L'Aisne avec DSK

31 janvier 2011

La campagne démarre enfin.

Bonjour à toutes et à tous.


La campagne électorale a bel et bien démarré ce week-end à Saint-Quentin. Je ne parle évidemment pas des élections cantonales, dont la campagne se termine. Ce n'est pas une boutade. Dans deux mois, nous n'y penserons même plus, il n'en restera que des souvenirs, bons ou mauvais, selon qui aura gagné ou perdu. Une élection ne se prépare pas deux mois mais au moins deux ans avant. Le sort du scrutin est déjà scellé. J'ai, comme beaucoup, ma petite idée sur les résultats. Mais c'est au suffrage universel de s'exprimer.

Non, je veux parler des élections municipales, dans trois ans. Là, on peut dire vraiment que la campagne démarre. C'est d'ailleurs ce que le Courrier Picard dans son édition de samedi a bien senti en interrogeant Xavier Bertrand. Et quand vous lisez le même jour L'Aisne Nouvelle, les réponses du maire sont exactement les mêmes. Une conférence de presse impeccablement préparée ! La cérémonie des voeux avait annoncé cet engagement pour 2 014, ainsi que les visites de quartiers. Proximité, presse, projets, c'est la stratégie municipale de Xavier Bertrand, qui commence dès maintenant. Les pros se donnent toujours une longueur d'avance, et la plus longue possible.

Pendant ce temps-là, le PCF, vendredi soir, présentait ses candidats aux cantonales. Pas de surprise : c'est Olivier Tournay qui s'y colle pour le centre. Je l'ai déjà dit : il a le vent en poupe, une bonne présence de terrain et l'oreille des médias. Au nord, pas de surprise non plus : c'est ma concurrente à gauche de 2 004 qui repart, Maria Le Meur. Bertrand, Tournay, Le Meur, finalement rien n'est plus prévisible que le comportement et les choix des uns et des autres. C'en est presque ennuyeux. Heureusement qu'au PS l'imprévisible est souvent au rendez-vous, ce qui met un peu de piquant dans la vie politique locale, cette fois-ci avec l'irruption des "nouvelles têtes", selon l'expression officielle.

Municipales ou cantonales, bonne campagne à tous, vive la démocratie, et que les meilleurs gagnent !


Bonne journée.

30 janvier 2011

Encore Vailly.




Allez, je termine la journée comme je l'ai commencée, en vous parlant de la réunion d'hier soir à Vailly-sur-Aisne, mais avec cette fois-ci les très belles photos que m'a transmises Arnaud Battefort cet après-midi. J'espère que cette petite publicité sur mon blog ne va pas être intégrée dans ses comptes de campagne ! Si nous avons la bouche tordue et les joues gonflées ou creusées au moment du buffet (vignette 2), c'est que nous sommes en train de consommer l'excellente galette républicaine. C'est mon voisin de droite qui a eu la fève, pas Jean-Jacques Thomas, bien qu'il soit un peu notre roi, mais démocratiquement élu et d'une majesté toute socialiste !






Bonne nuit à toutes et à tous.

Strauss, Boubou et Martine2012.

Bonsoir à toutes et à tous.


Vendredi soir, en rentrant vers 23h00 de Soissons, fatigué après une conférence-débat et la journée de travail, j'allume quand même mon ordi, au cas où ... Et puis j'ai toujours une petite pensée pour vous, ami(e)s lecteurs, nombreux et fidèles. Je n'ai pas été déçu. Au début, j'ai cru à un gag, une imposture, un canular, une sorte de hoax, assez fréquent sur le net. Mais comme l'information venait d'Orange, ça pouvait tout aussi bien être sérieux. Pourtant, je n'avais rien entendu à la radio.

Bon, j'arrête de faire mon mystérieux et je vous explique sur quoi je suis tombé : un site intitulé "Martine2012", lancé par six maires de petites villes, en soutien à la candidature de Martine Aubry à la présidentielle. J'ai d'abord trouvé ça bizarre. Généralement, ce n'est pas à ce niveau, plutôt modeste pour une initiative nationale, que ce genre d'opération se met en place. Et puis, cette façon d'interpeller Aubry par son prénom, j'ai pensé à Royal, "Ségolène" comme on l'a très vite appelée à partir de 2006. Vous imaginez des strauss-kahniens à la tête d'un site "Dominique2012" ? Impensable, léger, pas sérieux.

Bon, ce n'était encore que des détails, une vague impression qui pouvait être trompeuse. Sauf qu'en parcourant la liste des signataires (nous étions vendredi soir), je suis tombé des nues et j'ai cru comprendre la blague. En effet, il y avait les noms de Brigitte Bardot "actrice retraitée", Ségolène Royal "humoriste" et Nicolas Sarkozy "président de la République" (évidemment), au milieu de quelques patronymes inconnus. Mais pas tous. Et là quelle surprise ! Parmi les six maires, je repère mon "Boubou" !

Excusez la familiarité, c'est le nom que nous donnons dans l'intimité à Michel Boulogne, maire socialiste de Roisel, pas très loin de Saint-Quentin, et conseiller général de la Somme. Mais que faisait-il dans cette drôle de galère ? Sa présence accréditait au contraire le sérieux de l'entreprise. A moins qu'on ne se soit servi de son nom ? Tout est possible sur internet, et on a vu pire. Je me suis couché avec l'énigme dans la tête.

Au réveil, j'avais les idées plus claires et, de retour sur Martine2012.net, je constatais que Bardot, Royal et Sarkozy avaient disparu, mais que d'autres étaient apparus, et que je connais bien, eux aussi : Simon Dubois Yassa et Corinne Vibes, responsables syndicaux axonais, et mon copain rénovateur Sylvain Logerot, secrétaire de la section de Château-Thierry. Avec, cerise sur le gâteau, Michel Pennetier, de Saint-Amand-Montrond (ma ville natale, pour les nouveaux venus sur ce blog). Et bin si je m'attendais !

J'ai donc repris le texte, avec une lecture plus attentive et crayon à la main. La rhétorique est tout de suite identifiable : c'est celle de l'aile gauche, dont Aubry n'a pourtant jamais fait partie. Rien qui ne me fâche là-dedans : il y a plusieurs sensibilités au PS, c'est ce qui fait sa richesse et c'est très bien comme ça. Chacune a son style, son vocabulaire, ses thématiques. Et chacune a le droit de s'exprimer publiquement. Jusque là, tout va bien. Mais ça ne va plus quand je lis ceci :

"Le candidat de toute la gauche ne peut pas être celui qui a dirigé la principale institution financière de la planète".

Vous avez compris ? Pas la peine de faire un dessin : c'est Strauss (nous, chez les strauss-kahniens, c'est comme ça qu'on l'appelle) qui est visé. Voilà qui est très mal joué : je conçois parfaitement qu'on ne souhaite pas que DSK soit notre candidat, je respecte toutes les opinions. Mais décréter que celui qui est aujourd'hui le mieux placé pour battre Sarkozy "ne peut pas être le candidat de toute la gauche", c'est une exclusion très dommageable. Et si finalement c'était lui qui démocratiquement était choisi par notre Parti, les signataires auraient bonne mine ! Que feraient-ils alors ? Rejoindre peut-être Mélenchon que dans leur tête ils n'ont probablement jamais quitté ?

Et que font-ils de l'accord tacite, de notoriété publique, que Strauss et Aubry ont passé afin de ne pas s'affronter mutuellement ? Qu'en pensent-ils ? En ce qui me concerne, j'ai mon candidat préféré mais jamais je n'exclurais aucun autre, Ségo, Hollande, Aubry, Montebourg, Aubry ou je-ne-sais-qui, et même si Hamon était notre candidat, je ne l'écarterais pas par principe, et je le soutiendrais s'il était choisi. Je n'accepte donc pas qu'on stigmatise ainsi DSK.

Je lis aussi ceci dans l'appel de Martine2012.net : "Pour couper court à toute zizanie, c'est la première secrétaire du Parti qui doit conduire la bataille". Ah bon ? C'est nouveau, ça vient de sortir ? Et les primaires, chargées de donner la parole à notre électorat pour désigner notre candidat, qu'en font-ils ? A moins que la "zizanie" à éviter, ce soient elles, les primaires ? Pourtant, notre Parti a massivement adopté cette procédure, non ? Alors on fait quoi ? On passe par dessus le vote des militants, comme en 2005 avec le référendum sur le Traité constitutionnel européen ? La culture d'appareil, la voilà : on ne vote pas, on désigne. Rien n'impose pourtant, statutairement, que notre première secrétaire fédérale soit notre candidate.

Réfléchissons. Les grandes et les petites manoeuvres en vue de la présidentielle ont commencé. Martine2012.net signifie quoi ? Un ballon d'essai pour voir comment réagit le Parti ? Une torpille en direction de DSK ? Une boule qu'on lance pour voir si elle fait boule de neige ? Tout ça à la fois peut-être, mais de toute façon une mauvaise action. Suivons d'ailleurs attentivement si l'aile gauche, notamment saint-quentinoise, s'agrègera à ce qui ressemble à un coup fourré, et on verra.

Pour le reste, demeurons fidèles aux principes et calendrier collectivement arrêtés : ce sont les primaires qui trancheront, toutes candidatures socialistes sont admissibles, aucune ne doit subir l'opprobre. Montrer aujourd'hui d'un doigt accusateur un candidat putatif, c'est mal, très mal préparer le nécessaire rassemblement à l'issue des primaires, quel que soit celui ou celle qui en sortira vainqueur. Un peu de retenue et d'anticipation, cher(e)s camarades ! Il y a des anti-DSK à l'extérieur du Parti (voir billet de mercredi), je n'aimerais pas les voir prospérer à l'intérieur. C'est tout le Parti qui en pâtirait.


Bonne soirée.

Projet pour une France oubliée.




Bonjour à toutes et à tous.


Belle réunion hier soir à Vailly-sur-Aisne, très fraternelle, beaucoup de monde et des discours revigorants. Arnaud Battefort et la section socialiste présentaient leurs voeux, en présence de Jean-Jacques Thomas, Thierry Delerot et plusieurs élus. Arnaud est candidat aux cantonales, dynamique, ouvert, sensible, avec toujours une pensée pour sa petite famille. Je le crois destiné à un avenir politique, parce qu'il en a toutes les qualités.

L'intervention de notre premier secrétaire fédéral a porté sur un thème qui devrait être celui de ces élections cantonales : la défense de la ruralité et des services publics, en montrant combien la disparition de la DDE (Direction Départementale de l'Equipement, son éclatement entre Reims et Lille) avait été préjudiciable durant "l'épisode neigeux".

Autre axe fort de son discours : les menaces qui pèsent sur l'école maternelle, dont le maintien est lui aussi indispensable à l'existence d'un monde rural vivant et équilibré. Un maître mot dans la bouche de Jean-Jacque Thomas : la proximité, mise à mal ces dernières années (le recteur d'académie ne vient-il pas de condamner les petites écoles rurales ?)

Une élection cantonale semble moins intéressante qu'une municipale ou qu'un scrutin national. C'est pourtant une campagne qui est porteuse, comme n'importe quelle autre, d'un projet de société. Dans notre pays, le pouvoir, les médias, les intellectuels sont issus de la culture urbaine et des grandes métropoles, ils en véhiculent les représentations ... et en soutiennent les intérêts. Du coup, la France rurale est négligée, quand ce n'est pas oubliée, ou bien caricaturée, assimilée à la ringardise opposée à la modernité.

Pourtant, cette France existe, vit, travaille, crée, souffre aussi. Les banlieues font parler d'elles, leurs difficultés focalisent l'attention. Beaucoup moins celles des villages et des petites villes, bien qu'ils couvrent la majeure partie de notre territoire. Les élections cantonales doivent être l'occasion d'une révolution culturelle, qui mette en avant cette France invisible, silencieuse, qui expose ses douleurs (chômage, insécurité, manque de formation), qui propose des solutions (je reviendrai dans un prochain billet sur celle du PS). La révolution commence à Vailly ? Il faut un début à tout. Courage et succès à Arnaud et son équipe.


Bon dimanche.


Vignette 1 : la salle se remplit progressivement, jusqu'à être une centaine. Au premier rang, on reconnaît Mireille Tiquet, conseillère régionale, et Jean-Louis Sève, conseiller municipal de Soissons.
Vignette 2 : Annie suppléante, Arnaud et sa fougue, Jean-Jacques méditatif, Thierry sous le charme.

29 janvier 2011

L'ambition productive.




28 janvier 2011

La vie, l'amour, la politique.

Bonjour à toutes et à tous.


Trop souvent, nous réduisons la politique à des histoires de gros sous ou de petits intérêts, d'élections et de gestion, alors qu'au fond elle aborde des problèmes de société d'ordre moral et quasiment philosophique. La semaine qui s'achève en donne une démonstration éclatante :

1- Un rapport parlementaire remet en question l'accouchement sous X. A-t-on le droit de connaître ses origines, même lorsque vos géniteurs ne le souhaitent pas ? Terrible interrogation ...

2- Le Sénat a failli légaliser l'euthanasie, avant que le Premier ministre ne s'y oppose, dans une tribune adressée au journal Le Monde. A gauche aussi, les avis sont partagés. Pour ma part, j'aime trop la liberté pour m'en voir dépossédé au moment de mourir. Je veux là aussi pouvoir choisir et décider. Mais c'est très délicat : qui va accomplir le geste fatal ? Sous quelles garanties ? Car une pulsion de vie peut nous faire renoncer, au dernier instant, aux résolutions prises en toute conscience.

3- L'Assemblée a autorisé, dans le cadre de l'assistance médicale à la procréation, le transfert de l'embryon après le décès du père. Le gouvernement s'est opposé, argumentant qu'on ne pouvait pas mettre au monde des orphelins. C'est encore la douloureuse question de l'origine qui resurgit.

4- Le Conseil constitutionnel vient de refuser ce matin la reconnaissance du mariage homosexuel, pourtant permis dans de nombreux pays européen de tradition catholique. Là aussi, ce sont nos représentations de l'amour et de la famille qui résistent et qui sont soumises à bouleversement.

L'amour, la mort, la vie, l'origine, la famille, il faudrait que nos politiques se transforment en penseurs pour aborder ces graves sujets, ou du moins qu'ils les lisent et s'en inspirent. C'est évidemment autre chose, et plus difficile, que de briguer un poste, faire une campagne ou même gérer une collectivité.


Bonne journée philosophique.

27 janvier 2011

Cheminots.

Bonsoir à toutes et à tous.


La direction de la SNCF s'est excusée cette semaine pour sa participation à la déportation des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. J'avoue que cette manie des excuses, qui depuis quelques années s'est emparée de la société française, m'irrite. S'excuser, ça nous fait une belle jambe ! Quand le mal est fait, il ne sert à rien de s'excuser, 70 ans après qui plus est.

Et puis, si la SNCF n'en avait jamais ressenti jusqu'ici le besoin, c'est sans doute qu'il y avait quelque raison. Une administration est au service de l'Etat, elle fait ce qu'on lui dit de faire, voilà tout. C'est le régime, l'instance politique qui sont à incriminer, pas ses agents. Sinon, la Police, la Gendarmerie et bien d'autres devraient aussi présenter leurs excuses. On n'en finirait pas, c'est ridicule.

Surtout, ces excuses viennent contredire une image très ancienne, très populaire et très vraie : celle de la Résistance cheminote, telle que René Clément l'a immortalisée dans son magnifique film "La Bataille du Rail". A force de culpabiliser à tout va, nous détruisons la réputation, la fierté d'une épopée qui a construit l'imaginaire des générations d'après-guerre. Un peuple qui se repent sans cesse, tout penaud, honteux de sa propre Histoire, est une représentation détestable. Nous avons refoulé les valeurs chrétiennes, elles nous reviennent abâtardies et trahies.

Ces règlements de compte pathologiques avec notre passé sont d'autant plus déplorables que le présent de la SNCF est lui aussi mis à mal. Des voyageurs ont lancé une sorte de grève, ils ne présentent plus leurs billets aux contrôleurs après les retards et dysfonctionnements durant les vacances de fin d'année. Le service public voit son image ternie. J'ai été moi même pris dans les désagréments, en route pour le Berry. Qu'est-ce que j'entendais dans le wagon ? "La SNCF, il faudrait les privatiser, ça marcherait mieux". Et voilà le terrible contresens ! Car s'il y a aujourd'hui des problèmes, c'est précisément parce que, au contraire, ce service public n'est plus suffisamment soutenu.

Pour ma part, là où je me montre critique, c'est sur le prix et la vente des billets de train. Les coûts sont élevés, je ne vois pas aujourd'hui une famille entière pouvoir prendre le train. Elle choisira l'automobile. Il y a tout de même là de quoi s'interroger. Sans parler du système de vente, devenu tellement complexe qu'on n'y comprend plus rien, qu'il faut être extrêmement malin pour s'en tirer à bon compte c'est-à-dire à bas prix. Or, que je sache, la malignité n'est pas encore reconnue comme une vertu.

Il faut que nous aimions notre SNCF, nos trains et nos cheminots. Ils font partie de la tradition, de la légende françaises. Allez voir le merveilleux documentaire de Luc Joulé et Sébastien Jousse, "Cheminots", et vous comprendrez. J'ai longtemps pratiqué le train, j'y tiens, son réseau sur la carte de France est comme les veines du corps humain.


Bonne soirée,
et vive la SNCF !

26 janvier 2011

Les radis et les radicaux.


Bonsoir à toutes et à tous.


C'était ce matin dans Libération (voir vignette). Et c'est très clair : Mélenchon veut la défaite de DSK. Ce qui est tout à fait logique quand on est anti-DSK. L'offensive va se poursuivre dans les prochains mois. Les thèmes de la campagne anti-DSK, les slogans sont rodés dans le journal :

"DSK incarne tout ce qui a conduit la gauche à sa perte en Europe".
"Dominique Strauss-Kahn représente une ligne libérale".
"Si (...) le PS choisit le directeur du FMI comme candidat, l'élection est compromise".

J'ai gardé le meilleur pour la bonne bouche : DSK, c'est "l'affameur des peuples". Celui-là, vous allez l'entendre sur tous les tons dans les prochains mois. Strauss ne peut pas répondre, il est tenu pour l'instant par son contrat à la tête du FMI. L'extrême gauche et ceux qu'elle influence vont s'en donner à coeur joie. Méfions-nous : à force d'entonner la chanson, le refrain va entrer dans les têtes et entraîner du monde ... Après ça, comment une certaine gauche pourrait-elle songer à voter et faire voter socialiste au second tour de la présidentielle ?

Que faire ? Rien du tout, ignorer ces attaques. En politique, être la cible est un honneur, pas un malheur. Ah si quand même : rappeler, comme l'a fait Benoît Hamon, que les anti-DSK sont en même temps ceux qui viennent négocier des circonscriptions pour les législatives. Je ne sais plus qui disait, à propos des radicaux-socialistes d'autrefois : "Rouge à l'extérieur, blanc à l'intérieur et toujours à côté de l'assiette au beurre".

Les radicaux-socialistes d'hier sont les socialistes radicaux d'aujourd'hui. Le sénateur Mélenchon a été ministre de Jospin avant de se déchaîner contre la social-démocratie ! Pas étonnant que le NPA s'en méfie. Mais les communistes, vont-ils laisser faire ?


Bonne soirée.

25 janvier 2011

Prêts et près.




Les socialistes sont prêts, le changement est proche, il commence aux cantonales ...

24 janvier 2011

La revanche des "partageux".

Bonjour à toutes et à tous.


Quoi de neuf durant ce week-end politique ? Pour ma part, une inquiétude, celle de la surenchère à gauche. Normal : pendant six mois, jusqu'au début des primaires, nous allons être en attente d'un candidat. La politique, comme la nature, a horreur du vide. On l'a vu il y a trois ans à Saint-Quentin : les réformistes renoncent pour d'excellentes raisons à se présenter aux municipales, c'est l'aile gauche qui s'engouffre dans la faille, occupe l'espace, y entraîne l'extrême gauche et s'installe sans céder un pouce de terrain. Une leçon à méditer et une faute à ne plus jamais répéter.

Les postulants socialistes vont se multiplier, c'est certain, ça a déjà commencé. Et pour se départager, ils devront se différencier, dans le petit jeu perdant du "plus à gauche que moi tu meurs". Les hostilités ont donc débuté, jusqu'à savoir en juillet si DSK se présente ou pas (si c'est non, ce sera la cata). Celui qui va donner le ton, c'est Mélenchon, qui représente encore le surmoi de nombreux socialistes. Il l'a dit : il sera le candidat des "partageux". C'est joli, ancien, ça ne veut plus dire grand-chose mais c'est suffisamment éloquent et lyrique pour influencer à gauche et faire des voix. Certains au PS vont s'y mettre aussi.

Ainsi, Arnaud Montebourg propose de nationaliser les banques qui font des profits indus, si j'ai bien compris. Sa "mise sous tutelle" impressionne mais signifie quoi au juste ? Le système bancaire a été nationalisé en 1981, puis reprivatisé, et jamais la gauche n'est revenue là dessus. En économie de marché, je ne vois pas comment faire autrement. Et puis ça servirait à quoi ? Ségolène Royal, dans la même fibre radicale, veut interdire les "licenciements boursiers". Et pourquoi pas tous licenciements économiques, qui ne sont pas moins insupportables. En vérité, le problème n'est pas d'interdire le chômage mais de créer de l'emploi.

Ces deux mesures n'ont rien de nouveau, c'est une reprise modérée des mots d'ordre de l'extrême gauche. Le seul qui ait tenu des propos vraiment iconoclastes et novateurs ce week-end, c'est Michel Rocard : au moment où la droite remet en débat les 35 heures, il suggère une nouvelle baisse du temps de travail. Car si le recul de l'âge de la retraite ne le choque pas, c'est à cette condition-là : travailler plus pour travailler moins, en quelque sorte (plus sur toute une vie mais moins hebdomadairement). Autre idée : supprimer l'ISF, qui est devenu un symbole qui ne rapporte pas grand-chose et qui est moins égalisateur qu'on ne le croit, le remplacer par un impôt annuel sur le capital des entreprises.

Les "partageux" ont six mois pour se défouler. Après, on passera aux choses sérieuses. Sinon, adieu la victoire ...


Bonne journée.

23 janvier 2011

Réflexes et réflexions réformistes.

Quand je participe à un événement, j'en reviens avec mon idée, mais j'attends toujours la lecture de la presse pour que mon avis soit complet, car un observateur extérieur, un professionnel non impliqué porte un regard souvent plus objectif. Dans l'enthousiasme d'un engagement, on perd un peu pied. Ce matin, en lisant le Courrier Picard et l'article de Nadia Nejda sur la manif d'hier après-midi devant l'Hôtel de Ville de Saint-Quentin, je constate que son ressenti est le mien : présence communiste, quasi absence des parents, faible mobilisation.

Attention : je ne blâme pas mes camarades du PCF ; il n'y a que ceux qui ne font rien qui sont critiquables et toute action, quand il s'agit d'une bonne cause, mérite d'être félicitée. Les communistes, de leur point de vue, ont eu raison de faire ce qu'ils ont fait. Le petit problème, qui n'est pas non plus un grand drame, c'est que je n'ai pas le même point de vue et que je ne suis pas le seul. Ce qui s'est passé hier illustre complètement le bien fondé de la ligne réformiste que je défends depuis trois ans et qui un jour rassemblera tous les socialistes et l'emportera à gauche :

1- Il ne faut pas mélanger politique et syndicalisme. Le mouvement en faveur de l'école publique et des classes à David-et-Maigret et Kergomard doit être mené par les parents et les enseignants, leurs associations et leurs syndicats. Les militants politiques doivent être bien sûr personnellement présents, visibles et actifs, mais en soutien seulement, pas en organisateurs ou en chefs de file.

2- De même, aucun électoralisme ne doit intervenir dans cette lutte. Aux cantonales, chacun votera selon ses convictions, en tirant les conséquences de ce qu'il voit. Mais il n'y a pas à donner des consignes de vote, même générales. Les citoyens sont assez grands pour juger eux-mêmes, d'autant qu'en leur prenant la main on risque plutôt un contre-effet. Les mouvements sociaux qui n'ont débouché politiquement sur rien, on connaît ...

3- Il faut parfaitement cibler les responsabilités et ne pas se tromper de symbole : la mairie de Saint-Quentin n'est pas fautive des fermetures de classes mais l'Etat et son actuel gouvernement. C'est pourquoi, à Laon, la manifestation s'est déroulée devant la préfecture et que nous avons été reçus par l'inspectrice d'académie, pas devant l'Hôtel de Ville et par le maire. A moins de croire que celui de Saint-Quentin ait le pouvoir de faire évoluer la situation, ce qui serait lui faire un grand honneur et lui accorder une grande importance, mais surtout focaliser sur une personne alors que c'est toute une politique qu'il faut contester et une riposte générale qu'il faut activer.

4- A défaut d'adopter une ligne réformiste, nous débouchons sur quoi ? La marginalisation et la radicalisation, qui ne profitent qu'à l'extrême gauche. Le Parti socialiste n'est pas dans cette culture ni dans cette stratégie-là. C'est un parti de gouvernement, de gestion locale, qui ne peut pas se permettre d'être à la traîne des organisations radicales. Vous imaginez Martine Aubry, Ségolène Royal ou DSK se reconnaître là-dedans ? C'est impensable !

5- Je remarque enfin que la radicalisation des uns est involontairement encouragée par l'intransigeance des autres. L'adjointe à l'enseignement et l'inspectrice de circonscription auraient dû ouvrir la réunion avec les parents à la presse. Non par principe (chacun invite après tout qui il veut quand il organise quelque chose) mais par habileté : nous vivons dans une société où tout se sait très vite. Une bonne communication consiste à tout dire afin de mieux cacher éventuellement ce qu'on veut taire (car il y aura toujours des secrets). Mais interdire l'accès d'une telle réunion aux journalistes, c'est de la dernière maladresse, puisque la presse locale saura tout mais en moins bien. Quant à convoquer les journalistes après un événement pour leur expliquer ce qu'ils doivent en penser et en écrire, c'est une réaction d'un autre âge, heureusement révolu.

6- Par principe cette fois, Olivier Tournay aurait dû avoir lui aussi accès à la salle et le droit de s'exprimer. Un élu municipal est chez lui, dans son rôle, quand une assemblée aborde une affaire qui a trait à la Ville. Et puis, Olivier est-il politiquement si redoutable qu'il faille le faire taire ? Allons, allons ... Quand on veut abattre un adversaire politique, on ne lui ferme pas la bouche, on le laisse au contraire parler. Le silence est protecteur. C'est dans la parole qu'on se dévoile et qu'on devient vulnérable (regardez comment Xavier Bertrand s'y prend quand ses élus d'opposition en Conseil municipal lui posent une question : il leur en pose une autre et les fait parler pour mieux les piéger. Ah la politique ...).


Bon après-midi.

Ecole en détresse.

Bonjour à toutes et à tous.


Je reviens ce matin sur les manifestations d'hier en faveur de l'Education Nationale. Deux rassemblements ont eu lieu dans l'Aisne, auxquels j'ai participé, très différents l'un de l'autre. A Laon, devant la préfecture, ce sont surtout des militants syndicalistes qui se sont réunis, derrière le collectif très large "Un pays, une école, notre avenir" (voir billet d'hier). A Saint-Quentin, devant l'Hôtel de Ville, la tonalité était beaucoup plus politique, avec une forte présence communiste et paradoxalement assez peu de parents d'élèves, malgré le soutien affiché aux écoles David-et-Maigret et Kergomard, qui vont probablement fermées.

Dans ce genre de rencontres, j'aime écouter ceux qui sont là, ne rien dire spécialement, questionner, saisir une ambiance, des sentiments. Les politiques parlent trop, même si c'est leur métier. Je ressens parfois une overdose de discours, de mots, de chiffres, d'analyses. Il faut aller à l'essentiel, s'intéresser au vécu des gens, comment ils perçoivent et subissent une situation, ce qu'ils veulent réellement. Ce n'est pas si simple parce qu'il y a un côté très subjectif derrière tout ça. Nos responsables croient s'en sortir en faisant des démonstrations, en tenant des raisonnements. Mais l'inquiétude et la souffrance sont rebelles à toute forme de calcul.

Cette approche est d'autant moins évidente pour moi que je suis un enseignant heureux et enthousiaste, qui globalement n'a pas à se plaindre de son métier, qui y croit, qui ne désespère pas. Et comme je ne suis pas parent d'élève, j'ignore ce que peut être l'angoisse de l'avenir. Mais je n'ai jamais cru que faire de la politique consistait à prendre son cas pour une généralité. Au contraire, l'homme politique doit oublier sa propre personne et se fondre en quelque sorte dans la population. En même temps, il garde la distance qui lui permet de comprendre, de choisir et d'agir.

En discutant hier avec mes collègues, les parents, la directrice de David-et-Maigret, j'ai senti monter des réactions très variées : colère, crainte, incertitude, accablement, incompréhension, sentiment d'abandon ... Je résumerais tout ça par un mot très fort : détresse. Oui détresse, parce que les personnels et les parents ne savent plus très bien où va l'école, ne voient plus très bien quelle école on leur prépare. Détresse et désarroi, oui c'est ça. Car il y a contradiction entre ce qui se dit et ce qui se fait, les "valeurs" proclamées de notre société et la réalité :

D'un côté on célèbre la "transparence", de l'autre on a le sentiment de ne pas tout savoir sur la prochaine rentrée scolaire. D'une part on vante les vertus de la "proximité", de l'autre on ferme des écoles pour procéder à des regroupements. L'enseignement "personnalisé" est prôné à tous les niveaux mais les classes à faibles effectifs sont supprimées. L'Education Nationale, dans les discours, est mise en avant et des milliers de postes d'enseignants ne sont pas reconduits. Le métier est fréquemment l'objet d'éloges et pourtant sa formation n'est pas sérieusement assurée et les concours ont cessé d'être attractifs. Le budget de la nation consacré à l'école avale des sommes gigantesques et rien ne semble s'arranger : on parle d'illettrisme alors que l'école, depuis toujours, est chargée d'apprendre à lire et à écrire ; on évoque régulièrement la violence dans des établissement qui devraient être des havres de paix. Comment y comprendre quoi que ce soit ?

Bien sûr, les statistiques ne manquent pas pour avancer des arguments d'ordre démographiques ou comptables. Bien sûr les études sont nombreuses pour exposer des théories sociologiques. Mais on ne gouverne pas avec des statistiques ou de la sociologie. Il faut des objectifs, les citoyens attendent des finalités, des directions et pas des directives dont le sens échappe. Où va l'école ? Que veut-on en faire ? Les réponses sont impératives. D'année en année, de rentrée scolaire en rentrée scolaire, de budget en budget, on nous assomme de justifications là où l'on voudrait, parents et enseignants, des explications et des motivations. Si le choix a été fait d'abandonner l'école publique, qu'on le dise clairement. Si la volonté est de la transformer, qu'on dise en quoi et pourquoi. Pour le moment, personne ne sait, la détresse et le désarroi viennent de là.

En la matière, la gauche a une responsabilité particulièrement importante. Elle doit reconquérir sa base enseignante, qui l'a en partie désertée. Elle doit faire oublier certains épisodes fâcheux et avancer des propositions fortes, un véritable projet pour l'école. Au PS, Bruno Julliard fait un énorme et intelligent travail là-dessus. Pour moi, quelques principes simples doivent nous guider : ne pas avoir la nostalgie de l'école d'autrefois qui, dans son grand mérite, n'était pas toujours jolie jolie ; n'oublier personne, personnels, élèves, parents, quelle que soit la réforme ; rappeler que l'école est une cause nationale, que son service est public, que son but est formateur et émancipateur. Il faut que la détresse d'école laisse place à une promesse d'école.


Bon dimanche.

22 janvier 2011

Un pays, une école, notre avenir.





Ce matin à Laon, manifestation du collectif "Un pays, une école, notre avenir" devant la préfecture, avant d'être reçu en audience par le représentant du préfet et l'inspectrice d'académie.

21 janvier 2011

Le fabuleux destin d'O. Tournay.

Bonjour à toutes et à tous.


Ces derniers temps dans la presse locale, il est partout, on ne voit que lui : sur les contrats aidés, à propos de la subvention au club de Fresnoy, contre les fermetures de classe ... Françoise Jacob, adjointe à l'éducation, l'a même viré d'une réunion, où il est quand même resté. Au récent conseil municipal, le maire a reconnu qu'il avait "travaillé son sujet", après une intervention sur la vente des Oriels. Xavier Bertrand est pourtant avare de compliments envers son opposition, et cruel quand il s'agit de tourner en dérision les laïus exagérément chiffrés du représentant du Parti Ouvrier Indépendant. Mais il semble avoir un petit faible pour Olivier Tournay, puisque c'est de lui, vous l'avez sûrement reconnu, dont il est question.

L'élu communiste est-il en train de se construire un fabuleux destin ? C'est l'avenir qui le dira, comme toujours avec le destin. Mais quelques atouts sont présents :

1- Olivier Tournay me semble avoir le bon feeling avec les journalistes. Il a choisi de communiquer et le fait plutôt bien. Il est réactif à l'événement, présent sur le terrain (demain, avec ses camarades de la section communiste, ils organisent une manif devant l'Hôtel de Ville pour protester contre les fermetures de classe, où chacun doit amener une casserole ... pour se faire entendre !)

2- Olivier a pour lui un nom qui parle encore à une partie des Saint-Quentinois. Tournay et Le Meur font écho dans les rangs du peuple de gauche. La politique, ce sont aussi des vies, des personnages, des légendes. La famille Tournay en fait partie. Ça ne suffit évidemment pas à se construire un fabuleux destin et un prénom, mais l'héritage est là, et c'est mieux que partir de rien.

3- Olivier Tournay a aussi à son bénéfice la jeunesse et une belle gueule (tout est relatif, je sais bien, mais quand même ...). Ma remarque est dérisoire ? Non, mais j'avoue qu'elle est secondaire. Sauf que tout compte en politique. Après tout, ne me suis-je pas fait virer des cantonales parce que mes camarades, à tort ou à raison, voulaient "de nouvelles têtes" ? Tournay incarne quelque part le renouveau, et il le porte sur lui, sur son visage, dans son style.

4- Mais son fabuleux destin repose fondamentalement ailleurs, bien sûr : au sein de l'opposition telle qu'elle est aujourd'hui constituée, il a un rôle central, il représente le point d'équilibre, de gravitation, quasiment la synthèse des différences sensibilités, entre l'aile gauche du PS et les organisations d'extrême gauche. En politique, c'est la position-clé, déterminante, gagnante.

Le fabuleux destin d'Olivier Tournay n'en est qu'à ses débuts. Il ne suffit pas d'une presse favorable, j'en sais quelque chose, pour parvenir au sommet. Mais Olivier n'est pas pressé puisqu'il a le temps pour lui, et c'est finalement ce qui compte le plus en politique. Ceci dit, je vois deux éventuels obstacles, tout au moins deux réelles difficultés dans son irrésistible ascension :

a- Olivier Tournay est membre d'une section qui rejette le Front de Gauche et considère Mélenchon comme un vulgaire social-démocrate que sa formation lambertiste ancienne a rendu assez malin pour faire son coucou dans le nid des autres, en l'occurrence celui du PCF (les spécialistes de la chose me comprendront, les autres devineront). Un fabuleux destin, même local, ne peut s'accomplir qu'avec la bénédiction de l'appareil. Olivier pourra-t-il longtemps, à l'instar de Corinne, Jean-Luc et ses camarades, rester un irréductible gaulois ? C'est comme ça qu'on se fabrique une posture, pas un destin.

b- Qu'adviendrait-il d'Olivier Tournay si la gauche réformiste, social-démocrate l'emportait à Saint-Quentin et rompait avec une ligne, des alliances dont il est partie prenante ? Nous en sommes encore très loin, et c'est pour le moment plutôt mal parti pour cette sensibilité-là. Mais on ne sait jamais, on a déjà vu des retournements surprenants, surtout à Saint-Quentin. Un fabuleux destin, en politique, ne tient souvent qu'à un fil. Et si celui-ci est tranché ...

Mais je passe peut-être, dans ma réflexion de ce matin, à côté de l'essentiel : Olivier Tournay a-t-il vraiment envie d'avoir un fabuleux destin ? Lui seul le sait ...


Bonne journée.

20 janvier 2011

On apprend tous les jours.

Bonjour à toutes et à tous.


On apprend tous les jours. De la Tunisie, je ne savais presque rien. Et beaucoup étaient je crois dans ce cas. C'était quoi pour moi, jusqu'à la révolution de ces derniers jours ? Un pays modéré où il faisait bon aller faire du tourisme. Mais une épouvantable dictature, un régime policier, un tyran sanguinaire, un État corrompu, ça non, je n'imaginais pas. Sans doute parce que je ne m'intéressais pas. On ne peut pas s'intéresser à tout.

Je savais que l'Egypte était instable, le Maroc autoritaire et l'Algérie militaire. La Tunisie, dans ma tête, échappait aux clichés négatifs, ressemblait plutôt à une carte postale. Et puis, nous connaissons tous des gens qui en sont revenus enchantés, sans critique particulière ou marquante. Dans les années 60, l'Espagne de Franco, le Portugal de Salazar, la Grèce des colonels attiraient eux aussi les Français en vacances, mais on savait à quoi politiquement s'en tenir. Mais la Tunisie de Ben Ali ?

Qui pouvait deviner que ce peuple était au bord de la révolte ? Protester oui sans doute, comme un peu partout au Maghreb, mais s'immoler par le feu, ne pas trouver d'autres moyens de revendication, aller jusqu'à renverser assez vite le gouvernement, non. On apprend aussi, dans les événements tunisiens, qu'un peuple arabe peut se soulever sans faire aucunement référence à l'Islam, que les deux ne sont pas synonymes. Combien d'analystes nous expliquaient pourtant que le fondamentalisme musulman était le vecteur obligé du soulèvement des masses dans le Sud ?

Et puis, il y a ce constat, qui ne vaut pas que pour la Tunisie : un mouvement d'opinion peut désormais naître et l'emporter sans se mobiliser autour d'un parti, d'un syndicat ni même d'un leader. C'est la rue plus l'internet qui ont tout fait. Facebook, réseaux, blogs ont été les ferments de la révolte. La politique à l'ancienne en a pris un sacré coup, dans un pays qui n'apparaissait pourtant pas comme le plus moderne de tous les pays. Décidément, j'en ai beaucoup appris ces jours-ci sur la Tunisie. Et vous ?


Bonne journée.

19 janvier 2011

60 ans d'échecs.

Bonjour à toutes et à tous.


J'ai connu une époque (les années 70) où l'on me répondait, quand je demandais à quelqu'un ayant des convictions d'extrême droite ou d'extrême gauche pourquoi il ne votait pas pour ces formations : parce que c'est inutile, parce que ça ne sert à rien. Il est vrai que la politique n'a de sens que pour autant qu'on occupe le pouvoir. Sinon, c'est de la simple opposition, du pur témoignage.

A propos de l'extrême droite, dont on parle beaucoup ces derniers temps, c'est flagrant : Le Pen a passé son temps à échouer, à tel point que c'en est spectaculaire, qu'on se demande bien pourquoi certains continuent à voter pour un homme ou un parti qui, outre leur malfaisance, ne servent strictement à rien. Retour sur 60 ans d'échecs :

Années 50 : Le Pen est un jeune député du mouvement Poujade. Cette vague protestataire ne débouchera sur rien. Pas plus que sa défense de l'Algérie française. C'est le gaullisme qui triomphera à la fin de la décennie.

Années 60 : à la tête des comités Tixier-Vignancourt, Le Pen ne parvient pas à faire fructifier le score de la présidentielle de 1965. Ce n'est pas l'extrême droite mais l'extrême gauche qui est au rendez-vous de l'Histoire, en Mai 1968.

Années 70 : Le Pen comprend qu'il vaut mieux en politique se mettre à son compte en créant le Front National. Sauf qu'il se ramasse à la présidentielle de 1974 (0,7%) et ne parvient même pas à se présenter à celle de 1981.

Années 80 : c'est la percée électorale du FN, de Dreux à la présidentielle de 1988. Mais ce ne sont, paradoxalement, que des échecs victorieux, une notoriété dans la marginalité, qui ne débouchent sur aucune prise ou exercice du pouvoir.

Années 90 : Le Pen continue sur sa lancée, accumule les scandales, ne gère rien, ne trouve aucun allié, fait de gros scores mais ne gagne jamais. Les plus lucides, les plus soucieux de pouvoir le quittent à la fin de la décennie, Mégret en tête, qui ne réussit pas mieux à crédibiliser l'extrême droite.

Années 2000 : la présence au second tour de la présidentielle de 2002 aurait dû faire du FN un parti d'alternance, de gouvernement. Il n'en a rien été (heureusement !). Le Pen ne sait faire que de la politique, diriger un parti mais pas un pays. Au bout de 60 ans d'échecs, il est significatif qu'il passe le relais à sa fille, comme s'il espérait qu'elle réussisse là où il a constamment raté.

On ne peut même pas dire que la réussite de Le Pen est d'avoir influencé la vie publique. Il n'a cessé de faire l'unanimité contre lui, d'être instrumentalisé par la gauche ou la droite, de faire figure de repoussoir. Ces thèmes de prédilection, quand ils ont parfois surgi dans le débat politique, auraient de toute façon été exploités sans lui et ne lui doivent pas grand-chose. Le Pen n'a réussi à se faire élire qu'en tête de liste, automatiquement, mais jamais sur son nom en propre. Il n'a même pas assumé le mandat de conseiller municipal. Le Pen, c'est le fantôme de Montretout et le fantasme d'un nombre anormalement élevé de votes inutiles.


Bonne journée.

18 janvier 2011

De Dutourd à Zemmour.

Bonjour à toutes et à tous.


Jean Dutourd disparu, c'est le dernier réactionnaire qui s'en va, comme la droite n'en fait plus. Je ne partageais bien sûr pas ses idées, je lisais rarement ses livres mais je l'écoutais avec plaisir. Sa liberté d'expression me conduisait à affûter mes propres convictions. Car Dutourd était sûrement, dans notre société devenue hyper-conformiste, où il faut faire attention à tout ce qu'on dit et écrit, l'un des derniers hommes libres, c'est-à-dire quelqu'un qui se moque des conséquences de ce qu'il pense.

C'était aussi un des derniers polémistes cultivés de notre temps. On ne trouve plus guère aujourd'hui de gens cultivés en politique, mais des gens informés, compétents, intelligents, ça oui ! Jean Dutourd a commencé à retenir mon attention après 1981, lors de ses passages à la radio, à la télévision ou dans les magazines, où il faisait office de réac de service. A une période où la gauche était puissante et la droite déconfite, il jouait le rôle du rebelle, ressemblait un peu à Don Quichotte.

Le vaincu qui résiste a toujours un côté sympathique. Il en faisait des tonnes mais avec finesse, l'oeil malicieux et la pipe au bec. Après, m'installant à Paris, j'écoutais avec curiosité et intérêt ses interventions sur Radio-Courtoisie, qui mêlait droite républicaine et extrême droite. En bon réactionnaire, il avait sans nulle gêne franchi le pas de cette douteuse fréquentation, lui le gaulliste, l'ancien résistant au régime de Vichy. Le pire adversaire restera toujours à ses yeux la gauche.

Jean Dutourd a-t-il une postérité, un héritier ? Je n'en vois qu'un seul qui lui soit proche aujourd'hui : Eric Zemmour. Pourtant, je ne le considère pas comme le Dutourd des années 2010. Car il y a 30 ans, Jean Dutourd incarnait, qu'on soit d'accord avec lui ou pas, un véritable anticonformisme, une résistance à la pensée ambiante d'alors, dont l'idéologie, à la suite de Mai 68 et du 10 Mai 1981, était largement progressiste. Ce n'est plus du tout le cas aujourd'hui. Zemmour est impertinent, persifleur dans la forme, mais ses idées sont dans l'air du temps, et ses plus proches amis sont au pouvoir. Alors qui pour remplacer Jean Dutourd ? Un homme comme ça, la démocratie en a besoin ... et la gauche aussi !


Bonne journée.

17 janvier 2011

2002 en 2012 ?

Bonsoir à toutes et à tous.


François Hollande a rappelé ce matin deux vérités de bon sens, deux dangers que la gauche et notamment le Parti socialiste ne devraient pas ignorer :

1- La montée de l'extrême droite est flagrante et catastrophique. Le choc de 2002 n'est plus à exclure. Il faut impérativement lutter contre le nouveau leader du FN, dénoncer sa manipulation des thèmes de gauche (la laïcité en particulier).

2- La division des candidatures à gauche en vue de la présidentielle est aussi un très mauvais signe. Les radicaux de gauche veulent faire bande à part en compagnie des valoisiens, les communistes seront peut-être déchirés entre un "orthodoxe" (Guérin) et un socialiste radicalisé (Mélenchon). Les Verts semblent hésiter entre Joly et Hulot. Même Chevènement a l'intention d'y aller ! Quant à l'extrême gauche, elle aura sans doute ses trois candidatures habituelles, NPA, LO, POI. Et je ne parle même pas de la diversité des candidatures socialistes dans le cadre des primaires.

Cette situation est préoccupante. Chacun bien sûr est libre de se présenter ou pas. Mais le rappel de ce droit ne fait pas une stratégie politique. Toute dispersion des voix est mortelle pour la gauche. Ce qui est perdu dans un premier tour n'est pas en totalité retrouvé au second tour. Et voilà comment on peut perdre une présidentielle. C'est vraiment à ne pas souhaiter, et Hollande a eu raison de sonner le tocsin, même si l'incendie n'est pas encore là.


Bonne soirée.

16 janvier 2011

Le candidat s'appelle ...

Bonjour à toutes et à tous.


Surprenant article dans L'Aisne Nouvelle de ce week-end. On pourrait presque croire à une blague, mais nous ne sommes pas le 1er avril. C'est du sérieux, puisque le journal l'annonce en toute première page : "Cantonales : "Coluche" s'invite à Saint-Quentin". A l'intérieur, un long article d'Aurélien Walti, avec une grande photo, prévient qu'un "candidat mystère", "imprévu et incongru", va bientôt se dévoiler sur le canton-nord de Saint-Quentin, dans le style de Coluche en 1981.

Eh bé ! De qui peut-il bien s'agir ? Comme le célèbre comique, ce "canular" a un goût de sérieux, puisque l'individu se dit "déçu de la politique" et entend aborder "certains problèmes locaux et nationaux" en proposant un programme et en distribuant des tracts. Bref, du militantisme classique ! Est-ce parce que la campagne ne démarre pas du feu de Dieu que cette vocation simili-politique se fait jour ?

Je préviens tout de suite les mauvais esprits : ce n'est pas moi ! J'aurais certes voulu être candidat, j'ai un petit goût pour la provocation, j'ai à dénoncer et à proposer moi aussi, mais non, ce n'est pas mon genre. Si j'ai été sorti par la porte, ce n'est pas pour entrer par la fenêtre, et jamais de ma vie je ne me suis présenté en dehors de mon Parti. Quant à vouloir me venger, c'est une attitude assez fréquente en politique, mais si c'était chez moi le cas, je prendrais plutôt modèle sur Monte-Cristo que sur Michel Colucci. Et puis, il n'y a qu'un rôle que je sais jouer, qui me va comme un gant et dont je ne me lasse pas : moi.

Puisque j'ai au moins l'intime certitude que ce n'est pas moi, qui alors ? Avant de proposer quelques noms qui me sont venus à l'esprit, il faut repérer quelques indices dans le corps de l'article. D'abord, c'est un homme, même si la photo assombrie laisse deviner une femme (mais c'est normal : le "trublion local" s'amuse à brouiller les pistes). Car c'est toujours au masculin ("le candidat", "il") que le personnage s'exprime ou est décrit.

Ensuite, il est probablement issu du monde du spectacle (théâtre, divertissement). C'est un homme de scène, dans une activité publique. J'ai noté cette phrase : "Déguisement, travestissement et détournement d'identité sont à redouter". Durant sa campagne, il organisera non pas des réunions mais des "mini-spectacles". Cette expression m'a mis la puce à l'oreille : c'est quelqu'un qui a quelque chose à montrer.

Quel est son objectif ? "Faire parler de moi", "c'est un coup de pub". Voilà qui est clair. Le quidam a besoin de promotion, personnelle mais sans doute aussi professionnelle, dans un métier où il aurait besoin de se faire connaître. C'est d'ailleurs pourquoi il déclare dès maintenant ne pas vouloir aller jusqu'au bout (ce qui n'était pas le cas de Coluche en 1981, qui avait tout fait, même une grève de la faim, pour se maintenir en lice).

Enfin, je ne pense pas que ce candidat "coluchisé" soit un anonyme mais plutôt une personne qui fait déjà un peu parler d'elle dans la presse et la vie locale. Pour se lancer ainsi, il faut avoir le pied à l'étrier. Il y a aussi cette phrase assez révélatrice : "On m'a dit que ce n'était pas une bonne idée, qu'il fallait mieux que je reste discret à l'occasion de ces élections. Une raison de plus que je ne ferme pas ma gueule !" C'est donc quelqu'un qui évolue dans un milieu au fait de la chose politique mais qui n'hésite pas à braver les conseils d'amis. S'il doit rester "discret", c'est qu'il n'est pas complètement inconnu sur la scène locale.

A partir de là, je vois deux profils se dessiner, mais qui ne correspondent pas exactement aux critères que je viens d'énoncer : un candidat de type anar, provoc, genre ultra gauche surréaliste, qui veut mettre le brin (Coluche, c'était un peu ça) ; mais je ne vois personne à Saint-Quentin qui réponde à ce personnage (à Laon, nous aurions Lestrat, qui s'en rapproche un peu).

Ou bien, au contraire, un sous-marin de la droite pour emmerder Lavrilleux, l'ultime Joker de XB contre celui-ci, qui vaut bien le Joker de Batman. Car pourquoi notre "candidat mystère" choisit-il le canton-nord et pas le canton-centre ? Pourquoi cette précision de se "rendre dans les mairies du canton" ? Ce n'est ni banal, ni innocent. En politique, il faut se demander qui est gêné pour savoir à qui on a affaire. En même temps, la droite locale n'a pas intérêt à torpiller son propre candidat, même en lui plantant une fléchette dans le pied.

Avec toutes ces supputations et incertitudes, peut-on se risquer à quelques noms ? Qui ne risque rien n'a rien, surtout en politique. Risquons. Jean Tribouilloy serait un bon client. Il est le fondateur à Saint-Quentin de la rigolothérapie : faire "marrer les gens", c'est son truc. Quant au déguisement, c'est aussi sa marotte : ne l'a-t-on pas vu un jour venir à son QG des Champs-Elysées en vêtements de femme ? "Le candidat est une candidate", c'était aussi dans un sketch de Coluche. Oui, je vois bien Tribouilloy nous offrir une séance de rigolothérapie à l'échelle d'un canton.

Mais pourquoi pas le conteur picard Jean-Pierre Semblat, chroniqueur dans L'Aisne Nouvelle, qui ferait un excellent Coluche barbu et vieilli ? Lui aussi se déguise, mais en habits traditionnels, lui aussi se montre en spectacle. Sa voix tonitruante serait du plus bel effet. Et il a pour lui de s'être déjà présenté, mais oui, aux élections cantonales, dans un registre plus classique. A moins que ce ne soit un autre humoriste de la même veine picardisante, Jean-Louis Tétart, bien introduit dans le milieu associatif saint-quentinois, figure de la Foire au Boudin, actif dans le quartier Saint-Jean dont une partie est rattachée au canton-nord, ceci expliquant cela ?

Je pense également à Jean-Pierre Leblanc, à la tête de la troupe de théâtre "Le Manteau d'Arlequin", qui sillonne les villages avec ses comédiens. Mais je ne le vois pas trop non plus délivrer un message politique, y compris sous l'angle humoristique. Daniel Wargnier, qui a toujours le mot pour rire, connu comme le loup blanc et précédemment candidat, a du Coluche en lui, mais à la différence de Leblanc, il est trop politique (représentant de Génération Ecologie) pour monter un tel canular. S'il est éventuellement drôle, c'est plutôt involontairement.

Jean-Paul Lesot pourrait coller à la demande. Il est facétieux et rêve peut-être d'autre chose que de Monsieur Micro. Sa popularité peut l'inspirer. De là à faire le pas, la marge est grande, très grande. Autre hypothèse, la plus surprenante, mais au point où nous en sommes : Sébastien Cauet, ancien élève à Henri-Martin, un "Coluche" d'aujourd'hui en matière d'animation télévisée, mais il n'a pas besoin du canton-nord pour se faire connaître ...

>Bon dimanche,
cherchez bien
vous aussi.

15 janvier 2011

Je n'aime pas les fachos.

Bonsoir à toutes et à tous.


Le Pen quitte ce week-end la direction du FN. La première fois que je l'ai vu, à la télé, j'avais treize ans, c'était en 1974, pour les présidentielles : un bandeau sur l'oeil, la mâchoire carrée, l'arrogance plein la bouche, une gueule de facho comme on n'en voit que dans les films de Mocky ou de Costa-Gavras. Le discours le confirmait : "un million de chômeurs, c'est un million d'immigrés en trop", voilà la saloperie, le mensonge que ce producteur de disques néo-nazis, ce milliardaire héritier des ciments Lambert dans des conditions pas claires, ce tortionnaire de l'Algérie française bavait, éructait sur le petit écran. Sa flamme tricolore me foutait un peu la pétoche. De bout en bout, c'était vraiment le style facho, et Le Pen, le type qu'on prenait plaisir à haïr. Je dois avouer que ce plaisir ne m'a jamais quitté.

Sauf qu'à l'époque, dans les années 70, tout le monde en convenait et le Front national faisait moins de 1% aux élections. En 1981, il ne parvenait même pas à réunir les 500 signatures pour se présenter à la présidentielle. On m'aurait dit alors que cet aventurier, ce délinquant de la politique, ferait un jour 17% à une élection présidentielle et battrait le candidat socialiste, j'aurais ri et pris pour folie une telle divagation. On connaît la suite. Mais je ne comprends toujours pas aujourd'hui qu'un prolo, une employé, un chômeur puissent voter pour Le Pen. Il ne peut rien, absolument rien leur apporter.

Pourtant, j'avais compris que les "idées" du FN (racisme, nationalisme, ultra-libéralisme) étaient plus répandues que ne le laissaient croire ses scores électoraux insignifiants. Même à gauche, je savais que ces pulsions morbides existaient. De là à imaginer qu'elles puissent un jour constituer un électorat, porter à un haut niveau le parti d'extrême droite et s'installer durablement dans le paysage politique français, non.

Bien sûr, je peux me réjouir que Le Pen ait raté tout ce qu'il a entrepris, que ce n'est qu'un batteleur de foire, un Mussolini d'opérette. Sauf que sa présence et son influence dans notre vie publique ont été délétères, une honte pour notre pays. Les électeurs de Le Pen n'ont pas de quoi être fiers. Je regrette qu'on les ait déresponsabilisés et parfois justifiés dans leur vote. Car les fautifs, au bout du compte, ce sont eux. Le Pen aurait dû demeurer le chefaillon d'un groupe d'extrémistes et de marginaux, pas le personnage reconnu et important qu'il est devenu. Quand je vois les scores que prédisent encore aujourd'hui les sondages à sa fille, je suis horrifié.

Je critique beaucoup l'extrême gauche sur ce blog, parce que la situation saint-quentinoise m'y conduit malgré moi. Mais je n'ai jamais renvoyé dos à dos, encore moins confondu extrême droite et extrême gauche. La formule qui veut que "les extrêmes se rejoignent" est stupide et dégueulasse. Si le choix, très théorique, était à faire, pas d'hésitation : pour l'extrême gauche, contre l'extrême droite. De même que j'ai voté Chirac contre Le Pen en 2002 sans rien regretter du tout. Le fascisme, même déguisé en clown, c'est la vermine.

Je veux terminer par deux anecdotes personnelles. En 1997, j'étais assesseur à Paris, dans le XIXème arrondissement, pour les élections législatives. Avec moi, il y avait un assesseur du FN, gentil garçon mais facho quand même. Je ne lui ai pas adressé la parole de la journée. Mais ce qui m'a le plus surpris, c'est quand il a offert aux membres du bureau des chocolats, avec un sourire et une générosité qui l'ont rendu très vite sympathique à tous. Sauf à moi, qui ai continué à lui faire ma sale gueule. En politique, on ne se méfie jamais assez des gens qui vous sourient, ce sont les plus dangereux.

Aux cantonales de 2005, à Saint-Quentin, le dimanche du second tour, je surprends deux gus du FN en train de déchirer mon affiche accolée sur le panneau près du pont de Rouvroy : j'arrête ma voiture et je leur gueule dessus. Ils déguerpissent mais ça ne me suffit pas : je les poursuis en bagnole, à la façon Starsky et Hutch. Je sais, c'est idiot, mais c'est plus fort que moi : j'ai horreur qu'on déchire mes affiches électorales. Après cinq minutes de poursuite dans le quartier, ils se sont réfugiés dans un appartement et le rodéo s'est terminé. Que voulez-vous, je n'aime pas les fachos.


Bonne soirée.

En avant !



Bonjour à toutes et à tous.


Saint-Quentinois(e)s, vous avez reçu dans vos boîtes à lettres le calendrier de Xavier Bertrand. Je vous offre, dans un genre très différent, le calendrier 2011 du Parti socialiste, dont voici les dates principales :

9 avril : notre Conseil national présente notre projet.
19 mai : les militants en débattent et votent.
28 mai : une Convention nationale adopte le projet.
28 juin : ouverture des candidatures pour les Primaires.
13 juillet : clôture des candidatures.
9 octobre : premier tour des Primaires.
16 octobre : second tour.
5 et 6 novembre : Convention d'investiture de notre candidat(e) à la Présidentielle.

Un bon calendrier, à une exception près, mais rien n'est jamais parfait : l'arrêt des candidatures au milieu de l'été, ce qui ne sert pas à grand-chose. Une campagne quand les gens sont sur la plage, ce n'est pas très fun. Mieux aurait valu la fixer à la rentrée et tout décaler de quinze jours ou un mois. Médiatiquement, c'aurait été plus judicieux. Mais bon : la politique est une affaire de compromis, grands et petits ... L'essentiel est d'avoir une méthode et un calendrier, c'est-à-dire un avenir possible.


Bonne journée.

14 janvier 2011

Explication de voeux.


Bonsoir à toutes et à tous.


Quel casse-tête, l'envoi des voeux ! Et en même temps politiquement nécessaire. Il faut qu'un maximum de personnes lisent le petit mot. C'est souvent le seul lien qui les relie à nous. Dans quinze jours, tout sera terminé : ouf ! Jusqu'à l'an prochain ...

Je m'y prends comment ? D'abord, adopter une règle simple, compréhensible par tous, pour ne pas faire de jaloux (pas la peine de commencer une nouvelle année en se faisant de nouveaux ennemis) : les voeux de ma main, par courrier, je les réserve à la famille. Et pour tous les autres ? J'en ai plusieurs centaines à adresser, pas question de passer par la Poste. L'internet bien sûr : mes listes de diffusion sont fournies, un joli petit réseau électronique, plusieurs clics et tout est parti.

L'embêtant, c'est le côté impersonnel, que les gens n'aiment pas : la formule de politesse accompagnée par un proverbe chinois passe-partout, non merci. Je fais quoi ? Je sélectionne trois événements parmi les plus importants à célébrer dans l'année et je brode autour d'eux un petit texte qui fait généralement son effet (plusieurs me l'ont demandé, se sont inquiétés de ne pas l'avoir encore reçu : maintenant c'est fait).

Je l'envoie en masse, sans faire dans le détail : en période de voeux, c'est la trêve des confiseurs, plus de distinction entre amis et adversaires. Je reçois pas mal de réponses, connues (Christophe Borgel, Eric Favey) ou inconnues. C'est une manière de repérer les soutiens réels ou potentiels (ceux qui ne m'aiment pas ne répondent pas, n'envoient même pas un accusé de réception). On discute parfois mes choix : ainsi, Jean-Loup Pernelle, de LO, et Gérald Fromager, de la Libre Pensée 02, auraient préféré voir indiquer 1871, l'anniversaire de la Commune de Paris. Mais il faut bien que je fasse des choix, donc que j'élimine. Quelle comédie, tout de même ! Et quel travail ...


Bonne soirée.

13 janvier 2011

L'imagination aux Oriels !

Bonjour à toutes et à tous.


Le gros morceau du Conseil municipal de lundi soir à Saint-Quentin, c'était la vente des Oriels. Aux questions lui demandant des précisions et formulant des critiques, le maire a répondu en substance : "Vous proposez quoi ?" Voilà ce que j'en pense et propose :

La galerie marchande des Oriels est un symbole du passé qui ne revivra pas, d'autant qu'il est mort depuis longtemps. Construit sur le modèle lointain du Forum des Halles parisien, très en vogue dans les années 80, il n'a pas survécu à la décennie. Ces quinze dernières années, les commerces ont progressivement déserté, la petite délinquance s'est installée, la mauvaise réputation a suivi, les passants déambulaient au centre ville en ignorant les Oriels.

A la belle époque, on venait pour la jolie bijouterie ou pour Cacharel, pour faire ses photocopies chez Berdal ou acheter à la boulangerie des produits défiant toute concurrence (ah les trois maxi-choco pour dix francs !). Le cinéma attirait du monde, y compris les resquilleurs qui s'engouffraient gratos par la porte ouvrant sur la rue des Cohens. Moi, j'y venais seulement pour déposer des communiqués et rencontrer les journalistes de L'Union.

Et puis, plus personne n'est venu et moi non plus. Les Oriels sont devenus un abri contre la pluie, un lieu de rendez-vous pas toujours recommandables. La Police un temps s'est installée, ce qui n'est pas bon signe (il n'y a pas de local de Police à Auchan ou Cora, pourtant incomparablement plus fréquentés). Il reste aujourd'hui trois commerces, qui marchent bien et qui ne songent pas à partir. Comme quoi ...

De là à en conclure ou à espérer que l'avenir des Oriels serait exclusivement commercial, non. Si les boutiques sont parties, ce n'est pas pour y revenir, même sous forme de grandes enseignes ou de marques, déjà présentes dans l'hyper-centre (je pense aux vêtements). Si le Furet du Nord décampe d'un bout de la place de l'Hôtel de Ville, ce n'est pas pour que la FNAC s'implante à l'autre bout, même si personnellement j'en rêverais.

Le marché n'est pas extensible à l'infini. Et surtout, il se déplace, prospecte d'autres zones, suit les mouvements de population. On ne reviendra pas sur le fait que les Axonais se rendent à Saint-Quentin pour visiter la galerie commerciale d'Auchan, contre laquelle les Oriels même rénovés ne pourront rien. Quelles enseignes nationales et prestigieuses accepteraient d'investir ici ? D'autant que le problème du stationnement sera toujours présent.

L'endroit est-il donc condamné à la friche ? Non, mais il ne sera plus jamais comme avant. Son destin n'est pas dissociable de celui de tout le centre-ville, qui doit être traité sans nostalgie. Le cinéma et Babou partis, il y a un public perdu, jeune et populaire, qu'on ne retrouvera pas massivement. Si c'était à refaire, un cinéma municipal aurait fixé la population, d'autant que le multiplexe, par ailleurs magnifique et dynamique, est difficile à remplir.

L'avenir des Oriels est multiple. Des bureaux seraient les bienvenus. Tous les centres des villes connaissent cette évolution : installation d'agences bancaires, immobilières, assurances, etc. Les commerces y ont encore bien sûr toute leur place, mais inévitablement moins nombreux et moins diversifiés qu'avant. Je ne vois que le commerce de proximité et d'utilité, le secteur des services, qui puisse encore tirer son épingle du jeu. Je pense aussi aux activités ludiques, une salle de jeux, notamment vidéo, par exemple, pour une partie de la jeunesse qui se plaint parfois, à tort ou à raison, que "rien n'est fait pour elle".

Mais le secteur privé n'est pas le seul à pouvoir être sollicité. La gauche social-démocrate croit au marché mais aussi au secteur non marchand, qu'elle n'oppose pas. Un projet municipal pour les Oriels aurait de l'allure, puisqu'il s'agit d'être attractif, d'animer une zone qui se meurt : des activités associatives, culturelles, touristiques, une galerie d'art, une crèche municipale, une maison de la prévention (santé, jeunesse, senior, droit, information citoyenne ... rassemblant les organismes dispersés dans la ville). Le retour de la vie dans les Oriels passe par l'imagination au pouvoir ! Nous n'irons plus comme autrefois mais nous y retournerons quand les Oriels nous présenteront un tout nouveau visage.


Bonne journée.

12 janvier 2011

Le nouveau Courrier.


Bonsoir à toutes et à tous.


Si je n'avais pas été prof de philo, j'aurais aimé devenir journaliste (trop tard ?). Je me passionne tout particulièrement pour la presse locale, qui exprime selon moi la quintessence du journalisme (la presse nationale m'intéresse moins). A Saint-Quentin, je lis tout, j'observe le travail des journalistes. Ce matin, quand j'ai constaté que le Courrier Picard avait changé, je me suis précipité. Mon jugement : c'est vraiment un nouveau Courrier et c'est plutôt réussi. Voilà à mon avis pourquoi :

D'abord, le titre en bandeau bordeau est plus chouette et plus accrocheur qu'avant. Ensuite, la mise en page à l'intérieur me semble plus aérée. Et puis, l'actualité saint-quentinoise occupe plus de place. Enfin, la rubrique "Sous la plume de Maurice" est bienvenue. Les potins, coups de plume, anecdotes amusantes sont toujours très appréciés par les lecteurs. J'espère que sa publication sera régulière, comme dans les deux autres journaux locaux.

Un petit reproche (quand même !) : pour cette nouvelle formule, faire la une avec un thème aussi éculé, rebattu et sans surprise que "Les ovnis observés dans le ciel de Picardie", c'est un peu dommage. La nouvelle pousse méritait mieux qu'un vieux marronnier ! Mais le Courrier se rattrapera dès demain, j'en suis certain ...


Bonne soirée,
bonne lecture.

11 janvier 2011

L'impossible défaite.

Bonsoir à toutes et à tous.


Le premier tour des cantonales, c'est dans un peu plus de deux mois. La campagne a peut-être démarré à Itancourt, où Xavier Bertrand a inhabituellement perturbé les voeux du conseiller général de gauche Frédéric Martin. Celui-ci s'en prenait à la réforme territoriale et à la prochaine carte scolaire, ce qui a déplu au ministre et maire de Saint-Quentin, qui a contesté notamment le chiffre de 130 fermetures de classes à la rentrée prochaine dans l'Aisne.

Corinne Vibes, secrétaire départemental du SE-UNSA, corrige l'estimation à 60-70 fermetures, ce qui est déjà très dur. Le plus étonnant dans cet incident, c'est l'étonnement de l'élu : "J'avais de l'estime pour Xavier Bertrand, pour son travail local. Je suis énormément déçu". Ne sait-il pas que l'ancien chef de l'UMP n'est pas un notable classique de droite mais un militant politique, qui ne laisse jamais rien passer ?

Par exemple, lors des voeux de la municipalité puis de l'agglomération, Xavier Bertrand n'a pas manqué de citer à chaque fois Colette Blériot, candidate sortante aux cantonales. Les voeux de l'agglo, justement : cette année, les "forces vives" étaient invitées ; je ne sais pas si je suis une "force vive" mais j'étais invité. Il y avait moins de monde que vendredi, à la cérémonie de la Ville, mais il y avait du monde. La rencontre était essentiellement destinée au personnel municipal.

Pierre André et les agents du déneigement ont été très applaudis. Xavier Bertrand a prouvé son sens du concret en avouant son intérêt pour la construction de la scène sur laquelle il discourait. Le discours justement : le maire-ministre-militant a enfoncé le clou et rodé à nouveau son slogan des dix ans à venir, "des chômeurs en moins, des étudiants et des habitants en plus". Ça sonne bien.

Le Courrier Picard, dans sa page départementale d'hier, a tout compris : les cantonales dans l'Aisne seront favorables à la gauche (même la voyante saint-quentinoise Léa Carsula, dans L'Union d'il y a quelques jours, prévoit le maintien de la majorité départementale, ce qui est très fort). "Le véritable point chaud devrait se situer à Saint-Quentin (...) Les résultats de l'UMP seront observés à la loupe". Un élu (de droite ou de gauche ?) précise : "Toute défaite de l'UMP serait vécue comme une claque à la majorité présidentielle". Et j'ajoute : un échec personnel de Xavier Bertrand.

De fait, les cantons nord et centre vont concentrer toute l'attention, la bataille y sera très politique, la droite a déjà son cheval, la fiscalité. Si la gauche reste sur la défensive, elle aura du mal. La politique est un sport d'attaque, pas de repli. Quel dommage que je ne sois pas de ce combat, que je sentais si bien, beaucoup mieux qu'en 2005, où c'était pour moi la première fois. Mais j'ai peut-être tort et mes camarades, avec leur théorie des "nouvelles têtes", ont peut-être raison. Ce sont les électeurs qui en jugeront, car eux, quel que soit leur choix, ont en démocratie toujours raison.

En tout cas, la situation est passionnante, parce que ni la droite ni la gauche n'ont le droit de perdre cette élection qu'une des deux pourtant perdra : la droite parce que ce sont ses terres, la gauche parce que c'est son avenir. Une défaite de Blériot ou de Lavrilleux sonnerait comme un signe du destin et du déclin, une nouvelle défaite de la gauche après douze ans de défaites locales l'entraînerait dans la crise ou la léthargie.

A la fin de ma profession de foi de candidat à la candidature, j'avais conclu en affirmant qu'il fallait rendre la victoire de la gauche "inévitable". Nous savons depuis que ce sera sans moi, mais la victoire demeure à l'ordre du jour, notre seul objectif, presque une question de survie politique. L'occasion est trop belle, elle ne se représentera pas de sitôt, ne la laissons pas nous échapper.


Bonne soirée,
bonne campagne.


PS : les commentaires sur le Conseil municipal d'hier seront pour demain, le temps aujourd'hui m'a manqué.

10 janvier 2011

Des voeux socialistes.




09 janvier 2011

L'Aisne, malheureuse et meurtrie.

Bonjour à toutes et à tous.


Ce matin, à 07h30, la première nouvelle au journal de RTL c'était les inondations dans l'Aisne, avec l'interview de mon copain Jean-Marie Serain, maire d'Origny-Sainte Benoîte, particulièrement touchée. Je le rencontre souvent dans mes activités associatives, où il vient en tant que correspondant de L'Union. Un sacré gaillard ! Ça fait tout drôle d'entendre sa voix, un dimanche matin, d'assez bonne heure, sur une chaîne nationale.

Tout a commencé vendredi après-midi, quand au lycée mon cours a été interrompu par une surveillante, demandant aux élèves du secteur Origny et Guise de rentrer chez eux. Et puis, mon amie Lise, via Facebook, m'a fait parvenir hier des photos de Guise sous les eaux. Impressionnant. Mais quelle misère pour notre département ! Après la neige qui a fortement désorganisé la vie économique, pénalisé les commerces, frappé durement les producteurs de lait, c'est l'eau qui s'en mêle et qui sévit, puis la boue qui envahit tout. Comme si la nature nous en voulait, s'acharnait sur notre territoire ! L'Aisne ne fait pas souvent parler d'elle, et quand c'est le cas, il est question de catastrophe, de malheur.

Je connais, je travaille et j'habite dans ce département depuis 17 ans. Auparavant, j'ai vécu 14 ans à Paris. Et je viens du Berry, au sud du Cher. L'Aisne, à travers laquelle je circule toute l'année, est une terre difficile, ingrate. La vie, l'Histoire, les circonstances n'ont pas été tendres avec elle. Souvent, elle arrive parmi les derniers dans toute sorte de classements. Il y a une inertie qui règne, un sentiment de fatalisme plus fort qu'ailleurs. La population, depuis trente ans, est cruellement touchée par la crise.

Parfois, je désespère moi aussi. C'est le hasard qui m'a conduit là, je suis libre, rien ne me retient, je pourrais partir comme je suis venu, un long épisode de plus dans ma vie, des bons et des mauvais souvenirs. Aller faire le beau à Paris ou dans une grande métropole, c'est plus simple quand on est prof de philo. Mais voyez-vous, je reste, je ne songe pas à quitter. Pourquoi ? Ici ou ailleurs, de toute façon, les êtres humains, les bonheurs et les problèmes sont à peu près les mêmes.

Surtout, et ma réponse va vous paraître bizarre, c'est le malheur qui me retient. Pas le mien, je n'en ai pas, je ne suis qu'un petit bourgeois (de situation, pas d'esprit), en bonne santé, qui n'a aucune raison de se plaindre. Mais le malheur de ce pays axonais, à travers ce que les médias nous en montrent ces dernières heures, à travers tout ce que cela révèle d'une situation économique, sociale et culturelle. Il y a dans ce département des défis à relever, tout un travail de redressement à faire, de conquête à entreprendre, de changement des mentalités à opérer, d'ambitions à insuffler qui donnent tout son sens à une présence, une action, un militantisme.

C'est pourquoi, chez nous, celles et ceux qui sont porteurs de projets, qui veulent que les choses changent, sont plébiscités par la population, quelles que soient leurs convictions. Les candidats qui s'apprêtent à faire campagne pour les cantonales devraient penser à ça. L'Aisne n'est pas une terre de confort et de rentes. Il faut y prouver ce qu'on a dans les tripes et de quoi on est capable. C'est sûrement plus difficile qu'ailleurs, mais c'est aussi plus utile et plus passionnant.


Bon dimanche,
courage à ceux d'Origny, Guise,
Hirson et autres.

08 janvier 2011

Envie de pouvoir.

Bonsoir à toutes et à tous.


C'est maintenant certain, après ses propos dans le journal Le Monde : Ségolène Royal ira aux primaires et maintiendra sa candidature, quoi qu'il arrive. A la question d'un désistement en faveur de DSK, la réponse est à peine elliptique : "Si Dominique est le candidat désigné, je mettrai à sa disposition mon expérience d'une campagne présidentielle". A la question de savoir si Martine Aubry est la "candidate naturelle" du Parti, même réponse éloquente : "Les règles du parti ne prévoient pas cette automaticité". Et puis cet aveu qui dit tout : "J'ai envie de succéder à François Mitterrand".

Bien sûr, cette déclaration n'est pas franche et directe. Mais c'est la détestable tradition politique française (ailleurs, je ne sais pas) : rester dans l'ambiguïté, faire signe, sous-entendre. Je ne connais que Rocard et Delors qui aient vraiment rompu avec cette manie et cette maladie. Parmi la classe politique, Ségolène Royal est sans doute celle qui pratique le plus la sincérité, parfois jusqu'à l'insouciance. C'est tout à fait singulier dans un milieu où les sourires sont en lames de couteau et les regards pleins d'une hypocrisie bonasse.

Que veut Ségo ? Ce qu'ils veulent tous, ce que nous voulons tous quand on fait de la politique : le pouvoir. Et c'est une excellente chose. Il y a des désirs autrement plus pernicieux. L'ambition est un noble sentiment. Quand elle est assumée, c'est encore mieux. Ségolène a déjà été candidate, elle est encore populaire, elle y va donc. Quoi de plus normal ? Aux primaires, elle sait qu'elle pourra compter sur la masse de nos sympathisants, qui seront peut-être de son côté. Alors l'appareil suivra, car c'est dans les gènes d'un appareil que de suivre la pente du pouvoir.

Mais mon DSK, a-t-il envie de pouvoir ? Oui bien sûr, même s'il en possède pas mal dès maintenant. En politique comme dans la vie, l'appétit ne vient pas quand on a faim mais en mangeant. De Ségo et de DSK, avec Martine peut-être, et quelques autres sans doute, qui l'emportera ? Je ne sais pas, le meilleur de toute façon, et celui que nous aurons collectivement mérité. Que les socialistes ne se tracassent pas inutilement : les choses se feront en leur temps, le moment venu, et pour le mieux. N'épiloguons pas là-dessus, il y a suffisamment d'autres choses à faire, se donner un projet par exemple, construire un parti ouvert et populaire notamment.

Ceci dit, à observer les hommes politiques à quelque niveau que ce soit, à bien y réfléchir, je pense que cette envie de pouvoir qui les caractérise cache une faille. Je ne crois pas qu'un type ou une fille normaux vont s'embêter en politique et y sacrifier une partie de leur vie. Cette pointe de supériorité, ce grain de folie, cette volonté de fer, ce besoin de reconnaissance, c'est très spécial. Et ce ne sont pas le contenu de leurs discours qui nous rendra dupes. Cette faille doit être aussi sûrement une douleur, une frustration, une impuissance, une compensation de je-ne-sais-quoi. Mais toutes ces considérations n'enlèvent absolument rien à l'utilité et à la grandeur de la politique.


Bonne soirée.

Lendemain de voeux.

Bonjour à toutes et à tous.


Je reviens ce matin sur le discours de Xavier Bertrand d'hier, lors de sa cérémonie des voeux. Sur l'instant, c'est l'image qui prime : la forme éclipse le contenu. Normal d'ailleurs : la politique est autant dans l'apparence que dans le fond. Le maire de Saint-Quentin a donné l'image d'un homme dynamique, rassembleur et plein de projets. En mot : un battant et un gagnant, se projetant à plusieurs reprises dans dix ans, comme si les élections municipales de 2014 étaient déjà pour lui acquises.

Dans ce contexte, quelles sont la place et la marge de manoeuvre laissées à l'opposition ? D'abord, l'opposition doit exister et se montrer. Ses élus, qui sont autant élus du peuple que ceux de droite, devraient figurer sur scène au moment des voeux, majorité ET opposition. La cérémonie est protocolaire et républicaine, ce n'est pas se compromettre que de s'exposer là, mais c'est dire à la population qui regarde que l'opposition aussi est là, fière de ce qu'elle est, sans complexe, gêne ou honte à être minoritaire.

Surtout, il est possible de mener une opposition raisonnable, ferme et respectueuse, lucide et ambitieuse, axée sur les questions locales, faisant la preuve de son utilité, afin de démentir cet avis d'André, chauffeur retraité de 76 ans, dans L'Aisne Nouvelle d'aujourd'hui : "Je pense que Xavier Bertrand va rester maire pendant trente ans" ! Les désirs ne rejoignent pas toujours les réalités, mais qu'on ne sourit pas : ces choses-là se sont déjà vues ...

Il faudrait lire le discours du maire plume à la main et dossiers à côté. Xavier Bertrand s'attribue beaucoup de projets qui relèvent de partenariats, avec le secteur privé (les implantations commerciales), les collectivités territoriales (Département et Région), les services de l'Etat (Rectorat), projets dans lesquels ceux-ci ont un rôle déterminant. Il faudrait également distinguer entre les projets programmés depuis longtemps et les annonces véritablement nouvelles. Car c'est l'habileté et le défaut des catalogues : le foisonnement fait impression et on oublie l'essentiel. Ce n'est pas l'arbre qui cache la forêt, c'est plutôt la forêt qui cache l'arbre.

Les objectifs sont bons, en matière d'emploi et d'enseignement supérieur. Mais il ne faut pas non plus oublier cette remarque de bon sens, que rappelle Olivier Tournay, conseiller municipal d'opposition : "Ça ne fait pas deux mois qu'il est aux manettes, mais c'est 16 ans !" Et puis, je me méfie des arguments chiffrés : à quoi bon faire remarquer que la ville a gagné cette année 335 habitants alors que la baisse est de 15% sur les 35 dernières années ? C'est un petit espoir, rien de plus. L'évolution démographique ne s'évalue que dans la durée.

J'ai un point fort de désaccord avec le maire, peut-être parce que je me suis intéressé au sujet : il s'agit de la vidéo-protection. Il y a trois ans, lorsque Pierre André a mis en place ce dispositif, j'ai approuvé, alors que l'opposition critiquait (je ne reviens pas sur mes arguments). Xavier Bertrand semble vouloir "aller plus loin et plus vite". Plus vite, je ne vois pas pourquoi : un plan de financement et d'installation a été défini, il doit suivre son cours normal. Plus loin, je suis inquiet : Pierre André avait eu la sagesse de limiter le nombre de caméras à un niveau raisonnable pour une ville comme la nôtre, qui connaît des problèmes de délinquance à régler mais qui n'est tout de même pas une cité de grande insécurité. Vouloir beaucoup plus de caméras, non.

Ce qui m'inquiète encore plus, c'est le nouveau principe adopté par le maire et formulé hier : les caméras à la demande, quand un tel ou une telle les souhaitent dans leur rue ou leur quartier. Non, car ce sera très vite une inflation de demandes, où l'intérêt personnel, justifié ou non, l'emportera sur l'intérêt collectif. La vidéo-protection est nécessaire dans les lieux de forte affluence, là où les statistiques et les rapports de la Police prouvent une multiplication des délits ou nuisances. Écouter les doléances de la population est une chose, céder à toutes les réclamations en est une autre. La vidéo-protection doit rester une mesure d'intérêt général, pas de convenance personnelle. Sauf démonstration contraire, je suis défavorable à une extension du programme arrêtée.

Xavier Bertand a eu raison de rappeler le coût du déneigement pendant les fêtes : 400 000 euros. Ce n'est pas une paille ! A ceux qui se plaignent, qui réclament toujours plus et mieux, il est bon d'avoir ces chiffres en tête. Le maire a aussitôt ajouté, et ce fut un point fort de son intervention, qu'il s'engageait, quoi qu'il arrive, à ne pas augmenter les impôts. Voilà, me semble-t-il, un vrai sujet de réflexion pour la gauche : ferions-nous de même si nous étions au pouvoir (car il faut que l'opposition se mette psychologiquement dans cette situation) ?

Je crois de plus en plus que la gauche ne l'emportera qu'en faisant la preuve de ses capacités de gestion. Les idées, les projets, nous pouvons tous en avoir, ce n'est pas si difficile que ça. Mais leur application, leur financement, c'est autre chose, et c'est pourtant ce qui fait toute la différence. Je suis persuadé que bon nombre de Saint-Quentinois ne sont pas politiquement d'accord avec Xavier Bertrand, mais ils sentent que le bonhomme tient la boutique.

En revanche, les bonnes intentions de la gauche ne les convainquent pas qu'elle pourrait gérer la ville. Une gauche de gestion, voilà ce dont nous avons besoin, voilà le plus urgent. Je sais, l'expression n'est pas très jolie, n'excite pas, ne fait pas rêver. Mais que voulons-nous ? Rêver toute notre vie sans jamais accéder aux responsabilités ? Non merci.

Si j'ai cette certitude que la maîtrise de la gestion est primordiale pour l'avenir de la gauche locale, ce n'est pas parce que c'est mon côté strauss-kahnien qui ressort, mais c'est surtout parce que cinq ans de responsabilité à la tête d'une fédération d'associations m'ont appris ce paradoxe, à la limite de la boutade : il vaut mieux une mauvaise politique bien gérée qu'une bonne politique mal gérée, car la première peut révéler d'heureuses surprises tandis que la seconde condamne à de terribles déceptions. Par bonheur la vie n'est pas si tranchée, mais les directions sont bien là : si la gauche n'adopte pas une culture de gestion, la gestion restera marquée par une culture de droite.


Bonne journée.