Bonjour à toutes et à tous.
Tout s'explique parce que chaque chose a ses raisons. Il y a une rationalité évidente de nos actes. Laissez une liasse de billets sur le banc d'un jardin public très fréquenté, il est mathématiquement certain que les billets vont disparaitre dans l'heure. Ce qui signifie qu'il est anormal de ne pas comprendre un phénomène (sauf s'il est absolument inconnu). C'est ce qui m'arrive avec
le vandalisme des gens du voyage.
Chez moi, à Saint-Quentin, une
aire d'accueil a été aménagée pour les gens du voyage. C'est pour eux un grand progrès, voulu par une loi récente. Avant, en France, ils stationnaient dans un bout de champ, quand ce n'était pas près d'une décharge publique. Or, que se passe-t-il? Les installations électriques et sanitaires sont systématiquement détruites (et rien n'indique que ces méfaits soient causés par des personnes extérieures), les réparations sont financièrement lourdes, la police, la justice, la municipalité, malgré leurs efforts, ne parviennent pas à régler le problème. L'affaire tourne à
l'absurde: les familles refusent d'occuper un endroit dévasté, s'installent ailleurs, sont chassées par la police et se réinstallent... une heure après. Pourquoi ne se sort-on pas de ce problème? Parce qu'
on ne l'explique pas.Le vandalisme des gens du voyage (tous ne sont pas responsables, évidemment) n'est pas comparable à celui des banlieues, quand les voitures, les bus, les écoles sont dévastés, pour
quatre raisons:
1- Les banlieues sont en proie à la misère, à un environnement souvent délabré et inhumain, à une population atomisée, culturellement déstructurée, qui provoquent une
rage sociale aux aspects irrationnels mais parfaitement explicables (quoique, pour moi, injustifiables).
Les gens du voyage forment une
communauté forte, soudée, qui a préservé ses traditions et qui n'est pas nécessairement misérable. Souvent, des églises évangéliques puissantes encadrent cette population. Aucune rage sociale, aucun désespoir ne sont à l'origine du vandalisme.
2- Les banlieues brûlent un bus, une école, un bureau de Poste parce que ceux-ci représentent l'Etat, qui est devenu la cible de leur
vengeance sociale. Aux yeux des vandales, l'école ne mène à rien, le bus est le symbole du pauvre qui n'a pas les moyens de s'acheter une voiture et qui vit dans un ghetto, la Poste est la banque des petits revenus et le travail du salarié faiblement rémunéré. S'en prendre à ces
symboles qui jurent avec une société promettant à tous l'enrichissement n'est pas dépourvu de sens.
En revanche, une aire d'accueil pour nomades ne symbolise rien du tout, elle n'a qu'une
fonction d'utilité, au seul service de ceux qui... la saccagent. C'est là où je ne comprends pas.
3- Les violences des banlieues résultent souvent d'interventions policières jugées provocatrices, visant des voyous qui ont intérêt à susciter un
climat de peur afin de préserver leur commerce illicite.
Rien de tel chez les gens du voyage, qui sont les seules victimes d'acte générés par des membres de leur communauté.
4- Beaucoup de jeunes de banlieues sont chargés d'un passé douloureux. Leurs parents souvent immigrés ont connu la colonisation, puis l'humiliation des sales boulots dans une France en plein développement. Que les fils et petits-fils aient aujourd'hui des
problèmes d'identité et d'héritage, c'est évident. Qu'ils les réglent (très mal) par la provocation (parfois islamiste) et la violence, c'est un fait désolant.
Mais les enfants du voyage vivent dans un tout autre milieu, une histoire entièrement différente. Certes, eux aussi ont été et sont parfois encore victimes de préjugés défavorables (le manouche voleur de poules), mais c'est sans commune mesure avec la condition des jeunes issus de l'immigration. Au contraire, dans une période de mondialisation qui prône la mobilité, les valeurs nomades sont au goût du jour.
Bref, je ne comprends pas, je n'explique pas et, par conséquent, je ne propose aucune solution à ce pourtant épineux problème de politique locale.
Bonne matinée.