La droite à la peine.
Sourire au PS, grise mine à l'UMP : c'est le résumé de ce week-end politique. Pour Xavier Bertrand, c'est la grosse baffe ! Je ne suis pas certain que Nicolas Sarkozy ne regrette pas aujourd'hui d'avoir fait du sous-chef un chef. C'est qu'un cadre supérieur, même bosseur et talentueux, ne s'improvise pas facilement patron. Le secrétaire général de l'UMP, un an après sa nomination, était attendu sur cette préparation des régionales. Et on peut dire ce soir que c'est largement raté, même si ce n'est pas exclusivement de sa faute. Je vois six raisons à cet échec de l'entrée en campagne :
1- Les listes ont été mal bouclées, les tractations ont traîné en longueur. Dans ce genre de situation, personne n'est vraiment content. Quand l'annonce a été faite, des sifflets se sont faits entendre, ce qui veut tout dire de l'insatisfaction ambiante. Sur ce coup-là, Bertrand n'a pas fait du bon boulot. Je m'en réjouis d'ailleurs, ça rendra la victoire socialiste plus facile. Le résultat est tombé, impitoyable pour le patron qui n'arrive pas à en être un : 60% seulement en faveur des listes, un sévère camouflet. C'est Copé qui doit être content !
2- Un meeting devait rassembler samedi toutes les composantes de l'UMP. Il y a eu moins de 700 participants, pour un lancement qui se voulait national ! Bertrand devra revoir son organisation, il y a du flottement dans les voiles. A Amiens, nous étions 900 socialistes pour une réunion seulement régionale !
3- Bertrand a un problème de réservoir. Il a tellement rassemblé à l'intérieur de l'UMP qu'il n'a plus de réserve à l'extérieur. Une fois s'être glorifié des bons 30% que lui attribuent les sondages, c'est rideau pour le second tour, car plus personne d'autre n'est sur le pont ! Comment la droite va-t-elle pouvoir gagner comme ça ?
4- Et puis, le président n'aide pas trop son secrétaire général. Il y a quelques semaines, Sarkozy proclamait fièrement que la campagne serait nationale, qu'il fallait se battre sur le bilan et la politique du gouvernement. Maintenant c'est fini, le bon et rassurant Fillon est mis en avant, et la campagne devient classiquement régionale, et très anti-socialiste. Pourquoi pas, toute stratégie a sa validité, mais ce qui est mauvais c'est d'en changer au milieu du gué.
5- La faiblesse de l'adversaire se signale dans le choix de ses attaques : mettre en avant le cas Frêche, compter sur lui pour ravir le Languedoc-Roussillon, c'est avouer qu'on n'a rien d'autre à se mettre sous la dent et qu'on fait son deuil des autres régions.
6- La cerise sur le gâteau, c'est évidemment l'affaire Clearstream, qui montre à quel point la droite est divisée, jusqu'à son sommet. Car que l'actuel président et le dernier Premier ministre soient pris dans un cruel conflit est tout de même affligeant pour la droite. D'autant que Villepin fera tout pour prendre sa revanche. C'est un classique en politique : la bête blessée, affolée par le sang, ne cherche plus qu'à tuer. Si elle n'y parvient pas, elle peut faire très mal.
Aujourd'hui à la peine, la droite sera-t-elle demain à la ramasse ? Ce serait la logique des choses. Mais méfions-nous : la politique et la logique ne font pas toujours bon ménage.
Bonne soirée.