaire, les inégalités, la pauvreté. Une société qui aurait d'un côté une masse d'inactifs et de l'autre de pensionnés m'inquiéterait. La retraite, c'est aussi une préoccupation des classes moyennes soucieuses de préserver un certain standing de vie. Les classes populaires ont des soucis autrement prioritaires. Ne l'oublions pas.

Je vous rappelle que Jean-Pierre Balligand parlera de tous ces sujets demain à 20h00, au Café des Champs Elysées, 68 rue de Baudreuil, à Saint-Quentin.


Bonne nuit.

16 juin 2010

La pluie qui tue.

Bonjour à toutes et à tous.


Scènes de guerre dans le Var : maisons détruites, voitures retournées, transports interrompus, paysages dévastés, société désorganisée, dix morts, plusieurs disparus. Mais ce n'est pas la guerre, c'est ... la pluie. Nous sommes incrédules, stupéfaits : de l'eau, ce n'est que de l'eau. Le feu fait des ravages, le vent est violent, mais l'eau ?

La nature est donc ainsi : sous sa forme la plus inoffensive, elle peut se montrer la plus meurtrière. "Con comme la pluie", ne dit-on pas pourtant. Il va falloir apprendre à s'en méfier, même d'elle. Dix morts à cause d'une pluie, ça semble à peine croyable. Dans une société moderne, hyper-protégée, qui anticipe au maximum, qui dispose de moyens sophistiqués de sécurité, que la pluie puisse tuer laisse pantois. Le chef de l'Etat a fait part de sa "compassion", il mettra tout en oeuvre pour aider les "victimes". Que peut-on faire d'autres contre la pluie ?


Bonne journée.

15 juin 2010

DSK-Bayrou ?

Bonjour à toutes et à tous.


La vie politique française est incroyable ! Il y a quelques jours, François Bayrou tient des propos qui font dire aux commentateurs qu'il a désormais rallié Nicolas Sarkozy. Hier soir, il prononce quelques phrases et les commentateurs prédisent son quasi ralliement à DSK ! Comme si une ligne politique reposait sur des petites phrases. Non, elle repose sur un projet et une stratégie collectivement définis.

C'est pourtant simple : le MoDem est un mouvement issu de la droite, qui se positionne au centre et qui attire à lui pas mal d'électeurs de gauche déçus. Bayrou a rappelé hier qu'il était un opposant au gouvernement. Mais ça n'en fait toujours pas un homme de gauche, encore moins un socialiste. Pourquoi alors vouloir compliquer les choses par des analyses tordues et des supputations fragiles ?

Quant à DSK, il est normal que Bayrou songe à s'en rapprocher : à travers toute l'Europe, depuis un demi-siècle, les démocrates-chrétiens recherchent, à intervalles réguliers, des alliances avec les socio-démocrates. Bayrou le démo-chrétien pense à DSK le socio-dem pour contrer le parti conservateur, c'est logique, c'est normal.

Comment le PS doit-il réagir ? En ne réagissant pas ! Nous avons nos alliances traditionnelles, décidées en congrès, nos partenaires réguliers. Bayrou veut se rapprocher de nous, très bien. Mais ce n'est pas à nous de le solliciter. C'est à lui de clarifier sa situation par rapport à nous, et pas l'inverse.

Une dernière chose : nous gagnerons en 2 012 avec un appoint de voix centristes, et la droite perdra parce que cet appoint lui manquera. Une présidentielle se gagne toujours au centre, bien sûr après avoir rassemblé à gauche. C'est la grande leçon de 1981 : Mitterrand n'a gagné que parce que le PCF défait au premier tour, l'Union de la Gauche rompue depuis 1977 ont permis de ramener à nous des électeurs centristes alors rassurés.


Bonne journée.

14 juin 2010

Encore le "care".

Bonsoir à toutes et à tous.


Il se fait tard et je n'ai pas eu beaucoup de temps aujourd'hui. Je serai donc bref ce soir, en vous recommandant deux lectures qui éclaireront votre opinion sur le concept de "care", qui sera sans doute au coeur de la prochaine campagne présidentielle. Martine Aubry a choisi cette notion pour fondement idéologique du PS, ce qui a suscité de mon côté quelques préventions et réticences. Mais c'est à chacun de se faire son idée. Lisez donc l'entretien qu'a donné Martine au Monde Magazine du 5 juin et le numéro de ce mois de Philosophie Magazine, qui approfondit le concept de "care".


Bonne nuit.

13 juin 2010

Un dimanche bien à gauche.

Bonsoir à toutes et à tous.


Il y a des dimanches soirs où je suis guilleret. Et ce n'est pas parce que l'année scolaire est officiellement terminée ! J'ai les paquets de copies du bac qui vont me tomber dessus dans la semaine ! Non, ce sont les interventions de nos leaders socialistes qui me mettent en gaieté. Martine Aubry a eu la bonne réaction dans l'affaire Boutin et sa rémunération à polémique : pas de démagogie, mais une proposition juste et concrète, plafonner globalement les rémunérations des élus et ministres.

Car le vrai problème n'est pas que nos hommes politiques soient trop rémunérés. La République serait indigne de ne pas payer généreusement ses représentants. Un élu n'a pas à être un moine. Et s'il était riche, les riches feraient de la politique et pas des affaires. Ce n'est évidemment pas le cas. L'injustice n'est donc pas dans le montant des rémunérations mais dans leur cumul. Finalement, Martine n'est pas très loin de ce que propose René Dosière : limiter le cumul des indemnités. Mais le cadre doit être global, concerner toutes les rémunérations et pas seulement celles d'élu, qui sont soumises à écrêtement.

Un dimanche bien à gauche aussi avec Ségolène Royal, qui a fait à propos des retraites dans cette simplicité qui est une grande vertu politique et qui la rend populaire : "Que le capital cotise autant que le travail" ! Je ne sais si c'est possible et pertinent, mais la formule a le mérite de la clarté. Elle a taclé à merveille la droite, en retournant le slogan sarkozien en "travailler plus pour gagner moins", ce que chacun comprend quand le gouvernement s'apprête à mettre fin à la retraite à 60 ans.

Je vous le dis : si nos leaders continuent ainsi, Sarkozy aura chaud aux fesses en 2 012.


Bonne soirée.

Chacun reste chez soi.



Bonjour à toutes et à tous.


La droite axonaise au Conseil Général s'est divisée en deux : UMP d'un côté, centristes de l'autre. C'est le vote du budget, les uns contre, les autres pour, qui a déclenché la scission. Pourtant, je pense que c'est un non événement. D'abord parce que cette séparation existait déjà, historiquement, entre les gaullistes et les indépendants. Ensuite parce qu'elle n'aura pas de conséquences politiques majeures : les deux groupes sauront s'entendre quand il y aura des enjeux de pouvoir, la droite restera à droite. Enfin parce qu'à gauche, ce ne sont pas deux mais trois groupes qui coexistent, ce qui ne nous empêche nullement d'avoir la majorité. Au contraire, la diversité organisée est un atout en politique. C'est lorsqu'on est monocolore qu'on perd.

En revanche, il est très intéressant de remarquer que Colette Blériot, conseillère municipale de Saint-Quentin Centre, est restée fidèle à l'UMP. Pourtant, elle a un profil centriste, s'est abstenue au moment du vote budgétaire et se montre sympa et souriante à l'égard de ses collègues de gauche. Le problème, c'est qu'être sympa n'a aucun sens, n'est d'aucun poids en politique, pas plus qu'être désagréable. Je suis sûr que Colette est sympa et souriante avec son chat. Quand il faut choisir, chacun reste chez soi. Aux prochaines cantonales, je fais le pari que Colette Blériot se représentera et qu'elle sera soutenue par toute la droite saint-quentinoise.

Prenez aussi le cas de René Dosière : le PS l'a exclu, mais on voit bien ces dernières semaines qu'il est revenu à la maison. Et c'est tant mieux. Il a été intégré dans la campagne des régionales, il participe aujourd'hui aux réunions du Parti sur les retraites. René aurait pu rejoindre un autre parti, se montrer rancunier et vengeur à l'égard de ceux qui l'ont viré. Non, il reste chez lui, au Parti socialiste. Et comment celui-ci pourrait-il le refuser ? Dosière est devenu la vedette nationale de la gauche axonaise, présent dans les médias depuis qu'il a pris habilement le créneau des dépenses élyséennes. Un jour de grand pessimisme, alors que je lui demandais ce qui décidait du succès en politique, il m'a tout simplement répondu : "L'intelligence et le travail". J'aimerais tellement qu'il ait raison ! Mais tout Dosière qu'il est, je doute un peu.

En politique, je ne crois pas au départ. Ceux qui tentent de faire leur nid ailleurs pondent des oeufs pourris. Il faut rester chez soi, faire changer les choses de l'intérieur, y compris avec des moyens extérieurs. Regardez le PCF : tous ceux qui l'ont quitté n'ont rien fondé de solide et de durable en dehors de lui. Au PS, je ne vois que Mélenchon et son Parti de Gauche qui aient réussi ; mais c'est trop récent pour en donner un bilan complet et pertinent. A droite, idem : le puissant Pasqua, quittant le parti gaulliste, n'a pas fait long feu. A l'extrême droite, aucune dissidence du FN n'a engendré une véritable organisation concurrente. Chacun est condamné à rester chez soi.


Bon dimanche,
chez soi évidemment.

12 juin 2010

Ligne de front.

Bonsoir à toutes et à tous.


C'était, en début d'après-midi, la traditionnelle cérémonie en l'honneur de l'Ecole Publique, devant le monument qui lui est consacré, dans le jardin des Champs Elysées. J'y vais à chaque fois, c'est important pour la gauche d'être présente, de défendre la laïcité. Les enfants, habillés comme des communiants, entonnent la Marseillaise pendant que des pouet pouet saluent les mariés qui prennent la pose sur la pelouse. Madame l'Inspectrice est là, les DDEN aussi, et l'Association des Amis de l'Ecole Publique, qui est la puissance invitante.

Tout ça est charmant, consensuel, légèrement désuet mais fort utile : quelques bonnes vieilles valeurs républicaines méritent d'être rappelées. Et puis il y a du monde, des familles venues écouter, photographier et filmer leurs petits, une bonne quarantaine de parents d'élèves de Lyon-Jumentier. Les officiels ont discouru, comme c'est dans leur fonction.

Françoise Jacob, maire-adjoint à l'enseignement, vêtue d'une veste léopard, a tenu des propos pourtant non agressif : elle a déploré la fermeture de huit classes, a recensé les travaux en cours et a félicité le personnel qu'on ne voit pas, d'entretien et de restauration. Auparavant, Jacqueline Hargous avait signalé les excusés (trois seulement : le sous-préfet, l'inspectrice d'académie et Xavier Bertrand) et mentionné les présents : Pascale Gruny, Monique Ryo, Stéphane Lepoudère, Vincent Savelli, Colette Blériot, pas de doute, la droite avait mis le paquet !

Le public s'étant disposé sur la pelouse, les personnalités et élus formaient une brochette très visible juste devant le monument, en rang d'oignons, traçant une impressionnante ligne de front, qui rendait encore plus flagrante la présence de la droite (ne croyez pas que ça me dérange, ils font leur job, mais que voulez-vous, je n'en suis pas moins un homme de gauche ...). C'est alors que j'ai aperçu Nora Ahmed Ali arriver, conseillère municipale d'opposition. J'ai presque prié, en ce laïque endroit, pour qu'elle rejoigne la ligne de front, vienne briser l'agencement de droite par une petite représentation de gauche. Mamma Mia ! Elle est restée mêlée aux parents, prenant des photos comme une touriste.

Je lui ai dit, à la fin de la cérémonie, qu'elle aurait dû monter à l'assaut de la ligne de front. Ce n'est pas grand-chose mais ce sont à ces petites choses qu'on mesure la détermination d'une opposition. Ne pas céder un pouce, un millimètre, à l'adversaire ! En toute courtoisie républicaine évidemment. Le combat politique est aussi une affaire de protocole. Courage Nora, ce sera pour la prochaine fois.


Bonne soirée.

Le livre de votre été.


Bonjour à toutes et à tous.


L'été approche, chacun se demande quelle sera sa lecture de vacances. Si vous aimez la politique, je vous recommande "Le dernier mort de Mitterrand", de Raphaëlle Bacqué, un récit entre le roman et l'essai, qui se lit d'une traite, qu'on ne lâche plus une fois qu'on l'a ouvert. Le titre est étrange et la photo de couverture encore plus, mais tout le livre est dans cette curieuse scène où l'on voit François de Grossouvre, le sujet de l'ouvrage, conseiller très spécial d'un autre François, Mitterrand celui-là, qu'on voit à peine, probablement plongé dans la lecture du journal ou d'un dossier (il porte lunettes), caché par un immense et confortable fauteuil, dans ce qu'on reconnaît être un avion (on aperçoit le hublot). Derrière, plus bas, assis sans doute sur un strapontin, dans une position qu'on devine peu agréable, Grossouvre est impeccablement vêtu, barbichette soignée de mousquetaire, les yeux dans le vague, songeur, peut-être déjà perdu, annonçant sa fin tragique : son suicide le 7 avril 1994 dans son bureau au Palais de l'Elysée.

Cette terrible image, c'est celle du pouvoir, de l'impossible amitié en politique, entre le maître tout puissant et son conseiller influent : l'un tourne le dos, l'autre regarde ailleurs, la relation est fausse. Entre les deux, l'épaisseur d'un fauteuil (on ne voit que lui, c'est le personnage principal !), symbole de l'inaccessible pouvoir (par définition, un homme de pouvoir est inaccessible, sinon ça n'est plus un homme de pouvoir).

Grossouvre était un personnage baroque, anachronique, plutôt de droite, riche, séducteur, espion et grand chasseur. Il aurait pu se satisfaire de ce qu'il était, avec son argent, ses relations, ses maîtresses, ses fusils et ses chiens. Mais non : comme beaucoup d'entre nous, il a voulu beaucoup plus, être aimé par le monarque, jouer un petit rôle dans la grande histoire, devenir sans doute ce qu'il ne pouvait pas être. C'est un drame humain fréquent, qui ne conduit pas nécessairement à la mort. Pour Grossouvre, hélas oui.

Car la relation avec François Mitterrand est comme avec une femme : c'est lui qui choisit et qui reçoit, c'est l'autre qui subit et qui donne. Grossouvre avait beau être entouré de conquêtes, il savait que la seule qui vaille, c'est celle du pouvoir, c'est l'amitié de son dépositaire. Les femmes, elles passent, on s'en lasse, les corps vieillissent et ne séduisent plus. Le pouvoir, lui, est toujours là, diamant inaltérable, disponible, toujours convoité, toujours désirable, prêt à être pris ou conservé, jusqu'au dernier souffle de vie.

Un vieux beau offre de lui un spectacle pitoyable, un vieillard à la tête de l'Etat inspire encore le respect et l'admiration (sauf dans la société contemporaine qui a le culte de la jeunesse, mais le phénomène est très récent). L'ultime attirance, ce n'est pas la beauté, la richesse ou l'intelligence : c'est le pouvoir. Jetez un coup d'oeil autour de vous, même à des niveaux inférieurs vous ferez ce constat-là.

Grossouve donc a aimé Mitterrand, financé ses campagnes, apporté ses soutiens. Il s'est donné à lui, il a attendu ce qu'il ne pouvait pas recevoir. En politique il ne faut jamais aimer personne, sinon on est maudit. J'en ai vu quelques-uns et quelques-unes, y compris localement, qui s'entichaient d'un(e) élu(e), lui faisant les yeux doux, lui prouvant leur attention, leur dévouement, leur servilité. Qu'est-ce qu'on est bas quand on se met à aimer ! La passion physique est moins dangereuse et surtout plus noble.

Les seuls sentiments que la politique devrait autoriser et encourager, c'est à l'égard de la population. Là oui, il faut servir sans compter, il faut aimer les gens. Mais les chefs, les chefaillons et les mandatés non, la simple discipline suffit, et le respect qu'on doit à tout individu. Je crois même que la distance à leur égard est salutaire, avec parfois une pointe de mépris pour ceux qui le méritent. Mais se précipiter pour avoir droit au serrage de louche comme autrefois on s'inclinait pour le baise-main, non c'est indécent.

"Le dernier mort de Mitterrand", c'est aussi, au-delà de la tragédie, un roman sur la comédie du pouvoir. J'ai trouvé excellentes les pages consacrées à la description des chasses présidentielles, où se conjuguent les grandes vanités et les petits intérêts. C'est un morceau d'anthologie, qui fait inévitablement penser à la séquence de chasse en Sologne dans le film de Jean Renoir "La règle du jeu". Derrière sa dimension historique et psychologique, c'est à une véritable réflexion politique qu'invite le livre de Raphaëlle Bacqué. C'est pourquoi j'en fais le livre de votre été.


Bonne journée.

11 juin 2010

Vers un Nouveau Parti Socialiste.


Bonjour à toutes et à tous.


La semaine qui s'achève a été essentielle pour le Parti socialiste. Nous avons adopté à la quasi unanimité notre projet de rénovation. Je vous disais, il y a quelques jours, que l'unité était en marche. Maintenant elle court ! Car la rénovation, c'est une autre paire de manches que le programme économique : les enjeux de pouvoir internes sont au centre. Eh bien, c'est passé !

Il y a d'abord le système des primaires, qui va complètement chambouler nos habitudes : les militants n'auront plus le pouvoir de désignation mais les sympathisants. Ça change tout ! Les courants vont inévitablement perdre de leur importance, la culture d'appareil, ses pratiques de verrouillage et de rapport de force, vont en prendre un sacré coup !

Il y a ensuite la règle du non cumul entre un mandat de parlementaire et la tête d'un exécutif local. Le long terme, c'est qu'un parti d'élus devienne aussi un parti de citoyens et que les responsabilités ne soient plus réservées à quelques-uns. Sur ce point, très délicat, Martine Aubry a fait preuve d'un grand sens politique, c'est-à-dire d'une capacité de compromis : nos camarades sénateurs étaient hostiles, elle les a convaincus en composant, en aménageant, sans renoncer à son idée.

Le Nouveau Parti Socialiste, nous y allons désormais à grands pas !


Bonne fin d'après-midi.

10 juin 2010

Hamon à Chierry.



Bonjour à toutes et à tous.


Le passage de Benoît Hamon hier dans le sud de l'Aisne a commencé par une interview pour le journal de France 3, devant la mairie de Château-Thierry, suivie d'un excellent couscous entre militants, au même endroit. Ce qui est remarquable chez Sylvain Logerot, le secrétaire de section, et ses camarades, c'est l'absence de sectarisme, d'esprit de courant. Il est partisan de la motion C (comme on dit chez nous pour désigner l'aile gauche) mais a ouvert la table à toutes les sensibilités.

Il y avait donc parmi nous Arnaud Battefort et Claudine Doukhan, deux ségolénistes, Pierre Pichère, défenseur de la motion du Pôle écologiste, et le strauss-kahnien de service que vous connaissez bien. Déjà, à l'époque de Dominique Jourdain, j'avais remarqué ici ce respect, cette tolérance. Bien que n'étant pas de la tendance majoritaire de la section, j'ai toujours été bien reçu à Château-Thierry.

Benoît Hamon ne se la joue pas, c'est ce que j'aime chez lui. A table, il écoute, est discret, ne cherche pas à en imposer, ne concentre pas sur lui toutes les attentions. Il sait rester à sa place, n'a pas besoin d'en rajouter, une qualité pas si fréquente que ça. Au moment de l'addition, la section veut lui offrir le repas mais il tient à payer sa part. Ça aussi c'est bien. Un gars modeste, sans esbroufe. Ce n'est pas banal en politique, où pas mal se la pètent.

Ensuite, nous sommes allés à Chierry pour le meeting. J'ai été agréablement surpris par la salle : bien remplie, et par un public que je n'ai pas l'habitude de voir là-bas ou ailleurs, dont on sent que beaucoup ne sont pas des militants venus sur commande. Et des participants d'une grande diversité, notamment des jeunes.

A la tribune, surprise aussi : que des trentenaires, et pas des surtitrés de la politique, ces brochettes d'élus qui collectionnent les mandats. Claire Le Flecher, maire-adjoint à Soissons, était venue en voisine, Coralie Deshaies, secrétaire de la section de Verdilly, Arnaud et Sylvain bien sûr. Pas de cravate, pas de costume gris bien coupé, pas de cheveux blancs. Ça n'a l'air de rien, mais aux yeux du public, c'est important. Attention : des notables il en faut, c'est ça aussi la République. La droite a les siens, pourquoi pas la gauche ? Mais il faut aussi la base, les militants, bref le Parti.

Le discours d'Hamon est clair, documenté, fluide. Pas assez structuré à mon goût, mais c'est passé de mode : aujourd'hui, les interventions font dans l'improvisation, une phrase en pousse une autre, il n'y a plus vraiment d'organisation. Peut-être manque-t-il aussi une pointe d'agressivité, qui est toujours la bienvenue en politique, mais là encore ce n'est plus très bien perçu par les temps qui courent. Sur le fond, rien à redire : Benoît a essentiellement défendu nos propositions sur les retraites, de façon très convaincante.

La soirée était d'autant plus réussie que la section socialiste de Château a été décapitée de ses deux figures historiques, Krabal et Jourdain. On pouvait donc craindre que la mobilisation ne soit pas très forte. Elle l'a été. Bravo à nos camarades du sud de l'Aisne !


Bonne soirée.

09 juin 2010

DSK est-il de gauche ?

Bonjour à toutes et à tous.


Libération d'hier titrait en première page : DSK est-il de gauche ? Bonne question. Voici mes réponses :

1- Qui est de gauche ? Voilà plutôt, au préalable, ce qu'il faudrait se poser. Les communistes sont-ils de gauche, après avoir pendant un demi-siècle soutenu des régimes d'oppression ? L'extrême gauche est-elle de gauche quand elle ne reconnaît presque rien de positif dans le bilan des gouvernements socialistes, qu'elle assimile quasiment à des politiques de droite ? Qu'on se pose la question à propos de DSK parce qu'il accepte le marché et dirige le FMI, je veux bien. Mais qu'on pose à tout le monde cette même question et l'on verra, on comparera les réponses. Je ne suis pas sûr que DSK en sorte forcément perdant.

2- Qui décide de qui ou de quoi est de gauche ou pas ? Qui distribue les bons points, les certificats de moralité, les attestations politiques ? Libération ? Mais ce journal est-il authentiquement de gauche ? C'est le serpent qui se mord la queue ! Le plus simple, c'est d'en rester, par honnêteté, à ce que chacun dit de lui même, à la façon dont il se présente et se définit. Quand quelqu'un vous tend sa carte de visite, vous n'allez pas la déchirer mais la lire. Pareil en politique : prenons chacun pour ce qu'il dit être, et éventuellement contestons, mais ne faisons pas de procès en identité. C'est tellement facile de refuser à l'autre ce qu'il affirme être. Le débat s'en trouve empêché. Depuis bientôt 50 ans, DSK se dit de gauche. Prenons-le tel qu'il est et énonçons après nos désaccords, s'il y a lieu.

3- Y a-t-il une seule façon d'être de gauche ? Évidemment non ! Par conséquent, la question de Libé est incomplète. DSK n'est pas de la gauche d'Hamon, de Mélenchon et de Besancenot, c'est certain. Mais il est de gauche tout de même, d'une autre gauche, bien connue et dont je ne cesse de vous parler puisque c'est la mienne : réformiste, social-démocrate, modérée, gestionnaire, tout ce que vous voudrez pourvu que vous admettiez que ce n'est pas la droite ou une droite.

4- Qui a intérêt à poser cette question ? A qui profite le soupçon ? A tous ceux qui craignent que DSK batte Sarkozy en 2 012, c'est à dire la droite. Leur tactique dans les mois qui viendront consistera à brouiller les pistes, à faire croire que DSK n'est pas ce qu'il prétend. Gros bêtas de gauche qui tomberaient dans ce grossier piège !


Bonne journée,
n'oubliez pas Hamon
ce soir à Château.

08 juin 2010

Pleine page dans la gueule.

Bonsoir à toutes et à tous.


Il y a des jours où certains articles de presse me sautent à la gueule. C'était le cas ce matin, dans L'Aisne Nouvelle. Dès la lecture de sa une, je me suis senti agressé : "Enfants de la gauche, ils ont rallié la droite". Il s'agit bien sûr de Freddy, Karim Saïdi et Antonio Ribeiro. Je n'en veux pas au journal, il fait son boulot, il fait ce qu'il veut, nous sommes en République. Mais moi je m'étrangle, je m'irrite, j'aimerais tellement qu'on parle autrement et d'autre chose quand on parle de la gauche locale.

A l'intérieur, c'est pire : une pleine page est consacrée aux trois. Je me souviens que L'Aisne Nouvelle m'avait appelé il y a quelques semaines pour savoir ce que j'en pensais. Sont-ils des "traîtres" ? Non, ce mot ne fait pas partie de mon vocabulaire politique, n'étant ni stalinien ni facho. Ces anciens camarades ont fait un choix politique qui n'est pas le mien et que je désapprouve. Mais je ne veux régler aucun compte personnel ni donner des leçons de morale.

Car quel était le problème, qu'on oublie quand on personnalise et qu'on moralise ? Une gauche qui se divise, qui se borne à appliquer des règles statutaires en délaissant la réflexion politique, qui se choisit un leader dans la confusion et par malentendu, qui oublie une partie de ses militants, qui conclut des alliances fortement contestées, qui ne suscite plus l'espoir, cette gauche-là se condamne à provoquer des dissidences. Quel gâchis, quelle tristesse !

Et maintenant ? Les trois se sont intégrés à des formations différentes, comme quoi ils ont gardé leur sens politique : Debout la République pour Freddy, qui en est devenu le secrétaire départemental ; Gauche Moderne pour Ribeiro, qui est passé secrétaire fédéral (après avoir tenté de s'approprier Europe-Ecologie !) ; les Progressistes pour Karim. Un large éventail qui n'est certainement pas innocent. Et ce n'est pas fini : Freddy et Ribeiro dissimulent à peine leurs ambitions pour les prochaines cantonales !

J'aimerais tellement, oui, qu'on parle d'une autre gauche, qui existe dans cette ville, qui rassemble de nombreux électeurs, qui travaille, qui agit, qui milite, qui est présente dans le milieu associatif, dans le monde de la culture, dans les organisations syndicales, une gauche invisible mais bien réelle, qui ne se reconnaît pas dans ce qui se passe localement mais qui espère. Je ne sais plus qui a dit "l'espoir fait vivre", mais celui-là avait bigrement raison.


Bonne soirée.

Le TGV à St Quentin !


Bonjour à toutes et à tous.


Un débat public a lieu dans toute la Picardie au sujet du projet de liaison ferroviaire Creil-Roissy, qui pourrait acheminer les TGV jusqu'à Saint-Quentin. Le sénateur-maire et son Conseil d'agglomération soutiennent cette idée. Le Conseil régional de Picardie a mis en ligne une pétition à signer (voir vignette). De gauche comme de droite, la mobilisation se met en place afin que l'emporte une décision qui contribuera au développement de la région. Que chacun en parle et la soutienne comme il pourra.

Une réunion publique se tiendra à Saint-Quentin jeudi prochain, à 19h00, à la Chambre de Commerce, boulevard Jean Bouin.


Bonne journée.

07 juin 2010

Yade la démago.

Bonjour à toutes et à tous.


Rama Yade est une ministre populaire. Elle ne fait rien pourtant d'extraordinaire. C'est pourquoi elle est populaire. Elle a compris la clé de la réussite en politique : ne surtout rien faire, attendre que le succès vienne. Agir, c'est mécontenter, s'attirer des adversaires. Autant donc ne pas agir. Il y a un roi fainéant dans tout ambitieux politique. Mais pas question de laisser transparaître cette vérité : il faut quand même de temps en temps faire croire qu'on agit, sans prendre de risques. Comment ? En parlant (c'est moins compromettant qu'agir), en tenant des propos sur lesquels tout le monde tombera d'accord.

C'est ce que Rama Yade vient de faire en critiquant l'hébergement de notre équipe de football. A leur niveau, étant donné l'événement, l'hôtel de luxe est une banalité. Les choses se sont toujours passées ainsi. L'usage n'est pas personnel mais professionnel, l'argent public n'est pas concerné. La "polémique" n'a donc pas lieu d'être. Yade pourtant la déclenche. Pourquoi ? Elle veut plaire, s'attirer l'approbation du plus grand nombre, elle tape donc sur un hôtel de luxe. Qui ira défendre ce genre d'établissement ?

Et puis, Rama Yade a un oeil sur les sondages, qui révèlent que seule une bonne moitié des Français s'intéresse au Mondial. Ça laisse une grosse marge pour se faire apprécier. Et les vacances et résidences luxueuses de son patron le chef de l'Etat, elle en dit quoi ? Depuis que le monde est monde et que la politique est la politique, ce comportement porte un nom, la démagogie, et il est détestable. Mais c'est aujourd'hui la mode : s'en prendre aux signes extérieurs de richesse ou de pouvoir, voiture de fonction, logement de fonction, hôtel des Bleus. Moi socialiste, ce sont les réalités intérieures de la richesse et du pouvoir qui m'intéressent et que je souhaite voir modifiées.


Bonne journée.

06 juin 2010

Quel(le) socialiste en 2 012 ?

Bonsoir à toutes et à tous.


Où en est le PS par rapport à 2 012 ? Nous allons ce mois-ci discuter de la méthode, les primaires. En politique, il faut toujours commencer par là, sinon c'est foutu. Le contre-exemple, c'est de se focaliser d'abord sur les personnes. Montebourg a présenté un premier projet, qui est bon. Les présidentiables se sont rapprochés et se parlent, Aubry, DSK, Royal, et c'est bon aussi. Je l'ai dit il y a quelques billets de ça : l'unité est en marche. Mais pour aller où ?

Je vais peut-être vous surprendre : DSK est le meilleur mais il n'est pas le mieux placé, du moins actuellement. Mais la situation peut bouger. La politique est une guerre de mouvement. L'atout de Strauss, c'est qu'il peut casser les reins à Sarkozy. Mais le Parti est-il prêt à désigner un social-démocrate, directeur du FMI ? Je n'y crois pas trop. D'autant que nos partenaires, Verts, communistes, Parti de Gauche, ne sont pas très chauds. La sortie de DSK sur la retraite à 60 ans "qui n'est pas un dogme" n'a rien arrangé : la pertinence et la sincérité ne sont pas toujours gagnantes en politique. En revanche, tactique, opportunisme et hypocrisie sont très prisés. Il faut savoir faire semblant, comme dans la vie. DSK n'est pas ainsi.

Ségolène n'est pas perdue, contrairement à ce qu'on dit. Je ne la soutiens pas, mais ce n'est pas une raison pour ignorer qu'elle sait parler aux Français, qu'elle leur dit des choses qui ne me touchent pas personnellement mais qui ont un sens et une valeur pour une partie de notre électorat. Elle peut encore s'imposer, elle n'a pas épuisé toutes ses ressources. A sa façon, qui n'est pas tout à fait la mienne, elle renouvelle la gauche. C'est à prendre en compte, c'est une carte dans notre jeu. La carte maîtresse ? Ce sont les circonstances qui en décideront. En 2 007, Ségo a eu le tort de critiquer le Parti, qui du coup ne l'a pas soutenue. Aujourd'hui, elle s'en rapproche, accepte de composer, c'est bien. Notre candidate en 2 012 ? L'hypothèse n'est pas à exclure. L'art politique consiste à changer tout en restant soi-même : corriger ses défauts, développer ses qualités.

Et Fabius ? Personne n'en parle, à tort. Il est pourtant loin d'être hors-jeu. Dray a judicieusement remarqué ce dimanche qu'il était "l'homme fort" auprès d'Aubry (DSK est l'homme lointain, influent mais lointain). Je n'adhère évidemment pas au fabiusisme, ce mélange de plasticité et de radicalité, mais comment ne pas admettre que Laurent est du bois dont on fait les chefs d'Etat ? Il a l'expérience, la compétence, l'intelligence, la maîtrise de soi, il garde toutes ses chances, il peut surprendre. Si les autres hypothèses s'annulent, s'opposent, se contredisent, la carte Fabius peut s'imposer. Je la mettrais certes en dernier, mais je ne l'exclus pas.

Je termine avec Martine. Vous m'avez compris : elle a le vent en poupe, c'est elle, selon moi, la favorite. Son mérite, son astuce : elle pense en social-démocrate, elle parle en socialiste traditionnel, c'est parfait pour mon Parti. Notre projet économique qui satisfait toutes les sensibilités, c'est du Aubry tout craché : l'aile gauche est contente parce qu'elle y trouve les mots qui lui font plaisir, les sociaux-démocrates sont contents parce que ce n'est pas la révolution. Malin. Et puis, Martine a gagné les régionales. En politique, on aime bien les gagnants, c'est logique. Pour le moment, c'est elle qui a la main. Je pourrais m'en satisfaire, je ne suis pas un strauss-kahnien idolâtre. Mais j'ai un problème : Aubry battant Sarkozy, je n'y crois guère. Mais si c'est elle notre candidate, je la soutiendrais avec enthousiasme.


Bonne soirée.

Un à huit.

Bonjour à toutes et à tous.


Il y a quelques jours, le palais de Fervaques était plein à craquer. Des salles comme on en rêve ! Et toujours la même question qui m'obsède depuis des années : à Saint-Quentin, pourquoi certains arrivent à mobiliser et d'autres pas ? C'est évidemment une question politique, je dirais même LA question politique. Un résultat électoral, comme son nom l'indique, n'est qu'un résultat, le produit d'un travail de l'opinion, une conséquence dont les causes sont profondes et anciennes. La mobilisation précède l'élection. Un vote n'est qu'un constat, un état des lieux. La victoire ou la défaite se décident en amont, bien avant.

Dans notre ville, la rupture de la gauche locale avec son électorat naturel date de 1995. A partir de là, la droite obtient des scores massifs, le rapport de forces devient anormal en défaveur de la gauche, en comparaison avec son passé et la sociologie des habitants. L'image d'une ville qui bascule facilement de la gauche vers la droite, et inversement, est brisée, la droite s'installe durablement, la gauche paraît dans l'impossibilité de l'emporter, aux yeux de l'opinion (pas besoin d'un sondage, une discussion au hasard confirmera cette impression). Depuis quinze ans, nous ne sommes pas sortis de cette séquence, dont on ne voit pas quel événement pourrait l'interrompre.

Le fond de l'affaire, ce n'est pas les partis de gauche, aux activités réduites et essentiellement internes, visibles principalement au moment des élections, à l'exception des tâches militantes les plus classiques (collage, tractage). Non, le problème c'est l'état de l'opinion. Xavier Bertrand n'est pas arrivé là où il est en restant dans son local de l'UMP et en organisant ses partisans. Il s'est immergé dans la vie associative de la ville, s'est fait une image dépassant très largement les frontières militantes, celle du type qui bosse pour sa ville, donne des coups de main aux autres et ne met pas en avant son appartenance politique (que cela soit vrai ou faux est autre chose, mais l'image, elle, est bien réelle).

Je reviens à cette réunion qui a rassemblé plus de 400 personnes à Fervaques. Il se trouve que quelques semaines avant, j'avais organisé une réunion assez comparable : même thème (l'euthanasie), même notoriété de l'invité (Leonetti pour eux, Romero pour moi), même effort de communication dans la presse, même envoi massif d'invitations, mêmes partenaires nationalement reconnus et influents (JALMAV pour les uns, l'ADMD pour les autres), même période. J'insiste sur cette proximité, parce qu'elle est généralement difficile à établir, tellement les paramètres sont différents. Là, ils étaient relativement proches.

Résultat des courses : un rapport de un à huit entre ma réunion et la leur, en matière de participation. L'écart est trop grand pour ne pas être anormal, comme en ce qui concerne les élections locales. Aucune de ces deux réunions n'était strictement politique. Pourtant, chacune drainait des valeurs qu'on peut qualifier, objectivement et sans jugement péjoratif, de conservatrices (contre l'euthanasie) ou bien de progressistes (pour l'euthanasie).

Je suis persuadé que la bataille politique est précédée et engendrée par la bataille des idées, sur le terrain de la culture (au sens large). A Saint-Quentin, la gauche, depuis une quinzaine d'années, ne crée plus l'événement, n'est plus en capacité, sur ses propres valeurs, de mobiliser plusieurs centaines de personnes (je mets de côté les mouvements sociaux, les manifestations syndicales, qui n'assurent plus aujourd'hui d'un vote systématiquement à gauche).

Ce qui signifie que la solution n'est pas à chercher dans les sections des partis politiques, qui resteront pour longtemps des micro-appareils au faible pouvoir d'attraction et de recrutement, mais dans les réseaux de ce qu'on appelle la société civile. La droite saint-quentinoise a les siens, aux multiples ramifications, fortement structurés, efficaces, chassant parfois sur des terrains ou des thématiques réservés habituellement à la gauche. De ce point de vue, un travail gigantesque nous attend, qui sera long et dont il faut commencer par avoir conscience (c'est sans doute le plus difficile, tellement il est plus simple de se consoler, s'auto-justifier et s'aveugler en croyant béatement que demain sera meilleur qu'aujourd'hui).

Tant que le rapport sera, tout chose égale par ailleurs, de un à huit dans ce type de mobilisation, nous ne gagnerons jamais les élections, même pas par hasard, par malentendu ou par surprise.


Bon dimanche.

05 juin 2010

La règle de la démission.

Bonsoir à toutes et à tous.


Je ne suis pas du genre à demander la démission de qui que ce soit au moindre désaccord ou problème. Quand il s'agit d'un élu, la durée de son mandat doit être respectée. Et puis, personne n'est parfait ; il suffit de se corriger pour ne pas avoir à démissionner. Sauf quand les principes sont en cause. Dans l'affaire Hortefeux, c'est le cas.

Un ministre doit être exemplaire. Non pas politiquement, car c'est impossible. Mais juridiquement, car c'est indispensable. Les citoyens attendent avec raison de la rectitude de la part de ceux qui nous gouvernent. Attention, je ne fais pas de morale, qui a hélas peu sa place en politique. Je me situe plutôt au niveau du droit, de la règle et de la loi.

Un ministre de l'Intérieur est chargé de faire respecter l'ordre, dont la Justice est l'un des principaux moyens. Se voir condamné pour injure raciale, c'est contrevenir à l'ordre qu'on est par ailleurs chargé de défendre, c'est entrer en contradiction avec sa mission. Dans une autre démocratie que la France, un ministre démissionnerait pour moins que ça.

Jospin avait imposé à son gouvernement une règle très claire : un ministre qui doit s'expliquer devant la Justice doit laisser son portefeuille le temps de l'instruction. DSK en a fait les frais, puis a été blanchi. Hortefeux a fait appel : qu'il démissionne jusqu'au verdict final. Ministre n'est pas un métier comme un autre : on n'y a pas droit à certaines erreurs.


Bonne soirée.

04 juin 2010

L'unité est en marche.

Bonsoir à toutes et à tous.


Cette semaine qui s'achève aura été faste pour le Parti socialiste et sa difficile unité. L'élan est venu de celle qu'on n'attendait pas, Ségolène Royal, qui s'était construite une identité sur la critique du PS, d'ailleurs pas toujours infondée. On pouvait penser qu'elle continuerait à jouer ce rôle de franc-tireur, qui lui a valu une bonne part de sa popularité. C'est tout le contraire ! Ségo joue collectif, se rapproche d'Aubry et de DSK et tient des propos fondamentaux pour notre avenir à tous :

- "Nous aurons à décider tous les trois ensemble" : non, ce n'est pas chacun de son côté, dans des rapports de forces mortifères que ce fera le choix de notre candidat, mais dans une entente préalable, en jugeant de l'opportunité politique, pour le bien du Parti et non pas des personnes.

- "Nous avons tous les trois un potentiel important et en le complétant, je pense que nous représentons une force" : oui, c'est ainsi que je conçois l'unité des socialistes, dans l'addition et même la multiplication, pas dans la soustraction qui n'aboutit qu'à la division. Il faut faire converger les talents, les expériences, les compétences et les influences.

Benoît Hamon est aussi allé dans ce sens : "Le but des primaires n'est pas juste d'organiser une compétition féroce (...), c'est de choisir le ou la meilleur(e) d'entre nous". A Valls et Moscovici qui raisonnent en termes purement juridiques et statutaires, il faut opposer la réflexion politique : DSK, Ségolène et Aubry ne sont pas sur des lignes politiques fondamentalement opposées. Pourquoi alors les opposer artificiellement ? Pourquoi ne pas les laisser libres de s'entendre puisqu'ils le souhaitent, libre ensuite aux autres de se présenter s'ils le jugent bon ?

Notre Bureau national a précisé mardi que les primaires auraient lieu probablement après les vacances d'été 2 011. C'est de bon sens : avant, ce serait beaucoup trop tôt, on n'a jamais vu un parti faire ça. A l'heure qu'il est, je vous avoue que je n'ai aucune idée de celui ou celle qui sera investi : DSK est bien placé pour battre Sarkozy, mais Aubry est mieux placée pour être désignée par le Parti. Et Ségolène garde de fortes réserves de popularité. Rien n'est donc joué ou décidé.

Refuser de personnaliser le débat, renoncer aux rapports de forces entre nous, imposer comme préalable la concertation collective, privilégier le politique au statutaire, se donner comme objectif la recherche du meilleur candidat, ça ne vous rappelle rien ? Les plus fidèles lecteurs de ce blog se souviendront que c'est ce que j'ai proposé à Saint-Quentin pour les municipales, qui a été finalement rejeté, avec le résultat qu'on sait. Il est temps que notre direction nationale donne l'exemple : à sa suite, c'est tout le Parti qui prendra modèle. Pour Saint-Quentin, il faudra attendre la prochaine fois.


Bonne soirée.

03 juin 2010

Vrai ou faux ?




02 juin 2010

Réunions sur les retraites.



Bonjour à toutes et à tous.


Le Parti socialiste passe à l'offensive sur les retraites. Après l'adoption de son projet, c'est le temps du "service après vote", comme dirait Xavier Bertrand, c'est-à-dire sa diffusion auprès des Français, sous forme de réunions publiques. Dans l'Aisne, tout commencera le 9 juin, à CHATEAU-THIERRY, avec la venue du porte-parole national du Parti (voir vignette).

Château, c'est important pour nous : mon camarade Sylvain Logerot s'est fait récemment élire secrétaire de section et pas mal de boulot l'attend. Après les départs de Krabal et de Jourdain, tout est à refaire dans le sud du département. Si vous n'aviez qu'une seule rencontre à choisir, ce serait celle-là, pour soutenir Sylvain, parce qu'il y aura Hamon. Mais vous pouvez bien sûr participer aux autres, dont je vous donne le calendrier :

17 juin, FESTIEUX, 20h00, salle des fêtes, avec René Dosière.
18 juin, ST QUENTIN, 20h00, café des Champs Elysées, 68 rue de Baudreuil, avec Jean-Pierre Balligand.
22 juin, SOISSONS, 20h00, salle de la Mutualité, avec Aurélie Filipetti.
30 juin, VERVINS, 20h00, salle polyvalente, avec Jean-Pierre Balligand.

Politiquement, je remarque que le Parti fait appel à ses parlementaires et responsables nationaux, ce dont je me réjouis, et que René Dosière est intégré à cette campagne, ce qui est aussi une bonne nouvelle. Depuis quelques semaines, un vent d'unité souffle sur le PS (je reviendrai ce soir ou demain sur les récents propos de Ségolène, qui sont aussi d'excellent augure). Puisse cette dynamique durer le plus longtemps possible et se répandre à tous les échelons de notre Parti !


Bonne journée.

01 juin 2010

Toujours les mêmes.


Dix minutes.

Bonjour à toutes et à tous.


Ça ne m'était jamais arrivé en douze ans. Certes, j'ai déjà manqué des séances du conseil municipal, parce que j'avais autre chose à faire au même moment. Mais lâcher au bout de dix minutes, non ça jamais. J'ai tout simplement éteint l'ordinateur devant lequel je suivais les débats (si on peut appeler ça des débats).

Qu'est-ce qui m'a pris ? Je ne sais pas très bien. D'habitude, je suis jusqu'au bout sans problème. J'ai tout de même deux circonstances atténuantes : j'ai pris en cours de route, après une demi-heure, et j'avais du boulot associatif et scolaire en retard. Mais je me rends bien compte que ce ne sont pas des raisons suffisantes. En même temps, je m'interroge : est-ce pour moi le commencement de la sagesse ou le début de la décadence ?

Je vous en dis quand même un peu plus : j'ai arrêté brutalement parce que j'en avais marre. De quoi ? De voir ces mêmes visages depuis douze ans, ces conseillers municipaux de la majorité qui lisent mécaniquement leur texte en trébuchant parfois sur les mots, ces conseillers municipaux de l'opposition dont les interventions sont attendues et sans effet. Et moi par dessus le marché un peu stupidement devant mon écran ! J'ai eu une sorte de révélation, celle de l'absurdité de la situation. Mais pourquoi maintenant ?

Un coup de fil dans l'après-midi m'y a sans doute préparé. C'était Ian Hamel, l'auteur de "Xavier Bertrand, les coulisses d'une ambition", qui venait aux nouvelles, après un passage à Saint-Quentin il y a quelques jours, où je n'ai pu le rencontrer. Pour lui, aucun doute, Pierre André va laisser la place à Xavier Bertrand, c'est une question de mois (le sénateur-maire, lors de sa récente conférence de presse, a annoncé qu'il ferait le point et prendrait sa décision après les vacances d'été). C'est ça aussi, dont je ne sais si c'est faux ou vrai, qui m'a légèrement abattu.

Xavier Bertrand maire de Saint-Quentin, c'est la pire perspective pour la gauche en général et pour moi en particulier. Pierre André, on peut discuter et faire des choses avec (hors politique bien sûr). Avec Bertrand, ce sera terminé. La Municipalité deviendra fortement politisée, une nouvelle génération accédera aux postes de commande, un chapitre inédit de l'histoire locale s'ouvrira, qui fera vite regretter le précédent, même quand on est de gauche, surtout quand on est de gauche.

Les conséquences sur l'opposition seront tout aussi néfastes : ayant adopté une ligne radicale de par ses alliances avec l'extrême gauche, elle ne pourra que se radicaliser encore plus quand elle devra affronter le chef de l'UMP devenu maire de Saint-Quentin. Du coup, la marge de manoeuvre des réformistes et des modérés, dont je suis, se trouvera réduite. Divisés, dispersés et minoritaires, que pourront-ils faire ?

Vous comprenez maintenant mieux pourquoi, hier soir, je ne suis resté que dix minutes à regarder et écouter le conseil municipal. S'il y a un Dieu de la Politique, je prie pour qu'il maintienne l'actuel maire à son poste jusqu'en 2 014. Après, c'est le peuple qui tranchera. Et puis, ne vous inquiétez pas : je vais quand même acheter la presse d'aujourd'hui et de demain pour savoir ce qui s'est passé hier au conseil municipal !


Bonne journée.