Bonsoir à toutes et à tous.
Pas très excitante, la séance du conseil municipal de ce soir à Saint-Quentin. Depuis que Pierre André ne préside plus les débats, un étrange climat s'est installé, un calme bizarre règne dans l'assemblée.
L'administratif l'a emporté sur le politique. Monique Ryo, par tempérament ou par stratégie, applique la stratégie de l'édredon : l'opposition frappe dans du mou, du cotonneux, les coups s'enfoncent dans le néant, leur impact se délite complètement.
La première adjointe n'élève presque jamais la voix, répond très brièvement, laisse la parole aux adjoints ou au secrétaire général. Elle veut manifestement en finir au plus vite. Qu'est-ce qu'on peut contre ça ? Pierre André portait des gants de boxe, "cherchait" l'opposition, polémiquait à l'occasion. C'est fini. Pour le spectateur, c'est
beaucoup moins intéressant. Je ne dis pas que le conseil municipal perd totalement de son intérêt. Mais il faut se forcer pour en trouver un.
J'ai une bonne mesure pour évaluer cet affadissement : les notes que je prends, généralement fournies, se réduisent comme peau de chagrin depuis quelques temps. J'ai même hésité de consacrer mon billet de ce soir au conseil municipal. Il n'y avait pas trop matière, j'ai failli céder à la facilité d'attendre ce que la presse locale en dirait demain. Et puis je me suis repris. En grattant l'os, on trouve toujours un peu de viande.
Ça a commencé tout doux, presque du banal, un courrier que l'opposition n'a pas reçu à propos du
bilan des activités de Patrick Dupond. Et pourquoi ? Dieu seul le sait et probablement s'en fout, puisque le bilan en question peut être photocopié et transmis dans l'heure. L'opposition a beau plaisanter sur l'absence de grève à la Poste, ça ne déride personne.
Avec
l'entrepôt pour stocker les produits inflammables, ça devient plus sérieux. L'élue Verte était toute prédisposée à questionner sur le sujet : les populations ont-elles été bien informées ? C'est le secrétaire général de mairie qui s'y colle, et pas très longtemps : les dispositions réglementaires ont été appliquées. Fermez le ban !
Sur la
campagne de sensibilisation de l'obésité des enfants, l'opposition est d'accord tout en soulignant "le coût important". Trop chère ? Mais c'est surtout pour demander à ce que l'aide financière de la Région soit clairement énoncée.
Et puis est venue l'intervention de Michel Aurigny, à laquelle je n'ai strictement rien compris (mais je veux bien éventuellement admettre que c'est de ma faute, que je ne suis pas assez attentif, que les raisonnements mathématiques parfois m'échappent ...). Il a été question d'EDF, d'enfouissement de lignes et d'un retard dans les délais dont je suis incapable de vous restituer la teneur. Aurigny me fait penser à Rocard des mauvais jours, dans les années 70, quand ses explications économiques étaient si technocratiques que personne ne comprenait. Je suis plus rocardien que mitterrandiste, mais sur ce coup-là Mitterrand avait raison :
une intervention politique doit être compréhensible par tous. A mon avis, les lambertistes doivent être fâchés avec la com'. Qu'a répondu le secrétaire général (encore lui !) ? Que c'était un problème technique interne à EDF.
En revanche, Aurigny a été très clair sur
les panneaux d'affichage libre que le maire lui a par courrier promis et qui ne sont toujours pas là. Quand et combien ? Le secrétaire général a à son tour promis une réponse précise et rapide par courrier. Qu'est-ce que vous voulez répondre à ça ?
Dans les assemblées les plus sérieuses, il y a toujours un moment de comique involontaire, et c'est celui qui me fait le plus rire (alors que le comique volontaire est généralement lourdingue). Ce soir, c'était à propos des "sanitaires urbains" à remplacer (dans le langage populaire, on les appelle
les chiottes, c'est moins joli mais c'est plus parlant). Pour Aurigny, ils seront moins que prévus et pour Huel, adjoint aux travaux, ils seront au contraire plus que prévus. Allez y comprendre quelque chose ! Si j'ai bien compris, Aurigny soutient qu'on a baissé
de 11 à 9, alors que Huel estime qu'on a augmenté
de 6 à 9. J'avoue ne pas savoir qu'en penser. Aidez-moi !
En passant à
la démolition de la cantine de l'école Eugène-Corette et aux problèmes subséquents d'Education Nationale, on entrait
dans du lourd comme on dit aujourd'hui, dans des questions que l'opposition, à majorité enseignante, maîtrise sur le bout des doigts. Et ça se voit, ça se sent. Quoique Monique Ryo soit de la même corporation, ce qui donnait un petit côté surréaliste aux échanges, dans leur réalisme même. Car le problème portait sur
le trajet entre Corette et Arnould, où les élèves vont se restaurer. Quand il fait beau, le parcours se fait à pieds, affirme la majorité. L'opposition n'en disconvient pas, pour des raisons d'exercice physique. Mais elle réclame un bus
quand il fait mauvais temps. La majorité rétorque que c'est le cas
quand il pleut. L'opposition fait remarquer que ce n'est pas le cas
quand il fait froid et brumeux. Et là, Ryo s'avoue vaincue, ou plutôt fatiguée, en reconnaissant qu'il faut sans doute revoir et adapter le dispositif.
Olivier Tournay, gremetzien, termine la séquence Education Nationale par la traditionnelle motion envoyée chaque année à l'Inspection académique pour se plaindre des
fermetures de classes, à quoi la majorité de droite acquiesce dans une touchante unanimité. Mais c'est sans doute parce que je ne suis pas très émotif que j'ai du mal à comprendre tout ça. En attendant, ce conseil sur lequel il n'y avait pas grand-chose à dire m'aura fait beaucoup parler.
Bonne soirée.