Ainsi la campagne interne, qui n'est pas terminée, a accouché d'une polémique: faut-il que les enseignants de collège travaillent
35 heures par semaine? On glose beaucoup sur la forme prise par la polémique (une vidéo cachée) mais c'est le fond qui compte. Ségolène Royal est l'auteur de cette nouvelle provocation. Oublions la polémique et prenons la proposition au sérieux. Que faut-il en penser?
D'abord, la question du soutien aux élèves en difficulté et de leur prise en charge en continu dans les établissements est une vraie question. Mais faut-il y répondre par la proposition suggérée par Ségolène Royal? Sans hésiter
non, absolument pas.
D'abord parce que cette proposition est un
non sens. Le calcul des services statutaires des enseignants se fait à partir du nombre d'heures devant les élèves. Et l'on comprend bien pourquoi: préparer des cours ou corriger des devoirs ne peut pas se mesurer en heures définies. Il est absurde de vouloir attribuer un horaire global précis en matière d'enseignement.
Et même si l'on veut entrer absolument dans un tel calcul, il faut admettre la règle administrative: 2 heures de préparation pour 1 heure de cours, ce qui fait 36 heures pour un certifié, le corps le plus important dans les collèges et lycées. Donc
les enseignants travaillent plus de 35 heures.Car le sens de la proposition, il y en a bien sûr un, c'est de laisser supposer que
les enseignants ne travaillent pas assez. C'est sa seule cohérence. Et alors, elle devient franchement scandaleuse puisqu'elle rejoint le préjugé sur l'enseignant privilégié, travaillant peu, etc, cliché qu'on retrouve plus souvent à droite qu'à gauche. La vérité, c'est que depuis une vingtaine d'années,
le travail des enseignants a au contraire augmenté par des tâches qu'on ne lui confiait pas avant (rencontre avec les parents, réunions de concertation, suivi personnalisé des élèves). Et le métier, c'est une évidence, est devenu
beaucoup plus difficile, surtout dans les collèges, où il est parfois impossible.
Enfin, la proposition de Ségolène Royal n'est pas sans
perversité. En effet, les 35 heures sont une mesure sociale qui réduit le temps de travail... et non qui a pour but de l'augmenter. A quoi il faut ajouter que notre camarade, dans le même temps, critique les 35 heures. C'est à ne plus rien y comprendre!
Non, ce n'est pas avec ce genre de proposition, pas plus qu'avec l'assouplissement de la carte scolaire, qu'on réglera les réels problèmes qu'on rencontre dans l'Education nationale.
Bonne soirée.