Bonjour à toutes et à tous.
Après les deux articles du
Courrier Picard sur l'opposition saint-quentinoise, je voudrais préciser les contours de ce que j'appelle "
l'autre gauche". Par ce terme, je désigne toutes celles et ceux, de gauche, qui ne votent cependant pas pour la gauche locale depuis 2001, ainsi que celles et ceux qui, comme moi, votent pour elle mais ne se reconnaissent pas dans ses représentants et sa ligne politique. Dans une ville où la droite a remporté pour la 3ème fois, et très majoritairement, les élections municipales, il me semble
urgent de s'interroger. Car quelque chose manifestement ne va pas, les résultats électoraux l'attestent.
Ce débat doit être mené
loyalement et honnêtement, en dehors des querelles de personnes et des enjeux de pouvoir. Mais ce débat ne doit pas être occulté, refoulé ou empêché. Il doit bien sûr, puisque c'est un débat politique, être
public, partout où il pourra être engagé. C'est notre électorat qui est concerné, c'est à lui qu'on doit s'adresser, c'est lui qui doit s'exprimer.
Il y a deux ans, en septembre 2007, j'ai posé les premiers jalons de cette "autre gauche", que je soumets à discussion. Je n'ai pas varié car la suite m'a donné raison. J'ai à l'époque échoué à faire partager mes points de vue, je persiste aujourd'hui à les défendre tant leur pertinence me paraît évidente. Ces orientations sont au nombre de
quatre :
1- Le leadership. Le problème reste entier, la procédure des municipales n'a rien réglé. Quand Carole Berlemont propose Anne Ferreira comme tête de liste en 2014, c'est précisément parce que la question du leadership est encore d'actualité et le sera longtemps. Jusqu'à quand ? Jusqu'à ce que la
discussion collective parvienne à dégager un leader qui fasse l'unanimité. Vouloir passer sous les fourches caudines du rapport de forces, c'est se condamner à la division et à l'échec (voir ce qui s'est passé en 2007-2008). Anne, de ce point de vue, garde toutes ses chances. Mais je ne crois pas au leader autoproclamé, par lui ou ses amis. Encore une fois,
c'est la concertation qui fera le champion, pas l'affrontement interne, même pacifique.
2- Les alliances. Je récuse absolument celles avec l'extrême gauche. Ce n'est pas négociable, c'est une question de principe, d'identité idéologique et de cohérence politique. L'extrême gauche nous prend des places, nous fait perdre des voix, décrédibilise notre image. Là-dessus, il n'y a pas à transiger car on va dans le mur. Pour 2014, je prône
l'alliance avec les partenaires traditionnels et loyaux de la gauche : PRG, Verts, MRC. Pour le PCF, celui de Saint-Quentin étant sous influence gremetzienne, j'attends de voir. Mais politiquement, je ne trouve pas très cohérent de s'en rapprocher. J'ajoute qu'en ce qui concerne la liste, je propose que la moitié des candidatures, dès les premières places, soient réservées à la "société civile".
3- L'opposition. Elle doit être ciblée et constructive. Pas question de critiquer tout ce ce que fait Pierre André. Sinon c'est se ridiculiser. Une ligne radicale, protestataire, bref d'extrême gauche, est le meilleur atout du maire : il peut s'en donner à coeur joie, taper dessus sans problème, en faire un repoussoir bien commode. C'est
une autre ligne dont nous avons besoin, plus souple, plus ouverte. Une opposition qui se borne à constater qu'elle ne peut rien faire ne suscite ni l'enthousiasme, ni l'espoir. Or c'est d'enthousiasme et d'espoir dont la gauche a besoin.
4- Le projet. C'est celui que nous devons construire dès maintenant et dans les prochaines années, c'est d'abord lui qui nous fera gagner. Inutile de faire un catalogue de revendications hétéroclites, avec la sempiternelle demande de gratuité du parking de l'hôpital. Il faut laisser à l'extrême gauche son os à ronger. Quand on est socialiste, membre d'un parti de gouvernement, instruit par une culture de gouvernement, j'ose espérer qu'on a mieux à faire et à dire. Par exemple
nous adresser à notre électorat, c'est à dire aux couches populaires. Et à Saint-Quentin, il y a hélas de quoi faire ! Deux chiffres suffisent à décrire la situation : près d'une personne sur deux n'a pas de qualification, le taux de chômage atteint 15%.
Une gauche digne de ce nom, efficace et non pas incantatoire, devra se concentrer sur deux dossiers, deux seuls :
la formation et l'emploi. Je ne dis pas que le reste, la culture, le sport, l'environnement, l'urbanisme, etc. sont sans importance. Mais Pierre André réussit très bien sans nous dans ces domaines-là.
Ce qui nous fera gagner les prochaines municipales, ce sont les propositions que nous ferons en matière de formation et d'emploi. Et ne me dites pas que ces deux domaines ne relèvent pas, en partie, du niveau municipal ! Car à quoi bon alors être de gauche, à quoi bon se présenter aux élections si on n'a rien à dire et rien à faire en matière de formation et d'emploi ?
Bonne journée.