L'Aisne avec DSK

30 avril 2011

Pourquoi François.

Bonsoir à toutes et à tous,


Tout strauss-kahnien que je suis, je serais de mauvaise foi à ne pas reconnaître que François Hollande monte dans l'opinion. Et j'ajoute : un socialiste doit toujours se réjouir qu'un autre socialiste étende son influence. En politique, c'est la somme des succès individuels qui contribue au succès collectif. Mais ça n'efface pas non plus ma préférence pour Strauss, que je vois plus apte à battre Nicolas Sarkozy que François. Si on me démontre le contraire, je change illico d'avis ; les personnes m'importent peu, c'est l'efficacité et le résultat qui comptent.

Parti de très bas dans les sondages, au même niveau que Moscovici, Valls ou Montebourg, voilà François Hollande qui fait maintenant bonne figure de présidentiable. Comment un tel "miracle" a-t-il pu se produire ? J'y vois cinq raisons :

1- Les primaires ne sont pas commencées, les "grands" candidats ne se sont pas déclarés, DSK ne peut pas, Aubry ne veut pas. Résultat : il se creuse un vide. Or, la nature comme la politique ont horreur du vide, qui se remplit alors très vite. Ce remplissage a aujourd'hui un nom : François Hollande. Qu'en sera-t-il lorsque les primaires auront démarré et que tous les candidats seront dans la course ? A voir ...

2- François Hollande, dix ans à la tête du Parti, est resté un homme d'appareil, c'est-à-dire un habile, un souple, un tacticien, qui plaît à beaucoup d'élus et aux hommes d'appareil (Strauss est plus lointain, plus théoricien, plus stratège). En 2 005, il a quand même réussi le tour de force de s'attirer les bonnes grâces du NPS et de l'aile gauche en les autorisant à ne pas suivre le vote majoritaire des militants en faveur de la Constitution européenne. Du jamais vu dans l'histoire du Parti socialiste ! Un homme aussi accommodant ne peut que rassurer et séduire.

3- François a un très bon contact avec les journalistes. Il a compris qu'il était aussi important d'avoir avec soi la presse que l'appareil. C'est une forme d'exploit : mes camarades n'ont pas toujours une bonne image du monde de la communication et des médias, où ils se promènent parfois comme des éléphants dans un magasin de porcelaine. Hollande, non : ce serait plutôt le genre gazelle. Résultat : une bonne partie des éditorialistes le soutiennent.

4- Face à un président atypique, pressé, souvent extravagant, d'un certain point de vue exceptionnel mais stressant, pour ne pas dire anxiogène, François Hollande incarne une véritable rupture d'image : c'est l'homme normal, ordinaire, sérieux et sympa, modeste, qui attend son heure sans forcer les portes ni bousculer les gens. L'opinion publique, en quête de nouveauté, peut y trouver son compte, après cinq ans de sarkozysme échevelé.

5- Comme DSK, Hollande est social-démocrate, précis et rigoureux dans ses propositions, réaliste dans son programme qu'il n'omet jamais de chiffrer, soucieux de réduire la dette et de relancer l'emploi. Cette ligne modérée est celle qui aujourd'hui rencontre le plus de succès auprès de l'électorat de gauche, qui ne croit plus aux beaux projets qu'on n'applique pas. Ce créneau-là est aussi celui de Strauss-Kahn. Hollande sera peut-être à Strauss ce que Jean-Baptiste était au Christ, toutes choses égales par ailleurs : le Précurseur qui annonce l'Elu. C'est en tout cas ce que je souhaite.


Bonne soirée,
à demain pour fêter le 1er mai.

29 avril 2011

Les dents de Kate et William.

Bonjour à toutes et à tous,


Kate et William se marient, on s'en fout et tout le monde en parle. Moi-même j'y consacre ce billet. Quelle misère, n'est-ce pas ? Que voulez-vous, je suis comme tout le monde, et vous aussi. Il n'y a que les hypocrites qui soutiennent le contraire. Les Français sont des républicains qui rêvent à la monarchie, c'est bien connu. Et puis, Kate et William sont jeunes, riches, beaux, au sourire éclatant d'une dentition impeccable : ils ressemblent trop à l'idéal auquel nous aspirons pour que nous nous en désintéressions.

Tout de même, me direz-vous, les gens de gauche ne marchent pas là-dedans. C'est à voir. Souvenez-vous des dernières cantonales : on a beau être candidat de gauche, on aime à rappeler qu'on a des enfants et des petits enfants. L'instinct héréditaire semble plus fort que tout, même quand on n'est pas reine ou roi mais simple citoyen. Alors que là aussi, on s'en fout : si la procréation était un gage de succès aux élections et d'intelligence politique, ça se saurait depuis longtemps.

Quoique ... Récemment, je discutais avec un militant de gauche qui en est venu à me parler de la supposée grossesse de Carla Bruni (là encore, on ne cause que de ça autour de la machine à café tout en se défendant d'y prêter la moindre attention). "Ça va être bon pour Sarkozy", me dit-il avec assurance. Ah bon ? Et pourquoi donc ? Avoir un enfant de plus, en quoi cela pourrait-il favoriser électoralement le président de la République ? Qu'y a t-il de si méritant, de si exceptionnel dans cet heureux événement pour que le suffrage universel puisse s'en émouvoir, comme les sujets d'un monarque applaudissent à la naissance d'un petit prince ?

Pourtant, même au niveau de notre ville de Saint-Quentin, cette influence d'éléments strictement privés dans les jugements de l'opinion publique peut être constatée. Quand Xavier Bertrand a eu ses jumeaux, j'ai pu entendre des Saint-Quentinois faire sincèrement un lien entre ce bonheur familial exceptionnel et son ascension politique elle aussi exceptionnelle. Comme si tout réussissait à cet homme-là, comme si la vie lui souriait à pleines dents, aussi éclatantes que celles de Kate et William.

Les enfants, c'est l'amour, le bonheur et l'avenir : tout ça est plus fort que n'importe quel programme politique. Bien sûr, c'est entièrement faux, ce ne sont pas les pères de famille ni les mères qui mènent le monde. Mais nous aimerions tellement le croire ! Le jour où Kate sera enceinte jusqu'aux dents, William aura gagné le pompon.


Bonne journée monarchique et souriante.

28 avril 2011

Un os et un cador.

Bonsoir à toutes et à tous,


DSK est à Paris et consulte, Aubry s'interroge, Royal persiste, Hollande remplit des salles, Valls temporise, Montebourg continue d'y croire, Lang se rallie, Dumas déconne et Libération d'aujourd'hui titre sur le début des primaires : bref, ça bouge au PS. Pour aller vers quoi ? Je vais vous dire le fond de ma pensée : Strauss sera candidat et ça va remuer dans le Parti.

Hamon ne se laissera pas faire et présentera sa candidature (comment faire autrement pour l'aile gauche ?). Ségolène ? Elle ne va tout de même pas soutenir François ! Pour le reste, elle est cramée mais toujours influente, et ce qu'elle représente sera toujours bon à prendre : un ralliement à DSK ? On a vu des retournements plus surprenants en politique ...

L'os, c'est Hollande : il n'en démord pas et fait son trou. Pourtant, question social-démocratie, c'est kif-kif bourricot avec DSK. Alors quoi ? Strauss ne cédera pas, il aura Aubry avec lui (elle pliera devant l'évidence des sondages), et quelques autres, Valls, Royal pourquoi pas. Un duel interne Strauss-Kahn/Hollande n'aurait aucun sens politique. Avec Hamon, oui, c'est même une figure obligée : les modernes contre les archéos, on a toujours connu ça au PS. Mais soc-dém contre soc-dém, non ça ne va pas.

François est un malin, et c'est ancien ; à la tête du Parti, il était déjà comme ça. Sa tactique : profiter de l'empêchement temporaire et inévitable de Strauss pour remplir le vide ... et les salles. Bien joué mais un peu moche : les primaires, ce n'est pas pour maintenant, les modalités n'ont même pas été complètement arrêtées. Certes, chacun est libre de faire ce qu'il veut, on est en République. Mais le PS s'est donné des règles : candidatures en juillet et campagne en septembre. Hollande fait l'inverse : campagne dès à présent et candidature le moment venu. Pas bien, inutile. Dire qu'on est candidat, pourquoi pas, même si ça me semble précipité. Mais partir avant le signal de départ, c'est fâcheux.

Je le dis d'autant plus librement que j'aime bien Hollande, qu'il a pris ces derniers temps un virage intéressant. Si DSK n'y va pas (ce que je ne crois pas), je soutiendrai Hollande (Aubry est bien pour tenir le Parti, mais sa fraie avec l'aile gauche n'en fait pas une présidentiable crédible). En attendant, je souhaiterais que Hollande s'efface devant DSK. Il n'y aurait pas de mal ni de déshonneur à ça : ce qui compte en politique, c'est de se retrouver ensemble sur la même ligne. Les questions de personnes sont importantes mais secondaires. Strauss est le meilleur et les idées de Hollande sont les siennes. Alors, pas d'hésitations : tous les réformistes derrière DSK ! Quand on a un cador, on ne va pas chercher un second rôle, même brillant.


Bonne soirée.

27 avril 2011

On fait quoi le 10 mai ?

Bonjour à toutes et à tous,


Comment fêter à Saint-Quentin les 30 ans de la victoire historique de la gauche ? Je réfléchis, je réfléchis, ça me turlupine. Les anniversaires, c'est un peu ma spécialité. Pourtant, je ne fais rien pour le mien et le jour de l'an je me couche tôt. Mais les anniversaires politiques, j'adore et j'organise.

Avec des hauts et des bas dans les résultats. Ma plus belle réussite : les 100 ans de la loi de séparation des églises et de l'Etat, en 2 005, un banquet républicain de 200 personnes dans le palais de Fervaques. L'initiative la plus originale : les 40 ans de mai 68 en 2 008, une manif dans les rues de Guise, suivie par une centaine de personnes, dans une ambiance très festive. Mais j'ai aussi essuyé des bides. Le plus retentissant : les 70 ans du Front populaire en 2 006 ; j'avais organisé un débat avec les partis de gauche, seul le PRG s'est déplacé et il n'y avait que quelques personnes dans la salle !

La commémoration du 10 mai à Saint-Quentin, je ne la sens pas très bien. Pourtant, notre ville a tout un passé de gauche, il serait dommage de ne rien faire. Mais toute manifestation doit trouver son public. Comment mobiliser pour cet événement alors que nous n'avons pas mobilisé pour les élections ? J'ai quelques idées : passer un film (il n'en manque pas) suivi d'un débat, proposer une exposition nationale (elle existe) ou bien locale (à partir des articles de presse de l'époque), faire venir un invité (plusieurs auteurs ont sorti pour l'occasion des livres, je pense en particulier au journaliste de télévision et documentariste Serge Moati).

A défaut, il me reste une dernière idée, toute simple, qui ne prend pas beaucoup de temps, ne demande pas énormément d'efforts et n'est guère coûteuse : déposer le 10 mai prochain une gerbe à l'entrée de la rue François Mitterrand, dans le quartier Saint-Martin, du côté de la Tombelle. Mais c'est une toute petite rue, qui ressemble à une impasse. En termes de communication, on fait quand même mieux. Et je ne voudrais pas être la prochaine victime du "Petit Carillonneur".

Bref, je réfléchis, je réfléchis, et si vous avez des idées, bienvenue au club !


Bonne journée de réflexion.

26 avril 2011

Classes au lieu de races.

Bonjour à toutes et à tous,


Il faut absolument que la gauche sorte la classe ouvrière de l'emprise du Front national. Rien ne me semble plus urgent. En faisant comment ? Sans surenchère (l'extrême gauche n'attire pas plus les milieux populaires) mais en redevenant nous-mêmes. De trois façons :

1- D'abord, il faut que nous cessions d'être des robinets d'eau tiède au langage châtié, technocratique, diplomatique. Sachons utiliser les mots de la passion, les formules de l'enthousiasme : la politique s'adresse autant au coeur qu'à la raison, j'ai l'impression que nous l'avons oublié. Le FN n'a pas de programme sérieux (à la différence du PS) mais il a des formules-chocs, des expressions qui font tilt, des métaphores odieuses mais parlantes.

A force de nous soumettre à la communication, nous avons écarté l'émotion. Je ne demande pas que nous soyons lyriques comme Mélenchon ou hargneux comme Le Pen : cultivons avec des termes qui touchent, un langage simple et vif, notre différence. Nous avons plein d'idées justes mais nous ne savons plus parler au peuple. Réapprenons. Jaurès, Blum, Mitterrand savaient faire.

2- Ensuite, n'ayons pas peur d'appeler un chat un chat, écartons le vocabulaire politiquement correct, d'inspiration droitière (reprendre les mots de l'adversaire, c'est intégrer la défaite). Cessons de parler des "assistés" mais utilisons le mot précis : les pauvres. Arrêtons d'évoquer les "classes moyennes", cette invention des sociologues libéraux dans les années 70, qui ne veut strictement rien dire à force de vouloir tout dire (deux Français sur trois, selon Giscard !): en vérité, c'est de la petite bourgeoisie dont il est question, à distinguer de la grande et bien sûr des classes populaires. La bande à Le Pen, qualifions-la pour ce qu'elle est et non pas pour ce qu'elle fait croire : des fascistes.

3- Enfin, réhabilitons d'urgence la lutte des classes, qui est nécessaire à notre vie démocratique. Une société n'est pas un ensemble harmonieux, homogène, unanime, ce sont des groupes dont les intérêts et les opinions diffèrent et parfois s'affrontent. La démocratie traite pacifiquement de ces conflits et permet leur représentation. En matière politique, c'est le combat électoral entre les partis ; en matière sociale, c'est la lutte des classes à l'aide des droits institutionnels (syndicalisation, grève, manifestation).

N'étant pas communiste ni d'extrême gauche, je ne crois pas que la lutte des classes débouchera sur la révolution, encore moins que nous aboutirons un jour à une société sans classe, comme le croyait Marx. Mais la lutte des classes me semble nécessaire à la vitalité démocratique d'une société, en vue de son progrès social. A défaut, nous avons ce que nous voyons aujourd'hui : la lutte des races s'est substituée à la lutte des classes, la haine à l'émancipation, l'extrême droite à la gauche. A quelques jours du Premier Mai, souvenons-nous en et faisons en sorte que ça change.


Bonne journée.

25 avril 2011

Gavroche contre Jeanne d'Arc.



Bonsoir à toutes et à tous,


J'expliquais dans un billet d'hier combien il était important pour les citoyens en général et pour la gauche en particulier d'être présents aux cérémonies patriotiques, notamment la Journée nationale de la déportation. Dimanche prochain, c'est à un tout autre rituel qu'il nous faudra participer, tout aussi important : la fête du travail, la manifestation du premier mai, le rassemblement syndical. A Saint-Quentin, je vois cette année quatre raisons particulières de descendre dans la rue :

1- D'abord, le contexte national : au moment où Nicolas Sarkozy propose une prime aux salariés sur les dividendes des entreprises, c'est évidemment la question du partage des richesses qui est posée, un thème cher à la gauche, que la droite traite maladroitement (à l'attribution d'une prime, je préfère une augmentation des salaires) mais qu'elle se sent obligée d'aborder. Quand le débat politique glisse sur le terrain de la gauche, c'est bon signe. A nous de relever le défi et d'avancer nos propres propositions.

2- Ensuite, face à la progression du FN dans les milieux ouvriers, c'est à la gauche de faire la démonstration que c'est elle, et elle seule, sûrement pas l'extrême droite, qui défend dans la rue les revendications populaires, qui se retrouve dans les manifs au côté des salariés. Car le premier mai, le Front national défile pour Jeanne d'Arc, pas pour Gavroche.

3- Localement, il nous faudra afficher notre solidarité avec la CGT, devant la Bourse du Travail, qu'elle doit quitter. Symboliquement, le Parti socialiste ne peut pas être absent. Et nous savons combien les symboles sont importants en politique, surtout en un tel jour. Ce premier mai à Saint-Quentin, de ce point de vue, ne sera pas comme les autres.

4- Le Parti socialiste et les forces de gauche ont été défaits lors des dernières élections cantonales, nos candidats éliminés au premier tour. Ce terrible échec ne doit pas nous conduire au repli, à l'abdication, au renoncement. Psychologiquement, il y aurait pourtant de quoi ... Mais nous ne faisons pas de la psychologie, nous faisons de la politique : le premier mai, l'occasion nous sera donnée de montrer que la gauche battue n'est pas morte, qu'elle est présente et vivante, énergique et pleine d'espoir, au côté des organisations syndicales.

Comme chaque année, les socialistes saint-quentinois rendront hommage à leurs camarades disparus, figures de la gauche locale : le syndicaliste Jean-Baptiste Lengrand, les anciens maires de la ville Romain Tricoteaux et Henri Arnould, son fils Pierre. La tradition, c'est ça aussi : le passé qui éclaire l'avenir. Retenez votre matinée de dimanche prochain.


Bonne soirée.

Les 10 et 16 mai.



Bonjour à toutes et à tous,


Des camarades du national qui viennent dans notre fédé, ça fait du bien, ça remet les choses au clair, un peu comme quand on revient de l'université d'été de La Rochelle. Il y a normalement un effet mobilisateur. Et puis, c'est toujours un honneur de recevoir une personnalité. Bien sûr, ça ne déplace pas une voix en période électorale (on l'a vu avec Odette à Saint-Quentin, qui faisait venir ministre sur ministre, pour un résultat quasi nul aux municipales). Mais en interne, c'est indispensable. Sinon, c'est l'isolement des sections et des fédérations, le dessèchement politique et intellectuel.

Tout ça pour vous dire que deux leaders socialistes seront dans l'Aisne en mai : le mardi 10 mai (date de circonstance !), à l'invitation de René Dosière, Jean-Jacques Urvoas, député du Finistère, secrétaire national du Parti socialiste, chargé de la sécurité, viendra débattre du thème "la gauche et la sécurité : un enjeu pour 2 012". Ce sera à 18h30, dans la salle des fêtes de Festieux. Urvoas, c'est celui qui pourrait devenir ministre de l'Intérieur en cas de victoire de la gauche l'an prochain ...

Le lundi 16 mai, c'est Marisol Touraine qui viendra nous rendre visite à Soissons, à 19h00, dans la salle du mail. Elle est députée et présidente du conseil général d'Indre-et-Loire, secrétaire nationale chargée de la solidarité et de la protection sociale. C'est dans le cadre de la campagne de popularisation de notre projet 2 012 que cette réunion est programmée (voir vignette).

Ces deux rencontres ne sont pas réservées aux militants socialistes mais ouvertes à tout public intéressé. En pleine célébration du 10 mai 1981, il est heureux que nous ne soyons pas dans la nostalgie mais tournés vers le proche avenir et dépositaire d'un nouveau projet. Et pour ajouter à mon petit plaisir personnel, je me dois de vous préciser que Jean-Jacques et Marisol sont d'anciens rocardiens, aujourd'hui strauss-kahniens, tendance Camba pour lui, tendance Mosco pour elle. Le bonheur quoi ...


Bonne et heureuse journée.

24 avril 2011

Pourquoi je ne suis pas content.

Bonsoir à toutes et à tous,


Je pourrais être assez content : DSK est donné gagnant à la présidentielle dans tous les sondages, Nicolas Sarkozy est au plus bas en matière de popularité, mon parti vient de se rassembler autour d'un projet dont tout le monde salue la crédibilité ... De quoi rendre heureux le socialiste que je suis ! Et pourtant, je suis inquiet, préoccupé, angoissé même : à cause de la montée fulgurante de l'extrême droite dans l'électorat populaire, confirmée aujourd'hui par un sondage dans Le Journal du Dimanche.

36% des ouvriers voteraient Le Pen, 17% DSK et 15% Sarkozy. Effrayant ! Pour mémoire, en 2 007, 16% des ouvriers avaient voté Le Pen, 25% Royal et 26% Sarkozy. Je ne suis pas trop surpris : après les élections cantonales, j'avais parlé d'une "gauche FN", expression terrible mais terriblement vraie. L'électorat ouvrier, c'est notre coeur de cible, comme disent les publicitaires : si celui-ci n'est pas de notre côté, à gauche, c'est notre identité qui vole en éclat. La droite n'a pas ce genre de problème, son ancrage sociologique reste le même, très solide.

Je suis sensible à cette question parce que ma ville de Saint-Quentin illustre à la perfection (si j'ose dire) cette crise de la sociologie de gauche (qui ne peut qu'avoir des répercussions politiques) : frappé fortement par le chômage, constitué de classes populaires peu formées, mal payées, marqué par une tradition communiste pas si ancienne, l'électorat de gauche se mobilise difficilement et ne vote pas pour les candidats socialistes. Aux trois dernières élections locales, cantonales, municipales et législatives, le Parti socialiste a été battu dès le premier tour par l'UMP ou par le FN. La situation du camp progressiste est catastrophique, désespérée et désespérante, aggravée parfois par l'auto-aveuglement faussement consolateur de ses protagonistes.

De ce point de vue, Saint-Quentin est un "laboratoire", non pas celui dont parlait le journal Libération en 2 008, désignant ainsi les alliances PS-extrême gauche, mais plutôt celui du devenir sociologique de la gauche : la ville est la pure expression du divorce entre le PS et les classes populaires, dans un miroir certes grossissant, mais traduisant bien une tendance nationale qu'on retrouve un peu partout ailleurs.

Que faire pour en sortir ? Nous avons un bon programme, qui parle à nos militants mais pas nécessairement à notre électorat populaire. Il faudra mettre en musique ce programme, le médiatiser, le populariser en retenant des thèmes mobilisateurs. Nous savons parler aux classes moyennes parce que la plupart d'entre nous en sont issus, parlent le même langage, en partagent les intérêts. Mais les classes populaires, c'est autre chose ! (je sais, j'en viens et je continue dans mes activités d'éducation populaire à les côtoyer).

Il va falloir que nous reprenions le chemin des sorties d'usines, des centres sociaux et des festivités populaires. Je le dis comme je le pense : le Parti socialiste crèvera de demeurer petit-bourgeois. C'est bien sûr mieux que se convertir à la grande bourgeoisie, qui n'attend rien de nous pour défendre ses intérêts. Mais ça ne fait pas encore du PS un parti populaire, ouvrier, tel qu'il devrait être et tel qu'il était en grande partie par le passé.

Ne croyez pas que ma position soit contradictoire avec mon strauss-kahnisme. Je connais mon histoire : Jaurès, Blum et Mitterrand étaient des bourgeois à la tête d'un parti qui avait un ancrage populaire autrement plus important qu'aujourd'hui, qui se réduit à peau de chagrin. Le problème n'est pas dans l'origine sociale de notre leader ou candidat mais dans la composition sociologique de notre appareil, notamment aux niveaux intermédiaires, parmi les cadres du base du Parti, qui sont en contact avec la population, qui peut donc ou non se reconnaître en eux.

Le problème est aussi dans la présentation et la lisibilité de notre programme : faire simple, direct, efficace, populaire. Sinon c'est l'extrême droite qui continuera à faire des ravages dans nos rangs. Je crains que le pire soit devant nous. Raison de plus pour espérer, faire en sorte qu'il ne se produise pas. Le jour où les ouvriers voteront à nouveau d'abord pour nous, où la gauche saint-quentinoise franchira normalement le stade du premier tour (et pourquoi pas l'emportera au second), je serai content.


Bonne soirée.

Jean Collart, n° 81 537.






Bonjour à toutes et à tous,


Nous n'étions pas très nombreux ce matin, à 10h15, place de l'Hôtel de Ville, à tel point que la fanfare semblait plus importante que les participants, lorsque le cortège s'est mis en marche. Il s'agissait pourtant de la Journée Nationale de la Déportation, dont le sens profond mérite d'être commémoré, c'est-à-dire remis en mémoire. Bien sûr nous sommes en période de vacances (ah les vacances !). Mais est-ce une bonne raison pour être absent ? Quelque chose me dit que nous serons de moins en moins nombreux dans ce genre de cérémonie, les années passant. Et c'est inquiétant.

Devant le Monument de la Résistance et de la Déportation, les grandes valeurs de la République ont été rappelées. Tout cela, les drapeaux, la fanfare, les discours, peut prêter à sourire. En avons-nous encore besoin ? Mais oui ! Une société vit de rites, et celui qui consiste à rappeler que la barbarie n'est pas si ancienne, que certains hommes et femmes ont donné leur vie en luttant contre elle, ce rite-là doit être entretenu. Répétition de leçons bien connues ? Sans doute, mais militer, comme enseigner, c'est répéter. La messe aussi est une répétition, qui n'enlève en rien de sa valeur aux yeux du croyant.

Cette année, la cérémonie était d'autant plus importante qu'elle honorait la mémoire d'un résistant saint-quentinois, disparu en janvier, Jean Collart. Mort, cet homme a encore quelque chose à dire aux vivants que nous sommes : vivre, c'est résister. A moi aujourd'hui, il me parle plus particulièrement. D'abord parce que Jean Collart a été élève dans l'établissement où j'enseigne, le lycée Henri-Martin. C'est dans ces murs qu'il a fait à 17 ans les connaissances qui lui ont permis d'entrer dans la Résistance. 17 ans, vous rendez vous compte !

Arrêté par la Gestapo, il a été interrogé dans la prison de Saint-Quentin, puis transféré dans le camp de concentration de Buchenwald, sous le numéro 81 537. Qu'on n'oublie pas ce monde totalitaire où les hommes n'avaient plus ni nom ni prénom mais se réduisaient à des nombres. De retour, frappé par la tuberculose, Jean Collart a subi l'ablation d'un poumon. Le souvenir de la guerre et de la barbarie s'est inscrit à tout jamais dans sa chair. Il a tout de même vécu, et longtemps. Nous devons maintenant vivre pour lui, pour nous, pour l'avenir, transmettre l'expérience tragique qui a été la sienne.

Une autre raison m'attache à Jean Collart : il a travaillé toute sa vie dans et pour l'école publique. Son père était directeur de l'école Lyon-Jumentier pendant la guerre, il y enseigna à son tour plus tard, ainsi qu'à Camille Desmoulins. Après une carrière d'instituteur, il devint professeur des collèges, en lettres et histoire, à Michelis, aujourd'hui collège Montaigne.

Dans son beau discours dans la salle des mariages de l'Hôtel de Ville, Monique Ryo, première adjointe, a retracé ce parcours. J'ai été particulièrement sensible à sa mise en garde : l'extrémisme et l'intégrisme nous guettent encore, Jean Collart n'a pas lutté en vain, les leçons de l'histoire gardent tout leur sens aujourd'hui. Au côté de l'élu, son fils Jean-Luc n'a prononcé que quelques mots, ému, mais plus éloquent que bien des grandes interventions.

Auparavant, dans le parc des Champs-Elysées, une allée portant désormais le nom de Jean Collart avait été inaugurée, selon la volonté de Pierre André, sénateur et ancien maire. Les promeneurs qui regarderont cette modeste plaque verte auront j'espère cette pensée : il y a eu un temps, pas si lointain, où un jeune de 17 ans pouvait risquer sa vie pour qu'aujourd'hui nous nous promenions calmement, sans inquiétude, libre, dans ce parc et au long de notre existence.

Jean Collart était le dernier déporté-résistant de Saint-Quentin. Après lui, nous ne pouvons plus compter que sur la mémoire et ce genre de cérémonie. Même s'il fait beau, même si nous sommes en vacances, même si nous avons mille choses très importantes à faire, il faut que nous soyons toujours là, présents, les prochaines années, comme ces personnes âgées que j'ai vues ce matin, peinant à marcher, se tenant parfois par le bras, souffrant, mais présentes. Car c'est à l'oubli et à une certaine négligence qu'il faut désormais résister.


Bon dimanche de Pâques.


Vignette 1 : les porte-drapeaux devant l'allée Jean-Collart.
Vignette 2 : les gerbes de fleurs déposées par la municipalité et les associations.
Vignette 3 : la plaque commémorative.
Vignette 4 : la fin de cérémonie.

23 avril 2011

Pourquoi je n'y crois pas.



Bonsoir à toutes et à tous,


Dans le numéro de "Marianne" paru aujourd'hui, Xavier Bertrand commet un article (voir vignette) dans lequel il avance cinq arguments qui le conduisent à croire en la victoire de Nicolas Sarkozy en 2 012. Je pense exactement le contraire, en reprenant chaque argument et en montrant qu'ils sont fragiles :

1- Parce que les résultats de notre politique vont se faire davantage ressentir.

Non, Nicolas Sarkozy est au pouvoir depuis quatre ans, ce n'est pas rien. Si les résultats de sa politique ne se sont pas faits davantage sentir jusqu'à maintenant, il ne faut pas fondamentalement s'attendre à mieux dans les douze mois qui lui restent. En matière de pouvoir d'achat ou d'insécurité, les Français s'attendaient à mieux, mais ce mieux n'est plus à espérer maintenant. Il est d'ailleurs curieux qu'en formulant cet argument, Xavier Bertrand fasse implicitement un aveu d'échec ou de faiblesse.

2- Parce que les Français vont découvrir la réalité et les dangers du projet socialiste.

Les dangers ? Allons allons, un peu de sérieux et de modération. On peut ne pas être socialiste, désapprouver le projet de mon parti, mais de là à prétendre qu'il est "dangereux", c'est un excès qui se retourne contre son auteur et ne rend pas crédible son analyse. Pour ma part, je n'ai jamais affirmé que le programme de l'UMP représentait un "danger", même si je le critique fortement. La remarque de Xavier Bertrand est d'autant moins pertinente que tous les observateurs ont souligné la modération du programme socialiste, de tonalité très réformiste (ce qui n'a pas toujours été le cas dans les programmes socialistes par le passé).

3- Parce que la gauche va révéler ses fractures.

Xavier Bertrand peut toujours rêver, mais ce ne sont pas les divisions de l'adversaire qui permettent à un camp de gagner, c'est le projet qu'il défend. Surtout, le système des primaires permettra de départager à gauche les candidats. Celui ou celle qui l'emportera aura alors la légitimité suffisante pour s'imposer et mobiliser toute la gauche. Nous avons certes connu par le passé des divisions, mais l'histoire se répète rarement en politique, les hommes savent tirer des leçons de l'expérience.

4- Parce qu'à un an de l'élection présidentielle aucun pronostic ne s'est jamais réalisé.

C'est un argument inutile, qui signifie seulement qu'aucune anticipation du résultat n'est possible, ce qui est l'évidence même. Il ne faut donc pas en déduire que la victoire de Sarkozy est acquise, ni celle d'aucun autre candidat déclaré ou potentiel. Or, ce n'est pas ce que fait Xavier Bertrand : il affirme d'abord que le pronostic est impossible (je suis d'accord avec lui) puis il fait pire qu'un pronostic, une véritable prédiction : Sarkozy va gagner ! (je ne suis plus d'accord car son raisonnement est contradictoire). J'ajouterais quand même qu'on n'a jamais vu un président sortant (situation à distinguer d'un simple candidat) aussi impopulaire à un an d'un scrutin et gagner malgré tout.

5- Parce que l'unité sera au rendez-vous.

C'est un voeu pieux, que la réalité actuelle dément complètement. Borloo vient de quitter l'UMP, sa candidature à la présidentielle va affaiblir évidemment la droite, la privant de l'électorat centriste, déjà capté par Bayrou. Villepin de son côté se prépare et semble déterminé. Fillon pourrait avoir quelques velléités et l'extrême droite va récupérer une partie des voix qui s'était auparavant portée sur Sarkozy. Affirmer dans ces conditions que "l'unité sera au rendez-vous", ce n'est même plus de la croyance, c'est carrément de la superstition !

A vrai dire, personne ne sait qui sera le prochain président de la République, et c'est très bien comme ça, c'est la démocratie. Mais chacun espère et désire : pour Xavier Bertrand ce sera Sarkozy, moi ce sera DSK. Les citoyens trancheront. Attendons, un an ce n'est pas bien long.


Bonne soirée démocratique.

22 avril 2011

Trop, c'est pas assez ?

Bonjour à toutes et à tous,


Dans mon dernier billet, j'ai montré que l'UMP avait quelques difficultés en maths. Mais son délégué de circonscription, Gontran Lefebvre, n'est pas le seul. Toujours dans la presse d'hier, mais cette fois dans le Courrier Picard, c'est David Guernut, conseiller municipal UMP à Bohain, qui a du mal avec la logique élémentaire. Nous ne sommes plus ici dans un problème de pourcentages mais de grandeurs, avec un théorème qui n'appartient toujours pas à Thalès ou à Pythagore, encore moins à Daudigny, mais à Guernut, ainsi formulé : "Trop de social tue le social". Ah bon ?

Suivons cette nouvelle forme de mathématiques, que nous pourrions systématiser de cette façon : quand c'est trop, c'est pas assez. Ce qui vaut bien la soustraction de pourcentages effectuée hier par Gontran Lefebvre. Sauf que David n'est pas l'inventeur du théorème, bien connu : trop de machin (mettez n'importe quoi à la place de cette inconnue) tue le machin (idem). Et cette gymnastique logico-intellectuelle donne quoi ?

Vous connaissez le syllogisme : tout homme est mortel, Socrate est un homme, donc Socrate est mortel. Joli, non ? Oui, joliment faux : ce qui est rare est cher, un trèfle à quatre feuilles est rare, donc un trèfle à quatre feuilles est cher. Vous m'avez compris : il faut se méfier des raisonnements tout faits qui ne sont plus à faire. Il n'est pas vrai que trop de machin tue le machin.

Par exemple (car la logique, les mathématiques, les abstractions ont besoin d'exemples concrets pour être validées ou infirmées), est-ce que trop d'amour tue l'amour ? Bien sûr que non : quand on aime, on ne compte pas son amour, on n'en fait jamais trop. Est-ce que trop de haine tue la haine ? Sûrement pas non plus ! Au contraire, la haine s'excite dans la surenchère (relisez "Le comte de Monte-Cristo" et le développement du sentiment de vengeance au fil du temps).

J'en reviens à David Guernut, que j'aime bien et qui ne hait j'en suis sûr personne : son théorème étant faux, son application à la subvention accordée par la mairie de Bohain à la Banque alimentaire de l'Aisne est faux aussi. On peut être pour ou contre le social, mais on ne peut pas prétendre que "trop de social tue le social". Et la démonstration concrète renforce le raisonnement logique : 1 000 euros de subvention pour 62 tonnes de denrées alimentaires distribuées en 2 010 dans le canton, plus de 350 personnes bénéficiaires sur Bohain, on ne peut pas dire que la somme soit excessive ou inutile.

Je précise, pour être totalement honnête, que David ne demande pas la suppression de la subvention mais qu'il l'estime "trop importante" et qu'il préférerait "qu'on aide plus les commerçants". Entre le trop, le plus et le moins, les mathématiques n'y trouvent pas vraiment leur compte : c'est en terme de décision politique qu'il faut raisonner.


Bonne journée.

21 avril 2011

+61% - 42% = 0 ?



Bonjour à toutes et à tous,


Je ne suis pas très fort en maths, mais j'ai quelques connaissances de base, un peu de réflexion et beaucoup de vrai bon sens. En lisant la presse locale d'aujourd'hui, je me demande si l'UMP n'a pas inventé une forme de mathématiques nouvelles, connues de ses seuls militants. Dans L'Aisne Nouvelle, Gontran Lefebvre, délégué de la circonscription de Saint-Quentin, s'en prend vivement, et de façon surréaliste, au Conseil général de l'Aisne (majorité de gauche). Sa tribune est en vignette, pour que vous compariez son point de vue et ma réaction.

D'abord, il confesse sa surprise : les Axonais ont voté à gauche lors des élections cantonales alors qu'ils auraient dû selon lui voter bien sûr à droite ! Comment expliquer le comportement irrationnel de ces ingrats ? Pas d'explication, seulement la surprise (qui est avouée deux fois par Gontran Lefebvre).

Un militant politique ne devrait jamais en rester au stade de l'étonnement, mais plutôt se dire que si les Axonais ont délaissé l'UMP pour reconduire la majorité de gauche, c'est bien qu'il doit y avoir des raisons, et de solides raisons. A moins de considérer que les citoyens sont aveugles et frivoles, un a priori qu'aucun républicain ne peut décemment soutenir.

Pourtant, Gontran Lefebvre y va fort : "le budget explose", "les déficits se creusent", le bilan est "catastrophique", il y a des "erreurs graves de gestion", le département est dirigé par des "irresponsables". Évidemment, on se demande pourquoi les Axonais n'ont pas vu tout ça. Ça me rappelle les élections régionales de l'an dernier : la droite affirmait que la région Picardie était au bord de la faillite. Sauf que ce bord-là, on ne l'a pas vu non plus. Prophète de malheur, c'est un style, c'est un jeu, ce n'est pas sérieux.

J'en viens maintenant à l'aspect mathématique de la démonstration de Gontran Lefebvre, qui croit avoir déniché un paralogisme chez Yves Daudigny, président du Conseil général. Vous savez que celui-ci a augmenté la taxe foncière de 61% et baissé la taxe d'habitation de 42%, de façon à maintenir ses investissements et subventions, tout en ne pénalisant pas les contribuables, la hausse étant compensée par la baisse, sauf bien sûr pour la petite minorité qui n'est assujettie qu'au foncier. Gontran Lefebvre croit avoir trouvé la faille : après Thalès, après Pythagore, il y aurait Daudigny et son théorème, mais faux celui-ci, car ainsi formulé : + 61% - 42% = 0 !!!

Mais c'est le raisonnement du délégué UMP qui est un paralogisme : aucun mathématicien sérieux ne soustrait, n'additionne, ne multiplie ou ne divise des pourcentages. Ce sont seulement les nombres qui se plient à de telles opérations. Gontran Lefebvre croit épater son monde avec une formule de faux bon gros sens qui ne tient pas une seule seconde, qui n'est ni significative ni pertinente.

Je le mets au défi, dans la prochaine tribune UMP de L'Aisne Nouvelle, de publier une feuille d'impôts locaux sur laquelle la hausse de la taxe foncière et la baisse de la taxe d'habitation se font aux dépens du contribuable (à quelques euros près). Je suis tranquille : il ne le fera pas parce qu'il ne le pourra pas. C'est sans doute pourquoi la campagne de l'UMP contre la politique fiscale du département n'a pas produit l'effet escompté. Si Gontran Lefebvre l'avait compris, il n'aurait pas été surpris.


Bonne soirée mathématique.

20 avril 2011

Luc Bérille.



Bonsoir à toutes et à tous,


Connaissez-vous Luc Bérille ? Peut-être pas. Pourtant, il est presque aussi important, dans notre vie politique et sociale, que Bernard Thibault, François Chérèque ou Jean-Claude Mailly. Depuis peu il est vrai. Moi-même je ne l'ai su que ce matin, en ouvrant le magazine de mon syndicat, le Syndicat des Enseignants-UNSA, qu'il a dirigé pendant neuf ans.

Et maintenant ? Il est depuis un mois à la tête de l'UNSA, une union inter-<strong>professionnelle, parmi les plus influentes de France, après la CGT, la CFDT et FO. Moins connue sans doute que SUD très médiatique, mais plus représentative, et en progression constante dans les élections professionnelles ces dernières années.

Luc Bérille ! Je l'ai rencontré en 1 998, alors qu'il était secrétaire départemental de la section de Paris du SE-UNSA. A l'époque, j'habitais encore dans la capitale, j'étais à mi-temps "conseiller technique" du syndicat, et une amie instit m'avait demandé une intervention devant notre section parisienne. C'est là où je l'ai vu pour la première fois : une belle moustache de syndicaliste qu'il a heureusement conservée, mais aussi une sorte de timidité apparente qui n'annonçait pas vraiment le leader qu'il est aujourd'hui, l'un des cinq ou six qui comptent au niveau national dans notre paysage syndical. Il faut se méfier des faux timides !

J'ai revu Luc en 1 999, quand il a rejoint le 209 boulevard Saint-Germain, siège du syndicat, avec un bureau à quelques mètres du mien. En ce temps-là, le patron c'était Hervé Baro, devenu depuis conseiller général, que je croise régulièrement dans les congrès et réunions du PS. Luc alors ? Un bosseur et un modeste, pas une grande gueule telle qu'on imagine le syndicaliste, même enseignant. Est-ce la raison pour laquelle, parmi tous ceux qui pouvaient prétendre succéder à Hervé, je pensais à d'autres mais pas à lui ?

Troisième rencontre, saisissante, en 2 001 : je suis à Pau, au congrès du syndicat. Luc Bérille se présente devant l'assemblée, plusieurs centaines de délégués, pour répondre aux questions, multiples et souvent techniques. C'est un impressionnant sans faute de sa part. Il décortique chaque demande, pousse dans le détail les réponses, ne cale sur rien, fait preuve d'une mémoire d'éléphant. C'est son épreuve du feu, dans laquelle il s'implique quasi physiquement. Je suis admiratif. Le petit secrétaire départemental a pris une envergure nationale, tout en restant le même : travailleur, modeste, efficace.

A l'issue du congrès, il remplacera Hervé Baro, tout naturellement. Je ne l'imagine pas ambitieux, intriguant (d'autres le sont, à ce niveau de responsabilité, et même plus bas !). Chez Luc, il y a une sorte de récompense spontanée, le résultat logique de son activité. Des désignations sans problème, sans vague, qui font l'unanimité de tous les camarades : j'en rêve !

J'ai aussi compris, à ce congrès de Pau, quelque chose qui ne me quittera plus jamais, qui me préoccupe encore aujourd'hui, qui produit parfois quelques remous quand j'en parle autour de moi alors que l'idée ne devrait normalement soulever aucune contestation : il n'y a d'action syndicale et politique réussies que dans la compétence, car les grandes idées ou la bonne volonté, aussi estimables soient-elles, ne suffisent pas. Cette notion de compétence est restée chez moi une forme d'obsession, en réaction à une gauche dilettante, amateuriste, approximative, parfois frivole ou frimeuse.

Est-ce un hasard si à la même période mes deux modèles en politique sont Lionel Jospin et Dominique Strauss-Kahn ? L'un incarne le sérieux et la clarté, l'autre la cohérence et la performance. En revanche, je me méfie du socialisme lyrique, bavard, folklo, du genre plus-à-gauche-que-moi-tu-meurs. Syndicalement, je peux ajouter Luc Bérille à cette trilogie personnelle.

Mais l'essentiel n'est pas encore là. Les vertus individuelles sont précieuses, on ne peut certes pas mener une action politique ou syndicale avec le premier venu en tête. Cependant, c'est la ligne qui prévaut, avant les qualités humaines. Celle de l'UNSA me correspond complètement, ne m'a jamais déçu : réformiste comme la CFDT, mais sans la tentation d'un accompagnement social du système libéral. Bref, un syndicalisme de transformation sociale, avec en plus la culture laïque. Pour moi, le SNES était trop corpo, la FSU trop gaucho, le SGEN trop pédago, FO trop trotsko. L'UNSA, c'était l'union des enseignants, des fonctionnaires et des salariés du privé. Ca me plaît, j'en suis resté là.

J'ai lu les dernières interviews de Luc Bérille, j'adhère à ses deux objectifs : d'abord rassembler les réformistes. Oh que oui, dans le monde syndical comme dans le monde politique, c'est la ligne blanche au delà de quoi il n'y a que transgression, compromission, reniement de soi. L'union quand c'est possible, la discussion toujours, mais pas à n'importe quel prix, pas au détriment de notre identité. FO s'égare, la CGT se cherche, SUD est dans la surenchère : UNSA et CFDT doivent se rapprocher, en pensant aussi à la CGC des cadres.

Ça, c'est pour la stratégie et les alliances, aussi primordiales dans le syndicalisme qu'en politique. Mais le projet ? Luc a raison de dire que le clivage n'est plus vraiment, en matière d'idées, entre les réformistes et les contestataires. SUD n'est-il pas contestataire sans être révolutionnaire, radical et en même temps furieusement corporatiste ? A FO, lambertistes et militants de droite font bon ménage, sans se contrarier idéologiquement (ça ne date pas d'aujourd'hui me direz-vous, et c'est exact). Non, le vrai clivage est aujourd'hui ailleurs : entre ceux qui acceptent la mondialisation en voulant la transformer et ceux qui la dénoncent en prônant le repli. L'UNSA, vous l'avez deviné, est parmi les premiers. Moi aussi.

Félicitations monsieur le secrétaire général, cher camarade. Et bravo Luc !


Bonne soirée.

19 avril 2011

L'appel du 21 avril.

Bonjour à toutes et à tous,


Un appel dit "du 21 avril" vient d'être lancé, en vue d'une seule candidature de gauche, à l'issue de primaires ouvertes pour les élections présidentielles. Je signe, c'est le bon sens. Pour ne pas revivre dix ans après un nouvel et sinistre 21 avril en 2 012. Qui ne voit que l'extrême droite monte très fort, qu'elle est beaucoup plus menaçante qu'il y a une décennie ? La politique, c'est s'unir ; la division, c'est l'échec assuré.

Et puis, pourquoi plusieurs candidats de gauche ? Si cela avait un sens, je ne dis pas. Mais là, franchement ! A moins qu'on ne considère que chaque éminente personnalité (il y en a beaucoup) aurait par nature ou potentiellement un destin présidentiel ? C'est pure folie. Qu'est-ce qu'un candidat PRG apporte fondamentalement de plus qu'un candidat PS ? Le MRC ne va pas, avec Chevènement, nous refaire le coup de 2 002 ? On a déjà assez donné ...

Il y a bien sûr les Verts, qui s'apprêtent à se disputer entre Joly et Hulot. Justement, pourquoi ne pas trancher en s'abstenant des deux et en réfléchissant, avec toutes les forces de gauche, à une candidature commune ? Daniel Cohn-Bendit est favorable à cette démarche, il l'a dit puis se dédit en retirant son nom de l'appel du 21 avril. Ça ne ressemble pas à Dany, cette volte-face !

Même les communistes, à bien y réfléchir, auraient tout intérêt à jouer le jeu des primaires ouvertes et de l'union. Qu'auraient-ils à y perdre ? Avec Mélenchon, ils se préparent à soutenir un socialiste, ex depuis bien peu. Alors, socialiste pour socialiste ... Ils l'ont déjà fait avec Mitterrand en 1965 et 1974. Certes, ça ne nous rajeunit pas, mais le PCF était en ce temps-là en bien meilleure forme.

Il faut un seul candidat de gauche l'an prochain à la présidentielle, je n'en démords pas. D'autant qu'il n'y aura qu'un seul candidat de droite, Sarkozy. Mais qui à gauche ? J'ai mon chouchou, vous le connaissez. Mais tout est ouvert : ce sont les partis de gauche qui délibéreront, ce sont les électeurs aux primaires qui trancheront. Et nous pourrons cette fois nous écrier : vive le 21 avril !

Bonne soirée.

18 avril 2011

L'Europe m'inquiète.

L'Europe m'inquiète, et c'est embêtant quand on est très européen comme moi. La Hongrie est à la tête du Conseil de l'Europe pour six mois. Ce n'est pas rien. Mais que fait-elle aujourd'hui même dans son pays ? Elle adopte une soi-disant "Constitution" peu conforme à l'Etat de droit, non laïque et loin du modèle républicain. Et ce sont ces hommes-là qui conduisent et représentent l'Europe ? Quelque chose ne va pas.

Ce qui ne va pas non plus, ce sont les résultats des élections législatives en Finlande, hier soir : le Parti des Vrais Finlandais (quel nom ! Comme s'il y en avait de faux !) a fait presque autant de voix (19%) que le parti de droite et la social-démocratie. C'est un séisme politique. Ce Parti est populiste, nationaliste, anti-européen. Voilà ce qui pointe en Europe, et la France n'a pas à être fière avec la montée de Le Pen.

L'Europe telle que nous l'aimons et la défendons est censée être un modèle de civilisation démocratique, le creuset des droits de l'homme, le symbole de l'ouverture et de la tolérance. Que va devenir notre continent s'il tourne le dos à ces valeurs-là ? Il est urgent pour la gauche de redevenir violemment européenne, de prôner de fédéralisme, de dénoncer les poisons du nationalisme. Est-ce si difficile que ça ?

Ne l'appelez plus "Marine".

Bonjour à toutes et à tous,


Quand j'entends une personne de gauche me parler de "Marine" (c'est plus fréquent qu'on ne le croit), j'ai envie de lui claquer le beignet. Car c'est quoi cette familiarité avec la poule du FN ? Voilà comment des sympathies s'installent et se propagent. Elle et nous, nous n'avons pas gardé les porcs ensemble ; c'est une tâche qui lui revient exclusivement. Alors, virez-moi cette virago de votre langage, n'appelez plus cette grosse brute blonde par son petit nom.

Je suis d'autant plus furax que je lis en ce moment un ouvrage sorti récemment, que je vous recommande : "Des gens très bien", d'Alexandre Jardin, paru chez Grasset. Ou comment le grand-père de l'auteur, Pierre Jardin, dit le Nain Jaune, a été directeur de cabinet de Pierre Laval en 1942, collaborant avec l'ennemi, déportant les juifs mais gardant l'image de "quelqu'un de bien", à tel point que son fils Pascal continuera à entretenir la légende en publiant en 1978 un ouvrage à succès, intitulé "Le Nain Jaune". Les salauds ont rarement des têtes de salauds mais des gueules d'anges.

La fille Le Pen, de même, veut jouer les dames respectables, les gens bien, et l'utilisation de son prénom fait partie de cette stratégie : séduire, inspirer la confiance, faire entrer dans l'intimité. Faisons tout le contraire, crachons à la gueule du FN, ces gens-là ne méritent que notre mépris. Soyons calmement, résolument, lucidement antifascistes, en commençant par montrer du doigt et appeler par leur nom les fachos. C'est ma courtoisie à moi, la vôtre aussi j'espère ...


Bonne journée.

17 avril 2011

Des communistes pour Emmanuel.

Bonsoir à toutes et à tous,


La politique est intéressante dans les détails ; les grandes lignes sont trop convenues. Par exemple, le PCF s'apprête à se donner Jean-Luc Mélenchon comme candidat pour les présidentielles, et tous les communistes semblent d'accord avec cette perspective. Tous ? Non, car il y a d'autres candidats déclarés. D'abord André Chassaigne ; mais comme il a dit qu'il s'effacerait devant Mélenchon si celui-ci était choisi, on voit mal cette candidature aller jusqu'au bout. Et puis, politiquement, sa ligne n'est pas assez typée.

Il en va autrement avec la candidature d'André Gérin, un radical, un orthodoxe, un identitaire, je ne sais pas trop par quel mot le désigner, mais je saisis la sensibilité : communiste dur de dur, à l'ancienne, qui n'accepte pas que le PCF renonce à avoir SON candidat à la présidentielle, qui refuse de se ranger derrière un socialiste médiatique, même critique envers le PS.

On pourrait croire que le choix s'arrête là, Mélenchon, Chassaigne, Gérin. Mais non, il y a un quatrième nom, dont vous n'entendrez guère parler, qui ne passera sûrement pas à la télé : Emmanuel Dang Tran. Mais à Saint-Quentin, ce nom va circuler, puisque la section le soutient, Corinne Bécourt, Jean-Luc et Olivier Tournay et beaucoup de leurs camarades. La politique est intéressante dans les détails. Et ce détail-là m'intéresse énormément. Nous savons que la gauche saint-quentinoise, dans toutes ses composantes, est atypique, parfois pittoresque. C'est ce qui la rend passionnante mais aussi embêtante, du moins pour moi.

Si Gérin est orthodoxe, Dang Tran est ultra-orthodoxe (ce n'est peut-être pas le meilleur terme mais je n'en trouve pas d'autre). Le programme de Dang Tran est simple : aucun compromis avec la social-démocratie, rejet de la stratégie du front de gauche, critique du politicien Mélenchon, sortie de l'euro, pour la théorie marxiste et l'organisation léniniste (je n'invente rien, c'est dans la déclaration de candidature d'Emmanuel).

Vous devinez ma réaction, la même depuis quatre ans (ma marque de fabrique, c'est la constance) : nos camarades communistes à Saint-Quentin sont passés de Gremetz à Dang Tran, mais rien ne change, et j'ai même l'impression que ça s'aggrave (Maxime ne va pas aussi loin, n'a pas cette raideur idéologique). Je respecte les choix politiques de chacun, surtout lorsqu'ils sont internes et, à la limite, ne me regardent pas. Mais en tant que socialiste, soucieux de l'avenir de la gauche locale, je ne peux pas m'empêcher de répéter qu'une alliance au premier tour, pour les prochaines élections municipales, n'est pas envisageable avec les communistes locaux quand je constate la ligne qu'ils soutiennent nationalement.

C'est pourquoi il faudra reprendre, en vue du scrutin de 2 014, le projet qui a eu un temps sa crédibilité à l'automne 2 007 au sein du PS, et que je n'étais pas le seul à l'époque à défendre : constituer au premier tour une liste PS-Verts-PRG-MRC-société civile (monde associatif et syndical), sans les communistes et évidemment sans l'extrême gauche. Pour que nous cessions, d'un scrutin local à l'autre, d'être battus au second tour ou carrément éliminés dès le premier tour. Vous avez une meilleure idée ?


Bonne soirée.

16 avril 2011

La lutte finale.



Bonsoir à toutes et à tous,


La CGT de Saint-Quentin devra donc quitter son siège historique de la Bourse du Travail au plus tard le ... 1er Mai ; ainsi en a décidé hier la Justice (voir, en vignette, le tract de défense de la CGT, distribué avant le verdict du tribunal). Je n'entre pas dans le débat juridique, chaque partie en litige, syndicat et municipalité, ayant des droits et des arguments à faire valoir. Non, ce qui m'intéresse, c'est bien sûr la dimension politique. D'autant que la CGT va certainement essayer de donner un retentissement national à l'affaire, dans la ville dont le maire est aussi ministre du Travail.

Pour l'instant, parmi les forces de gauche, seul le PCF s'est exprimé publiquement, en soutien à la CGT, qui devrait faire de la fête du travail un temps de mobilisation (la rumeur évoque la possible venue de Bernard Thibault ce jour-là, mais je connais trop le mécanisme de la rumeur en général pour ne pas me méfier). Le prochain conseil municipal sera sûrement l'occasion pour les élus d'opposition de prendre parti. Les autres syndicats seront-ils solidaires ? C'est une question ...

Que faut-il en penser ? D'instinct politique, entre un syndicat et une municipalité UMP, je me range toujours du côté du syndicat. Mais ça ne me dispense pas non plus de réfléchir. Où est le problème ? Je mets de côté les éléments qui me semblent secondaires ( pertinence de l'extension du Conseil des Prud'hommes, engagement de la mairie dans 300 000 euros de travaux, interdiction de tout affichage extérieur dans les nouveaux locaux). Pour une organisation, le choix d'un nouveau siège est guidé par deux impératifs principaux : l'emplacement et la disposition des lieux.

Pour l'emplacement, c'est parfait : l'ancienne Mission Locale est au centre ville, le stationnement est assez facile. Le hic, c'est la configuration des locaux : il n'y a pas de grande salle de réunion qui puisse accueillir une centaine de personnes, contrairement à la Bourse du Travail. La grosse difficulté, à mes yeux, est là. A côté de ses petites salles de réunions pouvant contenir 25 à 30 personnes, un syndicat a besoin d'un espace plus vaste pour des rassemblements plus importants, type "assemblée générale". Bien des manifs, dans l'histoire saint-quentinoise, se sont terminées dans la grande pièce de la Bourse du Travail, pour discuter de la suite du mouvement !

Il ne faut pas oublier non plus qu'une ville de l'importance de Saint-Quentin, première du département, avec des mobilisations d'ampleur, mérite que sa CGT dispose de locaux à la mesure d'une cité urbaine, qui n'est pas une petite ville de campagne ! Je crois en même temps que la municipalité a fait des efforts pour trouver des solutions, alors qu'aucune obligation légale ne l'y contraignait (mais certainement une obligation politique et morale). Et puis, Xavier Bertrand, à la place nationale qui est la sienne, peut-il se permettre d'entrer en conflit avec le premier syndicat de France ? Je ne le pense pas.

Il n'en demeure pas moins que ce problème, à la fois symbolique et pratique, de la grande salle demeure, et je comprends que la CGT résiste. Il est vrai aussi que la municipalité, qui n'ignore pas la difficulté, a fait une proposition : mettre à disposition une salle municipale pour les grandes réunions. Je ne doute pas qu'elle tiendrait sa promesse. En tant que secrétaire de section du PS puis responsable associatif, je n'ai eu qu'à me féliciter des bonnes dispositions de la municipalité quand il me fallait réserver gracieusement une salle.

Mais une équipe bienveillante peut un jour laisser place à une autre qui le serait moins, qui ferait des entraves qui aujourd'hui il est vrai n'existent pas. Je comprends donc là encore les exigences de la CGT. En dehors du monde du syndicalisme, il est possible qu'on les trouve trop élevées, jugeant satisfaisants les locaux de la rue Anatole-France. Mais de l'intérieur, confronté à l'âpreté de l'activité syndicale, elles sont parfaitement compréhensibles et légitimes. N'oublions pas non plus que le monde du travail dans le Saint-Quentinois est particulièrement frappé par la crise depuis plusieurs décennies, que la revendication de l'une de ses organisations représentatives n'est donc pas un luxe ou une lubie.

En bon social-démocrate, je ne souhaite pas le conflit, d'autant que nous savons quel en serait inévitablement le perdant. Les deux parties ont intérêt à trouver une solution, je crois aux vertus de la discussion et du compromis, même quand tout semble définitivement arrêté et le dialogue épuisé. En bon républicain, je sais qu'une décision de justice doit être respectée, une fois tous les recours envisagés. En socialiste saint-quentinois, je regrette que le projet d'une Maison des Syndicats n'ait jamais été exploré et anticipé, qui aurait permis de regrouper toutes les organisations, à l'image de ce qu'est historiquement une Bourse du Travail.

Et puisque ma réflexion est politique, je ne peux pas m'empêcher de prendre en compte l'état de la gauche saint-quentinoise, ses échecs électoraux, la faiblesse de son aile réformiste, sa difficulté à imposer dans le débat local ses propres perspectives. Si je n'aime pas trop les rapports de forces entre socialistes parce qu'ils sont nocifs, je jauge de près l'équilibre entre la gauche et la droite (comment faire autrement en politique, quand on est réaliste ?). Le calcul est hélas vite fait. Dans cette lutte finale entre la CGT et la municipalité, la situation de la gauche depuis quinze ans pèse lourd. On ne peut pas en faire abstraction dans l'actuel conflit, on ne peut qu'espérer pour l'avenir une évolution toute différente. Quoi qu'il en soit, le 1er Mai, en souhaitant qu'une solution d'ici là soit trouvée, nous serons au côté de la CGT.


Bonne soirée.

15 avril 2011

Le pape de Lesdins.



Bonsoir à toutes et à tous,


Rentrant ce soir de Wassigny, où j'ai animé un café philo sur le rire, je suis tombé, au rond-point de Lesdins, sur cette affiche au dessus du cimetière, visiblement éclairée (voir vignette). Ce matin, dans le Courrier Picard, Gérald Fromager, secrétaire départemental de la Libre Pensée (qui organise demain un banquet à Guise), s'est évidemment insurgé contre ce qu'il estime être une atteinte à la laïcité. A quoi l'ancien maire de Lesdins, Alain Richet, initiateur de ce monument commémoratif, répond dans le même journal : le principe de laïcité, "on s'en fout". Voilà qui a au moins le mérite de la clarté.

Qu'est-ce que je pense de cette polémique qui pourrait rebondir dans les prochaines semaines ? En matière d'atteinte à la laïcité, je dirais que j'ai d'autres chats à fouetter, autrement plus retors. Mais il est vrai qu'un principe doit demeurer intangible : si j'affichais en grand plan, sur la façade de ma maison, au regard de tous les passants, l'effigie de François Mitterrand pour célébrer les trente ans du 10 mai 1981, on aurait raison de protester.

Je ne veux pas placer ma réflexion sur le terrain de la laïcité mais de la foi, autant que je peux la comprendre. Celle-ci n'a pas besoin d'ostentation un peu ridicule mais de conviction, de fidélité et de témoignage. Le portrait papal de Lesdins ne rapportera pas un fidèle de plus à l'Eglise. Au contraire, je le trouve dissuasif. D'abord, cette photographie n'est pas belle, son style est plutôt kitch : ce n'est pas ainsi qu'on encourage à la conversion.

Ensuite, son emplacement - un cimetière - est surprenant, quand on sait que le christianisme se présente comme une religion de la vie et non de la mort. "Laissez les morts enterrer les morts", c'est dans les Evangiles. Si Gérald Fromager était cynique, il militerait pour que ce monument reste bien visible tout en laissant courir la polémique. Car c'est le pire service qu'il pourrait ainsi rendre à l'Eglise.


Bonne soirée.

14 avril 2011

C'était il y a 30 ans ...






J'avais 20 ans, on dit que c'est le plus bel âge, Mitterrand en tout cas venait de gagner et nous allions pouvoir changer la vie. Lisez le formidable album de Christophe Bourseiller, pour que nous ayons tous encore 20 ans ...

13 avril 2011

ULM contre UMP.

Bonsoir à toutes et à tous,


Finalement, Nicolas Hulot y va. Normal, il est populaire. Pourquoi les écolos se priveraient d'une telle personnalité ? En politique, les meilleurs candidats sont ceux qu'on n'a pas à choisir parce qu'ils s'imposent d'eux-mêmes. Dès qu'il faut trancher entre deux ou trois, on se coupe les doigts, c'est fichu : divisions garanties et l'échec à la fin.

Hulot, il est bien donc il y va. Aux dernières présidentielles, les écologistes pouvaient avoir l'illusion de se passer de lui. On a vu le résultat, ils se sont ramassés à la petite cuiller. C'est terrible à dire : en politique, la pédagogie la plus efficace est celle de la défaite ; après ça, on ne refait plus les mêmes conneries, normalement.

Il y a bien sûr l'alternative Eva Joly. Je n'y ai jamais cru, je l'ai écrit dès le début sur ce blog. Raide comme la justice, vaguement puritaine, pas toujours claire dans ses propos, n'ayant de fantaisiste que sa monture de lunettes, ce n'est pas une bonne candidate, c'est évident. Quelle idée les Verts ont-ils eu de la mettre en avant ! Dès le départ, il était flagrant que ça ne pouvait pas marcher.

Et puis, elle s'en est pris à DSK, très injustement, ce qui est malvenu pour une femme de justice. Ça, je n'aime pas. Maintenant, les écolos l'ont sur les bras : comment vont-ils s'en débarrasser ? A leur façon, comme avec Lipietz en son temps : changer les règles de désignation, inventer des primaires à la mode Verte, pour s'ouvrir à la solution Hulot.

Hulot, c'est d'abord un nom, et ce n'est pas rien en politique : un personnage sympathique de Tati, c'est quand même formidable ! Et puis c'est une image, un homme de médias, dont le titre de l'émission (que je ne regarde pas) est si difficile à prononcer et à écrire que je ne le fais pas. Il paraît qu'on le voit au milieu des dauphins ou dans un ULM. Là aussi, attention à l'illusion : il n'y a pas d'automaticité entre la notoriété et l'élection. Besancenot était inconnu et s'est taillé un beau succès, Kouchner est très populaire et a mal tourné politiquement, ne s'est jamais fait élire nulle part.

Autre illusion : le salut par l'homme de science. Hulot a une bonne tête d'intello concret, pas idéologue pour un sou, les pieds sur terre, méfiant envers la politique, peu soucieux de pouvoir, membre d'aucun parti. Bref, un bon Samaritain d'aujourd'hui, abbé Pierre de l'écologie. Quand j'étais ado, quelqu'un lui ressemblait, Cap'tain Planète, le commandant Cousteau, gentil comme tout avec son bonnet rouge, fière allure à la proue de sa Calypso.

Les Français, qui ne croient pas trop aux hommes politiques, rêvent d'un vieux militaire ou d'un jeune scientifique pour les sortir de leurs problèmes. Le mythe du savant au coeur pur, désintéressé, rationnel, est encore présent. Mais c'est un mythe : plongé dans la politique comme Cousteau dans ses océans, Hulot deviendra un homme de pouvoir comme les autres, croisant au passage quelques requins qu'il devra combattre au couteau. La routine quand on fait de la politique ...

On dit que Hulot aime qu'on l'aime. Gros défaut, impardonnable faiblesse. Il faudra qu'il apprenne à être détesté sans en prendre ombrage, à déplaire et à détester lui-même avec intelligence quand il sera nécessaire. Dans son discours de ce matin, il n'a rien dit des primaires écologistes. Pas clair. Partira-t-il en son nom propre (pourquoi pas) ou sous l'étiquette Europe Ecologie Les Verts (c'est un autre choix) ?

En revanche, il s'est nettement positionné contre la majorité actuelle, en donnant presque l'impression de forcer sa nature : au moins savons-nous maintenant de quoi il en retourne, Nicolas Hulot est plus proche de la gauche que de la droite, et c'est tant mieux parce que son parcours passé était ambigu, ne donnant pas toujours l'impression d'un homme franchement en désaccord avec la droite.

Le pas est désormais franchi, c'est sans doute ce qu'il y a politiquement de plus important dans sa déclaration d'aujourd'hui. Et puis, il a parlé, symboliquement dans la ville de Sevran, du chômage, des injustices, du capitalisme, du changement de société : nous n'aurons donc pas affaire au candidat des p'tits oiseaux, et c'est très bien comme ça.

Hulot y va, et un socialiste, surtout strauss-kahnien, ne peut que s'en réjouir. L'écologie est fondamentalement de gauche, mais elle traite de problèmes de civilisation qui ne sont pas historiquement ceux du socialisme. C'est pourquoi les écologistes doivent se donner le candidat le plus efficace pour occuper ce créneau qui échappe au PS et ne peut pas revenir à la droite.

Plus trivialement, Nicolas Hulot, qui bien sûr ne deviendra jamais président, qui ne bénéficiera même pas d'une majorité pour gouverner, permettra au second tour d'apporter au candidat socialiste les voix indispensables pour l'emporter. Avec Eva Joly, il y aurait petit score au premier et évaporation dans les reports de voix au deuxième. Hulot, c'est plus sûr.


Bonne soirée.

12 avril 2011

Un charme vénéneux.

Bonsoir à toutes et à tous,


J'ai écouté ce matin Roland Dumas sur France-Inter. Déplorable ! Comment cet homme, socialiste, ancien ministre, intelligent, peut-il dire de telles bêtises sur le Front national ? Je les reprends les unes après les autres :

1- Marine Le Pen, "ce n'est pas la fille de son père". Justement si, biologiquement et politiquement ! Elle ne récuse en rien l'héritage idéologique, elle se contente de le rafraîchir.

2- "Elle a un certain charme". Quoi, cette mégère, ce mélange de vulgarité et d'arrogance, avec son côté hommasse ! J'avais entendu dire que Dumas était un homme à femmes, un séducteur. Don Juan vieillit mal, Casanova a mauvais goût. La Le Pen a un charme vénéneux, ça je veux bien.

3- "Elle véhicule des idées nouvelles", Dumas cite l'IVG désormais au programme du FN. Bientôt quarante ans après son adoption, il était temps que le FN s'y mette : ce n'est plus tout à fait une idée nouvelle ! Pour le reste, c'est du vieux, du très vieux.

4- Le FN "fait partie de la vie nationale". Légalement oui, idéologiquement non, jamais ! Sa pensée n'est pas républicaine, elle fricote avec le fascisme. Pas de ça !

Je sens autour de moi, y compris chez certains électeurs, voire militants de gauche, monter une grande indulgence à l'égard du Front national. La tentation existe de se montrer accommodant avec lui pour ne pas braquer ses électeurs qui ont été et pourraient redevenir les nôtres. Erreur fatale ! On ne transige pas avec l'ennemi, car il faut le proclamer haut et fort : le FN est l'ennemi absolu.

Voyez l'entreprise de captation idéologique à laquelle se livre Marine Le Pen en matière économique et sociale : elle dénonce la mondialisation, veut sortir de l'euro, défend le protectionnisme, prône la nationalisation de certaines banques. La gauche profonde s'y reconnaîtrait sans peine. C'est d'ailleurs fait pour ça. N'oublions donc pas l'essentiel, répétons-le autant de fois qu'il le faudra, jusqu'à lasser : le Front national est fondamentalement xénophobe, c'est sa raison d'être, sa carte d'identité, son code génétique, le ressort de son succès. J'aurais aimé que Roland Dumas, sur cette chaîne de grande écoute, le rappelle ce matin.


Bonne soirée.

11 avril 2011

30 propositions et 30 ans.





30 mesures à lire, à méditer et à discuter, c'est le programme socialiste, en vignettes 2 et 3. Pensons aussi au 30ème anniversaire du 10 mai 1981 (vignette 4), dans un mois. Et si on faisait quelque chose dans l'Aisne ?

10 avril 2011

La paix des boudins.





Bonjour à toutes et à tous,


L'inauguration en grandes pompes de la Foire au Boudin est un must saint-quentinois qu'aucun véritable politique de la ville n'oserait manquer. Il y a douze ans, il m'est même arrivé d'interrompre mes vacances (la date de la foire tombait alors pendant les congés de Pâques), quitter précipitamment mon Berry natal pour rejoindre la Picardie et ne pas rater l'événement ! Ce matin, nous étions donc tous là, Jean-Luc Tournay et Aurélie Plé pour le PCF, Anne Ferreira pour le Conseil régional et bien sûr de nombreux représentants de la Municipalité et les personnalités locales.

Vous connaissez la paix des braves ? C'est lorsque les pires ennemis décident une trêve passagère. Ce matin, c'était sa version saint-quentinoise, la paix des boudins. La cochonnaille aurait-elle des vertus aphrodisiaques ou hallucinogènes ? Toujours est-il que tout le monde, droite et gauche confondues, se saluent, se sourient, s'aiment. Par exemple, j'ai discuté avec Antonio Ribeiro, en regrettant presque le mal que je pense, dis et écris sur lui. Le beau temps et la fanfare des Stimulants ajoutent à la gaité du moment.

Stéphane Lepoudère, un instant, ne semble plus soucieux de choisir entre l'UMP et Borloo pendant qu'il avale sa rondelle. Jérôme Lavrilleux et Colette Berliot, les grands vainqueurs des cantonales, la jouent modeste, ne donnent pas l'impression d'avoir gagné. Qui croirait ici que le conseiller général de Saint-Quentin nord est à l'Assemblée nationale le redoutable lieutenant de l'ambition Jean-François Copé ?

Notre ministre-maire était lui aussi en retrait, allant jusqu'à renoncer à sa prise de parole, cette tâche étant dévolue à Alain Gibout, un peu décontenancé par ce bouleversement du protocole, et qui fait remarquer ému qu'il citerait Xavier Bertrand autant de fois qu'il lui plaira. Décidément non, personne n'était comme d'habitude, sous l'effet du boudin noir.

Jean-Paul Lesot, au double titre de Bouffon de la Ville et Grand Maître de la confrérie de la soupe, a annoncé la venue de majorettes pour les prochaines Fêtes, en précisant qu'elles avaient été (les majorettes, pas les fêtes) "calibrées comme des petits pois de chez Bonduelle". Avis à la population : les quidams peuvent accueillir et loger chez eux l'une d'entre elles.

Dans mon enfance, c'était les Petits Chanteurs à la Croix de Bois qui avaient droit à un tel honneur. Jean-Paul, toujours le mot pour rire, a souligné que Marie-Laurence Maître était venue à la cérémonie en pyjama, à cause d'un vêtement un peu ressemblant (voilà ce que les effluves du boudin font dire !).

Puis a eu lieu l'intronisation tant attendue, sous la direction du Grand Maître de la confrérie du boudin, Daniel Caudron, qui a profité de l'occasion pour rendre hommage au fondateur de l'événement, le regretté Pierre Arnould. Freddy Grzeziczak était du lot, Marie-Laurence aussi. Etait-ce l'émotion, l'ail du boudin ou le petit verre de bordeaux ? Freddy avait à la fin les larmes aux yeux.

Madame Maître est restée très digne durant l'épreuve. Un intronisé se distinguait : Gustave Gomis (Gus pour les intimes et pour tout le monde), organisateur du flashmob de samedi dernier, qui détonnait un peu au milieu des élus. Il n'a bien sûr pas pu s'empêcher d'esquisser quelques pas de danse au moment de recevoir sa lourde médaille.

Quelques personnes m'ont demandé si moi aussi j'avais ma "médaille". J'ai de hautes ambitions, mais pas celle-là. Et puis c'est énervant, à la fin, d'être pris pour ce qu'on n'est pas ! C'est comme ces Saint-Quentinois qui pensent parfois que je suis conseiller municipal. A force de s'entendre répéter des choses, on finirait par les croire ...


Bonne journée,
longue vie à la confrérie du boudin
de Saint-Quentin Saint-Jean.


Vignette 1 : la confrérie du boudin.
Vignette 2 : la confrérie de la soupe.
Vignette 3 : sur scène, la cérémonie d'intronisation.

09 avril 2011

Orga et asso.



Bonsoir à toutes et à tous,


Ce matin, dans l'espace Matisse, à Saint-Quentin, la salle était pleine à craquer, entre 150 et 200 personnes. Pourtant, le samedi matin, les gens ont autre chose à faire qu'assister à une réunion : aller à leurs courses, rester tranquillement chez soi, se promener par ce si beau temps. Mais non : quand les gens sont intéressés, se sentent concernés, ils se déplacent, ils sacrifient avec plaisir une partie de leur précieux temps.

C'est ce que je répète à mes amis et partenaires : une salle vide ou à moitié remplie, ce n'est pas la faute à la pluie ou au soleil, à pas de chance ou à la concurrence, mais à moi, à nous, aux organisateurs, à l'activité, qui n'ont pas su mobiliser. J'organise assez de manifestations, petites ou grandes (mais le raisonnement est le même), pour le savoir : quand les gens n'aiment pas, ils ne viennent pas, inutile d'aller chercher d'autres explications compliquées ou consolatrices.

Ce matin, à Matisse, l'événement n'était pas politique, quoique ... Au niveau d'une municipalité, la réunion de toutes les associations de la ville a nécessairement une dimension politique, mais pas au sens partisan du terme. Il s'agissait de préparer le Festival des associations qui aura lieu les 14 et 15 mai (voir vignette). Je suis toujours épaté par la maestria avec laquelle Luc Dufour manage ce genre d'assemblée, sa grande efficacité (des réunions foireuses et foirées, j'en ai connues plus d'une, j'ai même été parfois à l'initiative !).

Je ne peux pas m'empêcher de faire cette remarque générale, assez paradoxale : plus les participants sont nombreux, plus une réunion se déroule impeccablement. Ce sont les cénacles restreints qui posent problème, qui attisent les conflits individuels, qui parfois dégénèrent, qui ne débouchent sur rien. Il est étonnant de constater que la performance est dans le nombre, pas dans la petite quantité, contrairement à ce qu'on pourrait croire.

C'est pourquoi ce matin l'ambiance était à la bonne humeur, à la compréhension générale, bien que le monde associatif soit extrêmement diversifié et parfois conflictuel. Alain Gibout, le maire-adjoint chargé de ce secteur, est comme un poisson dans l'eau, étant bien connu de tous et connaissant tout le monde. Le moment le plus attendu, quasi solennel, c'est le tirage au sort des stands. Amusant de voir que la municipalité a choisi la transparence, presque le spectacle de cette répartition : manifestement le public aime ça, même si Jean-Paul Lesot fait entendre, sans micro cette fois, sa grosse voix au début de la petite cérémonie, pour que l'annonce des numéros et des assos soit plus audible !

La réunion s'est terminée par un pot de l'amitié, au jus d'orange, sans le traditionnel kir. Gibout m'a expliqué pourquoi : dans une assemblée qui comporte des associations luttant contre l'alcoolisme, c'aurait été malvenu. Fallait y penser ! Je crois que la municipalité de Saint-Quentin est forte de son professionnalisme, qu'il faut saluer même quand on n'est pas, comme c'est mon cas, de ce bord-là.

Nos concitoyens, au niveau local, ne juge pas vraiment sur l'idéologie, même si les fidélités politiques ont encore un sens pour une large minorité (pour moi par exemple). Mais c'est l'utilité, l'efficacité et un certain état d'esprit qui priment dans leurs choix de proximité. A quoi juge-t-on une bonne organisation ? Non pas à l'intention ou aux grandes lignes mais à ses détails, qui n'échappent à personne.

Je souhaite que ma famille politique, la gauche, elle aussi, au niveau qui est le sien et dans les responsabilités qui lui incombent, fasse la démonstration de ses compétences, de son efficacité et même, outre que le terme semble un peu exagéré, d'un certain professionnalisme dans ses activités d'opposante. C'est ainsi, et seulement ainsi, qu'elle retrouvera la confiance des Saint-Quentinois, qu'elle cessera un jour de s'opposer pour gérer, parce qu'elle aura gagné. Ce jour-là pourrait être l'un des plus beaux de ma vie, mais il ne faudrait tout de même pas trop tarder.


Bonne soirée.

Que deviendront-ils ?

Bonjour à toutes et à tous,


Il m'arrive parfois d'avoir une curieuse occupation : je feuillette les professions de foi des élections locales passées, d'il y a cinq, dix ou quinze ans, je m'attarde sur les visages des candidats et je me fais toujours ce constat étonné : la plupart ont disparu, n'ont plus jamais fait parler d'eux, leurs noms mêmes ont été oubliés. Je pense à la comptine : "Ainsi font, font, font ... trois petits tours et puis s'en vont". Connaissez-vous ces insectes qu'on appelle "éphémères" ? Ils naissent au matin et meurent le soir. C'est souvent ainsi en politique, un tour de piste le temps d'une campagne électorale, et puis plus rien.

Celles et ceux qui se sont présentés à ces cantonales saint-quentinoises, subiront-ils le même impitoyable destin ? Avec lui, il est difficile de se prononcer tellement il est capricieux, notamment en politique. Michel Aurigny, du POI, restera, j'en suis certain : un lambertiste est un soldat, toujours là. Maria Le Meur sans doute aussi : elle a pour elle un nom qui ne se perdra pas dans notre ville. Olivier Tournay a un autre atout, formidable : la jeunesse, la durée ; il a le temps de voir venir, d'encaisser, d'espérer. L'écologiste Jean-Philippe Daumont a réalisé un joli petit score, mais saura-t-il et aura-t-il envie de le faire prospérer ?

Antonio Ribeiro, de la Gauche moderne, continuera-t-il à recevoir les dividendes de sa trahison ? Il faudra pour cela qu'il continue à prouver sa capacité de nuisance. Ce n'est pas en dehors de ses capacités. Daniel Wargnier, de Génération écologie, aura toujours les rieurs de son côté, ce qui lui assure une longue vie, depuis plus de dix ans qu'il amuse. Stéphane Monnoyer, du MoDem, devra s'interroger sur ses ambitions : sont-elles à la taille du costume qu'il portait sur ses affiches électorales ?

Les candidats du Front national, je souhaite vivement qu'ils retournent dans le néant d'où un mauvais génie les a hélas tirés. Les gagnants de droite, je n'en dis rien, ils resteront dans la lumière. A gauche, les candidats socialistes ont eu leur baptême du feu et s'y sont brûlés les ailes. Dans la même situation - être battu par l'extrême droite - Jospin avait quitté la vie politique. Mais Saint-Quentin n'est pas la France et nous ne sommes pas si nombreux. Et puis, on ne meurt pas en politique. La défaite, même cruelle, peut être l'occasion d'un rebond. L'essentiel est de durer, à défaut de gagner.

Le faux débat entre nouveauté et notoriété des candidats doit être dépassé, puisque les deux sont nécessaires et n'ont pas à être opposées. Sauf que la notoriété ne s'acquière pas le temps d'une campagne électorale (c'est trop tard) mais tout au long d'un engagement politique local, dans la vie publique, syndicale, associative ou autre. Une élection n'est pas un point de départ, c'est un aboutissement. Que tous les socialistes saint-quentinois, sans exception, se montrent, s'impliquent, se fassent connaître : la défaite est passée, la victoire commence maintenant, pourvu que nous en ayons la volonté.


Bonne journée.

08 avril 2011

Le pragmatisme et l'idéologie.

Bonjour à toutes et à tous,


On peut penser ce qu'on veut du programme socialiste, être pour ou contre, il y a quelque chose que tout le monde admet : c'est le pragmatisme qui inspire sa démarche. On peut le regretter ou au contraire s'en féliciter, mais le fait est là. Pour ma part, je m'en réjouis, car la social-démocratie est un socialisme pragmatique.

Souvent, dans son histoire, le PS a privilégié l'idéologie. Ce n'est d'ailleurs pas infamant. Défaite ou victoire, tout en politique est affaire de circonstances, pas de pragmatisme ou d'idéologie. En 1974, le Programme commun était très idéologique et nous avons perdu. En 1981, le Projet socialiste était encore dominé par l'idéologie et nous avons gagné. Mais en 1988, la "France unie" de François Mitterrand était très pragmatique, et ce fut un triomphe. En 1995 et 2002, la candidature de Jospin était elle aussi plutôt pragmatique et s'est soldée par des échecs. Ségolène Royal, candidate socialiste atypique, était un mixte de pragmatisme et d'idéologie.

A droite, on n'échappe pas non plus à cette règle, pragmatisme ou idéologie. En 1974, Giscard s'affiche en pragmatique, rompant avec les pompes de l'idéologie gaullienne. En revanche, Sarkozy en 2007 se fait élire à l'issue d'une campagne fortement marquée par l'idéologie. Qu'en sera-t-il l'an prochain ? Nul ne le sait vraiment, mais je pressens qu'après l'échec du sarkozysme, les Français renoueront avec une approche plus pragmatique de la vie politique. De ce point de vue, le programme du PS arrive à point nommé et a toutes les chances de convaincre.


Bonne journée pragmatique.