Chouchou dans les choux.
J'ai bien sûr acheté "Le chouchou", de Jakubyszyn et Pleynet, consacré au "fabuleux destin de Xavier Bertrand", le jour même de sa parution. Je ne l'ai pas encore lu, ayant d'autres ouvrages à mon programme. Bertrand attendra! Mais en attendant, j'ai parcouru la presse et guetté les réactions du ministre. Et c'est très intéressant. Je vous livre quelques morceaux choisis par mes soins:
Dans Le Point du 13 novembre, on retient surtout que Xavier Bertrand a beaucoup, beaucoup d'ennemis, plus que n'importe quel autre membre du gouvernement. Le travail des deux journalistes est salué: ils "se gardent bien de toute intonation pamphlétaire. Ils ont pris le parti de la sobriété narrative et des notes en bas de page. Précis et méticuleux, ils livrent sans commenter. Des faits et des paroles".
Bref, du boulot de professionnel: il faut quand même rappeler que Jakubyszyn travaille au Monde et Pleynet sur la Chaîne Parlementaire, qui sont de solides références. Et 80 personnes et personnalités ont apporté leur concours en témoignant sur Xavier Bertrand qui , lui, a mal réagi à la parution de l'ouvrage. Chouchou sûrement, fayot pour les moins indulgents, mais à coup sûr pas très pro: il aurait pu être honoré qu'un livre lui soit consacré. Après tout, ce n'est pas donné à n'importe quel homme politique. Au lieu d'avoir cette élégance, il boude et boycotte. Pourquoi? Parce qu'il n'aime pas, parce qu'il a repéré, en deux pages, sept erreur. Vous devinez le raisonnement du malin: sur 264 pages, ça monte à 924 erreurs. On comprend pourquoi Bertrand ne lit pas le bouquin!
Et quelles erreurs! Il est écrit que Lavrilleux a été le témoin de son mariage, alors que c'est l'inverse. Renversant, non? Au moins, ça donne une bonne excuse au ministre pour ne pas discuter le portrait qu'on donne de lui, et auquel il n'a pas voulu collaborer (il n'a pas reçu les auteurs, nouveau signe de son manque de professionnalisme). Pourtant, la description mérite le détour: un homme volontaire mais brutal, habile politique et dévoré d'ambition, tacticien et manipulateur.
Le Monde du 12 novembre, dans un long article sur Xavier Bertrand, confirme ce profil fascinant et peu sympathique: "T'es le meilleur, t'es le meilleur, tu vas tous les niquer", c'est ce que lui répète souvent son conseiller Michel Betan (en Sarkozie, on s'exprime ainsi). "Faire tout comme Sarko", c'est un peu ça la méthode Bertrand. Comme Sarkozy, Bertrand "a faim". Pour ma part, j'espère que les Français vont lui en faire bouffer, tellement ce mimétisme est infantile.
Libération du même jour est à l'unisson: "Les auteurs en restent à la radiographie d'un animal politique dont personne ne sait dire au service de quelles convictions il déploie son ambition (...) Chouchou de Sarkozy, ça ne fait pas un destin politique".
Cette rapide revue de presse montre que les éloges ne sont pas au rendez-vous: Bertrand intrigue, fait peur, éventuellement fascine, mais on ne l'aime pas et on l'admire encore moins. Avec pourtant un bémol, E. L. dans L'Aisne Nouvelle du 13 novembre, qui se laisse aller à son enthousiasme, puisqu'il voit déjà Bertrand... chef d'Etat: "Nombreux sont en effet ceux à croire que ce météore de la vie politique française pourraient atteindre le sommet de l'Etat. Un parcours que certains n'hésitent pas à comparer à celui d'outre-Atlantique d'un certain Barack Obama, inconnu il y a quatre ans encore". Voilà au moins une appréciation que Bertrand ne va pas bouder ni boycotter!
Aussitôt lu "Le chouchou", je vous en reparle.
Bonne soirée.