Bonsoir à toutes et à tous.
Il y a des jours comme ça, quand on lit le journal du matin, où la colère vous gagne. Moi c'était ce mardi matin ! Je suis pourtant d'un tempérament calme, mais il y a des moments où l'on a envie de
sortir de ses gonds, comme on dit. La communauté d'agglomération de Saint-Quentin va recruter des jeunes dans le cadre du
service civique volontaire. Je ne sais pas si elle a raison ou tort, c'est à nos élus de le dire. Mais ce que je sais, c'est que
ce service civique est une proposition de gauche, adoptée par la gauche et utilisée par de nombreuses collectivités et associations de gauche (et j'en sais quelque chose puisque je suis responsable d'une association qui s'est totalement impliquée dans ce dispositif).
Alors, quand je lis que Frank Mousset, conseiller municipal NPA, affirme que "
l'opposition est totalement contre", oui je sors de mes gonds ! L'argument de mon homonyme : "
Que ce soient des contrats aidés, du service civique, cela reste des emplois précaires". Ah oui ? Les mêmes du NPA, à l'époque encore LCR, critiquaient les "
emplois jeunes" de la gauche plurielle, il y a dix ans, au prétexte que c'était déjà pour eux des emplois "précaires". A part le CDI et la fonction publique, l'extrême gauche refuse tout le reste.
Je m'empresse de dire que c'est son droit, sa logique à elle, en soi respectable. Mais ce n'est pas
notre logique à nous, socialistes, réformistes, qui cherchons par tous les moyens à intégrer les jeunes et pas à
faire sauter le système. Mousset du NPA veut "
des contrats de droit commun". Mais justement, le service civique couvre des activités qui ne relèvent pas de ce type de contrats : le service civique, comme son nom l'indique, est
un service, pas un emploi qui se contractualise. Qu'on refuse ce dispositif, ça ne créera pas un seul emploi supplémentaire. A moins de bureaucratiser toutes les activités humaines. On a déjà essayé, on a vu ce que ça a donné, non merci.
Olivier Tournay, conseiller municipal communiste, y va aussi de son coup de pied contre le service civique :
"540 euros, ce n'est pas assez !" Évidemment, présenté comme ça, tout le monde sera d'accord. Sauf que le service civique, n'étant pas un emploi, ne donne pas droit à
un salaire mais à une indemnité qui peut aller jusqu'à 640 euros. L'objectif n'est pas l'emploi mais l'intégration sociale. C'est une aide, un complément, réservé seulement aux jeunes de 16 à 25 ans, pour une durée de 6 à 12 mois. Rien à voir avec un emploi contractualisé.
Olivier poursuit dans sa critique faussée et infondée en affirmant : "
A la sortie, ils n'auront pas le droit à l'indemnisation chômage". Bin oui puisqu'il n'y aura pas licenciement, puisque ce ne sont pas des contrats de travail. Mais ce qu'Olivier oublie de préciser, c'est que les jeunes, pendant leur période de service civique, ont droit
à la couverture sociale, à la retraite, à la validation des acquis, à un accompagnement formateur. Oh ce n'est pas révolutionnaire, j'en suis bien d'accord ! Mais qu'on ne dise pas que c'est
anti-social !
Ce
service civique volontaire a été proposé par le sénateur PRG Yvon Collin et adopté à la quasi-unanimité le 04 février 2010,
y compris par les parlementaires communistes, sauf la députée Marie-Hélène Amiable. Il fait suite à une longue réflexion, principalement au Parti socialiste, sur l'intégration citoyenne de la jeunesse après la disparition du service militaire. Chirac avait institué, après les émeutes de 2005, un service
civil largement insuffisant. Le service civique qui le remplace ne soulève qu'une seule réticence de la gauche : elle voudrait rendre le dispositif
obligatoire.
Voilà, ce qui est dit est dit, et croyez-moi j'en avais lourd sur la patate. Si je dois être dans cette ville le
seul socialiste à défendre une mesure conçue, soutenue et adoptée
par les socialistes, eh bien oui ce sera moi ! Si l'opposition saint-quentinoise veut faire des propositions en matière d'emploi, elles seront les bienvenues et je l'y encourage, d'autant que les prochaines municipales, on le voit bien avec les sorties et déclarations de Xavier Bertrand, se joueront sur ce dossier-là. Mais pas en critiquant et en rejetant une
mesure socialiste.
Quelle
crédibilité aurons-nous, en 2014, dans notre programme, à affirmer que nous allons mettre fin à l'emploi aidé et au
service civique volontaire ? Et pour les remplacer par quoi ? Non, j'ai beau tourner et retourner tout ça dans ma tête, ça ne va pas. Et ce qui ne va pas, c'est que des socialistes ne peuvent pas gérer une municipalité avec des adjoints d'extrême gauche. J'en reste là, je n'en démords pas. Et je n'ai pas envie de passer toute ma vie dans l'opposition !
Bonne soirée.