On roule gratis!
Notre ami Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, vient ce samedi d'instaurer la gratuité dans les transports publics pour les rmistes. C'est une importante mesure sociale, qui démontre que des choix politiques sont faisables au niveau régional et que droite et gauche, ce n'est pas pareil.
Il n'empêche, notre société étant ainsi faite, que la mesure n'échappe pas à la critique de certains. Martin Hirsch, responsable d'Emmaüs, pour lequel j'ai beaucoup d'estime, regrette que les "travailleurs pauvres" soient pénalisés puisqu'ils paient, eux, leur titre de transport. Il propose de donner une aide progressive aux uns et aux autres en fonction de leurs ressources.
J'entends bien l'argument, applicable dans d'autres domaines, et connu sous le nom d'effet-couperet là où l'on souhaiterait une modulation "en sifflet". Mais je crains alors un dispositif complexe et illisible. Sans compter que les salariés peuvent bénéficier de réductions. Non, la situation de chômeur sans allocations me semble devoir justement profiter de cette gratuité.
Maintenant, je n'ignore pas que toute politique de gratuité pose des questions. D'abord, au plan théorique, la gratuité est-elle la finalité du socialisme, contre la "loi du fric"? Je n'en suis pas totalement certain. L'argent est aussi un juste moyen de mesure et d'échange, une façon d'évaluer au mieux les choses et les actes. Je ne me reconnais pas dans les discours qui stigmatisent "l'argent-roi". Et j'aimerais bien que certains aient beaucoup plus d'argent qu'ils n'en ont!
La vraie question est sans doute plus pratique: quels sont les secteurs où la gratuité doit être instaurée? Huchon a répondu. A Saint-Quentin, où j'habite, la gauche se bat pour obtenir la gratuité du parking de l'hôpital public. C'est une autre réponse. Je crois que la gratuité s'impose lorsque le choix n'existe pas vraiment, qu'il s'agisse pour un rmiste de chercher du travail ou pour n'importe qui d'aller à l'hôpital.
J'entends aussi un contre-argument moral: les usagers d'un bien gratuit n'en prennent aucun soin parce qu'il est gratuit. Et j'entends un autre argument moral: celui qui paie se croit pour cette raison tout permis. Regardez l'état des salles de cinéma après la projection d'un film!
Bonne soirée.