La Paix maintenant.
A l'heure où Gaza s'éloigne tout doucement de l'actualité, j'aimerais revenir sur ce qui s'est passé, en constatant une fois encore que le journal qui reflète le plus mon opinion est Charlie-Hebdo, numéro du 21 janvier. Je note d'abord un entretien avec David Chemla, président du mouvement "La Paix maintenant", dont je partage absolument les positions (voir leur site: www.lapaixmaintenant.org ): rendre les territoires occupés, démanteler les colonies, permettre la création d'un Etat palestinien.
Ce mouvement ne s'est reconnu ni dans les manifestations du CRIF, ni dans les cortèges propalestiniens. En matière de méthode, il revendique un même discours quel que soit l'interlocuteur, il estime que les belligérants ne trouveront une solution qu'en présence d'un tiers, il défend "une approche rationnelle et non émotionnelle" et veille "à ne pas importer le conflit ici".
Historiquement, Chemla fait remarquer qu'il y a trente ans, l'idéologie du Grand Israël était dominante, alors qu'aujourd'hui le retrait des colonies et l'acceptation d'un Etat palestinien sont majoritaires dans l'opinion israélienne. Où est alors le problème? Dans l'absence d'une majorité politique, le système parlementaire conduisant à l'émiettement. Côté Palestinien, la difficulté est similaire: la faiblesse de l'Autorité palestinienne face au Hamas terroriste. On croit parfois que la violence est le fait de la trop grande force. Elle est ici la conséquence d'une grande faiblesse.
L'illusion de la force, c'est aussi, dans le pouvoir israélien, la croyance en la solution militaire, alors que celle-ci ne pourra aboutir qu'au renforcement politique du Hamas. Il faut alors soutenir les partisans du compromis, et rappeler que c'est Sharon, qui n'était pas un tendre, qui décida de se retirer de Gaza en 2005 et que les dirigeants israéliens mènent depuis deux ans des négociations avec l'Autorité palestinienne.
Dans ce même numéro de Charlie, un article de Charb est sans concession pour la politique israélienne, mais là encore j'approuve. Non, cette guerre n'en est pas vraiment une: d'un côté, israélien, une armée ultra-moderne, de l'autre, palestinien, une résistance assez dérisoire. Que veut Israël? Non pas "détruire la Palestine, mais l'empêcher de se construire". Pour cela, le Hamas, "parti fasciste", est un allié de choix, le bon prétexte afin de poursuivre cet objectif. Le Fatah, corrompu et fragilisé, est un interlocuteur de façade. Bref, pas très optimiste, l'analyse de Charb, c'est le moins qu'on puisse dire. Heureusement qu'un Chemla nous redonne espoir.
Bonne nuit.