L'Aisne avec DSK

30 juin 2008

Le moustique et le bulldozer.

Bonsoir à toutes et à tous.

Ma commission des conflits, c'est dans 48 heures, et curieusement, je n'y pense pas, je n'ai rien préparé. Ce n'est pas dans mes habitudes. Certes, j'ai été pas mal pris ces derniers jours. Mais en général, je sais m'organiser, j'anticipe, je ne laisse rien à l'improvisation. Sauf là. Je crois que je vais m'y rendre tout nu (c'est une image, à prendre au second degré). De toute façon, tout est su, connu, archi-connu, je ne pourrais que me répéter. Soit mes camarades seront bienveillants et attentifs, soit ils voudront me flinguer. Il n'y a pas de demi-mesure en politique.

Aujourd'hui, je suis revenu de mon lycée avec plusieurs bouquins de Pierre Hadot, ce philosophe qui sera mon compagnon cet été et qui nous recommande des "exercices spirituels" (je vous en ai déjà parlé). Je me suis fabriqué deux petits exercices de ce type, des épreuves de sagesse, si vous préférez:
- Anticiper, imaginer un évènement avant qu'il ne se produise.
- Se mettre dans la tête des protagonistes de l'évènement (autre que moi, bien sûr).

J'ai appliqué ces deux règles à ma rencontre de mercredi soir. Le résultat est assez amusant. Je ne sais pas si vous serez d'accord:

J'encours quatre peines: avertissement, blâme, suspension, exclusion (temporaire ou définitive). Quelle est celle qui est la plus probable? Intéressant, non?

Avertissement ou blâme, je n'y crois pas. On ne convoque pas une commission des conflits pour en arriver là. Car la sanction est scolaire, pas politique. Elle n'aurait absolument aucun impact, puisqu'elle ne changerait rien du tout. Ce que veulent certains camarades, c'est une vraie sanction, pas une remontrance.

L'exclusion alors? Je n'y crois pas non plus. Ce serait prendre un bulldozer pour écraser un moustique. Je siffle, je pique, mais je ne suis tout de même pas si redoutable et périlleux pour mon Parti au point de vouloir m'exclure! Généralement, on exclut quand il y a des enjeux de pouvoir, pas pour des chamailleries. Mais je n'ignore pas que la folie des hommes existe. Et quand un moustique vous siffle trop longtemps aux oreilles et qu'il promet de continuer très longtemps, vous n'avez qu'une envie: l'écraser!

Au fédéral, c'est concevable. Au national, ça passera difficilement. Exclure quelqu'un seulement pour sa liberté d'expression et son ton manifestement irrévérencieux, je ne connais qu'une Eglise pour faire ça, pas le Parti socialiste.

Reste la suspension, solution intermédiaire: je suis mis de côté, un an par exemple, ce qui me prive de voter pour le choix du secrétaire de section, ce qui m'interdit de faire campagne pour le courant social-démocrate en vue du congrès. C'est peut-être la punition la plus probable, mais je peux me tromper. Elle est en parfaite adéquation avec l'esprit procédurier de ceux qui me veulent du mal: une voix en moins afin d'asseoir leur pouvoir, que demandent-ils d'autres? L'esprit de boutique contre l'esprit de justice, les choses pourraient bien se terminer comme elles ont commencé.

A ceci près que la démarche procédurière, au fond, ne règle rien. Au contraire, elle envenime la situation. En politique, les vraies solutions sont politiques. Je suis exclu ou suspendu? Et alors? Je serai toujours là, présent, actif, poursuivant dans la voix que je me suis donné et qui me semble le seul avenir possible pour la gauche saint-quentinoise. Une voix en moins pour permettre à Jean-Pierre Lançon de devenir secrétaire de section? Qu'est-ce que ça change fondamentalement? Rien, la droite est là, pour longtemps, et c'est elle qui imprime sa marque à la vie saint-quentinoise.

Permettez-moi de terminer par une fantaisie, ça nous détendra. Vous savez que le catholicisme établit quatre catégories de péchés: en pensée, en parole, par action et par omission. J'aimerais terminer mon "exercice spirituel" de ce soir en interrogeant chacune de ces catégories appliquée à mon propre cas:

- En pensée: oui, j'ai péché, et ma pensée est claire: la tête de liste aux municipales s'est abusivement imposée, son alliance avec l'extrême gauche est une trahison de la volonté de la section et de notre identité socialiste.

- En parole: mes pensées sont toujours suivies de paroles, je ne fais pas de muettes prières. Mes paroles, ce sont les écrits de ce blog, qui ont rendu fous plus d'un.

- Par action: non, je n'ai nullement entravé la bonne marche de la campagne, j'ai même annoncé sur ce blog que je voterai pour la liste d'opposition, parce qu'il faut bien une opposition à la droite, aussi médiocre soit-elle.

- Par omission: là oui, j'ai omis de participer à la campagne Lançon, parce que je l'ai considérée comme une usurpation.

Ceci dit, mercredi soir, je serai face à des socialistes, pas des catholiques. Puisse malgré tout le Ciel être avec moi!


Bonne soirée.

A côté de la plaque.

Bonjour à toutes et à tous.

Dans L'Aisne Nouvelle du 21 juin, Isabelle Vasseur, député UMP de l'Aisne, tient les mâles propos que voici:

"La résistance s'amplifie et le collectif prend de l'ampleur. Nous avons déjà écrit au ministre de l'Intérieur. De mon côté, j'ai interpellé par courrier les maires de ma circonscription (Fère-en-Tardenois). Nous aimerions que les partisans de notre collectif posent des affiches à l'entrée de leur commune pour exprimer cette résistance."

Aux armes citoyens! Résistance, résistance! Mais de quoi s'agit-il? Je vous fais languir un peu. En tout cas, le vocabulaire employé l'atteste, c'est du sérieux, du grave même. C'est le rôle des parlementaires d'être les vigies de la République, les éclaireurs de l'opinion publique. On a vu ça de tout temps, dans la Rome impériale quand les sénateurs portaient fièrement la toge, symbole de leur dignité, ou sous la Révolution française, quand les représentants du peuple prenaient lyriquement la parole.

Alors, quel est le combat de la citoyenne Vasseur, dépositaire de la souveraineté nationale, expression du suffrage universel? Son appel à résister vise-t-il le combat contre la grande pauvreté, le refus de la discrimination contre les étrangers, ou je-ne-sais quelle autre noble cause, telle qu'un parlementaire est censé en défendre? Non, vous n'y êtes pas du tout, ce n'est rien de tout ça. Le collectif se nomme "Jamais sans mon département" et se bat pour... garder le numéro du département sur les plaques d'immatriculation des automobiles. Voilà où est tombée la République! Au ras des tuyaux d'échappement!

Pourtant, le drame a été évité: le numéro des départements peut figurer, mais de façon facultative. Pour nos glorieux résistants, c'est insuffisant: ils demandent à ce que la mesure soit obligatoire. Pas de demi-mesure, la résistance jusqu'au bout du bout.

Cette réforme n'est pas faite pour embêter mais pour simplifier. Depuis 1950, nous sommes arrivés à 13 millions de plaques chaque année. Il faut rationaliser le système. Un numéro à vie, ce sont des formalités et des dépenses en moins, et le petit numéro départemental en plus, puisqu'on peut le conserver. Rien n'y fait, nos parlementaires se sont transformés en sénateurs romains et en tribuns révolutionnaires pour défendre les plaques et leurs numéros départementaux. Drôles de numéros, en effet!

A mes lecteurs de droite qui m'en voudraient si j'omettais de le préciser, ce collectif rassemble aussi des députés socialistes, dont Alain Vidalies. Mais ni Balligand, ni Dosière, ni Desallangre. Tant mieux. L'honneur est sauf, même si le ridicule n'a jamais tué personne, surtout en politique.


Bonne fin de matinée.

29 juin 2008

NPA et POI.

Bonsoir à toutes et à tous.

Le nouveau parti d'Olivier Besancenot a lancé sa fondation ce week-end, en attendant sa construction définitive en janvier prochain. NPA, Nouveau parti anticapitaliste, est le nom provisoire. La démarche est comparable à celle des lambertistes, à quelques mois près: dissolution d'une organisation politique par élargissement de celle-ci, volonté de capter la gauche "déboussolée" et d'attirer ses éléments les plus "gauchisants". Ainsi, le PT devient le POI, Parti ouvrier indépendant, via le COPO, Comité d'organisation pour un parti ouvrier, et la LCR met en place le NPA, avant de créer une nouvelle formation politique. Cette marque de fabrique propre à l'extrême gauche se retrouve dans le vocabulaire et les dénominations: pas d'illusion, le nouveau est de l'ancien modernisé.

Le PS a-t-il à craindre cette recomposition de l'extrême gauche? Non, si nous sommes fidèles à nous-mêmes, forts dans nos convictions, attachés à notre histoire. Sinon, il y a de quoi effectivement être inquiet. Quant à nos camarades trotskistes, ils font ce qu'ils veulent, pourvu qu'il n'y ait de notre côté aucune confusion avec eux. Quand Besancenot s'en prend aux manifestations "traîne-savates" pour stigmatiser les défilés syndicaux "réformistes", il reprend la phraséologie radicale de 1968, dans laquelle un socialiste ne peut pas se reconnaitre. Des manifestations "traîne-savates", j'en voudrais bien plus souvent et bien plus puissantes! Quand Besancenot propose comme alternative le "blocage", oui le "blocage" des entreprises, tout le monde comprend que des socialistes ne peuvent pas s'inscrire dans cette perspective-là.

Côté Parti ouvrier indépendant, ce n'est pas mieux, un socialiste authentique ne peut pas non plus s'y retrouver. A Saint-Quentin, les lambertistes sont influents, depuis longtemps. Ils se sont retrouvés le 19 juin au Café des Champs-Elysées, là où le PS se réunit en section! Mon collègue Bernard Berthelot est devenu le secrétaire local du nouveau POI. Je l'en félicite. Leur mot d'ordre? "Résister à la dictature européenne"! Je veux bien qu'il s'agisse éventuellement d'une métaphore, mais même dans ce cas, la formule me semble abusive. Leur stratégie? Elle est contenue dans un appel, "Ca ne peut plus durer", qui lance "une bataille d'unité partout où l'on pourra". A Saint-Quentin, c'est fait depuis plusieurs mois: le "mini-laboratoire" des municipales, l'union sacrée PS-extrême gauche ont devancé les souhaits des lambertistes.

Et ça ne fait que commencer! D'emblée, dans la coalition d'opposition municipale, les socialistes sont minoritaires. En son sein, l'homme influent (je l'ai prédit il y a plusieurs mois) est à la gauche de Lançon au conseil municipal, celui qui lui suggère ce qu'il faut rétorquer à Pierre André: mon collègue Michel Aurigny. Ce n'est pas n'importe qui, j'ai beaucoup d'estime pour lui. C'est ça qui le rend redoutable. Souvenez-vous du conseil municipal d'avant-hier: qui a asticoté Pierre André, sans que celui-ci parvienne vraiment à s'en débarrasser? Aurigny, sur la convention passée entre l'hôpital et le parking privé. Le maire n'a guère été ironique avec lui, ce qui n'est pas dans ses habitudes. Son mépris, il le réserve à Lançon, c'est évident... et triste à constater pour le socialiste que je suis. André a seulement moqué Aurigny pour ne pas savoir que 50 places gratuites existaient devant l'hôpital. A part ça, respect, relatif certes, mais respect quand même. La preuve, quand Michel a souligné l'absence de cahier des charges, le maire a satisfait à sa remarque et appelé au "respect" des élus, en différant le vote. Jamais Lançon n'aurait eu droit à ça!

Attention, je ne me fais aucune illusion sur Pierre André. Au contraire, je pense que son attitude procède d'une stratégie: marginaliser le seul parti capable de constituer à Saint-Quentin une alternative sérieuse, le PS, et favoriser à l'extrême gauche son représentant le plus sérieux, le plus efficace, Michel Aurigny. Ce n'est pas mon homonyme de la LCR qui jouera ce rôle, ni ma chère amie des Verts. Quant au représentant du MRC, il doit apprendre encore un peu le métier avant de devenir un opposant redoutable et redouté. LO, je les mets à part: à la différence du NPA et du POI, ils restent eux-mêmes, n'ont aucune intention de se réincarner et de mettre sur orbite les satellites égarés du PS.

Cette stratégie saint-quentinoise, crédibiliser l'extrême gauche pour décrédibiliser le Parti socialiste, est une stratégie nationale, le verrou qui permettra, si rien n'est fait, à la droite de gouverner pendant plusieurs décennies. Le 12 juin, l'UMP a tenu une "convention sociale", où un ministre "a consacré une longue diatribe au porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire", selon Le Monde du 14 juin. Il y a des attaques qui sont des formes de reconnaissance: s'en prendre à Besancenot, c'est le reconnaitre comme adversaire principal, c'est en quelque sorte l'adouber, et bien sûr embarrasser, c'est le moins qu'on puisse dire, les socialistes. Quel est le nom de cet audacieux et très stratège ministre? Vous l'avez reconnu, ça ne peut être que lui, Xavier Bertrand. Eh bien, chez nous, à Saint-Quentin, notre Besancenot local s'appelle Michel Aurigny. A la grande satisfaction de la droite.


Bonne soirée.

Tant qu'il y a de la vie.

Bonjour à toutes et à tous.

L'AG de la FOL, qui s'est tenue mercredi et dont je n'ai pas encore eu le loisir de vous parler, s'est fort bien passée: public nombreux, déroulement impeccable, ambiance détendue, dîner convivial. Que puis-je demander de mieux par les temps qui courent? Ce type de réunion, si on n'y prend garde, sombre vite dans le convenu, le formel c'est-à-dire... le formol. Je veille à ce qu'il n'en soit pas ainsi. Comment? En ouvrant les fenêtres, en faisant entrer la vie, les convictions, le conflit. Les trois sont inséparables. La vie, c'est formidable et terrible! Il en faut pour avancer. La mort est tellement présente dans tant de réunions assoupies, rabâcheuses, procédurières.

La procédure, elle aussi, est une figure de la mort. Quand les convictions font défaut, le repli sur les seules règles est le réflexe de survie. Mais la survie n'est pas la vie, c'est la peur de la mort. Dans cette AG, nous avons abordé la refonte de nos statuts. Très bien, les statuts, c'est ce qui permet le "vivre ensemble" dans une communauté. Mais s'il n'y a plus que cela, c'est qu'il n'y a plus rien entre nous, plus de vie. L'évocation des statuts, c'est le recours des faibles. Fort heureusement, avec mes camarades laïques, tout se passe bien. Quand nous plongerons le nez dans nos statuts pour régler un différend, c'en sera fini, nous serons mort. C'est comme la loi: la meilleure est celle qui n'a jamais besoin d'être appliquée.

Dans ce genre d'assemblée, il est intéressant de noter, parmi les invités, les présents, les absents et les excusés. Ce n'est pas une énumération formelle, une nécessité protocolaire! Non, c'est politiquement instructif. La municipalité est toujours fort bien représentée (en l'occurrence par Vincent Savelli et Colette Blériot) et ses élus absents prennent soin de se faire excuser. Pourtant, ce que j'ai à dire et ce qu'ils vont entendre ne leur font pas nécessairement plaisir. Mais ils sont là. Pour moi? Non, ils savent que je ne les rallierai jamais. Mais parce que ce sont, au sens le plus simple, des politiques: ils savent qu'il faut être présent là où il se passe quelque chose, même si ce n'est pas grand-chose. Je ne parlerai pas des absents non excusés, par pudeur, par compassion et par cruauté: je les laisse dans leur néant politique.

J'ai fait un petit discours offensif, comme il se doit, sur les atteintes à la laïcité que nous constatons depuis six mois en France. Mon collègue Savelli, vice-président de l'agglomération, ne pouvait bien sûr pas rester indifférent à mes critiques envers le chef de l'Etat. Il l'a fait tout en humour et en habileté, sachant que la salle ne lui était pas acquise. Il m'a lancé quelques piques astucieuses, remarquant que le mot "politique" revenait souvent dans ma bouche, en suggérant que c'était peut-être la conséquence d'un dépit ou d'une frustration. No comment. Savelli a été lui aussi gentiment cruel, en rappelant qu'un homme aussi actif que moi aurait eu toute sa place dans la très active équipe municipale de droite. C'est ce qu'on appelle retourner le fer dans la plaie. Sauf que je ne porte pas de plaie et que je ne ressens aucun fer... Il faudra que mon collègue trouve autre chose pour me faire souffrir.

Mais c'est ça aussi la vie: joie et douleur, plaisir et peine, affrontement et estime. Chacun ce mercredi après-midi a dit ce qu'il avait à dire, à la place où il est, dans le respect mutuel. En démocratie, la vie n'est pas sauvage, le conflit n'est pas guerrier ni meurtrier. C'est une vie pacifiée et civilisée. Vive la vie!


Bonne matinée.

28 juin 2008

Idéologie et pragmatisme.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je discutais hier avec la directrice d'une Mission Locale de l'Aisne. Elle m'expliquait son travail, aider à l'insertion des jeunes, et combien les difficultés étaient grandes, à cause d'un a priori idéologique désormais répandu: les structures publiques ou parapubliques ne font plus l'affaire, il faut faire appel aux sociétés privées pour l'insertion économique et sociale. Du coup, agences ANPE, Missions Locales et autres sont dans le collimateur. En revanche, les boîtes d'intérim et entreprises du même genre ont la cote. C'est une logique qui se généralise: affaiblissement de la puissance publique, montée du privé.

Pourtant, cette directrice me disait que les comparaisons ne laissaient place à aucun doute. Missions Locales et ANPE sont les plus efficaces dans les objectifs qu'on leur attribue et dont les résultats sont maintenant passés à la loupe, occasionnant une paperasserie et une bureaucratie qu'on croyait n'appartenir qu'au soviétisme mais que les systèmes libéraux sécrètent tout autant, avec la liberté en plus. Certes, il faut comparer ce qui est comparable, comme dans l'éducation: si vous évaluez côte à côte une école privée qui sélectionne rigoureusement ses élèves et une école publique qui accueille tout le monde, la première sera beaucoup plus performante. Mais à quel prix (au propre et au figuré!)? Toujours est-il qu'on ne peut pas les mettre sur un pied d'égalité.

C'est là où ma directrice soulignait le rôle primordial, sinon unique, de l'idéologie dans certains choix politiques qui se veulent pourtant neutres, purement gestionnaires ou techniques. D'accord avec elle, je ne rejette ni le marché, ni la concurrence, ni la performance, ni le financement sur projet au lieu du fonctionnement. Tout ça, qui passe pour libéral, ne me choque pas. Mais je veux que la concurrence se fasse sur des bases réelles, que la performance soit exactement attestée, que le financement se porte sur les projets socialement utiles. Bref, je suis pragmatique.

Pragmatisme, idéologie? Ca ne vous rappelle pas quelque chose, ou plutôt quelqu'un? Mais oui, c'est bien lui, le pragmatique qui n'aime pas l'idéologie, et qui n'a rien trouvé de plus original pour se distinguer, Xavier Bertrand. Sauf que la vérité n'est pas celle-là mais l'inverse: tout le monde, plus ou moins, est pragmatique, ce n'est pas le problème. En revanche, les choix idéologiques, car il y en a, ne sont pas les mêmes chez les uns et chez les autres. Bertrand nous fait donc un gros mensonge lorsqu'il nous explique que lui, l'idéologie, beurk! Le pire idéologue, c'est celui qui prétend ne pas l'être, c'est celui qui fait passer pour pragmatiques des partis pris idéologiques. C'est Bertrand tout craché, qui a tombé le masque sur les 35 heures récemment, en accédant aux revendications idéologiques de l'UMP. Mais l'idéologie, c'est bien. Après, tout dépend laquelle. L'essentiel, c'est de l'assumer et ne pas se cacher derrière son petit doigt "pragmatique".


Bonne soirée.

Les bons comptes font...

Encore quelques mots sur le conseil municipal d'hier soir. Normal, c'est le temps fort, mensuel, de la vie politique locale. Cyril Raineau, dans le Courrier Picard, a consacré un article remarquable à un sujet austère, à l'ordre du jour: Le compte administratif 2007. La gestion financière, les dépenses et les recettes sont la base d'une politique municipale, dont le sommet constitue les projets concrets.

A Saint-Quentin, les comptes sont-ils bons? Réponse simple: oui. "Calculs faits, l'exercice est bénéficiaire de 6 millions d'euros. Ce qui s'appelle une gestion saine et sage...", écrit le journaliste. Le rapport du trésorier principal municipal l'atteste: "Malgré l'importance des investissements, la situation financière de la ville peut être qualifiée de saine". Ce qu'il faut retenir, c'est que les recettes progressent davantage que les dépenses et que le recours à l'emprunt est limité puisque l'autofinancement augmente.

Bien sûr, on peut toujours gratter, et quand on gratte, on trouve. Depuis que la taxe professionnelle est versée à l'agglomération, celle-ci reverse une somme à la ville qui n'a pas changé depuis 2001. Autre problème: la faiblesse des bases fiscales, et des taux d'impositions nettement supérieurs à la moyenne nationale. Bref, ce n'est pas là-dessus qu'une opposition sérieuse peut être menée. C'est pourquoi, pendant la pré-campagne municipale, j'ai fortement déconseillé à mes camarades une attaque frontale contre le bilan de Pierre André, et je suis allé jusqu'à soutenir que sa gestion des affaires était bonne. Que n'avais-je dit? Un procès en droitisme m'a été fait, avec strauss-kahnisme comme cause aggravante.

Et pourtant, je ne disais rien d'autres que ce qu'écrit Cyril Raineau aujourd'hui, et j'en tirais la même conclusion que lui:

"Si une gestion est saine et rigoureuse est une chose, les choix politiques d'affecter des sommes à tel ou tel projet en est une autre."

Tout mon engagement politique est dans cette phrase. Il ne sert à rien de contester ce qui est incontestable, mais il faut se battre sur un projet. On peut être de gauche et respecter les faits, on peut reconnaître des qualités à une gestion de droite tout en proposant une alternative de gauche. Je ne vois pas la contradiction. Au contraire, la position est vertueuse, parce que fidèle à la vérité. Il n'y a pas de bonne politique dans le mensonge.

La gauche n'a pas pris part au vote sur le compte administratif 2007. Et pourquoi? Réponse de Jean-Pierre Lançon: "Nous n'étions pas là l'an passé, mais l'année prochaine, vous allez nous entendre." Outre le côté toujours grotesque du "vous allez voir de ce que vous allez voir", je retiens le magnifique lapsus de cette déclaration, que je demande à tout socialiste saint-quentinois de bien garder en mémoire: "Nous n'étions pas là l'an passé..." Ah bon? Et Jean-Louis Cabanes, et Odette, et Alix Suchecki, ils n'étaient pas là? A moins qu'ils ne soient pas considérés, dans la bouche de Jean-Pierre Lançon, comme des socialistes.

Ce qui signifie, en d'autres termes, que l'actuelle opposition est en rupture avec la précédente, qu'elle ne se reconnaît pas en continuité avec elle. C'est grave, très grave, et cette phrase malheureuse mais spontanée confirme ce que je ne cesse de proclamer depuis plusieurs mois: l'actuelle opposition, alliée à l'extrême gauche sur un protocole d'accord d'extrême gauche, n'est plus en phase avec le Parti socialiste, sinon de façon purement administrative. Ce "Nous n'étions pas là", je ne l'oublierai pas.

En attendant, le prochain conseil aura lieu fin septembre. La démocratie locale part en vacances pour... trois mois.


Bon après-midi.

La nuit porte conseil.

Bonjour à toutes et à tous.

Il y a un exercice que j'apprécie et que je vous recommande: assister à un évènement et constater le lendemain comment la presse a perçu ce même évènement. C'est ce que j'ai fait ce matin en achetant la presse locale, et en comparant ma vision du conseil municipal d'hier à Saint-Quentin et ce que les journaux (sauf L'Union, qui n'en parle pas) en ont retenu.

D'abord les titres: Damien Le-Thanh, dans L'Aisne Nouvelle, met en avant "l'élection des 29 grands électeurs qui voteront aux sénatoriales", mais ne cite pas celui dont Pierre André a pourtant prononcé avec assistance le nom, le socialiste Maurice Vatin. Cyril Raineau, dans le Courrier Picard, préfère se concentrer sur un autre vote, celui du compte administratif, en titrant: "L'heure des comptes pour le maire". Il aborde les délégués des sénatoriales sous forme de brève, soulignant la présence de l'épouse du maire ainsi que sa directrice de cabinet (il aurait pu aussi remarquer l'épouse de l'adjoint à la Culture) et... Maurice Vatin, "qui va faire jaser au parti de la Rose". Au point où nous en sommes... Quant aux délégués de l'opposition, je n'en ai reconnu aucun de ma sensibilité, et aucune concertation, à ma connaissance, n'a précédé ce choix. Mais là aussi, au point où nous en sommes...

Le-Thanh, comme moi hier, a trouvé "hasardeuse" (pour ne pas dire embrouillée) l'explication d'Antonio Ribeiro sur les 13 minutes de gratuité pour le stationnement dans le centre-ville. Ribeiro semblait proposer une heure de gratuité, en prenant modèle sur Cannes et Nice, ce qui a fait sortir le maire de ses gonds. "Jean-Pierre Lançon a rattrapé l'erreur", précise Damien, en coupant la poire en deux: 30 minutes de gratuité. L'impression de cafouillage était forte. Le journaliste l'a bien ressentie: "Malheureusement, c'est encore en ordre dispersé que la gauche a abordé ce sujet délicat". Mais comment pourrait-il en être autrement? Une gauche dispersée, sans cohérence interne, maladroitement soudée par des alliances baroques, ne peut et ne pourra agir et réagir qu'en ordre dispersé.

Sur le fond du dossier, il est évident que tout le monde préfère un heure de gratuité à 13 minutes ou même à 30 minutes. Mais qui va payer? Car ce qui est gratuit pour les uns doit être payé par les autres. Et Pierre André, une fois de plus, renvoie Jean-Pierre Lançon à son passé, en estimant qu'il lui revient d'assumer les conditions que lui impose la convention passée avec le parking, signée il y a près de 15 ans. On n'en sort pas et on n'en sortira hélas pas!

Quant à l'argumentation de Ribeiro, j'avoue ne pas suivre: il dénonce la désertification du centre-ville, les difficultés du petit commerce (très bien) et établit un lien avec la nouvelle carte qui offre les 13 minutes (là, ça ne va plus), la qualifiant de "mesurette" alors que celle-ci a été voulue par 70 commerçants qui n'en attendent que du bien. Je ne vois que la confusion et la maladresse dans l'expression qui puissent expliquer tout ça. Mais le débat ne fait que commencer, puisque des Etats généraux du commerce auront lieu à la rentrée.

Le dernier point à l'ordre du jour, le nouveau plan de signalisation, a donné l'occasion à Pierre André de faire la seule concession à l'opposition, et ce n'est sans doute pas un hasard si c'est Michel Aurigny qui en a reçu le bénéfice. Celui-ci annonçant son abstention faute d'avoir le cahier des charges pour la consultation des entreprises, le maire a ajourné la délibération, en appelant au "respect des élus", ce qui était assez cocasse à l'issue d'une telle séance. Finalement, le pointillisme lambertiste peut avoir du bon!

Cyril Raineau me permet de corriger une inexactitude: je vous ai dit hier que Xavier Bertrand était resté une heure alors que le Courrier Picard annonce 20 minutes. Mais le ministre était non loin, conversant avec son téléphone portable. C'est ainsi qu'on reconnaît les hommes importants!


Bonne fin de matinée.

27 juin 2008

Le chagrin et la pitié.

Bonsoir à toutes et à tous.

Il y avait ce soir conseil municipal. J'en reviens. Avec une impression de malaise. Xavier Bertrand était présent, même s'il est parti au bout d'une heure. Les deux conseillères socialistes étaient absentes. Mais mon malaise ne vient pas de là. D'abord, j'ai pensé à Freddy, passé du MRC à la majorité de droite. Souvent, ces dernières années, il était près de moi, sur ce balcon où nous dominions la situation sans rien dominer du tout. Silencieux, tout comme moi, par obligation, et rageant alors de ne pas pouvoir intervenir. Moi aussi, je ressentais ça.

Aujourd'hui, Freddy est dans la fosse, et moi toujours au balcon, toujours silencieux. Mais qu'est-ce qui a changé? Lui aussi, Freddy, est silencieux, et encore obligé, non pas parce qu'il ne pourrait pas parler, mais parce que la solidarité majoritaire le contraint. Finalement, il est plus silencieux et moins libre qu'avant, où il pouvait toujours, devant la presse, faire ses remarques. Et je me dis, étrangement, que de mon balcon, je me sens bien, même si je suis insatisfait de la situation.

Malaise ensuite dès le premier point à l'ordre du jour, l'élection des délégués aux élections sénatoriales. Le maire annonce mystérieusement qu'à cette occasion il poursuit sa politique d'ouverture. Etonnement de ma part, vite levé lorsque j'entends, parmi les délégués proposés par Pierre André, le nom de... Maurice Vatin. L'ouverture, c'est la torture à petit feu, le délitement de la gauche locale, sa lente et douloureuse strangulation. Et pour corser le tout, au moment du vote sur le compte administratif 2007, c'est le plus âgé qui préside la séance, en l'occurrence... Bernard Lebrun. La torture continue... Vous comprenez mon malaise.

Premier dossier consistant: l'adoption du règlement intérieur (qui fait 20 pages!). L'opposition fait quatre suggestions, s'appuyant sur l'Association des collectivités locales: la reconnaissance des comités de quartier, la libre expression dans le cadre d'un bulletin municipal, la création de commissions permanentes, des questions orales sans passer par le délai des 48 heures et des réponses directes des adjoints concernés. Réponses de Pierre André:

- Sur le dernier point, il privilégie l'efficacité (avoir les questions à l'avance pour que les réponses soient informées) et se calque sur le fonctionnement du Parlement.

- Sur le bulletin municipal (inexistant à Saint-Quentin), le maire estime que celui-ci n'est qu'un instrument de propagande, raison pour laquelle il n'en veut pas. Argument assez surprenant: en matière de propagande, il y a bien d'autres moyens sur lesquels le maire ne rechigne pas, ce qui est d'ailleurs bien compréhensible. A Saint-Quentin, nous avons une publication qui ressemble de très loin à un bulletin municipal, "Saint-Quentin à votre service", mais qui n'en est pas suffisamment un pour que l'opposition puisse s'y exprimer. Tout le problème est là.

- Sur les commissions permanentes, Pierre André a rappelé qu'il préférait des groupes de travail sur des sujets précis et qui relèvent directement des compétences municipales.

- Quant aux comités de quartier, le maire propose justement, là-dessus, un groupe de travail, pour définir leur rôle et leur mode de désignation. Ce à quoi l'opposition répond que non: ce qu'elle veut, c'est l'inscription de ces comités dans le règlement intérieur. Peut-être de sa part l'inquiétude de voir le coup du mur réédité, un dossier gênant étant refilé entre les mains de l'opposition... pour s'en débarrasser.

Triste épilogue de tout ça: le maire accuse l'opposition de "fuir ses responsabilités" et l'opposition répète que ses propositions sont "constructives". Ce n'est même pas un dialogue de sourds, c'est une absence de dialogue. Pierre André n'a aucune estime pour cette opposition (il en avait pour Odette et Alix Suchecki), il la méprise ostensiblement, cela fait presque pitié à voir et à entendre (seuls Aurigny et Tournay échappent un peu à sa vindicte). Six ans encore comme ça? Dès qu'une proposition est avancée, le maire se réfugie derrière la loi. Aucune dialogue, aucune compréhension de sa part ne seront tentés en direction d'une opposition que le premier magistrat ne cherche qu'à discréditer. Malaise...

Michel Aurigny, fidèle à sa culture lambertiste, va chercher dans les détails de quoi contredire le maire et se lance, à propos du parking de l'hôpital, dans un juridisme qui n'aboutit pas et sur lequel Pierre André a beau jeu de surenchérir. Le litige, c'est l'installation de plots aux abords de l'hôpital pour empêcher le stationnement. Aurigny a trouvé dans la convention signée entre l'hôpital et le parking une ligne qui exige une telle mesure. André lui rétorque que cette convention n'engage pas la municipalité qui n'a rien signé. Et Aurigny répète que la ligne oblige la municipalité. Ce qui fait dire au maire qu'Aurigny défend les intérêts de la société qui a construit le parking! Bref, sous couvert de juridisme, on est en plein délire.

L'affaire du parking payant de l'hôpital, comme je l'ai écrit pendant la campagne municipale, est derrière nous. Il est construit, le bail est signé, des places gratuites ont été accordées aux personnels et à certaines catégories de patients, je ne vois pas ce qu'on peut faire de plus. Pas la peine d'y revenir, comme un os à ronger.

Pierre André a été particulièrement cruel, si je puis dire, avec Ribeiro, dont l'intervention a été largement inaudible. Ce dernier a déploré la désertification du centre-ville , en critiquant la carte de fidélité qui donne droit à 13 minutes de stationnement gratuit sur le parking de l'Hôtel de Ville, qualifiée de "mesurette". "Dédaigneux envers les commerçants", "pas sérieux", "à côté de la plaque" ont été les réponses de Pierre André. Jean-Pierre Lançon a tenté de rendre plus intelligibles les propos de Ribeiro, ce qui n'a pas ému le maire, qui s'est dit "atterré", accusant l'opposition de confondre le parking aérien et le parking souterrain,dans lequel il n'est pour rien.

Lorsque Nora, des Verts, a critiqué le Plan de rénovation urbaine et sa promotion publicitaire par des entreprises privées, il lui a carrément envoyé à la figure qu'elle ferait mieux de ne pas faire de politique si c'est pour dire ça...

Vous comprenez mon malaise. Cette opposition, je ne l'ai pas choisie, même si j'ai voté pour elle. Je ne crois pas, depuis le début, pour des raisons politiques de fond, à sa capacité à combattre la droite et à dessiner une future alternative crédible. Et pourtant, quand je la vois en prendre plein la gueule, moquée et rabaissée par Pierre André, je ne peux m'empêcher d'éprouver une sorte de pitié. Vous vous souvenez de ce documentaire de Max Ophuls, "Le chagrin et la pitié"? C'est exactement ce que j'ai ressenti, pendant ce long malaise qu'a été ce long conseil municipal, deux heures durant.


Bonne soirée.

Mis à contributions.

Bonjour à toutes et à tous.

Trois bonnes nouvelles:

- Un membre du Conseil national a accepté de signer la contribution des rénovateurs socialistes de l'Aisne, qui sera donc validée.

- J'ai fait circuler depuis hier la contribution à l'intérieur de la fédération, et les premières signatures me sont revenues ce matin. C'est bien parti.

A ce propos, si vous êtes adhérent axonais et que vous souhaitez éventuellement signer la contribution, je vous invite à me contacter pour que je vous envoie le texte: emmanuel.mousset@wanadoo.fr . Faites vite, c'est jusqu'à lundi soir.

- Mon camarade Thierry Doukhan, l'un des signataires de la contribution, a été élu secrétaire de la section de Guise cette semaine. Toutes mes félicitations! Ce qui n'enlève rien à l'amitié que je porte à la précédente secrétaire, Lise Rauscher, qui a beaucoup oeuvré pour la section, mais qui nous a quittés pour d'autres horizons politiques.

Au plan national, ce sera également le week-end des contributions. Pierre Moscovici m'a fait parvenir la sienne, que je signerai puisqu'elle est l'expression de notre courant social-démocrate et strauss-kahnien, Socialisme et Démocratie. Pour les autres sensibilités, je serai bien sûr attentif à ce que Ségolène va proposer, en attendant la parution prochaine de son ouvrage avec Alain Touraine: "Si la gauche veut des idées". Oui, moi je veux!

Attentif aussi à ce qui se passe dans la gauche du Parti, plus précisément du côté de Benoît Hamon, un garçon vif et intelligent avec lequel il va falloir, je crois, compter. Il n'a pas le côté obtus de Mélenchon, il ne pratique pas l'opportunisme des fabiusiens. Sa tentative de renouveler, avec Emmanuelli, notre aile gauche est intéressante, même si ce n'est pas la perspective que j'ai choisie.

Car l'aile gauche, ce n'est manifestement plus Fabius, que j'ai de plus en plus de mal à situer. Sur France-Inter, cette semaine, il s'est déclaré "social-démocrate", et je veux bien le croire. Sur le référendum irlandais, il s'est abstenu avant de prendre position et il a déclaré après qu'il ne se réjouissait pas du résultat (à la différence de Mélenchon). Pour une figure de proue du nonisme, ce n'est pas rien. Et puis, en s'inscrivant dans la démarche des Reconstructeurs, il se social-démocratise inévitablement. Fabius n'est pas homme à rester dans la solitude. Le corridor de l'aile gauche, il ne pouvait pas y rester bien longtemps.

Début juillet, nous recevrons d'épais cahiers pleins de ces contributions générales et thématiques. C'est un bel exercice de démocratie pour notre Parti, c'est un grand moment de formation pour nos adhérents, qui devraient lire de près chacune de ces contributions. Je profiterai bien sûr de l'été pour vous en reparler, pour décortiquer avec vous les textes les plus intéressants. Il y aura de quoi faire!


Bonne fin d'après-midi.

26 juin 2008

La télé de papa.

Bonsoir à toutes et à tous.

C'est décidé, et la commission Copé n'a qu'à bien se ranger: le Président a décidé qu'il n'y aurait plus de pub sur les chaînes de télévision publiques. Et où vont-elles trouver leur financement? Pas facile. L'engrenage est en place: pas de pub, peu d'argent. Où est l'argent? Dans le privé. Donc allons vers la privatisation, tout en faisant plaisir, dans l'instant, à la gauche anti-pub qui se réjouit sans trop savoir, et aux télés privées qui récupèrent le marché des annonceurs.

En attendant, la télévision publique aura un directeur nommé par l'Elysée. Comme au bon vieux temps du Général. Même des députés UMP sont gênés par cette régression. La "voix de son maître" sera d'autant plus efficace que Nicolas Sarkozy a déjà de puissants appuis dans l'audio-visuel privé, par exemple TF1. La télé de papa, c'est aussi la télé de Sarko. Bien sûr, on vante la qualité de ce service public dans les années 60. Le Président a cité Chancel, Au Théâtre ce soir. Ok, mais il faut savoir ce qu'on veut: La qualité au détriment de la liberté? Moi non. Je veux les deux!

Pourtant, à droite, l'attitude envers les médias n'a pas toujours été celle-là. De Gaulle, n'en parlons même pas. Mais avec Giscard, les choses ont changé et évolué dans le bon sens. Il a donné, dans les années 70, l'autonomie aux chaînes de télévision, formidable évolution (Révolution?). Avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, en 1981, l'autonomie a été renforcée, le président des chaînes n'a plus été nommé par l'Elysée, Mitterrand a libéré les radios et les télés, tout en maintenant le cadre national du service audio-visuel.

1986: La droite l'emporte aux législatives. Son rêve, privatiser, ce qu'elle fait à tour de bras, notamment TFI. Maintenant, la droite veut poursuivre ce rêve, qu'elle combine avec un autre, apparemment contradictoire: rétablir la "voix de la France", en désignant son responsable en Conseil des Ministre. C'est la modernité à reculons, l'effacement de la période Giscard. Cette télé d'Etat, et nous tous, nous allons prendre un sacré coup de vieux!


Bonne soirée, sans pub ni télé.

Comment va la santé?

Bonjour à toutes et à tous.

La proposition du directeur de la Caisse Nationale d'Assurance-Maladie de ne plus rembourser intégralement les maladies de longue durée a provoqué un tollé, à gauche et dans les syndicats. La droite est restée prudente. Mais tout le monde y est allé de son indignation morale. Normal, qui ne serait pas choqué quand on apprend qu'un malade du cancer, couvert jusque là à 100%, aura désormais des difficultés à se soigner? Mais prenons garde: la réaction morale ne suffit pas. Pas plus que la dénonciation d'une politique qui cherche à faire des économies.

Car si nous en restons à un jugement moral, si nous condamnons une méthode économe, avare, ingrate, nous ne touchons pas au coeur du problème. Les économies, je suis pour, ça ne me choque pas. Mais pas de cette façon-là. La réaction morale? Chacun la ressent, mais la droite aura beau jeu de répondre (c'est ce qu'elle a d'ailleurs fait) que les patients seront toujours pris en charge à 100%, sauf qu'une partie sera assurée par les mutuelles.

Le problème est donc là, ni moral, ni budgétaire, mais politique: Depuis la loi Fillon-Bertrand sur la Sécurité Sociale, depuis la création des franchises Bertrand sur les médicaments, l'idée est dans l'air, le projet est dans les têtes et le ver est dans le fruit, une partie de la Sécu doit être à la charge des individus (les franchises) et du privé (les mutuels), mais plus de la solidarité nationale via nos cotisations. C'est tout l'enjeu politique, la cohérence de la droite, qu'il ne faut pas oublier et qu'il faut combattre.

En tant que socialiste libéral, je n'ai bien sûr rien contre les mutuelles et le secteur privé. Le marché lui aussi, à sa façon, peut concourir à l'intérêt général et doit contribuer à la solidarité nationale. Mais le principe de la Sécurité Sociale doit être sauvegardé, alors qu'il est, depuis quelques années, malmené par les différents gouvernements de droite. La santé n'a pas de prix, c'est pourquoi elle doit échapper à la logique du marché. Dans les années qui viennent, la pire des inégalités sera celle-là, parce qu'elle est une inégalité naturelle, et non pas une inégalité de classe: le riche peut être malade et le pauvre bien portant. Les moyens de la santé doivent donc être équitablement partagés, pour que le pauvre puisse se soigner. A côté, les inégalités culturelles et sociales sont moins cruelles, parce que l'inégalité dans la santé est une question de bien-être et de souffrance, de vie et de mort.


Bonne matinée.

25 juin 2008

Merci à tous.

Bonjour à toutes et à tous.

J'ai fait parvenir hier soir un courriel à tous mes camarades socialistes dont j'ai les adresses électroniques, afin de les informer de ma convocation devant la Commission fédérale des Conflits et leur expliquer brièvement mon point de vue. Il me semblait nécessaire de donner cette information et de faire cette mise au point. Je ne veux pas que la rumeur s'en charge, avec toutes les calomnies possibles et imaginables. J'ai bien sûr exclu de cet envoi les camarades qui sont directement parties prenantes dans ma convocation devant la Commission.

Ce que ces camarades Stabilo doivent savoir, c'est que je n'ai pas l'intention de me laisser faire. Je suis porteur d'une ligne politique, qui est celle de la majorité des socialistes saint-quentinois, je défendrai cette ligne politique. Dans ce contentieux, nul conflit personnel, nul enjeu de pouvoir, nulle revanche à prendre, nul avenir à ménager, mais la certitude d'avoir en moi des convictions qu'il faut défendre parce qu'elles sont, j'insiste, majoritaires dans la gauche locale et en phase avec les évolutions de notre Parti au niveau national.

Le rêve de ces camarades, c'est que le conflit reste "interne", comme ils disent, c'est-à-dire secret, camouflé, dissimulé. Qu'ils ne comptent pas sur moi pour me laisser étouffer en silence. Leur rêve d'un PS qui ressemblerait à un film muet où il faudrait demander l'autorisation pour pouvoir s'exprimer, je vais le transformer en cauchemar. Vous connaissez l'adage: "Il n'y a que la vérité qui blesse". Je crains qu'ils n'aient très mal.

Merci aux nombreux camarades qui m'ont manifesté leur sympathie et leur soutien, à la suite de mon message électronique. A ceux qui ont proposé de témoigner en ma faveur, je suis touché par leur geste, mais c'est l'accusé, et lui seul, qui doit s'expliquer. Et puis, ce sont les coupables qui ont besoin d'être soutenus, pas les innocents...


Bon après-midi.

24 juin 2008

Chagrin d'école.

Bonsoir à toutes et à tous.

Je ne sais pas chez vous, mais chez moi, à Saint-Quentin, il fait très, très chaud. A mes collègues qui ont le nez dans leurs paquets de copies du bac, j'invite à faire un break, et de méditer, en ma compagnie, quelques pensées bien senties de Daniel Pennac, dont je viens de lire "Chagrin d'école", paru en décembre 2007, ayant eu le prix Renaudot et un beau succès de librairie. J'ai trouvé mon exemplaire par hasard. Où ça? Bien sûr dans la bibliothèque de mon lycée...

L'ouvrage a plu aux enseignants, parce que Pennac ne se plaint pas, est heureux dans sa peau et sa tête de prof. Ca nous change des témoignages geignards sur la vie au sein de l'Education Nationale! Les anciens élèves que sont tous les Français ont aimé parce que Pennac s'avoue cancre, mais un cancre qui est devenu prof! Voilà qui rassure tout un chacun sur lui-même et sur ses enfants: on peut être mauvais élève et réussir dans la vie, devenir même bon enseignant. Formidable, n'est-ce pas!

Le style Pennac est fait d'aphorismes nettement repérables. Je vous en cite quelques-uns, en guise d'apéritif (il fait tellement chaud):

"Tout le mal qu'on dit de l'école nous cache le nombre d'enfants qu'elle a sauvés des tares, des préjugés, de la morgue, de l'ignorance, de la bêtise, de la cupidité, de l'immobilité ou du fatalisme des familles." (p. 26) Très juste.

"On ne peut pas imaginer Sisyphe heureux avec un paquet de copies!" (p. 61) Non, non et non, corriger les copies, c'est notre boulot, et tout le métier me plaît: moi, j'aime ça, corriger les copies.

"C'est cela, enseigner: c'est recommencer jusqu'à notre nécessaire disparition de professeur." (p.70) Tellement vrai.

"Ce n'est pas rien, une année de scolarité fichue: c'est l'éternité dans un bocal." (p.71) Une pensée qui me laisse perplexe...

"La première qualité d'un professeur, c'est le sommeil. Le bon professeur est celui qui se couche tôt." (p.135) Aïe, je me couche tard!

"Si leurs marques étaient des médailles, les gosses de nos rues sonneraient comme des généraux d'opérette." (p.234) Oh que oui!

"Paradoxe de l'enseignement gratuit hérité de Jules Ferry, l'école de la République reste aujourd'hui le dernier lieu de la société marchande où l'enfant client doive payer de sa personne, se plier au donnant-donnant: du savoir contre du travail, des connaissances contre des efforts, l'accès à l'universalité contre l'exercice solitaire de la réflexion, une vague promesse d'avenir contre une pleine présence scolaire, voilà ce que l'école exige de lui." (p.292) Bien vu.

Lisez, réfléchissez, retenez... et retournez à vos copies.


Bonne soirée.

Nuit d'ivresse.

La musique adoucit les moeurs, dit-on. A Saint-Quentin, j'ai l'impression qu'elle les énerve. Du moins si j'en crois le compte-rendu donné hier dans L'Union de la Fête de la Musique. Jugez-en plutôt: des effectifs de police triplés, 36 interventions, 27 personnes au commissariat pour des violences de toute sorte, bagarres, coups de couteau, insultes à agent. Les bombes lacrymogènes ont été utilisées plusieurs fois. Un point commun dans tous ces incidents plus ou moins graves: l'alcool. Samedi soir, c'était dans notre ville le Mai 68 des soûlauds! Plus surprenant encore, les réactions de la foule face à une interpellation policière:

"Les clients et les passants qui ont suivi la scène forment un attroupement et devant l'hostilité manifestée à leur égard, les policiers font usage de bombes lacrymogènes."

Saint-Quentin au bord de l'insurrection, une nuit de musique et d'ivresse... Je rapproche cet article de la chronique de Cavanna, dans Charlie de cette semaine, où il parle de "la ruée des adolescents et préadolescents vers la consommation massive de liquides fortement alcoolisés". Il poursuit en ces termes:

"Je conclus que l'Hexagone juvénile est imbibé dans sa totalité. En va-t-il de même ailleurs? L'ivrognerie généralisée est-elle en train de noyer l'Europe sous une nappe épaisse de vomi fleurant le pastis et la vodka-orange sur laquelle flottent çà et là les carcasses ivres mortes des enfants dénaturés de parents qui ne méritent pas ça? Le monde occidental tout entier va-t-il rouler sous la table?"

Ce regard sarcastique de Cavanna sur nos petits soûlauds du samedi soir m'intéresse, venant d'un journal libéral, libertin et libertaire, tout comme moi. J'apprécie l'alcool mais je déteste l'alcoolisme. Je suis sidéré, affolé quand je vois tous ces jeunes et ces moins jeunes, à la sortie des bars saint-quentinois, titubant, la tête complètement pétée, en train de ou s'apprêtant à gerber. Je suis pour le plaisir du vin, pas pour l'abrutissement de l'alcool. On a oublié qu'au XIXème, l'alcool était un fléau sanitaire et social dans le monde ouvrier, que les socialistes d'alors ont combattu, certains anarchistes allant jusqu'à pratiquer et prôner l'abstinence. On est loin, très loin, de certains anars ou pseudo-anars d'aujourd'hui, punks et compagnie, qui se bourrent la gueule lors de la moindre manifestation musicale.

L'alcool reste un fléau, sans doute moins ravageur, mais un fléau quand même, c'est-à-dire un problème politique. La différence, c'est que l'indulgence est plus grande maintenant qu'avant. On focalise sur la drogue, on oublie l'alcool, on a tort. Les jeunes sont touchés plus que les autres. Et les jeunes filles plus que tout le monde. Les causes? Je ne sais pas, je m'en fous un peu. Ce qui me préoccupe, ce sont les conséquences. Mal dans leur peau? Tout le monde est plus ou moins mal dans sa peau, ce n'est pas une raison. Beaucoup de choses sont entreprises pour affronter ce mal. Mais j'aimerais qu'au niveau municipal, un groupe de travail s'empare de ce douloureux dossier, qu'on ne le laisse pas à la police ou à la médecine, qu'on en fasse une question civique.


Bon après-midi.

Contribution au débat.

Bonjour à toutes et à tous.

Débat très tonique hier soir à Crouy, autour de charcuteries et salades, ce qui ne gâche rien. Avec une douzaine de camarades, nous avons discuté de la contribution que nous allons tenter de présenter au congrès. Nous avons choisi le thème de la vie fédérale et de son indispensable rénovation, nous appuyant les uns et les autres sur les expériences militantes que nous avons pu vivre. Je vous livre les 7 propositions que nous faisons pour améliorer la vie de notre Parti:

1- Les liens entre sections et fédération doivent être renforcés, en incitant les secrétaires fédéraux à visiter les sections et à rendre compte devant elle de leur travail.

2- Les réunions du bureau fédéral et du conseil fédéral doivent faire l'objet de compte-rendus écrits diffusés à l'ensemble des sections.

3- Le conseil fédéral doit se réunir plus souvent, assurer pleinement son rôle de "Parlement" du Parti au niveau départemental. Les conventions nationales doivent être plus nombreuses et susciter un débat permanent à l'intérieur des sections.

4- Il faut distinguer beaucoup plus responsables politiques et élus du Parti, éviter la confusion entre les deux autant que faire ce peut, afin d'instaurer une démocratie vivante dans une organisation où chacun peut trouver sa place.

5- Le montant des cotisations doit être revu, dans son calcul et son affichage, afin d'aller vers leur baisse et leur homogénéisation.

6- Nous devons réfléchir au mode de désignation de nos candidats aux différentes élections. Si la ligne politique doit être définie par les seuls adhérents, le choix des meilleurs candidats pour porter cette ligne pourrait être ouvert aux sympathisants et électeurs socialistes, en s'inspirant des primaires à l'Italienne.

7- Dès lors qu'une section respecte la ligne politique définie nationalement par le Parti, ses votes sont souverains, nulle instance supérieure ne peut y déroger.

Ces propositions ne sont, très modestement, que des pistes de réflexion, non des affirmations péremptoires. Cette semaine, les différences sensibilités du Parti (une dizaine environ) vont présenter, au niveau national, des contributions générales. Il me semble important que l'Aisne participe à ce débat en avançant une contribution thématique.


Bonne fin de matinée.

23 juin 2008

Le foot me gonfle.

Je vous recommande la lecture de l'éditorial de Philippe Val dans Charlie-Hebdo de cette semaine (il y avait longtemps que je ne vous avais pas parlé de Val, dont j'apprécie beaucoup la pensée). C'est à propos de l'EuroFoot... sans la France. Le foot, qu'on moquait dans mon adolescence, surtout quand on était de gauche (ce sport avait un petit côté "opium du peuple"), est devenu à la mode, surtout dans les milieux progressistes. Et les femmes s'y sont mises. Alors... Réaction de Val:

"Avant, je n'aimais pas le foot, car, entre autres choses, je trouvais ridicule de voir tous ces millions de pauvres applaudir onze milliardaires en train de s'amuser. Mais des amis de gauche m'ont dit que c'était réactionnaire et élitiste. Alors maintenant j'aime le foot parce que je suis de gauche."

Pourtant, le ressort du foot, l'explication de son incompréhensible engouement, la justification de ces visages bizarrement tricolorés, sont toujours les mêmes, que Val nous rappelle:

"Si le football a tant de succès aujourd'hui, c'est aussi par peur d'une mondialisation où le métissage ferait disparaitre les affrontements dont on est persuadés qu'ils sont nécessaires pour affirmer notre existence."

A partir de ce constat, la conséquence est claire: L'EuroFoot, c'est l'anti-Europe! Et Val revient sur le non irlandais, avec des mots et des vérités que j'aimerais plus souvent entendre prononcer par notre classe politique, au lieu qu'elle se soumette au populisme ambiant:

"L'Irlande... (...). L'Europe leur a fait des routes, des hôpitaux, des écoles, et maintenant qu'ils ont des quatre-quatre et des écrans plats, ils se cassent avec la caisse en faisant un doigt d'honneur. Ils ne veulent plus d'immigrés, ils ne veulent plus de Polonais, ils ne veulent pas voir des Arabes et des Noirs dans leurs rues monocolores. Ils sont comme les autres. Comme les Français. "

Bravo! Conclusion de Philippe Val:

"Finalement, je crois que je n'aime pas le foot."

Ouf! Moi aussi, le foot bêtement nationaliste me gonfle.


Bonne soirée, moi à Crouy.

Fier de la blogosphère.

Bonjour à toutes et à tous.

Le temps passe vite, les heures me manquent pour tout vous raconter. Avant mon départ pour Agen, j'ai été contacté par Loïc Chaux, de L'Union, pour un article sur les bloggueurs saint-quentinois. Une occasion de réfléchir à ce phénomène récent dont je suis devenu partie prenante, au départ malgré moi, et qui à l'arrivée me cause bien des soucis, autant dans ma vie privée que politique, comme vous le savez. Mais aussi de grandes satisfactions. On ne peut pas tout avoir!

L'apparition des blogs, c'est d'abord une vraie révolution démocratique. Chaque citoyen peut s'emparer d'un sujet, donner son opinion. La culture du secret, du "verrouillage", du contrôle des idées en prend un sacré coup. D'où mes petits soucis avec la Commission des conflits... Les blogs sont un élan libertaire. S'ils connaissent un tel succès, c'est que les débats n'ont plus lieu dans les structures traditionnelles, où la parole est formatée, les échanges convenus, les aboutissants sans surprise. Les blogs ringardisent les appareils politiques, ils mettent de la vie là où il n'y a qu'immobilité et mort.

Les blogs sont aussi des relais d'informations inédites, qu'on ne trouve pas ailleurs. Je suis persuadé qu'un nouveau journalisme est ainsi en train de s'inventer, tant il est vrai qu'un "billet" est très proche d'un "papier" de presse. Et puis, la diversité des blogs est formidable, blogs politiques comme le mien, blogs professionnels (je songe à en ouvrir un en septembre), blogs plus personnels (dont mes élèves sont friands, et qui sont des journaux intimes électroniques).

Loïc Chaux me demande s'il n'est pas paradoxal de tenir un journal intime que tout le monde peut lire, qui cesse donc d'être intime? Mais bien sûr que si, et vive les paradoxes, eux aussi font partie de la vie! Plus sérieusement, la crainte de voir exploser le narcissisme et l'exhibitionnisme à travers les blogs est infondée. La vanité humaine n'a pas attendu cette technologie pour exercer ses méfaits. Quand un bloggueur écrit, il sait parfaitement qu'il est lu. Il ne dit donc pas tout. Sinon, en ce qui me concerne, ce ne serait plus un blog mais une foire à la farfouille, un vide-grenier. Des vertes et des pas mûres, je pourrais vous en raconter, je m'abstiens de le faire, ce n'est pas mon objet. Le rédacteur d'un blog se soumet donc naturellement, sans y penser, à une modération de ses propos. La hantise du "Mousset qui dit tout" n'existe que dans les petites têtes craintives et pas sûres d'elles-mêmes.

Et les anonymes, qu'est-ce que j'en pense, m'interpelle Loïc? Ca ne me gêne pas fondamentalement, quand c'est quelqu'un de réellement anonyme, que je ne connais pas et qui ne me connait pas. Quel besoin alors de signaler son identité? Seul compte le commentaire, pas le commentateur. En revanche, il existe de faux anonymes, des personnes qui manifestement me connaissent, qui jouent de leur familiarité avec moi tout en restant masqués. Dans ce cas, je trouve qu'il y a quelque chose de malsain, outre la lâcheté de l'attitude. C'est le vice ordinaire du voyeur, qui jouit de voir sans être vu.

Ces anonymes et tous les autres commentateurs et lecteurs, aimerais-je les rencontrer, "en vrai", me demande le journaliste de L'Union? Un temps, j'y ai pensé, pour l'anniversaire de ce blog en septembre, ses deux ans d'existence, faire un pot (de l'amitié?) ouvert à qui voudra bien venir. Je trouvais ça marrant. Et puis, maintenant, j'hésite, je pense plutôt que non. Le blog est un monde en soi, un univers avec ses propres lois, son espace, sa temporalité. Vouloir passer du monde électronique au monde matériel, je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée. C'est un peu comme lorsqu'on adapte un roman au cinéma, ça ne marche pas toujours très bien, il y a des pertes et de la déception. Pour le moment, c'est donc non. Mais les lecteurs peuvent me faire changer d'avis!

Ce qui est certain, c'est que notre société, sa vie politique, ne seront plus exactement les mêmes après l'apparition des blogs. Je vais pour ma part encore plus loin: je crois que nous assistons à la naissance d'un genre littéraire, à la manière du roman-feuilleton quand la grande presse s'est mise en place au XIXème siècle. Car un blog, c'est d'abord un exercice d'écriture que l'on fait pour soi, qui exige une discipline personnelle assez forte, une gestion de son temps rigoureuse, presque une maîtrise de soi. J'ai envie d'employer l'expression du philosophe Pierre Hadot, dont je vous ai parlé hier: un "exercice spirituel". C'est pourquoi j'encourage mes élèves à tenir un blog, cette forme contemporaine d'écriture. Car pour développer la réflexion, je ne connais rien de mieux qu'écrire (et pour celles et ceux qui préfèrent la bêtise, parler beaucoup suffit!).


Bonne fin de matinée.

22 juin 2008

Le grincement des charrettes.

Bonsoir à toutes et à tous.

Ouf, ça y est, j'ai terminé la rédaction de notre contribution thématique en vue du congrès socialiste, que j'ai immédiatement envoyée pour relecture et modification à Pierre, Sylvain et Thierry. J'espère que la version définitive sera prête pour demain soir, puisque Château et Crouy (où je serai demain) se réunissent en section ce jour-là. Dès lors, il faudra faire tourner le texte dans la Fédération et récolter un maximum de signatures (même si je n'aime pas cette pratique, mais il faut bien faire avec les règles actuelles). J'ai choisi, en accord avec Pierre et Sylvain, le thème de la vie fédérale et de sa nécessaire rénovation.

L'écriture n'a pas été facile tellement les points de vue étaient dispersés. La synthèse, c'est tout un art! Mais je crois être parvenu à quelque chose qui se tient, qui a de la cohérence et de la pertinence. Donc première présentation demain à Crouy de la contribution des rénovateurs socialistes de l'Aisne. Il nous restera à trouver un membre du Conseil national du Parti qui accepte de signer, sinon la présentation du texte ne sera pas valable. Si vous avez des contacts ou des idées... Quoi qu'il en soit, nous avons fait un beau petit travail collectif qui portera, j'en suis persuadé, ses fruits, d'une façon ou d'une autre. Ma certitude, c'est que les socialistes sont en attente de débats et de changements, et qu'ils ne se résignent pas à voir leur Parti stagner dans une SFIO réactualisée. Sur ce point, Ségolène avait raison.

Les copies du bac, la rédaction de la contribution, la préparation de ma défense devant la Commission des conflits, tout cela ne m'a pas empêché d'aller faire un tour sur le net, notamment, comme chaque jour, sur le blog de Quintinus. Surprise: lui aussi est convoqué par la fameuse commission! Et le bouche à oreille me fait dire que la charrette serait bien remplie. Quintinus, moi, Vatin, peut-être Cabanes, Andurand, Garand, bien sûr Majorel, Lebrun, Lefèvre, Saïdi, bref tous ceux qui se sont publiquement élevés contre Lançon et Ferreira.

Mais jusqu'où vont-ils aller? Je regarde tout ça avec un peu de commisération, parce que je sais d'avance que nous avons gagné la bataille de l'opinion, la seule bataille finalement qui compte. Il faut être bien bête, dans la société qui est la nôtre, pour vouloir exclure quelqu'un. Ce geste se retourne automatiquement contre son initiateur. Honnêtement, je peux vous assurer que beaucoup de gens ne sont pas d'accord avec mes prises de position, mais aucun, je dis bien aucun, estime que je n'ai pas le droit de les exprimer. La liberté, c'est fondamental en République. Vouloir exclure quelqu'un parce qu'il pense autrement, le traduire devant un simili-tribunal, tout cela passe très mal. Et puis, supposons que moi et d'autres, nous soyons exclus du PS, qu'est-ce que ça changera? Rien. La situation pour la gauche saint-quentinoise sera même pire. Alors...

Dans la société moderne, il est acquis que chacun a le droit de dire ce qu'il veut, pourvu qu'il n'enfreigne pas la loi commune. Qui peut croire que moi, Quintinus et les autres, nous soyons dans ce cas de figure? Et vous voulez le fond de ma pensée? Je pense que la dite Commission des conflits est un système complètement archaïque qui ne règle absolument aucun conflit. Il n'empêche que je me présenterai respectueusement devant cette instance fédérale le 2 juillet, comme je l'avais déjà fait il y a quelques années, et que je me soumettrai à ses décisions, me réservant bien sûr le droit de faire appel si je ne suis pas lavé de toute accusation.

Dans une société libérale, démocratique, la liberté est chevillée dans les moeurs. On ne peut rien contre ça. Le grincement des charrettes sur les pavés se retourne inévitablement contre les coupeurs de têtes. Lançon, Ferreira et Gatteau sont d'une autre époque, d'un temps où les problèmes se réglaient d'en haut, par des oukases bureaucratiques. Ce temps est fini. Je pense que Jean-Jacques, Dominique et les autres ont l'intelligence pour le comprendre. En attendant, quel gâchis, alors que tout pouvait se régler tranquillement, par le dialogue, et pas dans le rapport de forces et la brutale procédure. Je ne suis pas méchant, je m'assagis assez vite, j'accepte le dialogue, je pratique le compromis. Mais si on me mord, je mords. Jusqu'au sang.


Bonne soirée.

L'Europe et ses peurs.

L'Europe, encore et toujours. C'est peut-être notre dernière grande aventure, l'ultime occasion pour les vieilles nations du continent de jouer un rôle dans l'Histoire. Mais nos élites le veulent-elles? Et nos peuples en ont-ils envie? Il faudrait pour cela aimer l'aventure, au bon sens de ce terme: prendre des risques, accepter de ne pas tout savoir de l'avenir, faire preuve de courage. Droite ou gauche, qui éprouve ce désir dans les sociétés modernes?

Souvenez-vous la dernière présidentielle, Sarko-Ségo: d'un côté le besoin de sécurité, de l'autre la démocratie participative, le besoin d'être écouté. Les deux, pourtant très différents, se rejoignaient, complétaient un même profil, celui d'une France qui aspire à devenir un immense canton suisse, où tout est propre, tranquille, "sécurisé" (côté Sarko) et où les citoyens n'en font qu'à leur tête (côté Ségo), un peuple préoccupé par des histoires de coucous, voilà comment parfois je sens la France d'aujourd'hui. La France? Mais aussi l'Irlande, mais aussi la Hollande, et l'ensemble de ces pays dont le confort a tué l'esprit d'aventure, et qui n'osent plus s'engager dans l'aventure européenne. Des pays qui n'ont qu'un dernier rêve: devenir une nouvelle et vaste Suisse.

Au départ de l'aventure européenne, il y a plus de 60 ans, quand la fatigue n'avait pas atteint les esprits, qui avait-il? La peur. L'Europe s'est construite, à l'origine, sur la peur de la guerre, la peur du retour de l'horreur. Et puis, pendant 40 ans, c'est la peur du communisme qui a motivé la construction européenne, à travers un paradoxe aujourd'hui levé: une moitié de l'Europe, l'Ouest, se protégeait de l'autre moitié, l'Est. De ces peurs naissaient des valeurs, car on ne bâtit rien sur des angoisses stériles: la paix pour conjurer la guerre, la démocratie pour contrer le communisme. Ces peurs étaient d'autant plus puissantes que pour beaucoup, le communisme, c'était la guerre. Ces valeurs étaient d'autant plus fortes que la démocratie assurait le triomphe de la paix.

Les peuples d'Europe ont vécu une bonne quarante d'années là-dessus, jusqu'autour de 1990, où le continent a basculé, où une page de son histoire a été tournée. La guerre, les générations passant, la paix s'installant, n'a plus été qu'un vague souvenir incapable de faire peur à qui que ce soit, un épouvantail pour enfants. Le communisme, en s'effondrant, a dissipé totalement la peur qu'il provoquait, et dont on a oublié aujourd'hui l'intensité fantasmatique (les chars soviétiques sur les Champs-Elysées, menaçait un ministre de l'Intérieur à la fin des années 70!). La démocratie s'est si bien répandue, si bien adaptée à l'Europe qu'on ne fait plus attention à elle. On ne désire pas ce qu'on a. Oubliées les dictatures en Europe, Espagne, Portugal, Grèce et "démocraties populaires".

Bref, l'Europe était forte, les peuples y croyaient, quand la peur était là. C'est désolant mais c'est ainsi. L'Europe est-elle donc finie? Non, car la peur n'a pas totalement disparu. Le pourrait-elle d'ailleurs, n'est-elle pas un sentiment humain? Mais la peur a changé d'orientation. De quoi les peuples d'Europe ont-ils peur? Du monde, de ce vaste monde qui envahit tout, alors que pendant des siècles, c'est l'Europe qui l'envahissait, le colonisait. Ce renversement de perspective a de quoi faire peur. On appelle ça "mondialisation". La France fait-elle le poids face à la croissance du monde? Evidemment non. Comment peut-elle l'affronter, s'y adapter? Evidemment à travers la construction européenne. Pour justifier l'Europe, pour ramener les citoyens vers elle, il faut leur parler du monde, de ses menaces, de ses peurs.

Mais faire peur est-il la seule issue? Bien sûr que non. Je n'aime pas la peur mais je suis bien obligé de constater son efficacité. Peut-on y échapper, peut-on fonder une action politique sur autre chose que la peur? Je crois que oui. Prenez la droite française: pendant 70 ans, autour de quoi s'est-elle structurée? La peur du communisme. L'anticommunisme était chez elle un moteur essentiel, une seconde nature qui alimentaient son développement, sa survie. Le PCF fait à peine 2%, l'ennemi interne a quasiment disparu, l'anticommunisme n'est plus qu'un souvenir comique. Et pourtant la droite est toujours là, elle s'est adaptée, ce vide ne l'a pas empêchée de gagner.

La gauche doit aussi en tirer des leçons. Son ennemi à elle, c'était le capitalisme, et l'anticapitalisme a joué à gauche ce que l'anticommunisme a joué à droite. Certes le capitalisme, à la différence du communisme, est toujours là, certes l'extrême gauche continue à cultiver la peur "antilibérale". Mais la gauche pourrait aussi, comme la droite, songer à ne plus s'inventer d'ennemis, à faire de la politique autrement qu'en se faisant peur. Idem pour l'Europe: la peur du monde bien sûr existe, mais on ne construit rien exclusivement sur la peur. Il faut autre chose, un autre sentiment: l'espoir. L'aventure européenne doit retrouver et se fabriquer les chemins de l'espoir.


Bonne fin d'après-midi.

Liberté, vérité, justice.

J'ai ce dimanche 4 sortes de documents, devant moi, sur ma table de travail: 110 copies du bac, les notes de mon rapport moral pour l'AG FOL de mercredi, les brouillons de la contribution des rénovateurs socialistes, les pièces pour assurer ma défense devant la Commission des conflits. Je passe ma journée à aller des uns aux autres. Je n'aime pas m'enfermer dans une seule tâche et j'apprécie de voir le travail avancer de front. Je veux vous parler du dernier paquet, les éléments pour ma défense, et la stratégie que je compte adopter, qui se résume en trois points, liberté, vérité, justice, que je vous détaille:

1- Liberté: quelle est la liberté d'expression d'un militant socialiste? Elle doit être, dans le respect des règles et de la ligne politique de son Parti, la plus grande possible. Si un socialiste n'est pas un libre citoyen, qui sera libre? De ce point de vue, sur ce blog (parce que le noeud de l'affaire, qui empêche certains de dormir, c'est lui, c'est ce blog), j'ai exercé la plus grande sincérité dans le plus grand respect des règles et de la ligne de mon Parti. Ce n'est pas moi qu'on peut prendre en défaut là-dessus. Je ne m'appelle pas Mélenchon. Certes, mon ton est parfois persifleur. Et alors? C'est interdit? S'il fallait sanctionner tous les socialistes qui tiennent des propos critiques sur leur blog, la moitié du Parti serait vidée de ses adhérents. L'Aisne veut-elle se distinguer par ce ridicule, en créant un précédent qui serait liberticide? Les camarades Stabilo peuvent essayer, moi, à leur place, je ne prendrais pas ce risque.

2- Vérité: ce procès sera politique, je le veux ainsi. Pas question de tomber dans la psychologie, le moralisme ou l'esprit procédurier: j'aurai une ligne politique à défendre, c'est la seule chose qui compte à mes yeux. La vérité doit éclater au grand jour sur la situation saint-quentinoise: la signature, à l'occasion des municipales, d'un protocole d'accord contraire à l'identité socialiste, l'alliance inacceptable avec 4 organisations d'extrême gauche, la marginalisation sur cette liste de notre Parti, le non respect des votes de la section. Oui, il y en a, des choses à dire et à dénoncer, et 30 minutes n'y suffiront pas. Du fond, du contenu, du solide, j'en donnerai à mes camarades. Finies les rumeurs, les explications par de tierces personnes étrangères à notre section: la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, n'est-ce pas le serment qu'on prononce devant le tribunal?

3- Justice: je n'irai pas le 2 juillet devant la Commission des conflits pour défendre ma petite personne, qui ne mérite pas d'être défendue. Car ce qui est attaqué, ce n'est pas moi, c'est ma section et ses choix majoritaires. C'est donc elle, et elle seule, que je défendrai. Je me rendrai à Laon non pas en accusé mais en avocat. Je n'ai en effet aucuns intérêts personnels à préserver, pas de relations à cultiver, pas de mandats à convoiter, pas d'indemnités à conserver, pas de carrière à construire. Je ne demanderai pas justice pour moi (je m'en moque), mais pour ma section, et au-delà, pour une ligne politique qui me met en phase avec l'ensemble de mon Parti... sauf ici, chez moi, à Saint-Quentin.

Liberté, vérité, justice, ni plus ni moins.


Bon après-midi.

Films et lectures.

Bonjour à toutes et à tous.

Par ce beau dimanche, je veux consacrer mon premier billet à un thème dominical, mes derniers films et lectures. Mais vous allez voir, je ne quitte pas la politique...

J'ai revu cette nuit (je me suis mis à l'horaire Bertrand, j'ai dormi seulement cinq heures) un film très années 70, qui m'a rappelé les ciné-clubs de mon adolescence: Z, de Costa-Gavras, avec Montand. Un film qui a un peu vieilli mais qui tient encore le coup et se laisse regarder avec plaisir. Le cinéma politique est un genre difficile, qui tourne vite à la propagande. Costa-Gavras est, je crois, l'inventeur du cinéma politique grand public. Et c'est pas mal réussi. Cinéaste de gauche, mais surtout cinéaste réformiste: il dénonce les dictatures d'Amérique du Sud et le rôle de la CIA (Etat de siège), la Grèce des colonels (Z), le goulag soviétique (L'aveu), le régime de Vichy (Sections spéciales) mais ne prône jamais une posture révolutionnaire. Ses héros, ce sont des hommes de droit, avocats, juges, des pacifistes, pas des guerilleros.

Autre film: Hoffa, de Dany DeVito, avec un Nicholson méconnaissable dans son rôle de leader syndicaliste des camionneurs américains soutenu par la Mafia. Drôle de syndicalisme, à la fois efficace, social et délinquant. Je pense alors à Xavier Bertrand, qui récuse "l'idéologie" et veut mettre du "pragmatisme" partout. Hoffa lui aussi est un pragmatique, qui se scandalise d'être soupçonné de communisme. Mais on voit bien ici les limites d'un syndicalisme purement corporatiste, donc ouvert aux pires déviances. Contre Bertrand, je soutiens que l'idéologie est nécessaire à la politique et à la vie.

Mes lectures maintenant, philosophiques d'abord: je viens de découvrir un philosophe pourtant classique, connu, encore vivant et très âgé, Pierre Hadot, au parcours atypique puisqu'il a commencé prêtre puis a quitté la religion pour l'étude des philosophies antiques, sans passer par l'agrégation. Sa thèse, passionnante: les philosophes, en particulier ceux de l'Antiquité, n'ont pas construit des systèmes abstraits mais ont proposé des "exercices spirituels" pour changer leur vie. Ainsi, selon Hadot, la philosophie est moins une activité théorique que pratique. Evidemment, la notion d' "exercices spirituels" pour qualifier les écrits philosophiques est sujette à discussion, rappelant plus la méditation religieuse que la réflexion métaphysique.

Mais la thèse d'Hadot se défend. En étudiant de près les textes anciens, en les remettant dans leur contexte, en restituant leur sens exact, on se sent porté vers son hypothèse. Bref, lisez vite La philosophie comme manière de vivre, paru chez Albin Michel en 2001. La lecture est très abordable et très agréable, les idées sont stimulantes. Pour les Saint-Quentinois, l'ouvrage est disponible à la bibliothèque municipale. J'ai le sentiment que Pierre Hadot va être ma lecture de l'été. J'ai passé commande, au lycée, de ses ouvrages principaux (dont une étude sur Marc-Aurèle et mes chers stoïciens). A coup sûr, je vous en reparlerai en juillet-août.

Dernière lecture, un cran très en dessous, bien sûr: Deception Point, de Dan Brown, chez JC Lattès, 2006. Tout le monde connait son DaVinci Code, que j'ai aimé, mais moyennement. Anges et Démons, j'ai abandonné au bout de 100 pages. Deception Point est son roman le moins connu et pourtant le plus intéressant. C'est de la littérature populaire très bien faite. Je vous raconte: une météorite est découverte dans les glaces de l'Arctique, dans laquelle se trouvent... des traces de vie sous forme d'insectes fossilisés. En réalité, il s'agit d'une supercherie à finalité politique. L'enjeu: l'avenir de la NASA, partagé entre maintien de l'établissement public, privatisation de la conquête spatiale ou inclusion de l'agence dans l'armée. Comme quoi même la littérature populaire peut conduire à la réflexion politique...


Bonne fin de matinée.

21 juin 2008

Rénovation, dernier acte.

Aller à l'autre bout du département, 1h30 de route (moins long tout de même que de me rendre à Agen!), et rencontrer des camarades pour parler politique, voilà ce que j'aime, voilà ce que j'ai fait aujourd'hui. Et le temps était magnifique! C'est beau, quand même, l'Aisne. Après le centre à Soissons, après le nord à Saint-Quentin, il fallait que les rénovateurs socialistes se retrouvent au sud, à Château. J'ai retrouvé là-bas Sylvain et Pierre, deux camarades délicieux, ouverts, attentifs, avec lesquels il fait bon discuter.

Nous avons travaillé sur notre contribution pour le congrès, et j'ai noté qu'à Château-Thierry comme ailleurs, deux thèmes reviennent: la vie fédérale et le cumul des mandats. Je passerai une partie de mon dimanche à rédiger une première mouture de notre texte, que Sylvain, Pierre et Thierry pourront à leur guise amender. Et puis, à tous ceux qui veulent que les choses changent au PS, quel que soit leur courant, nous soumettrons notre texte à signatures. Si vous êtes adhérents, n'hésitez pas à me le réclamer, je vous le communiquerai.

La recherche des soutiens se fera dès lundi, une fois la contribution finalisée. Et nous aurons jusqu'au 1er juillet, puisque le lendemain est la date-limite pour l'envoi des contributions à Paris. Notre texte sera publiquement présenté lundi soir, chez Pierre, à Crouy, lors d'une réunion de section ouverte. Tous les rénovateurs du département seront les bienvenus, la maison de Pierre est grande!


Bonne nuit.

Rendre justice.

Bonsoir à toutes et à tous.

J'ai reçu la lettre recommandée avec accusé de réception jeudi matin, mais j'ai attendu ce samedi soir pour vous en parler. Pourquoi ce délai? Parce que j'ai un petit principe de vie: prendre de la distance avec tout ce qui arrive, ne juger les choses qu'avec recul, prendre son temps, réfléchir lentement, méditer après coup, jamais sur l'instant. Bref, devenir étranger à soi-même, s'examiner comme si nous étions quelqu'un d'autre. Quand j'étais lycéen, il y a 30 ans, j'avais un prof qui avait l'étrange habitude de lire la presse trois jours après sa parution: pour voir le monde autrement, moins passionnément, plus objectivement. C'est ce que j'ai fait avec cette lettre recommandée avec accusé de réception, de ces lettres qui vous inquiètent quand le facteur vous les donne à signer.

Qui avait-il à l'intérieur? Une convocation à comparaitre, le mercredi 2 juillet, à 18h30, devant la Commission fédérale des conflits du PS. C'est une instance que je connais bien pour y avoir été traduit une première fois, il y a quelques années. Certains camarades n'aiment pas ce type de convocation devant une sorte de "tribunal interne". Pas moi. Je suis trop respectueux des règles de mon Parti pour m'offusquer que cette structure existe. Il faut bien qu'il y ait une justice, y compris au Parti socialiste. Ceux qui tremblent de se présenter devant cette juridiction sont les coupables. Les innocents ont l'esprit tranquille. Je suis innocent, je suis tranquille.

J'irai même plus loin: je suis en un sens satisfait. Pourquoi? Parce que ce courrier est pour moi une première victoire politique, certes pas définitive, mais significative. Il fait bientôt 7 mois, sur ce blog et ailleurs, que je me tue à expliquer que la section de Saint-Quentin traverse une crise politique grave qu'il ne sert à rien de dissimuler, que cette crise nous prive de tout espoir de victoire sur la droite. Ce grave conflit, je vais pouvoir enfin l'expliquer devant la commission ad hoc, et me pourvoir si besoin est devant les instances nationales. Mieux vaut cela qu'une crise larvée, qui n'a que trop duré, et qui doit donc être tranchée. Elle le sera certes en novembre, avec l'élection d'un nouveau secrétaire de section. Mais les enjeux du congrès risquent alors d'interférer. Et puis, dans 5 mois, de l'eau aura coulé sous les ponts.

Il est donc positif que la Commission des conflits se réunisse dès maintenant. D'autant que son président est un camarade honnête homme, pour lequel j'ai beaucoup d'estime, l'ayant vu agir lors de ma première comparution. Quoi qu'il en soit du verdict, je m'inclinerai, sans protester, acceptant le sort qui me sera réservé. Je crois trop en la justice, celle de la société, celle de mon Parti, pour en contester les délibérés, à la différence de ce camarade qui a été exclu pendant 10 ans et qui n'a cessé durant tout ce temps de crier à l'injustice. Et c'est lui aujourd'hui qui est manifestement à l'origine de ma traduction devant la fameuse commission! On reconnaît bien là les robespierristes à la petite semaine, à la fois têtes coupées et coupeurs de têtes.

Quel est l'acte d'accusation? Je n'en dirai rien de précis, l'esprit de justice exigeant de respecter le secret de l'instruction dans une affaire en cours. Je ne veux pas non plus jouer les mystérieux alors qu'il n'y a aucun mystère: on me reproche des "manquements graves" à mes "obligations de militant". Vous n'en saurez pas plus pour l'instant. Mais rappelez-vous le petit principe de vie que j'ai indiqué au début de ce billet: patience, distance, indifférence. J'expliquerai simplement, dans les jours qui viennent, quelle sera ma ligne de défense.


Bonne soirée.

5 mensonges, 5 vérités.

Le problème de l'Europe, c'est qu'elle est gangrenée par des idées fausses, que tout le monde colporte, y compris parfois des européistes, sans réagir. Il en résulte une opinion publique de plus en plus, et insensiblement, anti-européenne. Ces idées fausses, ces préjugés sont au nombre de cinq, auxquels je vais répondre:

1- L'Europe a le tort d'être une construction exclusivement économique.

C'est faux pour deux raisons:

a- Le point de départ de l'Europe, ce n'est pas l'économie, c'est le désir de paix entre les nations du continent. Voilà un objectif hautement politique.

b- A chaque étape de la construction européenne, il est question de ses valeurs, et pas seulement d'économie. Prenez la Constitution de 2005: les principes moraux et philosophiques étaient nombreux dans le texte du traité.

Et puis, même en supposant que l'Europe s'intéresse prioritairement à l'économie, en quoi serait-ce déshonorant ou négatif? L'économie, c'est aussi une dimension importante dans la vie des sociétés.

2- L'Europe se fait sans les citoyens.

C'est archi-faux. L'Union européenne est hyper-démocratique. Je ne connais aucune construction politique de cette ampleur qui se soit élaborée de façon aussi démocratique. Prenez les Etats-Unis d'Amérique. C'est une grande démocratie, mais qui s'est forgée dans les guerres contre les indiens. L'Europe, à chaque étape de sa construction, passe par des procédures démocratiques, qu'elles soient référendaires ou parlementaires (dans la pure tradition démocratique, l'avis d'un Parlement élu est plus démocratique qu'un référendum de nature plébiscitaire). Je dirais même que l'Europe est trop démocratique, puisque la décision d'un seul pays, l'Irlande, qui ne représente que 1% de la population européenne, suffit à bloquer le processus de ratification du Traité de Lisbonne.

3- L'Europe est rejetée par les peuples.

Non, l'Europe est rejetée par certains peuples, pas par tous. L'Espagne et le Luxembourg, qui valent bien la France et l'Irlande, ont voté oui. Ne mettons donc pas tous les peuples dans le même sac. Au final, si chaque peuple pouvait s'exprimer, je crois que la majorité d'entre eux adhérerait à l'Union européenne.

4- L'Europe est mal aimée par les plus pauvres.

Là encore, profonde erreur. Ce qui est vrai, c'est que les classes populaires ont délaissé l'Europe, parce qu'elles ne voient pas en elle un recours à ses problèmes sociaux (normal, ces questions étant essentiellement réglées au niveau national, et pas européen). Mais cette désaffection existe depuis longtemps, au moins depuis 1992, avec le traité de Maastrich. Le nouveau depuis, c'est le détachement des classes moyennes vis-à-vis de la construction européenne. Et c'est très inquiétant, parce qu'il s'agit là d'un rejet quasi culturel de l'Europe, non pas la défense d'intérêts particuliers qui se sentiraient menacés.

5- Il faut se soumettre à la volonté du peuple et donc abandonner l'Europe telle qu'elle existe.

Non, il faut écouter le peuple, mais ne pas s'y soumettre. Nicolas Sarkozy a obtenu plus de 53% des voix l'an dernier. Est-ce à dire que nous allons tous devenir sarkozistes parce que la majorité électorale en a décidé ainsi? Bien sûr que non. Même raisonnement pour l'Europe. La victoire du non ne doit pas nous conduire à accepter et à adopter le non.

Répétez autour de vous ces cinq vérités, dénoncez ces cinq mensonges, et la cause européenne pourra enfin songer à progresser.


Bonne fin d'après-midi.

La faute à qui?

Bonjour à toutes et à tous.

Depuis une semaine, mais depuis plus longtemps encore, précisément depuis cette funeste année 2005, l'Europe est dans la mouise. Pour longtemps encore? Le Conseil européen de ces jours-ci n'y changera pas grand-chose. A qui la faute? Pas essentiellement aux adversaires de l'Europe, ces nonistes que je déteste pourtant, faux progressistes et vrais souverainistes. Non, les fautifs, ce sont les partisans de l'Europe dans lesquels je me reconnais.

Qu'est-ce que je leur reproche? Leur manque d'audace, leur absence de lyrisme, leur perte d'ambition, leur soumission à l'opinion publique, leur prudence calculée, leurs petits pas, finalement leur modération. Il faut être en politique comme Bonaparte au pont d'Arcole, brandir le drapeau et aller de l'avant, surtout sur la question européenne. Les nonistes, il faut leur rentrer dedans, pulvériser leurs arguments de trouillards, clamer haut et fort l'idéal européen. On perd quand on ne se bat pas. Les européistes ont hélas renoncé à se battre.

L'échec de l'Irlande, l'échec de l'Europe, c'est aussi la faute à Sarkozy. Au fond de lui, cet homme n'est pas européen. Son "Union méditerranéenne" est une sorte de cache-sexe qui n'a pas grand sens. Qu'il se batte pour l'Union et qu'il laisse la Méditerranée là où elle est! C'est un peu comme lorsque de Gaulle évoquait "l'Europe de l'Atlantique à l'Oural": soit c'est une évidence inutile, soit ce sont des mots qui ne veulent rien dire. L'Europe, c'est la difficile alliance, comme je l'ai écrit le week-end dernier, entre la civilisation du Nord et la civilisation du Sud. Et quand Sarkozy nous parle d'Union méditerranéenne alors qu'il rejette l'adhésion de la Turquie, on comprend qu'il n'y a rien à comprendre...

Ce traité de Lisbonne, c'est lui, Sarkozy, qui l'a concocté. Ce devait être le fameux plan B, l'attrape-couillons des nonistes, censé réconcilier tout le monde et faire sortir de l'impasse que représente le traité actuel, celui de Nice. Un traité simplifié? Non, un traité bricolé, à qui j'ai failli moi aussi dire non parce que je n'aime pas le bricolage politique. J'aurai dû finalement, mais j'ai suivi les modérés, les sages, Moscovici, la social-démocratie. Pour au bout du compte que nous échouions! Sarkozy parle d' "incident" à propos du résultat irlandais. Il s'en moque ou il se moque de nous! Une catastrophe qualifiée d'incident!

Jouyet, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, ne fait pas mieux. Il prône une présidence francaise de l'Europe "modeste". Alors qu'il faudrait être ambitieux, avancer au lieu de reculer, se redresser au lieu de courber la tête, on nous recommande une présidence "modeste". La modestie des battus, des soumis, oui! Pour lui, il n'y aura pas de nouveau traité et il faut poursuivre la ratification dans les autres pays. Donc continuer des consultations qui ne servent plus à rien, puisqu'il suffit d'un non pour tout arrêter? Drôle de choix... Quant à l'idée qu'il faudrait faire revoter les Irlandais en leur proposant des compensations, cette logique de marchands de tapis, cette insulte à la démocratie sont inacceptables.

L'Europe est dans la mouise, dans la tourmente, elle doit en sortir, mais pas de cette façon-là: par le haut, avec plus d'Europe, pas par le bas, avec moins d'Europe. Les européistes ne gagneront pas en composant avec les anti-européens.


Bonne matinée,
et rendez-vous en début d'après-midi,
à Château-Thierry,
pour la rencontre des rénovateurs.

20 juin 2008

Vivre ensemble.

Bonsoir à toutes et à tous.

L'assemblée générale de la Ligue de l'enseignement, départementale cette fois, aura lieu mercredi prochain... à Saint-Quentin (19h, mairie-annexe du quartier Saint-Martin, rue de Ham, pour ceux que ça intéresse). Je me démène à droite et à gauche depuis quelques temps pour qu'il y ait du monde. En effet, depuis six mois, la laïcité déguste... Il y a eu les discours de Nicolas Sarkozy, et différentes polémiques qui se multiplient. Me voilà d'ailleurs rattrapé cette semaine par l'actualité, puisqu'il a beaucoup été question de ce match interdit aux hommes et d'une piscine publique réservée aux femmes dans certaines tranches-horaires. Bref, il y a de quoi faire pour défendre la laïcité.

Mais le combat n'est pas aussi simple qu'il y parait, et j'en mesure les difficultés en préparant le rapport moral que je lirai mercredi soir. D'abord, une forme de revendication laïque sent très vite le racisme. Je m'explique: on proteste contre le match et la piscine pour les femmes, mais c'est parce qu'on trouve une occasion supplémentaire pour s'en prendre aux immigrés, aux étrangers, aux musulmans, aux arabes. Il y a une instrumentalisation de la laïcité dont les laïques doivent être les premiers à se méfier. Il y a surtout une incompréhension de ce qu'est la laïcité. Celle-ci ne nie pas la diversité. Au contraire, elle la fait vivre, elle la rend possible à travers ce qu'on appelle le "vivre ensemble", une autre façon de définir la laïcité.

D'autre part, Pierre Tournemire nous a rappelé, à Agen, que la mixité n'a pas toujours été une valeur laïque, puisque les établissement du second degré ont longtemps séparé les filles et les garçons. Cette Ecole n'en était pas moins laïque. Encore aujourd'hui où l'on mêle volontiers les sexes, il y a une non mixité de fait, ou recommandée, dans les enseignements sportifs ou éventuellement dans l'éducation sexuelle. En dehors de l'Ecole, par exemple dans certains obédiences maçonniques, que les hommes et les femmes soient distingués n'a rien de scandaleux, surtout de la part d'associations profondément républicaines et laïques.

Où est alors le problème? Dans l'intention, dans le sens qu'on donne à la non mixité. Si le précepte est religieux, il n'a pas sa place dans un établissement public, quel qu'il soit, école ou piscine. Cette pratique, ce parti pris qui consistent à séparer hommes et femmes ne sont pas en soi choquants. Ils peuvent avoir leurs raisons d'être, parfaitement légitimes. Mais ils ne doivent pas s'exercer dans l'espace réservé à tous, qui ne peut donc pas être soumis à la loi de quelques-uns. Je ne suis pas non plus fermé à des aménagements, à des discussions, qui permettent de mieux "vivre ensemble". Car on ne règle pas tout à coups de grands principes. Mais ce qui ne se négocie pas, c'est la neutralité de l'espace public, pas plus qu'on ne saurait débattre de l'utilité ou non de la République (sauf intellectuellement, bien sûr).

Vivre ensemble est la chose la plus difficile au monde pour des êtres humains. La laïcité est l'une des réponses à cette difficulté. Ne la gâchons pas, ne la menaçons pas, au contraire défendons et fortifions là.


Bonne soirée... ensemble.

Chez les strauss-kahniens.

Bonjour à toutes et à tous.

Ca bouge chez les strauss-kahniens. Dans le bon sens? Je ne sais pas, je m'interroge. 13 responsables de notre courant, dont Alain Bergougnioux, Catherine Tasca, Claude Evin, Charles Josselin, viennent de publier un texte de 10 propositions (que je n'ai pas encore lu) pour notre débat interne et appellent à soutenir... Bertrand Delanoë. Déjà, il y a quelques semaines, Alain Richard et Michel Destot avaient ouvert la voie. Mais ils me semblaient assez isolés dans le courant. Là, c'est autre chose. La particularité des signataires: ce sont historiquement des rocardiens, à la différence de Moscovici et Cambadélis. Comment ne pas faire le rapprochement avec le soutien public de Michel Rocard à Bertrand Delanoë la semaine dernière?

Pour Socialisme et Démocratie, le courant strauss-kahnien, c'est tout de même embêtant. Strauss a voulu que le courant conserve son unité tout en s'ouvrant aux autres. Il semble bien que l'ouverture soit en train de primer sur l'unité. Embêtant que Bergougnioux et ses amis ne signent pas la contribution du courant, dont le premier signataire sera Pierre Moscovici, lui-même pas complètement en phase avec la ligne "reconstructrice" de Cambadélis.

Et moi dans tout ça, je me situe comment? Par esprit de discipline, j'ai tendance à suivre les décisions prises majoritairement après débats. Mon premier élan, c'est de me ranger derrière les Reconstructeurs, d'autant que Moscovici m'apparait comme un possible bon premier secrétaire. Et puis, engager le dialogue avec d'autres courants, c'est excellent. Et surtout, il serait irresponsable de se choisir dès maintenant un candidat à la présidentielle, 4 ans avant l'échéance, surtout lorsqu'on sait que cette perspective déclenchera la guerre des chefs.

Où sont alors mes réticences? Dans l'assemblage politiquement un peu bancal, à usage trop exclusivement tactique, que représentent les Reconstructeurs. Ce fameux dimanche où nous nous sommes retrouvés à Paris, je ne me suis pas reconnu complètement dans certains propos tenus par Aubry et Fabius. Parallèlement, la candidature qui s'annonce de Bertrand Delanoë retient depuis quelques temps mon intérêt, alors que j'étais auparavant plutôt sceptique (j'ai son bouquin, à lire bientôt). Les explications de Rocard entraînent une partie de ma conviction, lorsqu'il souligne que la société médiatique étant ce qu'elle, l'opinion attend que le congrès de Reims accouche d'un leader à vocation présidentiable qui fasse contrepoids à Sarkozy. Rocard le regrette, estimant qu'il serait plus sage de choisir plus tard le candidat. Mais notre société est-elle sage?

Ségolène Royal conserve mon estime: elle a commencé, à sa façon, le travail de rénovation et aggloméré autour d'elle 17 millions de voix. Mais je reste distant à l'égard de sa démarche politique, pour des raisons que j'ai amplement exposées sur ce blog, de septembre à décembre 2006. Je n'y reviens pas.

Rocard lui aussi est sceptique sur l'avenir des Reconstructeurs, pointant notamment leurs divergences à propos de l'Europe. Et pour moi qui suis encore sous le choc du référendum irlandais, c'est évident. Dernière remarque à propos de Rocard: pour lui, la nouvelle déclaration de principes du PS est le texte qui soit le plus clair sur le capitalisme et l'Europe que nous ayons eu depuis un siècle! Tout à fait d'accord.


Bon après-midi.