Bonjour à toutes et à tous.
Quand le chat n'est pas là, les souris dansent ? Hier, le maire de Saint-Quentin, souffrant, avait laissé la présidence du conseil municipal à sa première adjointe. Et l'atmosphère était différente. D'abord,
Monique Ryo n'a pas la poigne de Pierre André. Moins spontanée, moins habituée bien sûr, elle lisait souvent ses notes et persiflait moins l'opposition.
Xavier Bertrand, qui n'intervient jamais, a pris la parole à la fin.
Olivier Tournay s'est permis de couper à plusieurs reprises le directeur général des services, un peu à la peine dans ses explications. Même Nora, qui est intervenue la première, était plus décontractée, plus prolixe. Le
Courrier Picard a pourtant trouvé ce conseil "sans saveur".
Mais est-il bien vrai que Pierre André était absent ? Les micros sifflaient, la sono faiblissait et sur le site de la mairie (j'étais devant mon ordi) la retransmission s'est longuement interrompue, laissant à regarder un écran noir. Et si c'était
le fantôme du maire venu tourmenter le conseil ? Plus sérieusement, écoutant Monique Ryo, observant les réactions des uns et des autres, je n'ai pas pu m'empêcher de me poser la question : qu'adviendrait-il de cet équipe, de cette majorité en l'absence prolongée ou définitive de leur leader ? Je ne suis pas certain que la cohésion demeurerait, que les assauts de l'opposition ne finiraient pas porter leurs effets. Mais la question ne se posera jamais,
le leadership à droite est assuré : après André, ce sera Bertrand.
De quoi a-t-il été question lors de ce conseil (du moins ce que j'en ai vu hors interruption de l'image) ? Nora (Verts) a reproché à la municipalité "un manque d'imagination" dans la
dénomination des rues, uniquement masculine. L'installation des caméras de
télé-surveillance a entraîné un vote négatif de l'opposition, en conformité avec son hostilité au dispositif.
La présentation du
budget 2 010 a donné l'occasion à la majorité de rappeler les travaux engagés et la stabilité fiscale pour la troisième année consécutive. L'opposition a rétorqué que la fiscalité à Saint-Quentin était plus forte qu'ailleurs, que les salaires n'augmenteraient pas, que ce budget ne répondait pas "aux besoins des classes laborieuses" (LO), que la baisse des dépenses de fonctionnement amputait les fournitures scolaires.
La nouvelle
évaluation des agents a fait réagir Olivier Tournay (PCF), qui préfère la note chiffrée à l'entretien, voyant en celui-ci le "retour du subjectif, voire de l'arbitraire". Son explication n'a pas été tendre : variable d'ajustements budgétaires, dégradation des conditions de travail, mise en concurrence des personnels "par la délation". Olivier y va fort ! Ce qui m'embête, c'est que
tous les syndicats ne sont pas d'accord sur ce système d'évaluation. Etait-il bien nécessaire alors que les élus prennent parti et appuient la seule CGT ?
Le dernier point était consacré à la
charte civique, élaborée avec le monde associatif dans le cadre des 500 ans de l'Hôtel de Ville. Et là, j'ai eu l'impression que l'opposition se lâchait, qu'elle avait trouvé son os à ronger ou son mollet à mordre, sevrée qu'elle est dans d'autres domaines où la critique est moins évidente. Les accusations ont été
violentes et cruelles à l'égard du document : "des bons sentiments enfantins", "une comédie", "un monument de niaiseries affligeantes risée de toute la Picardie", "dérisoire et consternante".
Et j'ai gardé le meilleur (c'est à dire le pire) pour la fin : "gentiment totalitaire" (il faut être un grand expert en
totalitarisme pour tenir un tel propos !), "du pain et des jeux, les Restaus du Coeur et le Bouffon" (les membres et responsables de ces associations apprécieront sûrement le compliment !). La charte a même été rapprochée du débat sur les minarets et de la situation économique, ce qui est quand même une forme de performance en matière d'amagalme et de confusion !
A vrai dire,
cette charte ne méritait pas un tel excès de critiques. Si la municipalité était de gauche, l'empreinte de ce texte aurait été différente. Mais ce n'est qu'un document qui clôt le 500ème anniversaire, qui n'a rien de politique, qui est forcément consensuel, qui a mobilisé des responsables d'associations y compris de gauche, qui n'appelait donc pas cette déferlante de l'opposition. Sa condamnation sans appel, et pour le moins excessive, était malvenue, désobligeante pour les nombreux Saint-Quentinois qui ont travaillé à la rédaction de cette charte (et qui encore une fois n'étaient pas particulièrement de droite) et qui l'ont signée.
J'ai toujours pensé qu'une opposition ne devait
pas faire feu de tout bois, en l'occurrence de n'importe quel texte. Sur le budget, l'opposition a joué son rôle, très bien. Sur l'évaluation des agents, elle s'est engagée plus qu'il n'aurait fallu. Sur la charte, elle a dépassé les bornes, tout en restant fidèle à sa ligne politique radicale. Le magnifique lapsus de
L'Aisne Nouvelle résume tout : il est question du "socialiste Michel Aurigny". C'est fait, on ne les distingue plus.
Bonne journée.