L'Aisne avec DSK

31 janvier 2010

La droite à la peine.

Bonsoir à toutes et à tous.


Sourire au PS, grise mine à l'UMP : c'est le résumé de ce week-end politique. Pour Xavier Bertrand, c'est la grosse baffe ! Je ne suis pas certain que Nicolas Sarkozy ne regrette pas aujourd'hui d'avoir fait du sous-chef un chef. C'est qu'un cadre supérieur, même bosseur et talentueux, ne s'improvise pas facilement patron. Le secrétaire général de l'UMP, un an après sa nomination, était attendu sur cette préparation des régionales. Et on peut dire ce soir que c'est largement raté, même si ce n'est pas exclusivement de sa faute. Je vois six raisons à cet échec de l'entrée en campagne :

1- Les listes ont été mal bouclées, les tractations ont traîné en longueur. Dans ce genre de situation, personne n'est vraiment content. Quand l'annonce a été faite, des sifflets se sont faits entendre, ce qui veut tout dire de l'insatisfaction ambiante. Sur ce coup-là, Bertrand n'a pas fait du bon boulot. Je m'en réjouis d'ailleurs, ça rendra la victoire socialiste plus facile. Le résultat est tombé, impitoyable pour le patron qui n'arrive pas à en être un : 60% seulement en faveur des listes, un sévère camouflet. C'est Copé qui doit être content !

2- Un meeting devait rassembler samedi toutes les composantes de l'UMP. Il y a eu moins de 700 participants, pour un lancement qui se voulait national ! Bertrand devra revoir son organisation, il y a du flottement dans les voiles. A Amiens, nous étions 900 socialistes pour une réunion seulement régionale !

3- Bertrand a un problème de réservoir. Il a tellement rassemblé à l'intérieur de l'UMP qu'il n'a plus de réserve à l'extérieur. Une fois s'être glorifié des bons 30% que lui attribuent les sondages, c'est rideau pour le second tour, car plus personne d'autre n'est sur le pont ! Comment la droite va-t-elle pouvoir gagner comme ça ?

4- Et puis, le président n'aide pas trop son secrétaire général. Il y a quelques semaines, Sarkozy proclamait fièrement que la campagne serait nationale, qu'il fallait se battre sur le bilan et la politique du gouvernement. Maintenant c'est fini, le bon et rassurant Fillon est mis en avant, et la campagne devient classiquement régionale, et très anti-socialiste. Pourquoi pas, toute stratégie a sa validité, mais ce qui est mauvais c'est d'en changer au milieu du gué.

5- La faiblesse de l'adversaire se signale dans le choix de ses attaques : mettre en avant le cas Frêche, compter sur lui pour ravir le Languedoc-Roussillon, c'est avouer qu'on n'a rien d'autre à se mettre sous la dent et qu'on fait son deuil des autres régions.

6- La cerise sur le gâteau, c'est évidemment l'affaire Clearstream, qui montre à quel point la droite est divisée, jusqu'à son sommet. Car que l'actuel président et le dernier Premier ministre soient pris dans un cruel conflit est tout de même affligeant pour la droite. D'autant que Villepin fera tout pour prendre sa revanche. C'est un classique en politique : la bête blessée, affolée par le sang, ne cherche plus qu'à tuer. Si elle n'y parvient pas, elle peut faire très mal.

Aujourd'hui à la peine, la droite sera-t-elle demain à la ramasse ? Ce serait la logique des choses. Mais méfions-nous : la politique et la logique ne font pas toujours bon ménage.


Bonne soirée.

gewerc-2010.fr

Grosse affluence hier au premier meeting de campagne de Claude Gewerc à Amiens, entre 800 et 900 personnes selon la presse. C'est beaucoup mieux que ce que nous avions fait il y a six ans. La dynamique, je la sens et je vous en parle depuis déjà quelques semaines. Mais restons prudent : jusqu'au dernier moment, tout peut encore se retourner contre nous. Ce que je peux dire, c'est que la tendance est là, et assez forte : on va vers la victoire.

Pourquoi ? Parce que du côté de la droite, ça patine, Cayeux n'est pas crédible. Ses duos avec Gremetz étaient impressionnants mais pas convaincants, son projet est inexistant. Surtout, elle a commis une grosse faute politique en affirmant que la Région était au bord de la faillite, jugement que personne de sérieux ne vient corroborer.

Quant à s'en prendre à la personne de Claude Gewerc, en pointant des dépenses anecdotiques mais censées frappées les imaginations, c'est raté, c'est la preuve d'une faiblesse. Les gens s'en moquent, ce qui les intéresse c'est de savoir que la majorité de gauche a mené une politique industrielle qui a permis de limiter la casse en matière de destruction d'emplois. Ça n'est peut-être pas suffisant, mais c'est très appréciable. Et quand en face rien de mieux ne s'annonce, on préfère garder l'équipe sortante.

Voilà pourquoi le meeting d'hier était haut en couleurs, enthousiaste, porteur d'espoir. C'est aussi que les Français ne veulent pas donner tous les pouvoirs à Sarkozy, national et régional. Je vous invite à consulter le site de Claude Gewerc, pour mieux connaître son équipe, son bilan et son projet. Vous pourrez ainsi adhérer à son comité de soutien et vous abonner à la newsletter. C'est ensemble qu'on gagnera !

http://www.gewerc-2010.fr


Bon après-midi.

Le couple de 2012.

Bonjour à toutes et à tous.


Je n'ai pas la religion des sondages, mais bien pris ils peuvent être des indicateurs de tendances très utiles. Les présidentielles sont dans deux ans, c'est-à-dire demain. Elles se préparent donc dès maintenant. Nous aurons nos primaires probablement dans la seconde moitié de l'an prochain. On verra bien qui sera candidat. Mais il serait imprudent de ne pas anticiper. Où en sommes-nous au PS ?

Les aspirants sont nombreux. C'est normal et c'est très bien. La stérilité en ce domaine serait mauvais signe pour un parti de gouvernement. Les postulants crédibles sont moins nombreux, évidemment, que les candidats potentiels. Il y a Ségolène, forte de sa dernière campagne présidentielle ; il y a François, parce qu'il a été un très populaire premier secrétaire ; il y a Bertrand, un modernisateur du socialisme à la tête de la première ville de France ; il y a Laurent, qui a l'expérience du passé et qui ne renonce pas à croire en son avenir ; il y a Pierre, intellectuel de la social-démocratie ; il y a Manuel, audacieux rénovateur. Il doit bien y en avoir encore quelques autres, avec chacun leur part de crédibilité.

Mais il y a surtout l'opinion. Et que nous dit-elle, via les sondages ? Que les deux meilleurs, et de très loin, c'est Dominique Strauss-Kahn, number one, et Martine Aubry, juste après. Alors voilà, à moins d'un an et demi de notre choix, on fait quoi ? Laisser venir, attendre pour voir, wait and see ? Et pendant ce temps-là, la droite cravache, mine de rien. Pourquoi hésiter ? Le ticket gagnant, il est là, sous nos yeux, voulu par l'opinion. Dans le peu de temps qui nous reste, ne croyons pas qu'un autre personnalité va émerger et s'imposer. Les candidats de la dernière minute, sortis d'une pochette surprise, sont toujours de mauvais candidats.

Strauss c'est la compétence économique consacrée par sa fonction internationale, Aubry c'est le rappel des fondamentaux de gauche. L'un séduit l'opinion, l'autre mobilise le Parti. C'est le couple parfait, où les deux conjoints sont complémentaires. Ticket gagnant on verra, je ne veux pas paraître présomptueux. Mais couple de l'année 2012, c'est certain. A condition aussi qu'ils sachent faire leur place à Ségolène, François, Bertrand, Laurent, Pierre, Manuel, sans oublier Vincent et quelques autres. Car on ne gagne qu'en étant rassemblés, et le meilleur des couples ne fait pas nécessairement la plus belle des familles.

Il reste tout de même une question : l'un et l'autre accepteront-ils de convoler en justes noces ? Tant que les bans n'auront pas été publiés, nous ne saurons rien des possibles, utiles et nécessaires épousailles entre Lille et Washington.


Bonne matinée.

30 janvier 2010

UMP la liste.

Bonjour à toutes et à tous.


Nous connaissons maintenant, enfin, la liste UMP de l'Aisne pour les régionales. Pas de surprise notable. Il restait une incertitude à propos de la deuxième place, c'est Monique Ryo qui l'emporte, confirmant ainsi la prédominance de Saint-Quentin dans le dispositif de la droite locale. Mais qui pouvait en douter ?

Frédéric Meura vient juste après, et c'est aussi une confirmation : en faire le successeur prochain mais lointain de Balligand, celui-ci ayant encore pas mal de route devant lui, et du temps pour préparer sa succession. Toujours est-il que la droite place ses pions pour les coups d'après, et c'est bien le moins.

Une petite surprise quand même : Karim Saïdi en 13ème position ! On dit que ce chiffre porte bonheur ou malheur, c'est selon. Mais le simple fait que l'ex-socialiste, responsable ségoléniste, membre un temps de nos instances fédérales, ait réussi à se faire une place que d'autres à l'UMP devaient immanquablement convoiter est en soi remarquable. Ce choix annonce-t-il un bel avenir politique pour Karim dans un scrutin saint-quentinois ? C'est l'avenir qui justement nous le dira. En politique, il se montre autant généreux qu'ingrat.

On connaît la liste PS, on connaît la liste UMP. La mère de toutes les batailles électorales peut désormais commencer.


Bon après-midi.

29 janvier 2010

Injustice et tristesse.

Bonjour à toutes et à tous.


J'ai vu hier soir, enregistrée, l'émission consacrée à Jospin, et je suis en train de terminer son bouquin. Je ne peux pas m'empêcher d'être ému quand repassent ces images si souvent vues et vécues. Oui, on a envie de pleurer, mais de rage. Cet homme intègre, ce socialiste authentique, ce politique qui a changé la France, que ne lui a-t-on pas fait subir !

Le pire, c'est que les attaques les plus cruelles sont venues de son propre camp. Je m'en souviens encore, de ces socialistes qui critiquaient le gouvernement socialiste, qui ont donc creuser sa tombe. Et toutes ces petites phrases qu'on a montées en épingle, détournées de leur contexte et retournées contre Jospin. Il m'arrive encore parfois de les entendre répétées, mais rarement, comme si malgré tout le venin n'était pas encore complètement épuisé.

Je me souviens de cette gauche "plurielle" jusqu'à l'excès, jusqu'au reniement de soi, qui ne se reconnaissait plus dans le bilan auquel elle avait pourtant participé, qui s'en désolidarisait en le contestant, chacun avec ses petits bras faisant jouer son petit rapport de force, réclamant son dû, recherchant sa part de marché électoral. Les Chevènement, Taubira, Hue et consorts, Besancenot comme cerise empoisonnée sur le gâteau, tous critiquant les socialistes, assimilant la gauche et la droite, et n'attendant que le second tour pour rentrer sagement dans le rang, reprendre les places au pouvoir (à part l'extrême gauche, qui n'en veut pas). Sauf que, ironie du sort et justice immanente, la seule de l'histoire, il n'y a jamais eu de second tour présidentiel.

La politique est une activité terrible. Elle fait ressortir les petitesses, les mesquineries, les médiocrités, les lâchetés des êtres humains. De ce point de vue, c'est une grandiose leçon de morale. Confronté au pouvoir, même dans l'espoir d'un tout petit bout de pouvoir, l'homme devient fou, est prêt à tout, trahir les siens, renoncer à ses convictions, pactiser avec l'adversaire. C'est effarant, effrayant, ça explique aussi que si peu de gens s'intéressent à la politique.

Et puis, comment ne pas songer, en repensant à la tragédie de 2 002, à ces citoyens déresponsabilisés, à ces électeurs décomplexés, dont j'ai entendu certains me dire qu'il voulait par leur vote "punir" Jospin. La punition, on a vu ce qu'elle était : Le Pen au second tour, la honte pour la France, la saloperie électorale. Tout ça est trop bête, bête à pleurer. Aujourd'hui, on voit où cette criminelle faiblesse nous a mené, à Sarkozy et aux siens, et peut-être pour longtemps.

Je ne veux penser qu'à lui, à son visage, à sa voix, à sa rigueur, à ses convictions, cet homme tant critiqué, tant détesté, en premier lieu par ses proches, et que moi j'ai aimé et aime encore : Lionel Jospin. Les déclarations d'amour sont toujours un peu ridicules, celle-ci n'échappe pas à la règle, elle fera se gausser les cyniques, mais quand le coeur se fend à nouveau au rappel de ce proche passé, quand les sentiments d'injustice et de tristesse nous envahissent, on se moque de ce que les autres peuvent penser.


Bonne journée.

28 janvier 2010

60, 61, 62 ou quoi ?


Bonsoir à toutes et à tous.


Certains commentateurs politiques ont cru voir une contradiction entre la position de Martine Aubry sur les retraites et le communiqué du bureau national du Parti socialiste. C'est évidemment faux, ou malveillant. Le PS s'est exprimé sur ce point à l'unanimité, y compris Martine Aubry. Il n'y a donc pas contradiction entre nous, mais il est vrai qu'il y a débat sur les retraites, et c'est très bien comme ça : comment un tel sujet ne provoquerait pas des réflexions diverses et variées ?

Ce qu'ont dit simultanément notre direction et Martine, c'est que la retraite à 60 ans est un acquis social, une conquête de la gauche, sur laquelle il n'est pas question de revenir en l'état actuel des choses. Car sa remise en cause ne pourrait être qu'une régression sociale. Nous sommes tous d'accord là-dessus. Et comment ne le seraient-on pas ? Les 60 ans, c'est au PS qu'on les doit, pas à la droite ni à l'extrême gauche ! N'acceptons donc pas de recevoir des leçons des uns et des autres, qui ne sont que des intimidations.

Ce qu'a fait Martine, c'est de rappeler que la droite n'avait encore rien fait pour les retraites, sinon des mesures ponctuelles et discutables (la suppression des régimes spéciaux), et qu'il fallait que la gauche s'empare rapidement du dossier. Il est tout de même hallucinant que ce thème n'ait pas été abordé durant la dernière présidentielle. Je crois qu'il devra dominer le scrutin de 2012, et que les socialistes devront faire des propositions, sans laisser le champ libre à la droite.

Et c'est ce qu'a fait Aubry, en mettant au débat l'idée d'un allongement de la durée de cotisations à 61 ou 62 ans, mais pas dans les conditions actuelles de notre système, qui ne prend pas en compte la pénibilité du travail. Il ne s'agit donc pas de revenir sur les 60 ans, mais d'assouplir et de diversifier les départs en retraite, donc de les permettre bien avant 60 ans pour certains métiers. Qui prétendra que cette perspective ne représente pas un progrès social ?

Bien sûr, il faudra peaufiner nos arguments et préciser notre position. Car citer constamment l'exemple du prof d'université qui peut fort bien enseigner jusqu'à 65 ans ou au contraire le mineur de fond qui mérite d'arrêter beaucoup plus jeune, ça ne fait pas avancer le débat : les uns sont peu nombreux et les autres n'existent plus ! On voit l'idée et de quoi il est question, mais il faut que le concept de pénibilité rencontre tout de même la réalité.

La proposition de Martine Aubry, qui m'agrée totalement, est typiquement social-démocrate : il y a un problème, il faut le régler, et donc proposer. Mais pas à n'importe quels prix ou conditions : il faut du donnant-donnant, les 61 ou 62 ans contre des départs anticipés dans certaines professions et le maintien du montant des retraites pour tous, sinon son amélioration (car les petites retraites sont encore trop nombreuses).

Social-démocrate aussi la méthode du compromis, fort bien expliquée par Michel Charasse chez Taddeï mardi soir : la retraite est un sujet qui concerne tout le monde et les générations futures. L'idée d'un consensus est donc concevable en la matière, sans qu'il s'agisse de remettre en cause le clivage droite-gauche, qui ne s'applique cependant pas nécessairement à tous les débats. Sur les questions fiscales par exemple, aucun accord n'est possible entre droite et gauche, car chacunes sont porteuses d'intérêts contradictoires, en faveur de groupes sociaux différents .

Mais par nature et par fonction, la République favorise le consensus, contribue à la recherche de l'intérêt général. La logique du rapport de force systématisé est anti-républicaine, et même totalitaire. Elle dénie à la raison, à la délibération collective la possibilité d'aboutir à de larges majorités, elle incite au repli sur des convictions solitaires, des vérités absolues, des positions intransigeantes, des comportements fanatiques, qui sont bien souvent purement tactiques, les petits intérêts se drapant dans les postures avantageusement cérémonieuses. Martine Aubry, en faisant part de son avis personnel sur les retraites, nous a donné aussi une leçon de pédagogie démocratique.


Bonne soirée.

Déficits publics.

Bonjour à toutes et à tous.


Ce matin, j'ai failli lancer mon bol de café sur ma radio. Pourquoi cette violence, moi qui suis de tempérament pacifique ? Il était sept heures précises, j'écoutais RTL, chaîne populaire, où il était question des déficits publics. Et quel exemple donne-t-on pour illustrer cet affolant problème ? Celui d'un Conseil général des Pyrénées qui a installé des bornes en plastique au bord d'une route départementale, simplement pour signaler qu'il s'agit d'une départementale. Mis au chapitre des dépenses inutiles, voilà comment on explique les déficits abyssaux ! C'est scandaleux. C'est l'Etat qui met la France en déficit, pas les collectivités locales, et surtout pas une bévue anecdotique. Mais taper sur les élus fait partie de la démagogie ambiante.

Tout ça pour en venir à la Conférence sur le déficit, organisée par Sarkozy. Les élus de gauche ont boycotté, et c'est très bien. La droite retire aux collectivités leur mode de financement, menace leur autonomie financière, les accule à augmenter l'impôt et maintenant les pointe du doigt en laissant croire que le déficit, ce serait aussi de leur faute. Non mais ça ne va pas ? !

Bertrand de son côté en a rajouté, en brandissant des "tracts" à l'Assemblée Nationale, sans doute pour la première fois de sa vie. Ces "tracts" ne sont que des documents des Conseils généraux ou régionaux pour expliquer pourquoi les budgets ne peuvent pas être bouclés : la clause de compétence est remise en question, les financements sont considérablement restreints, les dotations de l'Etat ne sont pas à la hauteur espérée, elles font perdre leur indépendance aux collectivités. On comprend pourquoi Hortefeux et Bertrand ne veulent pas entendre parler de ça.

La bagarre des régionales s'accélère. Encore deux mois !


Bonne journée.

27 janvier 2010

Pour l'éducation.


26 janvier 2010

L'ennui présidentiel.

Bonjour à toutes et à tous.


En rentrant hier soir de ma réunion à Laon, il était 21h30 et je pensais ne voir que les dernières images de l'émission avec Nicolas Sarkozy. J'ai eu droit en fait à un bonus d'une heure ! Qu'est-ce que j'en ai retenu ? Un ennui, certes présidentiel, mais un ennui quand même. Et beaucoup plus grave que ça, que je résume en quatre points :

1- Le débat faussé : l'émission s'intitulait "Paroles de Français". C'était plutôt "Paroles de Président", en un flot intarissable, jusqu'à soûler. Qu'un président de la République parle, c'est normal, il est fait pour ça. Mais qu'on ne laisse pas croire qu'il y a "débat" là où il y a monologue, les invités se contentant de quelques remarques rarement gênantes, offrant à l'image des visages muets, captés par la parole présidentielle.

2- La politique émiettée : c'était inévitable, malgré les précautions de l'animateur, les interventions du public ont été autant de cas particuliers, dont il était difficile de tirer des lignes générales, nature même pourtant de la politique. L'enseignant contractuel, le retraité qui n'a pas cotisé pendant 13 ans pour cause de séjour en Afrique, qu'est-ce qu'on peut en conclure pour l'ensemble des enseignants et pour l'ensemble des retraités ? Pas grand chose.

3- La présidence rabaissée : on était au café, tout le monde sur un pied d'égalité, un bavard intarissable à un coin de table, connaissant tout et ayant réponse à tout. Cette scène-là, hier soir portée à la caricature, nous l'avons rencontrée souvent dans nos bistros. Le président interpellait chacun par son prénom. Étonnant. J'ai connu un temps pas si ancien où une autorité, quelle qu'elle soit, donnait du monsieur ou madame à ses interlocuteurs, et je trouvais ça très bien, respectueux. Cette familiarité présidentielle, je n'aime pas. Pourquoi pas le tutoiement, pendant qu'on y est ? Et puis, les invités pouvaient se croire autorisés à l'appeler à leur tour Nicolas. Vous voyez un peu le tableau ! Mine de rien, on rabaisse la présidence en faisant croire qu'on élève les citoyens en utilisant leurs petits noms.

4- Le collectif nié : Nicolas Sarkozy est un homme seul, qui laisse entendre que tout seul, en prenant sur lui, en demandant qu'on lui fasse confiance, il pourrait résoudre les problèmes des Français, grands et menus. Cette négation de la dimension collective de l'action politique ne me plaît pas. C'est une équipe qui fait avancer les choses, pas un individu, aussi éminent soit-il. Où sont les ministres, où est le premier d'entre eux, que fait la haute administration, qu'en est-il de la société civile ? Un leader est aussi quelqu'un qui sait s'effacer derrière les autres, qui les fait exister en valorisant leurs actions et leurs talents.

Cette émission ennuyeuse, cette prolixité unilatérale, ces développements qui n'en finissaient pas, ces prophéties gratuites, tout cela sera vite oublié. C'est d'ailleurs fait pour ça, saisir sur l'instant puis passer à autre chose. Car notre vie politique connaît une autre crise, celle de la durée : émiettée, elle est aussi fragmentée. La continuité a disparu, c'est le présent qui prime. Le passé est ignoré, même le plus proche, et l'avenir est livré à tous les possibles. Le sarkozysme surfe habilement sur l'air du temps. Jusqu'à quand ?


Bonne journée.

25 janvier 2010

Sarkozy "débat".

Bonjour à toutes et à tous.


Nicolas Sarkozy ce soir débat à la télévision, paraît-il. Je ne pourrai pas voir ça, je serai à la même heure devant la section socialiste de Laon, pour une réunion de formation sur les statuts du PS et l'accueil des adhérents. C'est dommage. Je compte sur vous pour me raconter. Mais je ne crois pas être si perdant que ça. Pourquoi ?

Parce que ce n'est pas un vrai débat. Être confronté à Laurence Ferrari et Jean-Pierre Pernaud, c'est une aimable conversation, pas une confrontation politique. Et puis, ces "citoyens" chargés d'interroger le président, on a déjà vu, ça ne donne rien. Chacun pose des questions personnelles qui ne regardent que lui, Sarkozy ne peut que retourner la situation à son avantage. Il en a vu d'autres !

Un vrai débat, ce serait quoi ? Rien de plus facile, je vous compose le plateau : l'homme politique est interviewé par des journalistes spécialisés qui n'ont pas froid aux yeux, qui ont l'impertinence américaine. Là oui, ce serait intéressant. Avec qui ? J'en vois quatre qui feraient parfaitement l'affaire : Hondelatte, Apathie, Zemour, Taddeï. Ce quatuor pourrait presque me faire annuler ou avancer la réunion de ce soir à Laon. Mais que Laurent le secrétaire de section ne s'inquiète pas : je serai là-bas à l'heure convenue !


Bon après-midi.

24 janvier 2010

Bertrand, un an.

Bonsoir à toutes et à tous.


C'est aujourd'hui même les un an de Xavier Bertrand à la tête de l'UMP. Je ne pouvais pas rater un tel anniversaire. Je n'ai pourtant pas de cadeau à lui faire, car son bilan n'est pas très bon. Vous allez peut-être me dire qu'en tant que socialiste ces choses-là ne me regardent pas. Oui mais elles m'intéressent. Allons-y donc :

Première ombre au tableau : les adhérents ont baissé de 8%. Pourtant, Bertrand n'a pas ménagé sa peine pour moderniser son parti et le rendre "populaire" (quand j'écris ça, je ne peux pas m'empêcher de sourire). Mais les faits sont là, c'est-à-dire les chiffres : les effectifs de l'UMP sont en baisse.

Et puis, il y a cette malheureuse histoire du pacte franco-chinois, l'UMP signant un texte avec une organisation totalitaire, le PCC, Parti Communiste Chinois. Quelle mouche a piqué Bertrand ? Là aussi, je souris, mais jaune. Malheureux aussi, et même carrément ridicule, ce clip qui a fait rire la France entière, dans lequel quelques ministres font leurs jeunots en poussant la chansonnette. Après tout, c'est peut-être ça, la modernisation de la vie politique selon Xavier Bertrand ?

Bon, passons à plus sérieux maintenant. L'UMP est le dernier grand parti dont on ne connaît toujours pas la composition des listes pour les élections régionales, qui pourtant arrivent à grands pas. Bertrand est à la peine. Avec les Chinois et les chansons, c'était plus simple. Mais quand il faut composer avec Copé, le Nouveau Centre et tous les autres, Bertrand rame. Chez nous aussi, ça n'a pas été facile, l'accouchement a même été douloureux. Mais Aubry l'a fait, c'est passé. Pas chez eux.

Pourtant, Bertrand avait été prévoyant. Cet été (je m'en souviens bien, je me promenais dans les vignobles de Carnas), il avait pris soin d'élargir son parti à Villiers et aux chasseurs, pas gêné d'aller recruter du côté de la droite radicale, souverainiste, anti-européenne. C'est peut-être ça le problème : à force de ratisser large, on n'arrive plus à caser tout le monde.

Allez, c'est l'anniversaire de Xavier, un dimanche soir qui plus est. Je ne vais donc pas être trop vache. J'ai quand même un petit cadeau à lui faire, un mot sympa à lui dire : cet homme est ce qu'on appelle un "brillant second". Regardez à Saint-Quentin : c'est un adjoint parfait pour Pierre André, comme c'était un ministre efficace et fidèle pour Nicolas Sarkozy. C'est un bon, mais ce n'est pas un chef. Mettez-le en première ligne, comme à la direction de l'UMP, et il patine. C'est l'application du fameux principe de Peter : à force de s'élever dans la compétence, on finit inéluctablement par atteindre son niveau d'incompétence.

Si j'étais Pierre André, je ne choisirais pas Xavier Bertrand pour successeur. C'est un mauvais cheval, le maillon faible de l'équipe municipale. Il n'a que les apparences pour lui. Confronté aux difficultés, le vernis craque. Député pourquoi pas, ministre sans doute, mais premier magistrat de la commune non. Et je le dis pour son bien, parce que c'est aujourd'hui son anniversaire à la tête de l'UMP.

Pierre André a réussi le tour de force personnel de faire trois mandats successifs à la tête de la municipalité. Il a transformé Saint-Quentin, même s'il n'a pas réussi en tout. Il a surtout rassemblé sur son nom des électeurs de droite et une partie non négligeable d'électeurs de gauche, dans une ville pauvre et ouvrière. Il a su être un homme libre, de langage et de décision, surprenant son monde et parfois son propre camp. S'il veut poursuivre dans cette voie, aller au bout de cette logique, qu'il se choisisse donc un successeur ... à gauche !

Ça ne manquerait pas d'allure, ça marquerait encore plus sa place dans l'Histoire par un acte original, inattendu, audacieux. Et puis, après 19 ans de municipalité de droite, il serait normal que la gauche l'emporte en 2 014, ne croyez-vous pas ? Bertrand est discipliné, il ne lui en voudra pas, il a de toute façon des horizons beaucoup plus élevés. Le sénateur-maire a encore quatre ans devant lui pour réfléchir à ma suggestion.

C'était ma modeste contribution aux rêveries d'un dimanche soir.


Bonne soirée,
douce nuit.

23 janvier 2010

Régionales c'est parti !

Bonsoir à toutes et à tous.


Les jours passent, l'actualité est chargée, je n'ai même pas eu le temps de vous dire un mot sur la liste régionale présentée par Claude Gewerc. Elle combine, exercice difficile, la continuité et l'ouverture, la défense d'un bilan et la présentation d'un projet. Le rassemblement à gauche est moins large qu'on ne pouvait l'espérer, mais l'essentiel sera de se retrouver au second tour.

Dans l'Aisne, par rapport à la première mouture, pas de changement fondamental. La queue de liste a dû laisser place aux partenaires, c'est normal, c'était prévisible. Deux surprises cependant : la quatrième place attribuée à Bernard Bronchain, de l'Initiative Démocratique de Gauche, un mouvement surtout présent au sein du Conseil Général. Bronchain a déjà été suppléant d'un candidat socialiste aux cantonales, bien que ce responsable FSU ait un profil plutôt "Parti de Gauche" (c'est un proche de Desallangre).

Après le départ de Laurent Brocheton, c'est Paolo de Sousa qui a pris la relève socialiste sur Tergnier. Mais l'arrivée de nos alliés ne lui a pas permis de rester sur la liste. C'est à la fois inévitable et dommage. Le bassin Chauny-Tergnier est le plus socialiste du département. Il faudrait que le PS puisse sérieusement s'y implanter.

Autre surprise ou demi-surprise : l'arrivée de Jacques Krabal, du PRG, en fin de liste. C'est bien sûr embêtant pour nos camarades de Château, en pleine reconstruction après le départ de Dominique Jourdain. Mais c'est la terrible loi de la politique : malheur aux vaincus ! Krabal s'est emparé de Château, il représente des voix, c'est donc son retour en grâce.

Une dernière chose à propos des régionales : une vidéo circule sur le Net, faisant entendre le nom de Gewerc conspué lors de la manifestation à Amiens en faveur des "Conti". C'est assez dégueulasse. Le Conseil Régional de Picardie s'est beaucoup investi en leur faveur. Alors quoi ? C'est tout simple : nos petits copains d'extrême gauche veulent faire monter la pression en cette période électorale. Croient-ils que les électeurs seront dupes ? Je ne le pense pas.


Bonne soirée.

22 janvier 2010

Une question majeure.

Bonjour à toutes et à tous.


L'incident mineur entre Xavier Bertrand et Nicolas Totet sur Public Sénat pose une question majeure, celle des relations entre le pouvoir politique et la presse locale. Quatre réflexions s'imposent à mon esprit :

1- En République, la presse doit être libre, indépendante et critique. C'est une condition du bon fonctionnement de la démocratie. Tout le monde peut s'accorder là-dessus. Sauf qu'un pouvoir, quel qu'il soit, aura toujours tendance à vouloir accroître son pouvoir sur la presse. Surtout si ce pouvoir est puissant. C'est humain, on ne peut pas grand-chose contre ça. C'est pourquoi il faut absolument des contre-pouvoirs.

2- La presse locale n'est pas qu'un lieu d'information. C'est un enjeu politique. Nous savons tous aujourd'hui que la distribution de tracts, le collage d'affiches, la publication de bulletins internes ont un impact quasi nul sur la population. L'influence véritable s'exerce par la présence dans la presse. Pourquoi Freddy Grzeziczak a-t-il été choisi par Pierre André ? Le poids électoral du MRC était minime, mais Freddy était régulièrement dans la presse, identifié comme de gauche par les Saint-Quentinois, supplantant souvent les socialistes en termes de médiatisation.

3- La droite locale maîtrise très bien la communication. En quinze ans d'exercice du pouvoir municipal, aucun scandale ne l'a touchée, aucune polémique ne l'a déstabilisée. Soudée derrière Pierre André, il n'y a que Vincent Savelli qui dénote. Mais c'est l'exception qui confirme la règle. Cette droite s'offre même le luxe d'une figure devenue nationale, Xavier Bertrand, dont la notoriété lui est bien sûr profitable. On peut quoi contre ça ?

4- La gauche, de son côté, ne bénéficie pas d'une telle simplicité, nécessaire pourtant pour bien communiquer. L'alliance avec l'extrême gauche brouille son image, ses divisions internes perturbent son message, on ne sait plus très bien qui la représente, qui l'incarne. Car les désignations officielles ne suffisent pas à faire de la bonne communication. Quand la presse évoque la gauche, c'est rarement à son avantage. Mais comment faire autrement ?

Je reste persuadé, comme je l'avais dit il y a deux ans, que la communication est une question majeure si la gauche se donne l'ambition et les moyens de gagner les prochaines élections locales. Xavier Bertrand n'est ni un colérique, ni un imbécile. C'est quelqu'un qui a compris qu'il valait mieux avoir la presse avec soi que contre soi. Je ne suis pas certain qu'il parvienne entièrement à ses fins dans ce domaine-là. Mais nul n'est parfait. Même lui.


Bonne journée.

21 janvier 2010

Une femme d'Etat.

Bonjour à toutes et à tous.


Martine Aubry, en proposant dimanche soir de repousser l'âge de départ à la retraite à 61 ou 62 ans, a posé un acte politique très fort, dont je suis entièrement solidaire. Pour plusieurs raisons :

1- Au moment où le gouvernement s'apprête à ouvrir ce dossier, elle prend les devants, impose sa marque au débat. C'est une excellente chose. Pour une fois, nous ne sommes pas à la traîne de la droite.

2- Aubry prouve ainsi son sens de l'intérêt général. Elle aborde un sujet politique crucial, parfois sous-estimé par la gauche, et ne se contente pas de répéter des slogans.

3- Que la "dame des 35 heures", qui a utilement réduit en France le temps de travail pour créer de l'emploi, puisse aujourd'hui songer à l'augmenter sur la durée d'une vie afin de payer nos retraites, rend crédible sa proposition, qui ne résulte d'aucun dogme.

4- Crédibilité aussi dans le choix qui a été fait, le pire étant de ne pas choisir. Or les hypothèses sont limitées : augmenter le montant des cotisations, baisser le niveau des retraites, allonger la durée de cotisation donc d'exercice. Un choix clair a été proposé, c'est très bien comme ça.

5- J'oubliais tout de même une quatrième hypothèse : taxer lourdement les entreprises ou je-ne-sais-qui, "faire payer les riches", ... Mais là, il faudrait carrément changer de système. Car ce ne sont pas les plus riches, même soumis à un nouvel impôt, qui permettront de sauver un système en péril. Laissons donc l'hypothèse aux rêveurs, aux utopistes ou à ceux qui n'ont nulle intention de gouverner.

6- Certains sont choqués de voir une mesure de gauche, la retraite à 60 ans, remise en cause. Faux. Un progrès peut avoir un sens à une époque et le perdre plus tard. Il y a 30 ou 40 ans, le problème était celui des faibles retraites. C'est pourquoi la gauche d'alors proposait de revaloriser le minimum vieillesse et d'avancer le départ en retraite. C'était bien vu. Aujourd'hui, le problème est autre : la société a vieilli, le troisième âge s'est élargi, la durée de vie a progressé, le système des retraites est menacé dans ses équilibres. L'objectif est de ne pas toucher aux cotisations ni aux montants des retraites, mais de jouer sur la durée de cotisation. Sauf à penser qu'une décision prise devient éternellement immuable (on se demande bien pourquoi ?), les évolutions sont permises. La seule question qui vaille : sont-elles profitables ou pas, justes ou injustes ? Ce qu'a proposé Aubry me semble profitable et juste.

7- A vrai dire, la question n'est pas : pour ou contre la retraite à 60 ans ? Dans un monde individualiste où les disparités sociales sont fortes, l'idée de départs avant ou après l'âge légal actuel s'impose. Aubry a bien précisé que sa proposition était sous condition d'examiner la pénibilité du travail.

8- Au PS, tous ne sont pas d'accord ? C'est exact, et alors ? Aubry a apporté une contribution au débat, elle a eu raison. On ne pouvait pas rester sans rien dire. Chacun peut s'exprimer sur ce sujet, et le moment venu, un vote tranchera, comme toujours chez nous.

Martine Aubry a montré, dans cette affaire, qu'elle se comportait en véritable social-démocrate, ce qu'elle est au fond. Elle a aussi prouvé qu'elle avait l'envergure d'une femme d'Etat.


Bonne journée.

20 janvier 2010

Tintin humilié.

Bonjour à toutes et à tous.


Je n'ai pas accès à la chaîne Public Sénat, je n'ai donc pas pu voir le débat d'hier soir avec Xavier Bertrand, enregistré samedi au musée Antoine-Lécuyer. Mais on m'a envoyé le lien, avec cette précision : va voir à la 51ème minute, tu ne seras pas déçu. Je me suis donc précipité. En effet, je n'ai pas été déçu, mais très attristé.

Tout le monde connaît Nicolas Totet. C'est une figure locale à sa façon, notre Tintin saint-quentinois, qu'on voit depuis des années couvrir l'actualité, qu'on croise au fil des événements. C'est sans doute le plus ancien journaliste de la ville, bien qu'il soit encore jeune. Tintin, je n'exagère pas : regardez sa frimousse, observez ses cheveux, on croit voir la fameuse houpette. Et puis, il y a l'imperméable qui le rapproche du célèbre reporter. Il ne lui manque que Milou !

De Gaulle disait en plaisantant, parce qu'il avait beaucoup d'humour, que son seul concurrent sur la scène internationale, c'était Tintin. Bertrand doit dire aujourd'hui la même chose de Totet sur la scène locale, mais en beaucoup moins drôle. Car c'est une assez stupéfiante et scandaleuse humiliation que le député a fait subir au journaliste. Celui-ci ne fait que son métier en lui posant une question sur la succession de Pierre André et le rôle de Xavier Bertrand. Rien de méchant. Mais la réaction du patron de l'UMP a été, elle, fort méchante, et même indigne. J'en étais gêné, j'avais de la peine pour Nicolas Totet, qui ne savait que répondre ni où poser son regard , qui consultait désespérément ses notes, qui trébuchait sur ses mots.

Car quelle est la méthode de Xavier Bertrand, la même depuis longtemps, depuis toujours ? Faire peur à son interlocuteur, chercher à le tétaniser, traiter d' "indécente" une question courtoise, légitime et politique. Ensuite, son arme préférée, c'est la mesquinerie : il reproche à Totet de ne plus lui dire bonjour (sic !). Un grand chef peut être aussi un petit monsieur, et un petit menteur puisque le journaliste dément. Et pour qui connaît un peu Nicolas Totet, nous savons tous que c'est un garçon poli, gentil, et même timide.

Une fois son numéro d'arrogance froide et de mépris tranquille terminé, Bertrand a repris son amabilité de façade, son sourire sur commande, l'apparence qu'il aime à afficher. Mon billet n'est pas d'humeur, il est profondément politique. En République, on juge un élu notamment dans son comportement à l'égard de la presse. Xavier Bertrand la veut à ses ordres, soumise, ne posant pas les questions qui déplaisent. Il a a hier soir commis une faute, il n'a pas su se retenir d'humilier. C'est un grand tort, on n'a pas le droit, surtout quand on est un politique, de s'en prendre à Tintin. Cette 51ème minute, c'était la minute de vérité.


Bonne journée.

19 janvier 2010

Les socialistes proposent.


18 janvier 2010

Le foudre de guerre.

Bonsoir à toutes et à tous.


Dans L'Aisne Nouvelle de ce week-end, je suis tombé sur ce titre surprenant : "Bertrand déclare la guerre aux voyous". Maman j'ai peur ! Je ne suis pourtant pas un voyou, mais une déclaration de guerre, ça impressionne toujours. Pourtant, à lire de près l'entretien, pas de quoi fouetter un chat ... ni un voyou, mais une virile tirade, genre rodomontade : "Les délinquants seront retrouvés sans tarder et punis très fortement. Nous ne leur céderons pas un pouce de terrain".

Puisque Xavier Bertrand veut jouer les foudres de guerre, pourquoi par exemple ne s'attaque-t-il pas au chômage dans la circonscription dont il est le député ? La Maison de l'Emploi et de la Formation vient d'indiquer que le taux est de 14,8%, le plus élevé de Picardie. Parmi ces chômeurs, 41,2% sont de longue durée. Pour qui aimerait se battre, il y aurait tout de même de quoi faire ...

Mais non, ce qui intéresse le secrétaire général de l'UMP, c'est autre chose, la guerre à la burqa, tel qu'il l'a évoquée dans ses voeux à Nice. C'est le débat sur l'identité nationale qui veut ça : chaque leader de la droite se sent obligé d'en rajouter (jusqu'où vont-ils aller comme ça ?). Bertrand en a donc remis une couche : interdire l'accès à la nationalité française pour toute personne portant la burqa. Génial ! Une loi ne lui suffit pas, il s'attaque aux conditions d'accès à la nationalité, pour bien montrer qu'il n'en rabat pas, qu'il est un vrai homme de droite. Et pendant ce temps-là, le Front National se frotte les mains, trop content de voir ses obsessions reprises dans le débat public. Lamentable.


Bonne soirée.

La santé est un droit.


17 janvier 2010

Peillon a eu raison.

Bonjour à toutes et à tous.


Vous m'en voudriez sûrement de ne pas en parler, puisque le petite monde politique n'a pas cessé d'en parler pendant 48 heures. Il s'agit de l' "affaire" Peillon, scandale quasiment national, presque affaire d'Etat, à peine menace sur la République si j'en crois certaines réactions outrées. Le porte-parole de l'UMP a même dit que le PS était devenu un "parti extrémiste" ! Voilà en tout cas un jugement ... extrême. Calmons-nous un peu et réfléchissons :

Est-il permis en République de critiquer les médias ? OUI. A vous de juger n'est pas la Grand-Messe et Arlette Chabot le Vicaire du Christ. Le quatrième pouvoir se croit intouchable, il ne l'est pas. Institutionnellement, il n'est pas reconnu pas la République, qui n'en admet que trois. Un parti politique peut parfaitement décliner une invitation, quand il veut, comme il veut, et contester une émission s'il en a envie, s'il l'estime juste et pertinent. Qui peut nous en empêcher ?

Voilà pour le rappel des principes démocratiques. Venons-en maintenant au fond : le service public décide d'organiser un débat scandaleux sur l'identité nationale, dont le PS dénonce chaque jour l'inanité et les dangers, confirmés par les dérapages et la vacuité de son déroulement. Débat doublement scandaleux puisqu'il met en scène et faussement aux prises deux personnages peu recommandables, Besson et Le Pen fille. La place du PS, premier parti d'opposition ? En queue d'émission, après le détestable show, quand plus personne ou presque ne regarde.

Dans ces conditions, Peillon a bien fait de ne pas se compromettre dans ce guêpier. On lui reproche de faire un coup médiatique ? Au contraire, j'applaudis : les médias en font tous les jours, Sarkozy aussi, et personne ne le leur reproche. Eux auraient droit, et pas Peillon ? Non, il a eu raison. Et j'espère bien qu'il sera suivi par tous les socialistes, qui ne mettront pas les pieds dans le soi-disant débat sur l'identité nationale.

Dans l'Aisne, il a eu lieu vendredi, à Laon, sur invitation soigneusement triée, mais pas suffisamment pour ne pas laisser passer le pitre local du Front National, Biffaut, qui a fait, trop content, son numéro de nationaliste avarié, devant une immense salle à peu près vide. Et qui a bien fait de le rester, comme la place de Peillon jeudi soir à la télévision. Faire le vide, c'est la meilleure réponse à un débat creux.


Bon dimanche.

16 janvier 2010

Le truc de Besson.

Bonsoir à toutes et à tous.


Comme le débat sur l'identité nationale patine ou déraille, Besson est obligé d'inventer des trucs pour le réactiver. Il y a quelques jours, c'était le vote des immigrés, en contradiction avec la position de l'UMP. Maintenant, c'est le papier sur les droits et devoirs que chacun devrait signer à sa majorité.

C'est absurde. Nul besoin de parapher un texte pour connaître nos droits et devoirs. L'école nous les enseigne, la société nous en parle et les citoyens sont plus avertis qu'on ne le croit, surtout à l'âge des nouvelles technologies. C'est supposer que nous serions des ignares ou des irresponsables.

C'est ridicule. Être français, c'est bien autre chose que de lire un bout de papier et y apposer sa griffe. Cette vision de la nationalité et de la citoyenneté est greffière, notariale, administrative, tout qualificatif qui ne convient vraiment pas à la situation. Être français est une affaire de coeur, d'esprit, de langue, de tradition, d'éducation, de tout ce qu'on voudra mais pas de formulaire à viser.

C'est inutile. Celui qui ne signera pas, et il y en aura, moi le premier, qui me fait une bien plus haute idée de la France qu'un morceau de papier qu'on ratifie comme un contrat d'assurance ou un bail, celui-là, que pourra-t-on contre lui ? Rien. A quoi donc ce papier des droits et des devoirs servira ? A rien. C'est ce qu'on appelle un truc : quelque chose qui ne sert à rien, sauf à faire bien.


Bonne soirée.

15 janvier 2010

Question de styles.

Bonsoir à toutes et à tous.


En présentant ses voeux, le Premier ministre a fait l'éloge de sa stratégie, sous un terme un peu curieux : le "classicisme". Avec lui, rien d'original ou de brutal, c'est tout le contraire de son président : discrétion, sobriété, discipline, modération, Fillon est beaucoup plus représentatif de la bourgeoisie conservatrice que Sarkozy. C'est l'homme des sorties de messes, qui écoute, ne brusque pas, respecte. Le meilleur candidat de la droite pour 2 012, c'est évidement lui. Espérons que l'UMP ne le remarque pas et n'en veuille pas ; en se représentant, Sarkozy peut entraîner la défaite de son camp. Sachons compter sur l'aveuglement de l'adversaire.

Cette histoire de classicisme m'a fait penser que notre vie politique dans la dernière décennie pouvait tout entier se résumer à des courants artistiques. Il y a d'abord eu l'époque surréaliste : Le Pen au deuxième tour de l'élection présidentielle et Chirac réélu avec 80% des voix ! Puis est venu l'âge baroque : l'UMP se donne comme candidat quelqu'un qui a trahi ce parti, les socialistes désignent Ségolène dont la popularité vient de son éloignement du PS.

Enfin, ici et maintenant, c'est la période classique : Fillon l'incarne comme il a été dit, mais Aubry aussi. Elle refuse les paillettes médiatiques, assume sa dimension laborieuse et revisite les fondamentaux du socialisme. Et si c'était elle, notre meilleure candidate pour la prochaine présidentielle, contre Fillon bien sûr ! Ils sont faits l'un et l'autre pour se combattre, leur classicisme a la grand mérite d'identifier clairement la gauche et la droite. A moins que le classicisme ne s'efface devant le modernisme ; là je vois bien DSK en piste.


Bonne soirée.

14 janvier 2010

Parler et faire.

Bonjour à toutes et à tous.


Et voilà qu'on reparle du vote des immigrés ! J'en suis fort irrité. Non pas parce que je suis contre. J'y suis au contraire très favorable, et je regrette vivement qu'on ne l'ait pas fait depuis longtemps : des citoyens qui vivent, travaillent, cotisent dans notre pays depuis plusieurs années devraient avoir accès à la citoyenneté, sans pour autant renoncer à leur nationalité. Ce qui m'irrite, c'est qu'on en parle et qu'on ne le fait pas. C'est pourquoi je propose qu'on n'en dise plus un mot, qu'on l'inscrive dans le prochain programme du PS et qu'on l'applique dès notre retour au pouvoir !

Et puis, regardez qui a relancé le débat : Besson ! D'un côté la droite arrache aux immigrés la burqa, de l'autre elle leur donne le droit de vote. Malin non ? Mais malin et demi ! C'est une nouvelle façon d'entretenir la confusion entre droite et gauche, qui a fait le succès de Sarkozy. Mais pour combien de temps ? L'électorat de droite et surtout ses représentants sont très majoritairement hostiles au droit de vote des immigrés, alors que pour la gauche c'est l'inverse. Cette mesure reste donc un marqueur idéologique qui sépare les deux camps.

Je ne retiens pas en revanche l'argument, complètement idiot, selon lequel le droit de vote des immigrés serait une mesure brandie pour favoriser le FN. Car la gauche l'a mise à son programme alors même que le FN n'était qu'un groupuscule. Et puis, si l'on suit ce raisonnement, il faudrait cesser tout militantisme qui contredit l'extrême droite, puisqu'elle y gagnerait prétendument. Non, c'est idiot. Même s'il n'était pas question de ce droit de vote, le FN enflerait par lui-même.

On en profite parfois pour stigmatiser les promesses non tenues. Non, ce n'est pas ce qui me gêne. Je comprends parfaitement qu'une promesse ne soit pas tenue. La découverte du pouvoir, l'évolution du contexte, la priorité donnée à d'autres dossiers, tout ça fait qu'une promesse peut parfaitement être abandonnée ou reportée. C'est même le contraire qui serait contestable et dangereuse. Mais le droit de vote est une question constitutionnelle, qui ne relève pas de l'état économique ou social de la France, ni de l'environnement international. C'est pourquoi il n'y a aucune excuse à ne pas l'appliquer.

Il paraît que l'opinion n'est pas prête. Mais croyez-vous que faire de la politique consiste à attendre que l'opinion soit prête ? Évidemment non. Il faut devancer l'opinion, pas la suivre. Je la crois d'ailleurs aujourd'hui en phase avec ce fameux droit. Cessons donc d'en parler et faisons-le.


Bon après-midi.

13 janvier 2010

La barbarie du froid.

Bonsoir à toutes et à tous.


Je termine de plus en plus souvent ma journée devant Taddeï. C'est l'heure où réunions de toute sorte sont terminées. Avant d'aller de se coucher, une petite dose d'intelligence n'est pas mal venue. Hier soir, le ton était enjoué quand il a fallu parler de ce qui tourneboule la France depuis quelques jours : le froid "glacial". Brrrrr. Et tout est bloqué ! Taddeï a raison d'en rire mais nos concitoyens ne plaisantent pas avec ça : ils s'en inquiètent, trouvent la situation anormale, se plaignent et recherchent des responsables.

L'émission a commencé par donner la parole à un "glaciologue" (si, ça existe, et je ne le savais même pas !) qui n'avait rien à dire, sinon qu'il est absolument normal qu'il fasse froid en hiver, que les variations brutales de température ont toujours existé. Des images télévisées d'il y a plusieurs décennies venaient le confirmer. Pourquoi alors les Français ont-ils le sentiment de vivre une période tristement exceptionnelle ?

Sur la désorganisation de la société, un invité a une petite idée pas bête du tout : la France n'est pas un pays de neige et de montagne, elle n'investit donc pas dans du matériel coûteux qui servira très peu. Et puis, même bien équipé, il faudra toujours du temps pour dégeler par exemple les avions.

Le temps ! Nous ne supportons plus d'attendre, nous voulons tout le plus vite possible. Pas de délai ! Le confort nous a habitués à une assistance que nous critiquons quand elle bénéficie aux pauvres, qui en ont pourtant beaucoup plus besoin de nous. Le symbole du confort (et sa réalité !), c'est la chaleur. Quand celle-ci est remise en question, c'est la protestation qui monte.

Autre explication : le froid fait ... parler. Exact ! On ne parle que de ça. La pluie et le beau temps, rien de tel pour délier les langues, créer du lien comme on dit, fabriquer du consensus. A part moi, qui se réjouit du froid "glacé" ? Mais s'il faut compter sur le froid pour se rapprocher les uns des autres, c'est un peu dommage. N'aurions-nous pas autre chose à dire, d'autres motifs de sociabilité ? Si non, c'est plutôt préoccupant.

Gisèle Halimi, qui a froid comme tout le monde, dénonce "la barbarie du froid". Mais oui ! La peur du froid est une vieille hantise de l'humanité. Tout a commencé dans les cavernes, quand il fallait se battre pour les peaux de bêtes et la possession du feu. Aujourd'hui, nous avons vaincu bien de nos ennemis (la faim, la maladie, les animaux), il n'en reste plus qu'un qui nous résiste, un barbare invaincu, lui, le froid !

Tout ça n'est peut-être pas très grave, me direz-vous ? Si c'est grave, parce que c'est tout un état de l'opinion qui se dévoile quand elle grelotte. Un inconvénient normal, le froid, est vécu comme une anomalie. Des dysfonctionnements logiques sont jugés scandaleux. Des revendications impossible à satisfaire sont mises en avant. Aujourd'hui, c'est par rapport au froid, mais demain, et déjà maintenant, et depuis un certain temps, c'est et ce sera pour n'importe quoi. Que devient la scène politique quand y règnent la peur, l'individualisme et la bêtise ?

La barbarie n'est pas dans le froid mais en nous. Elle réside dans notre inintelligence d'une situation, notre impatience d'une solution, notre absence de sagesse, notre refus de la nécessité. Nous sommes devenus des barbares, au sens des anciens grecs : nous refusons de comprendre, d'attendre, de rire de nos petits malheurs.


Bonne soirée glaciale.

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12 janvier 2010

La tristesse des ombres.

Bonjour à toutes et à tous.


Philippe Séguin a eu des obsèques quasiment nationales. Tant mieux, il le méritait, puisque c'était un grand serviteur de la nation. Mais quelques observateurs avertis ont fait judicieusement remarquer que c'était tout à fait inhabituel. Par comparaison, la cérémonie en la mémoire de Raymond Barre a été presque discrète. Pourtant, le Premier ministre a été de facto un homme d'Etat, conduisant et déterminant pendant plusieurs années la politique de la France, se portant candidat à la présidence de la République.

Philippe Séguin, lui, a été un rêve d'homme d'Etat, pouvant prétendre aux plus hautes destinées sans y parvenir, échouant à imposer à son parti la ligne gaulliste et anti-européenne qui était la sienne. Se retrouver à la tête de la Cour des Comptes, ce n'est pas un destin politique, même si Séguin aura su donner à la présidence de cette institution une ampleur et une étoffe qu'elle n'avait pas auparavant.

Tout le monde aujourd'hui salue avec raison le charisme du personnage, mais personne ne se pose la question certes contradictoire : pourquoi cet homme charismatique n'a-t-il pas entraîné l'avis de son propre camp ? Pourquoi cet homme de conviction n'a-t-il pas convaincu ? Plus épineux encore : pourquoi le meilleur n'a-t-il pas été le premier ?

Je n'ai pas les réponses, mais j'ai une hypothèse quant à la dimension exagérément nationale de l'éloge, même si l'homme fut président de l'Assemblée Nationale, fonction dont l'élévation protocolaire est bien supérieure à la dimension politique : notre société veut exorciser le peu de cas qu'elle fait aujourd'hui de la conviction en matière d'action publique par le faste excessif d'une cérémonie. Une communauté masque et oublie comme elle peut ses manques et ses défauts. Beaucoup aimeraient être à l'image de Philippe Séguin, probes, libres, passionnés, très peu le sont, usés et abusés par les compromissions et parfois les reniements.

Ceci me conduit à cela : ce matin, Vincent Peillon était interrogé sur Inter par Nicolas Demorand. Le parlementaire européen s'est dit "attristé" par le niveau des actuels dirigeants européens, en particulier la représentante de sa diplomatie, qu'il était chargé avec d'autres d'auditionner. Les silences de Vincent ont été éloquents : Est-elle mauvaise ? Pas de réponse ? L'Europe est-elle dignement représentée ? Pas de réponse. C'est que nous les connaissons trop bien : un oui et un non cinglants et définitifs !

Pourquoi ? Peillon l'a dit : les chefs d'Etat ont choisi de mettre paradoxalement en avant des personnalités qui ne sont pas "de premier plan". Alors que l'Europe aurait besoin de figures fortes et audacieuses, elle installe à sa tête des personnes faibles et timorées. Ne sourions pas, cette malédiction n'est pas européenne mais aussi française, elle est peut-être même une fatalité quand la politique fonctionne à bas régime : des Philippe Séguin sont empêchés, place alors aux hommes ternes et fatigués, qui font ce qu'on leur demande de faire, qui essaient de ne déplaire à personne, qui n'ont aucune ambition ni pour eux-mêmes ni pour ce qu'ils font et qui s'en vantent. Ce sont les ombres de plus puissants qu'eux, qui n'existent que par eux. Ils sont légion en politique, en France, en Europe. Peillon l'a compris, Séguin n'en était pas. Ce qui pose une question qu'on se pose rarement : comment recruter un personnel politique de qualité dans une République ?


Bonne journée.

11 janvier 2010

Le Parti de Mitterrand.

Bonsoir à toutes et à tous.




J'ai commencé à lire ce week-end le bouquin de Jospin. C'est passionnant. Non tant à titre de témoignages sur le passé que de leçons pour l'avenir. Jospin le dit d'ailleurs explicitement à la fin de son avant-propos : "Aujourd'hui, j'aimerais que ce livre puisse être utile à tous ceux qui, à gauche, veulent retrouver le chemin du pouvoir" (p.10).


Utile en effet ce livre l'est, précieux même. Au point où j'en suis de ma lecture, je me suis surtout arrêté au fonctionnement du PS dans les années 70, qui n'était pas ce qu'on croit, qui peut être un modèle pour le Parti d'aujourd'hui. Car il est évident que nous avons un problème en matière d'organisation, à tous les échelons. C'est pourquoi il est intéressant de voir comment Mitterrand s'y prenait en termes de gouvernance, comme on dit maintenant.


Souvent, on ne retient des années 70 que le système des courants. C'est un tort, un contresens et un anachronisme. Il y avait en ce temps-là des courants de pensée, qui n'existent plus. Ils ont été remplacés par des clans autour d'élus. C'est complètement différent, ça n'a plus rien à voir. Nous serions bien en peine de trouver aujourd'hui dans notre Parti l'équivalent de ce qu'était autrefois le CERES, un véritable laboratoire d'idées.


Mitterrand n'était pas un homme de courant. Il prenait simplement acte des lignes et des clivages qui pouvaient s'opérer lors des votes de congrès. Mais ensuite, dans la gestion du Parti, il faisait appel à tous, ne privilégiait personne, veillait à ce que chacun trouve sa place. C'est ce qu'écrit Jospin :


"François Mitterrand voulait forger des alliages : il souhaitait fondre des métaux différents dans le creuset du nouveau parti." (p. 53)


"[Mitterrand] a recherché des personnalités qui pouvaient conjuguer un militantisme authentique et une certaine expertise." (p.53-54)


"Si l'on s'attache au Parti socialiste pour expliquer cette décennie faste, beaucoup d'éléments se conjuguent : le talent d'un homme, sa capacité à s'entourer de personnalités fortes mais qui acceptent son leadership, et puis une vie collective, un foisonnement militant, un débat d'idées nourri, l'apparition d'élus victorieux, parfois inconnus qui soudain gagnent des villes. Un vrai leader, une équipe, des militants, un projet face au vieillissement de la droite, à son échec, à ses divisions : la victoire pouvait venir, et elle est venue." (p. 77)

On voit que le PS des années 70 ne correspondait pas à la caricature qu'on en fait. Mitterrand ne participait pas à la stupide guéguerre entre les courants, qui affaiblit le Parti et ne profite médiocrement qu'à quelques-uns. Lisez Jospin, vous comprendrez ce qu'était alors un Parti qui ne songeait qu'à l'intérêt collectif. Une remarque dont nous pourrions nous inspirer aujourd'hui, nationalement et localement.

Bonne soirée.

10 janvier 2010

Première !

Bonsoir à toutes et à tous.


Europe-Ecologie a présenté hier à Amiens sa liste régionale pour la Picardie. Dans l'Aisne, la confirmation est faite : Dominique Jourdain, socialiste, rejoint les Verts et se retrouve en quatrième position, Danièle Bouvier aussi, mais non éligible. Je regrette mais je respecte. Il est vrai que Dominique a toujours eu une sensibilité écolo. Mais aura-t-il ce qu'il souhaite en ralliant Europe-Ecologie ? Je n'en suis pas certain.

La tête de liste départementale est Michèle Cahu. Michèle ! Les lecteurs fidèles et de bonne mémoire (je sais que certains consultent régulièrement mes archives, ce que pour ma part je ne fais jamais) se souviendront que j'ai déjà consacré un billet à Michèle Cahu, il y a un an ou deux. Je la connais depuis que je me suis installé à Saint-Quentin il y a douze ans, c'est une bonne copine, même si je la vois beaucoup moins depuis qu'elle est plus souvent sur Amiens.

Michèle ! Je n'aurais jamais imaginé, au début, qu'elle réussirait aussi bien et aussi vite en politique. Elle n'avait pas selon moi le profil. Intello branchée psy, pas engagée dans un parti, seulement sympathisante communiste, elle me semblait trop libre d'esprit, presque trop originale pour satisfaire aux exigences d'une discipline d'appareil. Je ne la voyais pas négociant des heures une alliance, pinaillant pour un mot dans un texte, haranguant une salle, attaquant l'adversaire, se soumettant à des directives, toutes choses qui sont le lot commun de la politique. Et pourtant ...

Qu'est-ce que réussir en politique ? Etre le premier quelque part, être celui qui conduit, pas celui qui suit (mais il faut des deux, et beaucoup plus des seconds que des premiers !). "Il vaut mieux être le premier dans son village que le deuxième à Rome", c'est la phrase qu'on attribue à Jules César et qui définit parfaitement le succès en politique. Michèle Cahu a su à plusieurs reprises se hisser au premier rang, être en tête.

J'ai assisté aux débuts de son ascension. C'était autour de l'année 2 000, dans ce qu'on appelait le CLRIF, Comité Local de Résistance aux Infiltrations Fascistes (bin oui !) dont j'étais membre, Michèle aussi. C'était plus sobrement un comité anti Charles Baur, après son alliance régionale avec le FN. Yves Mennesson, dissident socialiste, en était le fondateur et le leader, avec le soutien des communistes. Et puis il y a eu une brouille entre eux, et qu'est-ce qui est sorti du chapeau pour présider le CLRIF ? Non pas une communiste pur jus genre Corinne Bécourt, comme on pouvait s'y attendre, mais ma chère Michèle ! C'était sa première réussite politique.

Mais elle a fait mieux et beaucoup plus fort. Adhérant au PCF, elle est devenue en quelques mois seulement la première secrétaire fédérale de l'Aisne. Chapeau ! Une ascension fulgurant, qui ne s'est pas arrêtée là : Michèle, que j'avais connu si peu politique, en tout cas beaucoup moins que moi, a eu une bonne place aux dernières régionales et est devenue vice-présidente. Rien que ça ! C'était à ma connaissance son premier mandat d'élue.

Fâchée comme d'autres avec Gremetz, son parcours politique aurait pu s'achever là, Michèle aurait pu se retrouver politiquement marginalisée. Mais non ! Elle a rejoint le groupe Vert et Radical, a adhéré chez les écolos et se retrouve aujourd'hui leur tête de liste dans l'Aisne, alors qu'on pouvait s'attendre à ce que Frank Delattre occupe cette place.

J'avoue être épaté. Quel est son secret ? Je suis assez fort dans l'analyse des situations collectives mais un piètre observateur des psychologies individuelles. Or je me demande si la politique n'est pas faite aujourd'hui, du moins dans certains secteurs, de psychologie beaucoup plus que d'idéologie. Michèle Cahu a pour elle un mélange paradoxal et pourtant fructueux de douceur et de fermeté, renforcé par une grande faculté d'adaptation, de souplesse. Ce sont des atouts décisifs, supérieurs à une ligne idéologique précise et nécessairement un peu raide.

Je souhaite à Michèle et à ses ami(e)s une belle campagne, le meilleure score possible au premier tour, et une alliance en bonne et due forme au second avec les socialistes. Pour que nous soyons tous ensemble les premiers !


Bonne soirée.

Ferry et sa tôle.

Bonjour à toutes et à tous.


Vous êtes de gauche ? Vous voulez lutter contre la droite ? Adressez-vous alors à la ... droite. Je charrie un peu, bien sûr : pas n'importe quelle droite, Luc Ferry, tout de même l'un de ses représentants les plus éminents. Et puis, c'est un professeur de philosophie, donc quelqu'un de forcément intelligent, à lire avec beaucoup de sérieux. Surtout dans Le Parisien de ce matin : un vrai festival contre la droite et le gouvernement !

Ne croyez pas que j'exagère. Je vous donne la liste de ce que Ferry critique : la taxe carbone, la suppression de la publicité sur les chaînes publiques, le grand emprunt, la baisse de la TVA dans la restauration, la défiscalisation des heures supplémentaires, le débat sur l'identité nationale, la proposition parlementaire d'interdire la burqa ... Vas-y Luc, continue ! On va bientôt pouvoir t'inviter à Saint-Quentin dans une réunion publique du Parti socialiste.

Après cette charge, qu'en déduit Luc Ferry, en bon philosophe qu'il est, forcément cohérent avec lui-même ? Que la droite va prendre "une tôle" aux élections régionales, que ça va être pour elle "une catastrophe", "une béréniza". Évidemment, à lire l'ancien ministre de l'Education, on ne peut plus faire autrement que voter contre son camp.

Mais lui, pour qui va-t-il voter ? Comme tout philosophe, c'est aussi un fin dialecticien. Il va donc voter pour ceux qu'il critique tant, ses amis de droite. Avec tout de même un souhait à peine esquissé : que Fillon reprenne en main la boutique (comme si avec lui la politique menée pouvait être fondamentalement différente de celle de Sarkozy !).

A part ça, Ferry fait une remarque fort juste qui m'a laissé songeur : "Le nom de Séguin n'est attaché à rien de particulier dans l'histoire politique française, pas de grande loi ni de grande réforme". C'est tout à fait exact. Et c'est surprenant. Comme quoi on peut être grand sans faire de grandes choses qui resteront, qui marqueront. Philippe Séguin était grand par lui-même, par ce qu'il représentait, par les valeurs qu'il incarnait. Dans notre société obsédée par l'action et le résultat, voilà de quoi nous faire réfléchir. C'est une saine occupation en ce dimanche glacé.

Puisque je vous parle de Séguin, Hollande a déclaré ce matin n'être pas intéressé par sa succession à la présidence de la Cour des Comptes. Je propose donc mon candidat : René Dosière. A gauche mais seulement apparenté au PS, il peut rassembler, n'est pas partisan. Surtout, ses travaux l'ont signalé comme l'un des meilleurs spécialistes des comptes publics. Pour aller chercher la petite bête dans des listes de chiffres opaques au commun des mortels, il est champion. Alors pourquoi pas lui ? Je le verrais très bien dans cette fonction.


Bon après-midi.

09 janvier 2010

Sartre ou Camus.

Bonjour à toutes et à tous.


La carte de voeux est un exercice difficile. Il faut trouver une formule originale et n'oublier personne. Le petit mot personnel est toujours très apprécié. Vanitas vanitatum et omnia vanitas ! ( non, ce ne sont pas mes voeux en latin, je n'ai pas poussé l'originalité jusque-là ). Il y a des hommes politiques assez fortiches qui laissent croire que leur message stéréotypé s'adresse à vous, rien qu'à vous. Ces manies sont la preuve de notre extrême individualisme : chacun veut qu'on pense à lui, à bibi. Pourtant, n'est-ce pas la mission d'un politique que de s'adresser à tous, sans faire de distinction personnelle ? Il n'y a qu'à la famille et aux amis qu'on rédige manuscritement une carte.

Tout ça pour vous dire qu'en ce qui me concerne je me moque de ces préventions, je ne fais pas de jaloux puisque j'envoie à tout le monde la même chose ! En revanche, je fais un effort sur le texte. La formule à deux balles piquée dans un dictionnaire et qui professe avec frime une banalité, non merci. J'ai pour habitude d'aller chercher dans les anniversaires de l'année trois d'entre eux qui me semblent marquants et bon, selon moi, à rappeler. C'est bien sûr très subjectif. Et après ?

Pour cette année 2010, j'ai retenu les 30 ans de la mort de Sartre, les 70 ans de l'appel du 18 juin et les 200 ans de la naissance de Chopin. Sartre parce c'est notre dernier philosophe français et que j'ai assisté à son enterrement, Chopin parce qu'il a un lien très fort avec mon Berry natal (je vous laisse deviner lequel) et le 18 juin parce que c'est un acte de résistance et que je trouve qu'il n'y a rien de plus beau, de plus grand et de plus difficile dans la vie que de résister.

Généralement, mes correspondants apprécient cette formule de voeux. Mais cette année, quelques récriminations me sont remontées ( ah les gens ... ) : on m'a reproché, à plusieurs reprises, d'avoir omis les 50 ans de la disparition d'Albert Camus. Sauf que ce n'est pas un oubli mais un choix, et je vous explique pourquoi :

1- J'ai horreur des modes, qui me semblent le sommet de la stupidité. On aime, il faut aimer, non pas parce qu'on aime mais parce que les autres, tout le monde aime. Je déteste ce conformisme. Camus est à la mode, très bien, on a vu pire comme mode. Ce n'est cependant pas une raison pour qu'à mon tour je m'y mette ! Je n'aime ni hurler avec les loups, ni bêler avec les moutons.

2- Qui a lancé la mode Camus, du moins qui a fortement contribué à ce qu'on en parle ? L'actuel locataire de l'Elysée, en voulant faire entrer l'écrivain au Panthéon, projet tout à fait contestable, car je ne crois pas que le bénéficiaire s'y reconnaîtrait. Sarkozy veut sans doute de cette façon faire oublier son mépris pour La Princesse de Clèves. Je n'ai pas ce défaut à me faire pardonner, je ne me sens pas obligé de suivre les "goûts" de notre président.

3- Camus plaît pour une première mauvaise raison : il rappelle vaguement des souvenirs scolaires. Au lycée, qui n'a pas entendu parler de L'Etranger ou de La Peste ? Beaucoup les ont étudiés. Il y a en chaque Français un élève qui sommeille et qui est content qu'on le réveille. Mais qui a lu depuis Camus ? Qui peut exposer même sommairement sa pensée ? A peu près personne, et moi le premier, qui ne suis pas un grand lecteur de cet auteur.

4- Camus plaît pour une deuxième mauvaise raison, qui tient en une seule phrase, celle qu'on retient de lui quand on a tout oublié ou rien appris : "Entre la justice et ma mère, je préfère ma mère". C'est une formule qui convient parfaitement, même et surtout quand elle est tirée de son contexte, à l'époque sentimentaliste qui est la nôtre : les personnes importent plus que les vérités. Est-il permis de penser le contraire ? En ce qui me concerne, je pense que oui.

Maintenant, il faut que je vous dise pourquoi je préfère Sartre à Camus :

a- Camus se présentait comme un "artiste". De fait, c'était un écrivain. Je m'étonne qu'on le présente aujourd'hui comme un penseur. Il avait certes des pensées, comme vous et moi, sûrement un peu plus que vous et moi. Ça n'en fait pas un penseur qui marquera son temps. Comme écrivain, je ne sais pas, je ne suis pas assez fort en littérature. Mais en philosophie, il n'y a pas photo : le grand de grand, c'est Sartre, pas Camus.

b- Sartre est le symbole de l'engagement politique, pas toujours très heureux, mais c'est là le risque et le drame de l'engagement politique ( c'est pourquoi aujourd'hui notre société qui ne supporte plus aucun risque ni aucun drame ne s'engage plus ). Camus a certes eu des engagements, mais plus moraux que politiques, en tout cas pas idéologiques à la manière de Sartre. Il représente une certaine gauche morale, avec laquelle Sarkozy peut jouer d'une certaine complicité, alors que la gauche doctrinale, sartrienne lui est irrécupérable.

Aujourd'hui, pour toutes les raisons que j'ai données, Camus est l'homme du consensus tandis que Sartre est l'homme de la confrontation. C'est parce que je crois que la démocratie et la vie ont plus besoin de confrontation que de consensus que je préfère Sartre à Camus.


Bonne soirée ...
sartrienne ou
camusienne.

08 janvier 2010

Des voeux pas comme les autres.

Il y avait ce soir autant de monde que les autres années au Palais de Fervaques, pour les voeux de Pierre André et du Conseil municipal, c'est-à-dire une salle pleine à craquer. Mais l'ambiance n'était pas du tout comme les autres années. D'abord, l'intervention du sénateur-maire était attendue beaucoup plus que d'habitude, après plusieurs semaines d'absence de la scène publique, ce qui inévitablement fait jaser.

Ce soir pourtant, quand toute l'équipe municipale s'est installée sur l'estrade, quand Pierre André est apparu avec son visage de tous les jours, cela semblait présager des voeux tout à fait ordinaires. Mais le premier magistrat de notre ville a dans ses premiers mots prononcé la phrase qui renverse, en annonçant qu'il avait un cancer des cordes vocales, qu'il ne ferait donc pas son discours habituel.

Le terme de cancer fait toujours peur. C'est bête, car la plupart, et en particulier celui-là, se guérissent très bien. Mais, comme l'a dit Pierre André, "c'est un combat", et d'une toute autre nature que le combat politique. Cette annonce a été faite sans emphase, sans pathos, très naturellement, avec dignité. Mais on a beau dire, c'est touchant d'apprendre qu'un homme souffre, même s'il ne fait pas partie de votre famille ou de vos proches.

Politiquement, Pierre André a bien joué. Rien ne l'obligeait à cette révélation. Santé, sexualité, convictions religieuses ou autres, tout ça relève de la vie privée. Mais quand l'opinion est aux aguets, quand la presse s'interroge, autant devancer l'événement. L'annonce était donc opportune, et le moment bien choisi : quoi de mieux que cette cérémonie où un millier de Saint-Quentinois sont réunis ?

Politiquement encore, le sénateur-maire a très sobrement mais très clairement, en citant des noms et des responsabilités, signifié que la continuité était assurée, qu'il n'y avait pas vacance ou incertitude du pouvoir. Enfin, humainement cette fois, il a demandé qu'on ne sollicite pas trop son épouse par des attentions de bonté qui finissent par devenir oppressantes. Après ça, tout avait été dit. La grande scène s'est vidée, et Pierre André n'a pas pris le traditionnel bain de foule qui animait habituellement la soirée.

Du coup, j'ai fait mon tour, j'ai salué, je n'ai pas eu le coeur à prendre une coupe de champagne. Même les airs de jazz du Blue Rythm Band ne m'ont pas mis à la fête. Je suis vite fait rentré chez moi. Il y a des jours comme ça où l'on se demande s'il n'y a pas plus important dans la vie que la politique. Tout simplement la vie, par exemple.


Bonne nuit.

Ne jamais partir.

Bonsoir à toutes et à tous.


En politique, je suis comme saint Thomas, je ne crois que ce que je vois, c'est-à-dire ce qui est écrit dans le journal. Mais généralement, quand c'est à lire dans "L'Aisne avec DSK", c'est que c'est vrai aussi. Quoique, en politique, les partisans de la dernière minute, tapis dans l'ombre de leurs intérêts, peuvent tout chambouler. Tout ça pour vous dire, dans l'attente d'une confirmation, que Dominique Jourdain, ancien maire de Château-Thierry, quitte le PS pour rejoindre Europe-Ecologie. Il se pourrait même qu'en partant il gagne le gros lot : tête de liste des Verts dans l'Aisne ! Initialement, c'est Frank Delattre qui devait s'y coller. Mais la prise castelthéodoricienne est peut-être trop belle pour ne pas immédiatement servir.

J'aime beaucoup Dominique. En dix de fréquentation de la Fédération socialiste de l'Aisne, c'est l'un des camarades parmi les plus sympathiques, les plus ouverts que j'ai connus. Dans sa ville, j'ai toujours été bien accueilli, même si nous n'avons jamais été du même "courant". Mais cela a-t-il encore un sens ? Quand je suis arrivé dans le département, on me présentait Jourdain comme un fabiusien. A l'époque, il y a dix ans, c'était la fine pointe de la modernité socialiste. Et puis, après, je n'ai plus su très bien qui était quoi, Dominique y compris : les "courants" du PS sont identiques à ceux d'un fleuve, ils se croisent, se confondent, se décomposent, se recomposent, l'ami politique d'hier devient l'adversaire du jour avant d'être l'allié du lendemain. A vrai dire, je m'y perds. Je n'ai plus qu'une seule certitude : je suis strauss-kahnien depuis longtemps et pour longtemps !

Est-ce que j'en veux à Dominique ? J'ai un principe : chacun est libre de faire ce qu'il veut, même en politique. Mais je suis très triste. Quand un camarade s'en va, c'est le Parti qui y perd. Ne se réjouissent que les cyniques. A Saint-Quentin, à Laon, des camarades sont partis, nous avons perdu, et nous perdrons tant que nous ne nous serons pas retrouvés. A Château, ironie du sort, Krabal est parti, et maintenant Jourdain : que va devenir notre Parti ainsi ? Courage à Sylvain et à nos amis ... Heureusement Soissons est là et donne l'exemple, mais Claire s'est éloignée, sur laquelle je fondais tant d'espoirs de renouvellement.

Des copains parfois me charrient : tu es fou de rester au PS, on ne t'y fais aucune place, ne t'embête pas, va ailleurs, tu seras accueilli à bras ouverts. Je ne sais si c'est vrai, ça me laisse de toute façon indifférent. Je crois en moi, en mes analyses, en la justesse de mes propositions. L'avenir me donnera raison (ou bien tort, alors je le reconnaîtrai et je m'inclinerai). C'est de la folie ? Utilisons un autre terme : c'est de la foi. Il ne faut jamais partir.


Bonne soirée.

07 janvier 2010

Un grand est passé.

Bonsoir à toutes et à tous.


Je n'aime pas les hommages post mortem. Ils sont souvent pleins d'affectation et d'hypocrisie. C'est de leur vivant qu'il faut apprécier et aimer les gens. Je préfère le silence et le recueillement. La pensée du disparu me suffit. C'est ma façon à moi de prier. Mais pour Philippe Séguin, je n'hésiterai pas à faire son éloge, parce que plusieurs fois sur ce blog j'ai parlé de lui, toujours en bien.

C'était un homme de droite, gaulliste orthodoxe, donc un adversaire politique. En 1981, il a combattu avec panache les réformes que mettait en place la gauche. En 1992, il s'est opposé à cette étape fondamentale de la construction européenne qu'était le traité de Maastrich. Et alors ? Ce sont ses qualités humaines et intellectuelles que j'estimais au plus haut point.

D'abord Séguin était un homme de conviction. Il n'y en a pas tant que ça en politique. Je me souviens de son débat avec Mitterrand pendant la campagne référendaire de 1992. Il s'est exprimé avec beaucoup de dignité devant un chef d'Etat terriblement malade, sans rien renier de ses prises de positions. Nous étions alors à un tout autre niveau d'échanges contradictoires que la détestable campagne de 2005.

Ensuite Séguin était un homme libre, sans aucune considération pour les décisions d'appareil. Sa liberté se vivait dans la fidélité. En 1995, il était sur le fameux balcon d'où Chirac célébrait sa première victoire présidentielle. Tout le monde n'y était pas, sur ce balcon ; suivez mon regard ...

Parce qu'il était un homme de conviction, parce qu'il était un homme libre, Philippe Séguin a connu un destin contrarié. Il a été seulement ministre alors qu'il pouvait espérer être le premier d'entre eux, et même le premier tout court, président ! Mais c'est le drame de la politique : la ligne droite des convictions s'accommode mal de la ligne sinueuse des opportunités, qui seule fait pourtant gagner, sauf dans les grandes occasions historiques. Ce qui a manqué à Séguin, c'est de rencontrer l'Histoire, parce que son époque, notre époque ne s'y prêtent pas vraiment, du moins en France.

Enfin, Séguin était un militant dévoué, à droite on dira plutôt un serviteur de l'Etat. La présidence de la Cour des Comptes est certes un militantisme de prestige. Mais c'est très loin des hautes fonctions politiques auxquelles il aurait pu aspirer. A ce poste, il a cependant oeuvré avec coeur et courage pour son pays, dans le sens de l'intérêt général. Il s'est rendu utile à cette République qu'il aimait tant. Après tout, c'est peut-être suffisant pour remplir une vie politique : montrer qu'on est utile à quelque chose.


Bonne nuit.

06 janvier 2010

Jospin revient.

Bonsoir à toutes et à tous.


A chaque fois qu'il revient, je suis heureux. D'abord par fidélité au soutien que je lui ai accordé pendant des années. C'est important en politique, la fidélité. On s'en rendra compte de plus en plus. Et je le dis au moment où l'infidélité politique est très répandue : pas content, on va voir ailleurs. Je resterai jusqu'au bout fidèle à Lionel Jospin.

Ensuite, ce retour me rend heureux parce qu'il réveille ma nostalgie. C'est avec Lionel, en 1995, que je suis entré au PS. C'était hier et ça fera pourtant bientôt quinze ans ! C'est lui, dans la foulée de sa campagne présidentielle, qui m'a convaincu d'adhérer à un parti auquel je n'avais pas vocation naturel à adhérer.

Et puis, Jospin c'est surtout un formidable bilan et une incroyable injustice, que j'ai vécue dans ma chair de militant, quand les Français ont préféré l'extrême droite à la gauche réformiste, une tache indélébile sur l'honneur de notre pays. Les mea culpa qui ont suivi (certains, durant cette folle époque, adhéraient au PS, après la défaite, pour se faire pardonner d'avoir succombé à d'autres candidatures) n'ont rien changé.

Enfin, Jospin c'est la mémoire et la grandeur de la gauche. Il a réformé le pays beaucoup plus et beaucoup mieux que beaucoup d'autres. Il faudra peut-être attendre avant longtemps, le moins longtemps possible j'espère, pour retrouver à la tête de la France une telle équipe, la gauche plurielle, la dream team comme on disait en ce temps-là. C'est pourquoi Jospin suscitera toujours la haine de la droite et l'ironie de la fausse gauche. Ce n'est pas lui qu'on peut récupérer, qu'on peut s'approprier. Je souhaite qu'il revienne régulièrement, qu'il nous reste longtemps. La vraie gauche a besoin de lui.


Bonne soirée.

05 janvier 2010

Babel à Dubaï.


Bonsoir à toutes et à tous.


J'ai évoqué hier, dans le scandale des vaccins en surplus, les désordres du libéralisme économique et les dérives de la démocratie d'opinion. Ces derniers jours, un autre événement concoure à dénoncer le marché mondialisé devenu aveugle. Le fait d'actualité pourrait pourtant paraître anecdotique puisqu'il s'agit de l'inauguration d'une tour, la plus haute du monde, dans l'émirat de Dubaï. C'est néanmoins un fort symbole d'un capitalisme planétaire qu'il nous faut combattre.

Ce n'est pas la performance technologique qui me choque. Au contraire, elle ne pourrait que m'enthousiasmer. Mais un construction de ce type ne pousse pas comme un champignon, surtout en plein désert ou presque. Elle est le résultat d'un contexte économique et social. La tour Eiffel symbolisait une économie industrielle porteuse d'innovations et qui visait, du moins chez ses penseurs les plus progressistes, le développement de l'humanité. L'Empire State Building incarnait le triomphe de l'Amérique en quête de welfare state, d'une société du bien-être par la consommation populaire. C'étaient de modernes cathédrales, certes sans aucune spiritualité mais dépositaires d'une signification humaine sinon humaniste, qu'on pouvait comprendre, même apprécier, sans nécessairement la partager en totalité.

La tour de Dubaï, c'est tout à fait autre chose. Elle n'est pas le produit du capitalisme américain pratiqué par de vertueux puritains, ni la conséquence d'une révolution industrielle dans laquelle la philanthropie et l'émancipation avaient leur part. Non, elle est le résultat du libéralisme financier mondialisé qui a trouvé à Dubaï une forme d'Eldorado. Là-bas, l'argent s'exhibe dans toute sa folie. C'est la Suisse des hyper-riches, un micro-univers inconcevable pour le commun des mortels. Je le sais, je l'ai vu, j'y suis allé, à l'été 2 000.

A Dubaï, il n'y a strictement rien à voir, sauf du sable et des chameaux. Le seul intérêt ? Le fric. Pour montrer qu'on en a, pour manifester sa puissance, on est prêt à faire n'importe quoi. J'ai visité dans le désert un "musée" de figures de glace ! C'est fou, c'est Dubaï. Des îles pour milliardaires sont artificiellement construites , qui prennent d'avion des allures de palmiers : c'est n'importe quoi, mais c'est ainsi. Allez à Dubaï, fréquentez comme je l'ai fait les palaces, vous en reviendrez socialiste parce que vous n'en reviendrez pas de ce que vous verrez. A côté de cette classe hypercapitaliste, les classes moyennes d'Europe sont des enfants de pauvres !

A Dubaï, j'ai vu aussi un prolétariat venu de tous les pays pauvres d'Asie, surexploité, construisant sous un soleil à rendre fou ce type de tour dont le régime aujourd'hui s'enorgueillit. Parlons de ce régime : une société "musulmane" qui fait suer le burnous aux musulmans déshérités venus ici travailler, et dans de terribles conditions. Les magazines occidentaux sont soumis à la censure. Les photos de femmes juste un peu dénudées, style catalogue de La Redoute, dont l'érotisme n'est pourtant pas affolant, sont couvertes au feutre dans les parties jugées osées. L'alcool est interdit, mais il coule à flot dans les bars et les restaus fréquentés par les occidentaux qui viennent faire leur beurre à Dubaï.

Le symbole du capitalisme contemporain, ce n'est plus l'Amérique comme au XXème siècle, ni l'Europe comme au XIXème siècle, c'est Dubaï. Aujourd'hui, son économie purement spéculative vacille. D'autant que ce capitalisme, à la différence de ses formes précédentes, n'a pas de projet politique ou moral. C'est tant mieux, cela donne au socialisme un nouvel espoir de renouvellement et d'expansion.


Bonne soirée.

04 janvier 2010

Les vaccins et le cassoulet.

Bonsoir à toutes et à tous.


C'est dingue, cette histoire de vaccins en surnombre : des millions ont été achetés, des millions ne sont pas utilisés, des millions vont être revendus à des pays pauvres. Combien de millions d'euros vont être perdus ? Ce qui surprend, ce qui semble incompréhensible, c'est qu'une nation moderne, organisée engendre un tel désordre, une pareille improvisation, une absence manifeste d'anticipation et de planification.

La droite est-elle fautive ? Je ne sais pas, j'ignore si la gauche aurait fait mieux. Mais ce que je sais, c'est que la droite est au gouvernement, et donc responsable, tandis que la gauche fait son travail d'opposition en critiquant le désordre actuel. Je sais aussi que si la gauche était aujourd'hui à la tête du pays, on dirait d'elle pis que pendre dans une telle situation. A vrai dire, je vois trois raisons profondes à cet immense et stupéfiant fiasco :

1- L'ignorance : la science ne peut pas tout nous dire parce qu'elle ne sait pas tout. Or nous vivons une époque où les gens veulent tout savoir. Au lieu d'accepter les limites de la connaissance, l'opinion exige qu'elle ait réponse à tout, ce qui est impossible. L'évolution de la grippe H1N1, personne ne pouvait la prévoir. Pas étonnant qu'on ne puisse pas rationaliser la riposte.

2- La peur : on la dissimule pudiquement sous la jolie expression de "principe de précaution", mais la réalité est la même : les citoyens d'aujourd'hui plus que ceux d'hier, parce que vivant dans des conditions plus confortables, ont beaucoup plus la trouille. Et le gouvernement a la trouille de cette opinion qui a la trouille et qui ne lui pardonne rien en cas d'échec. Du coup, on en fait trop, pour se prémunir de tout scandale, de tout procès en insuffisance. Voilà comment on se retrouve avec des millions de vaccins inutilisés sur les bras.

3- le désordre : notre économie est anarchique dans sa partie libérale, d'autant que le marché se mêle aux commandes de l'Etat, ce qui fait de ce libéralisme abâtardi un système irrationnel. D'un côté des grandes firmes pharmaceutiques qui fonctionnent au profit, de l'autre un gouvernement qui a à l'esprit l'intérêt général. Le mélange est évidemment explosif et débouche sur le gaspillage auquel nous assistons et la déplorable tentative d'y remédier par la revente des vaccins.

Que le libéralisme produise des millions de boîtes de cassoulet que personne ne mangera, ça ne me dérange pas, ce n'est pas le contribuable qui paie, c'est le patron qui perd de l'argent. D'ailleurs, une telle conséquence n'arrivera jamais : un patron est trop soucieux de ses intérêts pour commettre une pareille bévue. Car c'est le consommateur, en la circonstance, qui est le régulateur, et nous savons que des millions n'aiment pas spécialement le cassoulet et ne sont en tout cas pas prêts à en acheter.

Mais quand c'est l'Etat qui fait le chèque, plus de problème : les entreprises peuvent s'en donner à coeur joie, produire autant qu'elles veulent puisque leurs rentrées d'argent sont assurées. Ainsi, le libéralisme se contredit : il prêche la liberté mais rêve de monopole, de protection et d'étatisme. Le pire des systèmes n'est pas le libéralisme pur (c'est une utopie qui n'existe nulle part) ni l'étatisme (c'est une réalité qui s'est heureusement effondrée) mais le mélange des deux, dont la Chine donne en ce moment un visage terrifiant.

Le socialisme démocratique renvoie le marché à ses responsabilités (le profit) et le secteur public aux siennes (l'intérêt général). En matière de cassoulet, il n'est pas nécessaire que l'Etat s'en mêle. Mais en matière de santé et de vaccins, oui.


Bonne soirée.

03 janvier 2010

J'ai pas les boules.

Bonjour à toutes et à tous.


La voyance est une imposture et un danger. De pauvres gens se font prendre par cette illusion et y perdent beaucoup d'argent. On peut certes s'en amuser et voir les choses à la rigolade. Mais dans chaque rieur il y a un fond de sérieux. Je ne suis cependant pas sectaire, j'ai une bonne copine qui est astrologue, et socialiste de surcroît. Mais je ne cède pas à sa séduction. Et pas besoin de lui demander de lire dans les lignes de ma main, je connais mon destin !

Quoi qu'il en soit, L'Aisne Nouvelle a choisi, comme de coutume, de donner la parole à des voyant(e)s saint-quentinois(e)s pour qu'ils nous présentent leurs prédictions pour 2 010. C'est plutôt tordant. Les extra-lucides ne sont pas très extra, mais ont un art consommé de la banalité, comme certains en politique. Jugez-en plutôt :

- "L'emploi demeurera un problème majeur"
- "Des commerces vont fermer"
- "Malgré l'échec de la taxe carbone, on va essayer de trouver un accord"
- "Il n'y aura pas de guerre en France"

Je n'invente rien, c'est écrit dans le journal. A ce compte, je devrais moi aussi, et vous, et n'importe qui, devenir voyant. Je pourrais par exemple annoncer superbement :

- "La statue de Maurice Quentin de La Tour va rester à sa place"
- " Freddy Grzeziczak ne retournera pas à gauche"
- "Colette Blériot va conserver son sourire"
- "L'Aisne avec DSK continuera à séduire et à irriter"

J'ai gardé pour la bonne bouche cette anticipation géniale d'un de nos astrologues :

"Je vois Xavier Bertrand vivre une ascension importante dans la vie politique. Je ne serais pas surprise de le voir occuper des responsabilités nationales élevées dans les deux ou trois années à venir".

C'est bien dit, avec ce qu'il faut de naïveté pour impressionner les naïfs. Sauf que quelque chose m'échappe : "des responsabilités nationales élevées", je croyais que Bertrand, ministre puis patron de l'UMP, y avait déjà droit, depuis pas mal de temps. A moins que notre voyante, à force de s'intéresser à l'avenir, ignore le proche passé. Mais "dans les deux ou trois ans à venir" ? Si je réfléchis bien, ça nous porte à 2 012, 2 013. Président de la République ou Premier ministre ? Je ne suis pas voyant mais je ne vois plus que ça !

Ceci dit, j'aimerais pour finir assurer les astrologues saint-quentinois de ma profonde estime, puisque deux sur trois annoncent ... la victoire de Claude Gewerc aux régionales ! Depuis le temps que je vous le dis ! Et sans avoir pourtant de boules de cristal chez moi ...


Bon dimanche.

02 janvier 2010

La France brûle.

Bonjour à toutes et à tous.


L'incendie volontaire de voitures le jour de l'an ou le 14 juillet est une forme de délinquance spécifiquement française. Ailleurs, ce type d'incident n'intervient que dans des moments exceptionnels, des situations d'émeutes par exemple. C'est aux sociologues de proposer des explications. Jeu idiot, mal de vivre, triste façon d'exister, de se faire remarquer, mimétisme social, rite communautaire ou générationnel, surenchère médiatique, escroquerie aux assurances, je ne sais pas, c'est peut-être tout ça à la fois.

Toujours est-il qu'une société ne peut pas l'accepter, sachant aussi que bien d'autres drames sont encore moins acceptables. Mais il n'y a pas de petites souffrances. De fait, les actes de délinquance, surtout quand ils touchent au quotidien nos concitoyens, sont perçus comme insupportables. Nicolas Sarkozy en a fait son axe de campagne, et même un thème identitaire, auquel il doit en grande partie son élection. Il est donc normal que nous soyons très exigeant avec lui dans ce domaine-là et que nous lui demandions des comptes précis.

Cette année, comme pour confirmer son attachement à la lutte contre la délinquance, le gouvernement a beaucoup "communiqué", quelques heures avant le jour fatidique du premier de l'an (étrangement, Noël est préservé de ce sinistre rituel, comme si sa symbolique familiale, religieuse et pacifique le protégeait de toute violence). On nous a fait comprendre que le ministère de l'Intérieur était mobilisé, que la présence sur le terrain des forces de l'ordre était massive, que les interdictions de bouteilles en verre (même de champagne !) sur la voie publique seraient dissuasives, bref qu'il n'était pas question de tolérer et de retrouver ce qui s'était passé l'an dernier et qui avait énormément choqué l'opinion : un bond de 30% parmi les véhicules incendiés. Pour Sarkozy, c'est une question de crédibilité.

Or quel a été le résultat ? Au matin du premier janvier, dans les médias, le ton était au soulagement et même à l'optimisme, avec un mot dominant : calme, la nuit a été calme. Mais en fin de journée, à l'annonce des chiffres des préfectures, la vérité était tout autre : 1 137 incendies de voitures, seulement dix de moins que l'an dernier. Brice Hortefeux a beau souligner qu'en région parisienne la baisse est plus importante, que les arrestation ont été plus nombreuses, les faits sont là, indiscutables : Nicolas Sarkozy a ici échoué.

Je ne m'en réjouis pas. La lutte contre la délinquance est l'affaire de tous et ne doit pas prêter à une exploitation politicienne. Je veux bien admettre que le pouvoir fait ce qu'il peut, que le problème est très difficile à régler, que la droite a sans doute obtenu, dans certains secteurs, quelques résultats appréciables. Mais sur ce coup-là, les voitures incendiées du jour de l'an, la réponse est non, le bilan est négatif.

Et je le souligne parce que, comme je le rappelais plus haut, Nicolas Sarkozy s'est engagé et fait élire sur la lutte contre la délinquance et la sécurité des citoyens, souvent en accusant injustement la gauche de n'avoir pas fait ce qu'il aurait fallu. On voit aujourd'hui que lui non plus, que cette douloureuse question est plus aisément objet de discours impressionnants que d'action efficace.


Bonne journée.